lundi 7 mai 2018

La Cobed : l’action dans l’unité qui a propulsé Gilbert Déou-Malé


Dans le cadre du déroulement de la Jid 2018 à Cotonou

La Confédération béninoise de danses (Cobed) a célébré la trente-sixième édition de la Journée internationale de la danse (Jid). Cela s’est produit les samedi 28 et dimanche 29 avril 2018, à travers trois manifestations de poids. Comme cerise sur le gâteau, l’identification de Gilbert Déou-Malé, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), comme un chanteur talentueux de la musique traditionnelle, ce qui a donné une coloration spéciale au concert au cours duquel il s’est brièvement produit.

Gilbert Déou-Malé, en pleine démonstration de danse, à la Jid 2018
Vêtu d’un boubou complet de bazin gris, le micro à la main, il fredonne une demande de permission à ses aînés et prédécesseurs chanteurs, pour lancer sa chanson, s’éloigne à petits pas de la tribune officielle, en dansant lentement, aisément et dignement, rejoint la scène, chante en langue mahi, pendant un peu plus d’une paire de minutes, rend le micro, danse résolument, transpire un peu, prend le retour vers son siège, transmettant, en passant, la récade qui avait servi du témoin qu’on lui a passé pour qu’il fasse une sorte de passage, lui, Gilbert Déou-Malé, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac). La grande surprise ayant caractérisé le concert de danses traditionnelles, qui s’est déroulé sur l’espace de l’aile gauche de l’esplanade extérieure du Stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou de Cotonou, dans l’après-midi du dimanche 29 avril 2018.

Ci-contre, de gauche à droite, Marcel Zounon et Claude Balogoun
Ceci se passait en présence des autorités du Ministère du Tourisme, de la culture et des sports, avec, à leur tête, le Secrétaire général de l’institution gouvernementale, Bellarminus Kakpovi, représentant le Ministre, et de Directeurs techniques tels que Marcel Zounon, de l’Ensemble artistique national (Ean) et Koffi Attédé, des Arts et du livre, sans oublier Edgard Djossou, Directeur départemental du Ministère, pour le Littoral. En réalité, Gilbert Déou-Malé, assis au premier rang parmi les autorités ministérielles, s’est vu pratiquement forcer la main du passage sur scène par le chanteur du Groupe traditionnel, ’’Les Luxes du Bénin’’ dont était en cours le tour de la prestation. D’autres personnalités, très actives dans le secteur culturel, n’avaient pas voulu se faire conter l’événement : notamment, Claude Balogoun, représentant du monde culturel au Conseil économique et social (Ces), Pascal Wanou, Président de la Fédération nationale de théâtre (Fénat), Gaston Eguédji, Administrateur du Fonds des Arts et de la culture.

Koffi Adolphe Alladé, au cours du concert des troupes de danses
S’étant aussi délecté de la surprise au même titre que le public, Koffi Adolphe Alladé, Président de la Cobed, hôte et métronome de la manifestation culturelle de grande ampleur, vêtu d’une tenue traditionnelle d’apparat des grands jours, surveillait de très près le passage d’un peu moins de la quarantaine de groupes de danses, annoncées, parmi lesquels de très connues ont répondu à l’appel : entre autres, ’’Les Super anges hwendo na bou a’’, ’’Towara’’, ’’3L Ifèdé’’,, ’’Oshala’’, ’’Le Ballet fédéral des femmes battantes’’, ’’2Apdcr’’, ’’Club Délidji’’, ’’Energie’’, ’’Les Océans’’, ’’Les Tambours du Bénin’’, ’’Djolokoko’’, ’’Kini kini’’, ’’Les Espoirs du Bénin’’, ’’La Forêt sacrée’’, ’’Les Elues’’, ’’Bourian Etoile d’amour’’, ’’Super génie’’, ’’Hwénoussou’’, ’’Kpodji Apôtres’’, ’’Makandjou Ola’’, ’’Ange Archange et ’’Akonhoun Zopé’’, de même que le célèbre groupe de Porto-Novo, ’’Ashakata’’, du côté de sa pépinière. 


''Bourian Etoile d'amour'', sur scène
Les groupes n’ont pas manqué de se succéder sur la scène jusqu’au milieu de la soirée de ce dimanche 29 avril 2018 et, plusieurs tendances se sont exprimées : les danses traditionnelle, contemporaine et urbaine.


La Jid 2018 : deux autres activités marquantes

La particularité de la Jid, en 2018, réside dans la concrétisation de deux autres manifestations liées à la danse, en dehors de la tenue de celle, classique, du concert de groupes exerçant dans ce secteur, sans oublier que, pour la première fois, la Cobed a réussi à mobiliser, à ses côtés, le Ministère de la Culture.
Dans la petite matinée de ce dimanche 29 avril, elle a offert au public un spectacle inédit, au niveau de l'esplanade intérieure du Stade de l'Amitié, face aux escaliers permettant d'accéder au Palais des Sports : plusieurs centaines de sportifs émanant de divers clubs synchronisant leurs mouvements à la cadence de rythmes de la musique locale, entre autres ; en réalité, de l’aérobic adapté aux musiques de chez nous ! 

Une séquence de pause dans la séance d'aérobic géant
Il a fallu donc donner à ses yeux à jouir du spectaculaire : au moins cinq cent personnes étaient réparties au niveau de huit rangées qui, apparemment, comportaient, chacune, soixante-dix membres unifiant leurs pas sportifs ! La rencontre entre la danse traditionnelle et le sport, comme si la Cobed avait décidé de faire prendre corps à la vision du Président Patrice Talon de voir cohabiter et entrer en symbiose les deux domaines de la culture et du sport, de quoi faire valoir leurs points de convergence. Une réussite qui a impressionné le public.

Ci-contre, Bellarminus Kakpovi, au cours de son intervention
Et, à la suite de cette brillante présentation, des allocutions ont été enregistrées, notamment, celles respectives de Bellarminus Kakpovi qui, représentant le Ministre de la Culture, Oswald Homéky, a remercié les mots du Président du Comité d’organisation de la Jip 2018, Koffi Adolphe Alladé qui l’avait précédé, dans cet exercice, pour rappeler le contexte de l’organisation annuelle de la Jip, avant de décerner un satisfecit à l’autorité pour avoir fait connaître, aux artistes et aux acteurs culturels, le 21 février 2018, le contenu de sa stratégie de relance des arts et de la culture au Bénin. Enfin, l’orateur a émis la doléance que le Ministre fasse naître la Loi sur le mécénat et le sponsoring.


Koffi Adolphe Alladé, au cours de son allocution

 
Intégralité du discours de Koffi Adolphe Alladé, Président du Comité d’organisation de la Jid 2018

-           Excellence Monsieur le Ministre du Tourisme, de la Culture et des Sports,
-           Mesdames et Messieurs les Directeurs Centraux et Techniques du Ministère du Tourisme, de la Culture et des Sports,
-           Mesdames et Messieurs les Présidents des Confédérations culturelles,
-           Mesdames et Messieurs les Présidents des Fédérations culturelles,
-           Mesdames et Messieurs les Présidents des Clubs sportifs,
-           Chers Amis Artistes,
Mesdames et Messieurs,

          Depuis 1973, le Conseil International de la Danse (CID) a été créé à l’UNESCO pour valoriser et promouvoir la danse comme un pan indissociable du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
          En 1982, la Journée Internationale de la Danse a été instituée et célébrée dans plus de 160 pays dans le monde.
          Cette journée réunit les différents acteurs culturels de notre pays, depuis 2004. Toutes les expressions culturelles de danses traditionnelle, rituelle, sacrée, moderne, contemporaine, populaire, etc., sont revisitées parce que la danse contribue à l’épanouissement de l’homme elle permet de guérir certaines maladies et de communiquer parfois avec le divin.

Excellence Monsieur le Ministre,
          Plusieurs groupes de danses ont fait parler du Bénin à travers les différents festivals organisés dans le monde entier. C’est la raison pour laquelle les acteurs culturels, en général et, en particulier, les membres de la Confédération Béninoise de Danses apprécient votre programme de stratégie de relance du secteur des arts et de la culture, proclamée le 21 février dernier à Golden Tulip Hôtel à Cotonou.
          C’est le moment, pour nous, de remercier Monsieur le Ministre en charge de la Culture pour toutes les réformes engagées en faveur du développement du secteur du Tourisme, de la Culture et des Sports.

Excellence Monsieur le Ministre,
          Notre souhait, aujourd’hui, est de suggérer à votre Autorité d’activer la Loi sur le sponsoring et le mécénat, pour accompagner les différents secteurs dont vous avez la charge.
          Merci pour votre présence et votre soutien de tous les instants.
Vive la culture au service du développement !
Vive la danse !
Vive le sport !
Bonne fête à toutes et à tous !
Je vous remercie.



De la formation


Aperçu des participants à la formation
La Cobed a initié une formation qui s’est déroulée dans le cadre de la Jid 2018. Elle s’est tenue dans la matinée du samedi 28 avril à l’Espace ’’Towara’’, du quartier Agla, à Cotonou, et concernait plusieurs responsables de troupes de danses. Hermas Gbaguidi, metteur en scène et dramaturge, a été chargé de les édifier sur le thème : « Gestion des ressources (humaine, matérielle et financière) des troupes de danses ».

Eric Orphée Gnikpo, au cours de ses explications sur la formation
Selon Eric Orphée Gnikpo, Trésorier général de la Cobed, au nombre de 82, les participants ont été sélectionnés à travers tout le pays et, les conditions délétères d’exercice de leurs activités justifiaient cette initiative : l’absence de bénéfice par le danseur d’une rétribution au niveau du Bureau béninois des droits d’auteur et des droits voisins (Bubédra), le manque de connaissance par celui-ci de ses droits, la mauvaise gestion de sa carrière, la difficulté pour lui de réussir à la fois sa vie professionnelle, celle de sa famille et, surtout, celle associative, vu que ce dernier type de domaine commence déjà au sein de la troupe dont il est membre. En outre, Eric Orphée Gnikpo a justifié le choix des responsables de troupes, pour la formation, et non des membres : « Au cours de cette conférence devant générer des échanges interactifs, il aurait pu y avoir des déballages que les simples membres pouvaient ne pas comprendre et gérer aisément ».

Hermas Gbaguidi, au cours de son exposé
Par rapport à son exposé, Hermas Gbaguidi a fait ressortir, notamment, le caractère stratégique du responsable dans le bon fonctionnement d’une troupe de danse ; son positionnement ne devrait pas être le fait du hasard, mais relever de « critères structurels et économiques », vu qu’il a l’obligation de susciter chez les danseurs de sa troupe le dévouement, l’engouement et la motivation, de même qu’il doit la faire rentabiliser économiquement. Lorsque ces critères se trouvent réunis, le dirigeant de la troupe est alors à même d’y réussir la répartition des tâches et des responsabilités, lui qui aura cultivé le don de reconnaître les membres de qualité, ce qui lui permettrait d’éviter de se retrouver au four et au moulin. Par ailleurs, une conséquence naturelle devrait découler de ce succès : le déroulement normal des activités de la troupe, entre autres, les répétitions, en l’absence du leader. 

De gauche à droite, entre autres, Koffi Adolphe Alladé et Marcel Zounon
A la fin de la présentation de son propos, Hermas Gbaguidi a été renforcé par deux personnalités expertes et expérimentées : Koffi Adolphe Alladé et Marcel Zounon.

Marcel Kpogodo

lundi 16 avril 2018

Quand le ’’Sabwana orchestra’’ sème la chaleur et la joie


Dans le cadre du concert du Groupe à Cotonou

La Paillotte de l’Institut français de Cotonou a été grandement secouée dans la soirée du vendredi 13 avril 2018. C’est à la faveur du concert qu’y a donné le Groupe franco-burkinabé, ’’Sabwana orchestra’’. Alors, le public a vibré au rythme de la forte vitalité instrumentiste, véhiculée par les membres de l'orchestre de jazz.  

Le ''Sabwana orchestra'' (De gauche à droite, David Yaméogo, Jessie Ouédraogo, Sosthène Ouédraogo, Colin Mousser et Petit Solo Diabaté)
Vingt-et-une heures tapantes et des notes de balafon lancent un concert qui va durer quatre-vingt-dix minutes environ, dans une atmosphère d’embrasement du public pour un peu plus d’une dizaine de morceaux : ’’Blakyne’’, ’’Sabwana’’, ’’Curyse’’, ’’Ylop’’, ’’Débora’’, ’’Naaba Naaba’’, ’’E djè ka djo’’, ’’Sababou’’, ’’Célestia’’, ’’Night in Bobo’’, ’’Badenya’’ et ’’Zigribiti’’. Le délice musical qu’ont savouré les spectateurs le vendredi 13 avril 2018, en soirée, au concert qu’a donné le Groupe ’’Sabwana orchestra’’, sous la Paillotte de l’Institut français de Cotonou. Colin Mousser, qui va se révéler un saxophoniste vivant à fond chaque son que son souffle lui permet de générer, entre en scène en émergeant du public ; les deux guitaristes, Sosthène Ouédraogo, l’ ’’électriste’’, et Jessie Ouédraogo, le bassiste, font leur apparition des coulisses, de même que le batteur, David Yaméogo, puis, voilà Gautier Gêne, prenant le contrôle de la régie, qui répartit une lumière rouge et claire sur la scène : le morceau introductif donne le ton d’un concert engagé qui va donner du tonus.
Cette tendance se confirme au fil du déroulement. Une musique rendue jazz par l’agencement mesuré des coups de baguette sur les différentes cymbales, avec les coups harmonisés que reçoivent les styles de tambours, une rythmique qu’intègrent les notes que dégagent les deux guitares dont les cordes sont grattées ou secouées, selon que se stabilise ou monte l’intensité de la fièvre du message que ressentent les manipulateurs de ces instruments de musique. Et, une affinité de taille : celle que développe Petit Solo Diabaté, le joueur de balafon, avec le batteur à partir de l’accord lointain de qui il fait entrer en symbiose les notes douces qu’il laisse échapper de sa machine héritée de la séculaire tradition musicale mandingue. Spectaculaire et polyvalent, ce balafonniste ne varie en rien son comportement de quête d’entente avec David Yaméogo lorsqu’il se déporte sur ses percussions dont les battements communient étrangement avec les coups de batterie. Avec Petit Solo Diabaté, le jazz vire à l’afro, ce qui épanouit ceux dans le public qu’enchantent la grande capacité de provocation de remuement du corps de la part de la musique africaine, très dansante, qui a fait se lever et bouger beaucoup de spectateurs, tantôt spontanément, tantôt sur demande des musiciens.
Le côté purement jazzy du Groupe, c’est aussi la place laissée, dans la plupart des morceaux, à l’expression des instruments ; ’’Sabwana’’, ’’Naaba Naaba’’, ’’Sababou’’ et ’’Badenya’’ sont alors les seuls dans lesquels David Yaméogo, Jessie Ouédraogo, Petit Solo Diabaté et Colin Mousser auront fait découvrir leurs bonnes capacités chorales. 
Particulièrement, Colin Mousser s’est parfaitement intégré à cette belle ambiance, manifestant la partition de son précieux souffle à travers la mélodie de son saxophone, dans laquelle tout se trouvait engagé en lui, que ce soit son âme, son esprit et, très visiblement, son corps qui, se propulsant, à des moments donnés, au-devant de la scène, se courbait, se pliait en deux, sous l’impulsion d’une fougue intérieure, donnant l’impression que le musicien allait se retrouver au sol. Impresario de service, faisait luire son visage la satisfaction qu’il éprouvait de se donner entièrement au spectacle, pour un public qui suscitait en lui une simple ambition : le combler.
De toute évidence, l’homme de la soirée aura été Petit Solo Diabaté, dans le déploiement, d’abord, d’une énergie physique bien répartie, totalement généreuse, pour les besoins de la cause du comblement du public, de la manifestation de la spécificité dansante et remuante, émouvante de la musique africaine ; il se distribuait amplement entre son balafon et trois tambours de percussions, sans pour autant donner l’impression d’en ressentir de la fatigue, ses mains battaient ardemment la mesure sur ceux-ci, et son visage en rayonnait, il prenait du plaisir à procurer du plaisir …
Ensuite, Petit Solo Diabaté jouait juste et bien, faisant voyager l’esprit, en dépit de l’ambiance surchauffée du concert, par le doux son multiforme qui émanait de son balafon que balayaient des baguettes manipulées par ses doigts si agiles.
Enfin, le Groupe, dans son emble, aura davantage impressionné quand, à la fin du concert, devant un public qui en redemandait, les membres de l’orchestre n’ont eu d’autre choix que de concocter une improvisation acoustique mettant à l’honneur le gong géminé de chez nous, fusionnant avec de la percussion ! Un signe de la capacité du ’’Sabwana orchestra’’ à intégrer des instruments musicaux spécifiques, des rythmes locaux.        

Segun Olabissi
A accompagné le ’’Sabwana orchestra’’, celui qu’il est devenu ordinaire d’appeler le ’’plus Béninois des Nigérians’’, Segun Olabissi. Bête de scène, sa voix tonnait, il y déambulait, stimulant le public à accompagner le mouvement.  


Engagement et écologie 
      
De longues branches de palmier décoraient de part et d’autre la scène, laissant pressentir chez les musiciens une tendance écologiste, et même d’engagement, surtout qu’une certaine uniformité a frappé, en ce qui concerne leur accoutrement de scène : faisait l’unanimité, au niveau d’eux tous, la cravate multicolore en tissu dit africain, ainsi que le pantalon jeans. Celle-ci distille le message de la fusion entre l’Afrique et l’Occident, la cravate étant culturellement de lui, le tissu, du continent des Afro-descendants, en grande majorité. Du côté du jeans, il symbolise le travail acharné sans quoi rien ne s’acquiert ni ne se conquiert, ce travail dans lequel s’engagent les membres du ’’Sabwana orchestra’’, pour donner corps à leurs objectifs, à leur vision. Se rapportant à la chemise, elle est de couleur kaki chez certains, verte, noire ou rouge chez d’autres, ce qui témoigne de la variété, de la multiplicité des choses, des cultures, de leur complémentarité.   
Et, à en croire Jessie Ouédraogo, porte-parole de circonstance, sur la scène, le ’’Sabwana orchestra’’, né depuis quatre ans, s’implique, au fil de son évolution, dans le développement durable, pour plus de justice et d’équilibre dans le monde contemporain.  

Marcel Kpogodo   

jeudi 12 avril 2018

« [Il faudrait] essayer avec nous autres, demande Serge Ologoudou aux mécènes


Dans le cadre de la tenue de la cinquième édition du ’’Festin vocal’’

La cinquième édition du ’’Festin vocal’’, le Festival international des voix de femmes du Bénin, se profile à l’horizon. Nous en dit sur le programme prévu, le Directeur de l’Evénement, Serge Ologoudou. L’entretien, qu’il a bien voulu nous accorder, s’achève par un appel au soutien financier, qu’il lance aux mécènes.

Serge Ologoudou
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Serge Ologoudou. Vous êtes journaliste culturel et promoteur culturel. Bientôt se tient le ’’Festin vocal’’. Pouvons-nous savoir ce qui est prévu pour cet événement ?


Serge Ologoudou : Merci pour l’opportunité que vous m’offrez. Le ’’Festin vocal’’, c’est le Festival international des voix de femmes du Bénin. Nous en sommes à la cinquième édition qui va se tenir du 24 au 28 avril 2018, ici, à Cotonou. Il y a plusieurs activités à mener. D’abord, il y a trois jours de formation, de perfectionnement en technique vocale ; ces trois jours seront encadrés par Annie Flore Batchiellilys qui est une grande chanteuse africaine, gabonaise d’origine. Elle est en même temps la tête d’affiche de l’édition.
Cette formation, ce seront trois jours de renforcement de capacités, c’est un Master class qui va regrouper un certain nombre d’artistes, des jeunes ou des moins jeunes, peu importe. Toutes celles qui sont intéressées à profiter de l’expérience d’Annie Flore Batchiellilys sont invitées à participer à ce Master class qui se déroulera du 24 au 26 avril, de 9h à 15h, à l’Institut français de Cotonou. En fait, il s’agit d’une dame qui chante depuis un bout de temps ; elle a déjà la cinquantaine, donc, elle n’est pas une petite dans le domaine.  
Ensuite, il y aura deux concerts : le premier, le 27 avril, à la Grande salle du Fitheb (Festival international de théâtre du Bénin, Ndlr), avec le Chœur polyphonique national, Assy Kiwa, Amy Mako de Parakou, Ayodélé et puis bien d’autres. Le 28 avril est prévu un deuxième concert qui sera, cette fois-ci, à l’Institut français de Cotonou avec, encore, le Chœur polyphonique national et, en première partie de la vedette du Festival, Annie Flore Batchiellilys, il y aura une révélation du nom d’Hermance Ellé ; elle est journaliste à l’Ortb (Office de radiodiffusion et télévision du Bénin, Ndlr) au journal parlé mais elle a pour passion la chanson. Elle a eu l’occasion de participer à ’’The voice’’ francophone cette année. Donc, elle sera la révélation et, son nom d’artiste, c’est Djayé.
Profitons de l’occasion pour parler du thème du Festival, qui est : « Les femmes dans l’environnement musical ». Il sera présenté par Marcel Padey. Ce sera la conférence inaugurale de tout le Festival, le mardi 24 avril.


Quelles sont les innovations de cette édition par rapport à la précédente ?

On veut mettre l’accent, surtout, sur les révélations, sur la détection de talents. Donc, nous sommes en train de lancer une activité dénommée ’’Première chance’’, où l’on aura à retenir une dizaine de jeunes chanteuses parmi lesquelles nous allons sélectionner trois que nous allons commencer à suivre, pour les autres éditions du Festival, histoire de les canaliser, de leur donner des notions de base pour que, d’ici à quelques années, elles puissent aussi évoluer dans leur carrière de chanteuses.


Pourquoi cette focalisation du Festival sur les femmes musiciennes chanteuses ?

D’abord, j’ai eu l’occasion de travailler avec plusieurs femmes artistes, entre autres, - paix à son âme ! – Zouley, et puis le trio Tèriba, surtout, un Groupe grâce auquel l’idée du Festival est née. Il faut rappeler que je l’ai fait connaître ici et à l’international. Je crois que le travail qui a été fait au niveau de ce Groupe, j’ai eu envie de le vulgariser. C’est pour cela que j’ai pensé mettre en place un Festival du genre.


L'Affiche officielle du ''Festin vocal''
Organiser un festival, par les temps qui courent, ce n’est pas facile. Est-ce que vous avez déjà tout bouclé pour la réussite de la cinquième édition du ’’Festin vocal’’ ?

Si tout dépendait de nous, tout serait bouclé. Mais, dans ce genre d’activités, il y a pas mal de partenaires, il y a pas mal de paramètres qu’on ne maîtrise pas forcément. Il s’agit, entre autres, du nerf de la guerre ; il faut que les bonnes volontés, les mécènes se manifestent.
Les sponsors, il n’y en a pratiquement pas puisqu’il n’y a pas de politique ni de loi qui favorise ce genre d’activité. On y va comme l’on peut, mais on a pris ce risque parce que l’année dernière, on n’a pas pu faire le Festival, tout simplement du fait qu’il y a des réformes en cours au Ministère du Tourisme, de la culture et des sports et que ces perturbations ne nous ont pas facilité la tâche. Mais, cette année, on s’est dit que si on doit attendre que ces réformes se mettent en place, on risque de perdre beaucoup de choses. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes jetés à l’eau, il faut le reconnaître, pour maintenir la crédibilité du Festival. Donc, nous sommes là, on attend, on garde l’espoir que le Ministère finira certainement par nous accompagner.
Je profite de ce créneau pour lancer aussi un appel au Ministère de la Culture, aux responsables et aux décideurs politiques, pour attirer leur attention sur le fait que l’Etat organise des événements, mais je crois que les privés, que nous sommes, aussi participent quand même de façon importante à animer les activités artistiques et culturelles dans le pays. Et, on doit tenir compte aussi de cet effort, de cette contribution que nous, privés, apportons au secteur culturel qui en a vraiment besoin.
A l’endroit des mécènes : c’est vrai qu’il y a des bonnes volontés, des privés qui veulent parfois accompagner le secteur mais ils n’ont pas toujours la garantie qu’il faut, il manque un peu de crédibilité. Nous leur lançons l’appel d’essayer avec nous autres et, certainement, ils vont voir la différence. C’est vrai, après cette édition, on va les approcher pour mieux leur expliquer notre démarche à nous, pour mieux leur expliquer l’intérêt de ce que nous faisons et, surtout, l’intérêt que, eux aussi, peuvent en tirer. Ce sont des points qu’il faudrait, à un moment donné, éclaircir, il nous faudrait sensibiliser les uns et les autres sur des choses à faire et comprendre que si on n’a pas une mutualisation des différentes énergies, on ne pourra pas faire avancer ce secteur.


A quel contact on pourrait vous joindre, si on était intéressé pour vous accompagner ?

Il y a un contact sûr qui est mon contact direct : le 97-30-03-44.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mercredi 11 avril 2018

Mounia Youssef, militante du cheveu crépu

Dans le cadre de trois expositions tenues au Bénin

Mounia Youssef est une photographe d’art, qui, à cheval entre le dernier trimestre de l’année 2017 et le tout premier de 2018, a tenu pas moins de trois expositions avec, comme point commun, la matérialisation de la vision chère à cette jeune femme à l’allure de libellule : combattre pour rétablir chez le Noir la conscience de la liaison de son authenticité à une réalité aussi banale que le cheveu crépu.

Mounia Youssef
Le cheveu crépu à l’honneur par seize œuvres photographiques et une dizaine de posters. Le fruit d’au moins six mois de shooting, ces séances-photo ayant, entre autres, permis à Mounia Youssef, artiste photographe libano-togolaise, de mettre au jour l’exposition intitulée, ’’l’Hair du Temps’’, qui s’est déroulée à l’Espace ’’Tchif’’ de Cotonou, du 24 novembre au 12 décembre 2017 et, de ce second mois à février 2018, au Restaurant, ’’Le Lambi’s’’ de la Haie-vive, sis quartier Cadjèhoun, toujours à Cotonou.
Au-delà de la présentation au public, à l’époque, du résultat d’un travail de longue haleine, cette corpulence délicate de femme a exposé une conviction, celle selon laquelle le Noir, qu’elle préfère appeler Afro-descendant, doit, aujourd’hui, se réapproprier les éléments physiques qui font son identité intrinsèque, et qu’à travers l’histoire, ses ’’maltraiteurs’’ ont dégradés, dévalorisés en lui, lui ont enlevés, à force de dénigrements, de préjugés, de rejet, notamment. Parmi ceux-ci, il y a le cheveu crépu qui est lui, l’Afro-descendant. « Le cheveu naturel a une place dans la société », affirme-t-elle. Et, ce n’est pas au Bénin qu’elle a cultivé cette certitude, un pays dans lequel les citoyens s’épanouissent en rejetant les normes de leur être culturel profond, pour adopter celles venant de l’étranger, mais au Ghana où elle a eu l’occasion de séjourner pendant une paire d’années.

Quelques oeuvres photographiques de ''l'Hair du Temps'', à l'Espace ''Tchif'', en novembre 2017
Dans ce pays, elle a touché du doigt la fierté avec laquelle les femmes manifestent la beauté de leurs cheveux crépus, en les arborant, bien peignés sur leur tête, ce qui, selon Mounia Youssef, a provoqué en elle le « déclic sur les cheveux naturels » et qui l’a décidée à en faire un sujet de travail. Et, les dix posters qu’elle a livrés à la délectation du public ont fait ressortir deux qualités essentielles chez l’artiste : d’abord, celle d’une graphiste accomplie qui sait disposer, positionner des conceptions originales, des couleurs fortes, des objets d’un symbolisme expressif, des propos incitatifs, des slogans motivants, un historique édifiant sur le mouvement ’’Nappy’’ de l’engagement des Afro-descendants, par les actes, à retourner aux sources de leur richesse physique spécifique, le cheveu crépu, principalement.

''l'Hair du Temps'', au Restaurant ''Le Lambi's'' de Cotonou
Ensuite, l’exposition a permis de faire ressortir le caractère fortement et profondément militant de Mounia Youssef, cela, de deux façons : premièrement, l’évocation de slogans marquants, poignants d’incitation à la prise de conscience sur la nécessité pour l’Afro-descendant, où qu’il se trouve, à travers le monde, de renouer avec le cheveu crépu, l’élément de son être originel. Morceaux choisis : « Emancipate yourself from beauty slavery », « My hair is my pride », « Your comb, your weapon ».
Deuxièmement, l’artiste réalise la focalisation du public sur certains mots forts en relation avec le fait pour l’Afro-descendant de renouer avec l’attribut de son être physique réel qu’est le cheveu crépu, dévalorisé, à travers les siècles, les époques et les années. A l’effet de la restauration de cet élément, des posters ont été spécifiquement composés et renseignaient de manière synthétique sur le sens du mot concerné : ’’Afro-descendant’’, ’’Unity’’, ’’Patrimoine’’, ’’Anticonformisme’’, ’’Réappropriation’’. De manière particulière, un poster a été investi de l’intense mission de restituer deux réalités : l’historique de la cause du cheveu ’’nappy’’ et le déroulement du laborieux processus ayant permis à Mounia Youssef de lancer, sur les réseaux sociaux, un appel à candidatures pour recruter des modèles devant poser pour les photos, d’en retenir pas moins de 35 sur plus de 300 appelés.
Aperçu du poster sur, notamment, le mouvement ''Nappy''
Et, elle a aussi, au finish, livré au regard du public, un riche éventail de traitements du cheveu crépu, de sa tresse à sa pousse libre, en passant par d’autres états inattendus de sa valorisation, tels que la simple joie de vivre d’un visage à la tête surmontée d’une tresse conséquente. En outre, une gestion commune pour toutes les seize photos exposées, concernant la démarche de travail de l’artiste : elles ont fait l’objet d’une « impression numérique sur papier photo ». Cerise sur le gâteau : certaines notoriétés béninoises n’ont pas résisté à l’appel à donner aux visiteurs de contempler leur chevelure extraordinaire, dans leur caractère intrinsèque, mais s’adaptant au projet conçu par Mounia Youssef : le slameur Kamal Radji.

Mounia Youssef, en exposition au ''Centre'' de Lobozounkpa
Par ailleurs, en décembre 2017, des icônes moins palpables ont fait l’objet de l’intérêt de la photographe-graphiste, dans le contexte de la deuxième édition des ’’Echos de Lobozounkpa’’, un événement qu’a organisé ’’Le Centre’’, complexe culturel situé à Atropocodji, dans l’Arrondissement de Godomey, de la Commune d’Abomey-Calavi ; avec neuf autres artistes contemporains, elle y a traité le sujet des Amazones, ces femmes guerrières ayant fait fureur dans le royaume du Dahomey.
Avec cette exposition collective, Mounia Youssef, à travers la longue plaque rectangulaire aux seize photos en noir et blanc, qu’elle a fait valoir, l’amazone appartient à tous les temps, même à l’époque contemporaine, face à un cheveu crépu qui apparaît quatre fois, abondant sur une tête vue de dos et, de profil, tressé puis, enfin, s’étalant court sur le côté d’une tête dont la moitié est perçue de face. Une stratégie d’agencement de quoi rendre remarquable le cheveu crépu comme l’élément pour matérialiser l’identité physique que rend véritablement spécifique l’appartenance culturelle, ce cheveu qui ne peut évoluer en une hirondelle unique : «  Avec sa peau, ses rondeurs, une amazone qui s’affirme affirme aussi son corps », appuie l’artiste, concluant sans ambages : « Etre amazone, aujourd’hui, c’est s’affirmer corporellement ».  


Mounia Youssef, une poigne de conviction 

Incandescente par sa vision pan-afro-descendantiste, rude par sa combativité et profonde dans son endurance, Mounia Youssef entretient le contraste sur sa personne, de par ces traits de caractère, avec une fine corpulence et un grand calme, une puissante sérénité. Des atouts qui semblent l’avoir conduite à mener à bien le travail impressionnant qu’ont demandé la conception, la préparation et la concrétisation de l’exposition, ’’l’Hair du Temps’’ : entre autres, toutes les sortes de va-et-vient, la communication pour recruter, par Facebook, des candidats loméens et cotonois pour les photos, des postulants voulus afro-descendants, métis avec des cheveux naturels, le travail sur les 35 retenus, leur maquillage, la location de studios-photo pour les séances de shooting, l’étalement de sa disponibilité pour l’adapter à celles de ses élus.
En frais début de la trentaine, Mounia Youssef fera retenir par l’histoire qu’en 2008, elle entre au devenu célèbre, prestigieux et crédible Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel (Isma) de Cotonou, au Bénin, pour une formation en Journalisme audiovisuel. Trois ans après, sa Licence professionnelle conquise, elle se fait autodidacte en Photographie avec, comme source d’acquisition des précieuses connaissances, Internet et, elle s’enferme dans une activité intense dans le domaine : « Plus on pratique, on devient meilleur », a-t-elle compris. Puis, de 2013 à 2015, elle fait l’option du Ghana pour une nouvelle formation en ’’Multimedia design’’. Depuis, son savoir-faire, en Photographie alliée au Graphisme, se demande abondamment, de toutes parts.
Voilà une réelle efficacité technique fondée sur une pugnacité à toute épreuve, et ce ne serait pas l’élancée Mounia Youssef, si cela devait s’en arrêter là : « Le militantisme, cela fait partie de ma vie », confie-t-elle. Ceci aide à comprendre qu’elle ne se contente pas d’exécrer, mais elle passe à l’action pour bouter dehors ce qui, pour elle, semble pouvoir nuire au fonctionnement harmonieux de la société, de l’africaine, en particulier. Conséquence : s’indignant des dégâts de plusieurs ordres que causent les produits chimiques sur le cheveu afro-descendant qui est rendu artificiellement lisse par le défrisage, s’horrifiant de la richesse dépouilleuse de l’Afrique, que cela génère pour les occidentaux concepteurs de ces produits, s’offusquant de la dépersonnalisation de l’Africain désormais condamné à s’approprier les standards européens de la beauté au détriment des siens, elle se révolte par l’exposition ’’l’Hair du Temps’’ dont elle a décliné le but, simple : « contribuer à ce que cela change, à ce que tombe ce complexe d’infériorité que montrent les Afro-descendants, sensibiliser » sur comment ces produits « gâtent le corps » et sur comment le système commercial mis en place « enrichit ceux qu’il ne faut pas ». Une amazone des temps modernes.
Et, ce n’est pas fini ! Ce qui l’épanouirait : « appartenir à une équipe technique pour tenir des conférences sur tout ça … ». Prête à aller plus loin, elle précise pouvoir faire de la « sensibilisation porte-à-porte ». Une telle détermination a une bonne justification : Mounia Youssef, de couleur métis de peau, ne laisse rien voir de son esprit, de son âme intrinsèquement africains, authentiquement afro-descendants : « Je me considère africaine, c’est général, c’est global ; je suis née en Afrique, j’ai grandi en Afrique, mon histoire, ma vie sont ici, de même que mon cursus scolaire et le décollage de ma carrière ! », laisse-t-elle émerger d’elle, non sans une pointe de chaleur dans la voix. « Ma mission continue » pour « valoriser la beauté black, avoir l’inspiration pour la révélation de la beauté africaine », clôt-elle.

Marcel Kpogodo

jeudi 5 avril 2018

Sakpata Zogbo pilote désormais le Festival des danses endogènes


Dans le cadre des réformes opérées au niveau de son événement

L’artiste danseur, Sakpata Zogbo, de son identité à l’état civil, Léon Hounyè, a rencontré le desk ’’Culture’’ du Journal ’’Le Mutateur’’, le mardi 3 avril 2018, à Cotonou. Il ressort des échanges effectués que l’événement phare dont il tient l’organisation annuelle depuis cinq ans, le Festival ’’Yaoïtcha’’, va opérer une métamorphose majeure fondée sur le renouvellement de sa dénomination.
Sakpata Zogbo, en pleine démonstration de son art de la danse 
Le ’’Festival des danses endogènes’’. Le nom par lequel il faut remplacer ce que le public connaissait par le Festival ’’Yaoïtcha’’, ce qui ressort des échanges que le danseur professionnel, Léon Hounyè, alias Sakpata Zogbo, a tenus avec la rédaction culturelle du ’’Mutateur’’, le mardi 3 avril 2018, en fin d’après-midi, au quartier Zogbohouè de Cotonou.
« Nous devons aussi opérer des réformes au niveau de nos initiatives d’ordre culturel ! », s’est exclamé l’hôte du Journal, expliquant que le défunt Festival ’’Yaoïtcha’’ portait le nom de la danse du feu avec l’implication attendue que toutes les activités de la manifestation ne tournait autour que d’elle, ce qu’il a trouvé restrictif. Ainsi, le nouvel événement aura comme innovation de travailler sur plusieurs autres danses à part la ’’Yaoïtcha’’ : ’’Dan’’, ’’Hêviosso’’, ’’Sakpata’’, ’’Zangbéto’’, celle de la chasse, entres autres.


Un programme déjà ficelé

En 2018, à en croire Sakpata Zogbo, le Festival des danses endogènes aura lieu sous le sceau de la sixième édition et, l’événement est prévu pour tenir sur trois jours avec, comme invité de marque, le Roi d’Allada. D’abord, le vendredi 12 octobre, en matinée, à Zogbo, sera animée une communication par celui qu’il a appelé un sage, l’ancien Député, l’Honorable Kakpo ; cette personnalité aura la lourde responsabilité intellectuelle de retracer l’histoire des autochtones de Cotonou devenue la capitale économique du Bénin, de même qu’il établira la nette différence entre les quartiers Zogbo, Zogbohouè, Mènontin et Kindonou, notamment, et évoquera les fondements de la création de Cadjèhoun et d’Abomey-Calavi. 

Sakpata Zogbo
Quant au samedi 13 octobre, il enregistrera le lancement du Festival. Cette ouverture, qu’il annonce grandiose et flamboyante, intense et dense, donnera au public de déguster plusieurs tableaux des danses traditionnelles de chez nous, un spectacle devant durer six heures de temps, à partir de 10 heures, dans la matinée. Et, ce sera à Zogbohouè. Enfin, le dimanche 14 octobre, Kindohou accueillera un autre vaste spectacle de danses, dès 10 heures du matin. Six heures plus tard, le public devra se déplacer vers Zogbo pour vivre les activités de la clôture du Festival.


Un réquisitoire de révolte

L’évolution des discussions a induit un inattendu changement de casquette. 

Sakpata Zogbo
C’est ainsi que le danseur de la musique traditionnelle s’est mué en Secrétaire général du Groupe 113 (G113), ce qui a justifié son indignation face à la léthargie actuelle dans le monde culturel : « Aujourd’hui, notre Ministère de la Culture n’existe plus, le Ministre ne nous connaît pas, il ne croit pas à notre travail, il n’a pas confiance en nous, il nous prend pour des bandits ! », lance-t-il, d’un trait avant, très vite, d’en tirer ses conclusions : « Nous, les artistes, nous ne pouvons plus faire comme avant, c’est-à-dire soutenir un Ministre ; si les gens ne nous considèrent pas, il faudrait que nous prenions notre destin en mains : il ne faudrait plus que les artistes parlent, qu’ils fassent leur travail, celui qui les libère ! », finit-il, avant de rebondir par un appel à ses pairs : « Que chacun de nous accompagne le Gouvernement selon ce qu’il peut apporter », et par une adresse au Chef de l’Etat : « Je remercie le Président Talon pour son travail et, nous pouvons l’accompagner en vulgarisant les idées du Programme d’actions du Gouvernement (Pag) au niveau des populations, à travers les activités de nos festivals ».

Crédit photos : Sakpata Zogbo, alias Léon Hounyè

Marcel Kpogodo

lundi 26 mars 2018

Grand hommage à Cheikh Anta Diop


Dans le cadre de manifestations commémoratives de son œuvre


Le célèbre historien et anthropologue sénégalais, Cheikh Anta Diop, a été l’objet d’un vibrant honneur, en novembre 2017, à Dakar, au Sénégal, à l’occasion d’une impressionnante manifestation artistique.

De gauche à droite, Erick Ahouansou et Ana Vicky Castillo
58 œuvres dont une cinquantaine de photos de pharaons imprimées, et 8 toiles originales parmi lesquelles se trouvent 7 portraits de pharaons et, un autre, de Cheikh Anta Diop. L’arsenal artistique qui a été déployé dans le Hall du Grand théâtre national de Dakar, capitale du Sénégal, pour le compte du vernissage d’une exposition, qui s’est déroulé le 24 novembre 2017, à l’initiative du Professeur Ana Vicky Castillo.
Plusieurs personnalités ont honoré de leur présence l’événement : la marraine de l’exposition, Mariétou Diop, Présidente de la Fondation ’’Cheikh Anta Diop’’, Omar Danfakha, Représentant du Ministre sénégalais de la Culture, Boubacar Barry et Diallo Diop, Professeurs d’Histoire et, surtout, Massamba Diop, Docteur en Médecine et fils de Cheikh Anta Diop, sans oublier une personnalité Vip, l’Ambassadeur des Iles des Comores près le Sénégal.


Les Noirs, une origine prestigieuse

Ana Vicky Castillo, d’origine colombienne, Professeur d’Espagnol et Docteur en Histoire, vivant aux Etats-Unis, est partie des travaux de Cheikh Anta Diop, de ses recherches et de ses révélations sur la culture africaine et ses fondements, pour se rendre compte de la portée inestimable de ses travaux, ce qui l’amena à décider d’en faire la révélation à travers l’exposition indiquée, qui avait un thème bien précis : « L’apport de l’ancienne civilisation africaine ». Ainsi, pour cette universitaire, il s’agissait de diffuser, de vulgariser les idées du très respecté chercheur sénégalais, selon lesquelles l’Egypte antique, ayant rayonné dans plusieurs secteurs tels que les mathématiques, la médecine, la mécanique, les sciences en général, la musique, le calendrier, l’art et la culture, notamment, cette Egypte était composée de la civilisation noire, celle-ci qui est la toute première ayant régné pendant l’âge d’or de la civilisation contemporaine. 

Une exposition qui a drainé du monde ...
Et, à en croire les analyses d’Ana Vicky Castillo, développées au cours de la conférence qu’elle a animée le 25 novembre 2017, des vues inspirées des résultats des recherches de Cheikh Anta Diop, la civilisation noire s’est même retrouvée en Amérique du Sud, à travers les Mayas, les Astèques, entre autres. Par ailleurs, l’égyptologue sénégalais  trouvait que l’histoire de l’Egypte n’était pas séparable de celle des Noirs, et elle a inspiré beaucoup de savants qui étaient allés s’instruire dans ce pays. Ainsi, la validité de l’histoire africaine dépend de sa liaison avec celle de l’Egypte, d’où une déduction simple émanant de Cheikh Anta Diop et relevée par Ana Vicky Castillo : « L’histoire de l’Afrique noire sera écrite dans l’air jusqu’à ce que les historiens africains osent la relier à l’histoire de l’Egypte ». Cette réflexion prouve à quel point les puissances occidentales ont réussi la basse œuvre de démolition de l’image des Noirs par l’anéantissement des preuves de leurs racines avec la resplendissante civilisation de l’Egypte antique.


Des collaborations déterminantes  

L’exposition indiquée, qui a clos ses portes le 30 novembre 2017, est la manifestation phare ayant permis de lancer les activités d’une institution culturelle crée aux Etats-Unis et dont la Fondatrice et Présidente n’est personne d’autre qu’Ana Vicky Castillo : l’ ’’African diaspora museum of Chicago’’ (Admc) ; cette personnalité est aussi à l’origine de la création de l’ ’’Afrolatino historical society’’. Prévue pour être montrée à travers les pays du monde depuis le 7 février 2018, cette exposition, qui n’est que le commencement du processus de révélation par Ana Vicky Castillo des fondements authentiques de l’histoire des Noirs, n’a pu connaître une véritable réussite sans un certain trio d’artistes : le Colombien Julio C. Montano M, l’Américain Gary Taylor et, surtout, le Béninois Erick Koffi Ahouansou dont la partition précise a été, notamment, la réalisation des sept portraits de pharaons et de celui de Cheikh Anta Diop. 


L'affiche de l'événement
En outre, d’autres collaborateurs ont apporté leur pierre à l’édifice de ce succès : Jean-Claude Ahouansou, Ba Dethié, Owen Leroy, M. Sambou et Mme Gassama, tous émanant de la Maison de la Culture ’’Douta Seck’’ dont la seconde est la Présidente.
Les participants à la manifestation culturelle ont visité l’Ile de Gorée et la tombe de Cheikh Anta Diop.

Marcel Kpogodo

samedi 17 mars 2018

Charly Djikou, l’appel suppliant au ’’dialogue’’ salvateur entre Gouvernement et enseignants


Dans le cadre d’une exposition au Centre culturel chinois


Depuis le samedi 24 février 2018 se tient au Centre culturel chinois de Cotonou une exposition permettant à quatre artistes plasticiens béninois de faire valoir le fruit de leur inspiration concernant un sujet très simple : le ’’dialogue’’. Particulièrement, l’un d’entre ces créateurs, le sculpteur sur pierre, Charly Djikou, fait de cette situation de démonstration une opportunité pour s’inviter dans l’actualité du débrayage prolongé dans le monde de l’éducation ; par le biais d’une de ces œuvres, il appelle le Gouvernement et les enseignants à fumer le calumet de la paix pour que le pire soit évité à notre pays.

De gauche à droite, ''Awakpokpo'' et Charly Djikou
« ’’Awakpokpo’’, je l’ai fabriquée spécialement, à Savè, pour inviter le Gouvernement et les enseignants à s’entendre, afin que l’année scolaire soit sauvée ». Les yeux pathétiques, tournés vers le soleil comme s’il le suppliait de chasser, de sa lumière, les ombres de la grève, Charly Djikou, embrassant ’’Awakpokpo’’ de ses grosses mains d’ouvrier de la pierre, comme accroché à une bouée de sauvetage, s’exprime depuis l’entrée de la cour principale du Centre culturel chinois de Cotonou, où se déroule une exposition qu’il anime, avec trois de ses collègues artistes contemporains, depuis le 24 février 2018, sur le thème du ’’dialogue’’.
« Les artistes plasticiens ont leur mot à dire dans la société, au même titre que les hommes politiques, la société civile et les travailleurs », justifie l’artiste, enfonçant sa logique d’engagement : « Il faudrait utiliser le chemin du dialogue, car c’est lui qui apporte la paix, la compréhension, l’écoute de l’autre », avant de conclure : « Les artistes écrivent l’histoire de la civilisation d’un peuple, c’est ce qui me pousse à tenir compte de la crise que nous traversons au Bénin ».
Selon Charly Djikou, ’’Awakpokpo’’, le titre de l’œuvre porte-flambeau de son actuelle exposition au Centre culturel chinois de Cotonou, signifie ’’ensemble’’, en langue nagot. ’’Assemblée’’ est alors l’explication circonstancielle que sélectionne, de ce mot, en langue nationale, ce maître de la pierre, pour une très récente création qui matérialise une grande réunion, par les nombreux visages à la bouche ouverte, jalonnant tous ses côtés, ce qui fait, au décompte, pas moins d’une douzaine de personnages embarqués dans une concertation stratégique, peut-être celle entre les ministres représentant le Gouvernement Talon et les secrétaires généraux des centrales, des confédérations syndicales et des regroupements des syndicats d’enseignants. Surprise : un personnage, en bas, se trouve piétiné par tous les autres ! « C’est le sage », interprète Charly Djikou, «  il supporte tout, ce pour quoi il doit avoir le dos large », sanctionne-t-il. Ce sage est-il le Président de la République, Patrice Talon, que l’artiste appelle à l’acceptation de l’inacceptable, pour éteindre la crise scolaire actuelle ?


Irrésistible exposition

En réalité, ce maître de la pierre profite de l’exposition intitulée ’’Dialogue’’ pour prendre en otage, dans certains de ses espaces stratégiques, le Centre culturel chinois : à l’entrée principale, six œuvres, parmi lesquelles ’’Awakpokpo’’, se déploient autour d’une sorte de piscine décorative, deux autres ornent une autre entrée, celle de la résidence du maître des lieux, pendant que deux autres concèdent un message aux visiteurs voulant accéder au hall du Centre, d’autres encore vous assistent dans ce hall et, dans la galerie proprement dite, les toutes dernières vous surprennent par l’inattendu du message que les a chargés de transmettre leur père.
Si ’’Awakpokpo’’ est taillée à partir de la pierre extraite de la Cité aux trois mamelles, Savè, un matériau d’une « nature belle » dont le sculpteur laisse des parties intactes, vu sa dureté, sa résistance, sa « morphologie compacte », sa beauté à la finition, les autres pièces émanent de la pierre de la Commune de Dassa, des régions de Dan, dans le zou, ou d’Idadjo, à Ouèssè. Lorsque ces pierres de différentes origines contribuent à évoquer le ’’dialogue’’, l’artiste dénonce certaines circonstances de la vie qui le compromettent : ’’Akowé I’’ et ’’Akowé II’’ rejette le port hautain et vaniteux de l’intellectuel, qui l’amène à se bloquer à son entourage, ’’Ta vo I’’ et ’’Ta vo II’’, la vacuité intellectuelle, spirituelle, qui débouche sur la prétention, un objet de conflits avec les autres, ’’Zèle du roi’’, la même prétention, mais relevant de la promotion à un poste, l’état donnant lieu à de la vantardise, ’’Grande gueule’’, le comportement de celui qui « dit tout sans rien dire de concret », achève l’artiste.
Et, les quatorze autres sculptures  doivent aussi être vues, de quoi s’abreuver, d’une part, de l’expression des bons thèmes chers à Charly Djikou : le masque ’’guèlèdè’’, la belle tradition ancestrale, la force sociale de la mère, les valeurs du brassage, de la convivialité, du vivre ensemble, de la vie communautaire, de la sagesse, ces qualités qui, notamment, garantissent le dialogue. D’autre part, il est important de viter une telle exposition, afin de constater la capacité du sculpteur à la représentation de faits, de sentiments, de personnages.


« Je suis pierre … »

Charly Djikou manifeste de la familiarité, de la proximité, une profonde intimité avec la pierre, ce qui l’amène à ne pas la travailler extérieurement ni superficiellement ; à l’aide du burin, du marteau, de la meule avec disque diamanté, il lui dicte son inspiration, la lui inflige, la dompte de façon à lui imprimer le message qu’il lui tient à cœur de partager avec le public, il la sort de la nature, la magnifie et le rend désirable ; elle n’est donc plus un matériau, mais une partenaire, une amante et, finalement, une épouse avec qui il fait corps pour développer une vision de conquête du monde par son ’’modèlement’’, son façonnement, sa sculpture. Ainsi, fondu en elle, il est elle, d’où cette sourde déclamation : « Je sors d’une pierre. Donc, je suis pierre, je m’exprime en pierre, avec la pierre, pour la pierre. Donc, je suis la pierre, je ne peux qu’être pierre ».
De la même manière qu’elle se donne, se fusionne à lui, recevant de lui des semences d’inspiration, qu’elle développe et qu’elle enrichit, qu’elle immortalise, pour la gouverne de la postérité, il lui fait allégeance, comme à Dieu, de quoi lui imprimer son génie, de même que de puissants gènes plus qu’identificateurs.
Et, une telle symbiose avec la pierre, une communion si productive d’une analyse aussi pointue qu’inattendue de la vie, Charly Djikou avoue fièrement qu’elles ne sont nullement accidentelles, vu qu’elles viennent de son sang profond, ce qui l’amène à la référence à l’un de ses ascendants, son arrière-grand-père, à l’origine, fabricateur de meules de pierre, un outil, une unité de production, une entreprise qu’il a mise en place pour satisfaire le besoin de la population d’Agbangnizoun en écrasement de céréales. C’est ainsi que l’aïeul prophétisa, à partir d’une conviction qu’il fit vérité, d’où sortit le patronyme ’’Djikou’’ : « Dji na o kou o, axi na djè ! », ce qui signifie : « Même si la saison est mauvaise, le marché s’animera ! ». Ainsi, définitivement, existe, dans la Commune indiquée, du Département du Zou, le marché ’’Djikou Sèto’’, s’animant tous les cinq jours. Comme, alors inspiré par la veine ancestrale, Charly Djikou entretient de grands projets pierreux pour Savè, en dehors d’une initiative, lancée et tenue, du 12 au 17 février 2018, pour créer une relève certaine en sculpture de pierre.

Marcel Kpogodo