mercredi 20 juillet 2016

Jérôme Tossavi, sur le succès éclatant de la ''Nuit poétique'' : « […] on a visité tous les couvents de la bonne poésie … »

Dans le cadre d’une interview qu’il nous a accordé


La soirée du samedi 9 juillet 2016, à la petite paillote de l’Institut français de Cotonou, s’est trouvée entièrement dédiée à la poésie. Un public immense débordant de partout et occupant tout l’espace disponible et indisponible, assoiffé de déclamations chaudes et envolées, comblé ou dégoûté, selon le cas, par des noms désormais conventionnels de la poésie béninoise : Florent Eustache Hessou, Daté Atavito Barnabé-Akayi, Basile Dagbéto, Armand Adjagbo, Louis-Mesmin Glèlè, Marcel-Christian Ogoundélé, Constantin Amoussou, Jean-Paul Tooh-Tooh, Edwige Chekpo, Esther Doko, Djamile Mama Gao, Toussaint Djaho … Sous le couvert de ’’Poésie et engagement’’, le thème de la 2ème édition de la ’’Nuit poétique’’. Par ailleurs, les petits plats ayant été mis dans les grands, 20 minutes d’un spectacle vivant sur l’évolution de la poésie béninoise, de sa naissance à nos jours, présenté par l’Association ’’Katoulati’’, a planté le décor de la densité des effervescences et des effluves verbales, selon un fondement thématique d’une variété à défier les imaginations les plus fécondes, en cette soirée bénie des mots durs et forts, des paroles douces et condescendantes, venus du tréfonds des cœurs. Des anges de la musique, deux générations conciliantes, Dag Jack et Meschac Adjaho, ont fait monter la tension de l’esprit des spectateurs, tous sexes et tous âges confondus, les deux artistes, à la guitare, Bonaventure Didolanvi, de ’’Wood sound’’, à la batterie, l’homme de théâtre, Anicet Adanzounon, officiant à la platine … L’Institut français du Bénin, le Fonds d’aide à la culture et ’’Darimage’’, partenaires de cette réussite, devront se frotter les mains d’avoir fait confiance à l’Association culturelle, ’’Mignon-tourbillon’’, ayant orchestré l’existence de cette voix forte de la poésie béninoise, la ’’Nuit poétique’’, un événement par rapport auquel lequel Jérôme Tossavi, le manager principal, a accepté de partager avec nous ses idées …    

Jérôme Tossavi, Président de l'Association, "Mignon-tourbillon''

Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour à vous, Jérôme Tossavi. Vous êtes le Président de l’Association ’’Mignon-tourbillon’’ qui a organisé la 2ème édition de  la ’’Nuit poétique’’, dans la soirée du samedi 9 juillet 2016. Cet événement a été un véritable succès, avec la déclamation musicalement accompagnée de près d’une quinzaine de poètes béninois parmi les plus talentueux, cette séquence de près de 3 heures de temps, précédée d’un spectacle d’une vingtaine de minutes sur l’historique de la poésie béninoise, sans oublier que les 8 et 9 juillet, un atelier de formation en écriture poétique a été offert aux lauréats de l’appel à textes, lancé dans le cadre du projet concernant la ’’Nuit poétique’’. En outre, la ’’Nuit poétique’’ a drainé un monde impressionnant à la petite paillote de l’Institut français de Cotonou, qui débordait de tous les alentours. Comment expliquez-vous ce succès retentissant ? Les Béninois sont-ils si férus de poésie ?


Jérôme Tossavi : Ce succès que vous évoquez est le fruit d’un travail acharné pour offrir une belle vitrine à la poésie béninoise en léthargie. L’association ’’Mignon-tourbillon’’, que je pilote, a simplement voulu offrir aux spectateurs la ’’Nuit’’ de tous les frissons. Ce désir ardent nous a poussés à braver toutes les obstacles pour asseoir une vraie foire aux mots et aux maux, autour de l’idéologie de la poésie et de l’engagement. On pensait avoir affaire à un projet de grande faisabilité. Mais, très vite, nous nous sommes aperçus de la grande difficulté à porter ce rêve commun en réalité. Du coup, on a visité tous les couvents de la bonne poésie pour faire le difficile casting des plus brillants poètes de notre terre et ciel. Puisqu’on tenait à la qualité, nous avons subi une forte pression dans la programmation mais, au finish, nous nous sommes entendus sur la vaste projection de notre slogan qui prise la nuit de tous les rêves. C’est ainsi qu’on a pu réunir sur la même scène et, autour du même micro, une douzaine de poètes tous engagés et enragés, pour porter la plaie d’une société en pleine chute. Cette deuxième saison nous a particulièrement motivés à aller plus de l’avant, vu la forte mobilisation nationale constatée pour porter au pinacle ce projet de grande valeur humaniste. En initiant cette soirée unique de rêves et d’émotions, nous étions loin d’imaginer qu’elle déboucherait sur une telle effervescence nationale. Mais, en toute surprise, nous avons reçu l’appel du peuple à cette ’’Nuit’’ qui n’a pas fermer les paupières de la soirée. Nous avons vu des enfants, des adolescents, des jeunes comme des personnes âgées, qui ont résisté à l’insomnie de la ’’Nuit’’. Pour nous, c’est une vraie réussite, car parvenir à rassembler le peuple béninois, mutilé par les problèmes sociaux autour de la parole, relève, à notre avis, d’un vrai mérite. Deux raisons fondamentales justifient ce succès éclatant que vous évoquez si bien. La première est relative à la grande envie étouffée des Béninois de plus en plus assoiffés de vraies distractions jouissives, faute de canaux de loisirs artistiques, en manque terrible dans le pays. La deuxième est liée à la méconnaissance totale du répertoire poétique béninois. Je pense que la ’’Nuit poétique’’ a gagné cette bataille en misant sur ces deux aspects de la réussite de tout grand événement qui doit chercher à être ludique et utile.



Quelles perspectives vous tracez-vous pour la 3ème édition de l’événement, l’année prochaine ?

D’abord, nous nous donnons comme prochaine priorité de parvenir à positionner la ’’Nuit poétique’’ sur l’échiquier international. Pour une telle réalité, il nous faut davantage habiller l’événement et le rendre plus consommable. Et, sur ce plan, nous comptons désormais créer et mettre à profit un site web entièrement dédié à la manifestation. Ceci nous assurera la nette visibilité, au plan mondial, car beaucoup de poètes, à travers le monde, nous écrivent pour réserver leurs places pour la 3ème saison qui se tiendra en mars 2017.
La 3ème saison sera encore plus belle, avec une large ouverture sur l’international. Nous attendons une forte délégation de poètes africains et européens. Et, sur le sujet, nous avons déjà une forte demande de participations de grands poètes français, canadiens et africains, de tous les cabanons. Nous ferons le nécessaire pour mettre en scène les grandes voix de la poésie béninoise encore vivantes, et pour rendre les hommages les plus mérités aux poètes béninois qui ont rendu l’âme, plume et verbe dans la bouche. Le volet ’’Formation et initiation en techniques d’écriture poétique’’ sera encore au rendez-vous, lors de la 3ème saison. La ’’Nuit poétique’’ prendra, ainsi, de plus en plus, l’allure d’un grand festival international, avec la prochaine construction, à Sékou (à quelques encablures de Cotonou) de la première résidence internationale des poètes du monde. La ’’Nuit poétique’’ se servira donc de cette résidence pour mettre en place la première maison d’édition entièrement dédiée à la poésie, en Afrique.



L’Association ’’Mignon-tourbillon’’ est l’organisation par laquelle vous avez tenu la ’’Nuit poétique’’. Pouvez-vous définir le concept ’’Mignon-tourbillon’’ ?

L’Association ’’Mignon-tourbillon’’ est d’abord une plateforme de diffusion et de promotion des œuvres littéraires et poétiques, au Bénin et en Afrique. Elle se présente comme un conglomérat de jeunes dynamiques et engagés dont le seul objectif est de parvenir à révolutionner le milieu littéraire et poétique béninois, par des actes très positifs. Elle vient de voir le jour et dégage déjà une forte température d’adhésion, de partout. Elle privilégie la créativité fertile autour des œuvres littéraires et artistiques bénéfiques, pour l’avancée de notre culture. L’association ’’Mignon-tourbillon’’, dont je suis le Président, s’investit aussi dans le domaine éducatif et social, à travers son concours d’excellence littéraire en milieu scolaire, dénommé ’’Challenge les amis du livre’’, qui sera à sa quatrième édition, en mars 2017. Elle est apolitique et ouvre ses portes à toute bonne volonté épousant les mêmes réalités que nous.



Propos recueillis par Marcel Kpogodo

samedi 16 juillet 2016

Christel Gbaguidi tacle violemment Patrick Idohou sur les Secuba 2016

Au cours d’une conférence de presse tenue au siège du Fitheb


La matinée du lundi 11 juillet 2016 a donné l’occasion aux journalistes culturels d’assister à une conférence de presse ayant comme sujet fondamental la tenue des Semaines culturelles du Bénin en Allemagne (Secuba), dans leur édition 2016. Une occasion pour le promoteur de l’événement de dénoncer ouvertement Patrick Idohou, l’actuel Directeur de la Promotion artistique et culturelle.

De gauche à droite, Charles Placide Tossou, Glwadys Makou, Christel Gbaguidi, Fidèle Anato et Espérance Gbaguidi
 « Je ne peux pas accepter qu’on continue de forniquer avec la culture ; laissez les professionnels travailler ! Qu’on cesse de dépenser l’argent du contribuable béninois en désordre, à l’international ! », a vivement lancé Christel Gbaguidi, Président de l’Association, ’’Les Arts vagabonds rezo Afrik Bénin’’, le lundi 11 juillet 2016, dans l’une des salles de spectacles, au siège du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), à Cotonou. Selon l’intervenant, le fondement de son indignation reste que Patrick Idohou, Directeur de la Promotion artistique et culturelle, du Ministère du Tourisme et de la culture, l’aurait personnellement contacté, en Europe, en juin 2016, pour lui demander son appui pour l’organisation, en juillet 2016, des Semaines culturelles du Bénin en Europe, plus précisément en France et en Belgique, dans le cadre de la 2ème édition des Semaines culturelles du Bénin en Allemagne (Secuba). Ne pouvant improviser ce genre de manifestation sur le vieux continent, ne disposant pas d’informations sur le financement et étant confronté à des artistes proposés par l’autorité, non conformes aux critères de son Association, Christel Gbaguidi a dû lui opposer une fin de non recevoir. Et, à son arrivée à Cotonou, Patrick Idohou refuse de le recevoir et de répondre à ses appels téléphoniques. La version de cette personnalité étant vivement attendue, il reste que le Président des ’’Arts vagabonds rezo Afrik Bénin’’ n’entend pas s’en démonter, quant à la tenue des Secuba 2016.



Une programmation en route

A en croire les propos de Christel Gbaguidi, au cours de cette conférence de presse, les contraintes de la mobilisation du financement imposent deux dates probables pour la tenue des Secuba 2016 : du 28 septembre au 10 octobre ou du 28 octobre au 8 novembre. Et, 4 villes sont prévues pour en accueillir les manifestations : Berlin, Bielefeld, Braunschweig et Dresden. Pour lui, il s’agira de « rencontrer les peuples de ces villes et de leur présenter les artistes béninois », puisque, selon son analyse, « les Béninois, à l’extérieur, n’ont pas accès à leur culture », sans oublier qu'il pense que « le Bénin n’est pas valorisé à l’international, comme il se doit, malgré les milliards dépensés par l’Etat ».
De plus, il a précisé qu’un objectif solide sous-tend la tenue des Secuba 2016 : « Valoriser, défendre et promouvoir le ’’Guèlèdè’’, patrimoine immatériel de l’Unesco et le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) ». 
C’est ainsi que des conférences sur l’art béninois, animées par des personnalités scientifiques de poids, seront données sur le ’’Guèlèdè’’ et que des spectacles de l’édition 2016 du Fitheb seront diffusés. « Ainsi entendons-nous célébrer la diversité culturelle et renforcer la coopération artistique, culturelle, économique, scientifique, sociale et politique entre le Bénin et l’Allemagne, l’Europe et l’Afrique », conclura Christel Gbaguidi, concernant ce point.
Se faisant davantage exhaustif, ce promoteur a levé un coin de voile sur les autres manifestations des Secuba 2016 : la tenue d’une Journée conviviale pour la communauté béninoise à l’Ambassade du Bénin à Berlin, la diffusion de spectacles de théâtre et de contes à travers les villes sélectionnées, l’exposition itinérante dans celles-ci d’œuvres d’art et de 100 photos sur le Fitheb, l’animation de concerts de musique par des artistes de renommée internationale, la tenue d’ateliers de théâtre, de tours de magie, de contes, à l’intention des jeunes et des adultes et, notamment, l’organisation d’une rencontre littéraire dénommée, ’’3 écrivains, 1 nuit ». 



Vue sur les Secuba 2015

Au cours de la conférence de presse, par la projection d’un film documentaire, Christel Gbaguidi a présenté aux professionnels des médias un bilan des Secuba 2015, entouré qu’il était de 4 participants phare à cette édition : le photographe Charles Placide Tossou, l’accessoiriste Glwadys Makou, le comédien, conteur, metteur en scène et promoteur culturel, Fidèle Anato, et la pianiste Espérance Gbaguidi. Egalement, dans le public, se trouvait Christophe Dagnihin, diplomate revenu au Bénin mais, en poste en Allemagne, lors du déroulement des Secuba 2015.
Ainsi, une statistique synthétique a tout résumé : 1 pays, le Bénin, présenté, culturellement, dans les 3 villes allemandes de Rudolstadt, Dresden et de Berlin, à travers le spectacle ’’Maia’’ de Fidèle Anato, l’exposition de 100 photos sur le Fitheb, de Charles Placide Tossou, avec l’accompagnement d’une ballade musicale, du nom de ’’Recommencement’’, création d’Espérance Gbaguidi.
Pour Christel Gbaguidi, plus de 5 espaces ont été investis par plusieurs centaines de spectateurs, sans compter les milliers de personnes touchées sur les réseaux sociaux et par les supports de communication distribués, pour un budget total consommé d’environ 25 mille euro. Et, à en croire le Vice-Président du Haut conseil des Béninois de l'Extérieur (Hcbe), section Allemagne, des retombées se font ressentir au Bénin par le renforcement du tourisme dans ce pays et le développement d’initiatives liées aux activités agricoles. Aussi, tous ces résultats auraient pas été atteints après avoir surmonté d’énormes problèmes ; « c’est grâce à ces difficultés que nous sommes plus forts », positivera-t-il.


Marcel Kpogodo      

mercredi 13 juillet 2016

La banque culturelle au cœur d’une formation à Zangnanado

Sous l’égide de l’Association ’’La Maison de la culture’’


Du 6 au 8 juillet 2016, l’Association, ’’La maison de la culture’’, a tenu une formation sur la banque culturelle. Elle concernait une vingtaine de participants. Ce processus a permis d’outiller les stagiaires sur les réalités particulières du fonctionnement d’une institution aussi originale que la banque culturelle.

Dimitri Sètondji Fadonougbo, entretenant les stagiaires
« La mise en place et la gestion des banques culturelles ». Le thème de la formation qui a réuni, du 6 au 8 juillet 2016, une vingtaine de stagiaires constitués de professeurs d’Histoire-géographie, de cadres de mairies et de journalistes culturels, à la salle de conférence de la Mairie de Zangnanado, dans le Département du Zou. Cette séance de renforcement de capacités se déroulait à l’initiative de l’Association, ’’La maison de la culture’’, sous la direction de Dimitri Sètondji Fadonougbo, formateur exclusif au cours de l’atelier indiqué.

Une séance de récapitulatif ...
Dans son propos introductif, celui-ci a évoqué la problématique fondatrice de cette formation : chercher à comprendre ce que les Africains, en général, et les Béninois, en particulier, faisaient de leur patrimoine culturel, ce qui a permis d’aboutir à la formulation de l’objectif cardinal de cette séance d’échanges des stagiaires avec Dimitri Sétondji Fadonougbo, Consultant-formateur en Développement et gestion de projets culturels de même qu’en Développement organisationnel et institutionnel : aborder le patrimoine que constituent les banques culturelles. Il les a définies comme des « musées locaux plus rapprochés des populations » et a montré qu’elles constituent un système ayant été conçu pour « sécuriser les biens culturels d’un pays », tout en entretenant une économie autour d’elles, dans le but de contribuer au développement des localités dans lesquelles elles sont implantées, une manière, selon l’expert, de « faire de la culture un outil économique ».



Du contenu de la formation  

En réalité, 5 modules ont été développés sous le couvert de thèmes répartis en 2 grandes sessions, selon une méthode réellement participative. D’abord, au cours de la matinée du mercredi 6 juillet, les stagiaires ont été outillés sur la description et les objectifs d’une banque culturelle. C’est ainsi qu’il leur été inculqué qu’elle permet de maintenir l’objet culturel dans son milieu naturel, selon des composantes bien précises qui sont celles de l’institution : le musée local encore appelé musée villageois, la caisse villageoise, le centre de formation et de la culture. En outre, Dimitri Sètondji Fadonougbo a établi les éléments d’une nette différence entre la banque culturelle et le système de micro-crédit.
Se rapportant à la journée du jeudi 7 juillet, le récapitulatif des notions étudiées la veille a ouvert la voie au déroulement des 2 modules constituant le sujet des échanges. Ainsi, le formateur a, dans un premier temps, abordé les normes à suivre pour sélectionner le site de la banque culturelle, de même que les critères pouvant aider à la réussite d’un tel type d’entreprise culturelle. En second lieu, des précisions intéressantes ont été apportées sur les membres de l’équipe d’une banque culturelle et sur le rôle imparti à chacun d’eux.

Photo de famille des stagiaires avec le formateur
Concernant la dernière journée, celle du vendredi 8 juillet, elle a consisté pour le formateur à assister au récapitulatif des éléments d’échanges de la veille, avant qu’il ne s’étende sur la méthode de gouvernance d’une banque culturelle, et qu’il ne fasse ressortir les différentes activités contribuant à l’animation d’une telle institution. Enfin, Dimitri Sètondji Fadonougbo a partagé avec les stagiaires ce que constituent le suivi et l’évaluation d’un programme, généralement, et de quelle manière, en particulier, ceux-ci doivent s’exécuter, dans le cas précis d’une banque culturelle. Puis, il a été donné l’occasion aux stagiaires de se prononcer par écrit et, dans l’anonymat, sur le déroulement global de la formation, avant que celle-ci ne soit close officiellement par un déjeuner.

Marcel Kpogodo

lundi 11 juillet 2016

Edwige Chekpo, une randonnée poétique au pays natal

Dans le cadre d’une conférence tenue à l’Institut français de Cotonou


L’auditorium de l’Institut français de Cotonou a abrité une conférence publique, à l’initiative de la poétesse franco-béninoise, Edwige Chekpo. C’était le mardi 5 juillet 2016. Une occasion pour celle-ci de présenter ses ouvrages au public et de faire valoir sa vision de la création poétique.

Edwige Chèkpo, déclamant un poème, au cours de la conférence
’’La création poétique au service de la vie’’, dans ses 3 tomes. Les ouvrages qu’a présentés l’auteure poétesse franco-béninoise, Edwige Chekpo, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou, dans l'après-midi du mardi 5 juillet dernier, sous le couvert d’une conférence publique portant, justement, sur le thème : « La création poétique au service de la vie : genèse, mouvance et orientations ». Parus, en cette année 2016, à la maison d’édition canadienne, ’’Fondation littéraire Fleur de lys’’, ces livres lancent, dans un premier temps, une pratique poétique essentielle, avant de procéder à une théorisation du processus de production.
C’est ainsi que, selon les propos d’Edwige Chekpo, le tome I de la trilogie, paru le 15 janvier dernier et intitulé, ’’La création poétique au service de la vie’’, s’articule sur 41 poèmes relevant du cru de sa propre inspiration, subdivisé qu’il est en 4 parties. Le fondement de cet accouchement artistique reste, selon l’auteur, le « processus du papillon », ce qui suppose 3 aspects différents et complémentaires : le point de vue physique, avec le processus lent et progressif de la chenille qui devient papillon, la dimension spirituelle de ce papillon, ce qui laisse entendre le symbole de la liberté et, enfin, la dimension esthétique se rapportant à la grâce, à la beauté et à la diversité.  

Les livres de la trilogie, ''La création poétique au service de la vie''
Dans la suite de ses explications, ce professeur de Français vivant en France et y capitalisant, en 2016, 21 ans d’exercice professionnel, a montré que le deuxième ouvrage de la trilogie indiquée porte un titre spécifique : ’’La verdure de la vie’’. Il est paru en mars 2016. Egalement découpé en 4 parties, il est constitué de 61 textes poétiques. En outre, dans ce recueil, l'auteure aborde la théorie des « 4 Vers et Vert de Soi (4VVS) », qui repose sur les 4 questions suivantes : « Ecriture vers Soi? Ou Envers Soi? Ou Revers de Soi? Ou encore Travers de Soi? ». En réalité, www.creationpoetique.comwordpress.com est le site Internet de la poétesse sur lequel peuvent en être obtenus plus d'éclaircissements.  

Un aperçu du public
Enfin, portée par la vocation naturelle de transmettre, Edwige Chekpo a conçu « Méthode des Vagues Mouvantes en Soi  (MVMS) », du titre du troisième tome de la trilogie, ’’La création poétique au service de la vie’’. Ce livre a été publié en mai dernier. « C’est une méthodologie créative permettant de comprendre comment apprendre à écrire des poèmes en s’amusant », a-t-elle expliqué au public venu l’écouter. A en croire ses réflexions, elle y expose 6 techniques donnant lieu à une expérimentation du « pouvoir miraculeux de l’écriture », celle-ci possédant la « vertu spirituelle » de « rendre vivants des mots ». Par ailleurs, le procédé proposé conduit à l'exploration de ce qu'en soi le lecteur peut aussi expérimenter la « MMVS », pour en comprendre, avec exactitude, la portée. Elément original du livre : la possibilité pour ce lecteur de se comporter en poète, de façon à produire ses propres textes, dans le livre, en suivant les indications données par l'auteure. « On ne reste pas toujours dans le même état de conscience, ce qui fait de la création poétique un moyen de sortir de soi », conclura-t-elle, édifiant le public sur le concept de la « mouvance » des « vagues en soi ».



Une réelle force symbolique

35 ans après avoir quitté son pays natal, Edwige Chekpo revient à lui, l’honorant de la primeur de la présentation de ses trois premiers ouvrages consacrés au genre poétique. Dans certains textes dont elle a partagé le contenu avec le public, par une ardente déclamation, au cours de la conférence qu’elle a animée, certains ont été respectivement consacrés à son feu père, André Chekpo, aussi Professeur de Français, aux villes de Montréal, d’Abomey, au roi Béhanzin et à Michel Aïkpé. Dans une atmosphère de performance artistique, la poétesse franco-béninoise n’a pas manqué d’initier la création instantanée, en 5 minutes, d’un poème par le public, ceci ayant porté sur "la beauté de la femme béninoise", sans oublier qu’une certaine jeune pousse a été invitée à dire des textes émanant d’une très précoce inspiration. Une bonne fête de la poésie béninoise de la diaspora, inventée par Edwige Chekpo qui entrevoit, en outre, de retrouver des apprenants du Collège d’enseignement général (Ceg) Sègbèya, un établissement scolaire de ses premiers moments d’enseignement bénévole au Bénin, et de revenir plus forte, cette fois-ci, des romans en mains.


Marcel Kpogodo     

vendredi 1 juillet 2016

Les réseaux Gsm dans le collimateur du ’’Mercredi rouge des artistes’’

Au cours d’une nouvelle manifestation de ce Mouvement


Le mercredi 29 juin 2016 s’est tenu un point de presse à l’initiative du Mouvement, ’’Mercredi rouge des artistes’’. L’événement se produisait à la salle de conférences du Bureau béninois des droits d’auteur et des droits voisins (Bubédra), sis quartier Vodjè à Cotonou. Etait à l’ordre du jour une certaine « escroquerie » dont les artistes béninois seraient victimes de la part des réseaux de téléphonie mobile.
Au centre, Patrice Adandédjan, au cours de son intervention
« Aujourd’hui, nous savons tous que les réseaux Gsm au Bénin ont des millions d’abonnés, et quand nous constatons, par un simple calcul, que ces réseaux nous grugent et nous escroquent en versant une somme minable de cinq millions (5.000.000 F) de Francs Cfa par an, sur des milliards que leur procurent les œuvres des artistes béninois, ça fait révolter ». Un extrait assez éloquent des accusations du ’’Mercredi rouge des artistes’’, à l’endroit des réseaux Gsm, le mercredi 29 juin, au cours du point de presse que ce Mouvement a animé, à la salle de conférence du Bureau béninois des droits d’auteur et des droits voisins (Bubédra), devant un nombre impressionnant de membres de cette organisation. Restant fidèle à cette ligne dénonciatrice, Patrice Adandédjan, Coordonnateur du ’’Mercredi rouge des artistes’’, assurant la parole au nom des membres du Mouvement, n’a pas manqué de continuer dans ses estimations : « Si, sur 3 millions d’abonnés, seulement 1 million d’abonnés téléchargeaient une seule chanson par an, nous avons un chiffre d’affaires, pour un seul morceau, d’un seul artiste, de 200 F x 1.000.000 d’abonnés, ce qui donne simplement une somme de 200.000.000 F Cfa, en un mois, et fait un total de 2 milliards 400 millions de nos francs, pour une année et, ceci va d’un réseau Gsm à un autre ». « Imaginez donc le nombre de morceaux que les consommateurs ont téléchargé et continuent, pour en faire leur sonnerie. Et ça, ce n’est qu’un simple calcul pour un seul morceau téléchargé par an, que vous venez d’entendre. Nous vous laissons faire votre propre calcul et vous laissons observer la vaste escroquerie dont font preuve ces réseaux Gsm », a ardemment continué l’orateur.

Les artistes ont fait un grand déplacement ...
Devant une telle situation, Patrice Adandédjan a adressé, avec une véhémence bien circonstancielle, une grosse mise en garde aux responsables de ces réseaux de téléphonie mobile, à qui il a réitéré l’accusation de faire un « usage abusif et anarchique » des œuvres des artistes, sans une « contrepartie équivalente et proportionnelle à leur exploitation ». Puis, il les a appelés à « revoir leur copie ».
En outre, le Coordonnateur Patrice Adandédjan a considéré le point de presse de ce 29 juin 2016 comme le moyen officiel pour le ’’Mercredi rouge des artistes’’ de porter à la connaissance du Chef de l’Etat, Patrice Talon, et du peuple béninois le problème de ce traitement économique fait par les opérateurs Gsm aux artistes, « afin que tous sachent que le non épanouissement des artistes béninois vient en partie de ces réseaux Gsm qui les exploitent et les grugent ».

... Occupant les moindres compartiments disponibles
Conséquence de cette évocation : l’invitation du Mouvement à tous les artistes béninois de toutes les catégories « à se tenir prêts pour toutes les actions publiques qu’il entend mener, dans les prochains jours, afin que cesse l’escroquerie abusive et destructrice des réseaux Gsm au Bénin ».
En marge de la nouvelle colossale dénonciation, Patrice Adandédjan, au nom des membres du Mouvement, portait un autre grief non moins épais contre les réseaux Gsm ; à cet effet, il n’a pas fait usage d’une langue de bois : « Comment peut-on comprendre que, dans un pays où ce sont les Béninois qui payent les recharges et enrichissent les réseaux Gsm, et quand il s’agit d’organiser des manifestations publiques, dans le cadre de la promotion de leurs produits et l’impression de leurs cartes de recharge, c’est surtout et, en grande partie, des artistes étrangers qui sont privilégiés et mieux traités ? ». « C’est inconcevable ! C’est inadmissible ! », s’est révolté le Coordonnateur, closant définitivement son propos sur les réseaux Gsm, entouré qu’il était de toute son équipe de travail, notamment, Ibrahim Padonou, le Coordonnateur adjoint du Mouvement, Yaovi Tossou, alias Nana Yao, le Secrétaire général, Blaise-Parfait Antonio, alias Bless Antonio, le Secrétaire à l’information et à la communication, Olga Nobre Vigouroux, alias Da Yovo, la Trésorière, Léon Hounyè, alias Sakpata Zogbo, le 3ème Organisateur, les 1er et 2ème étant, respectivement, David Houétchénou, alias ’’Vieux Caïman’’ et Hermann Quenum, alias ’’Fologozo’’.

Plusieurs membres du Bureau du Mouvement étaient aussi présents
Des applaudissements nourris, de la part des dizaines d’artistes présents parmi lesquels se trouvait le célèbre ’’Sweet Glory’’, ont accueilli ce fait pour le ’’Mercredi rouge des artistes’’ de mettre à nouveau le doigt sur une grosse plaie béante et puante. Le fort risque, un de ces matins, l’administration, dans notre pays, étant longue, lourde et inefficace : un gros tintamarre de concert bruyant, tonitruant et perturbateur devant le siège de l’une ou l’autre de ces sociétés de téléphonie mobile …

Marcel Kpogodo  

vendredi 24 juin 2016

Le Facto 2016, 6 catégories de participants pour une bonne programmation

A partir de la présentation de Gontran Jordy Mègnigbèto


Le mercredi 22 juin dernier a donné l’occasion de faire découvrir les grandes lignes de la tenue prochaine du Festival des arts, des cultures et du tourisme (Facto), par le biais d’une conférence de presse. C’était à l’initiative de Gontran Jordy Mègnigbèto, le Directeur de l’événement, à la petite salle de spectacle du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), à l’ex-Ciné Vog, à Cotonou.

A gauche, ci-contre, Gontran Jordy Mègnigbèto, au cours de la présentation de la programmation du Facto 2016 aux journalistes
10 groupes folkoriques, 10 compagnies de théâtre et de conte, 4 groupes de ballet, 1 groupe de musique, 10 exposants forains et plus d’une cinquantaine de touristes. La statistique révélée du déroulement inévitable du Festival des arts, des cultures et du tourisme (Facto), à travers la conférence de presse tenue par le premier responsable de cette manifestation annuelle, Gontran Jordy Mègnigbèto, le mercredi 22 juin 2016, dans l’une des salles de spectacle du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Selon lui, le Facto se déroulera du 4 au 10 août 2016, dans la Commune de Toffo, du Département de l’Atlantique.
Avec un objectif global restant de « faire des arts, de la culture et du tourisme un puissant outil de développement, en mettant l’accent sur l’économie de la culture », l’événement est organisé par l’Association culturelle, ’’Actions plurielles’’. Il connaît sa 3ème édition, en 2016, et se fondera sur 2 thèmes, l’un, artistique et, l’autre, purement social. Ce sont, respectivement, « L’économie de la culture dans le développement des nations », et « la prévention des fièvres hémorragiques à virus ébola et lassa ».
La programmation du Facto 2016
Concernant les participants à ce Festival, ils sont prévus pour être, d’une part et, de manière prévisionnelle, les habitants des 10 arrondissements de Toffo, parmi lesquels se trouveront piochés pas moins de 550 festivaliers qui seront des artistes, des artisans, des producteurs agricoles, des opérateurs économiques et des apprenants, entre autres. D’autre part, 200 invités sont attendus au Facto 2016 ; ils viendront de pays tels que le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Nigéria, le Togo, la France et le Canada.
A en croire toujours, Gontran Jordy Mègnogbèto, le Festival entend produire 5 niveaux d’impact, que ce soit au niveau des organisateurs de l’événement, des institutions, en général, de la commune d’accueil, des professionnels artistes et artisans, et, enfin, des sponsors qui se seraient manifestés. Pour un événement qui s’illustrera dans des domaines aussi divers que la formation, le théâtre, le ballet, le folklore, la foire artisanale et vivrière, la musique et le tourisme, notamment, il ne reste qu’à son Comité d’organisation à relever le défi d’un déroulement exemplaire.   


Marcel Kpogodo

jeudi 23 juin 2016

’’Africa sound city’’ : la nouvelle programmation trimestrielle disponible

Selon une information apportée par Jah Baba, le promoteur de l’Espace


Depuis quelques jours est rendue publique la nouvelle programmation d’ ’’Africa sound city’’, le Centre culturel mis en place par l’artiste musicien béninois, Jah Baba. Elle s’étend de juillet à septembre 2016.

La programmation de juillet à septembre 2016 de l' ''Africa sound city''
18 concerts de musique, 5 spectacles de fou-rire, 1 master class, 1 spectacle de ’’création musicale’’, 1 concert de lancement d’album et, enfin, 1 concert surprise. La substance des 28 dates que propose un trimestre d’une bien consistante programmation, celle du Centre culturel ’’Africa sound city’’, situé dans la rue en face de la ''Pharmacie Kindonou'', et administré par l’artiste béninois de la musique, Jah Baba. Elle court du 2 juillet au 30 septembre 2016 et, ce sont des noms bien confirmés de la musique béninoise, qui se voient offrir l’occasion d’une production sur scène : Nel Oliver, Zeynab, Rico’s Campos, Richard Flash, Norberka, Don Métok, Kalamoulaye, Max Sèdégan, Wily Mignon et Johnny Sourou, notamment.Jo
Ainsi, plusieurs sous-secteurs se trouveront exploités, de la musique traditionnelle à celle moderne à l’état pur, d’une part, et de la musique moderne d’inspiration traditionnelle, d’autre part, sans oublier l’afro-jazz, l’afro-beat, le gospel, le slam et, entre autres, la musique urbaine.
Selon Jah Baba qui a bien voulu se confier à nous, seuls les spectacles de fin de semaine, sont payants, à destination d’un public, le plus large possible. « Ma programmation est adressée à tout le monde, en général, et aux mélomanes, en particulier », nous a-t-il confié ; c’est un moyen de vendre ma culture et de contribuer au développement de ma nation », s’est-il préoccupé de commenter. En outre, à la question de savoir si cette nouvelle programmation s’était trouvée circonstanciellement adaptée à des vacances scolaires dont le caractère nettement palpable ne fait plus l’ombre d’aucun doute, Jah Baba a confié s’être inscrit dans une logique de travail purement ordinaire : « Il s’agit d’une programmation normale d’ ’’Africa sound city’’, car on la fait toujours sur 3 mois », a-t-il précisé. Ainsi, son appel au public ne s’est pas fait attendre : « J’invite les Béninois à sortir tous et à montrer qu’ils aiment leur chose ».



Jah Baba, un engagement intrinsèque à l’utilité


Si depuis 8 mois, l’Espace culturel, ’’Africa sound city’’ a été créé et laisse se succéder sur sa scène des créateurs musiciens, notamment, cette initiative relève de deux fondements cardinaux. D’abord, à en croire son initiateur et son promoteur, Jah Baba, il fallait combler un vide existant concernant la mise à disposition des artistes béninois d’un cadre d’expression de leur talent. « J’avais un souci, en tant que musicien et en tant que patriote : quand le musicien béninois travaille, il n’y a nulle part où il peut s’exprimer », s’ouvrira-t-il.  
Jah Baba
Deuxièmement, dans une vision purement altruiste, il était question de faire profiter à ses compatriotes aussi des fruits financiers de ses concerts à travers le monde : « Quand je vais en tournée et que je trouve de l’argent, je me pose la question de savoir ce que je peux faire pour que je ne sois pas le seul à en bénéficier ; c’est suite à cela que j’ai décidé de monter un cadre de rencontres, d’expression et d’échanges entre les artistes de toutes les catégories, qui font du vrai et du bon ».
Voilà le résultat de la projection de Jah Baba, un esprit aussi bien généreux que sélectif : l’ ’’Africa sound city’’. Un bijou de cadre d’exposition du talent des artistes qui s’y produisent. Un espace qui construit, au jour le jour, inexorablement, résolument, son efficacité pragmatiquement artistique, sa pertinence d’ordre logistique, que les grands noms du pays, dans le secteur musical, honorent de leur passage, validant que les musiciens béninois n’auraient été mieux servis que par un des leurs, par un Jah Baba à l’esprit de lumière. Aucun doute alors que, chemin faisant, la crème de la musique sous-régionale et internationale se fera un chemin à l’ ’’Africa sound city’’, l’immortalisant, par conséquent, dans la sphère des facteurs ayant contribué à faire de la musique béninoise une musique toujours plus demandée, à travers le monde.


Marcel Kpogodo      

Le ’’Mercredi rouge des artistes’’ fait valoir 6 exigences

Dans le cadre d’un point de presse tenu le mercredi 22 juin


Le mouvement dénommé ’’Mercredi rouge des artistes’’ a organisé un point de presse au Centre culturel chinois de Cotonou, dans l’après-midi du mercredi 22 juin 2016, le but en étant de rendre publiques 6 principales exigences d’un type complètement nouveau. Elles sont liées à la lutte contre la piraterie.

De gauche à droite, Gratien Yaovi Tossou, Patrice Adandédjan et Anicet Adanzounon
La majoration des fonds alloués à la Commission nationale de lutte contre la piraterie (Cnlp), la mise en exploitation de cet argent en faveur de la structure concernée, la création de ’’cellules de base’’ de lutte contre la piraterie dans les Départements du Bénin, la mise en place d’une ’’police artistique et culturelle’’ aux fins de ce combat, la matérialisation par le Ministre de la Culture du protocole d’accord de prélèvement de taxes, au cordon douanier, sur tout support amovible entrant sur le territoire national et, enfin, la concrétisation du principe de la hausse par les entreprises de téléphonie mobile des redevances sur les œuvres musicales. Ce sont les 6 revendications qu’ont fait valoir les membres du mouvement ’’Mercredi rouge des artistes’’, ce mercredi 22 juin 2016, au Centre culturel chinois de Cotonou, au cours d’un point de presse auquel ils ont conviés les professionnels des médias. L'intervention ayant permis d'évoquer ces préoccupations se déroulait en présence d'un bon nombre d'artistes.
Le thème au centre de la présentation n’a pas manqué de surprendre plus d’un journaliste présent, au souvenir des deux précédentes tonitruantes sorties de ce Mouvement pour se faire entendre par le Ministre de la Culture, Ange N’Koué, sur la nécessité d’associer les artistes à la base au débat sur les réformes en cours dans le secteur des arts et de la culture. Mais, anticipant sur ce sentiment des professionnels des médias, Gratien Yaovi Tossou, alias Nana Yao, Secrétaire du ’’Mercredi rouge des artistes’’, et unique intervenant de ce point de presse, a, en introduction à son propos, situé les choses, manifestant l’ancrage de cette structure dans la revendication, pour de meilleures conditions de vie de travail des artistes, ce qui l’a amené à préciser que les sit-in, les marches et les points de presse constituent les outils dont l’organisation usera pour garantir la veille citoyenne. Selon lui, par ailleurs, le ’’Mercredi rouge des artistes’’ ne se substitue pas aux associations, aux fédérations ni aux confédérations liées à l’univers des artistes. En dehors de Nana Yao, d'autres personnalités du Mouvement étaient présents au podium : Patrice Adandédjan, son Coordonnateur, notamment.

Une vue du public d'artistes ayant pris part au point de presse
Devant un tel nouveau cahier de charges, il ne reste qu’aux membres du ’’Mercredi rouge des artistes’’ à s’armer d’endurance et de stratégies novatrices, vu que des figures de proue de la musique béninoise se sont déjà attaquées au phénomène de la piraterie, sans parvenir à son éradication.


Marcel Kpogodo         

mercredi 22 juin 2016

« […] on n’a aucun intérêt à rater ce rendez-vous unique de la poésie », dixit Jérôme Tossavi

Dans le cadre de l’organisation de l'édition 2016 de la ’’Nuit poétique’’


La ’’Nuit poétique’’, un événement annuel dédié à la poésie, s’est véritablement imposé, dès sa première édition, en 2015. Jérôme Tossavi, le jeune dramaturge et poète béninois, qui en est le concepteur, aborde la tenue de la 2è, dès juillet prochain, à travers cette interview qu’il a accepté de nous accorder.  

Jérôme Tossavi
Journal ''Le Mutateur'' : Bonjour Jérôme Tossavi. Vous êtes le Directeur du Festival, ’’Nuit poétique’’, prévu pour avoir lieu le 9 juillet prochain, à l’Institut français de Cotonou. Qu’avons-nous au menu des artistes poètes ?

Jérôme Tossavi : La ’’Nuit Poétique’’ est une nuit de grande révélation poétique qui donnera la parole aux artistes poètes de tous les cabanons. Nuit de grande fièvre poétique à nulle autre pareille, cette soirée offrira au public qui fera le déplacement un panel de menus faits de musique, de paroles chantées et portées au dos de la poésie d’engagement, qui sera à l’honneur. Ainsi dit, une quinzaine de poètes confirmés sont attendus sur la grande scène de la ’’Nuit’’, pour porter leur parole silencieuse, dans le creux de la fontaine nuptiale. A cette foire de la poésie sont attendus aussi des musiciens de renom pour tailler la pierre dans la verve poétique des poètes qui arpenteront la scène de la ’’Nuit Poétique’’. Cette soirée de performance poétique redorera ses lettres de noblesse à l’événement, à travers le grand spectacle vivant autour des corps-poèmes concoctés, depuis la première génération de poètes jusqu’à la dernière, dans notre pays. Ce spectacle, d’une durée de 20 minutes, nous fera voyager dans la prairie de la poésie béninoise, engagée depuis Paulin Joachim (le père-ancêtre de la poésie d’ici) jusqu’à Daté Atavito Barnabé-Akayi, en passant par les grandes voix telles que Kakpo Mahougnon, Jean-Marc-Aurèle Afoutou, Fernando d’Almeida, Louis-Mesmin Glèlè, pour ne citer que celles-là. La scène sera ensuite ouverte aux poètes confirmés qui passeront, à tour de rôle, dans la fontaine de la ’’Nuit’’, pour déclamer leurs propres textes, sur des notes musicales assurées par le plus grand flûtiste au Bénin, Meschac Adjaho, en compagnie de sa bande. En somme, on n’a aucun intérêt à rater ce rendez-vous unique de la poésie, vu le plat de résistance qui y sera servi.



Quels éléments d’originalité voyez-vous par rapport à la 1ère édition de la manifestation qui a eu lieu en 2015 ?

Déjà, cette deuxième édition gagne en beauté et en originalité par rapport à la première édition qui n’était qu’une édition-test, pour jauger la sensibilité poétique du peuple béninois. Fort heureusement, le public a répondu très favorablement à cet appel et a même émis le vœu que ce rendez-vous soit trimestriel. La première marque d’originalité, pour cette deuxième édition, repose sur l’aspect théâtral de la soirée dont la direction artistique est confiée au metteur en scène professionnel, Patrice Toton, qui proposera des plans de scènes, aussi bien pour la troupe de comédiens qui jouera les morceaux choisis, que pour les poètes qui porteront eux-mêmes leurs poèmes. La deuxième marque d’originalité de la soirée repose sur la forte participation de poètes d’horizons. Une forte participation qui a découlé de l’appel à textes lancé par nos soins pour recueillir des poèmes et des poètes pour la ’’Nuit’’. Nous sommes étonnés de la forte masse de textes poétiques que les poètes du monde entier nous envoient et des demandes des poètes à participer à cette ’’Nuit’’ de tous les rêves. A ce jour, la France, le Sénégal, le Togo, le Cameroun et même la Chine frappent à notre porte pour ne pas rater ce rendez-vous, ce qui nous donne l’élan de ne jamais abandonner ce projet qui prend l’allure d’un grand festival international.  La troisième et dernière marque d’originalité de cette édition est l’aspect thématique imprimé à toute la soirée. En effet, cette édition est placée sous le signe de la Poésie et de l’engagement. Tous les textes qui seront lus, chantés, déclamés au cours de la soirée tourneront autour de ce thème unique. Les poètes invités y travaillent fortement, pour ne pas quitter cette gamme exigée par le Festival.



Comment vous battez-vous pour le financement de l’événement?

Un événement de cette envergure a besoin forcement d’un gros budget pour sa parfaite réussite. Mais, le pays étant ce qu’il est, nous n’avons pas pu totaliser de grands moyens pour porter ce rêve. Nous nous sommes battus pour attirer le regard de l’exécutif vers ce projet salvateur à travers le Fonds d’aide à la culture qui nous a alloué une cagnotte minimale pour la réalisation de ce projet qui nécessite néanmoins un budget conséquent. Nous remercions nos partenaires, l’Institut Français du Bénin, qui a accepté de mettre son cadre à notre disposition pour abriter la ‘’Nuit’’, l’Association Katoulati, pour l’accompagnement artistique, les poètes de tous les cabanons, pour l’acceptation d’exploitation de leurs œuvres, à des fins de promotion. 

L'affiche de l'événement
Selon vous, comment se porte la poésie béninoise, à l’heure actuelle ?

La poésie béninoise s’essouffle en dépit des talents fertiles qui pointent à l’horizon. Le pays compte beaucoup de jeunes poètes de forte fièvre poétique mais qui abandonnent le combat d’édition de recueils trop sportifs. Aucun éditeur n’est prêt à mettre de l’argent dans ce projet audacieux qui n’est aucunement rentable. Des recueils de poèmes de grande défaillance naissent rarement à compte d’auteurs pour enterrer la poésie. Une fois que ces recueils sont publiés, il n’y a pas de canaux de diffusion et de promotion, si bien que le poète se déguise en vendeur ambulant de sa poésie qui n’intéresse personne, car, il faut l’avouer, la poésie est d’ailleurs une affaire personnelle et est vite taxée d’hermétique par la masse laborieuse qui lit tout sauf ce genre littéraire. Cet essoufflement est dû, à notre avis, au manque criard d’événements et de canaux devant assurer sa vulgarisation. La fibre poétique déserte le forum au grand désarroi du slam, mal défriché par la plupart des jeunes qui s’y adonnent. Preuve palpable de l’échec de notre système scolaire qui ne donne plus le goût de la poésie aux apprenants, à travers ces séances de récitation poétique qui égayaient les cœurs et suscitaient des vocations, dans un passé récent.



En matière de poésie au Bénin, quels sont vos faits d’armes ?

Je travaille à redonner à la poésie béninoise toutes ses lettres de noblesse. Je sais que j’y parviendrai après de lourds moments de sacrifices et de critiques, vu que les voix ne sont jamais unanimes lorsqu’il s’agit de discuter de la littérature, dans notre pays. ’’La Nuit poétique’’ que j’organise, par le biais de l’Association dont j’assure la direction, ’’Mignon-Tourbillon’’, répond à ce vœu de redimensionner la poésie d’ici et d’ailleurs sur les rails de la grande émotion et de la grande passion. Mon  rêve, en initiant ce projet, c’est de faire du Bénin la capitale de la poésie mondiale. Et, à cette deuxième édition, je suis pleinement satisfait de mes objectifs, vu la forte pression des demandes de participation qui fusent de toutes parts. 



Un appel au public ?

Nous invitons toutes les bonnes volontés à soutenir l’événement ’’Nuit Poétique’’, qui est un patrimoine national, au même titre que le Fitheb (Festival international de théâtre du Bénin, Ndlr) et d’autres événements qui repositionnent le Bénin sur l’échiquier mondial. J’invite le public à ne pas manquer le rendez-vous du 09 juillet 2016 qui fera de la ’’Nuit’’, la soirée de tous les rêves.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo