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jeudi 25 mai 2023

Sika da Silveira, reine révélatrice de l’harmonie cosmique

Dans le cadre de l’ouverture de son atelier au public 


Sika da Silveira, artiste contemporaine béninoise, ouvre au public, depuis le vendredi 19 mai 2023, son espace de travail, dénommé ''Atelier Sika'', sis quartier d’Akogbato, à Cotonou, la capitale économique du Bénin. Elle y montre une trentaine d’œuvres d’art variant entre peintures, photographies et installations. Cette ouverture, par la créatrice, de son espace de travail, montre d’elle une réalité remarquable.  Elle prend le leadership de l’engagement pour des relations responsables entre l'être humain et l’univers.


Sika da Silveira, dans ses explications au public - Extrait photographique réalisé à partie d'une photo originale de Carlos Sodolpa

Vaste, étendu, espacé, diversifié, coloré, lumineux, radieux, suggestif ! Décor enchanteur, le reflet de la personnalité de Sika da Silveira à la mesure de ces valeurs de son ''Atelier Sika'', situé au quartier d’Akogbato, dans le 12ème arrondissement de la ville de Cotonou, au Bénin, cet atelier qu’elle a décidé d’ouvrir au public, en début de soirée, le vendredi 19 mai 2023. L’objectif de l’artiste plasticienne et performeuse est d’exprimer la complémentarité entre les êtres vivants, incitant l’humain à en prendre conscience, pour la sauvegarde de l’environnement.


Le visiteur, dès son entrée, découvre  une série d’œuvres d’art, qui interpellent. Des photographies, réalisées dans une technique mixte, des toiles à la charnière de l’abstrait et du figuratif et … une installation ! Majestueuse. Qui impose qu’on s’y arrête pour l’interroger, pour la laisser se faire découvrir et appréhender. 


Une trentaine d’œuvres occupent l’attention du visiteur. Selon l’artiste, son travail reflète la relation intime existante entre l’univers planétaire et l’homme. « Nous sommes des microcosmes, donc, nous portons des petits gènes du grand cosmos à l'intérieur de nous », introduit-elle. Elle approfondit : « Le noyau de mon travail, c'est toujours l'équilibre de l'homme, son équilibre spirituel. Il nous faut prendre conscience de cela pour mieux composer avec notre univers ». Cette préoccupation  de l’artiste d’appel à la conscience se lit, de façon omniprésente, d’une œuvre à une autre.


Les tableaux abstraits comme ‘’Elévation’’, ‘’Expansion’’ et ‘’L’incarné’’ traduisent, à en croire l’artiste, les « manifestations énergétiques » internes à l’humain ». Il est question de sortir pour aller à cet atelier de Sika da Silveira afin de comprendre l’analyse qu’elle réalise des œuvres précitées. « Ici, ce sont nos univers intérieurs que je traduis. Je parle ici, - d'accord ! - mais s’il était possible de taire les mots, il y a des manifestations énergétiques que nous ne voyons pas et ce sont ses mouvements que je symbolise », avance-t-elle. Elle se fait sentencieuse : « Le jour où il n'y a plus de mouvement, c'est la mort ; c'est cette vie que je traduis ». « Ça bouge et ça descend, ce n'est pas plat, c'est de la danse », explique-t-elle, le regard, tout d’un coup, rayonnant. « Il faut aussi prendre en compte l'écriture dans ce travail. C'est une écriture intuitive qui vibre avec chaque partie de l'homme », oriente-t-elle.



Rappel de la connexion cosmique


Les photographies, captivantes, entrent en accord avec l’expression par Sika da Silveira de la relation externe de l’homme avec son univers, le cosmos. Elles combinent figuratif et abstrait. A travers la série intitulée ‘’Zoun man bou’’, il se découvre des visages d’hommes, avec une omniprésence des « arbres matures », en arrière-plan. Le prétexte créatif pour un plaidoyer de l’artiste : « C'est pour rappeler la vie de ces arbres parce qu'aujourd'hui, on détruit des arbres centenaires qui portent la mémoire de l'histoire, des arbres centenaires qui participent à notre équilibre, sans qu'on ne s'en rende compte ». Elle aborde la conséquence mortifère d’une telle option humaine. « Lorsqu'on les détruit, on détruit peu à peu notre équilibre. C'est donc pour rappeler que ce sont des êtres vivants qu'on tue », clarifie-t-elle. L’artiste fait ressortir le lien spirituel unissant l’homme à son environnement, dans sa série de tableaux, dénommée, ‘’Mystique’’ et ‘’Le Vivant’’ puis à travers l’installation évoquée.



’’Les gardiens de la terre’’ 


Elle est l’unique installation à aller voir de très près. Elle symbolise comme la maturité créative de l’artiste. Sika da Silveira y matérialise adroitement les connexions cosmiques. L’artiste plasticienne y exprime les liens invisibles qui soutiennent l’interaction entre l’homme et les autres entités du cosmos. Elle l’évoque : « J'ai représenté les gardiens de la terre par les sculptures qui sont au nombre de 40 + 1». Quarante sculptures, par dizaine, entourent la terre, l'eau, et le feu, que représentent, respectivement, un bloc de terre, une petite jarre remplie d’eau et un tas de charbon. 


Comme pour se départir de tout fondement de jalousie de la part des éléments naturels, autour de l'installation, un autre groupe de dix sculptures identifie les gardiens de l'air. Au centre de l'installation se trouve la quarante-et-unième sculpture traduisant la lumière. « Ce 41ème gardien, ça peut être vous, moi ou quelqu'un d'autre qui a su se relier à ses autres entités et, à travers lesquels, il peut agir sur terre. Parce que la Terre est un organisme vivant au sein duquel nous vivons, […] il nous faut prendre conscience de cela pour notre propre équilibre, en retour », explicite-t-elle.

 

L’exposition restant ouverte jusqu’au 9 juin 2023, aucune sorte de justification ne remplacerait le déplacement des visiteurs pour une rencontre inédite et unique avec l’esprit créatif de Sika da Silveira. Cet esprit s'est développé dans la durée. D'abord, exerçant comme perleuse, elle entre dans l'univers de l'art contemporain par la performance déambulatoire. Elle connaît, ensuite, le Cénacle expérimental, qu'initie Charly d'Almeida, en avril 2015. Continuant son chemin, elle s'affirme. Plusieurs années plus tard, un autre baobab de l'art contemporain béninois la repère: Dominique Zinkpè. Il la fait participer à ''Transe'' au ''Lieu unik'' d'Abomey, en 2022. Désormais, Sika da Silveira se construit en toute autonomie.


Son atelier, se situant à quelques mètres du bureau de la Caisse locale de Crédit agricole mutuelle (Clcam) du quartier d’Akogbato, est accessible du lundi au samedi, de 9 heures à 19 heures. 

Léandre Houan / Marcel Gangbè-Kpogodo

mercredi 23 mars 2022

’’Survivances !?’’, l’exposition décryptée de Charly d’Almeida

Dans le cadre d’une conférence à ’’Gallery Charly’’


’’Survivances !?’’ est une exposition d’œuvres d’art concernant les productions de l’artiste contemporain béninois, Charly d’Almeida, qui a cours depuis le 18 décembre 2021. Elle a fait l’objet d’une explication en profondeur au cours d’une conférence qui a été organisée le samedi 12 mars 2022 à la galerie de l’artiste, dénommée ’’Gallery Charly’’, du quartier de Zongo, à Cotonou. Devant un public constitué, entre autres, d’artistes et de journalistes, il est revenu au curateur de l’exposition, Coffi Steven Adjaï, et à Charly d’Almeida de présenter les fondements permettant de comprendre ’’Survivances !?’’.


De gauche à droite, Luc Aimé Dansou, modérateur de la conférence, Charly d'Almeida et Coffi Steven Adjaï

« Un fantôme ne meurt jamais, il reste à venir, et à revenir », la réflexion du philosophe français, Jacques Derrida, une pensée qui, selon le jeune curateur, Coffi Steven Adjaï, est le fondement de l’exposition, ’’Survivances !?’’. Un extrait important de la conférence qu’il a animée, appuyé par l’artiste contemporain, Charly d’Alemida, dans le milieu de l’après-midi du samedi 12 mars 2022 à l’espace d’exposition, ’’Gallery Charly’’, sis quartier de Zongo, à Cotonou, en présence, notamment, d’artistes et de journalistes.


Un aperçu ...


Les échanges d’ordres intellectuel et scientifique concernant l’explication de l’exposition, ’’Survivances !?’’, de Charly d’Almeida, depuis le 18 décembre 2021, avaient pour thème, « Objet, et image d’une survivance : se souvenir, est-ce survivre aux temps ? Contexte historique et trame narrative pour une lecture des survivances dans la production de Charly d’Almeida ». Pour Coffi Steven Adjaï, ’’Survivances !?’’ est le fruit d’un travail de recherche sur les formes spectrales de la “vie en mouvement ” dans les gestes créatifs contemporains. « C’est une réflexion sur les mécanismes par lesquels les “faits d’affects” refoulés survivent à travers l’acte de création artistique », a-t-il continué, abordant de quelle manière la pratique artistique contribue à donner vie et valeur à du matériel usagé que l’univers normal considère comme des déchets.

Se rapportant au contexte historique de cette exposition temporaire, le jeune curateur a fait savoir que “Survivances !?” provient du désir de répondre à plusieurs questions que suscitent les œuvres de l'artiste Charly d'Almeida. « Je me demandais pourquoi certaines formes réapparaissent souvent dans les œuvres de l'artiste et comment des choses disparates, sans un lien traditionnel ou historique, se retrouvent dans d'autres temporalités », a-t-il laissé entendre.


... de l'exposition, ''Survivances !?''


Sur la base de ces réflexions, le jeune curateur dit avoir mené de nombreuses recherches dans les œuvres de certains auteurs comme Camille Bloc, dans le catalogue de l’exposition collective, ’’In-discipline’’, qu’a tenue la Fondation ’’Montresso’’, en 2018, et dans les écrits qu’a laissés le philosophe et historien d'art allemand, Georges Didi-Hubermann.

 

Charly d’Alemida …

Dans sa prise de parole, Charly d'Almeida a raconté avoir trouvé derrière le portail de la maison de sa grand-mère maternelle des tas de ferraille au milieu desquels des pédales de bicyclette, des dents usées de moulin à maïs et d’autres objets triviaux en fer se perdaient. Selon lui, son oncle lui avait alors expliqué que cette ferraille représentait Ogou, dieu des forgerons et du feu. Un déclic fort, apparemment, ce qui fait qu’en début 2020, une autre exposition que ''Gallery Charly'' avait accueillie de lui, avait jeté les fondements de la compréhension idéelle de “Survivances !?”. Elle avait pour titre, "Quand les lignes et les formes se meuvent".

Pour l'artiste plasticien Charly d'Almeida, la survivance, dans sa production, « ce sont ces choses qui disparaissent, comme refoulées et puis qui réapparaissent un jour, sans un lien temporel/traditionnel/historique évident ». Reliant cette précieuse précision à “Survivances !?’’,  Coffi Steven Adjaï a, plus que jamais, relancé les débats en affirmant qu’il s’agit d’ « un premier jet d’encre sur une feuille encore vierge ».

Léandre Houan

mardi 25 février 2020

Avec la commémoration des 100 ans du constructivisme : Charles d'Almeida défie l'illimité

Dans le cadre de sa nouvelle exposition

Il surprendra toujours, cassant, renversant ce que les observateurs connaisseurs de son art auraient cru qu'il s'était fixé comme cadre, comme fondement. Charly d'Almeida, à travers l'exposition intitulée, "Quand les lignes et les formes se meuvent", impose la visite et même qu'on emporte une partie de lui avec soi, surtout que le sceau sous-tendant sa nouvelle tendance d'inspiration est le constructivisme, autant de faits dont il a entretenu les hommes de médias et des collègues artistes venant honorer la manifestation de présentation, qui s'est tenue à la "Gallery Charly", à Cotonou, le jeudi 13 février 2020. La surprise, au grand rendez-vous ...

De gauche à droite, Steven Adjaï et Charly d'Almeida, au cours du vernissage de l'exposition

29 pièces dont 4 toiles et 25 sculptures. La richesse incluse dans la finesse d'oeuvres, dont il est revenu à l'artiste peintre et sculpteur, Charly d'Almeida, de faire la présentation de l'exposition intitulée, "Quand les lignes et les formes se meuvent", dans le milieu de l'après-midi du jeudi 13 février 2029 à la "Gallery Charly", sis quartier Zongo, à Cotonou. Les oeuvres, réparties en deux espaces, démontrent de quelle manière l'artiste a fait siens les principes directeurs du constructivisme, eux qu'il a ingurgités, ruminés, passés au crible de sa cervelle et ramenés à la surface par des oeuvres, sous un concept réaménagé à son goût : le néo-constructivisme. 


Par conséquent, du constructivisme, promu en 1920 par le Russe Naum Gabo, au néo-constructivisme de Charly d'Almeida, il s'agit du passage d'une inspiration artistique, plus concrète, 100 ans après sa naissance, à celle d'un autre type, caractérisée par la recherche de l'équilibre et par la mise en harmonie, à travers des sculptures, de formes et de lignes, appelées à ne jamais concorder, coopérer.

Aperçu des sculptures, à la terrasse de la "Gallery Charly", ...

Ce sont donc 17 sculptures dont certaines sur socle et, d'autres, au mur, qu'il est possible de découvrir à la "Gallery Charly", dès la terrasse de l'espace et, 8 autres, dans la salle proprement dite d'exposition, sur socle et au mur, aussi, appuyées qu'elles sont par 4 toiles qui ne sont que le miroir des oeuvres de sculpture, à travers le concept central qui les fonde par une couleur unie de fond : Charly d'Almeida a restitué sur ces tableaux les lignes et les formes divergentes qui convergent dans une harmonie, aux fins de l'expression de plusieurs sensations, à savoir "l'équilibre, la montée, la pensée, l'éclosion, les vibrations, les expansions et les scènes sensuelles", a précisé Steven Adjaï, curateur de l'exposition, au cours de sa présentation des oeuvres.


Quant aux matériaux de travail, récupérés, pour les sculptures, comme il faut s'y attendre avec Charly d'Almeida, il s'agit du fer à béton, prélevé sur des ruines de bâtiments mis en effondrement, en destruction, de même que des pièces clés de véhicules à deux roues comme un simple démarreur, et de boules en métal, qui expriment la providence, les perceptions intelligibles, à comprendre les détails présentés par l'artiste. 

... sans oublier les toiles de la salle d'exposition

Par ailleurs interpelle profondément, rend propice à l'appréhension de l'agencement des pièces, installées de la terrasse à la salle d'exposition, un calme, un silence, une paix ou une ambiance propice à une sérénité de réflexion et à une certaine élévation d'esprit pour accéder à la hauteur d'univers, préparée par ce nouveau jet d'inspiration à la Charly d'Almeida.


Les visiteurs et les amateurs d'art contemporain disposent jusqu'au 21 mars 2020 pour aller s'imprégner de la nouvelle norme néo-constructiviste, d'un génie purement béninois, qui, en réalité, a généré, selon le curateur Steven Adjaï, un flux d'une bonne soixantaine de productions dont 20 tableaux, interchangeables, jusqu'à la clôture de l'exposition.


Marcel Kpogodo

samedi 28 janvier 2017

L’artiste Damas tient l'exposition, ’’La réconciliation’’

Dans le cadre d’un vernissage organisé à Cotonou


Le restaurant ’’Le Steinmetz’’, sis quartier Guinkomey, à Cotonou, a accueilli le vernissage de l’exposition dénommée ’’La réconciliation’’, organisée par l’artiste peintre béninois, Joseph Dama, alias Damas. C’était dans la soirée du vendredi 20 janvier 2017.

Damas, en face du diptyque, ''La réconciliation'', à son atelier de travail
17 tableaux répartis aux murs du salon du restaurant ’’Le Steinmetz’’ de même qu’à ceux de l’espace d’exposition du 1er étage que le public pourra aller regarder. L’essentiel à retenir de l’exposition, ’’La réconciliation’’, dont le vernissage a eu lieu dans la soirée du vendredi 20 janvier 2017, devant un certain nombre d’invités. Parmi eux, l’artiste peintre Charly d’Almeida dont l’atelier a servi de centre d’apprentissage à l’artiste du jour, Damas, de son nom à l’état-civil, Joseph Dama, pendant un peu plus de sept années.
Dans ses explications aux visiteurs, au lancement de l’exposition, Damas a montré que, pour une manifestation prévue pour se terminer le 20 février, il donne à voir des tableaux dont les titres varient, notamment, ’’Rêve’’, ’’Femme africaine’’, ’’Destin’’, ’’La sagesse’’, ’’Femme enceinte’’, ’’Le monde’’, ’’Femme amazone’’, ’’La force’’, ’’Couple’’, ’’La réconciliation’’. Si la dernière est un diptytique indissociable, c’est-à-dire une toile réalisée en deux parties détachables mais illisibles l’une sans l’autre, elle symbolise pour lui une demande personnelle de pardon à tous ceux qu’il aurait offensés, l’année précédente, une attitude qui, selon lui, devrait être récupérée par tous, vu que chacun a quelque chose à se faire pardonner chez beaucoup de personnes. Et, dans le cas où l’on aurait réussi à atteindre cet objectif, chez nos offensés, cela amènerait une gestion de l’année nouvelle, dans de bonnes conditions.
Par ailleurs, concernant ses œuvres, abonné à l’acrylique, l’artiste la rend compatible avec le rouge de la latérite d’Abomey, qui reste un matériau de travail, sans oublier que ceux auxquels il tient le plus sont les filets de pêche et les moustiquaires, tous deux étant la base des reliefs remarquables sur la plupart des tableaux aux couleurs de prédilection dont les tons sont souvent foncés, sombres.
Dans le premier cas, l’utilisation des filets de pêche revêt pour Damas une importance capitale, vu qu’ils le réfèrent aux pêcheurs qu’il côtoie dans les environs de l’Hôtel ’’Eldorado’’, à Akpakpa, où se trouve son atelier. Ceux-ci l’impressionnent par la rudesse de leur travail relatif à la quête du poisson au fond des mers. En la matière, l’artiste se fait plus clair : le filet le renvoie à la corde et, celle-ci, au tissu, ce qui l’amène à considérer que la corde est la base de tout vêtement qu’utilise l’être humain, ce dont celui-ci ne saurait se passer, dans la civilisation actuelle, étant donné qu’il en tire toute la valeur que la société lui accorde ; elle reste, selon Damas, sa couverture contre les intempéries et contre l’accès de l’autre à son intimité physique.
Un autre matériau qui fait de cet artiste peintre un récupérateur est la moustiquaire. Elle lui sert de tremplin pour la suggestion d’un message d’appel à la protection de la mère et de l’enfant contre le paludisme.
Ce réalisme thématique inonde les 17 productions que le public devrait aller contempler au restaurant ’’Le Steinmetz’’, en face de l’Hôtel ’’Vertigo’’, situé sur l’Avenue ’’Steinmetz’’, tous les jours jusqu’au 20 février, de quoi se rendre compte de quelle manière Damas en a pris quelque peu de Charly d’Almeida, son principal maître et, aussi, des autres artistes peintres béninois reconnus, Tchif et Dominique Zinkpè ; il y a aussi acquis les repères de son art, pendant, respectivement, cinq et un an.

Marcel Kpogodo

lundi 20 avril 2015

Elon-m, Yamferlino’s et Sébastien Boko, trois pointures dans le ’’Cénacle expérimental’’

Aperçu sur un cru de bonne qualité


Le samedi 11 avril dernier a donné lieu à une exposition d’une soirée. C’était à l’Institut français de Cotonou, dans le cadre de la clôture de la résidence de création dénommée ’’Cénacle expérimental’’. Parmi les 10 artistes ayant participé à l’opération, vue sur trois d’entre eux dont la fougue artistique abonde dans le sens d’un talent récurrent : Elon-m, Yamferlino’s et Sébastien Boko.

Deux jeunes artistes peintres et un sculpteur. Elon-m, de son nom plus complet, Elon-m Catilina Amévi Tossou, Yamferlino’s, s’appelant, à l’état-civil, Lionel Ferréol Yamadjako et, enfin, Sébastien Boko. Un travail d’une trempe singulière, chez l’un et l’autre. Une remarque qui s’imposait à l’exposition de restitution d’une dizaine de jours de travail en résidence, une présentation organisée par Charly d’Almeida, le samedi 11 avril 2015, à l’Espace ’’Joseph Kpobly’’ de l’Institut français de Cotonou.
Elon-m, en résidence de création, le 3 avril dernier
Le premier, Elon-m, a matérialisé son inspiration sur le thème de la liberté, par trois toiles : ’’Liberty city’’, ’’Laissez-moi dire’’ et ’’La liberté des individus’’. Selon ses explications, il a réalisé la première et la troisième, grâce à la technique du couteau, dans le sens de l’expression d’une représentation réaliste de la vie. Le couteau se révèle donc comme un instrument novateur dans sa démarche de travail, complétant sa stratégie par le crayonnage devant concorder avec les idées à exprimer, celles-ci se marquant par l’étude des tons pour agencer les couleurs, de façon à ce qu’elles s’appellent, a continué de clarifier Elon-m.


Grâce à cet instrument qu’est le couteau, il réussit aussi à installer confortablement ses idées dans l’abstraction, les stylisant, rendant hermétique son message, ce dont il se satisfait, montrant, d’une part, la liberté et l’ouverture du lecteur de l’œuvre à manifester sa propre compréhension de la toile et, d’autre part, la nécessité de rendre sélectif le groupe restreint des lecteurs pouvant se rapprocher du message. Voilà le sens du tableau ’’Laissez-moi dire’’ où il faut lire une décomposition artistique du visage humain dont les différentes parties sont généreusement disséminées aux quatre coins de la toile, laissant le public à son sort de grandes et profondes équations de déchiffrage.

... de même que Yamferlino's ...
Se rapportant à Yamferlino’s, trois travaux aussi lui servent à concrétiser ses pensées : ’’Service libre’’, ’’Libre expression’’ et ’’Visibilité’’. Un point commun : des traits de gribouillage qui replongent nostalgiquement l’artiste dans l’enfance, aux premières années de sa pratique du dessin. Sinon, sur ses tableaux, les couleurs rivalisent d’espace, les visages tentent de se faire jour, le peintre s’amuse ; pour Yamferlino’s, l’entreprise semble avoir été un jeu.

... et Sébastien Boko, en pleine manipulation de sa tronçonneuse
Sébastien Boko, lui, a montré, au cours de cette exposition de l’Institut français de Cotonou, deux pièces de sculpture : ’’Aïcha’’ et ’’Kèkènon’’. Des visages, longs, sur socle, les lèvres arrondies, les lunettes aux verres embrouillées par plusieurs cadenas, pour une explication très simple de l’artiste : « Je bloque les critiques sur l’autre et je me braque sur moi, pour me changer ». Et, les contours arrondies des pièces ont une cause : Sébastien Boko conçoit désormais un monde au féminin, de quoi en extirper les affrontements, les guerres, les crises, des fléaux trop masculins.

Les artistes résidents et Tchif

Elon-m, Yamferlino’s et Sébastien Boko. Ce sont trois forces qui sont et qui devront persister à être, de même que les sept autres, celles de Sika Adjélé da Silveira, d'Eliane Aïsso, de Constantine Gbètoho, de Bello Kifouli, de Damas, d'Achille Adonon, de Mahoussi Ahodoto, qui, toutes, ont reçu les sages conseils d'un aîné, à l'issue de la soirée d'exposition : Tchif.


Marcel Kpogodo 

jeudi 16 avril 2015

Damas, une curiosité dans le ’’Cénacle expérimental’’

Révélation sur un artiste, aux derniers jours du combat


Depuis la soirée du jeudi 9 avril 2015 s’est close la résidence de création dénommée ’’Cénacle expérimental’’, à l’issue d’une restitution des œuvres produites par les 10 artistes stagiaires. L’un d’eux, Joseph Dama, alias Damas, diffère de ses condisciples en plusieurs points.

Damas, au travail, le 3 avril dernier, au cours de la résidence ''Cénacle expérimental''
Des tiges de corde et des morceaux de bois harmonieusement agencés sur des toiles. Trois au total. Un fond toujours sombre, noir sur deux des tableaux et d’un bleu très foncé s’éclairant progressivement par le centre, à l’intérieur. Du rouge, abondant ici, rare là-bas, mais existant. C’est Damas tout craché, de son nom à l’état-civil, Joseph Dama. Réservé jusqu’à la manifestation sur son visage de la moindre émotion, il s’est quand même expliqué sur le message de ses toiles, numérotées de 20 à 22, successivement, le jeudi 9 avril 2015, à l’espace ’’Café cauris coquillages’’ de Togbin, lors de l’exposition tenant lieu de clôture de la résidence ’’Cénacle expérimental’’ et, le samedi 11, en soirée, à l’Institut français de Cotonou.
Nettement, ’’La vie’’, le tableau n°21, se détache par, justement, le bleu extrêmement foncé, fondamental contrastant en son centre par du rouge imposant, ce qui, selon, lui, signifie le soleil et le sens de lumière, accroché à cet astre, pour dire que les périodes d’adversité, dans la vie de l’être humain, passent pour laisser la place au bonheur, sans oublier que, par extension, il exprime, avec l’arrimage au rouge, la liberté de source dans laquelle l’homme vit, elle qui est intemporelle et qui lui permet de réaliser tout ce qu’il désire.
Par rapport aux toiles ’’Protection’’ et ’’Couple’’, les 20 et 22, le noir de fond constitue l’uniforme dont Damas les vêtit, sans contrer un schéma récurrent, celui de l’exploitation du milieu de la toile pour une exécution particulière : nous avons de la corde et des morceaux de bois. Pour Damas, la corde est importante dans notre vie, basée sur le fil qui constitue tout ce que nous portons, notamment, sans compter le bois, un matériau dont l’utilité dans la création des objets quotidiens va de soi.
Dans sa sobriété de parole, Damas réussit à nous faire comprendre qu’en matière de pratique artistique, il a fait un certain chemin, capitalisant 17 ans de carrière, ayant déjà été ’’mentoré’’ par Charly d’Almeida, en 1998-2004, coaché par Dominique Zinkpè, en 2005-2006 et, dirigé par Tchif, entre 2006 et 2013.

Marcel Kpogodo   

samedi 11 avril 2015

Deux "sorciers" dans le ''Cénacle expérimental'' de Charly d'Almeida

Entrée dans l’intimité de deux jeunes créateurs


Vue sur deux jeunes espoirs des arts plastiques au Bénin, le 8 avril dernier, à la veille du vernissage de l’exposition tenant lieu de restitution de la résidence de création, le ’’Cénacle expérimental’’, mise en place par l’artiste peintre béninois, Charly d’Almeida,  ; ils fusionnent par une force de caractère peu commune : des ’’sorciers’’, pour leur entourage qui s’habitue très peu à eux …


Ils sont considérés par leurs proches familiaux comme des ’’sorciers’’, étant donné leur résistance à se faire envahir par une atmosphère extérieure peu plaisante, peu épanouissante, une situation de deuil, en l’occurrence ; devant les larmes ambiantes, ils gardent les yeux secs, ruminant intimement leur douleur, s’extrayant de l’hypocrisie exigée par les règles de la comédie humaine, s’économisant tout comportement futile, inutile, incapable de contrer, de conjurer la fatalité. Devant un tel anticonformisme mal reçu, ils ne sont que des sorciers.
Achille Adonon, en pleine création, le 3 avril dernier ...
L’un est peintre, l’autre l’est aussi, mais il se fait découvrir sous une autre facette de sculpteur-récupérateur. La résidence de création, de formation et d’échanges, dénommée ’’Le cénacle expérimental’’, tenue du 1er au 9 avril derniers, à l’initiative de Charly d’Almeida, est le cadre ayant permis d’entrer dans l’intimité de leur psychologie.
L’un, d’une taille un peu légèrement au-dessus de la moyenne, malingre, la simplicité d’un regard pétillant de consistance, il reçoit de bons effluves d’inspiration sous l’effet d’une musique gospel distillée dans ses oreilles par les écouteurs de son téléphone portable. L’autre, de taille modeste, dreadlockeux, le sourire facile, mais le regard ferme. Un contraste entre ces deux personnalités, une opposition qui n’est qu’apparente, quand elles nous donnent l’occasion de les pénétrer. Donc, en plus de déployer un caractère commun de sorcier, ils sont de la vingt-huitaine et ont travaillé sur la guerre, au ’’Cénacle expérimental’’.
Le premier déploie ce thème à son niveau étroitement social, à travers une toile portant justement le titre, ’’Le choix’’, une peinture aussi sombre, aussi mélancolique, que l’état d’âme quotidien de ce jeune artiste : du gris-cendre, du jaune sombre, du noir … Et, ces couleurs, confie-t-il, c’est la relation de son enfance difficile, lui qui est né en Mauritanie, d’un père mécanicien d’avion, qui a choisi de se faire élever par son oncle maternel, qui a fait ses premiers bancs d’école à Savè, dans un environnement social où les ressortissants de l’ethnie fon sont l’objet d’une haine séculaire rappelant les durs moments des guerres de conquête des rois d’Abomey. Victime collatérale lointaine, il n’arrivait pas à s’exprimer ou, si cela était possible, cela se passait avec des ressortissants aboméens,  comme lui ; on le détestait sans qu’il ait fait quelque chose à quelqu’un. C’est ainsi qu’il présente le ton d’une guerre au Bénin entre les localités : « Les fon ne s’entendent pas avec les Idaatcha à cause du passé, cela constitue un frein au développement et est attisé par des parents qui ont mal éduqué leur progéniture ; ils lui inculquent cette mentalité de la mésentente, ce qui est un véritable fléau social », éclaircit-il.  « J’expose le monde en mouvement, les vibrations que je ressens au sein de mon environnement », explique-t-il, comme pour renforcer l’analyse de son premier tableau : selon lui, au Bénin, la guerre se tient aussi dans les familles, entre des frères qui, par tous les moyens, se disputent l’héritage paternel.
Toutes ces guerres, il use d’une démarche très précise pour les révéler : ses matériaux favoris sont des lacets et des résidus de charbon, ces seconds qui lui rappellent fortement l’ambiance culinaire de son environnement d’enfance, ce qui montre une profonde inspiration de cet artiste de son vécu personnel. Pour lui, Charly d’Almeida est un modèle depuis toujours, un repère à atteindre et à dépasser, sa manière de lui rendre hommage de l’inspirer constamment et de lui avoir donné une ouverture à travers le ’’Cénacle expérimental’’.
Dans ses deuxième et troisième toiles, la liberté, sujet de la résidence de création, trouve une place d’impératrice. La première, intitulée ’’Horizon’’, livre deux facettes de la liberté, comme sur une pièce d’argent : la première décline le jour comme la propre expression de cette liberté où l’être humain peut aller et venir, travailler, se livrer à ses différentes occupations, ce que permet le soleil, la lumière qu’il dégage. La seconde restitue tout le contraire à travers la nuit qui met tout le monde au repos.
Avec le tableau intitulé ’’Ordonnance’’, il y a l’expression des limites à la liberté.



L’autre …

Pierre Mahoussi Ahodoto
Quant à l’autre artiste, le second des deux, il est bâti à peu près dans la même matière intellectuelle que le premier qui a renoncé au baccalauréat, après deux tentatives infructueuses. Lui n’a pu même atteindre cette étape, ce qui ne constitue guère pour lui un handicap, armé qu’il est aussi de la rage de dénoncer la guerre ; il se livre à cette vision ponctuelle par le montage artistique d’armes de guerre, à qui il définit la mission de la destruction psychologique de la guerre : des Akm 5 et 10. Ses matériaux en sont les sachets, les toiles cirées, les récipients en plastiques qui ne sont plus utilisés. Il les récupère, les brûle, les modèle de façon à leur imprimer les formes qu’il veut : d’un côté, deux pistolets, d’un autre, des sculptures toutes en noir, qu’il décrit comme des corps humains déformés, éclopés par les guerres. Mais, reconnaît-il, dans cette violence qu’il dénonce s’exerce la sienne propre, celle qu’il commet par l’étape cruciale de la brûlure incontournable du plastique, ce qui dégage une fumée noire destructrice de la couche d’ozone. Très vite, il trouve un facteur de consolation : la récupération de tous les éléments en plastique, non biodégradables par-dessus tout, constitue une action salvatrice de l’environnement.

L’un est Achille Adonon, l’autre, Pierre Mahoussi Ahodoto.


Marcel Kpogodo 

jeudi 9 avril 2015

Inspirations féminines dans le ’’Cénacle expérimental’’ de Charly d’Almeida

Visite sur un terrain de travail pris d'assaut par les résidents


Depuis le 1er avril dernier se tient à l’Espace culturel et touristique, ’’Café cauris coquillages’’, le ’’Cénacle expérimental’’, une résidence de création, de formation et d’échanges, prenant en compte une dizaine de jeunes artistes plasticiens, initiée par l’artiste peintre béninois, Charly d’Almeida. Quatre stagiaires parmi ceux-ci sont des femmes. Nous avons décidé d’aller à leur rencontre …


Adjélé Sika da Silveira, Eliane Aïsso et Constantine Gbètoho ont décidé de jouer le jeu de l’ouverture. Quant à Moufouli Bello, … Mais, à notre visite, à la veille du grand vernissage final, celle-ci avait déjà sorti, de son inspiration, deux tableaux de dimensions moyennes, flamboyant d’un visage bleu en gros plan. Le visage, justement, semble son mode d’expression, puisqu’il frappe par sa présence récurrente sur les deux productions. De même, la couleur bleue apparaît comme une constante, en dépit d'un majestueux voile en ligne jaune impérative de barrage policier, du genre: " ... Do not cross ...". Moufouli Bello a parlé et, c’est dans le cadre de la résidence de création intitulée ’’Cénacle expérimental’’, de Charly d’Almeida, qui se déroule du 1er au 9 avril 2015, à ’’Café cauris coquillages’’, sur l’itinéraire de la ’’Route des pêches’’, à Togbin. La liberté : le fondement de l’inspiration des stagiaires.


Sika …

Le 3 avril, au moment de notre visite, Sika da Silveira exprimait le contenu de ses idées, dans l’espace de travail réservé à la résidence de création. Reflétant le fruit de sa trituration du sujet en jeu, entourée de Lionel Ferréol Yamadjako, alias Yamferlino’s, à sa gauche, et de Constantine, de son nom complet, Constantine Gbètoho, suivie de Damas, de son nom à l’état-civil, Joseph Dama, à sa droite, ses explications, celles de Sika, sont d’une grande limpidité : elle tire beaucoup de la nature, ce que montre, sur le tableau en gestation, des reliefs en un arbre aux branchages effeuillés, alors qu’à quelques mètres derrière elle, un arbre respire cette même texture. Ces reliefs, elle les compose avec du tissu et des éléments naturels, les mettant en valeur sur un tableau par des instruments ordinaires : ses doigts et ses pinceaux …
Même si les fonds de bleu et de blanc du jour ont connu une totale métamorphose, quatre jours plus tard, pour virer au sombre indigo illuminé par un jaune, entre autres, non offensif, Sika, tout en passant des coups de pinceau, exposait, au moment où elle nous parlait, que sa nature, c’est aussi le bleu du ciel et de la mer, c’est le jaune, à travers la lumière, l’éclat du soleil, le rayonnement provenant de l’être humain quand il se trouve en contact avec ces éléments, c’est le blanc, par la pureté qui existe originellement dans le cœur des hommes, cette pureté par laquelle la nature communie avec eux, c’est l’indigo symbolisant, pour elle, la terre, l’énergie, la force, c’est cet indigo qu’elle obtient par les résidus de bois qu’elle va chercher, pas plus loin que dans l’espace de Sébastien Boko, en diagonale vis-à-vis d’elle, brouillant notre entretien par sa tronçonneuse.
Sika, active dans la peinture depuis trois ans, avant cela, designer et créatrice de bijoux, dans le serpentement qu’elle a orchestré sur sa toile, communique qu’il exprime le croisement, la diversité, mais, aussi, l’harmonie ; elle n’oublie pas de nous donner sa version du thème de la liberté : « Chacun a son chemin qui dépend de son regard sur la vie. Etre libre, c’est faire son chemin, [d'où le serpentement sur le tableau, les croisements] en fonction de ce que l’on est, de la personnalité de chacun, c’est aussi tolérer les autres, c’est vivre sa personnalité sans agir sur celle de l’autre … »         

Constantine …

La générosité de l’explication de son travail, en ce 3 avril, nous oriente directement vers sa lecture de la liberté ; sur sa toile, elle la veut pour les femmes, elles qu’elle considère comme riches en inspiration pour faire exploser leurs idées, pour faire réussir la société : « Il faut laisser de l’initiative aux femmes, pour voir ce que cela va donner ; si on la laisse sortir tout ce qu’elle a en elle, cela sera très intéressant », proclame-t-elle, pointant du doigt un filet peint en bleu, aplati, qui monopolise toute la toile, sur un fond bleu, de part et d’autre … Du vert foncé domine sur le bleu de fond, au niveau de la bordure du bas et de la droite, pendant que du blanc prend en charge la bordure du haut et de la gauche. Quatre jours plus tard, ce filet, complètement stylisé, vu de loin, donne l’aspect d’un personnage aux membres généreusement écartés ; il s’intègre facilement à la toile.
Ce filet, Constantine y lit la prison naturelle et dorée de la femme qu’est le mariage, le mariage, ce signe de réussite sociale suscitant la convoitise des femmes environnantes et, pour cette artiste, le vert foncé qui se profile, c’est la végétation, la vie, comme si la femme ne devrait trouver la vie et l’épanouissement que dans un mariage au sein duquel elle exprime toute sa personnalité.
En dehors du filet, un autre instrument de communication : du papier kleenex. Il lui sert à réaliser des personnages, ceux-ci, libres, après un certain sacrifice, cette étape que symbolise trois petites calebasses en haut du filet, sans oublier une autre, au bas, incarnant la sortie d’un labyrinthe douloureux, un épanouissement digne de celui d’une femme venant de perdre sa virginité, ce que Constantine veut bien concevoir, avec ces traces de peinture rouge … Elle aussi adore utiliser un certain instrument de travail, la main, elle pour qui le ’’Cénacle expérimental’’ constitue un espace d’épanouissement, vu qu’elle prise par-dessus tout le travail en groupe, en club : « Je suis meilleure et plus productive quand je travaille avec les autres », confie-t-elle.


Eliane …

Sa liberté, c’est un acquis qui n’épanouit pas, ce que génère les deux toiles dont elle a jeté les bases du contenu de fond, après seulement deux jours de travail : ici et là, des personnages centrés, sont regroupés autour d’un seul, ce qui la pousse à expliquer : « La liberté, certains en ont besoin mais n’arrivent pas à l’avoir. Dès qu’il l’acquiert, l’être humain a néanmoins besoin des autres pour s’épanouir ». Et, sous le coup d’une inspiration subite, un titre lui vient pour donner une identité à l’une des deux toiles : « Conquête de la liberté » ! Elle me regarde, fait le tour de son environnement et me confirme que son choix est le définitif … Les couleurs variées de ses toiles : la diversité des personnalités, des caractères et des inspirations, pour contribuer à l'épanouissement du genre humain. 



Marcel Kpogodo   

lundi 30 mars 2015

Mahoussi Ahodoto, un jeune artiste atypique dans la résidence de Charly d’Almeida

Découverte d’un esprit qui s’est imposé son destin


Pierre Mahoussi Ahodoto est l’un des neuf artistes de la génération montante des arts plastiques béninois, qui entre en résidence de création, ''Cénacle expérimental'' de Charly d'Almeida, dès le 1er avril 2015, à Togbin. Aperçu sur une jeune poigne qui n’a pas voulu se laisser faire par la vie.

Mahoussi Ahodoto, le sourire de la victoire sur les adversités de la vie ...
28 ans bientôt, taille modeste et, tout en courts dreadlocks, le voilà une jeune poigne dont l’atypisme réside dans sa capacité à échapper, de manière décisive, à une mauvaise vie, défavorisé qu’il s’est révélé être, par la nature : orphelin de père, à trois ans, laissé à la pauvreté et à sa mère démunie, en même temps que ses quatre autres frères restés vivants et son unique sœur, contraint à un abandon de l’école, au Cours moyen 1ère année (Cm1), à cause d’une absence impitoyable de moyens financiers pour lui assurer ses études.
La seule issue qui s’impose alors, le ferraillage, héritage professionnel du père dans lequel s’engagent aussi ses autres frères. Il accompagnait l’aîné d’ente eux sur les chantiers de prestation de services ; Glazoué, Bohicon, Porto-Novo, Abomey sont donc des villes qu’il a l’occasion de connaître. Mais, ces opportunités d’exercer techniquement, déjà, tout jeune, ne l’empêchent pas de devenir un enfant de la rue ; à 14 ans, il se voue à assumer la rupture avec sa famille et, il réussit à ne pas atterrir là où l’on devrait l’attendre : dans l’univers de la délinquance, dans les dédales de l’alcoolisme, dans les broussailles de l’éclatement de soi au joint, … Rien n’y fit ; il leur échappe majestueusement, fabriquant, de ses mains, des maisons et d’autres objets en miniature, pour les vendre sur la plage, de quoi assurer ses jours de vie, ses jours de solitaire révolté.
Ce qu’il fabriquait en s’amusant s’est révélé d’un sérieux exploitable et, en 2008, le voilà résolument parachuté dans l’univers réellement artistique par sa participation au Festival ’’Prom’art jeunes’’, de Mozart Fandohan, en 2008 ; il avait réalisé des tableaux, ce qui l’a amené à être sélectionné, à participer à un atelier de formation, à finir, enrichi et armé d’une salvatrice attestation. Il commence alors à peindre. « Je ne me suis pas intéressé à l’art, parce que c’était en moi », confie-t-il, mais d’autres déboires n’avaient pas manqué de tenter en lui le découragement : le peu d’intérêt extérieur pour son travail, la mévente, notamment. Ceci le conduit à se délester de sa vocation, pour y revenir plus que jamais, puisque, « chasser le naturel, il revient au galop ». Accroché à l’art, arc-bouté plus que jamais, le voilà alignant les participations aux événements de son univers professionnel : Bénin golden awards (Bga), ’’Arts 7/7’’, ’’Rayons d’Afric’’, sans compter qu’entre temps, il est passé par un atelier de formation en peinture chinoise. En outre, du lointain de ses souvenirs, d’autres noms, significatifs de la réalisation de l’artiste qu’il se bat pour devenir, lui viennent à l’esprit, pourvus d’un certain sens de reconnaissance : Gratien Adowanou, alias Adogra, Amour Yémandjro, …
Se considérant comme un artiste autodidacte, il se voit aujourd’hui outillé pour se créer un autre monde, « mon monde personnel à moi », commente-t-il. C’est ainsi qu’il se lance dans la récupération qui assainit l’environnement, se saisissant du plastique, des sachets de la même matière et des bidons. But ultime : réaliser des œuvres d’art sous forme de masques, de sculptures sur socle, d’armes ! Oui, il fabrique des armes et, cela n’a rien d’un hasard. Ce n’est pas pour encourager à la guerre, mais pour la dénoncer en Afrique, de même que les Occidentaux qu’il considère comme en étant à l’origine pour s’accaparer les richesses de la ’’Maman Africa’’. Mais, une situation qui, selon lui, est prémonitoire de ce que ce continent flirte en permanence avec le crépitement des armes : la carte retournée est bel et bien un pistolet ! Donc, à en croire sa réflexion, la guerre est écrite sur l’Afrique, mais « on peut l’éviter », conclut-il, d’un sourire optimiste. Restituant cet élan de coïncidence, les socles qu’il fabriquera, à l’atelier du 1er avril prochain, à Togbin, avec Charly d'Almeida, comme observateur critique de ses productions, auront la forme d’une arme ; « je ne peindrai pas de tableaux », continue-t-il de confier, « il n’y aura rien que de la création en sculpture ».  


Marcel Kpogodo

Charly d'Almeida met en résidence près d'une dizaine de jeunes artistes plasticiens

Ce sera au début du mois d'avril 2015


L'artiste-plasticien béninois, Charly d'Almeida organise, dès le 1er avril prochain, une résidence de création devant prendre en compte 9 autres artistes de la génération montante. Le cadre de cette manifestation est l'Espace culturel ''Café cauris coquillages'', au niveau de la Routes des pêches de Togbin.

Charly d'Almeida
''Cénacle expérimental'' est la dénomination d'une résidence de création qui se tiendra, des 1er au 9 avril prochains, au niveau de ''Café cauris coquillages'', un espace culturel et touristique de la localité de Togbin, à l'initiative de l'artiste-plasticien béninois, Charly d'Almeida. Placée sous le thème de la liberté, cette manifestation permettra de laisser se déchaîner l'inspiration de 9 jeunes artistes qui commencent à se faire un nom dans l'univers des arts plastiques au Bénin : Adjélé Sika Da Silveira, Constantine Gbètoho, Elon-m Catilina Tossou, Pierre Mahoussi Ahodoto, Achille Adonon, Joseph Dama, Lionel Ferréol Yamadjako, Eliane Aïsso et Sébastien Boko. "C'est une expérience que je veux faire avec eux pour savoir qui est qui ; s'ils arrivent à s'en sortir, ce sera notre fierté de les voir évoluer", explique Charly d'Almeida.
Donc, pour le concepteur de cet événement qui se déroulera sous la férule de l'Association dont il est le Président et qu'il a créée en 2011, ''Mibo'', ce qui signifie, en langue fon, "Mettez-vous ensemble", ''Cénacle expérimental'', qu'il comprend comme "une résidence de création, de formation et d'échanges" se justifie par le fait qu'ont tendance à disparaître ce genre d'événements de regroupement d'artistes, grâce auxquels, au fil des années, les arts plastiques béninois ont acquis un niveau appréciable, aujourd'hui. Selon lui, ces circonstances de rencontres ont démontré leur importance par la capacité qu'ils ont eu d'induire la découverte et l'éclosion des talents, notamment, avec des promoteurs comme Dominique Zinkpè et Ousmane Alédji. 
Ainsi, cette expérience qu'il lance servira aux artistes sélectionnés dans leur vie et dans leur carrière, surtout qu'il entend profiter de ''Cénacle expérimental'' pour répondre à leurs attentes, eux qui ont besoin de certains repères "pour se trouver mieux dans leur future vie artistique". "Il y a de nouveaux outils dont ils doivent maîtriser toutes les tournures, notamment, comment faire le marketing de leur travail, comment pérenniser une oeuvre, comment la réaliser de façon à ce qu'elle puisse rester longtemps, comment cultiver un certain nombre de valeurs pour pouvoir s'élever", continue-t-il, sans oublier de justifier le thème de la liberté qui fondera les différentes créations : "C'est l'actualité ; nous qui faisons de l'art visuel avons tendance à aller vers l'actualité ... La liberté, on en parle beaucoup dans le monde d'aujourd'hui, la liberté d'expression, en l'occurrence ; je veux voir leurs réactions par rapport à ce thème". 



Des dates de la manifestation

''Cénacle expérimental donnera lieu, le 9 avril, à une porte ouverte au public sur l'atelier de travail des artistes résidents, ce qui sera suivi d'une animation folklorique, de 18h à 22h. Ensuite, le 11 avril se déroulera le vernissage de l'exposition des oeuvres des artistes, à l'Institut français de Cotonou. 


Marcel Kpogodo

vendredi 27 février 2015

’’Ilé ya Africa’’ appelle au retour aux sources la diaspora africaine

Dans le cadre du vernissage d'une exposition de trois jours 


La soirée du 5 février 2015 a permis d’assister à un événement culturel d’un genre particulier. C’était en début de soirée, au niveau du principal hall d’exposition de ’’La maison rouge’’, sis quartier des villas Censad de Cotonou. L’Association ’’Ilé ya Africa’’ a profité du vernissage d’une exposition collective pour lancer un vibrant appel à la prise de conscience de la diaspora africaine, sous la férule des deux premiers responsables de l’organisation d’ordre culturel. Plusieurs invités de haut rang ont participé à la manifestation.

Erick Ahouansou
Les artistes plasticiens, Erick Ahouansou et Francel Dagbéto, alias Aris, sont respectivement le Président et le Vice-président de l’Association culturelle ’’Ilé ya Africa’’, qui signifie, en langue yoruba, « Il est temps de retourner en Afrique ». C’est sous leur initiative que s’est déroulé le vernissage de l’exposition collective intitulée « Célébrons l’Afrique et sa diaspora ». C’était dans la soirée du jeudi 5 février dernier, dans le hall d’exposition de ’’La Maison rouge’’, à Cotonou. Justifiant la tenue d’une exposition collective, à sa troisième édition, prenant en compte une quinzaine d’artistes plasticiens et qui était prévue pour s’achever le 7, Erick Ahouansou n’a pas manqué de préciser, notamment : « Notre intention est de célébrer l’Afrique et ses valeurs, l’Afrique et sa diaspora ». Philippe Abayi, Charly d’Almeida, Julien Dègan, Midy, Henriette Goussikindey, Aris, Zount, Eliane Aïsso, Marina Gandhi, Moufouli Bello, Sika de Silveira, Piza, Erick Ahouansou, Achille Zohoun et Etienne Arèmon, étaient les 15 artistes dont les 27 œuvres ont été mises en exposition, ce parmi lesquelles on trouvait 4 sculptures pour 23 peintures. 

Aris, dans ses explications en direction du public
Parmi ces créateurs, de nombreux non vraiment connus du grand public, ce qui ramène à un choix qui fonde la démarche du duo Ahouansou-Dagbéto : révéler ceux de leur corporation que le public gagnerait à connaître, expliqueront les deux premiers dirigeants d’ ’’Ilé ya Africa’’ aux professionnels des médias. Elargissant leur sélection à des artistes en herbe de la musique, en l’occurrence, Landry, Biouzi et Tobi, appel  a été fait à eux par les organisateurs pour des prestations ayant détendu les visiteurs. Selon Erick Ahouansou et Aris, « l’art peut sauver le monde », raison pour laquelle l’exposition « Célébrons l’Afrique et sa diaspora » leur sert de courroie de transmission pour communiquer avec le public.

Landry, en démonstration musicale, ...
Par ailleurs, en dehors de nombreux artistes de toutes disciplines, plusieurs personnalités en relation avec le monde béninois de la Culture ont fait le déplacement de ce vernissage : respectivement, les Directeurs du Fonds d’aide à la culture, de la Promotion artistique et culturelle, de l’Institut français de Cotonou et l’Ambassadeur d’Allemagne près le Bénin, notamment.


... de même que Biouzi

L’événement s’est déroulé sous le parrainage de l’Ong ’’Aprovie Ong’’, dirigé par Emmanuel Dossou Dossa, ayant été appelé à dire son mot, au cours de la cérémonie d’ouverture.

Emmanuel Dossou Dossa

Marcel Kpogodo


Lucarne : Eliane Aïsso et Moufouli Bello

Eliane Aïsso
L’une et l’autre appartiennent au groupe restreint de la quinzaine d’artistes élus appelés à montrer leurs œuvres. La première, à travers une seule œuvre, ’’Le bal des esprits’’, tableau assez suggestif, fait valoir la communion de l’esprit des disparus avec les vivants, pendant que la seconde, s’abonnant au bleu, a fait vibrer le regard du public sur ’’Can you see me now’’ et ’’Eternal’’, les portraits respectifs d’une fille de la Vallée d’Omo en Ethiopie et de la femme noire ordinaire. Eliane Aïsso et Moufouli Bello, voilà deux esprits spécifiques d’inspiration témoignant de la valeur à découvrir chez les plasticiennes béninoises, entre autres.



M. K.