mardi 10 mars 2020

Asprina projette la femme dans tous ses états

Dans le cadre du vernissage de son exposition à Porto-Novo


Nina Prisca G. Assogba, alias Asprina, a tenu le vernissage de l'exposition d'une bonne série de ses oeuvres le samedi 29 février 2020 au quartier de Dowa-Dèdomè à Porto-Novo, au sein de l'espace artistique "Kiffouly". La femme doit alors être découverte dans un nombre incalculable de ses précieuses facettes, une sorte de célébration du 8 mars, avant l'heure.

Asprina, au cours du vernissage

"Le mythe", "Le pas" et "La flamme du bonheur", des oeuvres de petit format et, d'autres, d'une taille plus imposante, de "La pacification" à "La nature de la femme", en passant par "Le centre", "La lecture cultive", "L'incompréhensible", "La fécondité", "Le foyer" et, notamment, "Le paradis", "Mère porteuse" et "La nature de la femme", sans oublier une série, à part, d'autres petits formats d'oeuvres en dix tomes sur le thème, "Les goûts". 

Ce qu'il convient d'aller découvrir de pas moins de 27 oeuvres, sur un thème bien précis, "Les goûts et les couleurs", et qui est la substance de l'exposition dont l'artiste béninoise résidant et travaillant à Porto-Novo, Nina Prisca G. Assogba, de son nom d'artiste, Asprina, a effectué le vernissage à l'espace artistique "Kiffouly", dans l'après-midi du samedi 29 février 2020, à Dowa-Dèdomè, un quartier bien animé de la ville-capitale aux trois noms.

Le vernissage avait drainé le public des grands jours

Pour la majorité des toiles présentées au cours du vernissage, accrochées aux murs couleur de latérite de l'espace "Kiffouly", au cours du vernissage, elles relèvent de l'inspiration d'Asprina et s'imposent par leurs couleurs chaudes, vives, réalisées à l'acrylique ou au pigment, selon le cas, pendant que d'autres existent par la technique associée du collage. Quant au message que les tableaux suggèrent, il est fondé sur la femme remarquable par les formes rondes qui prolifèrent, qui inondent les tableaux, par des fesses, des seins, sans oublier le coeur qui revient, comme pour montrer que l'être féminin est plus porté vers l'amour, vers le courage et aussi vers la détermination, la combativité.


Pour une femme méthodique dans sa démarche de travail, il est important d'aller découvrir de quelle manière les personnages qui ressortent des tableaux et montrant son savoir-faire se sont progressivement installés, sont apparus, se sont précisés jusqu'à devenir réels, surtout qu'Asprina dessine toujours ses inspirations avant de les concrétiser à la peinture. 



Asprina, performeuse


A la faveur du vernissage du samedi 29 février 2020, Asprina a démontré qu'elle n'est pas que peintre. 

Asprina, en "Tolègba"

En bonne élève du Peintre africain, de son nom à l'état-civil, Youchaou Kiffouly, elle ne pouvait, semble-t-il, échapper à la performance imposant un message fort par l'excès. C'est ainsi que, bien avant le vernissage, Asprina s'est illustrée par une démonstration sur le thème : "La mère de toutes les divinités". 


Assise à l'entrée de l'espace artistique "Kiffouly", toute de blanc vêtue, un prêtre lui déverse successivement sur le corps de l'eau mélangée à de la farine de maïs, de l'huile rouge et de la farine de maïs, sans oublier que des perles de divinités ornent ses poignets de mains et son cou. Tout avait commencé par le lavage de ces mains dans une solution de feuilles d'isope, en signe de purification.


Quelques minutes plus tard, voilà Asprina métamorphosée en un personnage, le chef des divinités, un "Tolègba", spécifiquement féminin. "La femme a donné naissance à tous les êtres humains et même à toutes les divinités mais elle se retrouve profane ; elle est exclue du système des divinités", se révolte l'artiste. 


Asprina a de qui tenir ; la divinité qu'aime bien incarner son maître et formateur est aussi le "Tolègba". Il reste à cette artiste à évoluer dans sa pratique et à se forger une personnalité propre. Pour l'instant, l'art pictural d'Asprina, dans son état actuel, peut être découvert jusqu'au 28 mars 2020 à l'espace artistique "Kiffouly", du 15 avril au 14 mai au Musée ethnographique de Porto-Novo et du 15 juin au 14 juillet au Musée "Honmè", de la ville-capitale.

Marcel Kpogodo

mercredi 4 mars 2020

Le dôme de l'Institut français de Cotonou artistiquement métamorphosé

Dans le cadre de la clôture de l' "Effet graff" 6 à Cotonou

Depuis le vendredi 28 février 2020, le dôme de l'Institut français de Cotonou est devenu vivant. Le graffeur Sitou est passé par là, profitant de la sixième édition du festival, "Effet graff", pour faire de cet espace autrement anodin, transparent, un lieu bien visible un objet de patrimoine, à partir d'un thème bien précis.

La fresque, "vivre ensemble", vue de profil et en zoom, ...

Un expressif masque "guèlèdè", en noir et blanc, sur un fond jaune, dans une végétation fraîche puis encadré, à sa droite, d'un caméléon coloré et, à sa gauche, par une hirondelle de la même façon colorée. La représentation que l'artiste graffeur togolais exerçant en France, Sitou, a réalisée du thème qui lui a été proposé, "Vivre ensemble", un résultat qu'il a présenté dans la soirée du vendredi 28 février 2020 au niveau des jardins de l'Institut français de Cotonou, face au dôme ainsi embelli et "patrimonialisé", en présence d'un nombreux public en tête duquel il fallait remarquer, entre autres, la Directrice des lieux, très admirative de l'oeuvre, Christine Le Ligné. Selon elle, cette fresque vise à "exprimer un message", à "interroger", à "donner une nouvelle vie".

... et, de face, ...

Pour l'artiste, la principale pièce de la fresque en question est un masque "guèlèdè" qui matérialise et immortalise le Bénin dans sa culture riche et diversifiée, des aspects qu'incarne un caméléon opportunément mis en couleurs variées, sans oublier l'hirondelle qui, à l'en croire, est un oiseau migrateur exprimant les liens forts entre la France et le Bénin. Selon lui, il est alors question de faire passer des valeurs et de promouvoir une identité culturelle béninoise, de même que d'évoquer un partenariat franco-béninois, à partir d'un trio de considérations : les formes, les couleurs et les forces.

... avec, de gauche à droite, Sitou, l'expliquant au public, et Christine Le Ligné

Avec cette fresque qu'il a créée en deux jours, sans désemparer, allant jusqu'à passer, avec ses aides, une nuit sur les lieux, Sitou a contribué à faire ressortir la valeur exceptionnelle du graffiti dans sa capacité d'embellir des lieux et des espaces, puis dans sa fonction d'immortaliser un patrimoine culturel, de lui donner corps et rayonnement. Pour ceux qui ne le croyaient pas, ils en ont été servis : le graffiti fait des espaces dont il s'empare des "musées à ciel ouvert".

Marcel Kpogodo