dimanche 28 septembre 2025

“Les Titans” remportent la Cdu

Dans le cadre de sa première édition


Le Centre culturel chinois du Bénin a patronné le déroulement d’une initiative. Il s’agit de la Compétition de Danse urbaine (Cdu). Il l’a fait en partenariat avec ’’BeeWorkers’’, une association béninoise de danse. La première édition de l’événement s’est effectuée le dimanche 14 septembre 2025. C’était dans la capitale économique béninoise, Cotonou. ’’Les titans’’ s’y sont imposés.


L'équipe des ''Titans'' recevant son chèque de Zhang Wei, Ambassadeur de la Chine au Bénin - Crédit-photo : Centre culturel chinois


500 000 francs Cfa. Le montant du chèque qu’a remporté le groupe de danse, ’’Les titans’’, à l'issue de la première édition de la Compétition de Danse urbaine (Cdu), qui s’est déroulée le dimanche 14 septembre 2025, sur l’esplanade de l’Amazone, à Cotonou, en présence de Zhang Wei, l’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Chine en République du Bénin.


Aperçu du public ayant massivement fait le déplacement de la Cdu 2025 - Crédit-photo : Centre culturel chinois


Onze équipes étaient en lice. Ce sont ’’Soclose’’, ’’Les guerriers’’, ’’Energy’’, ’’Bénin all stars crew’’, ’’Righteous stars’’, ’’Les titans’’, ’’First winners’’, ’’Les magiols 424’’, ’’Le club des stars’’ et ’’Les légendaires’’. Toutes ont été soumises à des règles strictes. Il fallait un groupe de deux à cinq danseurs. Ensuite, le temps de prestation était de cinq minutes. Il fallait aussi remplir bien d’autres critères. La synchronisation des danseurs, la présence scénique et la gestion du temps en sont. Il fallait aussi montrer de la créativité et de l’originalité Les trois membres du jury ont scrupuleusement veillé à leur respect.

Ils ont suivi le déroulement d’une phase éliminatoire. Quatre groupes ont accédé à la demi-finale. Celle-ci a tenu toutes ses promesses.



Des battles enflammées


’’Les titans’’ ont affronté ’’Les guerriers’’ dans un duel en deux sorties. Le groupe, ’’Les magiols 424’’, s'est mesuré aux ’’Légendaires’’. Les deux premiers cités ont validé leur billet pour la final, à l’issue de ces confrontations. A la petite finale, ’’Les Légendaires’’ ont vaincu ’’Les guerriers’’. Ils se sont adjugés la troisième place. Enfin, la grande finale a offert un spectacle explosif en trois rounds. Portés par leur énergie et leur cohésion, ’’Les titans’’ se sont imposés devant ’’Les magiols 424’’.



Palmarès complet


L'ensemble des lauréats posant avec Zhang Wei et Bahir Sylla, Président de l'association,  ''BeeWorkers'', en noir, à côté de l'Ambassadeur - Crédit-photo : Centre culturel chinois



1er prix : ’’Les titans’’ – 500 000 F Cfa

2e prix : ’’Les magiols 424’’ – 300 000 F Cfa

3e prix : ’’Les légendaires’’ – 200 000 F Cfa

4e prix : ’’Les guerriers’’ – 100 000 F Cfa.



Coopération et solidarité culturelles


Pour l’ambassadeur de Chine près le Bénin, la Cdu dépasse la simple compétition. « Elle illustre notre engagement au Bénin, notre volonté de mettre en pratique la solidarité sociale et notre détermination à promouvoir le patrimoine artistique du Bénin et de la Chine », a-t-il déclaré. Selon lui, la Cdu est l’image vivante d’une jeunesse béninoise et chinoise avançant ensemble vers l’avenir. Elle est un symbole de dialogue pour appuyer diverses prestations artistiques. C'est le cas du club de Wushu du Centre culturel chinois.


Le club de Wushu, en pleine démonstration devant le public - Crédit-photo : Centre culturel chinois


Il a offert aux spectateurs une série de démonstrations de cet art martial chinois.

Du côté des lauréats, la satisfaction était immense. Steward Gbénou, représentant du groupe ’’Les Titans’’, a salué l’initiative. « C’est un projet porteur d’avenir. Le Bénin regorge de nombreux talents qui ne demandent qu’à s’exprimer. Ce type d’événement leur donne enfin une véritable opportunité ». Il a également formulé un vœu. « Il faudrait que cette compétition perdure car de nouveaux talents naîtront certainement après nous ».

Léandre Houan 

lundi 22 septembre 2025

Les Recico 2025 se mangeront à la sauce égyptienne

Selon une annonce faite en conférence de presse

Les Rencontres cinématographiques et numériques de Cotonou (Recico) auront lieu. Une conférence de presse en a abordé le déroulement. Elle s’est tenue le mardi 2 septembre 2025. Sètondji Dimitri Fadonougbo, le Délégué général, l’a animée. C’était au siège de l’Agence du Développement des arts et de la culture (Adac). Il se situe au quartier de Fidjrossè à Cotonou, au Bénin. Il ressort que l’Egypte prendra une place particulière dans les Recico 2025.


De gauche à droite, Ragaa Elwakeel, Sètondji Dimitri Fadonougbo et Clémentine Lokonon, au cours de la conférence de presse

L’Égypte, pays invité d'honneur des Recico 2025, avec huit films à faire découvrir. Ce qui, entre autres, émane de la conférence de presse, qu’a tenue Sètondji Dimitri Fadonougbo, le Délégué général de l’événement, le mardi 2 septembre 2025, au siège de l’Agence du Développement des arts et de la culture (Adac), au quartier de Fidjrossè, à Cotonou, au Bénin.

Les films égyptiens concernés sont des courts, moyens et longs métrages. Ils portent sur le thème de la cinquième édition des Recico. Il est intitulé : « Cinéma et immigration : enjeux, défis et perspectives ». Le festival est prévu pour avoir lieu du 27 septembre au 4 octobre 2025. Ce sera au Palais des Congrès de Cotonou. Sètondji Dimitri Fadonougbo en est aussi le président du Comité d’Organisation.

Ragaa Elwakeel, ambassadrice de l’Égypte au Bénin, a co-animé la conférence de presse. Elle a parlé des huit films de son pays. Ils seront diffusés sur les Recico 2025. Ils sont l’œuvre de réalisateurs célèbres et confirmés. D’autres sont aussi des débutants dans le métier. Ces films manifesteront leur spécificité dans l’animation du thème des Recico. La diplomate égyptienne l’a expliqué. « Nos films parleront aussi d’un autre aspect du thème : l’immigration sud-sud », selon elle. « Quand on évoque l’immigration des Africains, on pense souvent au sens Sud-Nord », reprit-elle. Puis, elle continua. « Mais si l’on consulte l’histoire, il y a toujours eu de l’immigration des pays du Nord vers des pays africains ». Pour elle, cette dimension est très importante pour nourrir le débat. Elle contribue à construire une conversation entre les acteurs impliqués.

Outre l’Egypte, 25 autres pays africains participeront aux Recico 2025.



Des films sélectionnés


Les 25 autres pays concernés ont été retenus pour 43 films sur 206 reçus. C’était après l’appel à candidatures. Ils sont divers : Algérie, Angola, Bénin, Burkina-Faso, Cameroun, Congo-Brazzaville, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée-Conakry, Mali, Maroc, Niger, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Tchad et Togo. A l’origine, ils ont, respectivement, proposé 14, 3, 10, 27, 25, 7, 12, 14, 3, 5, 11, 8, 10, 4, 4, 13, 7 et 18 films. Trois autres proviennent de la diaspora africaine. Ils émanent de combinaisons de pays. Il s’agit de la Tunisie-Suisse, de la France-Allemagne-Togo et de l’Australie-Soudan-Maroc. Six derniers films ont été classés dans la catégorie du “Cinéma du monde”. Ils sont volontairement proposés par des professionnels de la France, de l’Irak, de l’Australie et de l’Allemagne.

Les 43 œuvres cinématographiques en compétition se répartissent en trois types. Il est question de 9 longs métrages de fiction, de 10 documentaires, de 15 courts métrages de fiction et de 9 documentaires de court format. Deux jurys les départageront. Ardiouma Soma préside celui des courts métrages. Il est un ancien président du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco). Le professeur Mohamed Ahed Ben, du Maroc, dirige le jury des longs métrages.

Le Comité d’Organisation des Recico 2025 a aussi retenu quatorze films d’écoles du cinéma. Ils sont issus de 9 pays. Sètondji Dimitri Fadonougbo a émis une réflexion concernant cette catégorie de participants au festival. Pour lui, les Recico veulent permettre aux étudiants en cinéma d'exposer leurs productions. Elles leur offrent l’occasion de découvrir des films de qualité venus d’ailleurs pour s'améliorer.



Quatre axes de formation


Il sera aussi organisé des formations. Ce seront des ateliers sur l’actorat, l’écriture de scénario, la critique cinématographique et la direction-photo. Ils seront animés par des formateurs béninois et étrangers.

La Docteure Clémentine Lokonon a abordé ce volet des Recico. Elle en est aussi membre du Comité d’Organisation. Selon elle, les professionnels seront formés en deux modules. Le premier porte sur « Immigration et cinéma : pour quel partage culturel ? ». Le second abordera « La sémiosis filmographique des productions africaines ». Il faudra explorer la philosophie du vivre-ensemble. On y abordera aussi la construction identitaire. Elle concerne celui qui décide de se mettre en mouvement.



Approfondir la réflexion


Les Recico 2025 donneront lieu à un colloque scientifique. Pour Clémentine Lokonon, il portera sur les différents paradigmes de la migration. Ce sont le choix de partir, la nécessité de s’affirmer ailleurs et la question de l’acceptation de l’autre. « L’humain doit être au-dessus de toute construction politique », affirma-t-elle. « Le mouvement participe à la richesse et à la construction de tout territoire », a-t-elle conclu. Le colloque réunira universitaires, chercheurs et professionnels du cinéma africain. Son objectif : émettre des résolutions utiles aux décideurs.



Les Recico, l’avenir ...


Les Recico sont nées en 2017. Leur ambition reste de s’imposer comme une référence en Afrique. Sètondji Dimitri Fadonougbo a présenté les deux piliers de l’événement. Elles sont une plateforme annuelle de films africains. Elles restent une institution pour l’avènement d’une reconnaissance officielle aux niveaux national, africain et international.

A titre indicatif, plus de 3 500 spectateurs sont attendus. Ils se répartiront entre les 36 projections programmées et les rencontres professionnelles. Ces secondes seront animées par des actifs de tous ordres. Réalisateurs, producteurs, auteurs et techniciens viendront, alors, de pays d’Afrique et de leur diaspora.

En 2025, ’’Les Recico chez vous’’ sont l’innovation majeure de la 5ème édition du festival. Elle est soutenue par la mairie de Cotonou. Il s’agit d’un programme de projection pour le grand public. Il s’exercera pendant environ trois mois dans la ville après l'événement. Elle donnera un public aux films non sélectionnés, selon le Délégué général.

Léandre Houan / Marcel Kpogodo

lundi 8 septembre 2025

Mélinda Fourn-Houngbo et Charly d'Almeida, une nouvelle démarche artistique

Dans le cadre de l’exposition, ’’Et même les restes’’

L’Espace Culturel Le Centre a accueilli le vernissage de l’exposition, ’’Et même les restes’’. Mélinda Fourn-Houngbo et Charly d'Almeida en sont les deux artistes exposants.L'événement s’est tenu le vendredi 29 août 2025 au quartier de Lobozounkpa. Il se situe à Godomey, dans la commune d’Abomey-Calavi, au Bénin. Les œuvres exposées révèlent une démarche artistique originale et résolument expérimentale.


De gauche à droite, Mélinda Fourn-Houngbo, Berthold Hinkati et Charly d'Almeida, au vernissage de l'exposition, ''Et même les restes''


Des arêtes de poisson et des spatules comme matériaux principaux de création. La marque d’une nouvelle approche artistique dans laquelle s’inscrivent les artistes contemporains béninois, Charly d'Almeida et Mélinda Fourn-Houngbo, qu’ils ont présentée au début de la soirée du vendredi 29 août 2025, lors du vernissage de l’exposition collective, ’’Et même les restes’’, qui s’est déroulé à l’Espace Culturel Le Centre, sis quartier de Lobozounkpa, dans l’arrondissement de Godomey, de la commune d’Abomey-Calavi, au Bénin.

L’événement est l’aboutissement d’une résidence de recherche. Elle a duré trois semaines. L’un des résidents est Charly d'Almeida. Il est reconnu pour ses sculptures singulières en métal battu. Pour la résidence concernée, il a choisi de travailler avec des arêtes de poisson. « C'est la suite d’un travail que j'avais déjà amorcé auparavant », intervenait-il. « Je l’ai approfondie durant ces trois semaines de résidence au Centre », a-t-il continué. « Elle consiste à récupérer des arêtes de poisson pour incarner la résilience », précisait-il. Selon Steven Coffi Adjaï, curateur, les toiles exposées traduisent parfaitement cette recherche. Certaines œuvres, comme « Les restes », une série de trois tableaux, en témoignent. Le visiteur y découvre la tête du poisson et son squelette. Le corps absent symbolise l’animal disparu et la vanité de l’existence. « Le poisson, même pollué, cherche sa nourriture, c’est la résilience », commente-t-il. Charly d'Almeida présente surtout des toiles peintes à l’huile, travaillées au couteau. Les couleurs dominantes sont le rouge, le vert, le bleu et le noir. La technique utilisée permet de donner un relief fossile aux compositions exposées. Ces œuvres traduisent la persistance du vivant dans les traces et la matière. Elles prolongent un travail plus ancien désormais revisité avec une intensité nouvelle.



Entre mémoire et héritage


Mélinda Fourn-Houngbo était la co-résidente de Charly d’Almeida. Elle a choisi les spatules comme matériau central d’expression. Elle s’inspire de techniques artisanales ouest-africaines. Il s’agit du tissage et de la céramique. Ses sources en sont des souvenirs d’enfance et la découverte d’un musée. Sa visite de l’Espace Culturel Le Centre a également orienté sa démarche. « Le choix vient de ma première visite au Musée de la Récade », confie-t-elle. L’un des espaces d’exposition fait apercevoir neuf spatules en bois. Elles sont recouvertes de cendre ou brûlées puis associées à du métal. « Sur ces neuf spatules, j’ai entrelacé, collé et cloué du métal ». La série s’en intitule ’’Et même des restes il peut en sortir’’. La technique, proche du tissage, accentue la matérialité brute de ces objets. À côté, l’artiste propose aussi des écrits sur parchemin en plusieurs langues. On y lit des textes en fon, en français et en espagnol. L’œuvre, ’’Un jour je foulerai ta terre’’, illustre cette exploration intime. Elle est placée près de l’installation, ’’Réveille ma mémoire’’. Elle rend hommage à la famille. À travers ce poème adressé à sa grand-mère, l’artiste célèbre sa filiation.



Réception enthousiaste du public


Berthold Hinkati, Directeur de L'Espace Culturel Le Centre, s’est prononcé sur la réaction des visiteurs. « L’intérêt du public s’est porté fortement sur l’approche originale des deux résidents », a-t-il affirmé. Pour lui, Charly d’Almeida redonne vie aux arêtes, Mélinda Fourn-Houngbo, aux spatules ancestrales. Chacun réinvente ainsi des matières oubliées et les transforme en un outil de langage plastique.


Aperçu du public ayant fait le déplacement du vernissage

Leurs œuvres conjuguent mémoire, identité et renouvellement des formes artistiques locales. Présente, Lassissi Yassine, directrice des Arts visuels à l’Agence de Développement des arts et de la culture (Adac), a salué la rencontre des deux univers créatifs. Elle en a manifesté son grand enthousiasme. « C’est une joie de voir Charly, artiste confirmé, et, Mélinda, artiste émergente », partageait-elle. Elle a souligné leur regard croisé sur la mémoire, le patrimoine et la transmission. « Deux générations dialoguent, chacune offrant un prisme singulier mais complémentaire ». Elle s’est aussi réjouie de la participation active des jeunes à des ateliers.



Transmission et ateliers avec les jeunes


Durant la résidence, deux ateliers ont été animés pour initier des enfants. Charly d'Almeida a conduit le premier, produisant un tableau « Sans titre ». « Certains enfants hésitaient, mais ont trouvé un déclic créatif surprenant », raconte-t-il. « Leurs gestes rappelaient parfois ceux d’adultes confirmés dans la pratique ». L’artiste est persuadé que certains deviendront créateurs dans les prochaines décennies. Mélinda Fourn-Houngbo a guidé la production de deux œuvres collectives avec eux. La première, ’’Au milieu des rangées de perles’’, est un rideau enfilé. Elle associe bambou et noix de palme, révélant textures et odeurs naturelles. La seconde, ’’Réveille la mémoire’’, est une installation à partir de déchets. Des sachets d’eau, des tissus et des bassines brisées ont été recyclés en une œuvre participative. Trois tabourets entourent l’installation, évoquant l’espace intime de la cuisine. Sur le côté gauche, un petit fourneau diffuse l’odeur de la citronnelle. L’artiste insiste sur l’importance du caractère mouvant et sensoriel des œuvres. « Une œuvre vit et se transforme, comme le bambou qui se durcit », explique-t-elle. Pour elle, récupérer et transformer l’environnement sont un geste artistique fondateur. Selon Lassissi Yassine, cette démarche prolonge une logique de transmission essentielle. Elle rappelle l’exposition, ’’Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui’’, organisée en 2021. Une section y était dédiée à la jeune création et aux ateliers pratiques. « Ces expériences permettent d’ancrer la pratique artistique dans la jeunesse ». La résidence des deux artistes s’inscrivait donc dans cette continuité féconde.

Les trois œuvres produites avec les jeunes sont à découvrir à l’Espace Culturel Le Centre. De même, l’exposition, ’’Et même les restes’’, est ouverte jusqu’au 31 octobre 2025.

Léandre Houan




Encadré

Acteurs artistiques et visiteurs parlent de l'exposition, ’’Et même les restes’’

À la fin du vernissage de l'exposition, ’’Et même les restes’’, ''Stars du Bénin'' s'est rapproché de trois visiteurs. L'objectif était d'obtenir leur opinion sur l'événement.


Yassine Lassissi, Directrice des Arts visuels à l'Agence de Développement des arts et de la culture (Adac) du Bénin :

« C'est une joie de découvrir les deux artistes, un majeur qui est Charly, un artiste ancré au Bénin, et, l'autre, émergente, qui est Mélinda Fourn-Houngbo, une jeune femme franco-béninoise. Charly a pris le parti de présenter des peintures. Mélinda nous propose des sculptures réalisées à partir de spatules. Je pense qu'il y a une diversité, vous l'aurez compris, dans la création, les propositions artistiques que nous offrent ces artistes. Ces deux artistes ont un regard croisé et c'est cela que je trouve très intéressant.


Yassine Lassissi, au milieu de Berthold Hinkati et de Mélinda Fourn-Houngbo

Charly, je connais ses toiles depuis quelques années. Cela faisait un moment que je ne l'avais plus revu peintre, même s'il continuait de réaliser des peitures. C'est plutôt ses sculptures qui ont pris le pas, ces dernières années. Et, le voir, ici, revenir à la peinture, c'est assez intéressant. En plus, je trouve la thématique très pertinente puisque le titre de l'exposition est ’’Et même les restes’’.

Ici, l'artiste prend le parti de travailler les arêtes de poisson et, comme je lui demandais ce que cela évoquait pour lui, il a parlé de résilience. Quand j'ai vu ses toiles, tout de suite, ce qui m'est venu à l'esprit, c'est cette question du temps qui passe, de la vanité, du côté éphémère de la vie, de ce rappel que nous partirons tous un jour et que ce qui resterait, effectivement, c’est tout cela. C'est un sujet profond. Il mérite tout une dissertation philosophique autour de la vanité : « Vanité des vanités, tout est vanité ». Par rapport à cette technique utilisée par l'artiste, on sent beaucoup de dynamisme dans sa peinture au couteau. Je suis particulièrement sensible au bleu parce que cette couleur me parle beaucoup. Donc, oui, je trouve cette nouvelle proposition de Charly très intéressante. Concernant Mélinda Fourn-Houngbo, je découvre son travail. Je ne la connaissais pas. Je suis ravie d'avoir remarqué son univers. Elle a pris le parti de travailler sur les spatules. C'est un objet qu'elle retrouve chez elle, à la maison ; sa mère l'utilisait. Elle se l'est approprié pour réaliser des sculptures. Ce qui m'a le plus marqué, c'est le rôle de la spatule : elle sert à cuisiner la pâte, donc, à nourrir. L'autre travail intéressant de l'artiste, c'est la peinture sur des parchemins. Ce choix rappelle une dimension ancienne de l'écriture. Nous avons quelque chose que j'espère qu'elle développera.

En voyant ces écritures de Mélinda Fourn-Houngbo, cela m'a posé la question de la mémoire. Ses parents sont béninois. Elle revient au Bénin. Il est intéressant qu'elle creuse cette question du retour. Le retour des siens mais aussi celui des Afro-descendants liés à notre histoire. Cela est d'actualité, surtout que le Bénin œuvre pour leur retour chez eux. Je lui ai demandé d'aller visiter Ouidah si elle ne l’a pas encore fait, de rencontrer également Ludovic Fadaïro qui en a fait un travail remarquable. Cet artiste majeur lui apportera beaucoup à ce propos.

Les deux artistes exposants ont aussi tenu un atelier avec des jeunes.

Cette initiative, comme vous le savez, est très importante dans la question de la transmission. Qu'il vous souvienne, lorsqu'on a organisé l'exposition, “Art du Bénin d'hier et d'aujourd'hui”, à la présidence de la République du Bénin, on avait une section dédiée à la jeune création, aux jeunes artistes, pour la transmission. On faisait des ateliers de pratique artistique initiés par des artistes qui se sont portés volontaires pour accompagner cette jeunesse dans la création et pour les initier à l'art.

Donc, cela est fondamental et salutaire à l'endroit de ces deux artistes qui ont partagé leur temps avec ces jeunes. Puisque ces jeunes deviendront les grands de demain, il faut les initier très tôt à la création artistique. Je suis très sensible à cela. Par ailleurs, on a également cette transmission qu'on va retrouver entre un artiste majeur et une artiste plus jeune qui est Mélinda.

C'est le lieu pour moi de remercier l'Espace Culturel Le Centre pour ce qu'il fait depuis plusieurs années : accompagner les artistes, les révéler et transmettre également. En effet, il implique la jeunesse dans les résidences artistiques des aînés à travers des ateliers pour la sensibiliser à la création artistique. Donc, vraiment, je salue ce travail formidable que fait Le Centre. Nous sommes partenaires également. Il reçoit des artistes en résidence que l'Adac pourrait proposer. Il nous a accompagnés dans le cadre du Mur du Port où nous avons mis des artistes en résidence chez lui où la directrice artistique les a accompagnés vraiment sur la technique du muralisme. C'est un partenaire important dont il faut saluer le travail, un travail qui s'inscrit pleinement dans la politique du gouvernement béninois qui, depuis 2016, a décidé de faire des arts, de la culture et du tourisme un levier de développement économique du Bénin ».



Steven Coffi Adjaï, Curateur de la ’’Gallery Charly’’ :

« Le poisson est revenu dans les œuvres de Charly d’Almeida dès 1992-1993. Cet animal, il l’a toujours associé à deux symboliques : la quête et l’abondance. Pendant au moins vingt ans, le poisson a continué d’habiter essentiellement ses peintures. Mais, dans le cadre de la recherche qu’il a menée à l’Espace Culturel Le Centre, le poisson a été utilisé comme prétexte pour aborder la notion de vanité. Il s’interroge : ’’quand l’animal poisson disparaîtra du monde, qu’est-ce qui restera ?’’.

En réalité, les poissons représentés dans les tableaux exposés, dans ’’Et même les restes’’, sont dépouillés, presqu’autopsiés. Charly d’Almeida en a extrait leur squelette. C’est également une métaphore de l’humanité : que restera-t-il de nous, humains, lorsque nous ne serons plus là ?

L’artiste associe aussi à cette démarche la notion de survivance et de résilience. Pour lui, le poisson, même dans un environnement pollué, parvient toujours à chercher sa nourriture. C’est un animal d’une grande résilience. Toutes ces réflexions ont nourri sa recherche intitulée, ’’Et même les restes’’. L’idée est que, même à partir de ce qui n’est que déchet ou rebut, la vie peut continuer. C’est une forme de renaissance, une invitation à brûler, à mourir puis à renaître à travers nos ossements.

Dans ses premières œuvres, les poissons étaient habillés : on voyait leur morphologie. Parfois, un squelette apparaissait en filigrane. Mais, les œuvres issues de cette résidence dévoilent clairement leur squelette. À un moment donné, Charly n’avait pas voulu « déshabiller » ses poissons, mais, ici, il a pris ce risque. Il parle d’un processus dont une des étapes s’est matérialisée dans ce projet mais ce n’est pas une fin en soi. Il va poursuivre cette recherche, peut-être en donnant une nouvelle apparence aux poissons, en rendant leurs ossements plus réalistes. C’est un processus entamé dans les années 1990 et qu’il continue d’approfondir. Ces œuvres en sont une conséquence tangible. »

Pour le lien entre Charly d’Almeida et Mélinda Fourn-Houngbo, à l’origine, nous avons discuté avec Charly du projet qu’il souhaitait développer à l'Espace Culturel Le Centre. Il apparaissait urgent pour lui d’approfondir sa quête autour du poisson. Nous avons alors mené une recherche sur les mythes et les légendes liés à cet animal dans certaines communautés béninoises, notamment, chez les Xwla et les Toffin. Quant à Mélinda, connaissant déjà son travail grâce aux recherches que j’ai effectuées sur son œuvre, j’ai souhaité que le poisson, utilisé par Charly comme prétexte, soit relié à une problématique mémorielle, d’où la thématique des restes. Et, quand on parle de restes, il s’agit de travailler avec ce qui a déjà existé pour continuer à écrire l’histoire. Dans ses sculptures, Charly assemble différentes temporalités. C’est ce processus qu’il poursuit dans cette recherche : mémoire, souvenirs, survivance, reste ».



Grâce Blessing Zannou, jeune participante à la résidence artistique des deux artistes, élève en 4ᵉ :

« J’étais heureuse parce que je ne savais pas comment préparer les couleurs primaires. M. Charly nous en a donné quelques-unes et nous a appris, par exemple, le blanc, le noir, le rouge, le jaune et le bleu.

Grâce Blessing Zannou

Nous avons également mélangé les couleurs. Par exemple, le rouge et le blanc donnent le rose. J’aime vraiment les couleurs et j’avais envie de savoir comment les préparer. Ils nous ont aidés à faire de jolis dessins. C’était vraiment bien. J’étais aussi contente parce que j’ai dessiné et je suis allée montrer mon travail à mes parents qui étaient heureux également ».



Durand Lafounlou, visiteur devant un tableau de Charly d’Almeida :

« Première chose : j’ai été totalement charmé par la beauté des tableaux. Ils reflètent véritablement le thème donné à cette exposition. L’artiste utilise un matériau original : l’arête de poisson. Sur ce tableau, devant lequel je me tiens, on distingue tout le squelette du poisson, avec la tête bien visible. On remarque également des flèches que l’artiste a dessinées et qui, selon ses explications, symbolisent le sens, l’orientation que chacun donne à sa vie. Les arêtes de poisson expriment aussi l’idée de résistance car, même après des années sous terre, elles subsistent.


Durand Lafounlou

Trois éléments m’ont profondément touché : la symbolique de l’arête comme métaphore de la persistance et de la résistance, le message de liberté et d’orientation personnelle suggéré par les flèches et l’esthétique du tableau. Un très bel agencement de couleurs s’en dégage : du noir, du rouge, du vert, du bordeaux, du blanc et quelques touches de bleu. Ce ne sont pas des teintes faciles à marier mais l’artiste réussit avec magie à les réunir pour offrir une image harmonieuse et agréable à contempler ».

Propos recueillis par Léandre Houan

vendredi 22 août 2025

Le vieux caïman divertit la population de Lobozounkpa

Dans le cadre d’un spectacle à l’Espace Culturel Le Centre


David Houétchénou est un artiste humoriste originaire du Bénin. Son pseudonyme est Le vieux caïman. Il a animé un spectacle de fou-rire. L’événement s’est tenu dans la soirée du samedi 26 juillet 2025. L’Espace Culturel Le Centre en était le lieu de déroulement. La population du quartier de Lobozounkpa et de ses environs y a massivement participé. Les sketchs de l’humoriste, tous thèmes confondus, ont amusé le public.


Aperçu du public, au cours du spectacle du Vieux caïman

Une chanson, à la gloire de l’alcool, dans une langue nationale du Bénin. Le préambule qu’a offert David Houétchénou, alias Le vieux caïman, humoriste béninois, lors du spectacle de fou-rire, qu’il a donné dans la soirée du samedi 26 juillet 2025 sur la terrasse lui servant de scène, à la devanture du ’’Musée de la Récade’’, situé au sein de L’Espace Culturel Le Centre, du quartier de Lobozounkpa, dans l’arrondissement de Godomey, de la commune d’Abomey-Calavi, au Bénin.

Il est debout, les cheveux et la moustache teints, les pieds nus. Il mène la chorale circonstancielle. Le public tape des mains, rit déjà et la soirée débute vraiment. L’artiste partage la scène avec six de ses collègues, dynamiques. Ce sont Biscotino, Général Barboza, Ipupa Capacité Zéro, Papisac 17, Tanti Hokloho et Adonest Tina la marquise. A l’état-civil, il y a, respectivement, Biscotin Raphaël Azon, d’abord. Ensuite, Abdel Bassith Barboza, Alexandre Hounga, Isac Tossiafodji, Germaine Akpovo et Ernestine Adomou incarnent des rôles. Le premier tableau s’inspire de l’ivresse et de ses situations extraordinaires.

« Y a-t-il des soulards ici ce soir ? », demande-t-il. « Non ! », répond la foule, amusée mais prudente dans ses réponses. « Y a-t-il des personnes qui aiment s’enivrer ici ? », insiste-t-il. Il s’approche d’une spectatrice : « Grande sœur, aimez-vous vous soûler ? ». Elle répond par la négative. « Merci », reprend-il. Un autre avoue timidement : « Je consomme de l’alcool modérément ».

Le vieux caïman conclut : « Il faut avoir suivi une formation pour se soûler ». Il raconte ensuite : « Un jour, j’ai tellement bu que j’ai perdu mon portable. Je l’ai cherché pendant deux heures avec sa propre lampe-torche ». Rires immédiats. Il reprend : « Après neuf bières, on m’a aidé à monter sur ma moto. Arrivé chez moi, je croyais la pousser mais je restais immobile. Ma femme dormait quand la moto est tombée sur moi. Les voisins sont venus m’aider après qu’elle les a appelés. En titubant, j’ai dit à mes enfants que la mort venait. Le lendemain, plus lucide, … j’ai recommencé. » Fou rire général. « Les ivrognes sont très intelligents … Du moins, ils le croient », poursuit-il.

Il parle ensuite de son frère, « professeur d’alcoolisme », dans le quartier. Ses motos ont un nom insolite. La première s’appelle ’’Akpô yé ton’’. Cela signifie « La souffrance des envieux », en langue du fon. La deuxième porte le nom, ’’Agbon nan kpéyéé’’. Cela signifie, dans la même langue béninoise, « Ils seront fatigués ». Les deux engins ont été volés. La troisième se nomme ’’Migbô’’. Cela veut dire « Cessez ! », dans la même langue évoquée précédemment. Elle est restée intacte à son domicile. L’artiste établit ainsi un lien entre le banditisme et l’ivrognerie chez les jeunes . Ces scènes montrent, avec humour, les conséquences inattendues de l’alcoolisme. Le vieux caïman se retire après des plaisanteries sur la foi et les prénoms. Il revient ensuite et joue une pièce en quatre actes.



Une grande leçon


La soirée continue avec une pièce de théâtre. Le vieux caïman la joue avec quatre de ses acolytes. Ce sont Adonest Tina la marquise, Papisac 17 et Tanti Hokloho. La scène s’ouvre sur des éclats de voix hors champ : « Si on ne réagit pas à vos commérages, vous manquez de respect ! ». La dispute se poursuit : « Continuez et je vous lancerai des cailloux dans cette maison ! ». Il entre du côté droit, vêtu d’un pantalon local et d’un T-shirt gris. À ses côtés se trouve son ami, Papisac 17, témoin des événements qui vont suivre. L’intrigue met en scène un mari autoritaire mais dominé par son épouse. Celle-ci, paresseuse, capricieuse, maltraite sa domestique. La servante, rusée et belle, séduit le mari pour se venger. Mensonges, manipulations et attitudes suggestives détruisent rapidement le couple. « Mesdames, vous êtes les maîtresses de votre foyer », prévient l’humoriste. « N’en laissez pas la gestion aux domestiques, elles peuvent prendre votre place ».

La pièce concernée a une histoire particulière. « Je l’ai écrite en 2008 et elle a remporté le premier prix au Festival ’’Ayessi’’, le 10 octobre 2010, au Hall des Arts, à Cotonou », précise-t-il.



’’Nukiko kèdè’’, rire pour se guérir

Pour Berthold Hinkati, directeur de l’Espace Culturel Le Centre, le spectacle d’humour répondait à un besoin. « Il vise les professionnels stressés et tous ceux qui veulent se détendre ». Il s’agit de l’initiative, ’’Nukiko kèdè’’. Elle a vu le jour en 2024.


En blanc, Berthold Hinkati, entouré par Le vieux caïman, à sa gauche, et ses acteurs 

Elle s’organise régulièrement et appartient à la programmation de l'Espace. Le spectacle dure d’une heure trente à deux, selon les artistes invités. Certains, bien connus, y sont passés. Il s’agit de Chromozom, Dragomir et d’Éléphant mouillé. L’annonce de la date du rendez-vous se fait souvent sur la page ’’Facebook’’ de l'institution. Le vieux caïman apprécie particulièrement cette initiative. « Avant, il y avait des salles de spectacles », justifie-t-il. « Aujourd’hui, beaucoup d’événements se tiennent dans des bars », continue-t-il. « Cela encourage l’alcoolisme. Ici, nous avons un divertissement sain », conclut-il. Il quitte sereinement la scène.

Léandre Houan / Marcel Kpogodo

mardi 12 août 2025

«’’Le mariage, le prototype du Salut’’, s’adresse à quatre profils », affirme Adjé Henri Morgan

Dans le cadre de la parution de son essai


Adjé Henri Morgan est un journaliste artistique et culturel béninois. Il exerce aussi son appel ministériel de Pasteur-Enseignant. Il vient de faire paraître un essai sur le mariage. Il s’intitule : ’’Le mariage, le prototype du Salut’’. Son lancement officiel aura lieu le 28 août 2025 à Cotonou. L’auteur a accepté d’en accorder une interview à notre rédaction. Il y dévoile les quatre profils liés au mariage, auxquels est destiné l’ouvrage. 


Adjé Henri Morgan


Stars du Bénin : Bonjour, Adjé Henri Morgan. A l’origine, journaliste artistique et culturel béninois, vous exercez aussi comme pasteur et vous êtes l’auteur d’un ouvrage intitulé ’’Le mariage, le prototype du Salut’’ dont le lancement aura lieu le jeudi 28 août 2025 au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’ de Cotonou.

Quel impact espérez-vous produire chez vos lecteurs ?


Adjé Henri Morgan : Bonjour à vous. Permettez-moi d’exprimer ma gratitude pour cette opportunité que vous m’offrez.

J’attends plusieurs impacts car le livre s’adresse à quatre profils.

Le premier est celui des célibataires qui sont souvent confus ou apeurés par les échecs conjugaux autour d’eux. Ce livre les éclairera et leur donnera la sagesse pour faire des choix solides.

Le deuxième est celui des mariés frustrés, ceux qui se sentent piégés dans un système vide de sens. Ils découvriront une vision nouvelle du mariage qui transformera leur perception, leurs pensées, leurs paroles et leurs actes.

Le troisième profil est celui des blessés de l’amour : divorcés, veufs, veuves ou parents célibataires désabusés. Ce livre pansera leurs blessures émotionnelles et rallumera en eux l’espérance et la foi en l'Amour.

Le dernier profil est celui des accompagnants : hommes de Dieu, coachs et thérapeutes conjugaux en quête de clés spirituelles pour aider les familles en détresse.

J'ai la conviction que même un lecteur non-croyant, s’il s’aventure dans ces pages, rencontrera Jésus-Christ, « le chemin, la vérité et la vie ». 



Quelles ont été vos principales sources d’inspiration pour cet ouvrage ?


Ma source première et ultime est la Parole de Dieu. Entre les deux, il y a mes expériences personnelles - joies et épreuves - et les témoignages, heureux ou douloureux, de ceux qui ont osé s’ouvrir avec humilité. Cela m’a conduit à une conviction : nous sommes tous ignorants de certaines vérités qui peuvent nous libérer. Et cette vérité n’est pas une idée ni un concept mais une personne : Jésus-Christ.



Si vous devriez résumer le message central du livre en une phrase, quelle serait-elle ?


Que Jésus-Christ soit la fondation, le centre et le sommet de votre relation de couple ; voilà le secret d’un mariage bâti sur le roc.


La couverture de l'ouvrage indiqué


Pouvez-vous expliquer, en quelques mots, ce que vous entendez par l’expression, ’’ Le mariage, le prototype du Salut’’  ?


Je considère le Salut comme l’union éternelle entre l’Humanité et la Divinité, entre l’Homme imparfait et le Dieu parfait. Lorsque je parle du mariage comme le « prototype du Salut », je veux souligner que l’union entre un homme et une femme, ici-bas, doit être perçue et vécue comme une image, un modèle, un reflet de cette alliance céleste. Le Salut, tel que je le comprends, est cette union indestructible où, en Jésus-Christ, Dieu a ôté le péché et abattu, une fois pour toutes, le mur de séparation. Le mariage terrestre est donc appelé à illustrer cette réalité divine.



Quelle a été la principale motivation qui vous a poussé à écrire ce livre ?


Au début de ma formation pastorale, en décembre 2020, Dieu m’a ouvert les yeux sur une compréhension du Salut qui exalte l’union entre le Dieu sans péché et l’Homme pécheur. J’ai contemplé l’immensité de Son amour inconditionnel. Alors, j’ai pensé : « Si chaque famille comprenait et vivait cet amour, le monde irait tellement mieux ».

Depuis, le désir d’écrire sur ce sujet m’a habité mais je n’avais encore aucune matière concrète. Dans le secret, Dieu m’a formé, a déconstruit mes fausses croyances, mes tabous et mes idées reçues, pour restaurer Sa vérité. C’est au cours d’une étude biblique que j’ai entendu dans mon cœur : « Commence à écrire le livre ». Pas à pas, Il a insufflé vie à cet ouvrage.



En quoi votre ministère et votre vie de couple nourrissent-ils votre vision du mariage ?


Je tiens à préciser que mon ministère ni mon couple ne sont des modèles parfaits ; seul Christ l’est.

Cependant, dans mon ministère, je vois chaque jour combien l’ignorance de la grâce et de la pensée de Dieu sur le mariage détruit des vies. Dans mon couple, le mariage est un terrain où l’on apprend la patience, le pardon, la soumission mutuelle et le service désintéressé. Avec mon épouse, nous marchons ensemble dans un appel qui nous dépasse : refléter Christ. Ce n’est pas facile mais c’est possible … par Sa grâce.



Même si, vous sachant pasteur, votre réponse est prévisible sur la question, quel regard portez-vous sur le mariage polygamique ? Pourquoi ? 


(Sourire). Là, vous m’obligez à faire un bref enseignement sur la question.

Notons déjà que ceux qui défendent la polygamie, surtout dans le corps de Christ, s’appuient souvent sur la vie matrimoniale de certains prophètes de l’Ancien Testament. Cependant, j’ai bien l’impression qu’ils omettent volontairement de citer l’exemple d’Isaac, fils d’Abraham, et de Joseph, fils de Jacob. Or, tout le monde s’accorde à reconnaître qu’Isaac et Joseph sont des figures de Christ et que, bien que la polygamie ait été culturelle à leur époque, ils ont choisi de vivre dans la monogamie.

Vous pensez que c’est un détail ? Non.

Au commencement, Dieu déclara dans Genèse 2:24 : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair ». 

Cette déclaration est reprise dans Éphésiens 5:31, avec un approfondissement au verset 32 : « Ce mystère est grand ; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église ». 

C’est une preuve claire que le mariage terrestre est le prototype du Salut.

Est-ce à dire qu’un polygame qui reçoit Jésus devrait divorcer d’avec toutes ses autres épouses pour n’en garder qu’une afin d’ « entrer dans les normes » ? Non. Ce serait de l’hypocrisie, surtout qu’ « il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Romains 8:1).

L’apôtre Paul rappelle dans 1 Corinthiens 7:20 et 25 : « Que chacun demeure dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé ».

Il n’est donc pas nécessaire de jouer pour paraître spirituel devant les hommes. Ce qui compte, c’est de laisser Christ transformer le cœur et de marcher dans la vérité et l’amour.



Avez-vous, dans la Bible, un verset précis qui, expressément, interdit la polygamie ?


Je ne prêche pas la loi mais la grâce de Jésus-Christ. Il n’existe pas un verset disant textuellement : « Il est interdit d’être polygame ». Cependant, la Parole recommande clairement la monogamie. En 1 Timothée 3:2, Paul écrit : « Il faut donc que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme … ».



1 Timothée 3 : 2 ne laisse-t-il pas croire qu'on exige la monogamie des responsables d'église, tels que les évêques, et non des croyants ordinaires ?


Avant d’être établi évêque, il faut d’abord être un croyant. né de nouveau. Cela implique donc que tout chrétien est appelé à vivre le plan originel de Dieu : un homme, une femme, une seule chair. Deux en un. Pas trois ni quatre en un.



Pasteur Adjé Henri Morgan, pourrions-nous en savoir plus sur votre ministère, sa dénomination et la mission qu'il choisit de remplir ?


Je suis diplômé de ’’Grace Bible school’’, depuis décembre 2022. Cette école est une branche de ’’Grace impact ministries'' (Gim), un ministère d’enseignement non dénominationnel dont la mission est de prêcher l’Évangile pur et non dilué de notre Seigneur Jésus-Christ, au Bénin, en Afrique et dans le monde entier, de former les croyants à être solidement établis dans leur identité, leur autorité et leur responsabilité en Christ et d'équiper les hommes de Dieu afin qu’ils exercent leur ministère de manière juste, fidèle et efficace.

Ce ministère a été fondé par l'Apôtre Moses Vitègni, lui-même diplomé de ’’Charis Bible college’’, du Pasteur américain, Andrew Wommack.


Affiche officielle du lancement de l'ouvrage

Quel message souhaitez-vous adresser aux couples et aux célibataires qui liront votre livre ?


Ce livre est plus qu’une lecture : c’est une formation christocentrique.

Je prie que chaque lecteur prenne la résolution ferme d’appliquer les clés et les principes spirituels qu’il contient, en commençant par sa relation avec Dieu, puis avec son partenaire, les yeux fixés sur Jésus-Christ comme fondation, centre et sommet de leur union. Que leurs décisions soient soutenues par la discipline et la prière, afin que leur présent ou futur mariage devienne un véritable reflet du Salut.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo