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jeudi 7 septembre 2023

Ezin Pierre Dognon, la résistance pour le doctorat

Dans le cadre de la soutenance de son mémoire


Le mardi 18 juillet 2023 a été proclamé un résultat remarquable à Aix-Marseille université (Amu), en France. Il s’agit du décernement d’un grade universitaire de haut niveau. En était bénéficiaire Ezin Pierre Dognon, un acteur culturel du Bénin, son pays d’origine. Le résultat universitaire élogieux révèle la victoire de l’homme contre une dizaine d’années de situations d’adversité.


De gauche à droite, Nicolas Darbon, Ezin Pierre Dognon, Pierre Albert Castanet, derrière les deux, Martin Laliberté, Odile Blin et Jean Vion-Dury, au niveau des ordinateurs, en distantiel, Apollinaire Anakésa-Kululuka, Sophie Stévance et Romuald Tchibozo. 
 

Contre vents et marées, Ezin Pierre Dognon, désormais, titulaire d’un PhD en Musique et musicologie. Ainsi en ont décidé, le mardi 18 juillet 2023, à Aix-Marseille université (Amu), dans la ville d’Aix-en-Provence, les huit membres du jury constitué dans le sens de la soutenance de son mémoire par le concerné, sur le thème, « Trajectoire des musiciens de style tradi-moderne entre l’Afrique (Golfe de Guinée) et la France au XXIème siècle : étude des conditions de réussite esthétiques, technologiques et interculturelles ». 


Ce jury a été présidé par Martin Laliberté, Professeur des Universités à l’université de Paris-Est. Le mémoire qu’a défendu Ezin Pierre Dognon avait trois co-directeurs. Il s’agit de Nicolas Darbon et de Jean Vion-Dury, tous deux Maîtres de Conférences avec Habilitation à Diriger des recherches (Hdr), à l’Amu, puis d’Apollinaire Anakésa-Kululuka, Professeur des universités aux Antilles. Deux rapporteurs et deux examinatrices ont renforcé le jury. 


Il est question, respectivement, d’une part, de Pierre Albert Castanet, Professeur émérite des Universités à l’université de Rouen, et de Romuald Tchibozo, Professeur des Universités à l’université d’Abomey-Calavi, au Bénin. D’autre part, il s’agit d’Odile Blin, Maître de Conférences Hdr, à l’université de Rouen, et de Sophie Stévance, Professeur des Universités à l’université Laval, du Québec, au Canada. Apollinaire Anakésa Kululuka, Romuald Tchibozo et Sophie Stévance ont pris part à la soutenance en distanciel, par la voie numérique.  


Le nouveau grade qu’a conquis le lauréat n’a pas fait l’objet d’une mention ni donné lieu au port de la toge de Docteur d’Etat par l’élu. Cette double tradition n’a plus cours dans les universités françaises. Pour en arriver à son fait d’armes, Ezin Pierre Dognon a dû franchir bon nombre d’obstacles, depuis son arrivée en France, une dizaine d’années plus tôt. 



Une victoire qui s’est bâtie sur la durée


Il arrive en France le 30 juillet 2013. Il avait bénéficié d’un visa de touriste. Son but : prendre part au mariage de sa sœur. En quittant le Bénin, il s’était enrichi d’une batterie de diplômes : un Baccalauréat de série B, obtenu en 2007, un Brevet de Technicien supérieur (Bts) en Communication d’Entreprise, en 2009, puis une Licence en Communication et Relations internationales, un Master I et un Master II dans la même filière, respectivement, en 2010, 2011 et en 2012. 


Sur le territoire français, il ne parvient pas à régulariser sa situation administrative. Il avait obtenu une inscription à l’Ecole d’Art et de la culture de Paris. Il l’a effectuée pour un Master of Business administration (Mba) en Médiation culturelle, dans l’option de ’’Management de la Musique, des festivals et du patrimoine’’. C’était grâce au processus promu par une structure appartenant à l’Institut français. Elle se dénomme ’’Campus France’’. Cette inscription s’était produite pendant qu’il était à Cotonou. Il préparait son arrivée à la Métropole. Cependant, il n’en avait pas obtenu le visa, même après avoir subi l’entretien classique. 


En France, il s’est mis à préparer, dans l’établissement mentionné d’enseignement universitaire, le diplôme évoqué. Il en avait profité pour s’adresser à une préfecture. Il poursuivait le but d’obtenir un titre de séjour. Elle lui a enjoint de reprendre le processus avec ’’Campus France’’. Pouvait-il en retourner au Bénin, pour autant ? « Un rude combat », cette conquête de sa régularisation administrative en France, commente Ezin Pierre Dognon.


En 2014, il s’offre le Master of Business administration (Mba). Il était sans papiers ; il n’avait obtenu qu’un Récépissé de la part de la préfecture. La situation rend difficile qu’il s’inscrive à l’université pour poursuivre ses études afin d’obtenir un doctorat d’Etat. Pour lui, elle n’est, néanmoins, pas impossible. Il opte pour la musicologie. Il y confectionne un protocole de recherche. Il suit des cours dans bon nombre d’enseignements de cette filière. Ce sont, entre autres, l’Histoire de la musicologie, l’Histoire de la musique contemporaine et l’Histoire des musiques. Il a même reçu des cours de guitare à un certain conservatoire, celui de la ville du Bouc-Bel-Air


Ces différents acquis ont facilité que son inscription en doctorat soit reçue. Ezin Pierre Dognon a, ainsi, mené des recherches et en a déposé un mémoire. Il l’a soutenu, avec succès, le mardi 18 juillet 2023. 


Ezin Pierre Dognon, au cours de sa soutenance ...


Il fait, de cette expérience, un vrai bilan. « Ce sont sept années de recherches intenses dont cinq ont été passées en situation irrégulière, c’est-à-dire sans titre de séjour  ni revenus ni ressources, avec une interdiction de travailler légalement mais, avec le devoir d’aller à la faculté, d’aller lire des ouvrages, de faire des recherches, de proposer des séminaires, des conférences, de répondre à des publications scientifiques, et le devoir de se rendre disponible pour les activités de son laboratoire et de son école doctorale. Donc, c’étaient des moments intenses de galère », achève-t-il, comme essoufflé. 


Il a puisé en lui des ressources en courage, en endurance, en foi en l’avenir, en positivité et, notamment, en persévérance. Il fallait triompher de l’adversité ambiante pendant les moments difficiles évoqués. Pour Ezin Pierre Dognon, il a réussi à tenir grâce aux membres de sa famille, à ses directeurs de recherche et aux responsables de ’’Perception, représentations, image, son, musique’’ (Prism), le laboratoire dans lequel il a servi. Ce fut un « long combat psychologique, mental et physique », ajoute-t-il, de 2013 à 2021, l’année où il finit par obtenir un titre de séjour de dix ans, en France.  



Musicologue, pratiquant musical, ...


Jeune Docteur d’Etat, il garde, à son actif, pas moins de sept articles publiés dans des revues dédiées, une dizaine de participations à des conférences scientifiques, six cas d’animation de rencontres scientifiques, sept concernant des projets du même ordre, plus précisément, en musicologie. Il ne s’épanouit pas, pour autant, de ces acquis. Il se met en quête de pragmatisme. Il risque sa tête hors de la science. Il plonge ses doigts dans le cambouis de la fabrique du produit musical. Il les en ressort et, le voilà, slameur ! Il a écrit des textes, des poèmes, le temps de cette immersion. Il est entré en contact avec un ingénieur de son. Il s’installe une symbiose entre eux deux. Il peut aller plus loin : voir son inspiration textuelle devenir un morceau, deux morceaux, plusieurs autres morceaux, neuf morceaux ! Cela s’est fait, progressivement, l’air de rien ! 


Cette prouesse est une véritable surprise. Elle l’est pour ceux qui ignorent que, par le passé, il avait écrit trois livres. Le premier est un roman, ’’Dullah, la grosse énigme’’. Il paraît en 2015. Le deuxième ouvrage est un recueil de nouvelles, ’’Désolé madame, j’épouse mon portable’’. Il est édité en 2017. La troisième parution s’effectue en 2021 : ’’Les dames du Castellet’’. 


Neuf textes de slam ! Lui, l’analyste formé à l’ ’'analysme’’, se met en condition pour devenir un analysé, un jugé, un conspué ou un accepté, un adulé, un vomi, un haï ou un idolé. Ezin Pierre Dognon prend la marque de ''Myster Ezin''. Cela s’opère pendant les phases laborieuses de sa rédaction du mémoire de soutenance, pendant les moments éprouvants des réajustements que demandent les directeurs de thèse, des rejets, des reprises et des corrections qu’ils imposent. Tout va à la vitesse d’une fusée. 


En 2022, Myster Ezin est l’auteur de son premier album de slam, '’EspoirS’'. Des clips sont même disponibles : '’Caroline’’ et ’’Te chérir’’. En 2023, il a déjà fait plusieurs scènes de spectacles : le ’’Casino de Paris‘’, les ’’Folies bergères’’, le ’’Théâtre du Gouvernail’' de Paris, l’espace ’’Jeunesse’’ d’Aix-en-Provence et, entre autres, la Salle ’’Dupuy’', dans la commune du Tholonet, toujours en France.   


La résistance contre les situations d’adversité offre une moisson des charmes du succès. D’Ezin Pierre Dognon, acteur culturel béninois, en tant que Président de l’association, ’’Oladé tourisculture du Bénin’' (Otb), de 2010 à 2013, on aboutit à Myster Ezin et à Docteur Ezin Pierre Dognon. Grâce à la détermination de l’homme, les solutions de gain de son titre de séjour et du grade de Docteur en Musique et en musicologie se sont imposé. Elles ont avalé les obstacles de tous genres jalonnant ce chemin. 


Ezin Pierre Dognon a la vocation de l’investissement de sa personne dans l’action culturelle. Il n’a pas laissé ses difficultés, d’une certaine période, en terre française, en avoir raison. Il contribue à la tenue de l’événement, ’’Miss Bénin France Europe’’.  Cette implication concerne les éditions de 2014 à 2016. « Il reste indélébile parmi les événements de la diaspora béninoise en France », en dit-il. Il s’est, aussi, fait remarquer par l’organisation de ’’La nuit du 229 à Paris’’. 


Cours à l’université, morceaux d’albums à faire, concerts à tenir et événements à conduire au sein d’une vie associative. Des défis pour le Docteur Ezin Pierre Dognon. La flamme d’un souffle à entretenir …    

Marcel Gangbè-Kpogodo

mercredi 14 septembre 2022

Quand Myster Ezin relève le défi ’’Mc Solaar’’

Dans le cadre de la parution de son album


Acteur culturel bien connu au Bénin pour avoir dirigé l’association ’’Oladé’’ tourisculture du Bénin (Otb), Ezin Pierre Dognon, doctorant en musicologie, a mis au point un album dont la parution officielle est prévue pour le mois de septembre 2022 en France. Se métamorphosant en ’’Myster Ezin’’, en tant qu’artiste musicien, il a fait de son « coup d’essai un coup de maître », en interprétant un morceau remarquable du rappeur français, Mc Solaar, pour porter l’album concerné.


La pochette de l'album, ''Espoirs''

’’Caroline’’ interprété et clippé. L’un des morceaux mythiques du tout premier album du rappeur français, Mc Solaar, que Myster Ezin, de son nom, à l’état-civil, Ezin Pierre Dognon, a choisi d’interpréter à travers l’album qu’il met sur le marché discographique dès le 23 septembre 2022 dans l’Hexagone où il vit et étudie.

Intitulé ’’Espoirs’’ et édité en France par le label, ’’III Lumière’’, ce disque comporte 9 titres dont ’’Caroline’’ qui reste la preuve que, de la même manière que, comme l’a pensé Voltaire, « on n’écrit bien qu’après avoir lu ceux qui ont bien écrit », on ne peut bien chanter qu’après avoir écouté ceux qui ont bien chanté. Dans le don par Myster Ezin de sa version  de ’’Caroline’’, l’enveloppe rythmique est similaire à l’originelle, avec l’artiste dont la voix chaude rassure, la bonne articulation des mots aidant. 

Si, en s’attaquant à la citadelle ’’Mc Solaar’’ et en la conquérant, le Béninois d'origine, Myster Ezin, a chanté comme un rappeur, le slam est le genre musical qu’il choisit de pratiquer. Cet engagement se justifie par le fondement nostalgique de l’impact de la puissance de la parole proférée sur son bas âge. « Quand j’étais enfant, j’aimais écouter les griots raconter des histoires au clair de lune. Je pense qu’il y a eu cette influence dans le choix, pendant les discussions, autour de la direction artistique du projet », en déclare-t-il. De même, avec le slam, il est question, se rapportant à lui, d’une relation de grande symbiose, ce qu’il clarifie : « Le slam est un art qui me correspond et auquel correspondent mes valeurs ».  En outre, selon lui, il s’agit d’un genre avec lequel il est fusionnel : « Le slam dégage, pour moi, une esthétique musicale dans laquelle je me retrouve complètement ».

Quant à l’album, ’’Espoirs’’, Myster Ezin en prévoit une cérémonie officielle de présentation pour le 15 octobre 2022 à l’espace ’’Jeunesse’’ d’Aix-en-Provence, la ville de ses études de 3ème cycle. Coîncidence ? Le 15 octobre est, aussi, la date de la sortie, en 1991, de l'album, ’’Qui sème le vent récolte le tempo’’, sur lequel se trouve ’’Caroline’’ ...


 

Musicologue et artiste musicien


De l’étude de la musique à sa pratique, Myster Ezin a vite franchi le fossé, vivant l’expérience comme une marque de pragmatisme scientifique : « Il y a comme une aisance, [comme] une assurance, [comme] un sentiment que l’on sait ce que l’on fait, [comme] un sentiment que l’on sait où l’on va parce qu’en tant que spécialiste de la musique, musicien et chanteur, on sait de quoi l’on parle. Il n’y a pas de place pour l’improvisation. Et, même quand il y a de l’improvisation, c’est un chaos qui est voulu ». Pour lui, la passion servant à faciliter l’exercice des deux postures, le théoricien et l’artiste se complètent : « Etre enseignant-chercheur est une profession. La pratique musicale n’est qu’un prolongement des connaissances et une envie de vivre d’autres expériences ».

Aussi, revendiquant, de manière convaincue, son nouveau statut d’artiste musicien, Myster Ezin ne fait pas les choses à moitié, se donnant un pseudonyme, comme le font les artistes, et renouvelant son apparence physique, en arborant des tresses dont la fonction n’est pas limitative : « Mon nouveau look date d’avant le projet d’album et de carrière musicale. Comme beaucoup de personnes, avant moi, je ne suis qu’un homme qui lutte contre la calvitie. Sur conseil de ma nièce, coiffeuse de profession, j’ai adopté ce look et cela semble le bon choix pour faire pousser mes cheveux, en plus de me permettre de me sentir bien ».


 

Parcours conséquent


Myster Ezin, artiste slameur, aujourd’hui, succède à Ezin Pierre Dognon, acteur culturel, par le passé, ancien président de l’association, ’’Oladé’’ tourisculture du Bénin (Otb). Il en garde, dans son palmarès, la médaille d’avoir décroché un financement de 100 mille euros, de la part de l’Union européenne, pour la tenue, en 2012, de la 7ème édition du festival, ’’Itinér’ance’’, que portait annuellement l’organisation.

Deux années après ce fait d’arme, il s’établit en France pour la poursuite de ses études, ce qui débouche sur l’obtention, en 2014, d’un Master of Business administration (Mba) en médiation culturelle, dans l’option, ‘’Management de la musique, des festivals et du patrimoine’’. En 2017, il s’inscrit à un doctorat en musicologie. Polyvalent, il tient, à son actif, la publication de deux ouvrages narratifs de fiction, ’’Dullah, la grosse énigme’’ et ’’Désolé madame, j’épouse mon portable’’, parus, respectivement, en 2015 et en 2017, de même que de ''Petites chroniques de Castellet'', un livre édité en 2021.

Marcel Gangbè-Kpogodo