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vendredi 10 novembre 2017

Daté Atavito Barnabé-Akayi décroche un ’’Prix 2017 du Président de la République’’ aux trois niveaux d’impartialité

Dans le cadre de la délibération du Jury


Dans la soirée du mardi 7 novembre 2017, le verdict du Concours national ’’Prix du Président de la République est tombé : Daté Atavito Barnabé-Akayi a été sacré par le Jury de cette compétition littéraire. C’était dans la Salle polyvalente du Palais des congrès de Cotonou, en présence de deux ministres du Gouvernement et, notamment, du Directeur des Arts et du livre du Ministère de la Culture.

Abdoulaye Bio Tchané et Oswald Homéky, remettant à Daté Atavito Barnabé-Akayi son trophée et son chèque
Daté Atavito Barnabé-Akayi, 39 ans, déclaré lauréat du Prix du Président de la République, dans son édition 2017, avec la pièce de théâtre, ’’Le chroniqueur du Pr’’, ce qui lui a permis de recevoir un trophée et un chèque de trois millions de Francs Cfa. La substance de la délibération effectuée par les membres du Jury de ce Concours national, le mardi 7 novembre 2017, à la Salle polyvalente du Palais des congrès, à Cotonou. Présidé par le Professeur Albert Bienvenu Akoha avec, comme membres, Apollinaire Agbazahou, Inspecteur de l’Enseignement secondaire à la retraite, dramaturge et ancien Président du Conseil d’administration du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), et Ousmane Alédji, comédien, metteur en scène, dramaturge et promoteur d’espace culturel, ce Jury a prononcé le verdict final en présence d’Abdoulaye Bio Tchané, Ministre d’Etat chargé du Plan et du développement, représentant le Chef de l’Etat, d’Oswald Homéky, Ministre du Tourisme, de la culture et des sports, de Léon Zoha, Directeur des Arts et du livre, des membres du Comité de présélection des candidats au Prix et, notamment, de ces postulants.
Premier fondement d’impartialité dans le décernement du Prix à Daté Atavito Barnabé-Akayi : ’’Le chroniqueur du Pr’’, pièce politique de 77 pages, démonte le Chef de l’Etat, Patrice Talon, en tournant en dérision certains de ses actes de gouvernance, environ six mois après son arrivée au pouvoir ; à la manière d’un fabuliste, l’auteur de la pièce fait faire du Président de la République par le confrère et le chroniqueur, les deux personnages en échange dans cette œuvre aux relents d’un tragique social, l’éléphant qui a construit, de toutes pièces, l’affaire de découverte, au Port de Cotonou, de 18 kg de cocaïne pur, dans un conteneur du magnat béninois de la volaille, Sébastien Ajavon, pour se débarrasser de celui-ci qui ne lui laissait pas les coudées franches pour gérer les affaires de l’Etat : « […] Selon des sources concordantes, ce dernier coup est monté pour revoir le deal que certains ont conclu avant les élections. Ce coup permet de redéfinir la gestion du pouvoir », page 22, première réplique du Confrère.

De gauche à droite, Apollinaire Agbazahou, Bienvenu Albert Akoha, Daté Atavito Barnabé-Akayi et Ousmane Alédji
Dans le même registre, sous le couvert de la fiction, Talon-l’Eléphant est perçu comme un despote de nouvelle génération : « […] Et moi qui dis qu’il est un dictateur moderne et avancé ! », page 26, seconde réplique du Confrère. Et, il est présenté comme le sordide tireur de ficelles ayant manigancé le K.o. électif ayant permis à Boni Yayi de s’offrir un second mandat en 2011 : « Crois-tu que nous ayons connu le chaos, excuse-moi, je voulais dire le K.O., sans son expertise en manipulations ? », page 29, première réplique du Chroniqueur. Par ailleurs, la gouvernance de l’actuel Président béninois ne semble pas des plus catholiques : « […] depuis quand nouveau est synonyme de beau ? […] Je déteste les slogans. Ils n’amènent qu’à la débâcle », page 29, première réplique du Confrère. Sur la même page, le Chroniqueur ne prend aucun gant pour enfoncer le clou : « Or mon rêve profond est que l’éléphant gagne afin que les gens sachent que le lion ne sera pas le pire roi de la jungle », à la page 29, à la deuxième réplique du Chroniqueur, un lion que la compréhension de la pièce permet d’identifier comme Boni Yayi. En outre, on y dénonce le premier gouvernement de Patrice Talon, plus pléthorique que prévu, avec un nombre réduit de femmes : « […] vu qu’ils ont promis offrir une dizaine de ministres et nous en sommes à vingt et quelque ! C’est-à-dire le même chiffre que dans le passé, avec des dénominations à réveiller nos premiers présidents ! Avec une célébration de la misogynie : presqu’aucune place à la femme ! ». Plus loin, Patrice Talon apparaît comme un homme politique sans vision : « Le gars n’a aucune vue ! ». Le mot ’’gars’’ montre bien les tréfonds de la déconsidération dans lesquels on l’enfonce.
De plus, le clou, l’évocation du caractère gravement tyrannique du régime, dans une tonalité à la fois absurde et onirique : « Déjà, … christs », pages 34-35, troisième réplique du Confrère.
Et, entre les échanges politiquement engagés qui animent les réflexions du Confrère et du Chroniqueur, le système partisan béninois passe à la loupe, à la trappe, avec ses fléaux bien connus de transhumance, d’opportunisme des hommes politiques, d’absence de lignes, de repères, de vision, à part ceux de permettre à ces types d’animateurs de donner de la consistance à leurs intérêts, de la satiété à leur ventre, sans oublier que le Parti du renouveau démocratique (Prd) d’Adrien Houngbédji, à mots couverts, est mis en exergue comme la principale et la plus puante plaie de ce système en profonde décadence, violemment décrié.
Finalement, il y a lieu d’être surpris et de se réjouir qu’une telle pièce de théâtre de Barnabé-Akayi, d’une facture politique qui ne fait pas cadeau au Chef de l’Etat, Patrice Talon, ni au système politique dans lequel il s’accommode, auquel il se conforme, ait pu remporter un prix littéraire justement chapeauté par le premier des Béninois. Ceci reste la preuve que les membres du Jury ont su se mettre au-dessus des basses considérations, généralement bien quottées au Bénin, de flatteries et de génuflexions, de manifestation d’actes obséquieux, au détriment de la science, de la technicité, dans le but de plaire au très terrestre chef suprême, avec tout ce que cela peut rapporter comme avantages de divers ordres aux auteurs de ces actes aussi vils qui nivellent par le bas, qui valorisent la médiocrité, qui sacrifient la qualité, l’excellence.
Deuxième facteur d’impartialité face au sacre de Barnabé-Akayi par ’’Le chroniqueur du Pr’’, chacun des membres du Jury collabore en plein, directement ou non, avec le régime du Chef de l’Etat, Patrice Talon : le Président de ce Comité restreint, Bienvenu Albert Akoha, a son épouse qui est Directrice de Cabinet du Ministère du Cadre de vie et du développement durable ; il s’agit de Jeanne Akatcha Akoha. Ensuite, Apollinaire Agbazahou est un soutien de premier plan du Président de la République, dans le Zou. Enfin, Ousmane Alédji est membre de l’Unité présidentielle chargée de la Culture, qui opère à la Présidence de la République, sous le nez de Patrice Talon. Quoi de plus que ces différents niveaux d’accointances pour justifier un rejet du ’’Chroniqueur du Pr’’ pour le Prix concerné. Ne pas l’avoir fait, avoir primé le talent, par-dessus tout, rehausse le travail de ces personnalités, met en valeur leur force intellectuelle et, surtout, morale.
Troisièmement, le verdict du Jury jouit d’une impartialité à nulle autre pareille, vu que le Prix est organisé, soutenu et financé par l’Etat béninois, sous le couvert d’un Concours national littéraire qui se déroule tous les deux ans. Compte tenu de cette donnée fondamentale, des précautions auraient pu être prises, dans l’ombre, pour que soit écarté du sacre tout ouvrage critique envers le régime en place. Ne pas être tombé dans cette autre forme de bassesse montre la réussite du processus mis en place par Léon Zoha, Directeur des Arts et du livre du Ministère de la Culture, ceci qui a démarré le 7 septembre 2017 et qui s’est achevé, en un bon atterrissage, le 7 novembre dernier, jour de la commémoration de la Journée internationale de l’Ecrivain.


Pourquoi lire absolument ’’Le chroniqueur du Pr’’ ?


''Le chroniqueur du Pr''

Tous les Béninois sachant déchiffrer un texte doivent se précipiter pour s’approprier le contenu du ’’Chroniqueur du Pr’’, la pièce de théâtre, publié aux Editions ''Plumes soleil'', ayant remporté le ’’Prix du Président de la République’’, édition 2017, étant donné qu’elle s’asseoit confortablement dans un secteur passionnant à plus d’un titre pour les citoyens du Bénin : la politique, celle qui évolue vers un macabre mettant au-dessus de tout l’intérêt personnel, de façon à aboutir à la tragédie du genre de celle ayant définitivement séparé Blaise Compaoré et Thomas Sankara avec, en ajout, dans le livre de Barnabé Akayé, un fond très puant d’adultère et d’infanticide. Ensuite, cet ouvrage, au-delà de la dénonciation de quelques aspects peu honorables des six premiers mois de Patrice Talon au pouvoir, dépiaute le système politique partisan béninois, présenté comme très nauséeux. Il faudrait aller à la rencontre d’une audace réaliste, tragique, onirique et ironique.


Bref historique ...

Le Concours national littéraire ''Prix du Président de la République'' a été créé le 2 mai 2003, par l'Arrêté n° 065/MCAT/DC/SG/CTC/DBN/SA. Ainsi, après cinq éditions tenues, quatorze ans auparavant, Daté Atavito Barnabé-Akayi a eu, en matière de lauréats, les prédécesseurs ci-après : Wilson Dave, en 2003, avec ''Le menuisier de Calavi'', dans le genre ''Roman'', Reine Houssou, en 2007, avec ''Ah ! Jérôme la racine'', dans le genre ''Théâtre'', Philibert Cossi Dossou-Yovo, en 2010, avec ''L'échec de l'intelligentsia, synonyme des enfers'', dans le genre ''Essai'', Rigobert Kpanikpa Kouagou, en 2013, avec ''Clameurs champêtres'', dans le genre ''Poésie'', Habib Dakpogan, en 2015, avec ''Pv salle 6, dans le genre ''Roman''. Donc, depuis l'instauration de cette compétition littéraire, l'édition de l'année 2005 n'a pas été organisée et, il a fallu connaître un décalage d'année en 2010 et en 2013. 

Marcel Kpogodo

jeudi 26 mars 2015

Déclaration d’Euloge Béo Aguiar, candidat député dans la 16ème circonscription électorale

« Ma responsabilité est de contribuer à faire de la culture le socle du développement du Bénin»


La particularité de la confection des listes pour les élections législatives, dans la 16ème circonscription électorale, est le positionnement de l’artiste béninois, Euloge Béo Aguiar, alias Masta Cool, en tête de liste, comme candidat de l’Alliance pour un Bénin triomphant (Abt). Sans prétention aucune, sans complexe face aux grosses cylindrées qu’il devra affronter, il livre, dans cet entretien qu’il a consacré à notre Rédaction, sa vision du combat électoral qui l’attend.

Euloge Béo Aguiar, alias Master Cool
Le Mutateur : Bonjour Euloge Béo Aguiar, alias Masta cool. Vous êtes un artiste comédien et chanteur bien connu au Bénin et, vous voilà candidat aux législatives du 26 avril prochain, en tête de la liste Abt, dans la 16ème circonscription électorale, c’est-à-dire des 7ème au 13ème arrondissements de la ville de Cotonou. Savez-vous de quelle ampleur est votre responsabilité?


Euloge Béo Aguiar : Je pense que ma responsabilité est de contribuer à faire de la culture le socle du développement du Bénin, parce qu’il s’agit de marquer une rupture avec une génération qui a eu le mérite de beaucoup apporter à notre pays ; c’est un ensemble de personnes qu’il faut remercier, dont il faut saluer l’apport au développement de notre pays. Avec tout ce respect-là, je voudrais dire que la rupture que propose l’Alliance Abt, en proposant ma candidature comme tête de liste à Cotonou vient répondre aussi à la nécessité et à l’urgence d’impliquer la jeunesse au cœur des activités de développement de notre pays, parce qu’on a beau entendre que la jeunesse est le fer de lance, que la jeunesse est le moteur, mais il est absolument impérieux de faire en sorte que notre pays puisse tenir compte de la majorité de sa classe, aujourd’hui, qui est constituée essentiellement de la jeunesse.
Vous savez, notre pays a des problèmes de développement et non des problèmes politiques. C’est pour cela que des personnes comme moi, qui sont de la société, qui sont au cœur des problèmes de la société et de la jeunesse, je pense qu’il est préférable de les mettre au cœur des solutions à proposer. C’est pour cela que je souhaite vivement qu’à un moment donné de l’histoire de notre pays que l’ensemble de tous ceux qui le dirigent prennent conscience de ce que les jeunes, sans insultes, avec tout le respect qu’ils doivent aux aînés, les invitent à prendre la place, parce qu’ils ont besoin d’être à cet apprentissage-là, pour que notre pays renouvelle sa classe politique.
Je dirai également qu’en mesurant l’ampleur de ma candidature, dans la 16ème circonscription, c’est faire en sorte que le problème de la fierté d’être Béninois, tout simplement, en consommant prioritairement les produits fabriqués par nous-mêmes, qui découlent alors de la prise en compte de la culture dans le développement, ce problème est capital. Moi, je suis un homme des arts et de la culture, je suis un homme de culture, donc, je sais très bien comment j’évoque cette dimension, dans mon travail, au quotidien. C’est pour cela que l’Alliance Abt a plutôt choisi de mettre, sur l’ensemble de sa liste, rien que des jeunes, parce que nous pensons essentiellement que notre pays a des problèmes qui sont d’abord liés à sa jeunesse ; vous savez, on ne coiffe pas quelqu’un en son absence et, un chauve ne coiffe pas quelqu’un qui a des cheveux ; mieux, on ne coiffe pas quelqu’un la nuit. Donc, les jeunes ont besoin, aujourd’hui, d’être responsabilisés.



Par votre positionnement sur la liste Abt, vous êtes directement en confrontation avec certains poids lourds, notamment, les Honorables Rosine Soglo et Candide Azannaï, qui sont des habitués de ces élections et du Parlement, le Ministre du Développement, Marcel de Souza, de l’Alliance des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), sans compter Yves-Edgard Monnou du Parti de renouveau démocratique (Prd). N’avez-vous pas envie de démissionner ?

Pas du tout ! Je voudrais juste ajouter quelque chose : comme autre poids très très lourd, par rapport à tout ce que vous avez abordé, c’est le Président Abdoulaye Bio Tchané qui, forcément, constitue, pour moi, le guide et le soutien inconditionnel, dans ces élections-là. Et, l’autre poids que j’ai, forcément et indubitablement, c’est l’ensemble de la jeunesse de la 16ème circonscription électorale de notre pays ; elle constitue aussi un poids lourd, parce que vous savez très bien que les jeunes ont besoin de renouvellement, ils y aspirent. Et puis, comme troisième poids lourd, j’ai l’ensemble des artistes et l’ensemble des hommes de la culture, de même que tous ceux qui rêvent de voir notre pays vivre autrement, en redevenant fiers d’être Béninois. On ne peut pas développer notre pays aujourd’hui en mettant au second rang ce sur quoi on devrait s’asseoir d’abord : la culture. Donc, c’est tous ceux-là qui sont derrière moi et, du coup, je me sens très fort, parce que ceux qui souffrent aujourd’hui ne sont pas les hommes politiques, ce sont les jeunes, c’est eux qui rêvent du renouvellement.
La candidature de Masta Cool n’est pas une candidature individuelle, c’est la candidature de l’ensemble de ceux qui ne savent pas ce qu’ils vont manger avant le soir, elle est celle de ceux qui ne savent pas, après deux ans de contrat à durée déterminée, ce qu’ils vont devenir, c’est la candidature de l’ensemble de ces gens-là qui ne savent pas comment payer leur loyer, qui ne savent pas comment envoyer leurs enfants à l’école, c’est la candidature de tous ceux qui sont en train de souffrir quelque part et qui n’ont pas d’argent pour acheter un paracétamol, c’est la candidature de l’ensemble de ces femmes qui sont marginalisées et qu’on utilise à tort et à travers, c’est aussi la candidature de tous ces gens-là, de ces intellectuels, de ces fonctionnaires qui aspirent à un mieux-être, à un bien-être. Donc, ma candidature n’est pas individuelle.   



Serait-il possible que vous leviez un coin de voile sur ce que vous irez faire à l’Assemblée, dès que vous serez élu ?

Je pense que le rôle de l’Assemblée, c’est de proposer et de voter des lois qui engagent surtout le développement de notre pays. C’est aussi un rôle de contrôle de l’action du Gouvernement, c’est aussi un autre rôle de présence institutionnelle importante au niveau de nos 24 circonscriptions électorales. Dans la spécificité qui est la mienne, forcément, l’ensemble des actions, des lois qui seront proposées iront d’abord en faveur de la jeunesse. Je pense donc m’intéresser à l’introduction de la dimension culturelle dans nos matières, à l’emploi des jeunes en rapport avec les besoins de la nation, au renforcement de l’apport financier aux femmes et à son ouverture aux hommes aussi, à la lutte contre la piraterie, à la dépolitisation de notre administration ; je pense aussi m’intéresser au soutien de l’action du Président Bio Tchané, quand les Béninois auront décidé de faire de lui le Chef de l’Etat, en 2016. Mais, je vous prie de garder patience pour avoir plus de détails sur mon programme, au lancement de la campagne électorale.



Avez-vous un mot de fin ?

Je voudrais lancer un appel à tous ceux qui semblent réticents ou qui sont dans des doutes, notamment ; je voudrais leur dire tout simplement que c’est ensemble qu’on est forts ; je voudrais qu’on se donne la main pour faire en sorte que, pour une fois, un artiste béninois aille au sein de cette auguste Assemblée pour porter haut nos problèmes, afin de trouver des solutions idoines, depuis le sommet, parce que ce sont les lois qui fabriquent, après, les décisions qui, à leur tour, fabriquent les décrets, les arrêtés, entre autres, qui nous sont imposés. Donc, je crois que nul n’a intérêt à ne pas faire réussir cette entreprise.



Propos recueillis par Marcel Kpogodo