Selon Guy-Ernest Kaho,
Directeur artistique de l’événement
La ’’Nuit poétique’’,
dans son édition 2017, aura bel et bien lieu, le vendredi 31 mars prochain, dès
19 heures, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, ce que
confirme Guy-Ernest Kaho, Directeur artistique de la manifestation culturelle
inédite, à travers cette interview qu'il a bien voulu nous accorder. En outre, il annonce l'une des attractions, pour cette année : une
performance de sculpture vivante de Laudamus Sègbo.
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Guy-Ernest Kaho, Directeur artistique de la ''Nuit poétique'' 2017 |
Journal
’’Le Mutateur’’ :
Bonjour Guy-Ernest Kaho. Vous êtes un
monument du monde du théâtre au Bénin. Vous êtes reconnu comme un comédien de
talent, comme un conteur de haut niveau. Si vous le permettez, que venez-vous
faire dans la 3ème édition de la ’’Nuit poétique’’, qui se déroulera
le 31 mars prochain ?
Guy-Ernest
Kaho :
Dans le cadre de cette ’’Nuit poétique’’, j’ai le plaisir de travailler avec
quelques musiciens, des hommes qui ont le plaisir de dire des textes et qui ont
aussi le plaisir de les partager avec le public. Donc, musiciens et diseurs de
textes vont s’exprimer, pour un moment de poésie, à l’Institut français de
Cotonou. Je suis chargé de la Direction artistique de cette activité-là.
Cela
suppose quoi, la Direction artistique ? Quelles seront vos activités, en
tant que Directeur artistique de la ’’Nuit poétique’’, dans son édition 2017 ?
Ce que j’ai à faire, et
que nous avons commencé, depuis quelques semaines, c’est déjà de mettre
ensemble des textes, de les distribuer, et puis de leur donner vie, dans l’espace.
La ’’Nuit poétique’’ est un récital de poésie ; un récital de poésie, c’est
le poème et le public. Donc, c’est celui dit le poème et celui qui écoute le
poème. Je crois que René Domal qui a bien défini cette affaire : il dit qu’un
poème, c’est comme la mère et son enfant ; il y a celui qui dit le poème
et celui qui doit l’écouter. Cela va être un moment simple, mais agréable, j’espère
… Donc, mon travail, c’était de réunir les textes, de les harmoniser, de les distribuer
et de leur donner vie dans l’espace. Moi aussi, je vais faire partie de ceux
qui vont dire ces textes.
Le public aura la chance de
se délecter de votre diction que tout le monde reconnaît comme parfaite, quand
vous êtes dans le jeu théâtral …
Oh, il ne faut pas
exagérer … C’est vrai que j’aime les textes et, quand on a de la chance que des
auteurs bien inspirés savent en écrire, quoi de plus beau ! C’est de la
nourriture pour nous autres … Donc, j’aurai l’occasion de dire quelques textes,
avec mes collègues et confrères aussi. Cela va être un travail d’ensemble, un
travail d’équipe.
Et, la particularité de
ce travail, c’est qu’on a un de nos grands plasticiens, Laudamus Sègbo, qui est
en train de créer le récital avec la couleur, avec le corps, avec son art qu’il
sait très bien exprimer, à travers des modèles qu’il est capable de proposer au
public. Donc, il y a la musique, les voix et puis le corps auquel on donne les
couleurs qu’on veut, pour exprimer une façon de dire autrement le texte, que
par la voix.
A
part l’art Laudamus Sègbo qui va, cette fois-ci, intervenir dans le récital de
poésie, quels sont les autres éléments spécifiques qui permettront de faire la
différence d’avec l’édition de de la ’’Nuit
poétique’’ de l’année dernière ?
C’est vrai qu’un
récital de poésie n’est pas comme un concert de musique. Mais, il est prévu une
sorte de première partie où nous avons la chance d’avoir des auteurs vivants et
qui ont bien envie de participer à l’événement avec nous. Donc, ces auteurs-là
vont commencer avec leur texte, ils sont déjà prêts à le faire. Cela va servir
de première partie.
La deuxième, c’est ce récital ;
nous aurons différents poèmes, de différents auteurs, de différents pays
africains, mais mis ensemble comme si c’était un seul poème. C’est l’autre
particularité, bien entendu, accompagnée, assaisonnée musicalement, pour nous
permettre de profiter de ce que la parole poétique peut êtrte une nourriture
spirituelle aussi.
Et, ce dont j’ai parlé
précédemment : Laudamus Sègbo qui va apporter touche particulière ;
nous avons voulu amener la poésie jusque-là parce que nous espérons cela va
donner l’occasion au public de voir quelque de différent, qui va lui plaire,
certainement.
On a aussi une auteure
franco-canadienne, Claudine Bertrand, qui participera aussi à cette ’’Nuit
poétique’’ ; c’est une autre des spécificités de l’édition de cette année.
Elle nous vient de très loin, elle écrit, et puis elle dit aussi. Elle aussi
dira des poèmes.
Statiquement
parlant, combien de personnes, d’artistes seront mobilisés, tous domaines
confondus, pour participer à ce grand rendez-vous de la poésie ?
Concernant la
confirmation et la disponibilité entière des poètes, par exemple, des auteurs,
j’ai une liste ; ce sera la dizaine, au maximum. Après, nous allons
ajouter Claudine Bertrand, en plus de deux musiciens, Meschac Adjaho et
Bonaventure Didolanvi, nous aurons Sergent Markus, puis Evelyne et Philippe qui
font partie de l’équipe de Laudamus, plasticien et grand décorateur. A part
eux, je vais m’ajouter à ce lot.
Nous invitons aussi
Gratien Ahouanmènou et Didier Samson …
Didier
Samson, l’ancien journaliste de Rfi …
Oui, nous l’associons à
l’événement, parce que c’est, pour ce que je sais, avec mon équipe, nous en
avons parlé, c’est un homme de culture, d’expérience ; il sera de la
partie, aussi.
Ernest
Kaho, une question hors sujet, une question-surprise : vous, que
devenez-vous, en tant que comédien ? Aujourd’hui, combien d’années de
carrière avec-vous ? Combien de pièces jouées sont à votre actif ?
J’avoue que je n’ai pas
mon Cv rédigé, là, tout de suite, mais je peux dire que cela fait quelques
petites années. Quand je dis aux gens que je suis timide ou qu’il y a des
choses que je ne sais pas dire … Je préfère continuer de faire et d’apprendre à
bien faire.
Donc, c’est vrai, j’ai
commencé à faire du théâtre, cela fait quelques années ; je suis toujours
celui que je suis, je suis toujours là …La difficulté, à ce moment-là, c’est
que ce sont les autres qui vous voient et qui savent ce que vous êtes … En même
temps, je suis toujours là, je continue de faire ce que j’ai fait, c’est-à-dire
faire du théâtre, je construis, je continue toujours de construire
petit-à-petit, de pouvoir faire le chemin … C’est ce que je peux répondre à
cette question-surprise …
Quel
appel avez-vous à lancer aux Béninois et qui devrait les amener à être là, le
vendredi 31 mars prochain ?
C’est peut-être que je
dise un extrait d’un texte qu’ils vont entendre, cette soirée-là. Mais, déjà,
avant d’en venir au texte, je voudrais les inviter en leur disant de venir
découvrir, de venir pour voir ; ça va les changer, le moment de cet
échange, le vendredi 31 mars, à partir de 19 heures, au Théâtre de verdure de l’Institut
français de Cotonou. Cela va être un moment agréable ! C’est quand ils
seront là qu’ils vont voir et apprécier ; ce qui est sûr, c’est que nous
travaillons à ce que ce soit une soirée agréable et puis, ils viendront pour
écouter des textes, certainement qu’il y en aura qu’ils reconnaîtront
peut-être, d’autres qu’ils vont découvrir. Ce sera une façon d’accompagner la
poésie qu’ils vont voir, parce que les musiciens seront là, et puis, ils
verront comment on peut lier le poème à la musique, et à un corps qu’on peint,
comment ça peut se faire, de façon simple.
Je leur demande d’être
curieux et de se déplacer nombreux ; il y aura de la place pour tout le
monde. Je me répète ; c’est au Théâtre de verdure de l’Institut français
de Cotonou. Donc, il y a de la place pour tout le monde, l’entrée est libre et
gratuite ; ils auront aussi la possibilité de rencontrer, en direct, des
poètes béninois, on n’en croise pas à tous les coins de rue. Peut-être qu’ils
connaissent des textes, qu’ils disent des textes d’auteurs béninois qu’ils n’ont
jamais vus. Ce sera l’occasion, certainement, de les rencontrer. Je crois que c’est
ce petit pot-là, ce petit bouquet que je voudrais proposer, et pour lequel j’invite
les Béninois, les amoureux de poèmes et de musique à se déplacer. Cela va être
un moment agréable.
J’avais promis un petit
texte :
« En ce temps-là
Le temps était l’ombrelle
d’une femme très belle
Au corps de maïs, aux
cheveux de déluge
En ce temps-là
La terre était
insermentée
En ce temps-là
Le cœur du soleil n’explosait
pas
En ce temps-là
Les rivières se
parfumaient incandescentes
En ce temps-là
L’amitié était un gage
En ce temps-là
La chimère n’était pas
clandestine
Alors vint un homme
Qui jetait comme cauris
ses couleurs
Alors vint un homme
Dont la défense lisse
était un masque goli et le verbe un poignard acéré
Alors un homme vint
Qui se levait contre la
nuit du temps
Un homme stylé un homme
scalpel
Un homme qui opérait
des taies
C’était un homme qui s’était
longtemps tenu entre l’hyène et le vautour
Au pied d’un baobab un
homme vint
Un homme vent un homme ventail
un homme portail
Le temps n’était pas un
gringo gringalet
Je veux dire un homme rabordaille
Un homme vint
Un homme »
Ce texte est de l’illustre,
de l’éternel Aimé Césaire.
Propos
recueillis par Marcel Kpogodo