Affichage des articles dont le libellé est florent couao-zotti. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est florent couao-zotti. Afficher tous les articles

lundi 29 mai 2023

Dominique Zinkpè brille pour le Bénin

Avec  la délibération du ’’Loewe foundation craft prize’’


Dominique Zinkpè est un artiste contemporain béninois. Ses actions ou leurs résultats surgissent et font parler de lui. Sa dernière réalisation concerne la proclamation des résultats du prestigieux ’’Loewe foundation craft prize’’. Cette dénomination se traduit en français par le ’’Prix de l’Artisanat de la fondation Loewe’’. L’événement de la proclamation officielle s’est produit  le 16 mai 2023 à New-York, aux Usa. L’occasion du décernement de ce prix, d’un niveau mondial, à une Japonaise a permis de distinguer le Béninois.


Dominique Zinkpè, posant, à l' ''Isamu Noguchi garden museum'', à côté de son œuvre, ''The watchers'', promue à sa "mention spéciale", à la remise du ''Loewe foundation craft prize'', à New York - Crédit photo : www.craftprize.loewe.com.

«La seconde mention spéciale revient à Dominique Zinkpè pour son œuvre ’’The Watcher[s]’’ ». L’information, capitale, pour le Bénin, qu’annonce, depuis la seconde moitié du mois de mai 2023, le site Internet de ’’Loewe’’, la marque espagnole mondialement connue du luxe, un site dédié au ’’Prix de l’Artisanat’’, qu’elle a initié depuis 2016. ’’Le journal du Luxe’’ publie la même information en ces termes : « Le Craft Prize 2023 a été remporté par Eriko Inazaki, artiste céramiste japonaise. […] Le jury a également décerné deux mentions spéciales aux artistes Dominique Zinkpè (Bénin) pour sa sculpture The Watchers et à Moe Watanabe (Japon) pour son œuvre Transfer Surface réalisée à base d’écorce de noyer ».



Un parcours sélectif


Dominique Zinkpè a reçu cette « mention spéciale » à travers sa sculpture murale, ’’The watchers’’, ’’Les veilleurs’’, en français, selon la traduction de l’artiste. Ce résultat est élogieux pour l’artiste contemporain béninois. Il est l’achèvement d’un processus particulièrement laborieux. Selon Pierre Corneille, dans ’’Le cid’’, « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». 


En juillet 2022, la fondation ’’Loewe’’ a lancé, à travers le monde, son appel à candidatures annuel. Il était destiné aux « artisans professionnels de plus de 18 ans évoluant en solo ou au sein d'un collectif ». C’était pour la 6ème édition du ’’Prix de l’Artisanat’’.


Ceux-ci devaient développer une démarche artistique dans leur processus créatif. D’autres conditions leur étaient imposées comme le révèle le site Internet évoqué précédemment. Il s’agissait, pour l’artiste, de « s'inscrire dans un domaine des arts appliqués tels que la céramique, la reliure, l’émaillage, la bijouterie, la laque, le métal, les meubles, le cuir, les textiles, le verre, le papier, le bois, etc. ». La création avait l'obligation d' « être une œuvre originale […]  faite à la main entièrement ou partiellement ». Une autre contrainte : l’œuvre devait avoir été créée « au cours des cinq dernières années ». Il était nécessaire pour elle d' « être [unique] en [son] genre. Elle devait  « n'avoir jamais remporté de prix ». Enfin, il s’imposait que l’œuvre « [démontre] une intention artistique ».


De telles conditions n’ont pas empêché Dominique Zinkpè de soumettre sa candidature au ’’Prix de l’Artisanat’’. Selon lui, il l’a fait à travers une galerie sud-africaine promouvant certaines de ses créations. L’appel à candidatures s’est clos en octobre 2022. L’artiste contemporain béninois a vu ’’The watchers’’ compter parmi les 2700 œuvres en compétition. Le lauréat devait remporter 50.000 euros.



Du Comité d’Experts


En janvier 2023, un Comité d’Experts d’une dizaine de personnalités s’est réuni à Madrid, en Espagne. Il se composait de connaisseurs triés sur le volet dans le monde entier. Ce sont : Andrew Bonacina, Conseiller artistique chez ’’Loewe’’ et commissaire indépendant, Antonia Boström, Directrice d’expositions au ’’Victoria and Albert Museum’’ de Londres, Hyeyoung Cho, Secrétaire générale de la ’’Korea craft and design foundation’’, Andile Dyalvane, Céramiste et finaliste du ’’Loewe foundation craft prize’’ 2022, Sara Flynn, Céramiste et finaliste du ’’Loewe foundation craft prize’’ 2017, Myungtaek Jung, Designer de meubles et finaliste du ’’Loewe foundation craft prize’’ 2022, Wolfgang Lösche, Responsable des Expositions et des salons à la chambre des métiers et de l’artisanat de Münich, Juha Martilla, Directeur de la maroquinerie de ’’Loewe’’, Mary Savig, Commissaire chargée de l’artisanat au ’’Smithsonian american art museum rewick gallery’’ de Washington Dc et Anatxu Zabalbeascoa,  Critique d’architecture et de design du journal ’’El pais’’. Celle-ci était la Secrétaire exécutive de ce Comité.

Il avait pour mission de présélectionner les 30 meilleures œuvres, sur les 2.700 reçues.



Des 30 finalistes


En février 2023, le Comité des Experts a rendu publique la liste des 30 finalistes attendus. Parmi les élus, il y avait : 6 Japonais, Ai Shikanji, Eriko Inazaki, Kenji Honma, Maki Imoto, Moe Watanabe et Shinji Nakaba, 5 Sud-coréens, Healim Shin, Inchin Lee, Jaiik Lee, Kyouhong Lee et Woosun Cheon, 3 Américains, le collectif, Aranda / Lasch & Terrol Dew Johnson, Liam Lee et Tanya Aguiñiga, 2 Australiens, Prue Venables et Johannes Kuhnen, 2 Chinois, Dong Han et Wanbing Huang, 2 Danois, Kaori Juzu et Lene Bødker, 2 Français, Claire Lindner et Kristin McKirdy, 1 Argentine, Mabel Irene Pena, 1 Belge, Nathalie Doyen, 1 Britannique, Keeryoung Choi, 1 Espagnole, Luz Moreno Pinart, 1 Géorgien, Giorgi Danibegashvili, 1 Indienne, Maina Devi, 1 Sud-africaine, Jana Visser, et le Béninois, Dominique Zinkpè.

Les œuvres de cette liste de créateurs a été transmise à un jury de 13 membres pour la sélection finale.



Des membres du jury


Le jury était constitué d’un autre écrin de personnalités spécialisées. Ce sont : Jonathan Anderson, Directeur créatif de ’’Loewe’’, Naoto Fukasawa, Concepteur et directeur du ’’Japan folk crafts museum’’ de Tokyo, Olivier Gabet, Directeur du Département d’art du Musée du Louvre de Paris, Dahye Jeong, Lauréate de la 5ème édition du ’’Loewe foundation craft prize’’, Hongnam Kim, Présidente du ’’National trust ok Korea’’, Président d’honneur de la Fondation ’’Loewe’’, Magdalene Odundo, Céramiste, Wang Shu, Architecte et juré du prix ’’Pritzker’’, Deyan Sudjic, Essayiste et directeur du ’’Design museum’’ de Londres, Benedetta Tagliabue, Architecte et lauréate du prix ’’Riba Stirling’’, Abraham Thomas, Conservateur d’architecture contemporaine, design et arts décoratifs au ’’Metropolitan museum of art (Moma) de New York, Patricia Urquiola, Architecte et conceptrice industrielle, et Anatxu Zabalbeascoa, Critique d’architecture et de design du journal ’’El pais’’. Celle-ci était la Présidente du jury.


Le 16 mai 2023, à New York, elle a proclamé le nom de la lauréate de la 6ème édition du ’’Loewe foundation craft prize’’, Eriko Inazaki, pour son œuvre, ’’Metanoia’’, et celui des deux « mentions spéciales » dont Dominique Zinkpè. Depuis le 17 mai, toutes les œuvres finalistes sont en exposition au musée, Isamu Nogucho garden, à New York. Cette exposition prend fin le 18 juin 2023. L'exposition virtuelle en est aussi consultable sur le site Internet, ''The room''



Au-delà d’une réaction …


Jean-Michel Abimbola, ministre du Tourisme, de la culture et des arts, a fait connaître sa satisfaction. Il l’a communiquée sur la page ’’Facebook’’ du département ministériel. C’était deux jours après la distinction de Dominique Zinkpè à New York. « Nous saluons la performance de Dominique Zinkpè […]. Il mérite toute notre admiration », s’est réjoui le ministre.


Le caractère international et prestigieux de la reconnaissance par le ’’Loewe foundation craft prize’’ de l’artiste contemporain béninois, ne devrait-il pas susciter l’intérêt particulier du chef de l’Etat, le Président Patrice Talon ? Jean-Michel Abimbola ne devrait-il pas en réaliser le lobbying auprès de la première autorité du Bénin ? Le ministre de la Culture gagnerait à faire concrétiser une telle action. Le Président béninois continue de montrer son engagement pour la monétisation du tourisme. Cette détermination présidentielle s’en manifeste par la promotion et la valorisation de l’excellence artistique du Bénin.


Arrêter, à la page ’’Facebook’’ du ministère de la Culture, la satisfaction du Bénin face à la performance, à l’international, de Dominique Zinkpè, ne serait pas nouveau. En 2019, il y a eu moins que cela. Oswald Homéky était ministre de la Culture, à l’époque. L’écrivain béninois, Florent Couao-Zotti, s’était vu décerner le Prix Roland Jouvenel par l’Académie française, le 20 juin 2019. Le roman, ’’Western tchoukoutou’’, en était le fondement. Cet exploit n’a pas fait l’objet d’une distinction honorifique de la part du chef de l’Etat. Oswald Homéky n’avait, semble-t-il, pas senti l’intérêt de ce type de lobbying auprès du Président Patrice Talon.



Des impressions de Dominique Zinkpè


Dominique Zinkpè s’est prononcé sur sa distinction par le ’’Loewe foundation craft prize’’. « J’en suis très content, très heureux », a-t-il manifesté. « C’est une reconnaissance mondiale qui vous rassure ; elle m’encourage à continuer à travailler », a-t-il humblement commenté. L’épanouissement de l’artiste contemporain se justifie. 


Sa main artisanale voit sa puissance manifestée par la fondation ’’Loewe’’, sur le site Internet qu’elle a consacré au ’’Prix de l’Artisanat’’. « Le jury a sélectionné l'œuvre pour sa réinterprétation sculpturale des croyances traditionnelles et la vision de l'artisanat contemporain qu’elle transmet », explique-t-elle. Elle analyse l’œuvre, ’’The watchers’’ comme « une imposante sculpture murale aux détails minutieux réalisée à partir de bouts de bois indépendants ». 


La fondation ’’Loewe’’ en affirme la symbiose entre la performance artisanale de Dominique Zinkpè et la sauvegarde intemporelle d’un aspect d’ordre spirituel du patrimoine artisano-artistique béninois. « L’assemblage des petites figurines [’’Ibéji’’] fait écho à la croyance [’’Yoruba’’] traditionnelle selon laquelle l’être humain est appelé à renaître », conclut-elle.

Marcel Gangbè-Kpogodo

jeudi 17 février 2022

Florent Couao-Zotti, des fantasmes de dessin sur la reine Tassi Hangbé

Dans le cadre de la représentation de ’’Tassi Hangbé, la reine amazone’’


La pièce, ’’Tassi Hangbé, la reine amazone’’, a été représentée le mercredi 22 décembre 2021 à la Salle rouge du Palais des Congrès de Cotonou, dans une adaptation et une mise en scène d’Ousmane Alédji. Ce spectacle, plusieurs semaines après avoir été donné, continue de faire sensation, concernant des aspects interpellateurs de sa mise en scène, entre autres, le choix des langues nationales béninoises, ’’fon’’, ’’yoruba’’ et ’’nago’’, au lieu de l’habituelle, attendue puis déjouée langue française, et des jeux purement originaux de la part d’acteurs dont le niveau d’expérience professionnelle en la matière est élevé. Ayant accepté de se prononcer sur la mise en scène indiquée, le dramaturge béninois, Florent Couao-Zotti, auteur de la pièce originelle, et actuel Conseiller technique à la Culture du Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, nous livre, plutôt, une réflexion d’homme de crayon à dessin. Il nous présente ce qu’il aurait fixé sur papier de tout ce qu’il a suivi de la représentation afférente. Son choix ne semble pas loin de ce qu’Ousmane Alédji a décrit de « la femme avec ses attraits et ses charmes » et d’un « personnage rond et gras ».


Florent Couao-Zotti - Crédit photo : ''Darimage''

« La scène [qui m’intéresse est celle] où Tassi Hangbé prend un bain devant les dignitaires ; j’aurais dessiné la femme en train de prendre son bain, devant le regard éberlué des dignitaires qui sont dans la salle en train de la regarder ». La réaction spontanée de Florent Couao-Zotti, Conseiller technique à la Culture du Ministre de la Culture, Jean-Michel Ambibola, face à la question de savoir ce qu’il aurait dessiné de toute la pièce, ’’Tassi Hangbé, la reine amazone’’, qui a été représentée le mercredi 22 décembre 2021, sous la mise en scène d’Ousmane Alédji, au Palais des Congrès de Cotonou, dans le cadre de la tenue des Nuits artistiques et Culturelles de Cotonou (Nacc), organisées par l’Agence nationale des Evénements culturels, sportifs et des événements officiels (Anecsmo).  


Dans le fil de sa projection, le dramaturge béninois fait ressortir le caractère bien mûri par la reine en déchéance de son acte frappant d’une sorte d’indécence recherchée, pour marquer intemporellement les esprits. « Cette séquence du bain est une séquence absolument théâtrale … C’est une sortie », commente-t-il, avant de fournir plus de détails concernant ses probables courbes de crayon, auxquelles il offre un cadre bien technique : « Si je dois faire une bande dessinée, le dessin phare, c’est au moment où, justement, elle se lave, où elle a fini de se laver et où elle jette l’eau de bain sur les dignitaires ».


Le fondement d’un tel choix artistique du dessinateur de circonstance reste la façon dont Tassi Hangbé, à travers sa profanation orchestrée des bonnes mœurs, à un niveau aussi élevé de la hiérarchie sociale, a témoigné de la férocité de sa haine pour le milieu politique qui la vomissait, ce qui amène Florent Couao-Zotti à analyser : « C’est un acte très fort, c’est un acte à conséquences. Tout ce qui m’intéresse est de voir qu’elle a posé un acte qui a produit un impact sur des générations », commence-t-il, appuyant : « Le fait de prendre l’eau du bain et de la verser sur des gens, cela apporte un plus sur la condamnation qu’elle manifeste ainsi vis-à-vis de ceux qu’elle soupçonne avoir été trempés dans le complot. Ces deux éléments qui se joignent donnent la pleine mesure du sentiment de frustration et de dégoûtation, qu’elle a éprouvé lorsque les différents éléments se sont mis en place pour la condamner et pour la faire partir du trône. J’ai trouvé cela très fort ».


Un scandale, une signification sociale


Le bain de Tassi Hangbé, vu par ...

Pour l’écrivain ne fait pas de doute la portée sociologique de ce qu’a effectué la reine, en matière de comportement d’abdication : « Dans la tradition, on estime que lorsqu’une femme se met nue devant le monde, elle fait un acte de transgression […] qui peut générer, par la suite, des conséquences sur la vie, sur le pays, sur le royaume. Dans la tradition, on sait ce que ce genre d’acte porte comme conséquences ».


Par ailleurs, Florent Couao-Zotti caractérise davantage la situation créée par Tassi Hangbé : « Dans la nature des femmes, lorsqu’elles en ont marre, lorsqu’elles se déshabillent et montrent leur nudité à tout le monde, cela signifie que c’est un mauvais signe pour l’ensemble de la communauté. Mais, chez elle, le deuxième geste porte une symbolique effroyable, le fait de jeter l’eau du bain sur les gens. Là, c’est la totale ! Et, il est dit quelque part, les anciens nous en parlent, que cet acte a eu des conséquences puisque le pays a traversé trois années de disette. Son successeur l’a reconnu, disant : ’’Nous avons porté préjudice à Tassi Hangbé et nous en récoltons les conséquences’’. Donc, ce n’est pas de l’ordre du mythe ni d’une construction intellectuelle ».


Si « la femme avec ses attraits et ses charmes » et le « personnage rond et gras » ont été de mise dans la réalité historique, au cours du bain profanateur, le Dahomey, à l’époque, en a donc payé le prix irrévocable.


De la crudité historique à la crudité dramaturgique


... Ousmane Alédji

Florent Couao-Zotti rappelle, en conséquence, le contexte précis de son développement, celui des faits originels de l’œuvre qui est la sienne, ’’Tassi Hangbé, la reine interdite’’ et dont s’est inspiré Ousmane Alédji, pour son adaptation : « Dans la pièce, [Tassi Hangbé] était debout, assistée de ses laveuses qui lui mettaient l’eau sur le corps et, à un moment donné, elle s’est accroupie, elle s’est lavée le sexe, puis, après, quand elle a eu fini, elle a pris la calebasse - puisqu’elle se lavait dans une grande calebasse – elle en a jeté l’eau sur l’ensemble des dignitaires présents ».


Le courage de Tassi Hangbé en a généré deux autres, ceux, d’une part, de Florent Couao-Zotti, dans une écriture de défi d’une généalogie dynastique séculairement et opportunément faussée mais imposée comme vraie. D’autre part, Ousmane Alédji, en faisant s’exprimer sa profession, au-delà de ses actuelles responsabilités d’autres ordres, n’a pas ménagé, à travers la mise en scène de la pièce adaptée de Florent Couao-Zotti, un certain goût pour le traitement de l’atypique, du choquant, du cru scandaleux.

Marcel Kpogodo Gangbè 

vendredi 23 juillet 2021

Présentation des 3 points du réaménagement du Grand prix littéraire du Bénin

Dans le cadre du lancement de l’appel à candidatures pour l’édition 2021


Par le biais d’une séance d’échanges avec les journalistes, le Ministère du Tourisme, de la culture et des arts (Mtca) a rendu public l’appel à candidatures pour la détection de l’écrivain béninois lauréat de la 3ème édition du Grand prix littéraire du Bénin. L’événement s’est déroulé le mercredi 21 juillet 2021 à la Salle de Conférences du siège du département ministériel, sous la direction de Florent Couao-Zotti, Conseiller technique à la Culture du Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, avec l'animation de Blaise Tchétchao, Directeur des Arts et du livre. Il est à retenir trois points de réaménagement du prix littéraire décerné par l’Etat béninois.

Ci-contre, de gauche à droite, Blaise Tchétchao et Florent Couao-Zotti, au cours de la séance d'échanges avec les journalistes - Crédit photo : Daniel Hountondji

Octroi d’un unique Grand prix littéraire du Bénin, augmentation de la valeur financière de la distinction indiquée et création de deux autres distinctions afférant au Grand prix littéraire du Bénin. Les trois innovations fondant désormais le Grand prix littéraire du Bénin, elles qui ont été portées à la connaissance du public avec le lancement officiel de l’appel à candidatures pour cette distinction littéraire nationale du secteur public, dans l’après-midi du mercredi 21 juillet 2021, par Blaise Tchétchao, Directeur des Arts et du livre, à travers une causerie avec les journalistes, dirigée par Florent Couao-Zotti, Conseiller technique à la Culture du Ministre de la Culture, à la Salle de Conférences du Ministère de la Culture.

D’abord, à partir de l’édition 2021 du Grand prix littéraire du Bénin, il sera décerné une distinction unique qui mettra en vue une œuvre issue de l’une des catégories littéraires validées pour entrer en compétition que sont la nouvelle, le théâtre, le roman, le conte et la poésie. Ensuite, le nouvelliste, le dramaturge, le romancier, le conteur ou le poète qui sera retenu par le jury final comme le Grand prix littéraire du Bénin recevra une enveloppe financière de cinq millions de Francs Cfa et un trophée. Enfin, deux prix spéciaux seront décernés. Il s’agit du Prix de l’Editeur, d’une valeur de trois millions de Francs Cfa, et du Prix du Journaliste littéraire, pour une enveloppe financière d’un million de Francs cfa.

Ces innovations sonnent comme une mini-révolution dans la distinction littéraire nationale conduite par l’Etat béninois lorsqu’on se souvient que le Grand prix littéraire du Bénin, qui a connu sa première édition en 2019, en remplacement du Prix du Président de la République, en vigueur les années antérieures, laissait triompher un lauréat par catégorie littéraire, ce qui en faisait cinq, représentant chacun des genres littéraires retenus, sans oublier que chacun d’eux avait droit à deux millions de Francs Cfa. Il n’y a pas de doute que la situation de délibération où, en 2020, le Grand prix littéraire du Bénin n’avait pas été décerné dans les catégories du conte et de la poésie ait encouragé à détecter et à mettre en valeur un lauréat unique représentatif de la meilleure qualité de la littérature béninoise, avec une envergure qui s’épaissit par une hausse de la cagnotte de la distinction nationale.

En outre, désormais, les maisons d’édition et les journalistes littéraires, deux maillons incontournables du monde de la littérature, se voient dans l’obligation de fournir une plus grande qualité de production, vu que leurs acteurs respectifs entrent en compétition.


 

Des conditions de participation


Pour un concours littéraire national annuel initié par l’Etat béninois à travers le Ministère de la Culture et conduit par la Direction des Arts et du livre (Dal), le Grand prix littéraire du Bénin est officiellement lancé depuis le jeudi 22 juillet 2021 pour les écrivains béninois de la nouvelle, du théâtre, du roman, du conte puis de la poésie et prend fin le 31 août 2021 à 12 heures précises. Ce sont alors les maisons béninoises d’édition, accréditées par la Dal, qui présenteront la candidature d’au plus trois auteurs différents dont elles ont publié l’ouvrage entre le 1er janvier 2019 et le 30 juin 2021. Elles ne sont pas autorisées à faire postuler des ouvrages collectifs.

Par ailleurs, selon Blaise Tchétchao, « pour faire acte de candidature, l’éditeur doit soumettre, sous pli fermé pour toute catégorie visée, à la Direction des Arts et du Livre, dix (10) exemplaires identiques de l’œuvre, accompagnés de la fiche de candidature et d’une copie de l’agrément d’éditeur », de même que « les dossiers de candidature comprenant des exemplaires de titres d’éditions différentes, ne seront pas acceptés » et que « les plis, soigneusement fermés, doivent porter la mention : « Candidature au Grand Prix Littéraire du Bénin – 3e édition » et déposés contre récépissé à la Direction des Arts et du Livre ».

En rapport avec le Prix de l’Editeur, peuvent y concourir, à en croire l'orateur indiqué, les maisons d’édition pouvant « justifier d’un minimum de deux ans d’existence, remplir toutes les conditions réglementaires exigées par la Dal » et qui ont « publié au moins trois ouvrages à la date de la candidature ». De plus, le dossier à fournir comportera les pièces ci-après : une lettre de motivation présentant la maison d’édition, l’agrément signé par la Dal, un catalogue dans lequel figurent les titres des ouvrages et trois exemplaires d’ouvrages édités par la maison.

Lié au Prix du Journaliste littéraire, il s’agit, selon Blaise Tchétchao, pour le postulant, de remplir quelques conditions : « être un journaliste officiant dans une rédaction, avoir régulièrement publié des chroniques, des comptes rendus de lecture et des critiques littéraires », avec l’obligation de présenter les éléments de réalisation de ces faits dans le dossier de candidature comportant une lettre de motivation, une photocopie légalisée de la carte de presse de la HAAC, la preuve de trois publications diffusées entre le 1er janvier 2019 et le 30 juin 2021.

Enfin, la présélection pour le Grand prix littéraire du Bénin et les prix spéciaux sera connue le 29 octobre 2021. Quant à la délibération finale, elle est prévue pour se dérouler le 27 décembre de la même année au cours d'une cérémonie officielle pendant laquelle les lauréats seront annoncés et pourvus de leurs prix respectifs.

Daniel Hountondji / Marcel Kpogodo Gangbè 

mercredi 20 janvier 2021

Effervescence et apothéose pour le vernissage de l’exposition, ’’Spécial Boulev’art Covid-19’’

Dans le cadre d’une manifestation grandiose au Carrefour ’’Sainte-Cécile’’ de Cotonou


L’exposition collective intitulée ’’Spécial Boulev’art Covid-19’’, destinée à sensibiliser la population béninoise à la continuation de l’observation des gestes barrière de lutte contre le coronavirus,  a connu son vernissage le vendredi 15 janvier 2021 au Carrefour ’’Sainte-Cécile’’ de Cotonou. Ont fait le déplacement de l’événement des membres du cabinet du Ministre du Tourisme, de la culture et des arts, l’artiste contemporain, Dominique Zinkpè, appuyé de son Comité d’Organisation, les artistes exposants et invités puis une foule immense de curieux en provenance des quartiers de Sainte-Cécile, d’Aïdjèdo et de leurs environs. Une véritable liesse …

Ci-contre, Dominique Zinkpè, dans son explication au public de sa performance de la crucifixion

Quatre performances drainant, à tour de rôle, un nombre impressionnant de personnes derrière les artistes y étant engagés. L’aperçu de la participation massive de la population de la ville de Cotonou au vernissage de l’exposition collective dénommée, ’’Spécial Boulev’art Covid-19’’, qui se tenait en plein air au Carrefour ’’Sainte-Cécile’’ de Cotonou dans le milieu de l’après-midi du vendredi 15 janvier 2021 à l’organisation de l’initiateur du projet, l’artiste contemporain, Dominique Zinkpè, qui, à l’occasion, était entouré d’autorités du Ministère du Tourisme, de la culture et des arts, des artistes membres et non de l’exposition et d’une foule immense.

De gauche à droite, Coline-Lee Toumson-Vénite, Directrice de l'Institut français de Cotonou, Idelphonse Affogbolo, collectionneur, et Carole Borna ...
... de même qu' à droite, Blaise Tchétchao, se faisant expliquer son tableau par l'artiste Germain Lanha ...
 
... sans oublier, de gauche à droite, les actrices culturelles, Noëlie Houngnihin et Silvana Moï Virchaux, puis Marion Hamard, Directrice du ''Centre'' de Lobozounkpa ...
... et, entre autres, à gauche, Valentine Plisnier, ...

... de même que Dominique Zinkpè échangeant avec Florent Couao-Zotti ...

Représentant le cabinet du Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, Blaise Tchétchao, Directeur des Arts et du livre et Coordonnateur des Actions artistiques d’Appui au profit des acteurs culturels (2Apac), Florent Couao-Zotti, Conseiller technique à la Culture et Carole Borna, Conseiller technique aux Arts, ont participé au vernissage de l’exposition indiquée, de même que Valentine Plisnier, représentante de la Galerie ’’Vallois’’, et Gratien Zossou, porte-parole des artistes plasticiens ayant animé les ateliers de création et laissant le fruit de leur inspiration à la contemplation du public.

Adjoss Togbé, au cours de sa prestation musicale

Concernant la cérémonie proprement dite, elle a été essentiellement meublée par la prestation musicale live de l’artiste Adjoss Togbé qui a gratifié le public de la chanson inédite, ’’Attention corona !’’.

Le public avait fait le déplacement ...

... des grands jours 

Ensuite, Gratien Zossou a présenté le mot de remerciement des artistes plasticiens. Enfin, Dominique Zinkpè, Président du Collectif des Artistes du Bénin (Cab), l'association porteuse du projet qu'il a initié, a pris la parole pour retracer la genèse du ’’Spécial Boulev’art Covid-19’’ qui se déroule sous le couvert des 2Apac, dans son volet ’’Arts plastiques’’ et afin de présenter les remerciements des membres du Comité d’Organisation du projet à toutes les parties prenantes ayant concouru à la concrétisation du vernissage. Le Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, ayant effectué un déplacement sur le site de l’exposition collective deux jours plus tôt, le mercredi 13 janvier, ses représentants n’ont pas jugé utile de déléguer une personnalité pour prendre la parole en leur nom.

L'équipe des performeurs de Mahoussi Ahodoto

En outre, avant la visite des œuvres exposées, quatre performances ont produit un grand effet d’animation et de mobilisation du public, celle produite par Mahoussi Ahodoto qui, à la tête d’un quartuo d’artistes ont fait sept fois le tour du Carrefour ’’Sainte-Cécile’’, la tête enfermée dans un cache-nez géant se terminant par un canon de fusil, « une arme pour se protéger et se défendre contre la pandémie », explique l’artiste.

Prince Toffa, à droite, dans son accoutrement, en pleine action de performance ...

De son côté, bien avant lui, Prince Toffa, le corps complètement enveloppé d’une longue robe, à la base en un vaste éventail, a parcouru les lieux en drainant un groupe d’enfants tenant chacun à la main un balai qu’ils manipulaient en signe de renvoi violent de quelque chose de dangereux : la Covid-19.

Eric Médéda, dans l'aboutissement de sa performance

Par ailleurs, l’artiste Eric Médéda, un véritable personnage, le visage décomposé, meurtri de préoccupations noires liées au devenir macabre de l’Afrique face au coronavirus, le corps vêtu de chaînes et d’une culotte en jeans, le portait difficilement, par une démarche incertaine, le faisait zigzaguer jusqu’à ce qu’il aille tomber lourdement quelque part, entouré par un nombre massif de curieux.

Quatrièmement, le nec plus ultra de la performance s’est révélé avec une inspiration mise en œuvre par Dominique Zinkpè, laissant voir un jeune homme mis à une croix, chacun des quatre membres attaché à sa place, le visage peinant sous le coup d’un certain inconfort, le personnage laissant voir un corps peint lui donnant l’aspect d’un homme blanc : la Covid-19 crucifiée.


Drainant, l’une après l’autre, un grand nombre de curieux, ces performances ont fait connaître une dimension inimaginable de l’inspiration des artistes plasticiens sur le coronavirus et ses ravages, de quoi inspirer au public le retour à l’observation des très salvatrices règles barrière de lutte contre la pandémie.


Par conséquent, jusqu’à la nuit totale, les visiteurs ont découvert plus d’une centaine de toiles et environ une dizaine de sculptures incitant à revenir aux gestes de protection contre la Covid-19. Menée à ciel ouvert, l’exposition collective se tient jusqu’au 16 février 2021 avant d'être déplacée vers d'autres villes du Bénin.

Marcel Kpogodo Gangbè 

jeudi 13 février 2020

"Adú", le film hispano-béninois en projection spéciale et restreinte à Cotonou

Dans le cadre de facilités particulières obtenues par Edmon Roch

La conférence de presse qui s'est tenue le mardi 11 février 2020 à la Salle Vip du Ministère de la Culture a permis de faire passer l'information selon laquelle le film "Adú", tourné en grande partie au Bénin, sera exceptionnellement projeté dans la capitale économique, selon des conditions assez rigoureuses. Plusieurs autorités ont pris part à cette séance d'échanges avec les professionnels des médias.

De gauche à droite, Moustapha Imorou, Bella Agossou et Claude Balogoun, au cours de la conférence de presse

20 heures précises à "Canal Olympia", à Wologuèdè, le jeudi 13 février 2020. Les repères de la projection unique qui sera faite d' "Adú", le film tourné en bonne partie au Bénin plusieurs mois auparavant. L'annonce qu'a faite Claude Balogoun, Président-Directeur général de la Société, "Gangan prod" et producteur béninois du film indiqué, dans l'après-midi du mardi 11 février 2020, à la Salle Vip du Ministère de la Culture, sis Route de l'aéroport, à Cotonou, au cours d'une conférence de presse.


En effet, à en croire Claude Balogoun, de manière exceptionnelle, Edmon Roch, producteur exécutif du film intitulé "Adú", a choisi d'obtenir une autorisation spéciale de la "Paramount" et de "Netflix" qui détiennent les droits de diffusion de l'oeuvre cinématographique afin de présenter aux autorités béninoises le résultat du grand projet, le produit de toute la bataille qui avaient été lancés, menés et mis en oeuvre dans plusieurs villes du Bénin, ce qui avait rendu nécessaires que ces autorités, à plusieurs niveaux hiérarchiques, délivrent des autorisations, des facilitations et des exonérations pour, respectivement, des tournages sur des sites, des importations et des réceptions de machines et d'instruments liés au matériel de travail.


Dans ces conditions, Claude Balogoun s'est fait clair : ce sont au plus 300 personnes qui seront admises dans la grande salle de projection de "Canal Olympia", exclusivement sur invitation avec, à la clé, l'interdiction formelle d'enregistrer quoi que ce soit du film projeté en se servant d'un téléphone portable ou de quelque autre instrument technologique de captation. La condition restrictive qu'aurait posée Edmon Roch avant de se battre pour obtenir la diffusion unique d' "Adú" au Bénin. Pour l'intervenant, elle est une manière pour le réalisateur de remercier les autorités béninoises pour toute la partition facilitatrice qu'elles ont jouée. 


Plusieurs personnalités entouraient Claude Balogoun au cours de son intervention : Bella Agossou, actrice béninoise exerçant en Espagne et grande instigatrice de l'arrivée de l'équipe espagnole de production cinématographique au Bénin, Carole Borna et Florent Couao-Zotti, respectivement, Conseillère aux Arts et Conseiller à la Culture du Ministre Jean-Michel Abimbola, et Éric Todan, Directeur général du Centre national du Cinéma et de l'image animée (Cncia), sans oublier qu'était assis à leurs côtés Moustapha Imorou, l'enfant parakois ayant incarné Adú dans le film éponyme.

Marcel Kpogodo

mardi 7 janvier 2020

Jean-Michel Abimbola visite "Le petit musée de la Récade"

Dans le cadre de la réception de nouvelles récades

En prélude à la réception, dans les prochains jours, par "Le centre", de nouvelles récades, le Ministre béninois du Tourisme, de la culture et des arts, Jean-Michel Abimbola, a effectué une visite de découverte du "Petit musée de la Récade" qu'héberge "Le centre" de Godomey, le vendredi 3 janvier 2020. Il était accompagné, à cet effet, de plusieurs membres de son cabinet.


De gauche à droite, Jean-Michel Abimbola et Marion Hamard, l'accueillant à son arrivée au ''Centre''
Plus d'une quarantaine de pièces dont 29 récades royales authentiques et 18 récades actuelles conçues par des artistes contemporains. Ce qu'il a été donné de découvrir à Jean-Michel Abimbola, Ministre du Tourisme, de la culture et des arts, dans l'après-midi du vendredi 3 janvier 2020, au "Petit musée de la Récade" logé au sein du Complexe culturel dénommé "Le centre" de Godomey. 


A cette occasion, l'autorité gouvernementale était entourée de son Assistant, Blaise Tchétchao, et de membres de son cabinet, comme celui qui en est le Directeur, Éric Totah, du Directeur des Arts et du livre, Koffi Attédé, du Directeur du Patrimoine culturel, Paul Akogni, et de ses Conseillers respectifs à la Culture, Florent Couao-Zotti, et aux Arts, Carole Borna. 


Guidé par le Conservateur du Musée, Marius Dakpogan, Jean-Michel Abimbola a donc pu contempler, outre des décades des rois du Danhomey, Gangnihessou, Akaba, Glèlè et Béhanzin, une sculpture, un siège de commandement et un peu moins d'une vingtaines de récades, créées par des artistes ayant tenu une résidence au "Centre".


En rapport avec les décades royales, dans le communiqué de presse, rendu public à la suite de la visite ministérielle, "Le centre" a précisé qu'il se prépare à en recevoir, le 17 janvier 2020, "27 nouvelles", de même que des "sabres" et des "objets de culte fon offerts par le Collectif des Antiquaires de Saint-Germain-des-Prés, mécène du "Centre" ". 



D'autres points du "Centre" visités par Jean-Michel Abimbola


A son arrivée à l'espace culturel aux alentours de 15h 40, le Ministre de la Culture a été accueilli par Marion Hamard, Directrice générale du "Centre", qui n'a pas hésité à lui en montrer les lieux clés : le jardin d'entrée comportant des oeuvres d'art, témoignant de résidences d'artistes et d'expositions passées, la médiathèque et les salles d'exposition de la galerie hébergeant jusqu'au 25 janvier l'exposition dénommée "In Situ" relevant de l'événement biennal, "Les échos de Lobozounkpa", et présentant le fruit de l'inspiration circonstancielle de pas moins de 13 artistes contemporains. 


Dominique Zinkpè, Président d'honneur du "Centre", a aussi marqué sa présence à la visite du Ministre en accompagnant sa délégation et lui dans tout leur parcours, ce qui lui a aussi donné l'occasion d'apporter son éclairage, en cas de besoin.

Marcel Kpogodo

mardi 5 juin 2018

Barnabé Laye au Bénin, la fausse note d’Oswald Homéky


Découverte à la faveur d’une conférence tenue à Cotonou

L’amphithéâtre ’’Christophe Sadeler’’ de l’Institut des Sciences biomédicales appliquées (Isba) du Champ de foire, à Cotonou, a accueilli une grande conférence littéraire au centre de laquelle se trouvait un écrivain de forte stature : Barnabé Laye. L’événement s’est déroulé dans la matinée du jeudi 24 mai 2018 et a réuni une large brochette d’universitaires, d’écrivains, d’hommes et de femmes de lettres et de culture. Un couac, cependant : le Ministre de la Culture, Oswald Homéky, a été indexé dans un acte peu recommandable manifestant son profond mépris pour le secteur littéraire béninois.

Barnabé Laye
’’La parole et le feu’’, un livre que, depuis environ deux mois, Oswald Homéky, s’acharne à ne pas récupérer alors qu’il émane d’une personnalité dont l’influence dans la littérature béninoise est avérée : l’écrivain vivant en France, Barnabé Laye. Un tel comportement semble hautement méprisant et profondément révélateur du grand problème que pose un positionnement politique, ce qui a été vivement dénoncé dans la matinée du jeudi 24 mai 2018, à l’amphithéâtre ’’Christophe Sadeler’’ de l’Institut des Sciences biomédicales appliquées (Isba) du Champ de foire de Cotonou, au cours de la phase des débats, consécutive à la présentation des exposés liée à la conférence publique consacrée à rendre hommage à cet auteur béninois.

L'ouvrage ''La parole et le feu''
Selon Florent Couao-Zotti, en tant que représentant du Ministre de la Culture, mandaté comme tel par cette autorité, lui avait dirigé la délégation béninoise qui avait participé au Salon du livre de Paris, du 13 au 19 mars 2018. Et, ayant profité de ce séjour parisien pour rendre visite à Barnabé Laye, l’éminent poète avait demandé au chef de la délégation de transmettre au Ministre Homéky son ouvrage, ’’La parole et le feu’’, l’un des derniers qu’il a écrit et qui constitue l’anthologie de sa production littéraire, étant paru à Paris au début du mois de décembre 2017 à ’’Agora éditions’’, et ayant 416 pages.
A en croire toujours Florent Couao-Zotti, à son retour au Bénin, la fin du mois de mars l’a vu déposer le rapport des activités menées à Paris au cabinet d’Oswald Homéky, celle-ci, assortie d’une demande d’audience pour, entre autres, lui remettre l’ouvrage dont il était le porteur pour lui. Et, jusqu’au 24 mai, au moment de son intervention à la conférence sur Barnabé Laye, l’autorité ne l’avait encore reçu. Pire, contacté à ce sujet par notre Rédaction, le vendredi 1er juin 2018, l’audience n’avait pas encore été accordée à l’écrivain, en dépit de l’intervention, au niveau du Ministre, de personnalités de trempe du monde des arts et de la culture.  


Positionnement politique absurde

Pour un profane du secteur culturel, ne pas accorder plus d’importance à un écrivain de taille que lorsqu’il s’agit de l’envoyer en mission, cela ne pose aucun problème. Pour un non habitué du secteur culturel, banaliser la réception d’une commission envoyée par un écrivain de poids, cela n’est rien. Pour une personnalité qui ne connaît absolument rien aux codes de fonctionnement du monde culturel, ne pas contribuer à dresser le tapis rouge présidentiel à un cinéaste béninois qui, de haute lutte, a conquis l’Etalon d’Argent au Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco), dans son édition 2017, cela n’a rien de grave. Cependant, pour ceux qui fonctionnent nuit et jour dans le domaine des arts et de la culture, qui y souffrent pour créer, qui en tirent l’essentiel de leurs revenus substantiels, qui, par conséquent, se trouvent, consciemment ou inconsciemment, à l’affût du moindre signe visant à reconnaître la portée du fruit de leurs sacrifices, de leur labeur, de leurs peines, les cas d’actes de manquement, précédemment évoqués, sonnent comme un sacrilège, comme une faute forte qui devrait décourager de continuer à créer, si l’on devait tenir compte de sa profonde gravité.
Une grosse situation ! Le ver qui, malheureusement, détruit le fruit ! Si Oswald Homéky, chef d’entreprise, homme de confiance et d’écoute du Chef de l’Etat, le Président Patrice Talon, qui a été fait Ministre, entre autres, de la Culture, pour y rassembler une famille écartelée, désunie, et qui, après sa prise de service, dans ses premiers propos en direction des acteurs culturels, leur avait garanti de connaître et de maîtriser la maison et ses problèmes, puis de s’atteler à les résoudre, qui, le 21 février 2018, à l’Hôtel ’’Golden Tulip Le diplomate’’, avait présenté le Programme d’actions du Gouvernement (Pag), dans son orientation culturelle, rassurant de sa bonne foi, de sa bonne volonté, cette personnalité gouvernementale, dans ses actes, donne l’impression que c’est tout le contraire de cet état d’âme, qui fait battre son cœur, le mépris affiché vis-à-vis des écrivains Florent Couao-Zotti et Barnabé Laye n’étant que la face visible de l’iceberg, l’arbre cachant la forêt de toute une gestion déplorable du secteur culturel avec, à la clé, des promesses non tenues.
En effet, le 21 février 2018, Oswald Homéky avait notifié aux artistes le projet de recensement des festivals importants se déroulant à l’international et l’octroi d’un appui à ceux-ci pour une participation effective à ces rendez-vous. Dans la réalité, la treizième édition de la Biennale de Dakar, qui s’est déroulée du 3 mai au 2 juin 2018, n’a pas permis à son institution de financer le déplacement d’artistes contemporains béninois vers cet événement, malgré leurs démarches en direction de son cabinet. Pour un autre festival, en préparation de tenue dans un pays d’Amérique du Nord, le meilleur que le Ministère de la Culture a pu faire est d’octroyer une Attestation d’artiste comme un document pouvant faire obtenir un visa !
En réalité, les belles paroles, très rassembleuses mais politiquement réfléchies, ne suffisent plus : Oswald Homéky est difficilement à la hauteur de la tâche, ce qui devrait amener le Chef de l’Etat à prendre ses responsabilités en confinant cette personnalité aux Sports, vu qu’elle a réussi, par deux fois, en 2017 et en 2018, à octroyer des subventions aux fédérations sportives, et à donner du financement aux clubs de football des première, deuxième et troisième divisions. Et, ce ne sont pas les personnalités inculturées qui manquent pour voir confier à l’une d’elles un Département des Arts et de la culture, radicalement détaché des Sports.


Un carré pour un secteur culturel

En lieu et place d’Oswald Homéky à la Culture, il n’est pas besoin d’aller bien loin pour dénicher la perle rare, bonne connaisseuse du secteur et capable d’y apporter, enfin, le bonheur, surtout que plusieurs personnalités, quatre précisément, gravitent dans l’environnement plus ou moins proche du premier des Béninois.
Premièrement, Ousmane Alédji, comédien, metteur en scène, dramaturge, essayiste, administrateur d’espace culturel, collectionneur d’art, promoteur culturel et ancien Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), est si compétent pour être Ministre de la Culture que le Président de la République l’a d’abord retenu auprès de lui comme ses Conseiller culturel et Chargé de mission. N’est-il pas temps de le mettre au fourneau de la charge ministérielle pour la réalisation de prouesses dans la maison ’’Culture’’ ?
Deuxièmement, Gilbert Déou-Malè, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), historien de formation et, par-dessus tout, artiste chanteur et danseur du ’’Tchingoumè’’, l’une des musiques traditionnelles phare du Bénin, de son nom d’artiste, Ohangnon, il pilote une troupe multivalente, artistiquement parlant, et manifeste une imprégnation des réalités intrinsèques du secteur culturel béninois, portant un langage et des idées qui fascinent les artistes et les acteurs culturels.
Troisièmement, Marcel Zounon, Directeur de l’Ensemble artistique national, artiste, à la base, du secteur de la danse, Directeur de la troupe ’’Towara’’ et Président du Festival des Rituels et des danses masquées (Féridama), pétri d’humilité, moulé dans le fonctionnement administratif et financier propre au circuit de l’appui aux initiatives culturelles, toujours vêtu de costumes de chez nous.
Quatrièmement, Claude Balogoun, comédien, metteur en scène, dramaturge, romancier, promoteur culturel, Directeur général de la Société ’’Gangan Prod’’, mécène culturel et représentant des artistes au Conseil économique et social (Ces). Une véritable tête pensante qui, à son actif, trouve, notamment, l’idée fonds de démarrage visant à faire tourner les arts et la culture au Bénin.
Si le nombre n’est nullement exhaustif des personnalités pouvant être pressenties pour prendre les rênes du Ministère de la Culture, ces quatre, évoquées ci-dessus, constituent une crème de profils affinés par une pratique et une expérience de plusieurs décennies dans le secteur culturel béninois, le prochain remaniement ministériel étant une chance qu'aurait dû saisir le Président Talon pour positionner une personnalité inculturée au Ministère de la Culture, ce qui aurait contribué à montrer sa rupture avec le comportement habituel des chefs d’Etat béninois consistant à faire de Département ministériel le point de chute et de remerciement des hommes politiques qu’on n’aurait pas réussi à caser à des postes considérés comme plus sérieux, plus influents.

Marcel Kpogodo