samedi 18 novembre 2017

Nock innove avec ’’Les éveillés’’

Dans le cadre de sa prochaine exposition

L’artiste peintre et sculpteur béninois, Nock, de son nom à l’état civil, Eunock Hounkpèvi, tient, dans les prochains jours, une exposition à ’’La maison rouge’’, un cadre de présentation au public d’œuvres artistiques, situé au niveau des villas Cen-sad, à Cotonou. L’opportunité pour l’artiste de nouvelles inspirations en sculpture.


Nock, avec quelques "éveillés"
Des sculptures, pour la plupart d’entre elles, de plus d’un mètre de long, produits sur le fondement de matériaux locaux du Bénin, complètement inattendus. La substance de l’exposition que prépare Eunock Hounkpèvi, alias Nock, pour surprendre et impressionner le public, au cours d’une exposition dont le vernissage est prévu pour le jeudi 23 novembre 2017, à ’’La maison rouge’’ de Cotonou. Intitulée ’’Les éveillés’’, cette exposition s’annonce comme un tournant remarquable dans l’inspiration sculpturale de Nock. Pour la première fois, il donnera à voir des sculptures hautes, conçues avec un agencements de matériaux novateurs tels que la calebasse, la corde mais, aussi, avec un autre dont on lui connaît l’habitude de l’utilisation : la latérite.
Ces sculptures doivent absolument être vues parce qu’elles incarnent des personnages qui se mettent en luttent contre les fléaux de notre temps : ’’les éveillés’’. Un autre élément d’originalité reste que des onjets-symbole tels que la palette de cuisine, le gong géminé, les talismans, des noix, trouvent une place de choix dans l’élaboration matérielle des sculptures. Vivement, donc, le jeudi 23 novembre prochain, pour que le public se rende compte de la portée de la nouvelle orientation de Nock vers des matériaux locaux qui, selon lui, facilitent un travail sur place, durable dans le temps.

Marcel Kpogodo

vendredi 17 novembre 2017

Patricorel, l’artiste-bouteille de la résurrection créatrice

Dans un univers de personnages qui amenuisent la pourriture sociale

Aureil Patrick Bessan utilise la nature pour contribuer à corriger les maux de tous ordres, qui y fragilisent la vie. Ce qu’il faudrait retenir d’une incursion qu’il a bien voulu permettre dans son monde, celui dans lequel s’épanouissent son travail et le fruit de ce qu’il en sort quotidiennement : des personnages peu conventionnels, eux qui s’incarnent par le souffle de vie, qu’il leur donne, lui, leur dieu, pour une mission simple qu’il leur assigne : témoigner du mauvais quotidien du monde, en faire prendre conscience aux hommes et, notamment, éterniser des pistes de résolution de ces problèmes.  

Patricorel devisant avec l'ex-guerrier
Aureil Patrick Bessan entoure affectueusement, de l’un de ses bras, Dana, cette femme laborieuse, un bébé au dos, le visage noir d’ébène, desséché par le soleil ardent de ses parcours, entouré d’un voile avec, sur la tête, un colis dont l’élément qui ressort le plus est une natte, les lèvres arrondis, dans le récit de ses malheurs ; le signe qu’elle est très éprouvée. Selon lui, elle a courageusement pris ses jambes à son cou, fuyant son pays en guerre et, la voilà réfugiée au Bénin, à Cotonou, dans une maison du quartier d’Agla; le bras très consolateur dont il la protège, porteur d’une bonne chaleur humaine, la réconforte.
Lui, dans un cadre qu’il a bâti à sa personnalité intrinsèque, celle de titulaire d’une Maîtrise en Histoire de l’Art et qui dédie sa vie à l’art contemporain, lui que sa métamorphose réussie en un artiste récupérateur a transformé en Patricorel, est très familier de ce monde dans lequel évolue l’infortunée Dana qu’il connaît profondément, pour l’avoir faite de ses mains !
En effet, l’élément de base du visage de Dana est une bouteille renversée, ses yeux, son nez et ses lèvres d’un arrondissement figé ont été conçus selon une technique dont seul le jeune créateur a le secret, sans compter que ses membres sont aussi de la bouteille, pendant que la consistance de son corps est tenue par du tissu.

Patricorel posant avec Dana
Dans un atelier de travail gardant l’allure d’une salle de concertation, d’autres compagnons de Dana exposent leur histoire, leurs expériences de la vie, celles-ci sont diverses, variées, touchantes, impressionnantes, intéressantes, révélatrices ; des portraits, accrochés au mur, exhibent fièrement leur visage en feuille d’arbre séchée, à l’allure d’un masque de ’’kaléta’’, et leur abondante chevelure en lamelles de tissu. Certains personnages ont un corps de bois, habillé d’un ample tissu hollandais tant prisé par les Africains, d’autres ont la tête coiffée du chapeau traditionnel dont ils ont la mission de rappeler et de promouvoir l’existence : le ’’gobi’’, son sommet peut être tourné du côté où l’on le souhaite. Comme Dana, d’autres ont le visage de bouteille, à l’instar de l’ancien guerrier qui, du dehors, accueille tout nouvel arrivant ; géant, d’une robustesse de bois, il fait la fierté de Patricorel, vu un signe plus que fort, très remarquable de sa renonciation à la guerre : le canon de son long fusil, de bois aussi, est baillonné d’un morceau de tissu ; son très ample survêtement délavé en dit long sur une certaine odyssée périlleuse, de même que son foulard de barbouze, sur les tueries que la tête qu’elle attache ont pensées et que ses mains, désormais inexistantes, ont exécutées.
Concernant cette assemblée qu’il veut instructive pour le public, le discours de Patricorel, matérialisé à plusieurs niveaux du mur de l’atelier, se révèle d’une grande simplicité : « Les œuvres d’art donnent les mêmes leçons que les grands livres classiques » ; à l’en croire, toutes ces sculptures portent l’histoire d’une  démarche de travail, à nulle autre pareille. Et, pour arriver à ce résultat, aucun objet n'est acheté, tout est récupéré en situation de jet, d'abandon ou d'attente d'une situation de destruction. 


Une diversité de matériaux

Serait-il exagéré de l’appeler ’’l’artiste-bouteille’’ ? Il n’y a aucun doute que non, puisque les bouteilles de vin et de tous les genres sont le premier matériau qu’il utilise, ce qui lui permet, surtout, de camper des visages. Pour lui, la facilité pour la bouteille de se casser témoigne de sa fragilité qui traduit celle de l’espèce humaine, frappée par la maladie, la vieillesse et la mort. Et, il arrive à Patricorel de concevoir une œuvre d’art de bouteille en gigogne, c’est-à-dire qui laisse voir une bouteille incluse dans une autre, d’où, pour lui, la fragilité de l’humain est contenue dans celle du monde, ce qui lui permet d’attirer l’attention, par cette œuvre, sur la double fragilité. 
D’un visage à un statut social plus que difficile, c’est celui de réfugié que servent à l’artiste à restituer les feuilles sèches, les feuilles mortes, même les feuilles incomplètes : « Je les maintiens telles qu’elles sont et j’y colle de petits papiers pour donner une forme complète au visage », explique-t-il, tout en continuant : « Les feuilles mortes sont le résultat de plusieurs faits de maltraitance : le piétinement des hommes, les bestioles qui les attaquées dans leur état vert et le pourrissement ; c’est le cycle de vie des réfugiés qui sont jetés sur les routes et livrés à la pauvreté par la guerre. Chaque feuille morte représente un réfugié », finit-il.

Patricorel en pleine conférence ... Pas de dérangement, s'il vous plaît ...
Parlant de la guerre, un autre fléau de notre époque, Patricorel lui consacre tout un discours de rejet par son exploitation artistique du bois récupéré de la nature ambiante. Ses explications permettent de comprendre, à ce propos, qu’il prend ce matériau dans la rue, n’importe où, le garde tel quel et l’abandonne, plus ou moins en vue, jusqu’au moment où une inspiration subite lui suggère un message adapté à la forme qu’il présente. Après cela, il peut y travailler en y perçant des trous, en y mettant des clous, ce qui symbolise  les coups de fusil, les coups de canon, qui tonnent au cours des guerres. Ainsi, les visages qui se profilent, spontanément, incarnent, reconstituent, selon l’analyse de l’artiste, « toutes les personnes ayant perdu la vie au cours d’une guerre » ; ces œuvres sont, pour lui, un tremplin, pour passer un message de paix ». C’est de cette manière que le personnage emblématique, structuré de bois, qui accueille les visiteurs arrivant à son atelier, tient un fusil bâillonné, purement et simplement
De la bouteille au bois en passant par le tissu et la feuille morte, des personnages se font jour, grâce au savoir-faire d’un artiste qui sait associer des matériaux accessoires, secondaires tels que la peinture, le feu, la colle, le stylo, qui contribuent à achever, à affiner les œuvres d’art, à en effectuer la finition.
De la bouteille au bois en passant par le tissu et la feuille morte, ce sont des objets délaissés, abandonnés, jetés en pleine nature, sur des dépotoirs sauvages d’ordures, dans des ateliers, que Patricorel prend à lui, récupère, traite, sur lesquels il travaille avec ardeur, ferveur et avec une incandescence, une chaleur spirituelle. C’est ainsi que cet artiste exerce l’art de la récupération, dans le but de faire passer un message fort, celui qui consiste pour lui à s’insurger contre la surconsommation, en vogue à l’époque contemporaine. Selon Patricorel, elle a un impact dangereux sur l’environnement, par le rejet massif de déchets de toutes sortes dans la nature.


Une résurrection par les mots

La nouvelle vie que crée et développe Patricorel par les objets-ordures dont il libère, dont il assainit l’environnement, se concrétise, d’une part, par des personnages dotés d’une histoire à but de militantisme et, d’autre part, à travers les mots qu’il agence, qu’il met en harmonie pour évoquer, restituer et immortaliser l’histoire de l’objet qu’il a sauvé. De la capacité du labeur manuel à la production du texte ’’récupératif’’, le poète d’artiste-bouteille exerce un art poétique prenant la dimension ’’chair’’ que le créateur suprême a donnée au verbe. Par le texte, la sculpture est pourvue, en bonne et due forme, de l’esprit, d’où une résurrection totale.


Bons faits d’arme

A peine arrivé dans le monde des artistes récupérateurs, remarqué par l'acteur culturel français Jean-Pierre Puyal, Patricorel, par un savoir-faire méticuleusement mené et par l’originalité de sa démarche de travail, s’est vu donner l’occasion de tenir des expositions hors du Bénin. D’abord, du 2 au 30 août 2017, il montrait son travail à la ’’Cave coopérative’’ de Condom, un centre de fabrication de vin, dans le Département du Gers, non loin de la ville de Toulouse, en France. Là, les bouteilles étaient à l’honneur puisqu’elles furent le fondement de l’exposition. Un mois plus tard, dans le même pays, il était au Château de Cassaigne. Enfin, le Centre culturel ’’Cavéa’’, à Valence-sur-Aise,  a aussi accueilli son travail, sur le thème des réfugiés, ce qui a offert à Patricorel l’opportunité de faire valoir bouteilles, bois et feuilles dans un processus de résurrection artistique.
Comme projet, dans l’immédiat, l’artiste entend réaliser, à but de sensibilisation, une exposition de rue, à Agla, son quartier d’habitation, « pour permettre à tout le monde d’avoir accès à mon art », précise-t-il.                
     


Marcel Kpogodo

lundi 13 novembre 2017

’’Le chroniqueur du Pr’’ ou les multiples morts du journaliste

Dans le cadre de la mise en scène d’Hermas Gbaguidi

La représentation théâtrale du ’’Chroniqueur du Pr’’ a été donnée dans la soirée du vendredi 10 novembre à l’Espace ’’Tchif’’ de Cotonou. Sous la houlette d’Hermas Gbaguidi qui en a assuré la mise en scène, il est plus apparu, de la pièce, un sujet plus pertinent que la simple peinture du régime Talon dans ses premiers mois ; il s’agit du journaliste béninois, africain et d’ailleurs, confronté à la mort qui a vocation à détruire en lui toutes ses dimensions productives, vitales.

Action finale de meurtre du ''Chroniqueur du Pr''

Sept. Le nombre de morts, infligé au journaliste, de par le monde, selon la lecture qui ressort de la mise en scène, par Hermas Gbaguidi, de la pièce, ’’Le chroniqueur du Pr’’, le vendredi 10 novembre 2017, à l’Espace ’’Tchif’’, à Cotonou. Ecrite par Daté Atavito Barnabé-Akayi, un an plus tôt, elle lui a valu le Prix du Président de la République, le mardi 7 novembre dernier, au Palais des congrès de Cotonou, lors de la délibération par le Jury, constitué à l’effet de ce Concours national littéraire, en commémoration de la Journée internationale de l’écrivain.
Sur la scène, lancement de l’action par le choc de la découverte par le personnage dénommé ’’Le chroniqueur’’, incarné par Carlos Zannou, de la vraie personnalité noire de son interlocuteur qui n’est personne d’autre que ’’Le confrère’’, Elisée Maforikan, dans le jeu, son ancien collègue qui, entre temps, est devenu Chef d’Etat. Il le remarque comme celui ayant œuvré à son arrestation et à sa détention dans un espace de torture dénommée, de manière euphémique, ’’Salle d’opération’’. Le spectateur se trouve alors au début du second grand compartiment de la pièce, celui qui met les deux personnages aux prises avec les éléments fondant leur opposition. Quelques minutes après, cette séquence se révèle une parenthèse qui est très vite refermée, pour donner force à la chronologie de la pièce. Cette parenthèse valide le fait selon lequel l’évocation des faits relatifs aux premiers mois décriés de la gouvernance d’un certain nouveau régime constitue l’arbre qui cache la forêt de la véritable préoccupation de la pièce : la vulnérabilité du journaliste face au pouvoir.

Fusion des identités

C’est ainsi que ces deux personnages ont imposé leur présence sur une scène sobrement décoré avec, en son centre, une sorte de poteau de torture ; une scène qui s’est voulue souple, changeante, étant donné qu’elle laissait une marge de manœuvre aux personnages pour, aisément, passer d’un statut à l’autre et, elle aussi, pour être changée d’un cadre à l’autre. Ainsi, plus tard, le poteau de torture laisse place à un banc qui valide la proximité entre les deux personnages, collègues, dans un certain passé, et devisant sur les questions d’actualité, autour de verres d’alcool, au domicile du chroniqueur ; à cet effet, chacun d’eux a le visage revêtu d’un masque blanc, ce qui contribue à les rendre identiques, fusionnels, avec leurs voix qui se moulent l’une dans l’autre, qui ne se distinguent plus l’une de l’autre, comme si elles étaient devenues mêmes, identiques : le signe du passage de l’amitié à la fraternité, du ’’deux’’ au ’’un’’, ils ne sont plus ’’distinguibles’’, si ce n’est par la posture personnelle, spécifique qu’impose le contenu de leur conversation. Ils récupèrent donc et focalisent toute la tension sur les difficultés du journaliste face à un pouvoir broyeur de la presse.
Ce passé commun au chroniqueur et au confrère a marqué son caractère définitivement révolu puisque le journaliste de président de la république devient le propre bourreau de son ex-collègue, de son ex-directeur de campagne, qui s’est opposé, la victoire acquise, à entrer dans l’appareil de gestion des affaires de l’Etat ; il le tue, de ses mains gantées de ’’chirurgien’’, l’asphyxiant et le laissant emporter avec lui le secret de l’assassinat de son épouse à qui lui, l’autorité suprême, s’était unie, par une relation adultérine d’où est sortie un enfant dont le président a découvert qu’il était le père, et qui est morte, par ses soins, avec deux autres enfants du couple.


Plusieurs morts

La mort du Chroniqueur est une mort journalistique, physique, qui en cache six autres. D’abord, cette première mort incarne, symbolise, est celle de tous les journalistes, dans le monde, tués parce que l’exercice de leur travail gêne, parce que l’impartialité qu’ils manifestent, compromet les intérêts d’un cercle de pouvoir, d’influence. C’est ainsi, actantiellement parlant, que se dessine le projet de la pièce : pour le confrère qui est, par conséquent, le destinateur, il s’agit de détruire son collègue le chroniqueur, vu que tout ce qu’il connaît de lui, tout ce qu’ils ont partagé, son refus de collaborer au pouvoir constituent un fondement, un facteur d’affaiblissement de son influence, de son autorité, un déni d’une supposée intégrité qui devrait le rendre crédible devant le peuple.

De gauche à droite, Elisée Maforikan, Hermas Gbaguidi et Carlos Zannou, à la fin de la pièce

Donc, le chroniqueur, le destinataire de cette vision calamiteuse, tragique est en aussi l’objet, puisqu’il en est la réalisation, par sa disparition, de même que par celle de son épouse et de ses enfants. Et, de multiples facteurs favorisent la concrétisation du défi macabre, c’est l’adjuvant : la naïveté du chroniqueur, le sommeil de son sens de prudence, sa confiance en l’autrui, en l’amitié, en la fraternité, en la confraternité, son intégrité, sa conscience professionnelle, sa complaisance face au confrère, son refus d’entrer dans l’appareil politique, après la victoire à l’élection présidentielle, la frustration de l’épouse, l’immoralité de celle-ci, la perversité du confrère, son abus de confiance, son hypocrisie profonde, sa duplicité, sa capacité à justifier ses écarts moraux à sa propre conscience par l’argument de sauver son ’’ami’’ de sa femme immorale. Enfin, il faut trouver la ’’salle d’opération’’. Voilà, alors, tout un boulevard généreusement ouvert, devant le président, pour la commission de son crime. Comme quoi, il est très facile, à l’époque actuelle, de tuer un journaliste : l’actant d’opposant au projet est inexistant.
Par ailleurs, le journaliste confraternel n’existe plus lorsque l’ex-collègue du chroniqueur devient président de la république, ce qui n’est pas le cas chez ce chroniqueur qui, malgré le changement de statut de son ami, le protège, se garde de publier de lui des informations compromettantes : troisième mort, alors, celle du journaliste professionnel, puisqu’est devenue problématique la gestion de la vérité des faits. En outre, quatrième niveau de mort, c’est le journaliste tout court qui n’existe plus dans la conscience du confrère, dès qu’il accède au pouvoir, ses charges publiques étant devenues colossales et ayant emprunté d’autres dimensions.
Cinquième mort du journaliste, celle de sa vie privée, de sa vie de famille, cette mort qui, en réalité, a ouvert la boîte de Pandorre, la sixième étant celle de son intégrité personnelle quand il est question pour lui de passer du statut de traiteur, de relayeur des faits de l’actualité à celui de l’homme de pouvoir ; sa posture reconnue d’éveilleur de conscience s’étiole, s’éteint. Et, plus il entre dans nouveau rôle, politique celui-là, plus il se dénature ; il passe de l’ange au diable, ce qui suppose la septième mort du journaliste, celle de sa conscience morale et le surgissement des instincts malfaisants, une situation qui ouvre la porte à tous les excès que l’exercice du pouvoir suprême permet.  
La mise en scène du ’’Chroniqueur du Pr’’ a donc un mérite certain : focaliser l’attention sur les vicissitudes du journaliste, celles-ci qui le dissolvent dans un acide aussi effaceur de la vie, de la dépouille et de la cause de Patrice Lumumba.

Marcel Kpogodo

vendredi 10 novembre 2017

Daté Atavito Barnabé-Akayi décroche un ’’Prix 2017 du Président de la République’’ aux trois niveaux d’impartialité

Dans le cadre de la délibération du Jury


Dans la soirée du mardi 7 novembre 2017, le verdict du Concours national ’’Prix du Président de la République est tombé : Daté Atavito Barnabé-Akayi a été sacré par le Jury de cette compétition littéraire. C’était dans la Salle polyvalente du Palais des congrès de Cotonou, en présence de deux ministres du Gouvernement et, notamment, du Directeur des Arts et du livre du Ministère de la Culture.

Abdoulaye Bio Tchané et Oswald Homéky, remettant à Daté Atavito Barnabé-Akayi son trophée et son chèque
Daté Atavito Barnabé-Akayi, 39 ans, déclaré lauréat du Prix du Président de la République, dans son édition 2017, avec la pièce de théâtre, ’’Le chroniqueur du Pr’’, ce qui lui a permis de recevoir un trophée et un chèque de trois millions de Francs Cfa. La substance de la délibération effectuée par les membres du Jury de ce Concours national, le mardi 7 novembre 2017, à la Salle polyvalente du Palais des congrès, à Cotonou. Présidé par le Professeur Albert Bienvenu Akoha avec, comme membres, Apollinaire Agbazahou, Inspecteur de l’Enseignement secondaire à la retraite, dramaturge et ancien Président du Conseil d’administration du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), et Ousmane Alédji, comédien, metteur en scène, dramaturge et promoteur d’espace culturel, ce Jury a prononcé le verdict final en présence d’Abdoulaye Bio Tchané, Ministre d’Etat chargé du Plan et du développement, représentant le Chef de l’Etat, d’Oswald Homéky, Ministre du Tourisme, de la culture et des sports, de Léon Zoha, Directeur des Arts et du livre, des membres du Comité de présélection des candidats au Prix et, notamment, de ces postulants.
Premier fondement d’impartialité dans le décernement du Prix à Daté Atavito Barnabé-Akayi : ’’Le chroniqueur du Pr’’, pièce politique de 77 pages, démonte le Chef de l’Etat, Patrice Talon, en tournant en dérision certains de ses actes de gouvernance, environ six mois après son arrivée au pouvoir ; à la manière d’un fabuliste, l’auteur de la pièce fait faire du Président de la République par le confrère et le chroniqueur, les deux personnages en échange dans cette œuvre aux relents d’un tragique social, l’éléphant qui a construit, de toutes pièces, l’affaire de découverte, au Port de Cotonou, de 18 kg de cocaïne pur, dans un conteneur du magnat béninois de la volaille, Sébastien Ajavon, pour se débarrasser de celui-ci qui ne lui laissait pas les coudées franches pour gérer les affaires de l’Etat : « […] Selon des sources concordantes, ce dernier coup est monté pour revoir le deal que certains ont conclu avant les élections. Ce coup permet de redéfinir la gestion du pouvoir », page 22, première réplique du Confrère.

De gauche à droite, Apollinaire Agbazahou, Bienvenu Albert Akoha, Daté Atavito Barnabé-Akayi et Ousmane Alédji
Dans le même registre, sous le couvert de la fiction, Talon-l’Eléphant est perçu comme un despote de nouvelle génération : « […] Et moi qui dis qu’il est un dictateur moderne et avancé ! », page 26, seconde réplique du Confrère. Et, il est présenté comme le sordide tireur de ficelles ayant manigancé le K.o. électif ayant permis à Boni Yayi de s’offrir un second mandat en 2011 : « Crois-tu que nous ayons connu le chaos, excuse-moi, je voulais dire le K.O., sans son expertise en manipulations ? », page 29, première réplique du Chroniqueur. Par ailleurs, la gouvernance de l’actuel Président béninois ne semble pas des plus catholiques : « […] depuis quand nouveau est synonyme de beau ? […] Je déteste les slogans. Ils n’amènent qu’à la débâcle », page 29, première réplique du Confrère. Sur la même page, le Chroniqueur ne prend aucun gant pour enfoncer le clou : « Or mon rêve profond est que l’éléphant gagne afin que les gens sachent que le lion ne sera pas le pire roi de la jungle », à la page 29, à la deuxième réplique du Chroniqueur, un lion que la compréhension de la pièce permet d’identifier comme Boni Yayi. En outre, on y dénonce le premier gouvernement de Patrice Talon, plus pléthorique que prévu, avec un nombre réduit de femmes : « […] vu qu’ils ont promis offrir une dizaine de ministres et nous en sommes à vingt et quelque ! C’est-à-dire le même chiffre que dans le passé, avec des dénominations à réveiller nos premiers présidents ! Avec une célébration de la misogynie : presqu’aucune place à la femme ! ». Plus loin, Patrice Talon apparaît comme un homme politique sans vision : « Le gars n’a aucune vue ! ». Le mot ’’gars’’ montre bien les tréfonds de la déconsidération dans lesquels on l’enfonce.
De plus, le clou, l’évocation du caractère gravement tyrannique du régime, dans une tonalité à la fois absurde et onirique : « Déjà, … christs », pages 34-35, troisième réplique du Confrère.
Et, entre les échanges politiquement engagés qui animent les réflexions du Confrère et du Chroniqueur, le système partisan béninois passe à la loupe, à la trappe, avec ses fléaux bien connus de transhumance, d’opportunisme des hommes politiques, d’absence de lignes, de repères, de vision, à part ceux de permettre à ces types d’animateurs de donner de la consistance à leurs intérêts, de la satiété à leur ventre, sans oublier que le Parti du renouveau démocratique (Prd) d’Adrien Houngbédji, à mots couverts, est mis en exergue comme la principale et la plus puante plaie de ce système en profonde décadence, violemment décrié.
Finalement, il y a lieu d’être surpris et de se réjouir qu’une telle pièce de théâtre de Barnabé-Akayi, d’une facture politique qui ne fait pas cadeau au Chef de l’Etat, Patrice Talon, ni au système politique dans lequel il s’accommode, auquel il se conforme, ait pu remporter un prix littéraire justement chapeauté par le premier des Béninois. Ceci reste la preuve que les membres du Jury ont su se mettre au-dessus des basses considérations, généralement bien quottées au Bénin, de flatteries et de génuflexions, de manifestation d’actes obséquieux, au détriment de la science, de la technicité, dans le but de plaire au très terrestre chef suprême, avec tout ce que cela peut rapporter comme avantages de divers ordres aux auteurs de ces actes aussi vils qui nivellent par le bas, qui valorisent la médiocrité, qui sacrifient la qualité, l’excellence.
Deuxième facteur d’impartialité face au sacre de Barnabé-Akayi par ’’Le chroniqueur du Pr’’, chacun des membres du Jury collabore en plein, directement ou non, avec le régime du Chef de l’Etat, Patrice Talon : le Président de ce Comité restreint, Bienvenu Albert Akoha, a son épouse qui est Directrice de Cabinet du Ministère du Cadre de vie et du développement durable ; il s’agit de Jeanne Akatcha Akoha. Ensuite, Apollinaire Agbazahou est un soutien de premier plan du Président de la République, dans le Zou. Enfin, Ousmane Alédji est membre de l’Unité présidentielle chargée de la Culture, qui opère à la Présidence de la République, sous le nez de Patrice Talon. Quoi de plus que ces différents niveaux d’accointances pour justifier un rejet du ’’Chroniqueur du Pr’’ pour le Prix concerné. Ne pas l’avoir fait, avoir primé le talent, par-dessus tout, rehausse le travail de ces personnalités, met en valeur leur force intellectuelle et, surtout, morale.
Troisièmement, le verdict du Jury jouit d’une impartialité à nulle autre pareille, vu que le Prix est organisé, soutenu et financé par l’Etat béninois, sous le couvert d’un Concours national littéraire qui se déroule tous les deux ans. Compte tenu de cette donnée fondamentale, des précautions auraient pu être prises, dans l’ombre, pour que soit écarté du sacre tout ouvrage critique envers le régime en place. Ne pas être tombé dans cette autre forme de bassesse montre la réussite du processus mis en place par Léon Zoha, Directeur des Arts et du livre du Ministère de la Culture, ceci qui a démarré le 7 septembre 2017 et qui s’est achevé, en un bon atterrissage, le 7 novembre dernier, jour de la commémoration de la Journée internationale de l’Ecrivain.


Pourquoi lire absolument ’’Le chroniqueur du Pr’’ ?


''Le chroniqueur du Pr''

Tous les Béninois sachant déchiffrer un texte doivent se précipiter pour s’approprier le contenu du ’’Chroniqueur du Pr’’, la pièce de théâtre, publié aux Editions ''Plumes soleil'', ayant remporté le ’’Prix du Président de la République’’, édition 2017, étant donné qu’elle s’asseoit confortablement dans un secteur passionnant à plus d’un titre pour les citoyens du Bénin : la politique, celle qui évolue vers un macabre mettant au-dessus de tout l’intérêt personnel, de façon à aboutir à la tragédie du genre de celle ayant définitivement séparé Blaise Compaoré et Thomas Sankara avec, en ajout, dans le livre de Barnabé Akayé, un fond très puant d’adultère et d’infanticide. Ensuite, cet ouvrage, au-delà de la dénonciation de quelques aspects peu honorables des six premiers mois de Patrice Talon au pouvoir, dépiaute le système politique partisan béninois, présenté comme très nauséeux. Il faudrait aller à la rencontre d’une audace réaliste, tragique, onirique et ironique.


Bref historique ...

Le Concours national littéraire ''Prix du Président de la République'' a été créé le 2 mai 2003, par l'Arrêté n° 065/MCAT/DC/SG/CTC/DBN/SA. Ainsi, après cinq éditions tenues, quatorze ans auparavant, Daté Atavito Barnabé-Akayi a eu, en matière de lauréats, les prédécesseurs ci-après : Wilson Dave, en 2003, avec ''Le menuisier de Calavi'', dans le genre ''Roman'', Reine Houssou, en 2007, avec ''Ah ! Jérôme la racine'', dans le genre ''Théâtre'', Philibert Cossi Dossou-Yovo, en 2010, avec ''L'échec de l'intelligentsia, synonyme des enfers'', dans le genre ''Essai'', Rigobert Kpanikpa Kouagou, en 2013, avec ''Clameurs champêtres'', dans le genre ''Poésie'', Habib Dakpogan, en 2015, avec ''Pv salle 6, dans le genre ''Roman''. Donc, depuis l'instauration de cette compétition littéraire, l'édition de l'année 2005 n'a pas été organisée et, il a fallu connaître un décalage d'année en 2010 et en 2013. 

Marcel Kpogodo

vendredi 13 octobre 2017

Gbessi Zolawadji enflamme ’’Le Centre’’ de Godomey

Dans le cadre d’un concert qui s’annonce époustouflant

’’Le Centre’’ connaîtra une soirée des plus animées, le samedi 14 octobre 2017. L’artiste béninois de la musique traditionnelle, Gbessi Zolawadji, s’y produira, sous le couvert d’un grand concert. Un sujet ayant fondé la conférence de presse, animée dans la matinée du jeudi 12 octobre 2017, par les responsables du Complexe culturel.

Ci-contre, à l'extrême-droite, Gbessi Zolawadji
« J’invite tout le public à venir, naturellement, chacun, avec sa serviette au cou, pour danser du bon ’’agbadja’’ ; qui que vous soyez, vous danserez ». La toute simple exhortation de Gbessi Zolawadji, maître du rythme traditionnel ’’agbadja’’, au Bénin, au cours de la conférence de presse qu’ont tenue les autorités du ’’Centre’’ de Godomey, dans le milieu de la matinée du jeudi 12 octobre 2017, et qui avait pour but d’annoncer la production de l’artiste, Koras 2001, en concert, le samedi 14 octobre, dès 20h30. Une cerise sur le gâteau, offerte par l’artiste : les mélomanes qui feront le déplacement pourront demander qu’il leur chante spécifiquement un morceau préféré particulier. Et, Gbessi pense exploiter aussi bien un répertoire de morceaux connus du grand public, qu’un autre de chansons inédites.
Pour Salinas Hinkati, Président du Comité d’organisation du spectacle, tout est mis en place pour que le concert commence effectivement à l’heure précise, surtout qu’un système a été déployé pour expérimenter quelque chose de nouveau : la pré-vente des tickets d’entrée, ceux-ci valant mille francs pour toute personne, cinq cent francs pour les adhérents à la bibliothèque du ’’Centre’’. Et, a-t-il ajouté, le bar sera délocalisé dans les environs de l’espace du concert, de quoi permettre à ceux qui le souhaitent de se désoiffer et de manger.
« C’est une grande chance pour nous d’accueillir, après Poly-Rythmo et Tohon Stan, une de nos grandes vedettes, Gbessi Zolawadji, qui porte haut le flambeau de la musique béninoise, en général, et de la musique traditionnelle, en particulier,», a commenté Dominique Zinkpè, Directeur exécutif du ’’Centre’’. Selon lui, tout, concernant l’organisation du concert, justifie que le public y fasse le grand déplacement.

Marcel Kpogodo

jeudi 5 octobre 2017

Claude Balogoun s’attaque à la plaie de l’enrichissement contemporain par la voie occulte

Dans le cadre de la production du ’’Pacte’’, son premier roman


La principale salle de conférence du Centre culturel ’’Artisttik Africa’’ de Cotonou s’est révélé trop exiguë pour abriter le monde impressionnant venu participer au lancement de son premier roman par Claude Balogoun : ’’Le pacte’’. C’était de l’après-midi à la soirée du samedi 30 septembre 2017. Dans ses explications, le tout frais romancier béninois a précisé son intérêt, dans cet ouvrage, pour l’enrichissement, par les procédés occultes très pratiqués, de nos jours, au Bénin, par les jeunes désoeuvrés.

Le romancier Claude Balogoun écrivant des dédicaces
« J’ai trouvé l’inspiration, pour écrire ce roman, à travers les jeunes riches, les cybercriminels, encore appelés ’’gayman’’, qui utilisent les fétiches, le ’’kinninsi’’, notamment, pour obtenir la fortune ». L’éclairage fondamental qui devrait amener le public à se procurer ’’Le pacte’’, les 168 pages du premier roman de Claude Balogoun, lancé, le samedi 30 septembre 2017, au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, du quartier Agla, à Cotonou.
Pour cet écrivain qui n’est personne d’autre que le membre du Conseil économique et social (Ces), unique représentant élu siégeant, dans cette institution, au nom des artistes et des acteurs culturels, Alain Coovi, le personnage principal du roman, se trouve aux prises avec une situation pénible du devoir de sacrifice de l’enfant mâle obtenu d’un lit adultérin ; « c’est le sort du Jésus-Christ à sacrifier », a-t-il ajouté, laissant le suspens entier planer sur le devenir de ce rejeton dont la mort, selon l’ordonnance du féticheur, reste la condition sine qua non du retour de son père à la prospérité perdue, du fait de la banalisation et de la violation d’un interdit fondant l’ouverture de cet ancien miséreux à une vie de puissance financière.


Pages de couverture du ''Pacte''

Bien avant que Claude Balogoun n’ait pris son tour d’intervention, le chroniqueur littéraire, Tanguy Agoï, présentateur du roman, a recommandé la lecture du ’’Pacte’’, dans le sens de la découverte du fin mot de l’histoire évoquée et, aussi, pour s’imprégner de l’instinct, de l’esprit de conteur qui a guidé l’auteur dans la confection de l’ouvrage censé porter de fortes traces de cette stratégie narrative.
En outre, s’il faut absolument lire ’’Le pacte’’, c’est pour analyser de quelle manière ce livre s’impose comme le résultat du dépassement, de la transcendance de son auteur d’un passé peu avantageux, peu glorieux concernant une discipline comme le Français, sur les bancs du primaire et du secondaire : « Je savais que je prenais une revanche sur la langue française ; j’avais difficilement 04/20 en Français, même si j’étais le premier de la classe ! », a lancé le Conseiller, n’ayant plus rien à perdre. « Dans les petites classes du collège, j’avais des difficultés à lire un ouvrage ; mes parents étaient dépourvus de moyens et d’opportunités pour m’acheter un livre de Français … », a-t-il achevé, complètement décomplexé.
Et, si la publication du ’’Pacte’’, qu’il faut considérer comme une prouesse, a pu être conquise, c’est aussi, comme l’a déclaré Claude Balogoun, grâce à l’acteur Osséni Soubérou qui, au cours d’un atelier d’écriture, initié par le tout nouveau romancier, en 2006, a initié le sujet ayant fondé l’écriture du roman, au centre de toutes les attentions, le samedi 30 septembre.

Gratien Zossou, présenté au public par Claude Balogoun
Par ailleurs, Claude Balogoun n’entend pas s’en arrêter là, lui qui, premièrement, pense déjà à un ’’Tome 2’’ du ’’Pacte’’, ce qui lui donnera l’occasion de creuser davantage dans la vie étrange des cybercriminels béninois, de retracer le parcours ordinaire qui s’avère le leur, dans le labyrinthe judiciaire. Deuxièmement, les révélations du membre du Ces permettent de croire que ’’Le pacte’’ sera porté au cinéma, surtout que l’incarnation des personnages de l’ouvrage semble déjà connue et qu’Alain Coovi a même été présenté au public : Gratien Zossou, connu comme artiste peintre, de même que comme poète à la verve savante et que comme acteur-comédien : « Nous allons le rajeunir pour en faire votre Alain Coovi », a alors commenté Claude Balogoun.
Celui-ci, visiblement comblé, épanoui d’avoir bénéficié de l’honneur du déplacement de plusieurs membres du Ces, d’artistes et d’acteurs culturels de tendances inconciliables, s’est fendu d’un grand appel au monde des Arts et de la culture : « Cette cérémonie de lancement n’est qu’un prétexte pour demander à tous d’être plus souples, plus tolérants, pour que nous nous imposions aux autres sans aller dans les épreuves de force ».

Marcel Kpogodo          

mercredi 4 octobre 2017

Le poignant mot à l’indignation diplomatique d’Aris Dagbéto à Patrice Talon

Dans le cadre d’une lettre ouverte adressée au Chef de l’Etat

L’accession au pouvoir du régime du Nouveau départ, le 6 avril 2016, a suscité un grand espoir d’une vie radieuse, très vite déçu, notamment, dans le secteur des Arts et de la culture. Sous le prétexte de réformes qu’on y opère, il connaît, depuis plus d’une quinzaine de mois, une anomie et une sécheresse artificielles, fondées sur la mise en priorité du tourisme sur la culture, une situation sur laquelle l’artiste peintre béninois Francel Aris Dagbéto attire l’attention du Chef de l’Etat, dans une courte lettre ouverte aux contours d’une tristesse digne, d’une révolte sage et contenue. A lire …

Francel Aris Dagbéto

Intégralité de la Lettre ouverte de l’artiste Francel Aris Dagbéto

Je vous écris cette lettre ouverte aujourd’hui, Monsieur le Président de la République du Bénin, Son Excellence M. Patrice Talon, parce que, comme tous les Artistes Béninois qui ont encore une conscience, notre corporation souffre, notre honneur est amputé, notre fierté est écorchée. Je porte aujourd’hui, Monsieur le Président, la voix de tous les Acteurs culturels du pays pour vous dire que ça ne vas pas.

L’acte que je pose aujourd’hui, devant le destin et l’histoire, n’est aucunement une improvisation, mais une réalité que beaucoup d'entre nous n'osent pas crier haut et fort en préférant se taire, mais ce silence commence à tuer plus d'un. Je suis donc triste et indigné, face à notre sort.
Mon pays est reconnu par sa diversité Artistique, culturelle et touristique. Mais, que sera le tourisme sans les Acteurs culturels ?

Portrait circonstanciel de Patrice Talon, par Francel Aris Dagbéto
C'est juste une question innocente que je me permets de poser, en sachant bien que vous y pensez fermement et on vous en remercie.

Il faut aimer son pays pour accepter d’y vivre dans les conditions dans lesquelles nous, Acteurs culturels Béninois, sommes actuellement ; il faut aimer le Bénin, pour accepter de mourir pour le Bénin. Engageons le combat et attaquons le mal là où il est, avec les moyens disponibles. Les Artistes du Bénin sont déterminés à travailler pour le rayonnement du Bénin, Culturellement parlant, mais dans de meilleures conditions de vie et de travail.
Pour la gloire et la grandeur du Bénin, nous vaincrons.

Francel Aris Dagbéto

lundi 2 octobre 2017

Recrutement d’artistes par l’Ensemble artistique national du Bénin

Dans le cadre d’un appel à candidatures qui se clôt le 6 octobre 2017


L’Ensemble artistique national (Ean) du Bénin recrute des artistes béninois dans les trois catégories que sont la danse, le théâtre et le chœur polyphonique. Date limite pour le dépôt des dossiers : le 6 octobre 2017.

Le Ballet national en action


Intégralité du Communiqué


ENSEMBLE ARTISTIQUE NATIONAL

AVIS DE RECRUTEMENT

Dans le cadre de la mise en place de la troupe nationale de Ballet, de Théâtre et du Chœur Polyphonique pour la saison de création 2017, l'Ensemble Artistique National du Bénin organise un casting au profit des artistes professionnels devant animer ses différentes sections.

Ce communiqué prend en compte les artistes professionnels danseurs, comédiens, choristes, percussionnistes, chanteurs, metteurs en scène, chorégraphes, coordonnateur, directeur de la technique vocale, spécialiste d'harmonie, préfets de discipline, costumiers et régisseurs (lumière et son).

Conditions de participation

- être de bonne moralité
- être âgé de 18 ans au moins et de 40 ans au plus pour les danseurs
- être polyvalent
- être libre de tout autre engagement

Pièces à fournir

- une photo d'identité
- une photo de scène
- une fiche de renseignements à retirer à l'EAN ou dans les directions départementales en charge de la culture
- une copie d'une pièce d'identité nationale en cours de validité
- un CV et un DVD de mise en scène pour les chorégraphes (Ballet: 15 artistes)
- un CV et un DVD d'une création déjà faite par les metteurs en scène (Théâtre : 25 artistes)
- un CV et un DVD d'une création déjà faite par les coordonnateurs (Chœur Polyphonique : 40 artistes).
- présenter le résumé d'une création de votre choix (tout encadreur)

Date limite de dépôt des dossiers : vendredi 06 Octobre 2017 à 17H00 à la Direction de l'Ensemble Artistique National non loin du Bénin Marché à l'ancien siège du Fitheb, ou des directions départementales en charge de la culture.

Infoline : 95067312 / 97375066

Le programme de projection des films de Sylvestre Amoussou à l’Espace ’’Tchif’’ disponible

Dans le cadre d’un communiqué du Directeur exécutif de l’institution culturelle

Après la conférence de presse d’annonce de la relance des activités de l’Espace ’’Tchif’’, conjointement animée avec Nicaise Francis Tchiakpè, alias ’’Tchif’’, fondateur de l’institution, Adrien Guillot qui en est le Directeur exécutif, a, dans un communiqué, rendu public le programme de diffusion des films de Sylvestre Amoussou, et, notamment, de celui ayant conquis l’Etalon d’Argent du Fespaco 2017 : ’’L’orage africain – Un continent sous influence’’.




Du 16 au 22 octobre 2017, douze séances de projection sont prévues, à raison de deux pour chacune des six soirées ordinaires. Pour y avoir accès, le public devra s’acquitter d’un ticket de Mille Francs (1000 F) Cfa, par séance, communique Adrien Guillot selon qui les réservations peuvent déjà en être faites au siège de l’Espace ’’Tchif’’, sis quartier Guinkomey, à Cotonou, tous les jours, de 10h à 18h. Par ailleurs, il garantit la présence du réalisateur Sylvestre Amoussou pour des échanges avec le public, à la fin de la première séance. Cette personnalité animera un master-class payant sur le cinéma, dans l’après-midi du mardi 18 octobre.
En outre, pour Adrien Guillot, depuis ce lundi 2 octobre 2017 ont démarré des ateliers de théâtre, payants aussi, animés par le comédien et conteur Jean-Louis Kédagni.

Marcel Kpogodo



Programme des projections à l’Espace Tchif

-          Lundi 16 – Africa Paradis 19h / Un pas en avant 22h
-          Mardi 17 – Un pas en avant 19h / Africa Paradis 22h
-          Mercredi 18 – Africa Paradis 19h / Un pas en Avant 22h
-          Vendredi 20 – L’Orage africain 19h / L’Orage africain 22h
-          Samedi 21 – L’Orage africain – 19h / L’Orage africain 22h
-          Dimanche 22 – L’Orage africain – 19h / L’Orage africain 22h


Autres activités

Master Class de Sylvestre Amoussou 
"La leçon de cinéma de Sylvestre Amoussou" (la construction d'un film, le cinéma africain aujourd'hui, son propos dans ses films, ...)
Le mercredi 18 octobre à l'Espace Tchif
Tous publics - de 14h à 18h - Places limitées à 30 personnes
Tarif : 10 000 francs CFA
Réservation - 66 92 73 15

Les ateliers théâtre de l'Espace Tchif
Tous les lundis de 14h à 16h
Les cours sont dispensés par Jean-Louis Kedagni
Tarif 130 000 francs CFA pour l'année
Réservation - 66 92 73 15
Démarrage des cours le 2 octobre 2017
Des nouvelles inscriptions sont encore possibles en octobre. 

Adrien Guillot