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samedi 25 mai 2024

« De nos jours, la bonne musique [...] est mal vue », affirme Nana Yao

Dans le cadre d'une interview accordée à "Stars du Bénin"


Nana Yao est un artiste musicien et un technicien du secteur cinématographique. Il a suscité, le 7 mai 2024, une grande curiosité. Jah Baba, fondateur et directeur de l' "Africa sound city", en était à l'origine. Il avait publié de lui, sur les réseaux sociaux, un extrait de prestation scénique. Elle concernait le morceau, "Minmasi". Notre rédaction, frappée par la force suggestive de sa voix, l'a rencontré. Nana Yao nous en dit beaucoup, sur cette voix, sur son parcours ... L'essentiel, sur ses besoins, pour son épanouissement, dans le Bénin musical ...


Nana Yao, ''Africa sound city'' - Crédit photo : Jah Baba


Stars du Bénin : Bonjour, Nana Yao. Tu es un artiste musicien de nationalité béninoise. A l'état-civil, tu t'appelles Yaovi Gratien Tossou. 

A la faveur d'une courte vidéo d'une minute sept secondes, qu'a publiée, sur divers réseaux sociaux, le 7 mai 2024, Jah Baba, fondateur et directeur de l'espace culturel, "Africa sound city", du quartier de Kindonou, à Cotonou, au Bénin, les mélomanes te découvraient exécutant l'extrait de la chanson, "Minmasi", en langue béninoise du pédah, dans un rythme d' "afro-blues" captivant, langoureux, comme plaintif, et empreint d'un ressort de jazz digne d'une haute performance musicale. 

Peux-tu nous parler de cette chanson, "Minmasi", par rapport au message que tu y développes ?


Nana Yao : Cette chanson, ’’Minmasi’’, qui signifie ’’Manque de respect’’, je l'ai pensée et écrite, de façon émotive, dans un premier temps, pour honorer une langue béninoise, le ’’pédah’’, dans laquelle j’ai passé une bonne partie de ma vie. Elle n’est pas ma langue maternelle mais celle adoptive au milieu de laquelle j’ai grandi. Elle est celle que parlait et que m’a transmis mon père adoptif, la mari de ma mère. Il est de l’ethnie du même nom, le ’’pédah’’, et est originaire d'Akodéha, dans le département du Mono.

Dans un second temps, la chanson ’’Minmasi’’ me sert à me faire plaisir et à témoigner ma reconnaissance à mes parents-tuteurs, c’est-à-dire ma mère et mon père adoptif, son mari.

Concernant la chanson, elle parle, en fait, du manque de respect des enfants, de nos jours ; ils n'ont pas la culture de la crainte de leurs aîné(e)s, en recopiant l’Occident, ce qui est de la faute des parents que nous sommes, aujourd'hui.


D'où te vient cette voix fine, mélodieuse et expressive d'une certaine mélancolie ?


Ma voix est le résultat de toute une vie de travail musical, empreinte d'exercices dans ce sens. Il s'agit des exercices vocaux que je fais. Malgré cela, je ne manque pas les séances de coaching vocal quand j'en ai l’occasion. Il faut aussi noter que j'ai la grâce de Dieu, en matière de voix, mais cela ne m'empêche pas d'y travailler.


En tant que musicien originaire du Bénin, vivant et travaillant dans ce pays, quel genre d'artiste es-tu : joues-tu d'instruments de musique ou chantes-tu uniquement ? As-tu un rythme particulier que tu pratiques ? Combien d'albums as-tu à ton actif ? Pourquoi le pseudonyme, "Nana Yao" ? Quelle en est la signification ? 


Je suis un artiste du genre classique qui travaille beaucoup sur les mélodies et sur les textes afin de marquer positivement mes auditeurs. Je suis un touche-à-tout mais, de façon prioritaire, je m'accroche beaucoup plus à ma voix même si elle ne me convainc pas encore moi-même, d'où le travail continue.

Concernant un rythme particulier, j’en pratique un qui n'a véritablement pas de nom. A part la musique de recherches que je produis, je suis beaucoup plus dans les styles ’’afro’’ comme le jazz, le blues, le beats, entre autres. Je m'entretiens aussi par les rythmes du Bénin et à travers ceux du Nigéria, du Ghana et même des Etats-Unis. Nous avons, par exemple, l’ ’’agbadja’’, le ’’zinli’’, le ’’gbété’’, le ’’tèkè’’, le ’’juju’’ et l’ ’’élézo’’. 

En matière d’album, j’en ai sorti un seul, en 2013, grâce aux économies que j’ai réalisées en travaillant dans le cinéma . Il porte 10 titres et est intitulé ’’Déka’’, ce qui veut dire, tout simplement, ’’Un’’. Il n'y a pas eu un autre album parce qu’aujourd'hui, je ne suis plus en mesure d’en produire un, comme ce fut le cas du premier. Depuis quelques années, le cinéma est mort au Bénin ; le marché est gâté. En réalité, il n'y a plus de productions. 

Au niveau de ma carrière musicale, je manque d’un producteur, d’un promoteur, d’un manager et d’un communicateur. Je n’ai plus les moyens financiers pour assurer ces domaines. 

Dans mon nom d’artiste, ’’Nana’’ signifie le roi, le prince, dans la culture ghanéenne d'où est originaire ma chère mère. ’’Yao’’ est la réduction de mon prénom authentiquement béninois, ’’Yaovi’’, qui veut dire “Né le jeudi’’, dans la langue du ’’guin", c'est-à-dire le "mina’’. Donc, ’’Nana Yao’’ veut dire le ’’Prince Yao’’.


Es-tu uniquement artiste musicien ou pratiques-tu un autre métier, parallèlement, pour faire face à tes charges ?


J’interviens aussi dans le cinéma, en tant que réalisateur, cadreur, monteur vidéo et infographe. Je suis promoteur d'une entreprise.


Quel est ton parcours ? Comment es-tu devenu un artiste musicien ? Comment as-tu évolué, de tes débuts jusqu'à aujourd'hui ?


Plongé dans la musique, dès mon jeune âge, à la faveur des spectacles de masque, communément appelés ’’Kaléta’’, que  j'organisais, j'ai pris goût à la musique dont je tâtais déjà le pouls avant d'entrer au secondaire où j'ai intégré des groupes de chorégraphie et où j’ai participé à plusieurs concours inter-collèges. 

J'ai remporté plusieurs victoires et raflé des trophées, en danse et en interprétation, dans les rythmes, hip-hop, r’n’b et rumba. Du groupe de danse, "Well bred boys", j'ai fait le groupe de r’n’b, ’’Aïvo’’, et, ensuite, le groupe de rap, ’’Christ brothers’’, ce qui s'est sanctionné par la sortie d'un album, en septembre 2000. 

Tel un fouineur, mon désir d’apprendre, d’expérimenter des choses nouvelles et intéressantes m'a amené, dans la même année, à opter pour une formation en technique de son, en réalisation de cinéma, en montage et en infographie. 

J'ai commencé, de façon professionnelle, dans les années 1990 quand je faisais cet apprentissage en techniques de son, dans un studio. Six ans après cette formation,  je suis devenu un professionnel et ai signé plus de 45 films post-produits et, quelques-uns, réalisés. 

J’en ai acquis une certaine réputation dans la sous-région. Alors, pour l’amour du cinéma, j'ai parcouru plusieurs pays d'Afrique dont le Burkina Faso, le Ghana et le Togo. 

Ma rémunération, issue du cinéma, est la seule ressource des revenus qui m'ont permis de financer ma musique. Mon album de 10 titres, accepté par le public, a été enregistré, en live, par les meilleurs musiciens du Bénin, dans le prestigieux studio de John Arcadius. Avec 6 vidéo-clips et plusieurs spectacles, à mon actif, je ne compte pas baisser les bras. 

Je passe le clair de mon temps à faire des exercices de voix et à me produire régulièrement en live aux côtés de plusieurs artistes de renommée internationale et de professionnels de la musique.

Pour l'heure, je me consacre entièrement à la musique. Je pourrai revenir au 7ème art à tout moment, étant donné qu'entre la musique et le cinéma, il n'y a qu'un pas.


La musique béninoise et son état actuel ... Qu'en penses-tu ?


La musique béninoise, elle-même, dans son originalité, se porte à merveille mais elle souffre de sa promotion. De nos jours, la bonne musique, dans le style acoustique et professionnel, est mal vue par les promoteurs qui ne font que faire valoir les musiques urbaines et l'amateurisme. Si cela continue ainsi, le Bénin n'aura plus d'ambassadeurs culturels fiers du pays.


As-tu un album en vue ? Quels sont tes autres projets ?


Oui, j'ai un album, en préparation, qui portera, d'ailleurs, le titre, "Minmasi", et aura plusieurs autres chansons. Il paraîtra l’année prochaine si tout va bien.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

vendredi 1 juillet 2016

Les réseaux Gsm dans le collimateur du ’’Mercredi rouge des artistes’’

Au cours d’une nouvelle manifestation de ce Mouvement


Le mercredi 29 juin 2016 s’est tenu un point de presse à l’initiative du Mouvement, ’’Mercredi rouge des artistes’’. L’événement se produisait à la salle de conférences du Bureau béninois des droits d’auteur et des droits voisins (Bubédra), sis quartier Vodjè à Cotonou. Etait à l’ordre du jour une certaine « escroquerie » dont les artistes béninois seraient victimes de la part des réseaux de téléphonie mobile.
Au centre, Patrice Adandédjan, au cours de son intervention
« Aujourd’hui, nous savons tous que les réseaux Gsm au Bénin ont des millions d’abonnés, et quand nous constatons, par un simple calcul, que ces réseaux nous grugent et nous escroquent en versant une somme minable de cinq millions (5.000.000 F) de Francs Cfa par an, sur des milliards que leur procurent les œuvres des artistes béninois, ça fait révolter ». Un extrait assez éloquent des accusations du ’’Mercredi rouge des artistes’’, à l’endroit des réseaux Gsm, le mercredi 29 juin, au cours du point de presse que ce Mouvement a animé, à la salle de conférence du Bureau béninois des droits d’auteur et des droits voisins (Bubédra), devant un nombre impressionnant de membres de cette organisation. Restant fidèle à cette ligne dénonciatrice, Patrice Adandédjan, Coordonnateur du ’’Mercredi rouge des artistes’’, assurant la parole au nom des membres du Mouvement, n’a pas manqué de continuer dans ses estimations : « Si, sur 3 millions d’abonnés, seulement 1 million d’abonnés téléchargeaient une seule chanson par an, nous avons un chiffre d’affaires, pour un seul morceau, d’un seul artiste, de 200 F x 1.000.000 d’abonnés, ce qui donne simplement une somme de 200.000.000 F Cfa, en un mois, et fait un total de 2 milliards 400 millions de nos francs, pour une année et, ceci va d’un réseau Gsm à un autre ». « Imaginez donc le nombre de morceaux que les consommateurs ont téléchargé et continuent, pour en faire leur sonnerie. Et ça, ce n’est qu’un simple calcul pour un seul morceau téléchargé par an, que vous venez d’entendre. Nous vous laissons faire votre propre calcul et vous laissons observer la vaste escroquerie dont font preuve ces réseaux Gsm », a ardemment continué l’orateur.

Les artistes ont fait un grand déplacement ...
Devant une telle situation, Patrice Adandédjan a adressé, avec une véhémence bien circonstancielle, une grosse mise en garde aux responsables de ces réseaux de téléphonie mobile, à qui il a réitéré l’accusation de faire un « usage abusif et anarchique » des œuvres des artistes, sans une « contrepartie équivalente et proportionnelle à leur exploitation ». Puis, il les a appelés à « revoir leur copie ».
En outre, le Coordonnateur Patrice Adandédjan a considéré le point de presse de ce 29 juin 2016 comme le moyen officiel pour le ’’Mercredi rouge des artistes’’ de porter à la connaissance du Chef de l’Etat, Patrice Talon, et du peuple béninois le problème de ce traitement économique fait par les opérateurs Gsm aux artistes, « afin que tous sachent que le non épanouissement des artistes béninois vient en partie de ces réseaux Gsm qui les exploitent et les grugent ».

... Occupant les moindres compartiments disponibles
Conséquence de cette évocation : l’invitation du Mouvement à tous les artistes béninois de toutes les catégories « à se tenir prêts pour toutes les actions publiques qu’il entend mener, dans les prochains jours, afin que cesse l’escroquerie abusive et destructrice des réseaux Gsm au Bénin ».
En marge de la nouvelle colossale dénonciation, Patrice Adandédjan, au nom des membres du Mouvement, portait un autre grief non moins épais contre les réseaux Gsm ; à cet effet, il n’a pas fait usage d’une langue de bois : « Comment peut-on comprendre que, dans un pays où ce sont les Béninois qui payent les recharges et enrichissent les réseaux Gsm, et quand il s’agit d’organiser des manifestations publiques, dans le cadre de la promotion de leurs produits et l’impression de leurs cartes de recharge, c’est surtout et, en grande partie, des artistes étrangers qui sont privilégiés et mieux traités ? ». « C’est inconcevable ! C’est inadmissible ! », s’est révolté le Coordonnateur, closant définitivement son propos sur les réseaux Gsm, entouré qu’il était de toute son équipe de travail, notamment, Ibrahim Padonou, le Coordonnateur adjoint du Mouvement, Yaovi Tossou, alias Nana Yao, le Secrétaire général, Blaise-Parfait Antonio, alias Bless Antonio, le Secrétaire à l’information et à la communication, Olga Nobre Vigouroux, alias Da Yovo, la Trésorière, Léon Hounyè, alias Sakpata Zogbo, le 3ème Organisateur, les 1er et 2ème étant, respectivement, David Houétchénou, alias ’’Vieux Caïman’’ et Hermann Quenum, alias ’’Fologozo’’.

Plusieurs membres du Bureau du Mouvement étaient aussi présents
Des applaudissements nourris, de la part des dizaines d’artistes présents parmi lesquels se trouvait le célèbre ’’Sweet Glory’’, ont accueilli ce fait pour le ’’Mercredi rouge des artistes’’ de mettre à nouveau le doigt sur une grosse plaie béante et puante. Le fort risque, un de ces matins, l’administration, dans notre pays, étant longue, lourde et inefficace : un gros tintamarre de concert bruyant, tonitruant et perturbateur devant le siège de l’une ou l’autre de ces sociétés de téléphonie mobile …

Marcel Kpogodo  

jeudi 23 juin 2016

Le ’’Mercredi rouge des artistes’’ fait valoir 6 exigences

Dans le cadre d’un point de presse tenu le mercredi 22 juin


Le mouvement dénommé ’’Mercredi rouge des artistes’’ a organisé un point de presse au Centre culturel chinois de Cotonou, dans l’après-midi du mercredi 22 juin 2016, le but en étant de rendre publiques 6 principales exigences d’un type complètement nouveau. Elles sont liées à la lutte contre la piraterie.

De gauche à droite, Gratien Yaovi Tossou, Patrice Adandédjan et Anicet Adanzounon
La majoration des fonds alloués à la Commission nationale de lutte contre la piraterie (Cnlp), la mise en exploitation de cet argent en faveur de la structure concernée, la création de ’’cellules de base’’ de lutte contre la piraterie dans les Départements du Bénin, la mise en place d’une ’’police artistique et culturelle’’ aux fins de ce combat, la matérialisation par le Ministre de la Culture du protocole d’accord de prélèvement de taxes, au cordon douanier, sur tout support amovible entrant sur le territoire national et, enfin, la concrétisation du principe de la hausse par les entreprises de téléphonie mobile des redevances sur les œuvres musicales. Ce sont les 6 revendications qu’ont fait valoir les membres du mouvement ’’Mercredi rouge des artistes’’, ce mercredi 22 juin 2016, au Centre culturel chinois de Cotonou, au cours d’un point de presse auquel ils ont conviés les professionnels des médias. L'intervention ayant permis d'évoquer ces préoccupations se déroulait en présence d'un bon nombre d'artistes.
Le thème au centre de la présentation n’a pas manqué de surprendre plus d’un journaliste présent, au souvenir des deux précédentes tonitruantes sorties de ce Mouvement pour se faire entendre par le Ministre de la Culture, Ange N’Koué, sur la nécessité d’associer les artistes à la base au débat sur les réformes en cours dans le secteur des arts et de la culture. Mais, anticipant sur ce sentiment des professionnels des médias, Gratien Yaovi Tossou, alias Nana Yao, Secrétaire du ’’Mercredi rouge des artistes’’, et unique intervenant de ce point de presse, a, en introduction à son propos, situé les choses, manifestant l’ancrage de cette structure dans la revendication, pour de meilleures conditions de vie de travail des artistes, ce qui l’a amené à préciser que les sit-in, les marches et les points de presse constituent les outils dont l’organisation usera pour garantir la veille citoyenne. Selon lui, par ailleurs, le ’’Mercredi rouge des artistes’’ ne se substitue pas aux associations, aux fédérations ni aux confédérations liées à l’univers des artistes. En dehors de Nana Yao, d'autres personnalités du Mouvement étaient présents au podium : Patrice Adandédjan, son Coordonnateur, notamment.

Une vue du public d'artistes ayant pris part au point de presse
Devant un tel nouveau cahier de charges, il ne reste qu’aux membres du ’’Mercredi rouge des artistes’’ à s’armer d’endurance et de stratégies novatrices, vu que des figures de proue de la musique béninoise se sont déjà attaquées au phénomène de la piraterie, sans parvenir à son éradication.


Marcel Kpogodo