vendredi 8 juin 2018

Alfred Fadonougbo et le théâtre organique au secours des pensionnaires du Centre psychiatrique de Jacquot


Dans le cadre d’un Projet de l'Association ''Igbala''

Le jeudi 5 avril 2018, un projet peu commun a été lancé au Centre national hospitalier universitaire psychiatrique (Cnhup) Jacquot, sis quartier Fidjrossè, à Cotonou, celui de la mise en place d’un atelier de réinsertion sociale et d’expression artistique dans le but de contribuer, notamment, au mieux-être des personnes internées dans cet espace sanitaire. A la manœuvre de cette initiative, accompagnée par des partenaires, l’Association ’’Igbala’’ dont le Président, Alfred Fadonougbo, s’est illustré dans l’exercice de gestes salvateurs sur un patient.

Alfred Fadonougbo, assis, en action 
Accroupi, touchant, de manière apparemment structurée, enchaînée, un pensionnaire, à différentes parties du corps, provoquant en lui de la sérénité, de la relaxation, l’amenant jusqu’à s’instruire sur comment se relever méthodiquement pour rester équilibré. Le spectacle inattendu qu’a présenté Alfred Fadonougbo des apports profonds de la décontraction par les procédés artistiques, dans le début de l’après-midi du jeudi 5 avril 2018, à la salle de conférence du Centre national hospitalier universitaire psychiatrique (Cnhup) Jacquot, du quartier Fidjrossè, à Cotonou. Cet artiste est le Président d’ ’’Igbala’’, l’Association culturelle à l’origine de l’idée, de la vision de la récupération des malades mentaux par leur soumission à ce qu’il a appelé des ateliers thérapeutiques. Pour lui, c’est de cette manière que l’art peut être mis au service des œuvres caritatives et être introduit en milieu hospitalier. Les membres de l'administration, au plus haut niveau de l'institution sanitaire, ont pris part à la cérémonie de lancement du Projet.

Alfred Fadonougbo, entouré par les membres de l'administration du Cnhup
Ainsi, en dehors des médicaments qu’ils prennent pour améliorer leur état de santé, les malades mentaux peuvent être initiés, exercés à des procédés inédits liés à la pratique artistique : entre autres, des paroles, le dessin, des contes, le corps pouvant être constitué en un instrument curatif pour, à en croire Alfred Fadonougbo, aboutir à un résultat probant : l’épanouissement de ces malades, leur reconnexion avec leur famille, avec la société, d’où le concept des « ateliers de réinsertion sociale », sans oublier que, lui, le pratiquant de la chose, serait appelé un « artiste comédien organique ». Et, selon cet expert, l’avantage qu’il y aurait à faire intervenir, de la manière technique précédemment décrite, des spécialistes de son genre, dans l’hôpital psychiatrique en question, reste que les malades se porteraient mieux en ne voyant pas le même personnel de soins intervenir auprès d’eux.

Carole Lokossou
Sont alors prévus pour l’accompagner dans les interventions périodiques de pratiques artistiquement thérapeutiques la comédienne bien connue, Carole Lokossou, spécialiste aussi du théâtre organique, 

Hermas Gbaguidi
et le metteur en scène Hermas Gbaguidi.


Partenaires actifs


Les représentants du Lions club ''Cotonou Phare doré'' à la cérémonie de lancement
Dans le Projet d’animation périodique d’ateliers de réinsertion sociale et d’expression artistique au Cnhup de Fidjrossè, accompagne l’Association ’’Igbala’’, le Lions club ’’Cotonou Phare doré’’ qui, ayant ses membres inclus dans le Groupe ’’Bolloré’’, se charge du financement des activités d’intervention cyclique des artistes spécialistes du théâtre organique. De son côté, ''Cari'arts'', une structure culturelle, dont le domaine d'action est l'art thérapeutique, fera valoir son expertise. 

Marcel Kpogodo

jeudi 7 juin 2018

Quand l’Occident va à l’école de l’Afrique

Dans le cadre des activités de l’Association ’’Grains de sel’’

Le mercredi 23 mai 2018 a donné l’opportunité de participer à une séance de diction de contes. La manifestation culturelle s’est déroulée à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou. Se déroulant périodiquement face à un public d’enfants, elle a pris un cachet particulier, étant donné le statut de la conteuse de l’après-midi indiqué : sous la conduite de l’Association béninoise ’’Grains de sel’’, l’Européenne Suzanne Gaede a exercé un art, pratiqué, à une certaine époque, en Afrique, qui lui a exigé une bonne période d’apprentissage.

Suzanne Gaede, en action
Un couple qui, progressivement, se constitue, s’unit et donne naissance à une fille, avant d’éprouver des situations de mésentente, de se détruire et de divorcer, à charge à chacun de ses membres d’accueillir l’enfant, selon un tour réparti et plus ou moins bien respecté. Le conte dont le défi de la narration s’est vue imposer à Suzanne Gaede, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou, dans l’après-midi du mercredi 23 mai 2018, devant un public constitué essentiellement d’enfants, dans le cadre de l’épuisement du processus de transmission de compétences, qui a été établi et qui devait lui permettre de s’approprier les techniques de diction, à l’africaine, du conte.
Suivant de très près cette apprenante de circonstance, la Franco-suisse de nationalité qui s’est retrouvée dans l’obligation de se battre pour réussir la narration expressive de l’histoire, Guy-Ernest Kaho. Président de l’Association culturelle ’’Grains de sel’’, conteur expérimenté et expert reconnu dans l’art de la diction de ce type d’histoire, professeur, donc, il développait un regard simple, impartiale, sur la prestation d’une élève, cantatrice de profession, maître de chœur et responsable d’une chorale, qui, après avoir assisté, en France, à une séance impressionnante de maîtrise de toute une salle par un griot africain, de son tam-tam, armé, à travers le récit de conte, avait été foudroyée par la passion, par la volonté de réussir le même jeu.
Il s’agissait pour Guy-Ernest Kaho de contrôler chez cette écrivaine, auteure d’un roman de jeunesse, qu’elle a adapté dans le conte dont elle a produit le récit, le mercredi 24 mai 2018, la réalisation d’un certain nombre de critères : entre autres, sa manière de dire le conte, sa façon d’utiliser sa voix, son procédé de se tenir, de se déplacer sur la scène, sa capacité à captiver le public qu’elle avait en face d’elle, la gestion qu’elle a fait du temps qui lui a été imparti : environ quarante-cinq minutes.. Cette évaluation, après trois semaines d’une formation qu’il a lui a inculquée en ces matières, et qui avait débuté le 30 avril 2018.
Au bout du compte, Suzanne Gaede, après s’être donnée à fond, pour produire un impact sur ses jeunes auditeurs, a donné l’impression de mener une bataille, dure, d’une telle rudesse, mettant au centre de la scène, sobrement décorée, deux chaises incarnant les membres du couple de son conte, les séparant, les mettant collées et attachées, les séparant de nouveau, au gré de l’évolution de l’histoire. Guy-Ernest Kaho aura réussi à lui donner de vaincre le trac face aux enfants, de façon à ce qu’elle a réussi à dérouler l’histoire d’un bout à l’autre, même si elle devra affiner ses méthodes pour maintenir le public sur son récit, pour le sortir de sa torpeur et le faire participer à la narration. Et, ’’Grains de sel’’ peut s’enorgueillir de transmettre la science de la diction du conte à une Occidentale qui n’a eu d’autre choix que de courir vers l’Afrique pour se ressourcer scientifiquement et techniquement, n’en déplaise aux prometteurs béninois du triste et pitoyable concept du « désert de compétences ».
Suzanne Gaede se trouve originaire d’un continent qui, à l’époque coloniale, ayant dénié à cette Afrique une culture, y avait décrété la table rase pour, despotiquement et exclusivement, imposer sa civilisation, ce qui se retourne contre l’Europe qui, aujourd’hui, se dresse vers ce continent humilié et décérébré, dépersonnalisé, pour retrouver ses sources premières, des racines. Guy-Ernest Kaho, immanquablement, s’est vu inviter au cœur d’un processus stratégique, prouvant ainsi que ces décennies de sa vie que cette personnalité a consacrées à l’art du théâtre, en général, et à celui du conte, en particulier, essaiment de son précieux sel, pour continuer à enrichir le Bénin, et à produire un impact davantage envahissant sur l’Afrique, l’Europe et le monde.

Marcel Kpogodo 

mardi 5 juin 2018

Barnabé Laye au Bénin, la fausse note d’Oswald Homéky


Découverte à la faveur d’une conférence tenue à Cotonou

L’amphithéâtre ’’Christophe Sadeler’’ de l’Institut des Sciences biomédicales appliquées (Isba) du Champ de foire, à Cotonou, a accueilli une grande conférence littéraire au centre de laquelle se trouvait un écrivain de forte stature : Barnabé Laye. L’événement s’est déroulé dans la matinée du jeudi 24 mai 2018 et a réuni une large brochette d’universitaires, d’écrivains, d’hommes et de femmes de lettres et de culture. Un couac, cependant : le Ministre de la Culture, Oswald Homéky, a été indexé dans un acte peu recommandable manifestant son profond mépris pour le secteur littéraire béninois.

Barnabé Laye
’’La parole et le feu’’, un livre que, depuis environ deux mois, Oswald Homéky, s’acharne à ne pas récupérer alors qu’il émane d’une personnalité dont l’influence dans la littérature béninoise est avérée : l’écrivain vivant en France, Barnabé Laye. Un tel comportement semble hautement méprisant et profondément révélateur du grand problème que pose un positionnement politique, ce qui a été vivement dénoncé dans la matinée du jeudi 24 mai 2018, à l’amphithéâtre ’’Christophe Sadeler’’ de l’Institut des Sciences biomédicales appliquées (Isba) du Champ de foire de Cotonou, au cours de la phase des débats, consécutive à la présentation des exposés liée à la conférence publique consacrée à rendre hommage à cet auteur béninois.

L'ouvrage ''La parole et le feu''
Selon Florent Couao-Zotti, en tant que représentant du Ministre de la Culture, mandaté comme tel par cette autorité, lui avait dirigé la délégation béninoise qui avait participé au Salon du livre de Paris, du 13 au 19 mars 2018. Et, ayant profité de ce séjour parisien pour rendre visite à Barnabé Laye, l’éminent poète avait demandé au chef de la délégation de transmettre au Ministre Homéky son ouvrage, ’’La parole et le feu’’, l’un des derniers qu’il a écrit et qui constitue l’anthologie de sa production littéraire, étant paru à Paris au début du mois de décembre 2017 à ’’Agora éditions’’, et ayant 416 pages.
A en croire toujours Florent Couao-Zotti, à son retour au Bénin, la fin du mois de mars l’a vu déposer le rapport des activités menées à Paris au cabinet d’Oswald Homéky, celle-ci, assortie d’une demande d’audience pour, entre autres, lui remettre l’ouvrage dont il était le porteur pour lui. Et, jusqu’au 24 mai, au moment de son intervention à la conférence sur Barnabé Laye, l’autorité ne l’avait encore reçu. Pire, contacté à ce sujet par notre Rédaction, le vendredi 1er juin 2018, l’audience n’avait pas encore été accordée à l’écrivain, en dépit de l’intervention, au niveau du Ministre, de personnalités de trempe du monde des arts et de la culture.  


Positionnement politique absurde

Pour un profane du secteur culturel, ne pas accorder plus d’importance à un écrivain de taille que lorsqu’il s’agit de l’envoyer en mission, cela ne pose aucun problème. Pour un non habitué du secteur culturel, banaliser la réception d’une commission envoyée par un écrivain de poids, cela n’est rien. Pour une personnalité qui ne connaît absolument rien aux codes de fonctionnement du monde culturel, ne pas contribuer à dresser le tapis rouge présidentiel à un cinéaste béninois qui, de haute lutte, a conquis l’Etalon d’Argent au Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco), dans son édition 2017, cela n’a rien de grave. Cependant, pour ceux qui fonctionnent nuit et jour dans le domaine des arts et de la culture, qui y souffrent pour créer, qui en tirent l’essentiel de leurs revenus substantiels, qui, par conséquent, se trouvent, consciemment ou inconsciemment, à l’affût du moindre signe visant à reconnaître la portée du fruit de leurs sacrifices, de leur labeur, de leurs peines, les cas d’actes de manquement, précédemment évoqués, sonnent comme un sacrilège, comme une faute forte qui devrait décourager de continuer à créer, si l’on devait tenir compte de sa profonde gravité.
Une grosse situation ! Le ver qui, malheureusement, détruit le fruit ! Si Oswald Homéky, chef d’entreprise, homme de confiance et d’écoute du Chef de l’Etat, le Président Patrice Talon, qui a été fait Ministre, entre autres, de la Culture, pour y rassembler une famille écartelée, désunie, et qui, après sa prise de service, dans ses premiers propos en direction des acteurs culturels, leur avait garanti de connaître et de maîtriser la maison et ses problèmes, puis de s’atteler à les résoudre, qui, le 21 février 2018, à l’Hôtel ’’Golden Tulip Le diplomate’’, avait présenté le Programme d’actions du Gouvernement (Pag), dans son orientation culturelle, rassurant de sa bonne foi, de sa bonne volonté, cette personnalité gouvernementale, dans ses actes, donne l’impression que c’est tout le contraire de cet état d’âme, qui fait battre son cœur, le mépris affiché vis-à-vis des écrivains Florent Couao-Zotti et Barnabé Laye n’étant que la face visible de l’iceberg, l’arbre cachant la forêt de toute une gestion déplorable du secteur culturel avec, à la clé, des promesses non tenues.
En effet, le 21 février 2018, Oswald Homéky avait notifié aux artistes le projet de recensement des festivals importants se déroulant à l’international et l’octroi d’un appui à ceux-ci pour une participation effective à ces rendez-vous. Dans la réalité, la treizième édition de la Biennale de Dakar, qui s’est déroulée du 3 mai au 2 juin 2018, n’a pas permis à son institution de financer le déplacement d’artistes contemporains béninois vers cet événement, malgré leurs démarches en direction de son cabinet. Pour un autre festival, en préparation de tenue dans un pays d’Amérique du Nord, le meilleur que le Ministère de la Culture a pu faire est d’octroyer une Attestation d’artiste comme un document pouvant faire obtenir un visa !
En réalité, les belles paroles, très rassembleuses mais politiquement réfléchies, ne suffisent plus : Oswald Homéky est difficilement à la hauteur de la tâche, ce qui devrait amener le Chef de l’Etat à prendre ses responsabilités en confinant cette personnalité aux Sports, vu qu’elle a réussi, par deux fois, en 2017 et en 2018, à octroyer des subventions aux fédérations sportives, et à donner du financement aux clubs de football des première, deuxième et troisième divisions. Et, ce ne sont pas les personnalités inculturées qui manquent pour voir confier à l’une d’elles un Département des Arts et de la culture, radicalement détaché des Sports.


Un carré pour un secteur culturel

En lieu et place d’Oswald Homéky à la Culture, il n’est pas besoin d’aller bien loin pour dénicher la perle rare, bonne connaisseuse du secteur et capable d’y apporter, enfin, le bonheur, surtout que plusieurs personnalités, quatre précisément, gravitent dans l’environnement plus ou moins proche du premier des Béninois.
Premièrement, Ousmane Alédji, comédien, metteur en scène, dramaturge, essayiste, administrateur d’espace culturel, collectionneur d’art, promoteur culturel et ancien Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), est si compétent pour être Ministre de la Culture que le Président de la République l’a d’abord retenu auprès de lui comme ses Conseiller culturel et Chargé de mission. N’est-il pas temps de le mettre au fourneau de la charge ministérielle pour la réalisation de prouesses dans la maison ’’Culture’’ ?
Deuxièmement, Gilbert Déou-Malè, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), historien de formation et, par-dessus tout, artiste chanteur et danseur du ’’Tchingoumè’’, l’une des musiques traditionnelles phare du Bénin, de son nom d’artiste, Ohangnon, il pilote une troupe multivalente, artistiquement parlant, et manifeste une imprégnation des réalités intrinsèques du secteur culturel béninois, portant un langage et des idées qui fascinent les artistes et les acteurs culturels.
Troisièmement, Marcel Zounon, Directeur de l’Ensemble artistique national, artiste, à la base, du secteur de la danse, Directeur de la troupe ’’Towara’’ et Président du Festival des Rituels et des danses masquées (Féridama), pétri d’humilité, moulé dans le fonctionnement administratif et financier propre au circuit de l’appui aux initiatives culturelles, toujours vêtu de costumes de chez nous.
Quatrièmement, Claude Balogoun, comédien, metteur en scène, dramaturge, romancier, promoteur culturel, Directeur général de la Société ’’Gangan Prod’’, mécène culturel et représentant des artistes au Conseil économique et social (Ces). Une véritable tête pensante qui, à son actif, trouve, notamment, l’idée fonds de démarrage visant à faire tourner les arts et la culture au Bénin.
Si le nombre n’est nullement exhaustif des personnalités pouvant être pressenties pour prendre les rênes du Ministère de la Culture, ces quatre, évoquées ci-dessus, constituent une crème de profils affinés par une pratique et une expérience de plusieurs décennies dans le secteur culturel béninois, le prochain remaniement ministériel étant une chance qu'aurait dû saisir le Président Talon pour positionner une personnalité inculturée au Ministère de la Culture, ce qui aurait contribué à montrer sa rupture avec le comportement habituel des chefs d’Etat béninois consistant à faire de Département ministériel le point de chute et de remerciement des hommes politiques qu’on n’aurait pas réussi à caser à des postes considérés comme plus sérieux, plus influents.

Marcel Kpogodo  

dimanche 3 juin 2018

Richard Flash bientôt en tournée dans les 77 Communes du Bénin


Annone faite au cours d’une conférence de presse animée par l’Artiste à Cotonou

L’Espace artistique et culturel ’’Africa sound city’’ a abrité une conférence de presse de poids. L’événement s’est produit le mardi 22 mardi 2018. Dans son partage avec les journalistes culturels, la star béninoise du zouk, Richard Flash, a annoncé son engagement prochain dans une tournée musicale qui lui fera parcourir les 77 communes de notre pays.

Richard Flash, au cours de ses explications, lors de la conférence de presse
Le dimanche 24 juin 2018 à Tori-Bossito dans le Département de l’Atlantique. La date et le lieu que devront retenir les mélomanes béninois, puisqu’ils sont ceux du démarrage d’une tournée musicale au plan national, qui, pendant six mois, amènera le zouker béninois, Richard Flash, et sa suite à donner des concerts dans les 77 communes du Bénin, ce que l’artiste a fait savoir au cours de la conférence de presse, qu’il a tenue le mardi 22 mai 2018 à ’’Africa sound city’’, l’Espace artistique et culturel dirigé par le musicien béninois Jah Baba et situé au quartier Kindonou, à Cotonou.
« La culture prend son envol, nous allons envahir le Bénin », s’est exclamé l’orateur selon qui ’’Flash live tour’’ est le nom de la giga manifestation musicale et culturelle dont il a décliné les deux objectifs cardinaux : la promotion de tous les artistes béninois et l’octroi de divertissements aux Béninois de l’intérieur du pays, un deuxième motif qui l’a amené à une grande conclusion : « L’artiste est le seul qui, le temps d’une chanson, a la magie de transformer le visage d’une personne ». Toujours par rapport à ce second point, Richard Flash prévoit des effets particuliers dignes des grands concerts modernes tels que les fumigènes et les feux d’artifice. Aussi, pour l’artiste, ces productions sur scène seront le moyen de faire passer des messages importants de sensibilisation pour améliorer les mœurs et les habitudes de vie, au niveau des populations. Ceux-ci seront relatifs aux violences faites aux femmes dans leur foyer, aux grossesses non désirées et à la dépigmentation, entre autres fléaux sociaux fragilisant le bonheur des Béninois.
Par ailleurs, Nikanor, Vano, Tyaf, Wilf Enigma, Kamal Radji, Sessimè, Miss Espoir, les Poly Rythmo, les Gangbé Brass Band, sont des artistes et des groupes sélectionnés pour animer le ’’Flash live tour’’, un nombre qui n’est pas exhaustif, vu que, selon Richard Flash, des créateurs locaux, connus dans leur milieu d’origine, se trouveront ponctuellement sélectionnés pour se produire devant le public de leur localité. De même, des artistes d’autres domaines culturels seront amenés à faire des prestations, ce qui a, d’ailleurs, justifié la présence d’humoristes à la conférence de presse. Par conséquent, si, pour l’initiateur de la « machine » qu’est la tournée communale, le ’’Flash live tour’’ sera un moyen de rencontrer ses fans à la base, de même, il permettra au public des tréfonds du Bénin de découvrir ses œuvres et celles des artistes qui l’accompagnent dans le Projet.  
« Les artistes travaillent pendant six mois et auront leur cachet exonéré de toute charge », a affirmé le zouker, abordant la question de la rémunération des membres du ’’Flash live tour’’. Et, la clarté des propos du conférencier s’est fait sentir lorsqu’il était question de se prononcer sur les conditions de participation des Béninois aux concerts : « Ils seront gratuits là où le Conseil communal paie à la place de la population », a-t-il affirmé, précisant que dans les cas d’une absence de sponsorisation de la Mairie, l’entrée aux lieux de spectacle sera subordonnée à l’achat d’un ticket d’une valeur de cinq cents francs, sans oublier qu’en matière d’infrastructures d’accueil, le Comité d’organisation du ’’Flash live tour’’ ne reculera devant aucun obstacle : « Si l’on ne peut pas faire le concert dans les conditions normales, nous le ferons dans les conditions anormales », l’artiste n’excluant pas l’utilisation d’un camion-podium ou même de tables.


Des sponsors de poids

Si Richard Flash a pu se montrer ferme concernant la prise en charge des artistes et le déroulement effectif d’une tournée qui s’annonce vaste et exigeante, c’est grâce à deux sponsors de poids, qui ont accepté de le soutenir pour le ’’Flash live tour’’ : la Société ’’Dongaco’’ et ’’L’Africaine des assurances’’, cette seconde entreprise ayant à son actif l’assurance de tous les concerts qui seront donnés pendant le semestre concerné.
Vivement, donc, le 24 juin 2018, pour le tout premier concert du ’’Flash live tour’’, à Tori-Bossito, de quoi se faire une idée de la qualité des premiers fruits espérés relevant des belles fleurs présentées.

Marcel Kpogodo

jeudi 31 mai 2018

Madiana Kané Vieyra, l’atypique recherche de soi


Dans le cadre d’une exposition de fin de résidence

L’Espace ’’Tchif’’, à Cotonou, a accueilli le vernissage d’une exposition particulière présentée par la jeune artiste en formation, Madiana Kané Vieyra : ’’Retour de résidence’’. Il s’est tenu le jeudi 24 mai 2018. Une quête finalement identifiée et réussie, ce qu’il conviendrait de retenir du partage mural et audiovisuel réalisé avec le public.

Madiana Kané Vieyra
Un personnage, esseulé, qui se questionne et qui, en guise de réponse, s’ordonne un processus dans lequel il évolue et à la fin duquel sa solitude se fait illusion. 

Tchif, dans sa présentation de l'exposition
Le sens qu’il serait possible de donner à l’enchaînement de dix-neuf pièces entrecoupées d’une vidéo, un ensemble qu’il fallait explorer dans le sens de l’aiguille d’une montre, à la galerie de l’Espace ’’Tchif’’, sis quartier Guinkomey, à Cotonou, dans le début de la soirée du jeudi 24 mai 2018, pour une exposition dénommée ’’Retour de résidence’’ et présentée par l’artiste Madiana Kané Vieyra, et dont le vernissage s’est révélé un grand succès, au vu de la masse et de la qualité des personnes ayant fait le déplacement de l’événement, celles-ci parmi lesquelles il fallait compter plusieurs artistes, de même que Francis Nicaise Tchiakpè, alias Tchif, le maître des lieux, et José Pliya, Directeur général de l’Agence nationale de Promotion des patrimoines et de développement du tourisme, accompagné de son épouse, et Christine Le Ligné, Directrice de l’Institut français de Cotonou.
De gauche à droite, José Pliya et son épouse
Comme le titre de l’exposition le laisse suggérer, celle-ci est le résultat d’une résidence de création ; elle a duré un trimestre, elle qui a débuté en mars dernier et qui s’est effectuée, en grande partie, dans les locaux de l’Espace ’’Tchif’’. En réalité, fille d’un père bénino-martiniquais et d’une mère franco-nigérienne, Madiana Kané Vieyra, étudiante en quatrième année à la Haute école des arts du Rhin (Hear) à Strasbourg, en France, semble avoir bâti, de toutes pièces, le parcours personnel de son premier séjour en terre béninoise. Ainsi, l’intérêt de cette exposition dont elle gratifie le public jusqu’au début du mois de juin 2018, réside dans la nécessité que tout le monde doit se donner de découvrir la capacité de restitution philosophique de ce parcours par cette artiste.
D’abord, six toiles, de petit format, d’un alignement horizontal, plantent le décor. La gouache noire a tracé un dessin évolutif où un personnage évoque un questionnement de possession de soi, sur le papier de couverture kaki, dont la base est rendue dure par la solidité d’un non perceptible ancien calendrier. Le dessiné est un concentré servant à marquer la lourdeur de l’esprit du quêteur. Et, à chaque étape, une légende situe ; celle-ci trouve sa traduction en langue nationale fon. Puis, premier arrêt : « S’en aller ». Un poster vertical aligne juste quelques mots, la grande partie du texte étant laissée à l’inspiration de chaque visiteur.

Aperçu de quelques oeuvres
Reprise du voyage : deux autres toiles, en verticale, plus deux autres, d’un fond noir, comme si tout s’obscurcissait tout d’un coup ! 



Une capture d'écran caractéristique de la vidéo (Crédit : Madiana Kané Vieyra)
Deux autres toiles verticalement positionnées manifestent le même fond de couleur. Et, une éclaircie de taille, dans cette forêt où l’on cherche ce qu’on ne sait même pas : un écran plasma décline une vidéo petitement libératrice. 


Idem (Crédit : Madiana Kané Vieyra)
En fait, il s’agit d’une quêteuse ! Confinée, serrée, mise à l'étroit, douteuse, restreinte dans l’espace et, étrangement sexy … Deuxième arrêt : « Chercher » ! Comme si ce qu’on avait fait jusque-là n’était pas de « chercher ». Nouveau poster, de la même sensibilité d’avarice de mots et d’ouverture à la générosité d’expression des membres du public.
Alors, comme un certain résultat de l’affirmation d’une quête : trois nouvelles toiles, en verticale et renforcées de couleurs, celles-ci qui s’enrichissent et varient davantage avec les deux tableaux suivants, plus grands, plus fortes et plus harmonieuses dans leurs autres couleurs : une gestation se prépare, une délivrance … C’est confirmé ! Il s’agit bien d’une quêteuse, elle seule dispose de l’art du don de la vie, ses formes, en tant que personnage, se font plus précises. Dernier arrêt ! « Enfanter ». Du genre : « Terminus, tout le monde descend ! ». Deux dernières toiles, donc, avec plus de force dans les couleurs et plus de nombre dans les personnages ; en force, la quêteuse, dévoilée, quelque peu, par la vidéo, se développe, s’élargit, s’identifie à Mariana Kané Vieyra, ou à quelqu’une qui lui ressemble, morte dans sa méfiance, dans ses doutes, dans ses incertitudes, dans ses inquiétudes sur le Bénin, … La voilà qui renaît dans l’initiatique d’un parcours, dans l’un de ces épanouissements auquel rien ne prédestinait la quêteuse. Entourée, elle se meut vers des horizons de plus d’imprévus.


De la singularité

Traduire systématiquement en langue fon les éléments de texte, exposés en légende aux toiles présentées, produits par le monologue, par la voix intérieure du personnage, relève véritablement d’une grande originalité de la part de la jeune artiste contemporaine bénino-martiniquaise Madiana Kané Vieyra. Qui mieux qu’une non habituée pouvait percevoir la nécessité d’en arriver à cet acte de richesse linguistique, culturelle, dans un contexte où les natifs, les pratiquants au quotidien de cette langue maternelle et de bien d’autres, à travers le Bénin, la délaissent pour se noyer plus que profondément dans le français, et non même pas dans l’anglais, afin de se faire une identité moderne ? Cette créatrice aura ainsi frappé fort !
Par ailleurs, même si se trouve très pratiquée la vidéo, à notre époque, dans les expositions d’art contemporain, le processus autocentré, suivi par la créatrice pour mettre en place la sienne impressionne : s’autofilmer par un caméscope après s’être positionnée, enfermée, serrée dans un placard, gardant toute la sérénité nécessaire pour produire un message fort par le clignement espacé des yeux, le tapotement des doigts sur la peau, la prise d’une posture opportunément suggestive, notamment, sont autant de faits montrant la capacité de Madiana Kané Vieyra d’entièrement se prendre en charge, techniquement parlant. Quand on imagine qu’elle a dû s’appuyer sur un certain scénario pour ordonner tout ce système, qu’elle a dû faire valoir ses connaissances pour mettre au jour des posters voulus sobres dans la parole, sans perdre de vue qu’elle a pu peindre à la gouache noire, sur les tableaux de petit format, et à l’acrylique, sur ceux de plus grande dimension, c’est qu’elle se positionne, avant la fin de sa formation à la Hear de Strasbourg, comme une artiste qui pourra opérer dans le théâtre, le cinéma, la littérature et, notamment, dans les arts plastiques, ce qui la rend pleine de promesses pour des créations innovantes, dans un avenir immédiat.

Marcel Kpogodo

mardi 29 mai 2018

« Stop ! » : le sculpteur Marius Dansou s’insurge et surprend


Dans le cadre de sa nouvelle exposition

L’espace culturel ’’Le Centre’’ accueille depuis le vendredi 25 mai 2018, une exposition collective dont le vernissage a été effectué. Intitulé ’’Our ephemeral struggles’’, il est le résultat d’une trentaine de jours de résidence, ce qui a abouti à la présentation au public de leur travail par Ahmed Hamidi, Ardhy Massamba et Marius Dansou, ce troisième ayant particulièrement frappé par le caractère atypique de son installation.

L'installation ''Stop''
Un cimetière, 17 pierres tombales noires surmontées, chacune, d’un drapeau et, sur certains tombeaux, soit un gros point d’interrogation blanc, soit un crâne en bronze, en aluminium ou en bois, le gris du sol de support de cet arsenal renforçant l’atmosphère lugubre qui prend possession des esprits. « Stop ! », l’installation signée ’’Marius Dansou’’, qui aura surpris, impressionné et suscité mille questions, dans le début de la soirée du vendredi 25 mai 2018, au cours du vernissage de l’exposition collective dénommée ’’Our ephemeral struggles’’, présentée par ses collègues Ahmed Hamidi, Ardhy Massamba et lui, ce qui s’est tenu au ’’Centre’’ de Lobozounkpa, à Godomey, dans la Commune d’Abomey-Calavi.
« A tout seigneur, tout honneur » ! Au premier rang, à gauche, deux tombeaux sont surmontés du drapeau togolais, le premier sur lequel est posé un crâne en bois, et qui s’achève, à la base, par une durée de vie, le second, affublé d’un point d’interrogation et finissant, en bas, par une année, 1966 avec un « à » laissant espérer comme une seconde année, de clôture. Selon Marius Dansou, ces deux tombeaux sont ceux respectifs des dictateurs qui se sont succédé au pouvoir, de père en fils, plus précisément, Eyadéma Gnassingbé, déjà décédé, d’où la période achevée de vie et, le crâne, en bois, pour montrer le caractère féroce d’un régime autocratique de près d’une quarantaine d’années. Quant au fils, Faure Gnassingbé, né en 1966, il a pris la relève de son père, à sa mort, dès 2005, et il continue d’exercer le pouvoir, ce qui justifie le point magistral d’interrogation matérialisé sur le tombeau : non seulement il est vivant, mais son régime perdure, à la grande indignation des Togolais épris de liberté et de démocratie.
Dans le même schéma de légation dynastique du pouvoir se succèdent la République démocratique du Congo (Rdc) et le Gabon avec, respectivement, Laurent Désiré Kabila, décédé en 2001 et, son fils, Joseph Kabila, toujours aux commandes du pouvoir et s’y arc-boutant désespérément alors que son mandat est achevé depuis décembre 2017, puis d’Omar Bongo Ondimba, mort en 2008, et de son fils, Ali Bongo, toujours aux affaires. Dans les deux cas de pays indiqués, un crâne de matière différente trône sur la tombe des pères présidents défunts : de l’aluminium pour le Congolais et du bronze pour le Gabonais, de quoi montrer, selon l’artiste installateur, les degrés divers de possession de ressources du sous-sol et du pillage politique de la grosse manne financière émanant de la vente de ces matières premières aux pays industrialisés.

Marius Dansou, dans ses explications sur l'installation ''Stop !''
La colère de Marius Dansou par rapport à ce système de fonctionnement des dictatures en Afrique est dure et incommensurable, tenace. Ainsi, plusieurs autres pays aux dictateurs célèbres entrent dans son viseur de dénonciation, même s’ils ne sont plus au pouvoir : Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire, décédé depuis 1993, et Blaise Compaoré, chassé de la présidence en 2014, sans perdre de vue, notamment, l’Angolais Jose Eduardo dos Santos qui a passé la main, en 2017, après une élection présidentielle. Pour le créateur, c’est après le décès de certains ex-dictateurs toujours vivants que leur tombeau pourrait se voir libérer du point d’interrogation inquisiteur, ayant été doté d’une puissance plus forte que l’œil de Caïn de la Bible. En effet, ces despotes, restés en vie, devraient être amenés à rendre compte de leur gestion calamiteuse lorsqu’ils étaient aux affaires. Par conséquent, ’’Stop !’’ est continuelle tant que des dictateurs resteraient au pouvoir et vivants, à charge, alors, à Marius Dansou, comme il l’a promis, d’élargir le cimetière de l’installation à chaque nouveau despote, déchu ou décédé.


Le Bénin : cas problématique

Dans l’installation ’’Stop !’’, dix-sept pays, en tout et pour tout, aux dictateurs respectifs morts, s’accrochant au pouvoir ou déchus, ont été épinglés par Marius Dansou. Mais, surprise, le Bénin, hors de la nasse ! Pourtant, ce pays est reconnu comme avoir traversé dix-sept années d’un régime dictatorial, de 1972 à 1989. Dans son analyse de cette exclusion, Marius Dansou trouve l’autocratisme de type marxiste-léniniste, vécu par les Béninois, trop mou, peu remarquable pour retenir l’attention, de même que cette dictature s’est exercée dans un pays aux ressources limitées du sous-sol, ce qui donne, pour l’artiste, une ampleur moindre à la prévarication financière qui, dans d’autres Etats africains, a atteint une hauteur digne de frapper les esprits. Cependant, un oubli de la part de Marius Dansou : une dictature, quelle que soit sa taille, quel que soit le degré de sa force de nuisance, draine, dans son sillage, un cortège de morts, de torturés, de victimes de camps de concentration, d’exilés à l’équilibre familial et social dévasté, le moyen de toucher du doigt des séquelles indélébiles qui font qu’une dictature ne peut jamais être autre chose qu’une dictature ; elle mérite donc d’être prise en compte partout où ele a pu faire ses tristes preuves, la vie humaine étant irréductible et indivisible.


Virage à 360°

Marius Dansou, dans ses résultats de travail, sans la trace du moindre fer à béton, le matériau de prédilection, qu’il a toujours assujetti à sa guise ? Inimaginable jusqu’à la soirée du 25 mai 2018 où il a donné à voir l’installation ’’Stop !’’. Apparemment, un tournant décisif dans sa démarche de travail, où le bois était beaucoup plus au rendez-vous, un bois finement travaillé et coloré avec, à la clé, un regard sur la politique africaine, un intérêt pour ce système, une décharge violente sur l’exercice de la dictature dans la plupart des pays de ce continent. Volonté de jouer, désormais, un rôle d’engagement pour le bonheur des populations ou caprice ponctuel généré par une volonté d’anticonformisme, de manifestation de la différence, vu une certaine lassitude de toujours faire la même chose ? Par ’’Stop !’’, Marius Dansou vient de donner d’une nouvelle voix, enclenchant inévitablement la continuation avec une habitude de sa part d’une absence d’adaptation à l’ambiance ordinaire du fonctionnement des arts et de la culture au Bénin. Un signal, donc, pour orienter vers une réponse, même si la résistance du ’’Stop !’’ dans la durée nous édifierait de manière plus fiable. Toute l'exposition ''Our ephemeral struggles'' peut être visitée jusqu'au 28 juillet 2018.

Marcel Kpogodo

jeudi 17 mai 2018

Le self-made young à la voix armée


Parcours d'une valeur désormais incontournable

En concert, au ''Centre'' de Lobozounkpa, en août 2017
Un grand pragmatisme. Un pragmatisme, apparemment, trop grand, réellement incroyable pour son âge, au vu de la mentalité en vogue dans le Bénin d’aujourd’hui, chez les personnes âgées, au niveau des adultes, dans la gent féminine, dans l’univers des jeunes de sa génération : si l'on n'est pas né avec une cuillère en or dans la bouche, il n'y a pas de ''fouettage'' psychologique pour se dresser dans le champ des bénédictions octroyées à chaque vivant par Dieu, si l'on ne dispose pas d’opportunités, il n'y a pas d’initiative pour s’en donner, si l'on n'a pas de chance, il n'y a pas de combat pour se l’arracher, si l'on n'a pas d’ouvertures de la vie, il n'y a pas de réflexions pour les conquérir, si l'on n'a pas de recrutement dans la fonction publique, on ne cherche pas une inspiration pour l’espoir d’un mieux-être, si l'on ne trouve pas un emploi salarié plus ou moins bien rémunéré, on n'analyse pas ses potentialités professionnelles pour s’auto-employer, si l'on ne dispose pas de crédit pour lancer une petite entreprise, on ne lève pas les bras pour commencer un business à rien de frais. 

Toutes ces postures, toutes ces pesanteurs psychologiquement arriérantes, aliénantes et handicapantes, développeuses du chômage, provoqueuses de l’anti-développement, il les a toutes défiées, vaincues. S’il a pu, sans état d’âme, le faire, réaliser ce qu’il faut qualifier d’un exploit, c’est, semble-t-il, parce qu’il a vu le jour dans l’année de l’éclosion du renouveau démocratique en ex-Union des Républiques socialistes soviétiques (Urss), au Bénin et, entre autres, en Europe de l’Est : 1990. Plus précisément, le 24ème jour du mois de janvier. Une constance : un génie naît souvent sous un signe historique particulier.

A vingt-huit ans seulement, rigoureusement sonnés, il a compris qu’il fallait sortir des sentiers battus de l’attente du bonheur qui se réalise de l’extérieur. Et, il l’a exercé. Une véritable trempe, donc ! Le voilà, alors, désormais, un pratiquant de la parole, qui s’en est fait un as, un esprit qui, dans sa langue maternelle d’une nature profondément humoristique, fait rire en traitant les situations ordinaires relatives au quotidien des Béninois.

A l’origine, il s’est fait Technicien supérieur en Audiovisuel, depuis 2014, résultat de ses études à ’’Vidéo Leader’’, à Cotonou, après avoir, successivement obtenu, quelques années auparavant, un Baccalauréat, en 2010, un Probatoire, en 2009, au Togo et, notamment, un Brevet d’Etudes du premier cycle (Bepc), en 2006.

« Ose devenir qui tu es ! », a intimé André Gide, ce qui l’aura sûrement amené à tourner casaque par rapport à la profession à laquelle le destinait sa formation. D’ailleurs, sa mère étant femme de scène, le sang, les gènes auront dicté une loi d’airain. Par conséquent, il suit le même sillage professionnel que sa génitrice mais, à sa manière !

Il parle plus qu’il ne chante, il profère surtout, il déclame, il soumet l’agencement circonstanciel qu’il réalise des mots et des phrases, à une inspiration soucieuse de déstabiliser les tares de la société, les malaises des liens interpersonnels, les méandres noirs des relations politiques entre l’Occident et l’Afrique, la force des travers multiples qui rendent délétère la vie humaine. Il le pratique depuis un temps si important qu’à l'heure actuelle, il s’est fait le maître d’une voix armée ! Le résultat de tant de mois et d’années de luttes, de souffrances, de sacrifices, d’endurance, de persévérance.

Aujourd’hui, cette voix ardente, ardue, hardie, tonne, se déploie, subjugue le public, à travers les espaces de spectacles, à Cotonou, à Lomé et, en mai 2018, a émerveillé à Abidjan, au Marché des arts du spectacle d’Abidjan (Masa) ; elle se met au service de causes sociales telles que la lutte contre le mariage forcé, le combat contre les violences faites aux femmes. Dans son pays, l’Espace ’’Mayton’’, ’’Le Centre’’ d’Atropocodji, le ’’Parking bar’’, l’Institut français de Cotonou, notamment, ont savouré la finesse de ses jeux de mots, le créatif de ses parodies, l’adresse de ses mises en musique, la justesse de son observation du fonctionnement de la société moderne. ’’Aquarelle de couleurs’’, ’’Femme de sable’’, ’’1960’’, ’’Enagba’’,’’ Vrai leader de demain’’, ’’Sursaut patriotique’’, ’’Bénintovi’’ (Featuing avec Mamba noir), ’’Enongnin vévé’’ (Featuring avec Chokki) : quelques morceaux phare de son répertoire.

Au fil de l’expérience de la scène par cet artiste de la parole, tant de réalités ont changé, ont connu de l’amélioration : se fait seul face à Dieu, dans les coulisses, et non plus devant le public, son incontournable prière d’avant entrée en scène, se réduit comme une peau de chagrin le nombre de ses accompagnateurs instrumentistes, son art exigeant qu’on mette plus en vue l’individuel de la voix que le collectif de la musique. Son effervescence intellectuelle, ses tournures comiques, ses vues décalées l’imposent comme le pape de son genre artistique et, cette voix qui déchire, qui emballe n’est personne d’autre qu’Indra-Das Baktha Nounagnon, alias Gopal Das, slameur en langue goun, de son état, qui s’est construit par lui-même : un vrai self-made young à qui des morceaux désormais mythiques concourent à affecter respect et prestige, place de choix dans le slam au Bénin : ’’Hagbè’’, ’’Hounvi’’, ’’Sassigbé’’.

Marcel Kpogodo

mardi 15 mai 2018

Gaël Daavo et Philippe Hachémé, deux artistes à l’assaut de l’homme


Dans le cadre de leur co-exposition

Le vendredi 6 avril 2018, l’être humain a fait l’objet d’une réelle exploration, à la Galerie ’’Guèlèdè’’ de Cotonou. La manifestation s’est rendue visible par une exposition dont le vernissage a eu lieu. Gaël Daavo et Philippe Hachémé, jeunes artistes, étaient à l'honneur.
De gauche à droite, Philippe Hachémé et Gaël Daavo
Sept toiles, d’un côté, dix-sept, de l’autre, présentées dans une cohabitation pas toujours alternative avec, comme point d’uniformité, la conquête de la matérialisation de l’homme. Le schéma global de l’exposition intitulée ’’Ebauche de la nature humaine’’, qui s’est ouverte depuis le 6 avril 2018 et qui a enrichi les murs de la Galerie ’’Guèlèdè’’, sis quartier Jéricho, à Cotonou. La multiplicité des couleurs, dans des tons de tous genres, de toutes les variétés, pour deux démarches d’artistes, véritablement jeunes, qui se rejoignent difficilement, pour peu qu’on veuille approfondir son observation.

Aperçu de l'exposition
Philippe Hachémé, connu comme Oncle Phil, s’exprime, par ses toiles, dans un style qui lui fait traduire l’opacité, le mystère profond de la nature humaine. De préférence, au niveau de ses tableaux, le noir, le blanc et le rouge se côtoient, même s’il part d’un certain fond pour camper son message dont lui-même doute de la totale appréhension de celui qui en est l’objet, l’homme, puisque, selon lui, le caractère insaisissable de celui-ci enduit de mystère le thème de travail, le rend complexe : ’’Ebauche de la nature humaine’’. Par conséquent, Oncle Phil, malgré son jeune âge, se dote d’une thérapie de choc pour ne pas se distraire de son objectif : les couleurs ; elles lui donnent accès aux sentiments qui révèlent une certaine vérité sur l’homme : la violence, la passion, l’action, l’énergie et le mouvement, pour le rouge, notamment, sans oublier, selon lui, la guerre, générée par l’argent. Et, ses matériaux favoris : de la résine d’acrylique, de l’acrylique, de la peinture à huile.

Oncle Phil (A gauche), en échange avec les visiteurs
’’Solitude en fond bleu’’, ’’Psyché humaine / Dégénérescence de l’arc-en-ciel’’, ’’A visage découvert’’, ’’A la recherche’’, ’’Elevation’’, ’’Violence humaine’’, ’’Sensualité’’. D’une toile à l’autre, Oncle Phil présente une vue plus qu’abstractive de l’homme, du moins, ce que son inspiration des instants spécifiques de travail lui ont permis de saisir du bipède, dans ses élans propres à le faire percevoir ange ou démon, esprit ou matière, divinité, spiritualité ou matérialité, philosophie ou pragmatisme, entre autres. Voilà un coup de pinceau, celui de Philippe Hachémé, qu’il faudrait attendre dans des dimensions toujours réalistes de production.


Daavo, l’énigme dans la ’’multidimension’’

S’est fait découvrir, dans un choix propre à lui, Daavo, de son nom à l’état civil, Gaël Daavo. Premier facteur de difficulté manifestée par l’artiste à dire tout l’homme, la latitude, l’ouverture qu’il donne à l’être humain visiteur à se lire et à se décrire, par lui-même, d’où l’absence d’un titre à seize tableaux sur les dix-sept, présentés à la contemplation du public, lors du vernissage de l’exposition du 6 avril dernier ; la sculpture, dans une unité, a seule l’honneur d’une dénomination : ’’Fécondité’’. Deuxièmement, le thème fondateur de toute son inspiration : l’hypocrisie. « Le visage est trompeur », affirma-t-il, avant de continuer : « Mon travail montre différents masques de l’être humain, ceux qu’il porte toute sa vie et qui montre son hypocrisie », a-t-il fini. 

Daavo, dans l'analyse de son inspiration
Ce sont des visages sur lesquels la lecture de l’étiquette dépend de celui qui voit. A l’effet de cette expression, le fond uni du tableau tient une bonne place dans le processus de création de son œuvre par Daavo, avant qu’il ne se lance dans le crayonnage de son idée, comme pour mettre en place le patron indispensable au tailleur. Ensuite, l’artiste fait intervenir l’acrylique pour concrétiser les formes, grâce à différentes couleurs avec lesquelles il aime bien « jouer ». Selon ses explications, la nécessité de la présentation de son message le conduit à pratiquer le collage, à l’aide du papier carton. 
Du côté de la sculpture, la récupération et le recyclage constituent le fondement de la création : le bois de ’’Fécondité’’ entoure alors du fils électrique, ce matériau que le créateur a choisi bien à propos pour « communiquer de l’énergie » à ses œuvres.
Résolument, la nouvelle génération de l’art contemporain béninois, celle d’une très effervescente, qu’incarnent Oncle Phil et Daavo, devra faire avec ces deux jeunes esprits dont l’avenir permet d’attendre une production artistique aussi bien prolifique que surprenante, vu l’ardeur avec laquelle la tâche les maintient dans l’action créatrice.

Marcel Kpogodo