Dans le cadre de leur
co-exposition
Le vendredi 6 avril
2018, l’être humain a fait l’objet d’une réelle exploration, à la Galerie
’’Guèlèdè’’ de Cotonou. La manifestation s’est rendue visible par une
exposition dont le vernissage a eu lieu. Gaël Daavo et Philippe Hachémé, jeunes artistes, étaient à l'honneur.
De gauche à droite, Philippe Hachémé et Gaël Daavo |
Sept toiles, d’un côté,
dix-sept, de l’autre, présentées dans une cohabitation pas toujours alternative
avec, comme point d’uniformité, la conquête de la matérialisation de l’homme. Le
schéma global de l’exposition intitulée ’’Ebauche de la nature humaine’’, qui
s’est ouverte depuis le 6 avril 2018 et qui a enrichi les murs de la Galerie
’’Guèlèdè’’, sis quartier Jéricho, à Cotonou. La multiplicité des couleurs,
dans des tons de tous genres, de toutes les variétés, pour deux démarches
d’artistes, véritablement jeunes, qui se rejoignent difficilement, pour peu
qu’on veuille approfondir son observation.
Aperçu de l'exposition |
Philippe Hachémé, connu
comme Oncle Phil, s’exprime, par ses toiles, dans un style qui lui fait
traduire l’opacité, le mystère profond de la nature humaine. De préférence, au
niveau de ses tableaux, le noir, le blanc et le rouge se côtoient, même s’il
part d’un certain fond pour camper son message dont lui-même doute de la totale
appréhension de celui qui en est l’objet, l’homme, puisque, selon lui, le
caractère insaisissable de celui-ci enduit de mystère le thème de travail, le
rend complexe : ’’Ebauche de la nature humaine’’. Par conséquent, Oncle
Phil, malgré son jeune âge, se dote d’une thérapie de choc pour ne pas se
distraire de son objectif : les couleurs ; elles lui donnent accès
aux sentiments qui révèlent une certaine vérité sur l’homme : la violence,
la passion, l’action, l’énergie et le mouvement, pour le rouge, notamment, sans
oublier, selon lui, la guerre, générée par l’argent. Et, ses matériaux favoris :
de la résine d’acrylique, de l’acrylique, de la peinture à huile.
Oncle Phil (A gauche), en échange avec les visiteurs |
’’Solitude en fond bleu’’,
’’Psyché humaine / Dégénérescence de l’arc-en-ciel’’, ’’A visage découvert’’, ’’A
la recherche’’, ’’Elevation’’, ’’Violence humaine’’, ’’Sensualité’’. D’une
toile à l’autre, Oncle Phil présente une vue plus qu’abstractive de l’homme, du
moins, ce que son inspiration des instants spécifiques de travail lui ont
permis de saisir du bipède, dans ses élans propres à le faire percevoir ange ou
démon, esprit ou matière, divinité, spiritualité ou matérialité, philosophie ou
pragmatisme, entre autres. Voilà un coup de pinceau, celui de Philippe Hachémé,
qu’il faudrait attendre dans des dimensions toujours réalistes de production.
Daavo, l’énigme dans la
’’multidimension’’
S’est fait découvrir, dans
un choix propre à lui, Daavo, de son nom à l’état civil, Gaël Daavo. Premier
facteur de difficulté manifestée par l’artiste à dire tout l’homme, la
latitude, l’ouverture qu’il donne à l’être humain visiteur à se lire et à se
décrire, par lui-même, d’où l’absence d’un titre à seize tableaux sur les
dix-sept, présentés à la contemplation du public, lors du vernissage de l’exposition
du 6 avril dernier ; la sculpture, dans une unité, a seule l’honneur d’une
dénomination : ’’Fécondité’’. Deuxièmement, le thème fondateur de toute
son inspiration : l’hypocrisie. « Le visage est trompeur »,
affirma-t-il, avant de continuer : « Mon travail montre différents
masques de l’être humain, ceux qu’il porte toute sa vie et qui montre son
hypocrisie », a-t-il fini.
Daavo, dans l'analyse de son inspiration |
Ce sont des visages sur lesquels la lecture de l’étiquette
dépend de celui qui voit. A l’effet de cette expression, le fond uni du tableau
tient une bonne place dans le processus de création de son œuvre par Daavo, avant
qu’il ne se lance dans le crayonnage de son idée, comme pour mettre en place le
patron indispensable au tailleur. Ensuite, l’artiste fait intervenir l’acrylique
pour concrétiser les formes, grâce à différentes couleurs avec lesquelles il
aime bien « jouer ». Selon ses explications, la nécessité de la
présentation de son message le conduit à pratiquer le collage, à l’aide du
papier carton.
Du côté de la
sculpture, la récupération et le recyclage constituent le fondement de la
création : le bois de ’’Fécondité’’ entoure alors du fils électrique, ce
matériau que le créateur a choisi bien à propos pour « communiquer de l’énergie »
à ses œuvres.
Résolument, la nouvelle
génération de l’art contemporain béninois, celle d’une très effervescente, qu’incarnent
Oncle Phil et Daavo, devra faire avec ces deux jeunes esprits dont l’avenir
permet d’attendre une production artistique aussi bien prolifique que
surprenante, vu l’ardeur avec laquelle la tâche les maintient dans l’action
créatrice.
Marcel Kpogodo
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