Des débuts couronnés par des Prix
Nous sommes à Houéyiho. L’éclaircie qu’offre le ciel durant cette matinée tranche nettement avec celui des jours précédents. Notre descente dans ce quartier de Cotonou, nous mène vers l’atelier d’un artiste-plasticien. Taille légèrement au-dessus de la moyenne, son look est le signe d’un savant mélange ; il porte une tenue traditionnelle sur un jeans. Notre discussion nous entraîne vers ses débuts dans l’art. Agé d’une vingtaine d’années et candidat au baccalauréat, il évoque les dessins qu’il faisait dans son enfance. "A cette époque", explique-t-il, "c’était le canal par lequel j’exprimais l’amour pour l’art qui sommeillait en moi." En 2004, par le hasard d’une exposition qu’il visitait, il rencontre Grek, un artiste en vue dans le domaine des arts plastiques au Bénin. "Je l’ai assailli de questions, car les œuvres exposées m’ont beaucoup impressionné ; j’ai surtout constaté que mes dessins étaient complètement différents. Il m’expliqua qu’il fallait que je suive des formations avant de pouvoir créer des toiles de ce type. " Mais, 2006 sonne le déclic pour lui. Il croise de nouveau Grek dans le cadre de la 2è édition de Miwononvi, organisé par Artisttik Bénin dont le promoteur était Ousmane Alédji. Il suivit à cette occasion une formation qui a réuni des artistes béninois, togolais et ghanéens. Et, c’est là qu’il a commencé à créer des toiles. Et, tel un coup de maître, il reçut le Prix spécial du Concours national d’arts scolaires (Conaasco), organisé cette même année. Ainsi, les récompenses s’enchaînent. En 2007, lors de la 2ème édition de Promo’ Art, il obtient le Prix de la Meilleure œuvre de sensibilisation et celui du Meilleur artiste de l’Atelier. En 2009, il est de nouveau primé lors du Concours national d’arts scolaires (Conaasco) qui en était à sa 4ème édition. Suite à toutes ces distinctions, l’opposition de ces parents à ses activités artistiques faiblit. Ceux-ci voulaient qu’il s’engage dans les forces armées béninoises, comme l’une de ses sœurs. Cette nouvelle donne lui offre ainsi l’opportunité de leur expliquer le message qu’il voulait transmettre à travers ses toiles : "Je veux surtout que, par le biais de mes toiles, l’Homme puisse trouver une porte de sortie, car j’ai l’impression qu’il est emprisonné dans une boîte. J’essaye de créer des lumières pour qu’il puisse trouver ces portes de sorties ", nous dit-il. Selon lui, "nous sommes d’une culture très riche ; je suis de la cour royale d’Allada. La culture de ma ville d’origine catalyse mon inspiration personnelle. Il y a des choses qui m’ont toujours impressionné. A titre indicatif, il y a l’aspect du sang séché sur les totems après l’immolation des animaux." Elève au Collège d’enseignement général (Ceg) de Vèdoko, il a mis en place un club qui regroupe ses camarades qui partagent avec lui cette passion. Ce club d’arts plastiques compte une trentaine d’élèves du 1er et du second cycle. C’est ainsi qu’il se distingua en remportant quatre prix sur les douze en jeu, lors du concours d’arts plastiques Ma fête du printemps chinois, organisé en 2010. Les tableaux qu’ils ont présentés avaient pour objectif de restituer la fête du printemps chinois. Il confie également : "Je travaille sur des petits formats, car je n’aime pas me séparer de mes toiles. C’est pourquoi j’emmène certaines au cours et, lorsque le professeur est absent, je continue à travailler". Et, comme perspectives, il compte, après avoir obtenu son Baccalauréat, se consacrer uniquement aux arts plastiques, se perfectionner dans une école des beaux-arts et exposer ses toiles. Il y a une dizaine de jours, ce jeune artiste-plasticien faisait partie de la quarantaine d’artistes qui ont ouvert leur atelier au public de Cotonou et de Porto-Novo. C’était du 05 au 10 juin dernier, dans le cadre du Festival Waba. Il a reçu, à cette occasion, la visite de beaucoup de personnes. Elles étaient, entre autres, en provenance de Porto-Novo et de son quartier à Cotonou, qui ne lui connaissaient pas une telle passion. L'artiste-plasticien qui a ce parcours remarquable est Thierry Oussou.