A travers l’interview
accordée à notre Rédaction
Cléophée Moser, une
jeune artiste française qui a du souffle, s’est illustrée, dans la soirée du
mercredi 5 septembre 2018, dans la communication, au public venu l’écouter, de
plusieurs expériences de travail, qu’elle a menées au Cameroun et en République
démocratique du Congo (Rdc), notamment, à travers plusieurs disciplines
artistiques. L’événement s’est produit au ’’Centre’’ de Lobozounkpa, au
quartier d’Atropocodji de l’Arrondissement de Godomey, dans la Commune
d’Abomey-Calavi. Découverte de Cléophée Moser, un esprit aussi bien intense
qu’aventureux …
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Cléophée Moser, au cours de l'interview ... |
Le Mutateur :
Bonjour Cléophée Moser. Dans le cadre d’une résidence que tu as effectuée au
’’Centre’’ de Lobozounkpa, situé au quartier d’Atropocodji, tu as présenté,
dans la soirée du mercredi 5 septembre 2018, les résultats d’un travail de
création multidimensionnelle qui t’a conduite dans plusieurs pays africains
avant le Bénin …
Cléophée Moser :
Mi fon gandji a ? (Bonjour ! Comment vous portez-vous ? Ndlr) E
na tchè nou mi gandji … (Merci beaucoup à vous …Ndlr) Kwabo do ’’Le
Centre’’! (Bienvenue au ’’Centre’’ ! Ndlr).
Le mercredi 5 septembre
a été inauguré un cycle d’interventions dont c’est le premier essai, qui a été
pensé par Marion Hamard, la personnalité chargée de la direction artistique du
’’Centre’’. Il s’agit d’une formule qu’on a appelée ’’Artiste en présence’’.
Donc, il a été question d’une rencontre artistique où l’on a invité le public à
venir rencontrer l’artiste en personne, que je suis, qui a parlé de son
travail. Cela s’est révélé une opportunité, à la fois pour le public d’amateurs
d’art, pour un public non averti mais, aussi, pour d’autres artistes et pour
des critiques d’art, de venir voir comment l’artiste percevait son propre
travail et son processus créatif, et comment elle envisageait les différents thèmes
sur lesquels elle travaille, et quels outils, quelles méthodes elle développe
pour réaliser des œuvres qui portent sur les messages dans lesquels elle
s’engage.
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Cléophée Moser, au cours de l'exercice d'explication de son travail au public |
Cela a eu particulièrement
du sens de faire une intervention ’’Artiste en présence’’, dans mon cas, parce
que je suis artiste performeuse, vidéaste et auteure, et que la part de relationnel
et d’échanges avec le public constitue une partie très importante de mon
travail et de ma recherche.
Le mercredi 5 septembre
2018, j’ai présenté plusieurs travaux différents, j’ai évoqué différentes
disciplines artistiques : j’ai d’abord parlé de la performance comme un
acte symbolique, de l’art vidéo comme un moyen de faire un art engagé qui touche
le public et qui l’amène à s’interroger sur des problématiques qui sont celles
que je soulève. J’ai parlé aussi des Rencontres internationales ’’KinAct’’ où
j’ai été invitée, cette année, en tant qu’artiste, parce que j’ai sollicité les
organisateurs de ce Festival pour qu’ils m’intègrent à la programmation. La
manifestation du mercredi a été l’opportunité pour moi de parler, à la fois, de
l’importance de choisir ses maîtres, c’est-à-dire ceux chez qui on entre dans
l’atelier, ceux qui vont nous former, et d’expliquer aussi que c’est un
engagement de ma part d’aller me former chez les meilleurs. Donc, souvent, cet
objectif de qualité d’apprentissage m’amène vers le continent africain et, plus
particulièrement, vers des créateurs spécifiques tels qu’Eddy Ekété qui m’a
beaucoup appris, cet été.
Cela a été aussi
l’occasion de parler des collaborations artistiques qui sont au centre de mon
travail et j’ai emmené, petit à petit, cette conférence vers l’histoire de ce
qu’on appelle l’art relationnel, c’est-à-dire les artistes qui utilisent aussi
les relations humaines et les liens qu’ils nouent et qu’ils tissent avec les
différents contextes et avec les humains avec lesquels ils travaillent, comme
un laboratoire d’invention de nouveaux rapports entre êtres humains, qui
permettent, en fait, de casser un tout petit peu le chaînon de la violence, qui
nous enlise et qui nous fait stagner dans des relations stériles.
Pour le mercredi 5
septembre, il a été bon pour le public d’être venu parce qu’il fallait qu’il voie
qu’il est important de profiter des artistes tant qu’ils sont vivants, pour
comprendre le travail qu’ils entreprennent. Il est aussi intéressant pour d’autres
artistes d’échanger sur la question d’ « artiste émergent », parce
que, moi, je suis une artiste émergente, j’appartiens à une Agence, en France,
qui défend, accompagne ce qu’on appelle les artistes émergents et fait leur
promotion, c’est-à-dire les très jeunes artistes, ceux qui ne sont pas encore
reconnus sur la scène internationale, n’ont pas encore de quote sur le marché
international, ces artistes qui œuvrent, travaillent de façon professionnelle
et qui ont besoin d’être accompagnés sur cette scène-là. C’est une agence qui
n’a pas de frontières et qui s’intéresse aux artistes du monde entier. Donc,
c’est intéressant pour les jeunes artistes de comprendre ce concept d’émergence
et, finalement, comment on trouve le courage et quels outils, quelles méthodes
s’offrent à nous pour nous imposer sur cette scène, en tout cas, pour nous
faire une petite place.
Etant donné qu’il est
difficile pour les êtres humains de se pratiquer et de travailler les uns avec
les autres, comment avoir réussi à mobiliser plusieurs énergies artistiques,
plusieurs artistes autour de toi ?
Je suis d’accord avec
votre observation quand vous dites que les êtres humains ont peur d’aller les
uns vers les autres. C’est vrai que c’est quelque chose qui va en empirant dans
la société à mesure que le capitalisme et l’individualisme prennent plus de place
sur la terre et endommagent une vision de la vie, plus communautaire, avec des
liens plus forts. C’est quelque chose qui se sent un peu moins, ici, en Afrique
de l’Ouest, mais qui est très présent en Europe ; on est très isolés les
uns des autres, on a beaucoup de mal à rassembler des synergies autour d’un
projet. Néanmoins, la solidarité se met énormément en place entre artistes parce
qu’on en a besoin et, je pense que c’est un parti pris de mettre l’échange et
l’invention de ces nouveaux rapports au cœur de notre création. C’est ce qui
nous permet aussi de concrétiser notre vision d’un monde différent et de faire
de nos relations le laboratoire de ce monde-là.
L’autre chose, c’est
aussi que moi, j’ai commencé ma formation artistique pratique dans une école
d’art en Angleterre où je me suis spécialisée dans la vidéo et l’art
d’installation. Ce sont des pratiques qui nécessitent de créer, de rassembler
des énergies, des forces autour de soi et de prêter aussi, soi-même, son
énergie pour les projets d’autres, puisque ce sont des projets qui sont très
difficiles à réaliser tout seuls. Donc, il y a une question de nécessité, aussi,
à la base. Ensuite, je me suis formée à la réalisation dans le cinéma et
l’audiovisuel en Estonie, à la ’’Baltik film and media school’’. Et, quand on
est sur un plateau de tournage, on se rend compte que chaque film consiste à
faire une œuvre collective. D’ailleurs, le statut d’un film, c’est d’être une
œuvre collective, avec un partage des droits. Même si des rôles sont définis,
même s’il y a un auteur, par exemple, un réalisateur, c’est vraiment grâce à
une équipe et à un rassemblement de personnes qu’on va réussir à donner corps,
à donner matière à ce rêve qui nous animait à la base.
Comme cela a été mon
mode de formation, c’est quelque chose qui est resté dans ma pensée
profondément. Il y a des temps, dans mon travail, qui sont des temps solitaires,
comme n’importe qui. Déjà, je pense seule, avant toute chose, mais je suis
nourrie, en permanence, à la fois, du
monde qui m’entoure, des artistes qui l’animent et, j’aime que mon travail
fasse appel à d’autres plasticiens, dans un souci d’élévation collective où,
ces œuvres qui sont les miennes, à la fin, montrent des collaborations et
mettent le talent aussi des autres en avant et révèlent un tout petit peu des
scènes artistiques.
C’est là où mon travail
est à cheval entre le reportage, le documentaire et la création ; il y a
beaucoup d’images et de vidéos que vous allez voir mercredi soir, qui
contextualisent de façon très subjective, par exemple, une scène artistique,
avec une entrée dans une fiction, mais qui rend hommage à cette scène qui la
révèle sous le jour sous lequel moi, je l’ai vue. Donc, c’est un croisement de
regards artistiques pour montrer les talents que moi, je vois aussi, les
synergies, et montrer qu’on est un certain nombre d’artistes à avoir travaillé
dans ce sens qui va ensemble, et que ce n’est pas une question de frontières,
que ce n’est pas une question de séparations mais, plutôt, de rencontres, de
croisement de regards, et qu’on est capable de s’embrasser quand on se retrouve
au même endroit et qu’on crée ensemble. Et, je pense que le public reçoit cette
énergie, je pense qu’il y a quelque chose qui entre, en ce moment-là, dans le
corps du public, qui est intéressant, aussi, dans cette histoire d’invention de
nouveaux rapports.
Pouvez-vous nous donner
le nom de ces artistes avec lesquels vous avez collaboré ?
Bien sûr ! Ceux
que nous avons eu l’occasion de découvrir, mercredi, à travers mon travail,
c’est d’abord un groupe de danseurs, fameux, que j’ai rencontré au Cameroun,
l’année dernière, et qui a participé à un film, à une fiction que j’ai écrite, qui
est une performance dans l’espace public, qui suit le chemin d’une jeune fille.
Le film s’appelle ’’Fauves’’. Donc, ces fauves, ce sont ces artistes-là ;
je les ai découverts à Douala.
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Black Barby dans ''Fauves'' de Cléophée Moser - Court métrage |
Comme moi, ils aiment agir dans l’espace public,
ils aiment être en contact directement avec les habitants des villes, avec les
usagers des villes ; ils utilisent leurs corps, des costumes, la danse, le
mouvement, le geste libératoire, des actions parfois transgressives, pour venir
questionner la population sur sa manière de percevoir la ville et les relations
humaines qui se tissent à l’intérieur. Ce collectif est dirigé par un grand
danseur qui s’appelle @LL ONE, qui est un chorégraphe de génie camerounais, qui
touche à toutes les danses, qui prend l’espace public et qui encourage les
artistes qui font partie de son collectif à s’emparer de l’espace qui est le
leur, c’est-à-dire la ville dans laquelle ils habitent.
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Cléophée Moser (à gauche), 'Mami Wata'', 'dans la performance ''Papi Wata'' - Crédit photo : Arthur Poutignat |
On a aussi découvert le
travail que j’ai réalisé en collaboration avec un artiste qui s’appelle Paty
Masiapa ; il m’a invitée à le rejoindre dans une performance qu’il avait
déjà faite, qui, pour moi, a été une expérience formidable. Paty Masiapa, qui
est un très bon artiste plasticien, qui vit à Kinshasa en République
démocratique du Congo, est aussi un grand musicien qui a réalisé une
performance qui s’appelle ’’Papi Wata’’. En fait, il y effectue un déplacement,
il utilise l’image de la divinité ’’Mami Wata’’ qui traverse, comme cela, les
imaginaires d’Afrique équatoriale et des zones, en particulier, qui ont une
présence littorale forte ou une présence fluviale ; c’est le cas pour la
région du fleuve Congo.
Il a donc fait un déplacement
de cette divinité, il l’a changée en homme et, il m’a invitée à le rejoindre
dans cette performance. Pour moi, cela a été l’occasion d’entrer, cette fois, dans
le travail d’un autre artiste, pas de faire entrer quelqu’un dans mon travail
mais, moi, de me mettre à la disposition de cet artiste et de laisser le
masque, que lui a inventé, prendre le dessus sur mon corps et trouver une façon
juste d’interpréter ce que ce masque a raconté. C’est très beau parce qu’à la
fin de cette collaboration, on voit qu’on est, tous les deux, dans une
invention ; là, on touche à quelque chose de magnifique qui est une vraie
œuvre collective où l’invention est spontanée, juste et, elle raconte un
message qui s’est construit, sur le moment, entre deux personnes qui
collaborent. Mais, ce travail part de la base de l’œuvre de Paty Masiapa ;
on a vu, à travers la vidéo, qu’il a réalisé un travail magnifique de costumes,
que, moi, j’ai eu, vraiment du plaisir à interpréter.
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Cléophée Moser, dans le cadre de la performance ''Shopping-Shopping'', conduite avec l'assistance de Paty Masiapa - Crédit photo : Jean-Baptiste Joire |
On a aussi parlé d’un
exercice de performance, qui est connu dans le milieu des performeurs ; il
m’a été proposé par le grand artiste, Eddy Ekété. Il est un plasticien et un
performeur reconnu sur la scène internationale. Il a construit, avec le
Collectif ’’Eza Possible’’, à Kinshasa, le Festival des Rencontres
internationales de performeurs, ’’KinAct’’. C’est un projet dont le Collectif
’’Eza Possible’’, auquel Eddy Ekété appartient, est à l’origine. Moi, j’avais
sollicité le Collectif ’’Eza Possible’’ et l’organisation du Festival
’’KinAct’’ pour apprendre. En ce moment, il y a eu aussi la Biennale de
Kampala.
On se rend compte que
ces ateliers d’artistes, ces espaces de formation qui s’ouvrent et qui sont
reconnus sur la scène internationale, qui émanent du continent africain draguent
et attirent des artistes du monde entier – cela a toujours été le cas - qui
viennent apprendre auprès des maîtres.
La scène de la
performance, à Kinshasa, a quelque chose de brûlant, de très spécifique
également et en rapport, dans le cadre du Festival ’’KinAct’’, avec l’espace
public qui est vraiment exceptionnel. Moi, j’ai envie d’apprendre avec les
meilleurs. Donc, j’ai fait appel au Collectif ’’Eza Possible’’ et, Eddy Ekété
m’a fait réaliser une performance dont il est l’auteur, pendant ce Festival qui
a été un vrai enseignement pour moi, parce que c’est une performance qui parle
du déplacement et de la capacité de prendre le rôle de quelqu’un pour révéler
aux habitants d’une ville la dimension performative et artistique que tous les
habitants mettent en place.
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Cléophée Moser, en personnage de vendeuse de pain, dans la performance, ''Lipa
Yango Yo'' (Du pain pour tous) d'Eddy Ekété - Crédit photo : Mugabo
Baritegera |
Donc, c’est rendre
hommage à la ville, à l’énergie de cette ville qu’est Kinshasa, en interprétant
le rôle d’une vendeuse de pain, pour montrer l’ampleur charismatique, les
stratégies performatives qu’elle emploie dans une optique commerciale et puis, pour
me plier moi-même à cet exercice pour faire l’ expérience du travail de
ces femmes qui marchent des kilomètres et des kilomètres avec du poids. Eddy
Ekété l’enseigne très bien : la performance, c’est aussi une gestion de
soi, une gestion spirituelle, une gestion mentale et, aussi, une performance
physique, c’est-à-dire un effort et une énergie qu’il faut arriver à conserver.
Cette œuvre d’Eddy
Ekété, je l’ai interprétée comme un exercice de performance, sous son
enseignement.
On a aussi vu de l’art
vidéo au féminin, des vidéos dont je suis auteur et qui impliquent que mon
corps ou non m’appartient, ma personne ou non ; ces vidéos sont des
moments où je passe le message de l’art engagé que je défends, qui est un art
féministe qui revendique un certain nombre de changements dans les rapports
entre les hommes et les femmes, entre êtres humains aussi.
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''Elles voix rouge'' - Vidéo de contestation - Crédit photo : Cléophée Moser |
On a donc montré
deux vidéos par rapport à cela, qui sont des vidéos féministes où je parle de
mon engagement et des techniques que j’utilise pour mettre en images cet
engagement. Ce sont des projets très personnels.
Quels sont tes rapports
particuliers avec ’’Le Centre’’ de Lobozounkpa, à Atropocodji, ce lieu où tu as
réalisé cette exposition audiovisuelle multidimensionnelle ?
J’ai découvert ’’Le
Centre’’ qui est dirigé par l’artiste Dominique Zinkpè et soutenu par la
Galerie Vallois ; il est installé ici, au Bénin, à Lobozounkpa, à
Atropocodji. Il y a deux ans, quand j’étais en train de terminer mes études de
Master 2, en « Art et Société », je me suis intéressé à cet endroit
parce que j’ai découvert, d’abord, le travail des artistes. Et, c’est par le
travail des artistes qui appartiennent un petit peu au cercle de Dominique
Zinkpè mais, plus largement, des artistes qui sont originaires du Bénin et dont
on voit les travaux sur la scène internationale, que j’ai découvert ces
créateurs et puis ’’Le Centre’’ où ils sont régulièrement exposés, qui est
aussi un espace de travail, de laboratoire, d’expérimentation, de rencontres
entre ces artistes et la scène internationale, de confrontation avec le public,
un espace de démonstration, un espace d’ateliers et puis un espace qui porte
aussi un musée très important qui est ’’Le Petit musée de la Récade’’ sur les
collections desquelles j’ai travaillé, dans le cadre de ma recherche.
Je suis tombée
amoureuse de cet endroit, je suis tombée amoureuse de l’équipe qui le gère, des
projets qu’il développe, de la manière avec laquelle cet endroit stimule la
créativité des artistes, sa générosité, les moyens humains qui sont mis à
disposition, et les exercices critiques que cet endroit nous propose, ce qui
nous amène à méditer sur notre travail.
Donc, je suis d’abord
venue ici en tant que chercheuse pour mettre à la disposition du ’’Centre’’ mon
savoir-faire technique en audiovisuel pour réaliser des vidéos promotionnelles,
mettre au service des artistes mes textes, mes écrits. En échange, ’’Le
Centre’’ m’a donné énormément d’informations qui m’ont permis de rédiger un
mémoire qui a été validé. Et puis, je suis revenue, cette fois, en tant
qu’artiste créateur, en tant qu’artiste plasticienne pour présenter mon
travail, le confronter au regard de mes contemporains, de mes pairs et de mes
aînés, de mes grands frères, de mes grandes sœurs, que j’ai eu la chance
d’étudier et, aujourd’hui, je viens avec beaucoup d’humilité leur montrer ce
que j’ai su faire ces deux dernières années où ils m’ont vu marcher un peu dans
le monde, m’essayer à concrétiser ma pratique artistique et à revendiquer une
professionnalité, pour recevoir leur regard, entendre leurs retours, leurs
conseils et bénéficier de leurs critiques, puisque c’est cela qu’on fait entre
nous : on se donne des critiques constructives pour avancer et pour faire
un travail qui touche, qui parle et qui arrive dans le sens de ce qu’on veut
bouger dans le monde et dans les sociétés dans lesquelles on voyage.
Propos recueillis par
Marcel Kpogodo