Dans le cadre de ses activités
L'Associaiton socioculturelle Arts vagabonds fait former plus d'une quinzaine de comédiens et de musiciens
Du 11 au 13 août 2010, l'Association sociocutrelle Arts vagabonds rezo Afrik Bénin a procédé à la mise en place d'un stage de formation en faveur de plus d'une quinzaine de stagiaires. C'était au siège du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), à Cotonou.
Dans une salle de répétition du siège du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), des stagiaires évoluent en couples mixtes, se mettant en vue à tour de rôle et se lançant une balle en échangeant des répliques apparemment bien préparées. Quelques minutes de cet exercice après, c'est un tambour subtilement nostalgique qui soumet les apprenants de criconstance, pêle-mêle, à des mimiques d'un ordre onirique. Luc Rosello, l'encadreur, Directeur de la Compagnie réunionnaise Cyclones production, est le maître d'oeuvre de ce système dans le déroulement a commencé depuis le mercredi 11 août. Au dernier jour du stage, ce vendredi 13, sa voix forte et incisive en impose, par des consignes et des recommandations très courtoises, à ces seize comédiens et musicens, triés sur le volet par les soins de l'Association Arts vagabonds rezo Afrik Bénin, ceux-ci dont les observateurs de la scène dramatique béninoise connaissent bien le jeune parcours qui commence à faire mouche : Vivien Gédéon Ahéhéhinnou, Mariam Darra Troré, Mireille Gandébagni, Jean-Louis Lokossou, Segun Olabisi et Serge Zossou, notamment.
Luc Rosello, entouré de ses stagiaires l'écoutant (Photo de Christel Gbaguidi)
Pour un stage trop court pour déboucher sur une représentation théâtrale de synthèse, ces jeunes artistes n'ont désormais d'autre choix qu'un investissement des acquis de cette formation dans leur pratique artistique du court, du moyen et du long terme.
Mouvement d'ensemble des stagiaires (Photo de Christel Gbaguidi)Le point de vue de Luc RoselloEn marge des enseignements donnés à ses stagiaires, Luc Rosello, formateur principal dans ce stage initié en partenariat avec les Arts vagabonds rezo Afrik Bénin, l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (EITB), le Fitheb et la Compagnie Cyclones production, accepte de nous parler des connaissances partagées, de nous donner ses impressions et de nous présenter la structure qu'il dirige.
Luc Rosello, Directeur de la Compagnie Cyclones production
Luc Rosselo : Au niveau de ce qu’on aborde, en termes de travail, on travaille sur quelque chose qui est assez universel et qu’on retrouve dans des formes théâtrales, partout dans le monde, que ce soit dans l’hémisphère nord ou dans l’hémisphère sud, à savoir la notion de « chœur », de « chœur de théâtre », c’est-à-dire, à un moment donné, comment un groupe, un groupe de personnages devient une sorte de communauté, d’identité qui vit ensemble la même chose. Donc, ça, c’est ce qu’on appelle un « chœur » au théâtre. Par exemple, hier (Ndlr : le jeudi 12 août), j’ai assisté aux répétitions d’un spectacle qu’est en train de monter Alougbine Dine sur le cinquantenaire. En fait, c’était la même chose ; il y avait énormément de choses qui passaient et qui étaient des choses « chorales », où Dine mettait en scène des chœurs. Donc, c’est quelque chose d’assez universel.
Et, on a travaillé là-dessus pour que l’acteur apprenne à être dans une respiration commune, dans une sensibilité commune, ce qui leur demande beaucoup d’écoute.
Nous avons compris que vous les formiez à l’improvisation …
Non, ils savent improviser déjà, je ne les forme pas. Vous voyez, un acteur, c’est comme un musicien ; un musicien, il a besoin de faire ses gammes, il a besoin de s’entraîner avec son instrument, pour entretenir et sa technique et sa sensibilité artistique. Un acteur, c’est exactement pareil. Donc, en fait, avec les acteurs, on fait des gammes d’acteur et, parmi les gammes de l’acteur, il y a le travail physique, le travail vocal et l’improvisation. Donc, c’est pour ça qu’on fait de l’improvisation ; c’est une manière de faire des gammes ensemble.
Comment trouvez-vous vos stagiaires ?
Je les trouve formidables, d’une grande disponibilité, ils sont engagés ; certains viennent de très loin, pour cet instant de rencontre et de partage. Et, cet engagement-là, je trouve ça réellement formidable. Donc, en ce sens, tous les stagiaires qui sont présents là aujourd’hui sont formidables parce qu’ils s’engagent.
Vous savez, moi, je ne suis pas là pour évaluer, je ne suis pas là pour dire : « Les acteurs béninois sont bons », « Ils ne sont pas bons ». Les acteurs béninois, ils sont comme tous les acteurs partout dans le monde ; il y en a qui ont de l’expérience, qui sont confirmés, qui ont suivi des formations. D’ailleurs, il y a une école au Bénin qui s’appelle l’Eitb (Ndlr : Ecole internationale de théâtre du Bénin) et qui propose des parcours de formation. Il y a des acteurs qui ont appris un petit peu par eux-mêmes mais qui sont quand même des acteurs confirmés et il y en a qui sont plus débutants ; c’est comme partout dans le monde.
Par contre, ce que je constate ici et que je ne vois pas partout dans le monde – il faut savoir que moi, je ne viens pas seulement de l’Europe, je travaille aussi depuis de nombreuses années dans l’hémisphère sud, à l’Ile de la Réunion et, donc, j’ai pas mal rencontré de pays et partagé dans d’autres pays que l’Europe ce qu’on retrouve un peu partout dans le monde - et, la particularité qu’on a parfois dans l’hémisphère sud, c’est que l’art n’est pas aidé, n’est pas subventionné ; l’art, il doit se débrouiller par lui-même, ce qui veut dire que, décider d’être un artiste dans certains pays, c’est un véritable choix. Et, moi, je suis admiratif de ce choix ; je viens d’un pays où on me donne des subventions pour diriger mon théâtre et embaucher la dizaine de personnes qui constituent mon équipe en permanence. Donc, je suis très très admiratif de cet engagement des artistes aussi.
Et si vous nous parliez très brièvement de votre structure, Cyclones production ?
Cyclones production, c’est une compagnie de théâtre qui est implantée sur l’Ile de la Réunion, dans le sud de l’Afrique, côté Océan indien ; c’est un Département français. Nous sommes aidés par le Ministère de la Culture de France et toutes les collectivités locales nous soutiennent ; je suis aussi directeur d’un lieu qui s’appelle La Fabrik qui est un lieu un peu particulier, parce qu’il accueille des équipes pour les aider à fabriquer leurs spectacles. C’est un lieu dans lequel il y a un studio de répétition, un atelier-costumes, un atelier-décor ; il y a des gros moyens qui permettent à des équipes qui n’ont pas de lieu de venir fabriquer leur spectacles et, ce lieu existe parce que notre démarche est beaucoup axée sur le développement culturel, sur l’action territoriale et sur l’envie de donner accès à une large partie de la population aux pratiques artistiques et culturelles.
Parlant de vous, quel est votre parcours ?
J’ai envie de vous dire que mon parcours n’intéresse personne ; mon parcours n’a de sens que parce que je travaille avec une équipe. Je suis acteur, je suis metteur en scène, je suis soutenu dans mon travail par les institutions françaises. Donc, c’est une réalité mais, une fois qu’on a dit ça, on n’a encore rien dit ; ce qu’il y a d’important, c’est que je travaille avec une équipe d’une dizaine de permanents et que, c’est surtout, ensemble avec cette équipe qu’on essaie de s’inscrire dans une dynamique de partage avec ceux qui nous entourent. Mon parcours n’est important que parce que je suis avec une équipe qui provoque des partenariats et qui met en œuvre des projets.
Réalisation : Marcel Kpogodo