Dans
le cadre de l’organisation de l'édition 2016 de la ’’Nuit poétique’’
La
’’Nuit poétique’’, un événement annuel dédié à la poésie, s’est véritablement
imposé, dès sa première édition, en 2015. Jérôme Tossavi, le jeune dramaturge
et poète béninois, qui en est le concepteur, aborde la tenue de la 2è, dès
juillet prochain, à travers cette interview qu’il a accepté de nous accorder.
Jérôme Tossavi |
Journal ''Le Mutateur'' : Bonjour
Jérôme Tossavi. Vous êtes le Directeur du Festival, ’’Nuit poétique’’, prévu
pour avoir lieu le 9 juillet prochain, à l’Institut français de Cotonou.
Qu’avons-nous au menu des artistes poètes ?
Jérôme Tossavi : La ’’Nuit Poétique’’
est une nuit de grande révélation poétique qui donnera la parole aux artistes
poètes de tous les cabanons. Nuit de grande fièvre poétique à nulle autre
pareille, cette soirée offrira au public qui fera le déplacement un panel de
menus faits de musique, de paroles chantées et portées au dos de la poésie
d’engagement, qui sera à l’honneur. Ainsi dit, une quinzaine de poètes
confirmés sont attendus sur la grande scène de la ’’Nuit’’, pour porter leur
parole silencieuse, dans le creux de la fontaine nuptiale. A cette foire de la
poésie sont attendus aussi des musiciens de renom pour tailler la pierre dans
la verve poétique des poètes qui arpenteront la scène de la ’’Nuit Poétique’’.
Cette soirée de performance poétique redorera ses lettres de noblesse à l’événement,
à travers le grand spectacle vivant autour des corps-poèmes concoctés, depuis
la première génération de poètes jusqu’à la dernière, dans notre pays. Ce
spectacle, d’une durée de 20 minutes, nous fera voyager dans la prairie de la
poésie béninoise, engagée depuis Paulin Joachim (le père-ancêtre de la poésie
d’ici) jusqu’à Daté Atavito Barnabé-Akayi, en passant par les grandes voix
telles que Kakpo Mahougnon, Jean-Marc-Aurèle Afoutou, Fernando d’Almeida,
Louis-Mesmin Glèlè, pour ne citer que celles-là. La scène sera ensuite ouverte
aux poètes confirmés qui passeront, à tour de rôle, dans la fontaine de la ’’Nuit’’,
pour déclamer leurs propres textes, sur des notes musicales assurées par le
plus grand flûtiste au Bénin, Mes chac Adjaho, en compagnie de sa bande. En
somme, on n’a aucun intérêt à rater ce rendez-vous unique de la poésie, vu le
plat de résistance qui y sera servi.
Quels
éléments d’originalité voyez-vous par rapport à la 1ère édition de la
manifestation qui a eu lieu en 2015 ?
Déjà, cette deuxième
édition gagne en beauté et en originalité par rapport à la première édition qui
n’était qu’une édition-test, pour jauger la sensibilité poétique du peuple
béninois. Fort heureusement, le public a répondu très favorablement à cet appel
et a même émis le vœu que ce rendez-vous soit trimestriel. La première marque
d’originalité, pour cette deuxième édition, repose sur l’aspect théâtral de la
soirée dont la direction artistique est confiée au metteur en scène
professionnel, Patrice Toton, qui proposera des plans de scènes, aussi bien
pour la troupe de comédiens qui jouera les morceaux choisis, que pour les
poètes qui porteront eux-mêmes leurs poèmes. La deuxième marque d’originalité
de la soirée repose sur la forte participation de poètes d’horizons. Une forte
participation qui a découlé de l’appel à textes lancé par nos soins pour
recueillir des poèmes et des poètes pour la ’’Nuit’’. Nous sommes étonnés de la
forte masse de textes poétiques que les poètes du monde entier nous envoient et
des demandes des poètes à participer à cette ’’Nuit’’ de tous les rêves. A ce
jour, la France, le Sénégal, le Togo, le Cameroun et même la Chine frappent à
notre porte pour ne pas rater ce rendez-vous, ce qui nous donne l’élan de ne
jamais abandonner ce projet qui prend l’allure d’un grand festival
international. La troisième et dernière
marque d’originalité de cette édition est l’aspect thématique imprimé à toute
la soirée. En effet, cette édition est placée sous le signe de la Poésie et de
l’engagement. Tous les textes qui seront lus, chantés, déclamés au cours de la
soirée tourneront autour de ce thème unique. Les poètes invités y travaillent
fortement, pour ne pas quitter cette gamme exigée par le Festival.
Comment
vous battez-vous pour le financement de l’événement?
Un événement de cette
envergure a besoin forcement d’un gros budget pour sa parfaite réussite. Mais,
le pays étant ce qu’il est, nous n’avons pas pu totaliser de grands moyens pour
porter ce rêve. Nous nous sommes battus pour attirer le regard de l’exécutif
vers ce projet salvateur à travers le Fonds d’aide à la culture qui nous a
alloué une cagnotte minimale pour la réalisation de ce projet qui nécessite
néanmoins un budget conséquent. Nous remercions nos partenaires, l’Institut
Français du Bénin, qui a accepté de mettre son cadre à notre disposition pour
abriter la ‘’Nuit’’, l’Association Katoulati, pour l’accompagnement artistique,
les poètes de tous les cabanons, pour l’acceptation d’exploitation de leurs
œuvres, à des fins de promotion.
L'affiche de l'événement |
Selon
vous, comment se porte la poésie béninoise, à l’heure actuelle ?
La poésie béninoise
s’essouffle en dépit des talents fertiles qui pointent à l’horizon. Le pays
compte beaucoup de jeunes poètes de forte fièvre poétique mais qui abandonnent
le combat d’édition de recueils trop sportifs. Aucun éditeur n’est prêt à
mettre de l’argent dans ce projet audacieux qui n’est aucunement rentable. Des
recueils de poèmes de grande défaillance naissent rarement à compte d’auteurs
pour enterrer la poésie. Une fois que ces recueils sont publiés, il n’y a pas
de canaux de diffusion et de promotion, si bien que le poète se déguise en
vendeur ambulant de sa poésie qui n’intéresse personne, car, il faut l’avouer,
la poésie est d’ailleurs une affaire personnelle et est vite taxée d’hermétique
par la masse laborieuse qui lit tout sauf ce genre littéraire. Cet
essoufflement est dû, à notre avis, au manque criard d’événements et de canaux
devant assurer sa vulgarisation. La fibre poétique déserte le forum au grand
désarroi du slam, mal défriché par la plupart des jeunes qui s’y adonnent.
Preuve palpable de l’échec de notre système scolaire qui ne donne plus le goût
de la poésie aux apprenants, à travers ces séances de récitation poétique qui
égayaient les cœurs et suscitaient des vocations, dans un passé récent.
En
matière de poésie au Bénin, quels sont vos faits d’armes ?
Je travaille à redonner
à la poésie béninoise toutes ses lettres de noblesse. Je sais que j’y
parviendrai après de lourds moments de sacrifices et de critiques, vu que les
voix ne sont jamais unanimes lorsqu’il s’agit de discuter de la littérature,
dans notre pays. ’’La Nuit poétique’’ que j’organise, par le biais de l’Association
dont j’assure la direction, ’’Mignon-Tourbillon’’, répond à ce vœu de
redimensionner la poésie d’ici et d’ailleurs sur les rails de la grande émotion
et de la grande passion. Mon rêve, en
initiant ce projet, c’est de faire du Bénin la capitale de la poésie mondiale.
Et, à cette deuxième édition, je suis pleinement satisfait de mes objectifs, vu
la forte pression des demandes de participation qui fusent de toutes parts.
Un
appel au public ?
Nous invitons toutes
les bonnes volontés à soutenir l’événement ’’Nuit Poétique’’, qui est un
patrimoine national, au même titre que le Fitheb (Festival international de
théâtre du Bénin, Ndlr) et d’autres événements qui repositionnent le Bénin sur
l’échiquier mondial. J’invite le public à ne pas manquer le rendez-vous du 09
juillet 2016 qui fera de la ’’Nuit’’, la soirée de tous les rêves.
Propos recueillis par Marcel Kpogodo