vendredi 23 juillet 2021

Présentation des 3 points du réaménagement du Grand prix littéraire du Bénin

Dans le cadre du lancement de l’appel à candidatures pour l’édition 2021


Par le biais d’une séance d’échanges avec les journalistes, le Ministère du Tourisme, de la culture et des arts (Mtca) a rendu public l’appel à candidatures pour la détection de l’écrivain béninois lauréat de la 3ème édition du Grand prix littéraire du Bénin. L’événement s’est déroulé le mercredi 21 juillet 2021 à la Salle de Conférences du siège du département ministériel, sous la direction de Florent Couao-Zotti, Conseiller technique à la Culture du Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, avec l'animation de Blaise Tchétchao, Directeur des Arts et du livre. Il est à retenir trois points de réaménagement du prix littéraire décerné par l’Etat béninois.

Ci-contre, de gauche à droite, Blaise Tchétchao et Florent Couao-Zotti, au cours de la séance d'échanges avec les journalistes - Crédit photo : Daniel Hountondji

Octroi d’un unique Grand prix littéraire du Bénin, augmentation de la valeur financière de la distinction indiquée et création de deux autres distinctions afférant au Grand prix littéraire du Bénin. Les trois innovations fondant désormais le Grand prix littéraire du Bénin, elles qui ont été portées à la connaissance du public avec le lancement officiel de l’appel à candidatures pour cette distinction littéraire nationale du secteur public, dans l’après-midi du mercredi 21 juillet 2021, par Blaise Tchétchao, Directeur des Arts et du livre, à travers une causerie avec les journalistes, dirigée par Florent Couao-Zotti, Conseiller technique à la Culture du Ministre de la Culture, à la Salle de Conférences du Ministère de la Culture.

D’abord, à partir de l’édition 2021 du Grand prix littéraire du Bénin, il sera décerné une distinction unique qui mettra en vue une œuvre issue de l’une des catégories littéraires validées pour entrer en compétition que sont la nouvelle, le théâtre, le roman, le conte et la poésie. Ensuite, le nouvelliste, le dramaturge, le romancier, le conteur ou le poète qui sera retenu par le jury final comme le Grand prix littéraire du Bénin recevra une enveloppe financière de cinq millions de Francs Cfa et un trophée. Enfin, deux prix spéciaux seront décernés. Il s’agit du Prix de l’Editeur, d’une valeur de trois millions de Francs Cfa, et du Prix du Journaliste littéraire, pour une enveloppe financière d’un million de Francs cfa.

Ces innovations sonnent comme une mini-révolution dans la distinction littéraire nationale conduite par l’Etat béninois lorsqu’on se souvient que le Grand prix littéraire du Bénin, qui a connu sa première édition en 2019, en remplacement du Prix du Président de la République, en vigueur les années antérieures, laissait triompher un lauréat par catégorie littéraire, ce qui en faisait cinq, représentant chacun des genres littéraires retenus, sans oublier que chacun d’eux avait droit à deux millions de Francs Cfa. Il n’y a pas de doute que la situation de délibération où, en 2020, le Grand prix littéraire du Bénin n’avait pas été décerné dans les catégories du conte et de la poésie ait encouragé à détecter et à mettre en valeur un lauréat unique représentatif de la meilleure qualité de la littérature béninoise, avec une envergure qui s’épaissit par une hausse de la cagnotte de la distinction nationale.

En outre, désormais, les maisons d’édition et les journalistes littéraires, deux maillons incontournables du monde de la littérature, se voient dans l’obligation de fournir une plus grande qualité de production, vu que leurs acteurs respectifs entrent en compétition.


 

Des conditions de participation


Pour un concours littéraire national annuel initié par l’Etat béninois à travers le Ministère de la Culture et conduit par la Direction des Arts et du livre (Dal), le Grand prix littéraire du Bénin est officiellement lancé depuis le jeudi 22 juillet 2021 pour les écrivains béninois de la nouvelle, du théâtre, du roman, du conte puis de la poésie et prend fin le 31 août 2021 à 12 heures précises. Ce sont alors les maisons béninoises d’édition, accréditées par la Dal, qui présenteront la candidature d’au plus trois auteurs différents dont elles ont publié l’ouvrage entre le 1er janvier 2019 et le 30 juin 2021. Elles ne sont pas autorisées à faire postuler des ouvrages collectifs.

Par ailleurs, selon Blaise Tchétchao, « pour faire acte de candidature, l’éditeur doit soumettre, sous pli fermé pour toute catégorie visée, à la Direction des Arts et du Livre, dix (10) exemplaires identiques de l’œuvre, accompagnés de la fiche de candidature et d’une copie de l’agrément d’éditeur », de même que « les dossiers de candidature comprenant des exemplaires de titres d’éditions différentes, ne seront pas acceptés » et que « les plis, soigneusement fermés, doivent porter la mention : « Candidature au Grand Prix Littéraire du Bénin – 3e édition » et déposés contre récépissé à la Direction des Arts et du Livre ».

En rapport avec le Prix de l’Editeur, peuvent y concourir, à en croire l'orateur indiqué, les maisons d’édition pouvant « justifier d’un minimum de deux ans d’existence, remplir toutes les conditions réglementaires exigées par la Dal » et qui ont « publié au moins trois ouvrages à la date de la candidature ». De plus, le dossier à fournir comportera les pièces ci-après : une lettre de motivation présentant la maison d’édition, l’agrément signé par la Dal, un catalogue dans lequel figurent les titres des ouvrages et trois exemplaires d’ouvrages édités par la maison.

Lié au Prix du Journaliste littéraire, il s’agit, selon Blaise Tchétchao, pour le postulant, de remplir quelques conditions : « être un journaliste officiant dans une rédaction, avoir régulièrement publié des chroniques, des comptes rendus de lecture et des critiques littéraires », avec l’obligation de présenter les éléments de réalisation de ces faits dans le dossier de candidature comportant une lettre de motivation, une photocopie légalisée de la carte de presse de la HAAC, la preuve de trois publications diffusées entre le 1er janvier 2019 et le 30 juin 2021.

Enfin, la présélection pour le Grand prix littéraire du Bénin et les prix spéciaux sera connue le 29 octobre 2021. Quant à la délibération finale, elle est prévue pour se dérouler le 27 décembre de la même année au cours d'une cérémonie officielle pendant laquelle les lauréats seront annoncés et pourvus de leurs prix respectifs.

Daniel Hountondji / Marcel Kpogodo Gangbè 

lundi 28 juin 2021

Franck Hantan : 4 jours pour faire connaître une nouvelle démarche d’identité

Dans le cadre de sa très prochaine exposition en Ile-de-France

L’artiste peintre béninois, Franck Hantan, est en exposition à Bessancourt, en Ile-de-France, au début de juillet 2021. Ce sera une opportunité inédite pour le public de découvrir sa nouvelle démarche de travail.

Franck Hantan, dans on art de la performance - Crédit photo : Détours Photo

’’La sortie des masques de Franck’’. Le thème selon lequel le peintre béninois, Franck Hantan, présente, à Bessancourt, en région d’Ile-de-France, ses œuvres, du 1er au 4 juillet 2021, celles-ci émanant de sa nouvelle manière de matérialiser son inspiration, sans oublier que le créateur entend se conformer à l’un de ses fondamentaux favoris, la déambulation : une danse aux pas princiers pesants dont lui seul détient un certain secret, au son d’une musique traditionnelle du Bénin, dont il raffole, celle de l'inusable Sagbohan Danialou et celle de Zeynab Abib !

Pour rien au monde, le public ne devra marchander sa présence, notamment, le vendredi 2 juillet 2021 à 18 heures, le point d’orgue de cette exposition, pour une performance qui ne s’annonce pas simple ni conventionnelle. Et, il faudra faire le déplacement afin de découvrir cet art discrètement chanteur mais explosivement danseur chez le peintre, et de s’en délecter du spectacle, lui qui arborera un accoutrement typique et suggestif de la logique vestimentaire des chefs religieux des divinités vodoun du Bénin. Franck Hantan est inné dans son caractère artistique transversal comme s’il chantait et dansait les masques qu’il peignait.

Du côté des masques dont il porte l’étendard, ceux qu’il peint désormais, en 2021, sont le résultat d’une recherche de longue haleine. « J’ai eu la lumière », triomphe-t-il, avant de détailler : « Après plusieurs questionnements, j’ai trouvé mon chemin, c’est celui des masques sur lesquels j’avais toujours travaillé mais dont je n’avais pas perçu le message de leur lien avec mon moi intrinsèque ».

Il faudra alors les quatre premiers jours de juillet 2021 dont dispose le public de la commune de Bessancourt et de partout ailleurs, en provenance de Paris, de la France, du Bénin et du monde afin de découvrir la nouvelle technique de production par Franck Hantan de ses masques sur des supports qu’il veut adéquats.

A l’effet de cette présentation de son travail, comme il le faisait pour le balcon de sa maison à étage lors du confinement, l’artiste mettra le quartier des Meuniers aux couleurs de ses toiles de masques. A l’en croire, il est alors indiqué de se rendre à l’aire de jeu, dénommée ’’Promenade de Zè’’, plus précisément dans la rue de Sao Joao Da Pesquera, du code postal de 95550, à Bessancourt. En lien avec son pays natal, Zè, le nom donné à la Promenade, se réfère à cette commune béninoise en coopération décentralisée avec Bessancourt.

Donc, tous les jours, du 1er au 4 juillet, de 11h30 à 19h30, Franck Hantan entend faire vivre des sensations fortes autour des masques de sa nouvelle démarche artistique, ne laissant aucune chance à l’ennui ni à la monotonie de prendre le contrôle de ces moments précieux pour un artiste peintre qui en est arrivé à se trouver.

 

Franck Hantan : assumer un héritage séculaire

L’artiste vient d’aussi loin que ses ancêtres, des as de la tenture consistant en la superposition de tissus colorés et découpés puis cousus sur un pagne, selon une logique donnée, afin de faire valoir l’esthétique d’un message sur un habit servant à vêtir les représentations des divinités du vodoun.

Selon les explications de Franck Hantan, cet art, exceptionnel pour les conquérants du royaume du Danhomè, avides d’esclaves à vendre et pratiquant la razzia, à cet effet, est le passeport qui fait échapper à ses ancêtres ayant pied à Avrankou, une ville du sud-est du Bénin, l’entrée dans le processus de la déportation vers les Amériques. Le roi Agadja, impressionné par un tel talent, les ramène dans son pays, les y garde, les loge et leur donne les marques d’une existence pérenne ; ils réalisent désormais les tentures des vêtements royaux.       

De l’ère des royaumes à celui de la république, par le biais de l’indépendance du Dahomey renommé Bénin, en passant par la colonisation, l’art tenturier des Hantan s’est conservé.  

Feue Suzanne Hantan, entourée de ses productions - Crédit photo : Franck Hantan


Et, en ces moments contemporains, deux visages forts incarnent l’immortalisation du patrimoine artistique familial : Suzanne Sodokpa, épouse Hantan, tenturière au Centre de Promotion de l’artisanat (Cpa) à Cotonou, et son fils, Basile Hantan, artiste peintre et tenturier puis professeur d’arts plastiques au collège Montaigne, l’établissement d’enseignement français à Cotonou. Tous deux décédés, Franck Hantan porte aujourd’hui le flambeau de la technique tenturière qu’il a adaptée à la modernité : lui ne coud plus les morceaux colorés et découpés de tissus mais les colle.  

 

Six années de recherche !

Auparavant, graphiste et spécialiste de maintenance en informatique, Franck Hantan a réduit son exercice dans ses professions au profit de l’art de la peinture, comme aiguillonné dans son esprit par une relève patrimoniale à prendre. En 2015, il fait de son métier les arts plastiques en réalisant des œuvres de tenture par la technique de collage par superposition et non de couture, comme ses ascendants. Ce niveau de conformisme s’achève en 2017, une année à partir de laquelle s’effectue un retour aux sources ancestrales très affirmé avec, à la clé, un leitmotiv : « Hwendo tché na bou a », en langue béninoise du fon, « Ma culture continuera d’exister ». En s’appropriant le fondement artistique ancestral et en s’y posant des questions, il débouche, dans ses toiles, sur ce qu’il appelle la « peinture du regard du vodoun », « Hounnoukounmè », en fon avec, à la base, des questions précises : « Pourquoi je suis là ? Quel est le fondement de mes tentures ? », entre autres. Et, en 2018-2020, ses toiles deviennent d’une exploration des tréfonds de sa psychologie des moments douloureux de sa vie personnelle ; elles sont alors sombres, tristes, elles qu’il produit à la pelle, explorant l’invisible, allant à la conquête de soi, accompagnant ses tableaux de pensées écrites, comme pour se livrer, se décharger et se purger de moments noirs de sa vie, dans un débouchement sur la période de la crise sanitaire du coronavirus. Aujourd’hui, ses masques sont le signe qu’il s’est arraché son identité, elle qu’il invite le public à venir massivement saisir, du 1er au 4 juillet 2021 à Bessancourt, par la lecture de ses masques de type nouveau, les rendant accessibles au grand public désireux de comprendre « les masques de Franck », ceux que ce public ne trouve pas toujours le temps d'aller regarder dans les musées en Europe.

Marcel Kpogodo Gangbè