Selon Ezin Pierre Dognon : « [...] la communauté béninoise en Europe a besoin de se doter d’une ambassadrice de beauté ... »
En juin 2015, les
Béninois de la diaspora vivant en France et en Europe devront compter avec un
événement qui s’annonce de taille : ’’Miss Bénin France Europe’’. Ezin
Pierre Dognon, nommé Directeur de l’équipe d’organisation de l’événement,
aborde, à travers cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, les tenants
et les aboutissants d’une telle manifestation, tout en évoquant sa portée
hautement sociale. Avec la mobilisation de la diaspora béninoise en Europe, autour de "Miss Bénin France Europe", la Miss élue sera une grande ambassadrice de lutte contre l'ulcère de Buruli.
Ezin Pierre Dognon, Président du Comité d'organisation de "Miss Bénin France Europe" |
Stars du Bénin :
Bonjour Ezin Pierre Dognon. Vous êtes, depuis peu, le Directeur de l’équipe d’organisation
de l’événement ’’Miss Bénin France Europe’’. Pouvez-vous nous dire ce que
c’est, ’’Miss Bénin France Europe’’ ?
Ezin Pierre Dognon :
Tout d’abord, je vous remercie de me donner l’opportunité de parler de ’’Miss
Bénin France Europe’’, via votre canal. ’’Miss Bénin France Europe’’ est le
concours de beauté, au sein de la communauté béninoise, en France et en Europe.
C’est un événement culturel qui se veut fédérateur de tous les Béninois de la
diaspora européenne. Il est conçu et créé par l’Agence Créative, agence de communication et d’événementiel, basée en
France.
On
sent qu’il y a une nette différence avec Miss
Bénin tout court …
Nous
ne sommes pas dans une logique de comparaison entre notre événement et celui de
l’Association Culturelle Miss Bénin.
Cette dernière a quand même 20 éditions à son actif. Il ne peut donc pas y
avoir de comparaison avec nous qui sommes à la première édition. Loin d’être
deux événements opposés ’’Miss Bénin’’ et ’’Miss Bénin France Europe’’ doivent
être complémentaires, car il s’agit de la même communauté, même si ces
événements sont sur deux territoires différents.
L’organisation
de "Miss Bénin France Europe" se fait-elle en rapport avec
l’Association culturelle Miss Bénin (Acmb) qui travaille au Bénin alors ?
C’est
ce que nous souhaitons. En effet, nous avons mené plusieurs démarches auprès de
l’Acmb afin de trouver un consensus de collaboration, et je puis vous dire que
les tractations sont en cours. Nous avons fait des propositions de partenariat
qui sont certainement en étude. Nous espérons que les choses évolueront dans
les prochains jours.
Ne
craignez-vous pas un conflit d’attributions entre la structure préparant "Miss
Bénin France Europe" et l’Acmb ?
Aucune
crainte à ce sujet puisqu’il s’agit de deux entités différentes mais qui
peuvent être complémentaires, comme je l’ai évoqué précédemment. Les échanges
avec le Président de l’ACMB ont été très cordiaux et fraternels, ce qui suppose
qu’il n’y a visiblement pas de conflit d’intérêts.
Il
nous est revenu que "Miss Bénin France Europe" est un événement qui
s’est illustré, très récemment, dans un scandale, retentissant, de
malversations de tous ordres. Etiez-vous de l’équipe
ayant cela à son actif ? Que s’était-il passé ?
Déjà,
à l’époque, le concours ne s’appelait pas ’’Miss Bénin France Europe’’ mais ’’Miss
Bénin France’’, tout court. Nous ne sommes associés ni de près ni de loin à
l’organisation de cet événement.
Avant
de se lancer dans la création de ’’Miss Bénin France Europe’’, l’agence Creative et toute l’équipe ont fait un
état des lieux, en l’occurrence, par rapport à ce qui avait été fait par le
passé. Nous avons, certes, eu des échos très peu favorables au sujet de ’’Miss
Bénin France’’, de 2012. Mais, n’ayant pas été présent à cet événement, nous ne
saurions décrire avec précision ce qui s’était passé.
Ceci
étant dit, il est avéré, des conclusions de notre état des lieux, que ’’Miss
Bénin France’’, tel que conçu et organisé en 2012, a été une déception totale
pour, en premier lieu, les participantes, les membres de l’équipe
organisatrice, les partenaires et, en second lieu, pour la communauté béninoise
elle-même.
Au
regard de tout ceci, les Béninois de la diaspora se retrouvent privés d’un événement
capable de les réunir autour d’un thème d’adhésion générale qu’est la promotion
de la culture, à l’international. Au même moment, les autres communautés, dont
la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, la Guinée, le Togo, etc., font un
travail formidable, dans ce domaine, ce qui leur permet de valoriser leur
culture, tout en créant un creuset d’union.
La
question principale qui fonde ’’Miss Bénin France Europe’’ est de savoir s’il
fallait s’arrêter à l’échec des autres ou s’il fallait donner à la communauté
béninoise d’Europe une vraie opportunité d’avoir un événement culturel digne de
son image.
Qu’est-ce
qui nous montre que "Miss Bénin France Europe" n’a aucun rapport avec
ce dont nous avons entendu parler et qui est très malsain pour la réputation
des porteurs béninois de projets vivant en France ?
Comme
je vous l’ai signifié précédemment, ’’Miss Bénin France Europe’’ est organisé
par l’Agence Creative qui n’a aucun
lien avec l’autre société qui s’était essayé à la chose en 2012. Je ne porte
pas de jugement personnel à l’égard du promoteur de 2012, car un événement de
cette envergure demande beaucoup de travail, d’énergie et toute une
organisation, sur une longue durée. Il a certainement fait un travail
formidable qui s’est heurté à des couacs qui l’empêchent de rééditer
l’événement. Il faut aussi dire que nous avons tous droit à l’échec car c’est
de ceci que naissent les grandes réalisations. Je pense que la communauté béninoise en Europe a besoin de se doter d’une ambassadrice de beauté et c’est ce à quoi mon équipe
s’attelle.
Avez-vous
fait un sondage auprès des Béninois vivant en France pour savoir s’ils sont
prêts à faire à nouveau confiance à une nouvelle équipe, la vôtre ?
Vous
le savez, sans doute, un promoteur culturel ne lance pas son événement sans réaliser
un benchmark. Je vous avais dit plus haut que nous avons fait un état des
lieux, ce qui implique que nous avons écouté un certain nombre de personnes et
de responsables d’associations représentant la communauté béninoise. Le besoin
d’avoir un cadre d’échanges existe mais, vu ce qui s’est passé en 2012, le
travail de confiance doit être permanent. Nous avons donc comme défi de réussir
cette première édition afin de gagner la confiance et l’adhésion totale des
Béninois de France et d’Europe.
En
réalité, quelles sont les innovations de "Miss Bénin France Europe" ?
Déjà,
on ne s’improvise pas créateur d’événement. Le directeur d’équipe que je suis a
été recruté sur un appel à candidatures, dont les critères de sélection sont
stricts sur les compétences techniques et l’expérience. Les autres membres de
l’équipe que j’ai constituée ont été aussi sélectionnés sur des critères assez
pointus, du point de vue motivation, intérêt pour la chose culturelle, en
général, et pour le développement du Bénin, en particulier, sans oublier les
compétences.
Ce
premier point, pour vous dire le sérieux que l’agence a voulu mettre autour de
l’événement. En plus, nous ne comptons pas organiser un concours de beauté de
plus mais nous voulons faire de la Miss élue une ambassadrice de la lutte
contre une maladie très sérieuse que beaucoup ignorent et qui fait des ravages
dans notre pays, le Bénin. Par ailleurs, il y a cette ouverture vers les autres
communautés béninoises de l’Europe afin d’élire une Miss unique de la diaspora
béninoise en Europe qui représentera celle-ci à la finale de Miss Bénin, dans
les éditions à venir.
Quels
sont les moyens dont vous disposez pour réussir l’organisation de cette manifestation,
dès juin 2015 ?
En
toute chose, « il n’est de richesses que d’hommes », pour citer Jean
Bodin. Il y a les moyens humains, des compétences, de la volonté et de la
détermination de mon équipe. Celle-ci a mis en place des stratégies pour
mobiliser des partenaires institutionnels et privés autour de l’événement. En
elle-même, la communauté béninoise constitue un moyen fort de par son adhésion
et sa spontanéité à inciter les candidatures des proches.
Comment
pensez-vous procéder pour recruter des candidates ?
Le
casting a été déjà lancé et est étendu sur une durée allant jusqu’au 31 janvier
2015. Cela permettra aux potentielles candidates, ayant 17 ans, en 2014, de
pouvoir postuler. Une vaste campagne sur les réseaux sociaux et la diffusion
des informations dans les réseaux associatifs, dans la presse, via des mailings,
etc., sont des procédés adoptées par l’équipe pour atteindre un maximum de
personnes. De plus, des flyers et des affiches sont en cours de diffusion, à
des points stratégiques, dans toute la France et, dans les autres
représentations diplomatiques du Bénin en Europe. Nous espérons que nos sœurs
répondront nombreuses à l’appel.
Vous
attachez, si notre compréhension est bonne, "Miss Bénin France Europe"
à l’éradication de l’ulcère de Buruli au Bénin. Pourquoi le choix de cette
maladie ? La Miss élue viendra-t-elle en mission au Bénin, dans le cadre de la
lutte contre cette maladie ?
Je
pense qu’il y a plusieurs concours de beauté qui s’organisent, de nos jours, de
par le monde. La question d’une démarcation sérieuse s’est posée au sein de
l’équipe d’organisation qui s’est donné le défi d’apporter une touche
particulière à l’événement, afin de faire porter par la Miss un véritable
projet de société. Des réflexions ont donc été engagées sur les maladies qui affectent
la jeune enfance au Bénin. Le choix s’est porté sur l’Ulcère de Buruli qui fait
partie des 17 maladies tropicales négligées en Afrique, en général et, en
particulier, au Bénin.
Il
résulte de l’infection par Mycobacteriumulcerans,
un micro-organisme appartenant à la famille des bactéries responsables de la
tuberculose et de la lèpre. 6000 à 7000 nouveaux cas sont détectés, chaque
année, au Bénin, en majorité chez les enfants de moins de 15 ans, ce que je
trouve personnellement énorme. La Miss élue sera au cœur d’une grande campagne
de sensibilisation sur les causes, les symptômes et les traitements de cette
maladie. Elle apportera également son appui pour l’insertion et
l’épanouissement des personnes atteintes. Vous convenez donc avec moi qu’elle fera
des déplacements sur place pour la mise en œuvre de ce projet. Tout ceci se
fera en collaboration avec la Fondation Raoul Follereau qui travaille dans
toute l’Afrique avec les Coordinations nationales de lutte contre l’Ulcère de
Buruli.
L’Etat
béninois est-il, d’ores et déjà, impliqué ?
Nous
organisons un événement de promotion de la culture béninoise en Europe. La
logique oblige que les représentations diplomatiques et consulaires soient
associées. Des démarches sont en cours, à cet effet. Il en va de même pour le Gouvernement,
via le Ministère de la Culture. A ce sujet aussi, des démarches ont été faites.
Nous espérons des ouvertures d’adhésion à ces différents niveaux.
En guise de clôture de cette interview, avez-vous un appel à lancer aux Béninois,
en général, et à ceux vivant en France et en Europe, en particulier ?
La
culture est ce qu’il nous reste quand nous avons tout oublié et, un peuple qui
ne valorise pas sa culture rend les autres ignorants de son existence. Je pense
que nous avons le devoir de porter au-devant de la scène internationale ce que
nous avons de mieux à vendre puisque nous sommes caractérisés par notre culture.
Je comprends l’amertume des acteurs impliqués, de près ou de loin, dans
l’organisation de 2012. Mais, il importe de fermer la parenthèse et d’avancer
vers de nouveaux horizons. Je demande donc aux parents de nous faire confiance
et de permettre à leurs filles d’être des ambassadrices de la beauté au sein de
la diaspora béninoise en Europe. Aux partenaires, je pense que c’est une
occasion unique de se rendre visible en choisissant de se positionner sur ’’Miss
Bénin France Europe’’. Je tiens à remercier l’Agence Creative qui a porté son choix sur ma candidature pour diriger
l’équipe d’organisation de ce grand événement.
Propos
recueillis par Marcel Kpogodo
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