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lundi 14 octobre 2019

’’Carit’art’’ 2019 : l’équipe de pilotage renforcée dans ses capacités techniques

Dans le cadre du démarrage du Projet

Une formation s’est tenue à l’Hôtel ’’Jéco’’, dans la Commune d’Abomey-Calavi dès le mercredi 18 septembre 2019. Elle concernait les membres de l’équipe de pilotage du Projet ’’Carit’art’’, financé par l’Union européenne. Le Français Jean-Louis Fournier est l’expert qui s’est chargé d’effectuer cette séance de renforcement de capacités.

Jean-Louis Fournier, en échange avec les auditeurs
Un Coordonnateur du Projet, son Assistante administrative, une Secrétaire comptable, un Chargé à la Communication et le Chargé des Activités artistiques, de la projection de films et de spectacles. Les statuts respectifs des participants à la formation initiée par le Projet ’’Carit’art’’ et qui s’est déroulée du mercredi 18 au dimanche 22 septembre 2019, dans l’une des salles de conférence de l’Hôtel ’’Jéco’’, situé dans la Commune d’Abomey-Calavi.


Pendant toutes ces journées, les auditeurs ont travaillé de 10h à 15h.


’’Carit’art’’ est le projet de proposition et de gestion d’intervention d’artistes dans les hôpitaux, les centres sociaux d’accueil et les prisons. D’une durée de 12 mois, il est initié par l’Association ’’Igbala’’ que dirige l’artiste comédien, Alfred Fadonougbo, alias, Freddy.


Cette initiative d’intervention d’artistes dans des univers hébergeant des personnes en besoin d’appui psychologique, notamment, s’est ainsi vue lancée dans sa phase active par cette formation au sommet de la pyramide d’un système qui devrait permettre de voir cette équipe de pilotage organiser, suivre et gérer la descente d’artistes, tous secteurs confondus, dans des hôpitaux, des centres sociaux d’accueil, des maisons d’arrêt et des prisons au Bénin.


Pour assurer cette formation, les services spécialisés de Jean-Louis Fournier, circonstanciellement arrivé de la France, ont été demandés.

L'expert posant avec quelques-uns des stagiaires, au lancement de la formation
Responsable administratif et financier de l’Association ’’Tournesol’’ ayant son siège dans l’Hexagone, il s’est confié à la presse, dans le but de clarifier la mission qui lui a été confiée : « Il s’agit pour les membres de l’équipe de pilotage du Projet concerné de saisir ses enjeux vis-à-vis du pays, de l’Union européenne qui est l’institution qui procède à son financement, de s’approprier, chacun, ses outils de travail afin de mieux répondre aux enjeux indiqués ».


Continuant dans son développement, il a affirmé : « Il est question pour moi de les armer afin que chacun des membres de l’équipe de pilotage détienne les outils des justifications des actions menées et d’apport des preuves, des justificatifs. Chacun doit avoir la même compréhension du Projet, maîtriser ses responsabilités spécifiques, comprendre comment sera partagé le travail de façon à ce que l’œuvre de chacun puisse nourrir celle des autres ».


Hors de la peau du ’’Magister dixit’’, le formateur entendait adopter une stratégie purement collaborative : « Ma méthode, pour atteindre ces objectifs, sera participative », a-t-il terminé.

Marcel Kpogodo

vendredi 8 juin 2018

Alfred Fadonougbo et le théâtre organique au secours des pensionnaires du Centre psychiatrique de Jacquot


Dans le cadre d’un Projet de l'Association ''Igbala''

Le jeudi 5 avril 2018, un projet peu commun a été lancé au Centre national hospitalier universitaire psychiatrique (Cnhup) Jacquot, sis quartier Fidjrossè, à Cotonou, celui de la mise en place d’un atelier de réinsertion sociale et d’expression artistique dans le but de contribuer, notamment, au mieux-être des personnes internées dans cet espace sanitaire. A la manœuvre de cette initiative, accompagnée par des partenaires, l’Association ’’Igbala’’ dont le Président, Alfred Fadonougbo, s’est illustré dans l’exercice de gestes salvateurs sur un patient.

Alfred Fadonougbo, assis, en action 
Accroupi, touchant, de manière apparemment structurée, enchaînée, un pensionnaire, à différentes parties du corps, provoquant en lui de la sérénité, de la relaxation, l’amenant jusqu’à s’instruire sur comment se relever méthodiquement pour rester équilibré. Le spectacle inattendu qu’a présenté Alfred Fadonougbo des apports profonds de la décontraction par les procédés artistiques, dans le début de l’après-midi du jeudi 5 avril 2018, à la salle de conférence du Centre national hospitalier universitaire psychiatrique (Cnhup) Jacquot, du quartier Fidjrossè, à Cotonou. Cet artiste est le Président d’ ’’Igbala’’, l’Association culturelle à l’origine de l’idée, de la vision de la récupération des malades mentaux par leur soumission à ce qu’il a appelé des ateliers thérapeutiques. Pour lui, c’est de cette manière que l’art peut être mis au service des œuvres caritatives et être introduit en milieu hospitalier. Les membres de l'administration, au plus haut niveau de l'institution sanitaire, ont pris part à la cérémonie de lancement du Projet.

Alfred Fadonougbo, entouré par les membres de l'administration du Cnhup
Ainsi, en dehors des médicaments qu’ils prennent pour améliorer leur état de santé, les malades mentaux peuvent être initiés, exercés à des procédés inédits liés à la pratique artistique : entre autres, des paroles, le dessin, des contes, le corps pouvant être constitué en un instrument curatif pour, à en croire Alfred Fadonougbo, aboutir à un résultat probant : l’épanouissement de ces malades, leur reconnexion avec leur famille, avec la société, d’où le concept des « ateliers de réinsertion sociale », sans oublier que, lui, le pratiquant de la chose, serait appelé un « artiste comédien organique ». Et, selon cet expert, l’avantage qu’il y aurait à faire intervenir, de la manière technique précédemment décrite, des spécialistes de son genre, dans l’hôpital psychiatrique en question, reste que les malades se porteraient mieux en ne voyant pas le même personnel de soins intervenir auprès d’eux.

Carole Lokossou
Sont alors prévus pour l’accompagner dans les interventions périodiques de pratiques artistiquement thérapeutiques la comédienne bien connue, Carole Lokossou, spécialiste aussi du théâtre organique, 

Hermas Gbaguidi
et le metteur en scène Hermas Gbaguidi.


Partenaires actifs


Les représentants du Lions club ''Cotonou Phare doré'' à la cérémonie de lancement
Dans le Projet d’animation périodique d’ateliers de réinsertion sociale et d’expression artistique au Cnhup de Fidjrossè, accompagne l’Association ’’Igbala’’, le Lions club ’’Cotonou Phare doré’’ qui, ayant ses membres inclus dans le Groupe ’’Bolloré’’, se charge du financement des activités d’intervention cyclique des artistes spécialistes du théâtre organique. De son côté, ''Cari'arts'', une structure culturelle, dont le domaine d'action est l'art thérapeutique, fera valoir son expertise. 

Marcel Kpogodo

dimanche 14 septembre 2014

Arsène Codo, Nicolas Houénou de Dravo, Arsène Kocou Yémadjê et Alfred Fadonougbo parlent du fiasco des élections des représentants du monde du théâtre au Ca/Fitheb

Pour une montagne qui a accouché d'une grosse souris


Les élections du vendredi 12 septembre dernier, celles comptant pour la désignation des représentants respectifs des comédiens, des metteurs en scène et des dramaturges dans le prochain Conseil d'administration du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) n'ont pas pu se tenir. Dans la salle Vip du Ministère de la Culture, la tension était si vive, et on était au bord de l'affrontement entre membres de différents. C'est alors qu'Arsène Codo, Président du bureau de vote et actuel Conseiller technique juridique du Ministre Jean-Michel Abimbola, a mis un terme aux travaux. Etant sur les lieux, nous avons tendu notre micro à cette personnalité, de même qu'à trois hommes de théâtre : Nicolas Houénou de Dravo, Arsène Kocou Yémadjê et Alfred Fadonougbo. Ils éclairent, chacun, à sa manière, notre lanterne sur les tenants et les aboutissants du conflit ayant conduit à la suspension des travaux. 



Arsène Codo, Président du bureau de vote et Conseiller technique juridique du Ministre de la Culture

Stars du Bénin : Bonjour M. Arsène Codo, vous êtes le Président du bureau de vote devant conduire l'élection des représentants des acteurs culturels du théâtre au Conseil d'administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Nous vous voyons en train de sortir de la salle Vip du Ministère de la Culture, où devait se tenir le scrutin et d'où on entend un grand brouhaha. Que s'est-il passé? 

Arsène Codo : Là, c’est un malentendu entre les artistes ; certains disent que d’autres ne sont pas du théâtre … De toute façon, nous, on a procédé à la vérification des mandats, on a constaté. Maintenant qu’il y a un désordre impossible, nous sommes obligés de suspendre les opérations et de rendre compte à l’autorité, quitte à reprogrammer  l’élection.

Est-ce que vous pouvez nous décrire ce désordre, s’il vous plaît ?

En toute élection, il y a des gens qui arrivent avec des intentions ; on a constaté que, là, il y a des groupes organisés qui ne veulent pas de l’élection et qui sont en train de faire du désordre. Et, comme nous, nous n’allons pas voulu aller à l’extrémité et appeler la police pour vider les gens, et que nous avons toujours voulu du consensus, c’est pourquoi, en tant que Président du bureau de vote, j’ai pris la responsabilité de surseoir à la poursuite aux opérations, rendre compte à l’autorité et faire une autre programmation.




Stars du Bénin : M. Nicolas de Dravo Houénou, vous venez de sortir de la salle du déroulement des élections des représentants du monde du théâtre au Conseil d’administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin. Que s’est-il passé ?

Nicolas de Dravo Houénou : Effectivement, nous sommes là pour les élections, en tant que comédien, metteur en scène et directeur de troupe. C’est un secteur qu’il faut quand même assainir, c’est un secteur qu’il faut amener à son émergence, comme on a l’habitude de le dire. Mais, ce secteur est pris d’assaut par des gens qui ne sont pas du métier.


Tout le monde est du métier. Mais, comme j’ai souvent l’habitude de le dire, il faut qu’on arrive à dissocier les arts de la culture, parce qu’on dit que l’art et la culture, cela englobe tout. Les acteurs même, ceux-là qui vivent, qui travaillent, qui sont présents dans le domaine doivent apprendre à se faire diriger ou à prendre en mains ce que eux-mêmes sont en train de faire.
On constate que c’est un mélange, un fourre-tout ; vous venez, vous allez, vous participez et vous constatez que ceux qui sont des professionnels sont là et ce sont d’autres personnes qui vont vous diriger, d’autres personnes qui ne sont pas de votre secteur, je ne vais pas participer à ça. Je n’étais pas parti nécessairement pour dire que si je n’étais pas responsable, que si je n’étais pas membre du Ca, ce serait la fin du monde ; il faudrait que qui que ce soit qui participe à ce vote, pour peu qu’il ait un beau projet, une bonne mentalité, une vision, je crois que ça peut permettre de faire quelque chose. Le Fitheb a fait 20 ans et on en est encore là à choisir et à pleurnicher sur les responsables, c’est vraiment malheureux, c’est malheureux !
Nous sommes tous au Bénin, on sait qui est comédien, qui est metteur en scène, qui est dramaturge. « Ce n’est pas l’habit qui fait le moine », dit-on, mais quand on voit le moine déjà, on sait que ça, c’est un moine. Quand vous êtes là et que tout le temps, chaque année, ce sont les mêmes problèmes, on prend les mêmes, on commence et, quelques jours après, on va commencer à dire que le Fitheb ne marche pas, il vaut mieux commencer à faire une autre politique ; les gens n’aiment pas démissionner dans ce pays, mais, moi, je dis qu’il vaut mieux qu’on commence un jour à le faire et, ce serait mieux.


On a appris que vous étiez candidat à siéger au Ca du Fitheb …

Oui, j’ai été candidat pour représenter les metteurs en scène, mais, j’y ai renoncé parce que ce qui devait commencer depuis neuf heures, on est à quatorze heures moins quinze et, c’est maintenant qu’on veut démarrer, on en train de tirailler sur des choses qui n’existent pas. Le décret est biaisé, il y a trop de choses à revoir, ce qui m’a amené à me dire qu’il vaudrait mieux me retirer pour permettre aux autres de continuer.
Le problème du décret est que des gens décident à la place des acteurs ; les responsables des fédérations ou des associations qui se sont réunis et qui ont validé ces textes-là ne sont même pas là, maintenant, aujourd’hui, et ce sont les acteurs qui sont là, ce sont quelques acteurs qui sont là. Ces responsables, ils restent dans un bureau, on les réunit pour des journées de réflexion ou pour des journées de sommeil, je ne sais pas, où ils écrivent, ils viennent, ils vous plaquent ça et, c’est fini, vous, vous allez rester et subir cela.
Ce qui est même grave : un metteur en scène ne peut pas être nécessairement membre d’une association, un comédien ne peut pas être membre d’une association ; c’est vrai qu’il faut réunir tout le monde, mais, je suis comédien, je ne suis pas appelé à jouer rien que dans mon association. Cela veut dire que je ne suis pas associativement comme ça et on ne peut pas me prendre pour m’imposer ce qu’il faut faire. Un comédien qui est reconnu par le Ministère de la Culture est libre de venir postuler, est libre de venir participer à une élection, alors qu’on nous dit que vous serez représentés par une association, ou bien que c’est une association qui va vous envoyer. Et, si, demain, je ne suis pas membre de cette association mais que je suis comédien ? Non, il faut arrêter ça. 



Arsème Kocou Yémadjê


Stars du Bénin : La salle devant abriter l'élection des représentants des hommes de théâtre dans le Conseil d’administration du Fitheb se vide de plus en plus et, vous, vous êtes dehors. Que se passe-t-il ?


Arsène Kocou Yémadjê : La situation s’explique par le fait qu’il y a une belle pagaille qui s’est organisée et que les véritables hommes de théâtre qui sont dans la salle n’ont pas voulu laisser faire la pagaille. Tout simplement, c’est de ça qu’il s’agit. Je suis venu ici par curiosité. Excusez-moi, j’ai pratiquement 17 ans de carrière théâtrale ; quand je regarde dans la salle, je n’ai pas identifié beaucoup de comédiens et de metteurs en scène. Pourtant, il s’agit d’élire un représentant des metteurs en scène et des comédiens. Excusez-moi, je n’en ai pas identifié beaucoup. C’est une belle pagaille, une très belle pagaille ; j’ai été heureux que des candidats aient refusé de se faire élire dans des conditions pareilles et se soient retirés ; c’est responsable !



Qui sont ces candidats qui ont refusé de se faire élire dans de telles conditions ?

Nicolas Houénou de Dravo et Alfred Fadonougbo ; je suis tout à fait d’accord avec eux.  






Alfred Fadonougbo 


Stars du Bénin : Nous avons appris que vous étiez candidat à l’élection des représentants des acteurs du théâtre dans le Conseil d’administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), dans la catégorie des comédiens. Nous voyons une salle qui s’est pratiquement vidée complètement des votants. Que s’est-il passé ?


Alfred Fadonougbo : Il faut dire que, quand les membres du Comité d’organisation des élections ont lancé le processus, il y a eu des interventions qui ont énuméré un certain nombre d’insuffisances par rapport, d’abord, au libellé des agréments qui ont permis aux gens d’entrer dans la salle, pour constituer le corps électoral. Et, en substance, il a été relevé que ces agréments ne portent pas, de façon explicite, l’objet de ces associations. Donc, on ne peut pas savoir si les associations qui ont mandaté ceux qui entrent dans la salle en tant que votants sont effectivement dans le domaine du théâtre. Et, même s’ils sont dans le domaine du théâtre, cela ne règle pas le problème.
Concernant le deuxième point, il y a des associations qui ont relevé qu’on ait mis ensemble les dramaturges, les metteurs en scène et les comédiens, et que le corps électoral qui a été constitué procède à l’élection de ces gens-là. Il s’est posé un problème parce que le décret qui institue les nouveaux statuts du Fitheb n’a jamais dit qu’il faut mettre tous ces corps ensemble ; le décret a bien dit que les associations professionnelles se réunissent pour élire leurs représentants, mais le décret n’a jamais dit qu’il faut mettre plusieurs domaines ensemble.
Si les promoteurs culturels se sont mis entre eux pour élire leur représentant, si les journalistes culturels se sont mis ensemble pour élire leur représentant, pourquoi on ne ferait pas de même avec les autres corps de métier qui concourent à la création d’une œuvre théâtrale ? Les comédiens, c’est un corps responsable. Les metteurs en scène, c’est un corps responsable. Les dramaturges, c’est un corps responsable. Ce sont des gens qui ont leurs compétences. Et, s’ils doivent se faire élire, ce sont des gens qui doivent être convaincus de la compétence de ceux qui vont les élire, de ce qu’ils sont, de ce qu’ils représentent, ils doivent savoir s’ils sont membres du secteur.
En fait, un autre problème, c’est que les acteurs culturels sont très minoritaires au sein du Conseil d’administration ; sur les 15 personnes qui le constituent, il y en a 6 – si je compte les journalistes culturels parmi les acteurs culturels et, je crois que je ne me trompe pas en le faisant – le reste, ce sont des administratifs qui n’ont aucun intérêt particulier, qui ne maîtrisent pas forcément les enjeux que portent les nouvelles réformes, les enjeux du Fitheb.
Le Fitheb est tombé, nous voulons le relever et, nous nous sommes associés à ces réformes-là, nous avons soutenu le Ministre de la Culture en nous associant à ces réformes, et nous n’entendons pas être là pour que ces réformes-là, qui sont bien parties, commencent à avoir des couacs. Et, nous disons que les collaborateurs du Ministre de la Culture ne nous écoutent pas forcément ou, du moins, ceux qu’il écoute sont des gens qui ne sont pas bien aguerris, qui ne sont bien au fait des problèmes, des réelles préoccupations des hommes de théâtre. Le D/Pac (Directeur de la Promotion artistique et culturelle, Ndlr) décide d’écouter les fédérations d’associations d’artistes, alors qu’il ne cherche pas à comprendre si ceux qui sont dans ces fédérations connaissent réellement les vraies questions qui se posent au niveau du théâtre.
A la suite de ce problème qui a été soulevé, il y a eu beaucoup de remous, beaucoup d’interventions et, le candidat Nicolas Houénou de Dravo, qui était candidat pour représenter les metteurs en scène, a décidé de retirer sa candidature, ce que j’ai fait aussi, et j’ai argumenté ma décision ; en substance, j’ai dit ceci : le Rcb (Réseau des comédiens du Bénin, Ndlr), que j’ai représenté, d’abord, aux Journées de réflexion, a fait un travail colossal ; nous avons pris beaucoup de risques, nous connaissons les coups que nous avons reçus pour que les réformes se fassent de façon responsable. Mais, si on laissait faire ces élections-là ... ! parce que ceux qui étaient dans la salle, il faut l’avouer, on ne les maîtrisait pas, on ne les connaissait pas … Nous sommes combien ?
Aujourd’hui, tout le monde est comédien, tout le monde est metteur en scène, tout le monde est dramaturge ; il faut arrêter cette pagaille-là ! Et, les autorités, les cadres du Ministère ont dit d’écrire au Ministre pour dénoncer ces insuffisances et, nous avons dit : « Non ! »  On ne peut pas continuer à écrire … Il faut que vous sachiez que nous ne sommes pas d’accord. C’est ce qui s’est passé, ce matin.
En dehors de tout cela, il y a eu quelqu’un qui n’a pas pu se contrôler et qui a voulu porter des coups, cela a créé une pagaille. Ainsi, les gens ont été obligés de suspendre cette séance qui devait procéder à l’élection des représentants des acteurs du théâtre au Ca/Fitheb.
Mais, toute cette expérience pose un problème, c’est celui de la volonté réelle des autorités du Ministère de la Culture et des acteurs culturels que nous sommes, à vouloir faire des réformes vraiment conséquentes, pour le Fitheb. C’est hyper important, il faudrait que nous nous posions la question ! Et, il faut que le Ministre instruise ses collaborateurs pour qu’ils associent les vrais acteurs du milieu du théâtre ; ils les connaissent bien ! Si ces collaborateurs ne veulent pas les associer, il n’a qu’à leur demander pourquoi.
Moi, je dis que c’est eux qui sont responsables de ce qui s’est passé aujourd’hui ; il faut qu’on en tire les leçons. Malgré tout, nous allons adresser une correspondance au Ministre de tutelle pour faire le point de ce qui s’est passé aujourd’hui, pour déplorer cela et lui dire que nous, nous étions engagés dans les réformes mais, que, si cela continue comme cela, nous ne sommes plus partant. En effet, il faut qu’on arrête, dans ce pays, de mélanger torchon et serviette.
Nous sommes une corporation responsable et, nous devons être considérée comme telle. Vous voyez, il y a des flics qui ont été commis ; les comédiens et les metteurs en scène ne sont pas des gens violents. Mais, pourquoi on a été obligé d’appeler des policiers ? Est-ce que ces responsables-là qui nous ont convoqués sont bien outillés pour gérer les acteurs culturels que nous sommes ? Nous ne sommes pas des gens violents ! Ceux qui ont amené la violence, ils n’ont qu’à les chercher à les identifier. C’est important. Et, désormais, si on doit relancer ce processus, il faut que cela se passe dans les normes ; tant qu’on va amener des gens qu’on ne connaît pas, pour désigner des gens qui doivent porter des combats responsables, on ne pourra que déplorer des situations de ce genre. Il faut que les autorités et les acteurs culturels tirent les leçons de la situation que nous avons vécue aujourd’hui. Je vous remercie.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

dimanche 22 décembre 2013

Arsène Kocou Yêmadjè dans une nouvelle dimension artistique


Quand l’humour lui va comme un gant 

Le vendredi 5 décembre 2013, la commémoration, au Palais des congrès de Cotonou, du centenaire de la naissance du président Sourou Migan Apithy, a donné l’occasion au public ayant fait le déplacement de déguster la prestation artistique d’un bon nombre d’étoiles et de groupes. Parmi ceux-ci, le comédien et metteur en scène, Arsène Kocou Yêmadjè, a impressionné par ses insoupçonnés grands talents d’humoriste.


Arsène Kocou Yêmadjè

En cette soirée du vendredi 5 décembre dernier, Arsène Kocou Yêmadjè, connu comme comédien et metteur en scène, a planché devant le public de la Salle rouge du Palais des congrès de Cotonou, en tant qu’humoriste. C’était dans le cadre de la commémoration du centenaire de la naissance du Président Sourou Migan Apithy.
Près de vingt minutes de prestation, dont il a été difficile de sentir l’écoulement, lui ont donné l’occasion de montrer que son coup d’essai dans le domaine de l’humour a été un coup de maître. Dans un genre techniquement dénommé ’’Stand up’’, il a entraîné le public dans l’univers d’un certain médecin dont la préoccupation la plus intense est la rémunération attendue de son client, plutôt que la maladie dont il a le devoir professionnel de le guérir. Tournant en dérision ce genre de personne, il a développé un comique verbal fondé sur des jeux bien mûris de mots, comme dans l’extrait « Vous avez la foi ? Je vous conseille un cancer de foie ! »
Dans un registre de ce genre, il a exploré la complexe psychologie féminine, jouant ironiquement à faire suggérer des réalités assez intimes et licencieuses tout en montrant définitivement qu’il était loin de la rive sur laquelle il a fait accoster le public, ce qu’il a réalisé, notamment, dans un éblouissant jeu entre les mots ’’chatte’’ et ’’chat’’, sans oublier de sauter, en en laissant rien paraître, à un parallélisme entre la femme et la voiture.
Arsène Kocou Yêmadjè, humoriste, c’est le développement d’un autre comique, celui de l’absurde, grâce auquel il déclenche, à plusieurs reprises, les éclats spontanés, forts et francs de rire des spectateurs, manipulant, avec une aisance remarquable, le sens du paradoxe, d’un contraste dont la profondeur s’est révélé par une inspiration sortie des tréfonds de l’imagination de l’homme. Des rires, de même que des applaudissements à tout rompre. Voilà l’accueil que ce public d’une soirée d’hommage présidentiel a réservé à Arsène Kocou Yêmadjè lorsqu’il sortait de scène. Sachant que les Béninois n’ont pas le rire et l’approbation faciles, il n’y a aucun doute que sa prestation, ayant provoqué autant de comportements d’enthousiasme et de satisfaction, dénotait d’une qualité artistique montrant la naissance d’un nouvel humoriste au Bénin.


Selon Arsène Kocou Yêmadjè

Hors de scène, l’artiste a bien voulu se confier à nous, dans le but d’expliquer les tenants et les aboutissants de cette séquence d’humour ayant déchaîné la grande hilarité du public. Selon lui, cette prestation est le résultat de six mois d’écriture et d’à peu près une dizaine de jours de répétition. En outre, s’il a choisi de développer en lui la vocation d’humoriste, c’est pour des raisons d’un pragmatisme lié aux problèmes d’expression du théâtre au Bénin : « Economiquement, le stand-up est bon, rentable ». Ainsi, il permet de faire l’impasse sur des comédiens à payer, sur une logistique contraignante pour les prendre en charge, sur des costumes à financer, sur des artifices à mettre en place : « C’est un théâtre adapté à l’absence de financement des activités artistiques au Bénin », finit-il par conclure, indiquant, par ailleurs, qu’avec l’humour, on peut rire de tout sujet grave, mais qu’on ne peut en rire avec tout le monde. En réalité, il fallait sentir venir Arsène Kocou Yêmadjè dans le genre de l’humour, déjà qu’il avait, quelques mois plus tôt, mis en scène le comédien Alfred Fadonougbo, dans Le leurre, un one man’s show satirique, au Centre culturel Artisttik Africa de Cotonou.   


Marcel Kpogodo