samedi 5 juillet 2025

Six prix ouverts à tous

Pour un concours d’affiches sur la Chine


Le Centre culturel chinois de Cotonou (Ccc) a lancé un concours d’affiches. Il est en cours depuis le mois de mai 2025. La production à soumettre peut prendre plusieurs formes artistiques. Six prix sont en jeu pour des concurrents sans aucune limite restrictive.


L'affiche officielle du concours indiqué

1 premier prix, 2 deuxièmes prix et 3 troisièmes prix sans aucune restriction de type de concurrent. Les six récompenses qui attendent les lauréats à un concours de réalisation d’une affiche sur la Chine, qu’a lancé le Centre culturel chinois, depuis le mois de mai 2025, et que pilote l’artiste contemporain béninois, coordonnateur de la compétition, Elon-m Amèvi Catilina Tossou, sur le thème, « Comment imaginez-vous la Chine ? Comment vous la représentez-vous ? ».

Pour le concerné, le concours se clôt le 1er août 2025. Un jury consacrera le reste du mois à évaluer les productions recueillies. Il s’est refusé à préciser l’identité des membres du jury, deux « artistes aînés ». Il proclamera les résultats en septembre 2025. Chaque concurrent peut compétir avec deux affiches. Chacune d’elle doit avoir une fiche qui la décrit. La proposition peut être un croquis, un manga ou une aquarelle. Le compétiteur peut en adopter le style artistique qui lui convient. Il n’y a pas de limite d’âge ni de génération de participant. Le concours reste largement ouvert à tous. Chaque concurrent doit rendre son affiche avec son identité complète. Celle-ci doit suivre l’ordre de sa pièce valide. L’adresse de messagerie électonique d’envoi du dossier de candidature est : telonm@yahoo.fr. Le premier des six prix en jeu est une moto flambant neuve.

Le coordonnateur, Elon-m Tossou, s’ouvre sur des motivations du concours. Il s’agit de « l’encouragement des jeunes ». Il sélectionne ceux ayant « l’envie, le courage et le talent en eux ». Il évoque, d’abord, « ceux qui ont ce talent caché en eux ». Ensuite, il parle de « ceux qui n’arrivent pas à le développer ». Enfin, il aborde « ceux qui peinent à le révéler au grand public ». Toutes ces catégories à identifier justifient la démultiplication des deuxième et troisième prix.

Elon-m Tossou explique aussi le choix de la Chine, pays d’inspiration du concours. « On doit s’inspirer de celui qui est devant pour construire notre environnement, un avenir meilleur », commence-t-il. Il poursuit : « Notre vie quotidienne, aujourd’hui, est basée sur la Chine ».


Elon-m Amèvi Catilina Tossou

Selon lui, ce pays se rend incontournable dans plusieurs domaines faisant sa réussite. Ce sont la technologie, l’art, le développement du tourisme et l’art culinaire, notamment. Puis, il confie une idée fondamentale. « Nos lacunes, nos faiblesses et nos points d’ombre peuvent se réduire », débute-t-il. Il est question de « s’inspirer des modèles, des références devant nous pour construire notre vie », poursuit-il. Il approfondit sa réflexion en des termes percutants. « Il faut valoriser l’autre avant de se valoriser ; il faut s’inspirer de l’autre pour se construire ».

Puis, il conclut. « Pour y arriver, il faut se donner au travail ». Il insiste et chute. « Il faut qu’on exprime ce qu’on pense de l’autre pour qu’il sente votre engagement ». Pour Elon-m Tossou, des perspectives existent pour une deuxième édition du concours. Le Bénin pourra servir de thème. Dans un autre cas, il y aurait une fusion entre la Chine et le Bénin. Il s’en adresse aux Béninois et aux Africains. « Jeunesse béninoise, jeunesse africaine, ouvre les yeux, regarde le lever du soleil, sache que le meilleur reste à venir ». Il se fait visionnaire. « L’avenir de demain, c’est en Afrique, c’est le peuple africain, c’est la jeunesse africaine », finit-il.

Marcel Kpogodo

vendredi 27 juin 2025

Aston, un certain regard des fléaux contemporains

Dans le cadre d’une exposition à l’Espace Culturel Le Centre


“Sources” est une exposition d’art se déroulant à l’Espace Culturel Le Centre. Le vernissage en a eu lieu le vendredi 20 juin 2025. Le Béninois, Serge Mikpon, alias Aston, est l’artiste exposant. Ses œuvres sont un canal de dénonciation de phénomènes de l’époque actuelle.


Aston, expliquant un de ses tableaux

Tabagisme, immigration, exploitation de l’homme, conflits géopolitiques. Ce qu’aborde “Sources”, de l’artiste plasticien béninois, Aston, à l’état-civil, Serge Mikpon, une exposition dont le vernissage s’est tenu le vendredi 20 juin 2025 à l’Espace Culturel Le Centre, sis quartier de Lobozounkpa, à Godomey, dans la commune d’Abomey-Calavi.

Des invités de marque étaient du public ayant fait le déplacement de l’événement. Il y avait, notamment, le ministre de la culture, Jean-Michel Abimbola. Etait aussi de la partie Dominique Zinkpè, ancien Directeur et Président d’Honneur de L'Espace Culturel Le Centre.

“Fumer tue” est la première installation marquante parmi les douze œuvres montrées au public. Elle mesure trois mètres de long sur deux mètres de large. L’artiste y restitue un corps humain fait de mégots de cigarettes. Il repose dans un cercueil fabriqué d’une manière originale. Boîtes de cigarettes, briquets et bûchettes d’allumettes en sont les matériaux. Le socle du personnage est également conçu en boîtes de cigarettes. L’installation symbolise la fin tragique réservée aux fumeurs. L’artiste interpelle ainsi la conscience des jeunes accrochés à la cigarette.

“Sources”, l’installation éponyme, approfondit la philosophie de l’artiste. Elle rassemble du sable provenant de vingt-quatre pays différents. Elle se constitue aussi du liquide provenant de quarante-huit sources diverses. Il y a, entre autres des larmes, de l’urine et de la salive. L’artiste les a recueillies dans de petits bocaux. Cette œuvre artistique exprime l’universalité des problématiques qu’il aborde.

’’Death train’’, une autre installation, porte également un message à portée sociale. Elle se compose de petits trains aux wagons fabriqués de boîtes de cigarettes. Ils sont posés sur des rails constitués d’allumettes. D’autres objets récupérés viennent compléter l’ensemble. Ils créent un environnement riche en matériaux de récupération. L’artiste y évoque le tristement célèbre ’’Train de la Mort’’ de 1944. Il transpose cette réalité historique aux conséquences du tabagisme chez les jeunes. Pour lui, fumer consiste à s’inhumer progressivement, sans bruit.

D’autres œuvres frappent l’attention. “Immigration” illustre les épreuves que traversent les immigrés dans le monde. L’artiste dénonce cette condition difficile et interpelle la responsabilité politique des États. “L’exploitation de l’homme par l’homme” suscite une réflexion sur les droits bafoués de l’homme. L’artiste y exprime la violence qu’exercent les hommes sur d’autres pour leurs intérêts.

Aston, sur le fondement de son exposition, rappelle que rien ne naît du néant. « Derrière chaque problème, chaque injustice, chaque transformation, il y a une origine », commençait-il. « Dieu est la première source. Il a tout créé », soulignait-il. L’homme, produit de cette source divine, en a engendré d’autres. « Il est la source de ces problèmes ou encore de leur aggravation », a précisé l’artiste. Il évoque ainsi l’interconnexion de toutes les sources. Les matériaux de récupération qu’il utilise ont une portée. Chaque pièce devient un puzzle de déchets ayant un sens. Ils sont nombreux : capsules, chaussures, cadenas, bouteilles, seringues, cassettes, perles, sable.



L’art pour éduquer


’’Sources’’ intègre un aspect didactique à destination du jeune public. Berthold Hinkati, Directeur de l’Espace Culturel Le Centre, l’a souligné au vernissage. 75 enfants ont, en effet, assisté l’artiste dans la création de l’œuvre, “Death train’’. « Ce n’est pas anodin. C’est une manière d’éduquer les enfants, de les motiver à s’intéresser à l’art », a-t-il justifié. Les parents ont été invités à venir découvrir le fruit de ce travail collectif. Le directeur a rappelé le bien-fondé de cette démarche. « À la maison, quand les enfants s’amusent avec des objets désuets, on pense qu’ils perdent leur temps », a-t-il rappelé. Il a poursuivi : « Les objets que nous avons l’habitude de jeter ont été récupérés par Aston pour créer ses œuvres » Il souhaite que les parents comprennent que cet art peut nourrir son homme. « Ces créations nourrissent l’artiste Aston. Il vit de son art », a-t-il conclu.



Un grand nom de l’art contemporain


Pour le ministre Jean-Michel Abimbola, Aston est une figure majeure de l’art contemporain au Bénin. Il fait partie des artistes montrés au Bénin et à l’international, à l’exposition, ’’Arts Contemporain du Bénin’’.

Aston, face à Jean-Michel Abimbola, dans ses précisions liées à une installation 



« Dans ses œuvres, il dénonce les injustices, les conflits, les dérives sociétales », a-t-il commenté. « Le monde est ainsi fait mais chacun doit jouer sa partition. L’artiste joue la sienne », finissait-il. Il a encouragé l’artiste à continuer son combat.



Un parcours expressif


“Sources” est le fruit d’un mois de résidence de l’artiste à l’Espace Culturel Le Centre. L’exposition constitue l’aboutissement de plusieurs années de recherche de l’artiste. Elle s’inscrit également dans une continuité de la Journée de l’Environnement, célébrée chaque 8 juin. Plusieurs œuvres, à part celles évoquées, valent la visite du public. Il s’agit de “Conférence de merde”, “Le voilier des temps”, “Stupide et inutile”, “Shango”, “Hêvioso”, “Ombre, son, couleur, lumière” et d’ “Aston Formule One”. Symboles forts et techniques surprenantes attendent un public curieux de découvrir leur richesse. L’exposition se poursuit jusqu’au 17 août 2025.


Léandre Houan / Marcel Kpogodo