jeudi 20 octobre 2011

Représentation de Gnonnou glégbénou, la femme courageuse


Katoulati remplit sa mission


Samedi 15 octobre dernier, au soir, s'est tenue la seconde des deux représentations théâtrales de l'Association Katoulati intitulée Gnonnou Glégbénou, la femme courageuse. De nombreux spectateurs parmi lesquels une quantité non négligeable de femmes ont profondément apprécié la prestation des acteurs.



En toute douceur, l'Association Katoulati, le samedi 15 octobre dernier, au Théâtre de verdure de l'Institut français du Bénin, a satisfait les attentes du public venu découvrir, une fois de plus, la mise en scène de Patrice Toton. Il s'agissait de la représentation de la pièce, Gnonnou glégbénou, la femme courageuse, adaptée d'Antigone de Sophocle et de Jean Anouilh. Dans une parfaite maîtrise de leur rôle, les acteurs, en ce qui les concerne, ont réussi à émouvoir le public, pour la part de gestion de l'intrigue, qui se trouvait à leur charge ; en matière de profondeur de l'expression de la fougue, de l'exaspération, de la révolte, ils ont été à la hauteur des attentes, surtout en ce qui concerne les titulaires des rôles d'Antigone, Sandra Dos-Santos, d'Hémon, Gérard Tolohin, et de Créon, Bardol Migan. Par ailleurs, boycottant, dès les premières secondes de la pièce, les situations pouvant conduire le public à la monotonie et au sommeil, les deux personnages du choeur, Sophiatou Bello et Edouard Ahlonsou, ont fait savourer des voix complètement locales qui ont contribué à faire banaliser et à dédramatiser des séquences très tragiques qui auraient pu conduire à des pleurs dans le public. Cet aspect particulier constitue un élément non négligeable de la touche particulière de Patrice Toton chez qui tout habitué de ses spectacles a pu déceler un procédé de mise en scène qui lui est propre. Avec ses acteurs et les Marius Dansou, Décorateur, les Jean-Claude Ouangbey, Régisseur, les Patrice Tomédé, Costumier, notamment, il a si bien rempli sa mission que, c'est très spontanément qu'à la fin de la représentation, toutes les femmes présentes ont accepté de se retrouver sur la scène pour une photo finale et, avant cela, un engagement à lutter contre les violences faites aux femmes. Voilà une nouvelle réussite de Patrice Toton, ce génie béninois du théâtre, dont, d'année en année, le talent de mise en scène se développe davantage.


Marcel Kpogodo

mercredi 12 octobre 2011

Gnonnou glégbénou

A mi-chemin vers le spectacle des vendredi 14 et samedi 15 octobre prochains




Patrice Toton parle de Gnonnou glégbénou




Gnonnou glégbénou est une pièce de théâtre adaptée d’Antigone de Sophocle et de JeanAnouilh, qui se joue, vendredi 14 et samedi 15 octobre, à l’Institut français du Bénin (Ifb), anciennement dénommé Centre culturel français (Ccf). Au détour d’une répétition effectuée sur les lieux, mardi 11 octobre au soir, Patrice Toton a accepté de se confier à nous.



Journal Le Mutateur : Patrice Toton, tu es en train de boucler les répétitions pour le grand spectacle Gnonnou glégbénou des vendredi 14 et samedi 15 octobre prochains. Quelles sont tes impressions ?



Patrice Toton : Merci. Je rappelle que l’un des objectifs du Théâtre Katoulati, c’est de mettre l’art au cœur du développement humain, de mettre l’homme au centre de nos actions. Et, cette action-ci vient célébrer la femme ; ce n’est pas une simple célébration, ce n’est pas une célébration festive mais, c’est une célébration qui reconsidère la place de la femme dans les sociétés modernes.


Patrice Toton, Président du Théâtre Katoulati


Il est inconcevable qu’aujourd’hui, sous d’autres cieux, on interdise aux femmes d’être au volant et que, même sous nos cieux ici, on continue de forcer une femme à épouser un homme qu’elle n’aime pas. Donc, c’est notre devoir d’acteur culturel, notre devoir d’auteur, notre devoir de comédien ou de metteur en scène, de nous pencher un peu sur ce sujet concernant la place de la femme dans notre société, d’apporter notre contribution et, c’est ce que nous essayons de faire avec cette tragédie emblématique qui a été reprise par Jean Anouilh, cette tragédie grecque qui est connue presque de tous, Antigone, Antigone qui est l’une des toutes premières femmes à commencer les luttes des femmes, c’est-à-dire les luttes pour les droits de la femme, les luttes pour l’émancipation de la femme, pour l’instruction, l’épanouissement de la femme. Aujourd’hui, moi, je dépasse tout ça et, plus que n’importe qui, je parle de l’ascension de la femme, ce qui signifie le partage du pouvoir par les femmes et les hommes. Ce spectacle ne vise pas à inscrire dans l’âme des femmes la révolte, il ne vise pas à armer les femmes contre les hommes ; il s’agit juste que les femmes se lèvent et lèvent le ton pour réclamer leurs droits, pour demander ce qui, de droit, leur revient : le partage du pouvoir, la parité, comme on le dit, l’instruction, l’épanouissement, l’arrêt des interdits inutiles liés à la tradition, la lutte contre les violences faites aux femmes, contre l’excision, notamment. Ce spectacle, c’est le spectacle des femmes ; toutes les femmes doivent venir soutenir, comme une seule femme, ce spectacle. Et, je souhaiterais qu’à la fin du spectacle, toutes les femmes qui y seront venues lèvent un seul bras pour dire : « Non aux violences faites aux femmes ! » C’est cet appel que je lance à toutes les femmes béninoises, à toutes les femmes d’ailleurs, pour que l’égalité entre l’homme et la femme soit une réalité à tous les niveaux : politique, social, institutionnel, … A tous les niveaux ! Il est important que les gens comprennent, que les politiques comprennent, que les autorités à tous les niveaux comprennent que le Changement ou la Refondation, ou que toute action qui vise à toucher l’âme du peuple passe d’abord par la sensibilisation au moyen de l’art. C’est pourquoi, nous pensons que nous sommes une arme utile à tout le monde et, entre autres, aux femmes.



Propos recueillis par Marcel Kpogodo