Dans le cadre de la
délibération du Jury
Dans la soirée du mardi
7 novembre 2017, le verdict du Concours national ’’Prix du Président de la République
est tombé : Daté Atavito Barnabé-Akayi a été sacré par le Jury de cette
compétition littéraire. C’était dans la Salle polyvalente du Palais des congrès
de Cotonou, en présence de deux ministres du Gouvernement et, notamment, du
Directeur des Arts et du livre du Ministère de la Culture.
Abdoulaye Bio Tchané et Oswald Homéky, remettant à Daté Atavito Barnabé-Akayi son trophée et son chèque |
Daté Atavito Barnabé-Akayi,
39 ans, déclaré lauréat du Prix du Président de la République, dans son édition
2017, avec la pièce de théâtre, ’’Le chroniqueur du Pr’’, ce qui lui a permis de recevoir un trophée et un chèque de trois millions de Francs Cfa. La substance de la
délibération effectuée par les membres du Jury de ce Concours national, le
mardi 7 novembre 2017, à la Salle polyvalente du Palais des congrès, à Cotonou.
Présidé par le Professeur Albert Bienvenu Akoha avec, comme membres, Apollinaire
Agbazahou, Inspecteur de l’Enseignement secondaire à la retraite, dramaturge et
ancien Président du Conseil d’administration du Festival international de
théâtre du Bénin (Fitheb), et Ousmane Alédji, comédien, metteur en scène,
dramaturge et promoteur d’espace culturel, ce Jury a prononcé le verdict final
en présence d’Abdoulaye Bio Tchané, Ministre d’Etat chargé du Plan et du
développement, représentant le Chef de l’Etat, d’Oswald Homéky, Ministre du
Tourisme, de la culture et des sports, de Léon Zoha, Directeur des Arts et du livre, des membres du Comité de présélection
des candidats au Prix et, notamment, de ces postulants.
Premier fondement
d’impartialité dans le décernement du Prix à Daté Atavito Barnabé-Akayi :
’’Le chroniqueur du Pr’’, pièce politique de 77 pages, démonte le Chef de
l’Etat, Patrice Talon, en tournant en dérision certains de ses actes de gouvernance,
environ six mois après son arrivée au pouvoir ; à la manière d’un
fabuliste, l’auteur de la pièce fait faire du Président de la République par le
confrère et le chroniqueur, les deux personnages en échange dans cette œuvre aux
relents d’un tragique social, l’éléphant qui a construit, de toutes pièces, l’affaire
de découverte, au Port de Cotonou, de 18 kg de cocaïne pur, dans un conteneur
du magnat béninois de la volaille, Sébastien Ajavon, pour se débarrasser de celui-ci
qui ne lui laissait pas les coudées franches pour gérer les affaires de l’Etat :
« […] Selon des sources concordantes, ce dernier coup est monté pour
revoir le deal que certains ont conclu avant les élections. Ce coup permet de
redéfinir la gestion du pouvoir », page 22, première réplique du Confrère.
De gauche à droite, Apollinaire Agbazahou, Bienvenu Albert Akoha, Daté Atavito Barnabé-Akayi et Ousmane Alédji |
Dans le même registre, sous
le couvert de la fiction, Talon-l’Eléphant est perçu comme un despote de
nouvelle génération : « […] Et moi qui dis qu’il est un dictateur moderne
et avancé ! », page 26, seconde réplique du Confrère. Et, il est présenté
comme le sordide tireur de ficelles ayant manigancé le K.o. électif ayant
permis à Boni Yayi de s’offrir un second mandat en 2011 : « Crois-tu
que nous ayons connu le chaos, excuse-moi, je voulais dire le K.O., sans son
expertise en manipulations ? », page 29, première réplique du
Chroniqueur. Par ailleurs, la gouvernance de l’actuel Président béninois ne
semble pas des plus catholiques : « […] depuis quand nouveau est
synonyme de beau ? […] Je déteste les slogans. Ils n’amènent qu’à la débâcle »,
page 29, première réplique du Confrère. Sur la même page, le Chroniqueur ne
prend aucun gant pour enfoncer le clou : « Or mon rêve profond est
que l’éléphant gagne afin que les gens sachent que le lion ne sera pas le pire
roi de la jungle », à la page 29, à la deuxième réplique du Chroniqueur,
un lion que la compréhension de la pièce permet d’identifier comme Boni Yayi. En
outre, on y dénonce le premier gouvernement de Patrice Talon, plus pléthorique que
prévu, avec un nombre réduit de femmes : « […] vu qu’ils ont promis
offrir une dizaine de ministres et nous en sommes à vingt et quelque ! C’est-à-dire
le même chiffre que dans le passé, avec des dénominations à réveiller nos
premiers présidents ! Avec une célébration de la misogynie : presqu’aucune
place à la femme ! ». Plus loin, Patrice Talon apparaît comme un
homme politique sans vision : « Le gars n’a aucune vue ! ».
Le mot ’’gars’’ montre bien les tréfonds de la déconsidération dans lesquels on
l’enfonce.
De plus, le clou, l’évocation
du caractère gravement tyrannique du régime, dans une tonalité à la fois
absurde et onirique : « Déjà, … christs », pages 34-35,
troisième réplique du Confrère.
Et, entre les échanges
politiquement engagés qui animent les réflexions du Confrère et du Chroniqueur,
le système partisan béninois passe à la loupe, à la trappe, avec ses fléaux
bien connus de transhumance, d’opportunisme des hommes politiques, d’absence de
lignes, de repères, de vision, à part ceux de permettre à ces types d’animateurs
de donner de la consistance à leurs intérêts, de la satiété à leur ventre, sans
oublier que le Parti du renouveau démocratique (Prd) d’Adrien Houngbédji, à
mots couverts, est mis en exergue comme la principale et la plus puante plaie
de ce système en profonde décadence, violemment décrié.
Finalement, il y a lieu
d’être surpris et de se réjouir qu’une telle pièce de théâtre de Barnabé-Akayi,
d’une facture politique qui ne fait pas cadeau au Chef de l’Etat, Patrice
Talon, ni au système politique dans lequel il s’accommode, auquel il se
conforme, ait pu remporter un prix littéraire justement chapeauté par le
premier des Béninois. Ceci reste la preuve que les membres du Jury ont su se
mettre au-dessus des basses considérations, généralement bien quottées au
Bénin, de flatteries et de génuflexions, de manifestation d’actes obséquieux,
au détriment de la science, de la technicité, dans le but de plaire au très
terrestre chef suprême, avec tout ce que cela peut rapporter comme avantages de
divers ordres aux auteurs de ces actes aussi vils qui nivellent par le bas, qui
valorisent la médiocrité, qui sacrifient la qualité, l’excellence.
Deuxième facteur d’impartialité
face au sacre de Barnabé-Akayi par ’’Le chroniqueur du Pr’’, chacun des membres
du Jury collabore en plein, directement ou non, avec le régime du Chef de l’Etat,
Patrice Talon : le Président de ce Comité restreint, Bienvenu Albert
Akoha, a son épouse qui est Directrice de Cabinet du Ministère du Cadre de vie et
du développement durable ; il s’agit de Jeanne Akatcha Akoha. Ensuite,
Apollinaire Agbazahou est un soutien de premier plan du Président de la
République, dans le Zou. Enfin, Ousmane Alédji est membre de l’Unité
présidentielle chargée de la Culture, qui opère à la Présidence de la République,
sous le nez de Patrice Talon. Quoi de plus que ces différents niveaux d’accointances
pour justifier un rejet du ’’Chroniqueur du Pr’’ pour le Prix concerné. Ne pas
l’avoir fait, avoir primé le talent, par-dessus tout, rehausse le travail de
ces personnalités, met en valeur leur force intellectuelle et, surtout, morale.
Troisièmement, le
verdict du Jury jouit d’une impartialité à nulle autre pareille, vu que le Prix
est organisé, soutenu et financé par l’Etat béninois, sous le couvert d’un
Concours national littéraire qui se déroule tous les deux ans. Compte tenu de
cette donnée fondamentale, des précautions auraient pu être prises, dans l’ombre,
pour que soit écarté du sacre tout ouvrage critique envers le régime en place. Ne
pas être tombé dans cette autre forme de bassesse montre la réussite du
processus mis en place par Léon Zoha, Directeur des Arts et du livre du
Ministère de la Culture, ceci qui a démarré le 7 septembre 2017 et qui s’est
achevé, en un bon atterrissage, le 7 novembre dernier, jour de la commémoration
de la Journée internationale de l’Ecrivain.
Pourquoi lire
absolument ’’Le chroniqueur du Pr’’ ?
Tous les Béninois sachant déchiffrer un texte doivent se précipiter pour s’approprier le contenu du ’’Chroniqueur du Pr’’, la pièce de théâtre, publié aux Editions ''Plumes soleil'', ayant remporté le ’’Prix du Président de la République’’, édition 2017, étant donné qu’elle s’asseoit confortablement dans un secteur passionnant à plus d’un titre pour les citoyens du Bénin : la politique, celle qui évolue vers un macabre mettant au-dessus de tout l’intérêt personnel, de façon à aboutir à la tragédie du genre de celle ayant définitivement séparé Blaise Compaoré et Thomas Sankara avec, en ajout, dans le livre de Barnabé Akayé, un fond très puant d’adultère et d’infanticide. Ensuite, cet ouvrage, au-delà de la dénonciation de quelques aspects peu honorables des six premiers mois de Patrice Talon au pouvoir, dépiaute le système politique partisan béninois, présenté comme très nauséeux. Il faudrait aller à la rencontre d’une audace réaliste, tragique, onirique et ironique.
Bref historique ...
Le Concours national littéraire ''Prix du Président de la République'' a été créé le 2 mai 2003, par l'Arrêté n° 065/MCAT/DC/SG/CTC/DBN/SA. Ainsi, après cinq éditions tenues, quatorze ans auparavant, Daté Atavito Barnabé-Akayi a eu, en matière de lauréats, les prédécesseurs ci-après : Wilson Dave, en 2003, avec ''Le menuisier de Calavi'', dans le genre ''Roman'', Reine Houssou, en 2007, avec ''Ah ! Jérôme la racine'', dans le genre ''Théâtre'', Philibert Cossi Dossou-Yovo, en 2010, avec ''L'échec de l'intelligentsia, synonyme des enfers'', dans le genre ''Essai'', Rigobert Kpanikpa Kouagou, en 2013, avec ''Clameurs champêtres'', dans le genre ''Poésie'', Habib Dakpogan, en 2015, avec ''Pv salle 6, dans le genre ''Roman''. Donc, depuis l'instauration de cette compétition littéraire, l'édition de l'année 2005 n'a pas été organisée et, il a fallu connaître un décalage d'année en 2010 et en 2013.
''Le chroniqueur du Pr'' |
Tous les Béninois sachant déchiffrer un texte doivent se précipiter pour s’approprier le contenu du ’’Chroniqueur du Pr’’, la pièce de théâtre, publié aux Editions ''Plumes soleil'', ayant remporté le ’’Prix du Président de la République’’, édition 2017, étant donné qu’elle s’asseoit confortablement dans un secteur passionnant à plus d’un titre pour les citoyens du Bénin : la politique, celle qui évolue vers un macabre mettant au-dessus de tout l’intérêt personnel, de façon à aboutir à la tragédie du genre de celle ayant définitivement séparé Blaise Compaoré et Thomas Sankara avec, en ajout, dans le livre de Barnabé Akayé, un fond très puant d’adultère et d’infanticide. Ensuite, cet ouvrage, au-delà de la dénonciation de quelques aspects peu honorables des six premiers mois de Patrice Talon au pouvoir, dépiaute le système politique partisan béninois, présenté comme très nauséeux. Il faudrait aller à la rencontre d’une audace réaliste, tragique, onirique et ironique.
Bref historique ...
Le Concours national littéraire ''Prix du Président de la République'' a été créé le 2 mai 2003, par l'Arrêté n° 065/MCAT/DC/SG/CTC/DBN/SA. Ainsi, après cinq éditions tenues, quatorze ans auparavant, Daté Atavito Barnabé-Akayi a eu, en matière de lauréats, les prédécesseurs ci-après : Wilson Dave, en 2003, avec ''Le menuisier de Calavi'', dans le genre ''Roman'', Reine Houssou, en 2007, avec ''Ah ! Jérôme la racine'', dans le genre ''Théâtre'', Philibert Cossi Dossou-Yovo, en 2010, avec ''L'échec de l'intelligentsia, synonyme des enfers'', dans le genre ''Essai'', Rigobert Kpanikpa Kouagou, en 2013, avec ''Clameurs champêtres'', dans le genre ''Poésie'', Habib Dakpogan, en 2015, avec ''Pv salle 6, dans le genre ''Roman''. Donc, depuis l'instauration de cette compétition littéraire, l'édition de l'année 2005 n'a pas été organisée et, il a fallu connaître un décalage d'année en 2010 et en 2013.
Marcel Kpogodo
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