samedi 23 janvier 2016

Riches semaines à venir au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa

Dans le cadre de son programme de janvier 2016

Le Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa a amorcé l’année 2016 en trombe avec des activités de poids. Ceci l’amène à tenir, dans les prochains jours, deux, nouvelles, réellement intéressantes.


Mardi 26 janvier 2016, 18h. Présentation de leurs travaux par Salomé Aurat, Amandine Capion, Marta Cristini et Alexandre Paulus, 4 étudiants en art à l’Ecole supérieure d’art de Clermont-Métropole, en France. Ce sont 4 démarches de travail, aussi différentes et spécifiques les unes que les autres, que le public pourra découvrir aux jour et heure indiqués, en entrée libre et gratuite, au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, au 3ème carrefour, à gauche, dans la rue longeant la clôture du Complexe scolaire ’’La plénitude’’, sis quartier Atropocodji, à Godomey, dans la Commune d’Abomey-Calavi.
L’intérêt de prendre part à telle conférence-débat reste de découvrir la stratégie peu commune de peinture de Salomé Aurat, les performances d’une tendance assez osée de Marta Cristini et les sculptures décalées d’Amandine Capion et d’Alexandre Paulus, celui-ci ayant déjà fini ses études. 

  
Une autre activité phare du mois de janvier 2016 : le vernissage, le 29, à 18h, d’une exposition que tiendront l’artiste béninois vivant à Paris, King Houndékpinkou, et Jean-Baptiste Janisset, en fin de ses études en art. L’un réalise son inspiration à travers la céramique, tandis que le second, travaillant sur le bronze, crée des sculptures en se fondant thématiquement sur la traite négrière. L’exposition se tiendra du 29 janvier au 30 mars 2016, closant un 1er mois de la nouvelle année ayant débuté avec l’artiste Yves Kpèdé qui avait tenu une exposition de teinteries, à la Galerie du Centre, en hommage au vodoun, dans le cadre de la commémoration du 10 janvier, fête nationale béninoise des religions endogènes.
Voilà donc un consistant cahier de charges, qu’exécute apparemment l’équipe dirigeante du Centre, ce qui laisse curieux sur les surprises qu’elle réserve au public, les autres mois à venir, quand on sait que ’’Le petit musée de la Récade’’ est fonctionnel, recevant quotidiennement des visiteurs, ainsi que la Galerie d’exposition, et que la projection de films bat son plein, de même que la fréquentation abondante de la bibliothèque.  




Marcel Kpogodo 

jeudi 21 janvier 2016

Ziki, le cri d’un féminisme ardent

Démonstration lors de son exposition personnelle à Cotonou 


Le Centre commercial ’’Val’s plazza’’ de Cotonou se tient aux couleurs d’une exposition d’art plastique, depuis le vendredi 15 janvier 2016. A l’actif de l’artiste Alaba Kouassi Quenum, alias Ziki, elle manifeste une particularité thématique d’un féminisme éloquent.

Ziki
La femme, à l’honneur, sur une bonne quinzaine de tableaux d’art de dimension moyenne, qui jalonnent le haut des murs du hall marchand, de même que ceux du 1er étage, au niveau du ’’Val’s plazza’’ de Cotonou, depuis le vendredi 15 janvier dernier. Il s’agit de l’exposition dénommée ’’Sm’art Bénin’’. Le vernissage s’en est déroulé, le jour concerné, devant un bon nombre de visiteurs ayant fait le déplacement ; il fallait compter, parmi eux, beaucoup d’artistes plasticiens et, notamment, la représentante du responsable de l’espace commercial et, Carole Borna, Directrice adjointe du Patrimoine culturel, Grégoire Noudéhou, Doyen des artistes plasticiens et décorateurs,  et, Bienvenu Abaï, faisant valoir le regard de Philippe Abayi, Président de la Fédération des associations professionnelles de plasticiens et graphistes du Bénin (Faplag-Bénin).
Avec Ziki, sur des toiles à l’éclat résolument sobre, au dosage fort mais discret, bon nombre de postures de femmes se complètent : les ménagères, les marchandes, les acheteuses, les solitaires, les sociales, les lavandières, … Il peint donc leurs différentes conditions modestes, comme s’il voulait plaider pour l’amenuisement des souffrances qu’elles endurent, dans leurs travaux quotidiens, dans leurs sorties, calculées, elles qui, tenant la maison, pensent plus aux hommes dont elles préparent le repas, aux bébés au dos dont elles assurent l’entretien et la sécurité, à la maison dont elles ont la charge de la nourriture et de l’entretien. S’agit-il de la femme d’aujourd’hui ? De celle de ce début de l’année 2016 ? Peu importe. Le coup de pinceau que Ziki veut  consistant, armé, suffit pour attirer l’attention sur son option pour une philosophie réaliste, par un ‘’figuratisme’’ essentiel, sur une femme africaine, béninoise qu’il décrit, sans pour autant donner l’impression de militer pour elle. Ziki n’est qu’un montreur que les souffrances de la femme touchent. Son caractère d’artiste autodidacte qui, en cours d’un chemin qui est passé par l’Ecole supérieure des métiers des arts et de la culture (Esmac) d’Abomey-Calavi, choisit la peinture au détriment de son amour de sculpture, lui donne, aujourd’hui, ce sens sûr du détail, cette précision dans la description, cette touche subtile de l’artiste qui veut juste révéler sans égratigner. Celle première exposition de Ziki est celle d’un créateur de 48 ans, originellement du Bénin et du Togo, qui conduit une démarche féconde en de nouvelles possibilités artistiques. L’exposition se clôt le 15 février 2016.

Marcel Kpogodo

Codjo Avokpo reçoit le Prix du Président de la République

Dans le cadre de ''Bénin’art 2015''

Le ’’Bénin’’ royal hôtel a abrité une soirée dédiée aux arts plastiques, dénommée ’’La nuit du plasticien’’. Organisée par la Fédération des associations professionnelles des plasticiens et graphistes du Bénin (Faplag-Bénin), la manifestation se tenait le mercredi 30 décembre 2015, dans un contexte précis, celui des activités liées à l’Exposition internationale d’arts contemporains. A l’issue d’un concours ayant vu compétir les artistes et à la délibération qui en a découlé, Codjo Avokpo s’est vu décerner le Prix du Président de la République, lié aux arts plastiques.

De gauche à droite, Enock Hounkpèvi et, recevant son diplôme et son chèque, Codjo Avokpo, avec Paul Hounkpè, Ministre béninois de la Culture
Avec 16 points sur 20, Codjo Avokpo, l’artiste plasticien béninois vivant à Ouidah a été consacré Lauréat 2015 du Prix du Président de la République, pour le secteur des arts plastiques. C’était dans la soirée du mercredi 30 décembre 2015, au ’’Bénin royal hôtel’’ de Cotonou, en présence de représentants du Conseil de l’Entente, une institution sous-régionale, partenaire de l’événement ’’Bénin’arts’’, une exposition internationale d’arts contemporains, qui est prévue pour se dérouler tous les deux ans. Venant en 2ème position, le jeune artiste plasticien, Sébastien Boko, a totalisé 15,66/20, pendant qu’au 3ème rang arrivait Enock Hounkpèvi, avec 14,83. La substance de la délibération qu’a assuré l’artiste notamment décorateur, Grégoire Noudéhou, porte-parole d’un Jury dont les deux autres membres n’étaient personne d’autre que Franck Dossa, artiste aussi, et Eric Totah, ancien Secrétaire général du Ministère de la Culture, qui en a présidé les travaux.
Selon l’intervenant, pas moins de 29 artistes plasticiens ont concouru à une épreuve qui avait été lancée le lundi 28 décembre 2015 ; il s’agissait pour les compétiteurs de produire sur place une œuvre unique sur le thème : « L’œil du plasticien pour sauver l’environnement ». En outre, les critères ayant permis de départager les travaux reçus par le Jury étaient relatifs à la présentation de l’œuvre, au respect du thème proposé, à l’appréhension de l’espace, à la portée du message et, enfin, à l’originalité de la toile. Si le premier prix, d’une valeur d’1 million de Francs Cfa, est celui décerné par le Chef de l’Etat qui, en la circonstance de la soirée de délibération, avait été représenté par Paul Hounkpè, Ministre de la Culture, de l’alphabétisation, de l’artisanat et du tourisme, le deuxième a été décerné par le Conseil de l’Entente pour une valeur de 500 mille Francs, pendant  que le troisième se dénommait ’’Révélation 2015’’ et a mis en la possession du lauréat un chèque de 300 mille Francs.
Bien avant la délibération et la remise officielle de leur diplôme et de leur chèque aux vainqueurs, Philippe Abayi, Président de la Faplag-Bénin, avait fait connaître, à travers une courte allocution, les tenants et les aboutissants de l’organisation de la biennale ’’Bénin’art’’ 2015. Selon lui, cette première édition était l’inaugurale, pour booster le marché de l’art, au Bénin dont il faudrait faire un carrefour incontournable, mettre en place un cadre sain d’émulation entre les artistes, s’insérer dans l’actualité mondiale focalisée sur la sauvegarde de l’environnement.
Par ailleurs, cette Nuit s’est révélé l’aboutissement de trois jours de manifestations, celles-ci ayant débuté par une conférence-débats, tenue à la Médiathèque des diasporas, dans la matinée du 28 décembre. Elle avait été animée par Achille Zohoun, Artiste-plasticien et Moniteur au Département des Arts de la Faculté des Lettres, arts et sciences humaines (Flash) de l’Université d’Abomey-Calavi. Le lendemain, mardi 29 décembre, s’était tenu le vernissage d’une exposition dite « principale », puis, le mercredi 30 décembre, en matinée, avait eu lieu la deuxième communication de la 1ère édition de ’’Bénin’arts’’. Elle avait pour thème : « Le dialogue des cultures comme socle de l’intégration sous-régionale ». Elle avait été présentée par Koffi Kan, représentant du Conseil de l’entente, l’un des sponsors de l’événement.



Marcel Kpogodo 

Segun Olabisi fait preuve de professionnalisme

Avec la ''Journée de Noël'' chez ’’Colas’’


Le mercredi 16 décembre 2015, les enfants du personnel de la Société ’’Colas Afrique-Bénin’’ bénéficiaient d’une fête spéciale liée à la noël. Dénommée ’’Journée de noël’’, elle a été organisée de main de maître par l’artiste multidimensionnel, Segun Olabisi, sous le couvert d’une structure culturelle dont il assure la direction, ’’Segun Ola Creation & West african circus’’ (Soc & Wac).

Segun Olabisi
Une journée spécialement festive ayant commencé, au tout petit matin, par des préparatifs de longue haleine. Ensuite, elle s’articule, au début de l’après-midi, par l’arrivée de près d’une quarantaine d’enfants du personnel de ’’Colas Afrique-Bénin’’, les destinataires de la réjouissance, accompagnés de leurs parents. Et, elle s’achève par la réception par ces enfants, des mains du Père Noël, de leurs cadeaux. La réelle substance de la ’’Journée de noël’’ organisée par ’’Segun Ola Creation & West african circus’’ (Soc &Wac), le 16 décembre dernier, au ’’Club des nations’’, à Cotonou, pour le compte de la Société indiquée.
Tout l’arsenal attendu pour ce genre de manifestation était au rendez-vous : sonorisation, jeux, cocktail, chevaux, tableaux de cirque, d’acrobaties, clowneries, animation musicale, arbre de noël, Père Noël et cadeaux. Dans ses va-et-vient, Segun Olabisi, Directeur de la  ’’Soc & Wac’’, devait se rassurer que tout était en bon ordre et fonctionnait comme prévu. Ainsi, la réussite de l’événement a pu se révéler une réalité au vu du fait qu’il a pu mobiliser une certaine ressource humaine constituée d’hôtesses, de circassiens et, notamment, de musiciens de talent parmi lesquels il fallait compter, entre autres, Eric Dagbo, le grand héritier musical de Fèla Kuti au Bénin, et Malvina, un jeune talent en évolution. Remarquable : chacun dans son domaine a fait le travail qui lui revenait, ce qui a amené Segun Olabisi à donner une explication plus que simple de cette situation ; la structure qu’il dirige a cultivé, au fil de la sollicitation des clients, une grande habitude dans l’organisa          tion de ce type de festivité, lié à l’événementiel, d’où une satisfaction du client qui allait de soi, vu le visage rayonnant de Mireille Adjanohun, Assistante du Directeur général de ’’Colas-Afrique-Bénin’’. « Les enfants se sont amusés, se sont éclatés, c’était très bon », ne s’est-elle pas empêchée de commenter. Un défi, donc, pour Segun Olabisi : la 2ème édition de la ’’Journée de Noël’’, en 2016.


Marcel Kpogodo

Horacio Djagbessi, le grand cœur

Dans le cadre des fêtes de fin d’année

La 5ème édition de la manifestation dénommée ’’Noël pour tous’’, a eu lieu le 22 décembre 2015, au Centre culturel ’’Biova’’ du quartier Fidjrossè de Cotonou. L’artiste plasticien Horacio Djagbessi en était l’artisan essentiel, montrant ainsi une profonde générosité envers les enfants.

De gauche à droite, Horacio Djagbessi, avec Baï Guangming, Directeur du Centre culturel chinois
Plus de 350 enfants d’orphelinats de zones déshéritées pourvus de cadeaux de noël, dans un contexte où une animation bien colorée s’exerçait. Voilà le contexte dans lequel s’est déroulée la 5ème édition d’une manifestation annuelle dénommée ’’Noël pour tous’’, qui a eu lieu le 22 décembre 2015, non loin de la plage de Fidjrossè, à l’initiative d’Horacio Djagbessi, artiste plasticien béninois.  Pour la circonstance, il arborait ses habits de Président de l’Association ’’Humanité et créativité’’.  Et tout se déroulait en présence de Baï Guangming, Directeur du Centre culturel chinois. En partenariat avec l’Association ’’Les messagers de la paix’’, l’artiste ne s’est pas contenté de réunir plusieurs dizaines d’enfants démunis pour la célébration de la Nativité, dans la grande cour de l’espace culturel d’accueil ; il a travaillé à amuser et à réjouir ceux-ci à travers un spectacle varié de chants, de danses, d’acrobaties diverses et de sketchs réellement comiques et édifiants. Rendez-vous est désormais pris pour l’édition de cette année 2016, avec un grand nombre de nouvelles innovations, a-t-il bien voulu confier à certains professionnels des médias présents.

Marcel Kpogodo

mardi 15 décembre 2015

Jean Adagbénon a réussi ’’Houn ho dié’’, un concert de réconciliation inter-raciale

Dans le cadre de son trio avec Pierre-Claude Artus et Basil Diouf


Un spectacle d’un type particulier a eu lieu dans la soirée du samedi 21 novembre dernier, sous la Grande paillote de l’Institut français de Cotonou. Donné en trio par l’artiste béninois, Jean Adagbénon, avec les Français, Pierre-Claude Artus et Basil Diouf, il a révélé une symbiose artistique ayant atteint un niveau véritablement ambitieux, celui du dépassement des légendaires relations conflictuelles entre Blancs et Noirs, entre descendants d’anciens esclavagistes et ceux d’anciens esclaves, des situations de manifestation de divergences liées à l’esclavage et à la colonisation.

Pierre-Claude Artus, Jean Adagbénon et Basil Diouf, s'inclinant devant le public, à la fin de ''Houn ho dié''
14 bonnes chansons dont certaines en langues maternelles goun et fon, d’autres en français et en anglais, un chœur commun à plusieurs niveaux d’exécution des chansons et 3 pratiques instrumentales spécifiques. C’est ainsi que l’artiste à tubes, très bien connu au Bénin, Jean Adagbénon, et les musiciens français, Pierre-Claude Artus et Basil Diouf, ont comblé les attentes d’un public curieux de découvrir ce qu’aurait pu donner une collaboration tri-dimensionnelle, au niveau des instruments, des chants et des façons respectives de concevoir le monde relevant de chacun des créateurs, au cours du concert, ’’Houn ho dié’’, en langue fon, ’’une histoire dans le sang’’, en français. Avec un jeu de lumières naviguant, notamment, entre un bleu comme enfermant le public et les artistes dans un doux cocon de partage, un rouge doux, un jaune purement spécifiant. C’est donc une ambiance de satisfaction et de plénitude qui a régné dans la soirée du samedi 21 novembre dernier, à la Grande paillote de l’Institut français de Cotonou, vu qu’au départ des artistes de la scène, à la fin d’un concert de près de 90 minutes, le public a exigé leur retour, pour une petite prestation complémentaire.


Une scénographie intime du concert ''Houn ho dié''
’’Hui dopono’’, ’’Houn vodé’’, ’’Lady’’, ’’Drum of my heart’’, en goun, ’’Ali Frakas’’, ’’Omi’’, ’’Tell me baby’’, en anglais et goun, ’’Papajo’’, en français et en goun, ’’Oulala’’, en fon, ’’Run for it’’, en anglais et en fon, ’’Reuben’’, ’’On the road’’, ’’Pushing my luck’’, en anglais, et ’’Fulani’’, en mode instrumental. Une idée des 14 morceaux que le trio s’est employé à interpréter, brisant les barrières se rapportant à la langue, à la mentalité d’origine des chanteurs et à la conception politique des relations entre les Blancs et les Noirs. Un défi relevé devant un public conquis, véritablement peu habitué aux sonorités aux tendances nostalgiques dégagées par des instruments de musique comme le ’’Yukulélé’’, guitare à 4 cordes d’origine sud-américaine, le banjo, de l’accompagnement séculaire des plaintes des esclaves noirs, un objet musical qui laissait savourer ses notes, non sans distiller les conditions lugubres du sang et de la douleur fondant son invention et son utilisation. 


Pierre-Claude Artus, armé du ''yukulélé''
Pierre-Claude Artus, riche de ses inspirations musicales irlandaises, écossaises et occidentales, en général, a assumé la lourde responsabilité de la manipulation de ces deux instruments, notamment, défiant et dépassant la logique du Blanc devant se complexer face à des facteurs artistiques devant rappeler un passé tragique et sombre, dominateur, avec le Noir. L’artiste français s’est engagé plus loin en fondant magnifiquement sa voix dans celles de Jean Adagbénon et de Basil Diouf, à travers les morceaux, ’’Houn vodé’’, ’’On the road’’, notamment, pour une onde d’un métissage plaisant entre les cultures musicales d’Europe occidentale et d’Amérique, par le blues et le rock, et celles d’Afrique et des contrées anciennement d’esclavage, avec le ’’mass-go’’, l’afro-beat, le reggae et le jazz.   
Jean Adagbénon, batteur bien adapté au ''Houn ho dié''
Accroché, de son côté, à sa batterie, Jean Adagbénon s’est fait le socle d’une symbiose rythmique et vocale qui ne devrait aucunement surprendre tout bon connaisseur de l’ardeur langoureuse et lyrique de la voix d’un chanteur béninois d’origine wémé. A l’occasion de ce concert du 21 novembre, il a démontré une capacité musicale d’adaptation à nulle autre pareille, même si Pierre-Claude Artus, en la matière, s’est montré impressionnant. En outre, le Béninois a réussi, notamment, à élever sa voix à la hauteur de la mélancolie des messages des chants émis par les anciens esclaves, ce que lui, artiste de notre époque, explique : « Nous demandons pardon à nos frères qui ont été vendus ; c’est important ! Nous travaillons sur l’amour, le pardon et l’équité, pour un monde meilleur dont nos enfants ont besoin … ».  

Instants de symbiose entre les 2 artistes
Par ailleurs, la gaieté des morceaux, pour des messages liés à l’appel à la tolérance, à la sincérité de l’amour, entre autres, leur caractère résolument imprégné de l’appel aux normes d’égalité, de fraternité et du pardon n’ont pas échappé à une incursion contemporainement chaleureuse, à travers le scratch, ces coups de son de disque sciemment rayé, le propre des artistes de rap et de hip-hop. 

Basil Diouf, ''scratchant'' ...
Basil Diouf dont le seul nom incarne à la fois l'esprit de métissage du concert, le sens du pardon et de la réconciliation, a ainsi manifesté son apport rythmique à cette messe musicale ayant travaillé à témoigner de la disparition des complexes de tous genres entretenant mépris et méfiance entre Blancs et Noirs aux difficiles relations du passé. ’’Houn ho dié’’ a tenu les promesses d’une fusion des musiques du passé et du présent, de celles folkloriques et de celles modernes.

Crédit photos : Annie Plagnard

Marcel Kpogodo

jeudi 10 décembre 2015

Arèmon, Ahouansou et Dagbéto, 3 mousquetaires promoteurs du dialogue

Dans le cadre d’une exposition collective au Centre culturel chinois


L’après-midi du samedi 5 décembre 2015 a donné lieu au vernissage d’une exposition au thème assez suggestif : le dialogue. L’événement se déroulait au Centre culturel chinois, en présence d’un grand nombre d’invités, d’artistes et de Baï Guangming, Directeur de l’institution. Les exposants n’étaient personne d’autre qu’Etienne Arèmon, Eric Ahouansou et Francel Aris Dagbéto, embarqués dans une initiative visant à vulgariser, au sein de la population, les valeurs propices à une bonne gestion de la période électorale dans laquelle s’engage le Bénin.


De gauche à droite, Etienne Arèmon, Erick Ahouansou et Francel Aris Dagbéto
12 tableaux pour Erick Ahouansou, autant de toiles pour Francel Aris Dagbéto, une installation et 4 œuvres du côté d’Etienne Arèmon. Des productions relevant d’une résidence de création. Voilà le contenu de l’événement intitulé, ’’Exposition 3 en 1’’, qu’il est permis au public d’aller visiter, durant tout le mois de décembre 2015, à la Salle d’exposition du Centre culturel chinois de Cotonou. Ces 3 artistes plasticiens ont placé cette présentation du fruit de leur inspiration artistique sous le signe d’un thème essentiel : le dialogue.
De profil, par rapport à ses tableaux dont il a accepté de commenter le contenu, Erick Ahouansou, de son nom d’artiste, Dah-Jah, définit d’une manière très simple le dialogue : une « source de compréhension ». Il le considère, en outre, comme la « première qualité d’une nation unie », ce qui l’amène à appeler à son entretien permanent au Bénin par sa pratique au niveau des présidentiables dont il décèle chez certains une candidature non convenable, vu qu’elle vise juste, selon lui, à faire valoir leur honneur, leur ego, ou à réagir face à une autre candidature, alors que ces personnalités détiennent les moyens de tous ordres pour travailler au développement du Bénin, sans être Président de la République ; ils les appellent à dialoguer avec eux-mêmes, avec leur « fond intérieur », afin qu’elles réussissent à déceler ce qui leur revient comme réelle mission pour la construction du Bénin. « Le dialogue bien ordonné commence par soi-même », conclut-il.


Aperçu des toiles bien encadrées d'Erick Ahouansou
Ainsi, la matérialisation de cette conception se traduit, sur la plupart de ses toiles, par la représentation stylée, il est vrai, d’instruments de la musique africaine : du tambour, du tambourin, de la kora, des gongs, des castagnettes, entre autres. Ainsi, tout porte à croire que ces outils servant à créer une harmonie rythmique accompagnant une chanson, aboutissent à la musique qui, adoucissant les mœurs, deviennent sûrement un facteur de dialogue. Mais, Erick Ahouansou insiste sur la symbolique du damier fondant son approche, ce damier incarnant les deux facettes complémentaires régissant un jeu d’intelligence bien connu, un damier incarnant la dualité du yin et du yang, « l’éternel féminin et l’éternel masculin », notamment, dont la révélation de l’un par l’existence de l’autre contribue à la création de l’harmonie.
En outre, l’interpellation de soi, la musique et l’harmonie relevant de la complémentarité entre le yin et le yang, ne sont pas l’unique marque du dialogue. Pour l’artiste, sa technique de travail inspire aussi cette valeur : le pointillisme. Cette démarche consiste à bâtir ses représentations à partir de points, ce qui suscite une qualité sous-jacente : la patience, « une technique au rythme de la nature, l’alchimie du dialogue qui induit la patience d’écouter », précise-t-il. 


L'oeuvre ''Ô kan ran''

Et, l’analyse qu’il en présente révèle la nécessité de cette qualité chez l’être humain pour suivre l’autre, pour le comprendre, pour l’accepter et, enfin, pour échanger, de manière constructive, avec lui. Cette qualité, il la vit intensément par un pointillisme vivement absorbeur de temps mais producteur de toiles qui soignent, comme celles exposées au Centre culturel chinois, esthétiquement encadrées, qui nourrissent et épanouissent le regard, à l’image du tableau, ’’Ô kan ran’’, qui se démarque. Il représente la tête d’un coq, l’oiseau réveilleur qu’Erick Ahouansou n’hésite pas à traduire comme le divin, vu inévitablement que son chant ordonne le ton de chaque journée.



Le ’’costumisme’’ de Francel Aris Dagbéto

Une douzaine de toiles aussi, dont 11 restituent des tendances originales de bustes costumés. Pour Francel Aris Dagbéto, ce choix reste un symbole fort de la dénonciation de la valorisation à outrance de l’apparence étant le fondement du premier jugement fabriqué par l’être humain ; si elle attire, elle laisse une bonne impression qui sert à cataloguer positivement celui qui en est le propriétaire. Dans le cas contraire, si elle repousse, elle sert presque définitivement à établir une mauvaise image de celui qui la porte. Dans les deux cas, la société ne cherche à rien savoir de l’être réel se cachant derrière l’apparence de l’habit. C’est ainsi que le cri d’alarme de l’artiste se fait clair : « Il faudra aller au-delà des apparences, au-delà du physique et accepter l’autre tel qu’il est … ».


Vue sur quelques-uns des ''costumes'' exposés par Aris Dagbéto
De cette manière, à en croire ses réflexions, le dialogue s’instaure et, de surcroît, l’objet qui sert à ouvrir l’habit et qu’on nomme la ’’fermeture-éclair’’ subit un changement de nom, ce qui, pour lui, devient l’ ’’ouverture-éclair’’. En effet, cet outil ouvre plus qu’il ne ferme et constitue, selon lui, l’incarnation du vrai dialogue dont l’essence est le « dialogue avec et en soi-même », sans lequel il ne pourrait être fructifié le dialogue de la personne avec les autres. Donc, c’est en retournant en lui-même que l’être humain apprendra à percevoir l’autre dans la juste mesure de ce qu’il est, et non à partir de sa ceinture dorée ou non.


L'oeuvre, ''Xo do to''
Cependant, une sorte de cheveu dans la soupe, le 12ème tableau qui s’isole par la démarche particulière de construction : ’’Xo do to’’, en fon, celui qui porte la parole. Cette toile manifeste une technique mixte de récupération basée sur l’expérience personnelle du créateur Aris qui a inconsciemment oblitéré un objet ramené de la ville, devant servir de socle à une oeuvre. Ainsi, il conclut, devant l’impossibilité de restituer la forme première de l’élément : « Ce que la parole détruit ne peut jamais être reconstitué », ce qui l’amène au concept de la toile exposée : « Le ’’xo do to’’, c’est celui qui parle, il doit être vigilant, il doit savoir parler ; chacun doit pouvoir être un messager positif, c’est cela qui construit le dialogue : on peut tout dire et tout faire, mais il faut savoir y mettre la manière », finit-il.



Etienne Arèmon, l’inculturé

Se rapportant au 3ème mousquetaire du concept du ’’Dialogue 3 en 1’’, Etienne Arèmon, 4 toiles, ’’Unité’’, ’’Solidarité’’, ’’Ensemble’’, notamment, révèlent son ancrage dans une profonde force récupératrice. Mais, ’’Dialogue’’ dicte une loi d’airain ; il s’agit d’une installation géométriquement rectangulaire : un tapis couleur rouille foncée réglemente le positionnement des autres objets. A la largeur de face, la carte du Bénin de bois noir, debout, tenant en respect les deux longueurs constituées  de 8 personnages sur chacune d’elles, qui se termine par un support en bois hébergeant, à gauche, une bible et, à droite, le coran.

L'installation, ''Dialogue'', d'Etienne Arèmon
A en croire l’artiste, cette installation, intitulée, ’’Dialogue’’, est un appel à l’entente, à la cohabitation inter-religieuse sans laquelle il n’y a pas de paix. Ainsi, ce qui se laisse identifier comme 16 personnages, ce sont les 16 signes fondamentaux du fâ, « l’alphabet de nos ancêtres », donc, la représentation de la religion endogène africaine, les livres saints incarnant respectivement le christianisme et l’islam. Selon lui, il s’agit, pour lui, par cette œuvre, d’ « éveiller les consciences et d’amener à la culture de la paix », d’où un conseil très édifiant : « Pour amener l’autre à sa religion, c’est par le dialogue, mais, il faut mettre de côté les pratiques religieuses et avoir à l’œil le Bénin, surtout en cette période sensible de l’élection présidentielle de 2016 ».


''Unité'' d'Etienne Arèmon
Une exposition globalement édifiante mais, qui n’a pu connaître la participation au vernissage du Ministre de la Culture, Paul Hounkpè, et de ses Directeurs techniques, parmi lesquels le premier responsable du Fonds d’aide à la culture, l’institution dont le financement a été déterminant dans l’organisation de l’événement. Il n’y a aucun doute que les jours à venir  verront ces autorités aller découvrir le fruit de la création opportune et réaliste de cette crème d’artistes béninois.


Marcel Kpogodo

jeudi 3 décembre 2015

Le ’’Petit musée de la Récade’’ désormais ouvert au public

Suite à l’inauguration de l’institution culturelle


Le mardi 1er décembre 2015 s’est tenue l’inauguration du ’’Petit musée de la Récade’’, au Centre ’’Arts et cultures’’ de Logozounkpa, sis Quartier Atropocodji, dans l’Arrondissement de Godomey de la Commune d’Abomey-Calavi. Depuis cette cérémonie, 40 pièces dont plusieurs récades authentiques peuvent être découvertes par le public.

Le Ministre de la Culture, Paul Hounkpè, visitant l'exposition des récades
29 récades dont un bon nombre, royales, authentiques, 1 sculpture, un siège de commandement, 9 récades contemporaines conçues par des artistes béninois. Les œuvres qu’il est donné au public béninois d’aller découvrir depuis le 1er décembre dernier où s’est effectuée l’inauguration officielle du ’’Petit musée de la Récade’’, au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, situé à Atropocodji, dans la Commune d’Abomey-Calavi. En matière de récades royales, 4 anciens souverains du Dahomey voient les leurs présenter : Gangnihessou, Akaba, Glèlè et Béhanzin. En matière de nombre, le Roi Glèlè prend la place du lion avec 13 de ces objets sacrés incarnant son autorité. En outre, d’autres objets de curiosité à découvrir sont trois récades familiales de l’époque du royaume du Danhomè, de même qu’une d’amazone, 1 sculpture de lion et 1 ’’trône d’apparat’’.
Par ailleurs, 7 artistes plasticiens béninois et l’un, français, parmi ceux dont l’influence des œuvres en art contemporain n’est pas des moindres, à l’heure actuelle, ont produit, chacun, une inspiration personnelle avec, comme résultat, une récade contemporaine que le public gagnera à découvrir aussi. Ces créateurs ne sont personne d’autre que Dominique Zinkpè, Glèlè, Aston, Marius Dansou, Benjamin Déguénon, Richard Korblah,  Rémy Samuz et Niko.

Cheska et Robert Vallois
Concernant les récades historiques, l’exposition de la plupart d’entre elles au ’’Petit musée de la Récade’’ relève d’un don fait par Cheska et Robert Vallois au Bénin, ce qui témoigne de l’attachement de ce couple à contribuer à la restitution de l’histoire africaine aux générations actuelles et futures.
Une vue des participants à la cérémonie d'inauguration
Cependant, bien avant la coupure du ruban symbolique du ’’Petit musée de la Récade’’, quelques personnalités avaient fait une allocution, lors de la cérémonie d’inauguration : le représentant des Sages de Lobozounkpa, l’un des Adjoints au maire de la Commune d’Abomey-Calavi, un représentant de Paul Hounkpè, Ministre de la Culture et, notamment, Romain Guillonnet, Président de l’Ong L’Hospitalité et développement (L’hed). 

Nicéphore Soglo et Ganiou Soglo, en possession, chacun, de leur récade de Béhanzin
De plus, l’ancien Président béninois et ex-Maire de la ville de Cotonou, Nicéphore Dieudonné Soglo, et son fils, l’ancien Ministre de la Culture, Ganiou Soglo, ont reçu, chacun, des mains de l’antiquaire et mécène français, Robert Vallois, une récade authentique du Roi Béhanzin, en tant que Princes de l’ex-Royaume du Danhomè. De son côté, cette personnalité française s’est vu doter, de la part de l’Association de journalistes culturels et de critiques d’art pour le développement, organisation dénommée, ’’Le noyau critique’’, un Certificat de reconnaissance par rapport aux facilités de tous ordres offertes par le Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, pour le déroulement des activités de cette structure.

Marcel Kpogodo

lundi 30 novembre 2015

Fitheb, tous les pouvoirs désormais à Erick-Hector Hounkpè

Dans une cérémonie dirigée par Paul Hounkpè


Depuis le vendredi 27 novembre 2015, le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) a officiellement vu son nouveau Directeur prendre les rênes de l’institution. La cérémonie d’installation se passait sous la supervision de Paul Hounkpè, Ministre de la Culture, de l’alphabétisation, de l’artisanat et du tourisme.

De gauche à droite, Paul Hounkpè et Erick-Hector Hounkpè
Février 2016 verra organiser la 13ème édition du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) sur le thème de « l’épiphanie démocratique ». En substance, quelques éléments qui ressortent de l’allocution qu’a prononcée Erick-Hector Hounkpè, Directeur entrant du Fitheb, officiellement installé par le Ministre de la Culture, Paul Hounkpè. Il a été nommé à ce poste par le Conseil des Ministres, le 21 novembre dernier.
Avant de porter ces informations capitales à l’attention du public, le nouveau premier responsable de la biennale a fait observer une minute de silence en la mémoire d’Antoine Dadélé, l’un des pères fondateurs de l’événement d’envergure mondiale. Ensuite, il a levé un coin de voile sur quelques projets importants qui marqueront sa gouvernance des 4 prochaines  années : rendre plus reluisantes les conditions de vie et de travail des fonctionnaires travaillant au siège du Fitheb et améliorer le traitement financier des membres du Conseil d’administration, de même que mettre en place un système pour la formation diplomante des professionnels du théâtre en faisant prendre en compte leur parcours technique par la validation des acquis de leur expérience sur le terrain. 
Par ailleurs, Erick-Hector Hounkpè a évoqué sa volonté de faire construire l’ ’’Hôtel du Fitheb’’, un cadre grâce auquel il logera les invités du Festival et qui lui permettra de programmer des expositions d’œuvres d’art plastique, notamment. S’il a mis en garde les personnes n’aimant pas le travail contre toute velléité de perturber son action, il n’a pas manqué, à l’entame de son propos, de rendre hommage au Ministre Paul Hounkpè qui, par le choix et l’envoi de son nom au Conseil des Ministres, a eu le mérite de faire échec à toutes les pressions visant à lui faire poser le contraire de ces actes.
Un autre fait marquant de la prise de pouvoir d’Erick-Hector Hounkpè fut sa traduction bien ramassée, en fon, du discours qu’il avait préalablement prononcé en français, ce qui augure de temps nouveaux sur la communication avec la population sur ses idées. Mais, bien avant lui étaient intervenus Happy Sylvestre Goudou, représentant du Conseil d’administration du Fitheb, et Paul Hounkpè.  



Marcel Kpogodo

L’antiquaire Robert Vallois foule le sol béninois

Dans le cadre de l’inauguration du ’’Petit musée de la Récade’’


La soirée du dimanche 29 novembre 2015 s’est révélé joyeusement mouvementée à l’Aéroport international Cardinal Bernardin Gantin de Cotonou. Il s’agissait pour les jeunes plasticiens membres du Collectif des artistes du Bénin (Cab) et de Dominique Zinkpè, Directeur du Complexe culturel ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, de réserver un digne accueil à cette personnalité.

Robert Vallois, ci-contre, brandissant des images de récades
Une bonne vingtaine de jeunes artistes plasticiens scandant des chants fon de louanges, en l’honneur de Robert Vallois, accompagné de Dominique Zinkpè, Directeur du Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, de Nicephore Dieudonné Soglo, ancien Maire de la ville de Cotonou et de Ganiou Soglo, ancien Ministre de la Culture de Boni Yayi. Emanant du Collectif des artistes du Bénin (Cab), ces créateurs étaient tous vêtus d’un tricot noir au logo du Complexe culturel  et d’un pagne enroulé autour des hanches, à la manière traditionnelle. Par la même occasion, ils ont exécuté un chant d’anniversaire à l’endroit de l’ancien Président du Bénin, qui célébrait son 81ème anniversaire.

Le Comité d'accueil formé par les membres du Cab
Voilà l’ambiance joyeuse ayant régné à l’entrée du Hall des voyageurs de l’Aéroport international Cardinal Bernardin Gantin de Cadjèhoun, à Cotonou, en milieu de soirée du dimanche 29 novembre 2015. « Nous ramenons les 2 récades de Béhanzin dans leur pays, en cadeau et, elles sont magnifiques ! J’espère qu’elles feront plaisir à tout le monde. Il n’y a rien d’autre à dire ; c’est le retour des récades, et c’est l’ouverture du ’’Petit musée de la Récade’’ pour tous les Béninois … ». Ainsi s’exprimait Robert Vallois, brandissant des images de quelques-unes des récades sacrées des rois du Bénin, accompagné par Dominique Zinkpè, Directeur du Complexe ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa. 

De gauche à droite, Robert Vallois et Nicéphore Soglo
A la suite de l’hôte français, Nicéphore Soglo, présent accidentellement sur les lieux, du fait de la coïncidence de son vol avec celui de Robert Vallois, a marqué sa satisfaction de voir qu’avec l’arrivée de l’antiquaire et mécène français au Bénin, prenait corps le projet d’exposition des récades royales acquises à prix d’or, grâce à leur participation à des ventes aux enchères en France, par Cheska Vallois, l’épouse de l’intéressé, et par le Collectif des Antiquaires de Saint-Germain-des-prés. 
Ce sont donc un total d’une trentaine de récades ayant appartenu à des souverains d’Abomey, de Porto-Novo et d’Allada, que les visteurs pourront venir contempler au ’’Petit musée de la Récade’’, prévu pour être inauguré dans l’après-midi du mardi 1er décembre 2015, au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, en présence de plusieurs personnalités politiques, administratives et culturelles de poids.



Du programme des manifestations


De gauche à droite, Dominique Zinkpè, devant les journalistes, et Ganiou Soglo
Se confiant à la presse, au cours de l’accueil de Robert Vallois, à l’aéroport de Cotonou, Dominique Zinkpè a expliqué que la cérémonie d’inauguration du ’’Petit musée de la Récade’’ démarrera dans les environs de 14 heures, avec la déambulation artistique des femmes de la Cour royale de Porto-Novo, celles-ci qui auront la lourde responsabilité de porter les récades sacrées. Ensuite, l’artiste plasticien, Prince Toffa, exécutera une performance avant qu’en fin d’après-midi, l’orchestre Poly-rythmo ne vienne amplifier la fête par sa prestation très attendue par un public dont une grande partie ne serait que très nostalgique.


Marcel Kpogodo

mercredi 25 novembre 2015

’’La bombe végétale à trois roues’’, contraste sensibilisateur de Laurie Castel, à l’Institut français

Dans le cadre de la prochaine Cop 21 à Paris


La Conférence des Nations unies sur le climat (Cop 21) de décembre 2015 à Paris a suscité la tenue d’une exposition à Cotonou. Dénommée ’’Rdv climat’’, et abordant le thème du changement climatique, elle se tient depuis le 3 octobre dernier et est prévue pour prendre fin le 16 décembre. Parmi les 8 artistes qui l’animent, Laurie Castel se distingue par une installation qui frappe, qui suscite interrogation.

L'installation, ''La bombe végétale à trois roues''
’’La bombe végétale à trois roues’’, une forte surprise, lorsqu’on entre à l’Institut français de Cotonou. L’arrêt s’impose. Ceci, depuis la tenue de la ’’Nuit blanche’’, le 3 octobre 2015. Le véhicule de prédilection des handicapés, trafiquants de carburant, dans son bleu propre, luisant des grands jours, cachant mal une certaine rouillure à des endroits, dicte sa présence, arborant en son arrière de la bonne fraîche et épanouie végétation. « Cette œuvre porte en elle trois vies, celle d’une moto vespa destinée à faire du trafic de l’essence frelatée, celle de la moto recyclée et celle de la végétation qui pousse en celle-ci ; c’est comme si elle comportait toujours de l’énergie pour entretenir cette vie végétale ». Le regard spontané d’Adam Balogoun, chef d’entreprise, installé, de façon circonstancielle, un samedi de novembre 2015, à l’accueil du même Institut, pour faire réussir le dépannage de l’imprimante des cartes d’adhérents.
Ainsi, ’’la bombe végétale à trois roues’’ fait une discrète mais vivante présence, comme si, d’un instant à l’autre, un de ses habituels locataires allait l’enfourcher et la faire pétarader, dans un démarrage bruyant. « Elle est toujours en état de marche, elle roule encore … », confirme Laurie Castel, sa mère, discrète comme son installation, mais elle, restitue, par elle, un contraste des plus vibrants, pour un objet patent de pollution de l’environnement qu’est le tricycle, avec l’essence qu’il transporte, irradiant un gaz dangereux mais que ses manipulateurs négligents et ignorants aspirent, se préparant des maladies du poumon, des cancers et, notamment, des naissances malformées, dans leur progéniture. Et, cette ’’bombe’’ sanitaire laisse sourdre d’elle de la vigoureuse végétation, source de vie, de pureté, de fraîcheur.
Elle fait exploser les analyses conventionnelles, les convictions, les idées reçues, sur le système de l’essence frelatée au Bénin. Cette ’’bombe’’ constitue un paradoxe sur lequel Laurie Castel ne tarde pas à s’expliquer : « [Ce tricycle] est un objet qui a une utilisation qui pollue beaucoup et qui est très dangereux aussi. A côté de ça, il y a des plantes qui sont la vie, qui vivent et qui, en plus, survivent dans l’espace de la vespa ; c’est un clin d’œil pour justement montrer que la nature peut prendre le dessus sur ce qu’on fait à l’environnement et que, sur les problèmes climatiques, il peut y avoir des solutions ». Et, à quelques jours seulement du lancement de la Cop 21, en France, son appel, bien inscrit dans son contexte, reste clair : « […] il faut arrêter d’utiliser ce genre de machines pour rapporter de l’essence de mauvaise qualité, qui polluent encore plus, et qui font beaucoup de dégâts, à la fois sur la route, dans l’environnement et sur les personnes qui inhalent ce genre de produit ».
Cependant, loin de se laisser percevoir comme une donneuse de leçon, elle rend compte de l’esprit de son initiative artistique : « Ouvrir l’esprit des gens, pour que chacun se pose des questions pour qu’ensemble, nous puissions trouver des solutions ».



Laurie Castel, un contraste dans le contraste

En dehors de l’antinomie que dégage ’’la bombe végétale à trois roues’’, Laurie Castel, jeune française de 26 ans, baigne aussi en plein contraste. Profondément discrète, elle n’en reste pas moins préoccupée de faire connaître son expérience de la pollution à Cotonou, non loin de ses environs d’habitation, depuis 11 mois qu’elle vit dans la capitale économique du Bénin ; elle développe le sens de l’expression de ce qu’elle constate ne pas bien aller, apportant sa contribution à la prise de conscience sur le phénomène trentenaire béninois du trafic de l’essence de contrebande, qui a fait l’objet, vainement, en trois régimes politiques différents, de tentatives violentes et meurtrières d’éradication.

Laurie Castel, travaillant sur son oeuvre
Et, en choisissant la Cop 21 pour mettre le doigt sur l’aspect environnemental d’un véritable fléau social banalisé et passé aux oubliettes, cette graphiste de profession et chargée de communication à l’Institut français de Cotonou, cette conceptrice d’événements, s’interdit de se réduire au silence, utilisant ses atouts artistiques pour s’investir humblement dans le sujet. En réalité, Laurie Castel, titulaire d’un Dess en Design d’événements et d’un Master 2 professionnel en Projets culturels dans l’espace public, est une grande expérimentée des processus d’installations, ’’la bombe végétale à trois roues’’, étant la 10ème qu’elle a réalisée ; quatre ans plus tôt, elle a participé, notamment, le 26 février 2011, à la Nuit blanche de Montréal. Ainsi, la stratégie du contraste expressif, qu’elle a fait valoir dans ’’la bombe végétale à trois roues’’, relève d’une réelle culture artistique chez Laurie Castel.
Mais, vu que le Bénin, à travers son Gouvernement, s’est ouvertement engagé dans la réussite de la Cop 21 à Paris, plusieurs unités de ’’la bombe végétale à trois roues’’, disséminées à plusieurs endroits clés des villes du Bénin, dans le cadre d’un projet plus global de sensibilisation, auraient amené les Béninois à sortir de l’indifférence face à un drame social qui ne revient sporadiquement sur le tapis qu’à l’occasion de catastrophes d’incendies engageant morts et dégâts matériels d’ampleur. Pourtant, ce drame se joue au quotidien, à proximité de chaque citoyen.        


Marcel Kpogodo