Selon une communication de Joël Atayi-Guèdègbé
Le samedi 30 mai dernier s'est tenue, à l'Ecole du
patrimoine africain (Epa) de Porto-Novo, une formation sur les stratégies pour
réussir son plaidoyer. Elle s'est effectuée à l'endroit d'environ 25 artistes,
acteurs, promoteurs et journalistes culturels, sous la férule de Joël
Atayi-Guèdègbé, personnalité remarquable de la société civile béninoise.
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Photo d'ensemble des participants à l'atelier (Auteur : Emmanuel Tognidaho Tomètin) |
Des artistes, tous secteurs confondus, bien connus sur la
scène culturelle béninoise, de même que des acteurs, des promoteurs et des
journalistes culturels : Florisse Adjanohoun, Marcel Padey, Isidore Dokpa, Sophie Mètinhoué, Joëlle d'Almeida, Nicole Awa Tongam, Adébayo Hounsou, Bardol Migan, Alfred Fadonougbo, Carole Lokossou, Farouk Abdoulaye, Byll Catarya Harmonie Dodé, Romuald Roland Houèssè, Fatima Sidibé, Mathieu
Koko, Djamile Mama Gao, Sandra Adjaho, Franck Béhanzin, Giovanni Houansou, Nathalie
Hounvo-Yèkpè, Jude Zoumènou, Gopal Das, Emmanuel Tométin, Esckil Agbo, Marcel Kpogodo, Eustache Agboton et Rosine Kédédji. Un échantillon des participants à la journée de formation animée par
Joël Atayi-Guèdègbè, membre de la société civile béninoise, le samedi 30 mai
2015, à l’Ecole du patrimoine africain (Epa). Le thème en était les « stratégies
de sensibilisation et de plaidoyer ». Un événement organisé par l’Association
’’Partenari’arts et culture Bénin’’, dirigée par Espéra Donouvossi, en
partenariat avec le réseau ’’Artwatch Africa’’.
Au début de sa communication, décontractée et interactive,
Joël Atayi-Guèdègbé a immédiatement fait la part des choses, définissant le
plaidoyer comme le « processus par lequel une ou plusieurs
organisations de la société civile ou des personnalités gagnant l’adhésion d’organisations
de la société civile mènent une action de communication en direction des
décideurs, des détenteurs du pouvoir, pour un changement ou la transformation
par la loi, la réglementation, d’une situation
inacceptable ». Ainsi, le communicateur a montré que le plaidoyer reste l’un
des moyens de travail de la société civile dont les acteurs culturels font bel
et bien partie parce qu’ils effectuent des actions non lucratives, contrairement
aux entreprises qui les exercent pour un certain gain financier.
Du plaidoyer et de la sa communication
Et, selon le conférencier, les étapes que doit remplir un
plaidoyer sont nombreuses et exigeantes : un objet, un thème bien précis,
une cible qui n’est rien d’autre que l’autorité en direction de qui il est
fait, une stratégie basée sur une bonne communication et, enfin, un mécanisme d’évaluation
de l’action réalisée. Aussi, le plaidoyer comporte quelques exigences : il
doit être bien informé, bien chronométré, c’est-à-dire bien indiqué par rapport
au moment choisi pour le réaliser, bien développé et, surtout, écrit, de façon
à laisser une trace exploitable à la cible ; il doit être aussi bien
préparé et jugé convenablement.
En outre, abordant la communication, Joël Atayi-Guèdègbé a
conseillé à l’auditoire, en cas de plaidoyer, de ne pas se jeter à corps perdu dans
les médias, mais de les utiliser de façon à les contrôler, afin qu’ils portent
le message effectif véhiculé par le plaidoyer qu’il a considéré comme un « projet
de communication qu’il s’agit de conduire, de planifier avec le plus grand
discernement », pour que les médias y occupent juste la place qu’ils méritent
et non la totalité de celle-ci.
Le porteur du plaidoyer
Par ailleurs, un critère important, selon le communicateur,
pour réussir un plaidoyer est le profil psychologique de celui qui le porte ;
celui-ci doit donc faire valoir un certain nombre de qualités : la
légitimité, la crédibilité, la force et, notamment, la fiabilité, la sagesse.
En celles-ci, il est complètement différent d’une
personnalité qui conduit une activité de lobbying, elle qui ne dit pas
ouvertement ce qu’elle veut, mais qui, insidieusement, manipule les autres et
se donne tous les moyens possibles pour atteindre le résultat attendu ; elle
évolue selon la politique du « donnant-donnant », ce qui conduit,
inévitablement, à des dérives.
Plaidoyer et lobbying
Par conséquent, l’orateur en a profité pour montrer que le
lobbying est différent du plaidoyer en ce sens qu’il est mené par un cabinet ou
par une structure spécialisée en la matière, qu’il ne se fait pas clairement et
qu’il sollicite, parfois, la corruption, contrairement au plaidoyer qui se fait
à visage découvert, expose en toute transparence ses objectifs et qui utilise
beaucoup de communication pour se faire comprendre et pour rallier le plus de
monde possible au sujet qu’il défend.
Travaux en groupe
Dans l’évolution de la journée de formation, le
communicateur a organisé les participants en trois sous-ateliers chargés, chacun,
de définir un objet, un thème et une stratégie de plaidoyer. A la fin des
travaux en groupe, le premier plaidoyer concernait la « mise en œuvre du ’’Statut
de l’artiste’’, le deuxième, la « la création et la diffusion artistiques »
et, le troisième, « l’institutionnalisation du théâtre national ». De
part et d’autre, les exposés ont donné lieu à des débats constructifs modérés
habilement et, avec beaucoup d’humour, par Joël Atayi-Guèdègbé.
D'un document stratégique
La fin de la journée de formation a permis à Espéra Donouvossi de procéder à la distribution d'un document d'une importance capitale pour outiller intellectuellement et techniquement les stagiaires : le ''Guide pratique du plaidoyer et de mise en réseau''. De 124 pages et, édité par Arterial network, en partenariat avec plusieurs institutions, il comporte deux sections. La première aborde tous les contours liés à la mise en réseau, au plaidoyer et au lobbying. Quant à la seconde, elle outille profondément le lecteur sur les stratégies pour la mise en place d'un réseau, son fonctionnement, sans oublier celles liées à la réussite d'un plaidoyer et d'un lobbying.
De l’Appel de Cotonou
Le 21
février 2015, une première formation, dans le même genre, s’était dans l’une
des salles de conférence du Hall des arts de Cotonou et avait débouché sur la
mise en place d’un Comité de rédaction d’une pétition dénommée ’’L’appel de
Cotonou pour la promotion et la protection de la liberté d’expression
artistique et créative’’. Le travail ayant porté ses fruits, cette pétition a
été présentée aux participants qui, désormais, ont pour mission de la
vulgariser le plus possible afin de la renforcer par un total de 1000
signatures. A en croire Espace Donouvossi, Président de l’Association ’’Partenari’arts
et culture Bénin’’, deux liens Internet sont mis à la disposition du public, l’un
pour découvrir et lire la pétition, http://partenariarts.org/2015/06/01/campagne-liberte-dexpression-artistique-au-benin/,
l’autre, pour la signer : http://partenariarts.org/campagne-1000-signatures/.
Marcel Kpogodo
APPEL DE COTONOU POUR LA
PROMOTION ET LA PROTECTION DE LA LIBERTE D’EXPRESSION ARTISTIQUE ET CREATIVE
Nous, artistes,
acteurs, promoteurs et entrepreneurs culturels, membres des organisations de la
société civile dans le domaine des arts, de la culture et autres représentants
des organisations de défense des droits de l’homme et acteurs du développement
durable du Benin,
Convaincus que les arts et expressions culturelles peuvent
contribuer de façon significative :
Ø Au développement humain à travers la
célébration et l’affirmation de la pensée créative et des
identités individuelles et communes
Ø Au développement social,
par la promotion du dialogue interculturel et la cohésion sociale, la
sensibilisation des populations sur les questions de justice.
Ø Au développement économique,
par la création d’emplois, la génération de revenus, le renforcement de l’industrie
touristique, la création ou l'expansion des marchés, etc.
Reconnaissant la nécessité d’une expression artistique et culturelle libre pour
le fonctionnement des sociétés démocratiques et le développement durable
Considérant les normes
juridiques pertinentes relatives aux droits et statut des artistes,
notamment :
v
Le préambule et l’article 28 de la constitution
béninoise du 11 décembre 1990 ;
v
Les articles 22 et 27 de la Déclaration universelle
des droits de l’homme ;
v
La recommandation de l’Unesco concernant l’artiste
adoptée en 1980 ;
v
Le statut de l’artiste au Benin adoptée en 2012 ;
v
La convention de l’Unesco sur la Protection et la
promotion de la diversité des expressions culturelles ratifiée
en 2007 par le Benin ;
v
L’article 1er du Pacte international
relatif aux droits civils et politiques
v
Les articles 1er et 15 du Pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, ratifié en
1992 ;
v
la Charte culturelle du Benin adoptée en
1993 ;
v
les articles 3, 5 et 11 de la Déclaration de
Fribourg.
Rappelant les nombreuses
résolutions des Nations unies, déclarations internationales et instruments sur
la culture, de même que la preuve substantielle, recueillie au cours des deux
dernières décennies, de la contribution positive de la culture au
développement.
Conscients qu’il existe des
limitations, des pressions dans l’expression d’une liberté créative et
artistique et dont les motivations au Benin sont d’ordre religieux
(mention de textes sacrés ou de symboles religieux, reproduction de mélodies ou de paroles de chansons interprétées dans des lieux
de culte, références sexuelles, etc.), coutumier (prohibitions claniques
diverses, etc.), politique.
Nous nous engageons à :
1. défendre à tous les niveaux une approche de
développement global basée sur les droits humains et libertés fondamentales et
soutenue par la bonne gouvernance ;
2. faire valoir le droit fondamental de chacun à
participer à la vie culturelle de la communauté et de jouir des arts, ainsi que
d'autres droits et libertés ;
3. promouvoir
des politiques qui reconnaissent la contribution de l’art et de la culture au
développement humain, social et
économique ;
4. promouvoir des politiques de développement
fondées sur l'importance de la culture comme facilitateur potentiel de
développement ;
5. encourager la réalisation des études
d'impact culturel avant que les projets de développement soient initiés pour
évaluer les impacts potentiellement négatifs de ces projets et à établir des
stratégies susceptibles d'atténuer les impacts négatifs.
Aussi invitons-nous toutes les classes socio-politiques
béninoises à soutenir la création artistique, permettre et favoriser la liberté
d’expression artistique et culturelle en tant que reflet de l’état de la Nation meilleur canal
d’information du peuple (70% analphabètes). Cet appel de soutien s’adresse à
toute la classe politique, aux autorités publiques à divers niveau, aux
confessions religieuses du Benin, à toutes les organisations de la société
civile œuvrant pour le développement et le respect des droits, à tout béninois quelles
que soient sa classe et son origine
Merci d’agir maintenant en apposant votre
signature (nom, contact, organisation et titre) pour accompagner cette campagne
dont le but est de toucher 1000 béninois qui adhèrent à la dimension culturelle du développement et à
plus de liberté d’expression pour les artistes
et hommes de culture au Benin.
Cotonou, le 21 mars 2015