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dimanche 17 décembre 2023

da Silveira et Tokoudagba, l’expression du rapport de l’homme à l’invisible

Dans le cadre du déroulement d’une exposition


’’Le Centre’’ de Lobozounkpa abrite une exposition collective dénommée ’’Ombres des Ancêtres’’. Le vernissage en a eu lieu le vendredi 15 décembre 2023. Deux artistes peintres et plasticiennes l’animent. Il s’agit de Sika da Silveira et d’Elise Tokoudagba. Leurs œuvres abordent la connexion entre les vivants et les morts.


Sika da Silveira et Elise Tokoudagba, au cours du vernissage de l'exposition


Différentes catégories d’œuvres d’art, de la part de deux artistes visuelles, pour un objectif commun. L’essentiel à retenir d’ ’’Ombres des Ancêtres’’, une exposition dont le vernissage s’est déroulé dans le début de la soirée du vendredi 15 décembre 2023 au ’’Centre’’ de Lobozounkpa, situé au quartier d’Atropocodji, de l’arrondissement de Godomey, dans la commune d’Abomey-Calavi.


Sika da Silveira laisse découvrir par le public des toiles. Elle les a réalisées avec plusieurs matériaux. Ce sont l'acrylique, le fusain et le pastel. Quant aux couleurs, le noir, le blanc et le rouge s’imposent. Elles font référence, respectivement, à l'ombre, à la lumière, à la vie. L’association de ces matériaux et de ces couleurs joue un grand rôle. Ils illustrent la relation étroite entre les mondes des vivants et des morts. L’être humain en est le fil connecteur. Pour l’artiste, il est issu d’une substance infinie : Dieu. Elle en invite au recours aux croyances et aux pratiques culturelles. Elles ont été laissées aux générations actuelles par les ancêtres. Ce recours servira à communiquer avec le monde invisible et l'univers.


Sika da Silveira fait aussi valoir des œuvres photographiques. Elle y présente, notamment, la divinité du ’’vodoun’’, dénommée ’’Abicù’’. Elle est une entité intervenant dans un cas bien précis. Il s’agit de mettre fin aux décès de nouveau-nés dans une famille. Le but en est d’y garantir une vie paisible.


Avec l’œuvre, ’’Zoun mà bù’’, l’artiste attire l’attention sur un facteur actuel. Elle fait ressortir la double valeur écologique et spirituelle des arbres. Dans son propos, elle a expliqué la symbiose des ancêtres avec les forêts. Ceci est dû à leur caractère sacré. Elles constituaient des sites de déroulement de grands cultes et de rituels. Ils étaient dédiés aux ancêtres dans les traditions des pays africains. L’œuvre indiquée fait écho au poème, ’’Souffle’’, de Birago Diop. Elle lui rend hommage et permet une méditation. En sont à la base les vers, « Ceux qui sont morts ne sont jamais partis ».


Elise Tokoudagba, le culte en avant ...


L’artiste s'inscrit dans la communication entre le visible et l’invisible. Ses œuvres sont des sculptures en argile et en fer. Elles sont enduites de peinture astrale à huile. Elles représentent la divinité, ’’ Gù’’, de la religion du ’’vodoun’’. Selon la créatrice, cette divinité détient les clés de la violence. Elle protège ceux qui l'invoquent contre tout sortilège provenant du fer.


Elise Tokoudagba s’inspire aussi des principes d’un culte particulier. Il se dénomme ’’Egun-Egun’’, en yoruba, et ’’Kùlitć’’ en langue du fon. En français, cela signifie ’’revenant’’. C’est une entité représentant les ancêtres décédés. Ils reviennent sous une autre forme auprès des leurs. Ils ont pour buts de les aider, de les guider et de conserver les totems. Ils veillent à la cohésion au sein de la famille, de génération en génération. L’artiste présente aussi la divinité, ’’Aziza’’. Cette entité apporte une abondance intarissable à son invocateur. De même, Elise Tokoudagba propose un tableau montrant la divinité, ’’Hêviossò Agbòtànklàn’’. Elle incarne le tonnerre, une entité justicière.

L’exposition, ’’Ombres des Ancêtres’’, prend fin le 23 février 2024.

Herman Sonon 

mardi 28 novembre 2023

Éric Médéda, des questions vitales sur la tradition

Dans le cadre d'une exposition à Cotonou

Une exposition collective s'est ouverte le samedi 25 novembre 2023. L’événement se passait au Centre culturel chinois de Cotonou, au Bénin. Eric Médéda, artiste contemporain, appartient au groupe des créateurs chinois et béninois. Il y montre quatre œuvres. Elles concernent la tradition béninoise. Il l’explore par des questions sur les trois dimensions du temps.


Eric Médéda, au cours du vernissage au Centre culturel chinois

Qu'avais-je été avant aujourd'hui ? Qui suis-je ? Que suis-je devenu ? Les questions fondamentales que se pose l’artiste contemporain béninois, Eric Médéda, pour le compte d’une exposition collective bénino-chinoise dont le vernissage a eu lieu le samedi 25 novembre 2023, à la salle polyvalente du Centre culturel chinois de Cotonou.

Les trois questions indiquées sont au centre de l’œuvre, ’’Tombée des masques’’. Le visiteur peut en découvrir trois autres, produites par Eric Médéda. Elles l’ont été au cours de la résidence de création ayant débouché sur l’exposition.

’’Partir ou Rester’’ porte un message profond dont seul le contact visuel du visiteur lui permettra le décryptage. Selon Éric Médéda, la toile aborde la soif du citoyen béninois d'aller vers les traditions étrangères. « Pour nous, Béninois, la question se pose tous les jours : est-ce que je dois partir ou rester, avec la richesse de mes traditions spirituelles, sociales, etc. ? Où aller et par quel chemin ? », a clarifié l’artiste, lors d'une brève présentation, au vernissage de l'exposition en question.

Sur cette peinture abstraite, il s’aperçoit trois portes ouvertes sur une ombre indécise d'un début de voyage vers d'autres horizons. Cette œuvre nourrira certainement la réflexion des visiteurs sur la question de la rencontre avec les traditions de différents pays.

Quant à ’’La Rencontre’’, il s’agit d’un tableau à découvrir absolument. Avec ’’L'Oubli’’, l’artiste s’exprime à travers la conception de jeux de flèches. Il y dénonce une faille importante de la mémoire de l'humanité, donc, la tradition. Elle laisse disparaître des pans remarquables de l'histoire.

La plupart des œuvres de l'artiste sont réalisées à travers une technique mixte, avec de l'acrylique sur toile. Elles appartiennent à une exposition collective qui se clôt le 29 novembre 2023. Elle a pour thème, “Traditions - Transversées - Transmissions”. Elle est le fruit d’une résidence de création. Elle a débuté le 10 novembre 2023 pour s’achever le 23. Elle a engagé la synergie du travail entre cinq artistes contemporains béninois et six, chinois, tous, de la nouvelle génération. Premièrement, à part Eric Médéda, il y avait Pierre Mahoussi Ahodoto, Charles d’Almeida, Anne-Marie Akplogan et Sika da Silveira. Deuxièmement, Junxian Zhang, Kai Yan, Haimian Li, Waiwai, Yuan Huang et Bin Liu sont spécialement venus de la Chine pour s’impliquer dans la manifestation artistique.



Eric Médéda, une énergie profonde et abondante


L'artiste contemporain vient d’une précédente exposition. Elle s’intitulait ’’Anonymous’'. Elle s’est déroulée du 15 septembre au 16 novembre 2023. Elle avait pour site le restaurant, ’’La gallery’’, situé à Cotonou, au quartier de Ganhi. Eric Médéda y avait présenté non moins d’une quinzaine de toiles amenant à une profonde réflexion sur les êtres anonymes et les ombres. Elle avait connu un vernissage auquel a pris part Jean-Michel Abimbola, ministre béninois du Tourisme, de la culture et des arts.

A l’occasion, l’artiste s’était exprimé pour aider le public à la compréhension de ses productions du moment : « Ce que nous voyons dans cette salle nous invite à un spectacle orchestré par les ombres. Pour moi, les ombres, particulièrement, dans l'obscurité, incarnent la richesse de notre tradition initiatique au Bénin, en Afrique. En effet, huit initiations sur dix se déroulent dans la nuit, dans notre culture, symbolisant, ainsi, notre passage de l'obscurité à la lumière ».

A travers ses œuvres, l'artiste faisait percevoir la préservation du précieux héritage culturel immatériel du Bénin. Il expliquait sa démarche de travail, en ces termes : « J'ai choisi, au départ, la technique du tamis pour rétablir les liens avec notre histoire. Cependant, en le faisant, j'ai ressenti que nous laissions de côté les acteurs de cette histoire. C'est pourquoi, je représente, désormais, ces personnes dansantes, disparues, impossibles à identifier, sur mes toiles. Ce sont peut-être des individus issus d'histoires que j'ai entendues ou qui naissent de mon imagination quotidienne. Mon but est aussi de révéler le secret immatériel caché dans le couvent ».

Coffi Adjaï, curateur de l'exposition, avait donné son décryptage du choix du thème de l’exposition, ’’Anonymous’’. Selon lui, il est né d'une question fondamentale : « Pourquoi ne pouvons-nous pas voir les visages de ces êtres invisibles qui viennent et qui repartent sans que nous puissions identifier leur identité ? » Cette interrogation a naturellement conduit à l'utilisation du mot “Anonyme”, se traduisant, en anglais, par “Anonymous”, pour désigner l'exposition.

« L'exposition, ’’Anonymous’’, explore le mystère des visages que nous cherchons mais que nous avons perdus. Nous rencontrons des individus, au quotidien, sans aucune garantie de les revoir le lendemain, parfois, même, sans nous souvenir d'eux. Ces rencontres fugaces et ce message sont partie intégrante de cette exposition », avait ajouté Coffi Adjaï.


Des œuvres qui ont beaucoup questionné


Les œuvres exposées invitaient à la réflexion. Parmi elles, ’’Messagers Communs’’ se préoccupait de la communication et de l'harmonie entre les êtres humains. Éric Médéda avait, alors, partagé sa compréhension de cette œuvre. « À l'origine, j'avais baptisé cette œuvre, ’'Tolègba’’. Il s'agit de l'être commun à chacun de nous, qui communique intérieurement des messages d'union et de paix ».

L'œuvre éponyme de l'exposition, ’’Anonymous’’, encourageait, quant à elle, les visiteurs à plonger au plus profond d'eux-mêmes, là où ils restent souvent anonymes pour les autres, afin de construire et de définir leur véritable identité. « C'est une invitation à chacun de nous, confronté à sa propre profondeur anonyme, à se construire et à découvrir sa véritable essence ». Cette exposition pouvait, ainsi, être considérée comme un fondement pour conduire à un certain développement personnel chez les visiteurs.

Lors du vernissage, le ministre, Jean Michel Abimbola, avait adressé ses félicitations à l'artiste, Éric Médéda. « Nous croyons en cet artiste qui a fait ses preuves et qui possède une signature artistique reconnaissable. En nous associant à l'exposition, ’’Anonymous’’, nous nous engageons à transmettre son message, un message qui puise au plus profond de notre patrimoine culturel immatériel au Bénin. Éric Médéda explore l'anonymat, les ombres, avec une délicatesse qui semble caresser la toile. Son approche légère résonne avec une quête philosophique transcendante, questionnant l'essence de l'anonymat, des fantômes, des revenants, et de l'esprit. Tout cela transparaît dans ses peintures et dans les thèmes qu'il aborde ».


En relation avec le retour au Bénin des 26 trésors royaux ...


Éric Médéda s'était illustré en participant à l'exposition contemporaine ayant accompagné le retour des 26 trésors royaux. Elle s’intitulait : « Art du Bénin d'hier à aujourd'hui : De la restitution à la révélation ». L'artiste, à travers l’exposition, ’’Anonymous’’, en avait exploré la dimension spirituelle par son œuvre, ’’Seules ou deux’’. Il y partageait une expérience personnelle, à en croire ses explications. « En peignant cette œuvre, j'ai rencontré spirituellement ma défunte mère, à plusieurs reprises, en me posant inlassablement la question : est-elle seule dans son univers éternel ou sommes-nous à deux dans mon atelier de travail ? ».

La démarche thématique d'Éric Médéda, lors de l’exposition, ’’Anonymous’’, mettait aussi en lumière le rôle essentiel des femmes dans la préservation de la richesse culturelle. Il faisait comprendre que l'anonymat imposé aux femmes avait une valeur culturelle significative : « On pourrait penser que, dans notre environnement, au Bénin, les femmes sont privées de liberté d'expression mais c'est une idée fausse. Les hommes, avec sagesse, préservent toute la richesse que détient la femme. Par exemple, lors de l'intronisation d'un roi, dans la culture béninoise, les femmes jouent un rôle prépondérant ».

Léandre Houan / Marcel Gangbè-Kpogodo



Des personnalités se sont prononcées sur l'exposition, ’’Anonymous’’, après l’avoir visitée


Ludovic Fadaïro, artiste plasticien : 

« Éric est un artiste que je suis depuis un certain temps, et mes impressions ne peuvent qu'être empreintes de fierté. La manière dont il franchit les étapes, sans difficulté, montre qu'il a le désir d'aller plus loin et de se révéler davantage au monde. Le Bénin est un grand pays de création, car nous avons eu la chance d'avoir un cousin qui est le ’’vaudou’’. Nous avons l'accoutrement, le geste, le son, la danse, etc., les couleurs et les formes, aussi. 

Et, j'ai l'habitude de dire que l'artiste issu de la culture ’’vaudou’’ a un potentiel d'âge, de possibilités, pour s'exprimer au monde entier. Donc, nous avons de quoi puiser pour nous exprimer et, qu'on le veuille ou non, on n'a pas forcément besoin d'être ’’vaudouisant’’ mais il faut savoir que cela existe, que c'est l'esprit qui nous guide. Aujourd'hui, les jeunes artistes font mieux, et je ne peux que les admirer, les accompagner, pour le bonheur de la création béninoise ».



Gildas Agonkan, Ambassadeur du Bénin au Niger :

« Un véritable travail est accompli. J'ai constaté l'abstraction de la peinture et de l'art mais d'un art qui parle, qui dit quelque chose. Il faut avoir de l'intelligence, du doigté pour pouvoir lire le message derrière chaque tableau de l'artiste. C'est là que réside la force des artistes. Lorsqu'on peut facilement détecter un artiste, à travers ses tableaux, cela signifie qu'il y a un problème. 

La valeur d'un artiste réside dans la complexité de son œuvre et dans la cohérence du message qu'elle porte. Ce soir, à mon arrivée, j'ai constaté que tout était en place. Aux jeunes qui s'identifient dans l'art plastique, aujourd'hui, je souhaite qu'ils prennent le temps de s'améliorer, qu'ils puissent approfondir leur art pour transmettre un message authentique, comme l'a montré l'artiste, ce soir ».



Agboka Sankara, artiste togolais, Promoteur du festival, ’’Emomé'art’’ :

« L'artiste a travaillé, et j'ai remarqué que son travail a beaucoup évolué. Il a une touche particulière. […] La thématique que l'artiste développe est celle de nombreux questionnements. Qui sommes-nous en tant qu'être ? Que voulons-nous faire ? Que voulons-nous devenir ? Quel est notre rapport à la société ? Quelle est notre dimension spirituelle, psychologique et physique ? Autant de questions que l'artiste a développées dans ses œuvres. Et, comme on le dit souvent, chaque lutte commence, d'abord, spirituellement, avant de se manifester physiquement. 

J'ai constaté, ce soir, que l'artiste est parti de cette étape spirituelle pour transcender le physique. Pour moi, c'est une création qui invite au respect de nos ancêtres, qui que vous soyez. Aujourd'hui, il existe des gens qui sont sortis de familles religieuses catholiques, mais qui possèdent tous une racine, une origine ’’vaudou’’. Ici, la relation entre le ’’vaudou’’ et Éric, qui n'est pas un initié mais le descendant de parents initiés, montre le regard de cet enfant non initié vers la tradition. 

En observant ses œuvres, on s'aperçoit qu'il n'a pas créé un conflit intergénérationnel, mais, plutôt, qu'il a puisé des éléments de la tradition pour concilier les deux générations. C'est ce que j'ai retrouvé ce soir, et, en tant qu'activiste des droits humains et artiste togolais, je me suis retrouvé pleinement dans ses œuvres. Il m'a donné, une fois de plus, la certitude de cultiver ma relation avec les ancêtres de ma tradition. 

J'ai vu, aussi, le public qui a apprécié ces toiles, avec la présence du ministre, qui a livré un message positif sur la création d'Éric. Je crois qu'avec cette progression, Éric s'imposera davantage dans l’art plastique, au Bénin, en Afrique et dans le monde entier ».



Imorou Boubacar, un visiteur de l'exposition, sur le tableau, ’’Dialogue’’ :

« […] j'aperçois un personnage, et, à travers sa tête, en croquis, je vois une coupe. Pour moi, c'est l'essence de la vie. Comme je le conçois toujours, les artistes sont spirituels. Ici, particulièrement, l'artiste ne parle pas, mais arrive à combiner la tradition et la modernité, dans son art. Pour moi, l'exposition, ’’Anonymous’’, a transformé un simple restaurant en un lieu d'expression artistique et de questionnement sur notre identité, notre tradition et sur notre recherche spirituelle. L'art d'Éric Médéda résonne au-delà des toiles, invitant chacun à plonger dans son propre anonymat pour mieux se découvrir ».

Propos recueillis par Léandre Houan 

jeudi 25 mai 2023

Sika da Silveira, reine révélatrice de l’harmonie cosmique

Dans le cadre de l’ouverture de son atelier au public 


Sika da Silveira, artiste contemporaine béninoise, ouvre au public, depuis le vendredi 19 mai 2023, son espace de travail, dénommé ''Atelier Sika'', sis quartier d’Akogbato, à Cotonou, la capitale économique du Bénin. Elle y montre une trentaine d’œuvres d’art variant entre peintures, photographies et installations. Cette ouverture, par la créatrice, de son espace de travail, montre d’elle une réalité remarquable.  Elle prend le leadership de l’engagement pour des relations responsables entre l'être humain et l’univers.


Sika da Silveira, dans ses explications au public - Extrait photographique réalisé à partie d'une photo originale de Carlos Sodolpa

Vaste, étendu, espacé, diversifié, coloré, lumineux, radieux, suggestif ! Décor enchanteur, le reflet de la personnalité de Sika da Silveira à la mesure de ces valeurs de son ''Atelier Sika'', situé au quartier d’Akogbato, dans le 12ème arrondissement de la ville de Cotonou, au Bénin, cet atelier qu’elle a décidé d’ouvrir au public, en début de soirée, le vendredi 19 mai 2023. L’objectif de l’artiste plasticienne et performeuse est d’exprimer la complémentarité entre les êtres vivants, incitant l’humain à en prendre conscience, pour la sauvegarde de l’environnement.


Le visiteur, dès son entrée, découvre  une série d’œuvres d’art, qui interpellent. Des photographies, réalisées dans une technique mixte, des toiles à la charnière de l’abstrait et du figuratif et … une installation ! Majestueuse. Qui impose qu’on s’y arrête pour l’interroger, pour la laisser se faire découvrir et appréhender. 


Une trentaine d’œuvres occupent l’attention du visiteur. Selon l’artiste, son travail reflète la relation intime existante entre l’univers planétaire et l’homme. « Nous sommes des microcosmes, donc, nous portons des petits gènes du grand cosmos à l'intérieur de nous », introduit-elle. Elle approfondit : « Le noyau de mon travail, c'est toujours l'équilibre de l'homme, son équilibre spirituel. Il nous faut prendre conscience de cela pour mieux composer avec notre univers ». Cette préoccupation  de l’artiste d’appel à la conscience se lit, de façon omniprésente, d’une œuvre à une autre.


Les tableaux abstraits comme ‘’Elévation’’, ‘’Expansion’’ et ‘’L’incarné’’ traduisent, à en croire l’artiste, les « manifestations énergétiques » internes à l’humain ». Il est question de sortir pour aller à cet atelier de Sika da Silveira afin de comprendre l’analyse qu’elle réalise des œuvres précitées. « Ici, ce sont nos univers intérieurs que je traduis. Je parle ici, - d'accord ! - mais s’il était possible de taire les mots, il y a des manifestations énergétiques que nous ne voyons pas et ce sont ses mouvements que je symbolise », avance-t-elle. Elle se fait sentencieuse : « Le jour où il n'y a plus de mouvement, c'est la mort ; c'est cette vie que je traduis ». « Ça bouge et ça descend, ce n'est pas plat, c'est de la danse », explique-t-elle, le regard, tout d’un coup, rayonnant. « Il faut aussi prendre en compte l'écriture dans ce travail. C'est une écriture intuitive qui vibre avec chaque partie de l'homme », oriente-t-elle.



Rappel de la connexion cosmique


Les photographies, captivantes, entrent en accord avec l’expression par Sika da Silveira de la relation externe de l’homme avec son univers, le cosmos. Elles combinent figuratif et abstrait. A travers la série intitulée ‘’Zoun man bou’’, il se découvre des visages d’hommes, avec une omniprésence des « arbres matures », en arrière-plan. Le prétexte créatif pour un plaidoyer de l’artiste : « C'est pour rappeler la vie de ces arbres parce qu'aujourd'hui, on détruit des arbres centenaires qui portent la mémoire de l'histoire, des arbres centenaires qui participent à notre équilibre, sans qu'on ne s'en rende compte ». Elle aborde la conséquence mortifère d’une telle option humaine. « Lorsqu'on les détruit, on détruit peu à peu notre équilibre. C'est donc pour rappeler que ce sont des êtres vivants qu'on tue », clarifie-t-elle. L’artiste fait ressortir le lien spirituel unissant l’homme à son environnement, dans sa série de tableaux, dénommée, ‘’Mystique’’ et ‘’Le Vivant’’ puis à travers l’installation évoquée.



’’Les gardiens de la terre’’ 


Elle est l’unique installation à aller voir de très près. Elle symbolise comme la maturité créative de l’artiste. Sika da Silveira y matérialise adroitement les connexions cosmiques. L’artiste plasticienne y exprime les liens invisibles qui soutiennent l’interaction entre l’homme et les autres entités du cosmos. Elle l’évoque : « J'ai représenté les gardiens de la terre par les sculptures qui sont au nombre de 40 + 1». Quarante sculptures, par dizaine, entourent la terre, l'eau, et le feu, que représentent, respectivement, un bloc de terre, une petite jarre remplie d’eau et un tas de charbon. 


Comme pour se départir de tout fondement de jalousie de la part des éléments naturels, autour de l'installation, un autre groupe de dix sculptures identifie les gardiens de l'air. Au centre de l'installation se trouve la quarante-et-unième sculpture traduisant la lumière. « Ce 41ème gardien, ça peut être vous, moi ou quelqu'un d'autre qui a su se relier à ses autres entités et, à travers lesquels, il peut agir sur terre. Parce que la Terre est un organisme vivant au sein duquel nous vivons, […] il nous faut prendre conscience de cela pour notre propre équilibre, en retour », explicite-t-elle.

 

L’exposition restant ouverte jusqu’au 9 juin 2023, aucune sorte de justification ne remplacerait le déplacement des visiteurs pour une rencontre inédite et unique avec l’esprit créatif de Sika da Silveira. Cet esprit s'est développé dans la durée. D'abord, exerçant comme perleuse, elle entre dans l'univers de l'art contemporain par la performance déambulatoire. Elle connaît, ensuite, le Cénacle expérimental, qu'initie Charly d'Almeida, en avril 2015. Continuant son chemin, elle s'affirme. Plusieurs années plus tard, un autre baobab de l'art contemporain béninois la repère: Dominique Zinkpè. Il la fait participer à ''Transe'' au ''Lieu unik'' d'Abomey, en 2022. Désormais, Sika da Silveira se construit en toute autonomie.


Son atelier, se situant à quelques mètres du bureau de la Caisse locale de Crédit agricole mutuelle (Clcam) du quartier d’Akogbato, est accessible du lundi au samedi, de 9 heures à 19 heures. 

Léandre Houan / Marcel Gangbè-Kpogodo

lundi 17 octobre 2022

Dominique Zinkpè ouvre l’exposition, ’’Transe’’

Dans le cadre des activités du ’’Lieu unik’’ d’Abomey


Le ’’Lieu unik’’ du quartier de Sèhoun, dans la ville d’Abomey, a abrité le vernissage de l’exposition intitulée ’’Transe’’, le jeudi 29 septembre 2022. L’événement s’est déroulé sous le leadership du fondateur et président de l’espace culturel indiqué, Dominique Zinkpè. Sika Da Silveira, Zanfanhouédé et Kaman Esso, les artistes contemporains à l’honneur, y ont aussi pris part à la manifestation. 


Dominique Zinkpè, expliquant les tenants et les aboutissants de l'exposition, ''Transe''

Des toiles de peinture, de photographie et d’expression picturale fondée sur l’art sculptural. Les trois dimensions de travail qu’a offert de découvrir au public le ’’Lieu unik’’ lors du vernissage de l’exposition d’art contemporain, ’’Transe’’, qui a eu lieu dans le milieu de la matinée du jeudi 29 septembre 2022 dans la ville historique d’Abomey, plus précisément, au quartier de Sèhoun, et qui, depuis ce moment, met en vue et en valeur les productions artistiques de Sika Da Silveira, de Zanfanhouédé et de Kaman Esso.


Un aperçu des toiles de Sika Da Silveira, ...

Dans son exploration de la transe, la première offre au regard une série de peintures et de photographies. A travers, précisément, la seconde catégorie d’œuvres, elle montre la relation entre l’homme et l’arbre, tout en faisant ressortir le mystique se manifestant dans ce rapport. A travers le premier groupe de ses travaux, elle explore l’être humain face au cosmos, une synergie qui s’établit dans les sphères de la métaphysique mais qui se réalise dans le vivant.   


... de Zanfanhouédé ...

De son côté, Zanfanhouédé, Franck Edgard Zannou, à l’état-civil, en tant que peintre et sculpteur, a réalisé ses œuvres à partir d’une résidence au ’’Lieu unik’’ d’Abomey. Ses sculptures présentent cette particularité d’avoir été réalisées sur des toiles opportunément montées de planches de bois, avec un message qu’il a conçu à partir de clous et de petites pointes d’acier. Une démarche dont l’originalité et le caractère inventif valent le déplacement.


... et de Kaman Esso

Quant à Lucien Dénagan Houessou, alias Kaman Esso, ses peintures, ayant la feuille comme fondement, traite de sujets variés de société ramenant à un dépassement spirituel du corps. Selon lui, le choix de la feuille comme fondement de son expression de la transe se justifie par le fait que l’élément végétal est la base de toute vie sur terre.


De gauche à droite, Dominique Zinkpè, Sika Da Silveira, Zanfanhouédé et Kaman Esso

Pour le Président du ’’Lieu unik’’, Dominique Zinkpè, le choix de la transe comme thème pour tenir la dernière exposition de l’année en cours est fondamental « parce qu’on s’inspire de notre tradition réellement », a-t-il commencé à exprimer, avant d’approfondir : « Que l’on soit animiste ou catholique, il y a des moments donnés où l’évolution du travail permet d’arriver à un degré où l’on se met en transe parce qu’on est dépassé par la dimension que ce travail a atteinte, ce qui pousse à se dire qu’on a été guidé par un esprit ou pas ; à cet instant précis, le corps physique n’a plus sa valeur et on pense plutôt à l’esprit ». Puis, il a conclu en justifiant : « Les artistes qui ont donc été choisis pour cette exposition répondent à ce questionnement ».


Le vernissage de ’’Transe’’ a permis de constater la participation d’une invitée de marque : Gervanne Colboc Leridon, présidente-fondatrice de la fondation, ’’African artists for Development’’ (Aad). Elle a manifesté sa joie d’avoir pris part à l’événement : « Cela fait plusieurs fois que je viens ici et, à chaque fois, je suis émerveillée de voir à quel point Dominique Zinkpè ouvre ses portes et les murs de son centre à des artistes très différents. Je pense que la création contemporaine ne peut que s’enrichir, en fait, de ces lieux d’ouverture et de résidence pour les artistes ».


Le vernissage indiqué a été aussi marqué par la distribution gratuite du magazine pour enfants, dénommé ’’Spiruline’’ à plusieurs élèves présents.


L’exposition se poursuit jusqu’au 30 décembre 2022.

Viviane Savi / Marcel Gangbè-Kpogodo

lundi 26 septembre 2022

3 artistes contemporains à savourer au ’’Lieu unik’’ d’Abomey

Dans le cadre des activités de l’espace culturel


Le ’’Lieu unik’’ d’Abomey qu’a créé l’acteur culturel, Dominique Zinkpè, accueille trois nouveaux artistes contemporains pour une exposition dont le vernissage est prévu pour avoir lieu le jeudi 29 septembre 2022. 


''Transe'' : l'affiche officielle

Zanfanhouédé, Kaman Esso et Sika Da Silveira. La brochette d’artistes contemporains dont le ’’Lieu unik’’ d’Abomey donne les œuvres à la dégustation du regard des visiteurs, dans le milieu de la matinée du jeudi 29 septembre 2022. A travers une résidence de création, le thème de la transe a unifié l’inspiration des artistes contemporains concernés qui ont produit, selon le cas, des dessins, des photographies et des tableaux de peinture, selon une diversité de traitement du sujet.


Franck Edgard Zannou, alias Zanfanhouédé, donnera à voir pas moins de 18 réalisations dont l’originalité et le labeur dans le choix des matériaux et du matériel de travail aiguisent la curiosité, une soif que devrait assouvir le déplacement que le grand public devrait faire vers Abomey. 


De son côté, Kaman Esso, à l’état-civil, Lucien Dénagan Houessou, réserve des surprises dans la singularité du traitement de la transe, dans une tonalité philosophico-écologique que seuls pourront vivre les connaisseurs et non de l’art contemporain, qui, alors, s’émerveilleront de 16 toiles traitées dans une démarche imprévisible. 


Quant à Adjélé Sika Da Silveira, avec, aussi, 16 tableaux à son actif, il n’est pas recommandé de ne pas se donner l’exclusivité de l’appréhension de sa technique de traitement photographique, qui, au résultat, présente la certitude que l’artiste aurait pétri sa main dans de la latérite pour matérialiser son inspiration. Il faudra absolument, alors, faire le déplacement d’Abomey pour se rendre compte de la manière dont, à travers ses toiles, la performeuse et installatrice Sika Da Silveira, contrairement au calme que l’on connaît à son tempérament, déploie une violence sans nom. Se serait-elle laissée apprivoiser par la transe ? Elle en dira sûrement long au ’’Lieu unik’’ d’Abomey …


L’exposition, ’’Transe’’, est la dernière de l’année 2022. Elle fait suite à ’’Emblèmes’’, l’ ’’Off’’ de celle tenue par le gouvernement béninois pour présenter aux Béninois et au monde les 26 trésors récupérés de la France. Confirmant le fonctionnement et la vitalité du ’’Lieu unik’’, sous la férule, de Dominique Zinkpè, ’’Transe’’ prendra fin le 30 décembre de l’année en cours.

Marcel Gangbè-Kpogodo

jeudi 9 avril 2015

Inspirations féminines dans le ’’Cénacle expérimental’’ de Charly d’Almeida

Visite sur un terrain de travail pris d'assaut par les résidents


Depuis le 1er avril dernier se tient à l’Espace culturel et touristique, ’’Café cauris coquillages’’, le ’’Cénacle expérimental’’, une résidence de création, de formation et d’échanges, prenant en compte une dizaine de jeunes artistes plasticiens, initiée par l’artiste peintre béninois, Charly d’Almeida. Quatre stagiaires parmi ceux-ci sont des femmes. Nous avons décidé d’aller à leur rencontre …


Adjélé Sika da Silveira, Eliane Aïsso et Constantine Gbètoho ont décidé de jouer le jeu de l’ouverture. Quant à Moufouli Bello, … Mais, à notre visite, à la veille du grand vernissage final, celle-ci avait déjà sorti, de son inspiration, deux tableaux de dimensions moyennes, flamboyant d’un visage bleu en gros plan. Le visage, justement, semble son mode d’expression, puisqu’il frappe par sa présence récurrente sur les deux productions. De même, la couleur bleue apparaît comme une constante, en dépit d'un majestueux voile en ligne jaune impérative de barrage policier, du genre: " ... Do not cross ...". Moufouli Bello a parlé et, c’est dans le cadre de la résidence de création intitulée ’’Cénacle expérimental’’, de Charly d’Almeida, qui se déroule du 1er au 9 avril 2015, à ’’Café cauris coquillages’’, sur l’itinéraire de la ’’Route des pêches’’, à Togbin. La liberté : le fondement de l’inspiration des stagiaires.


Sika …

Le 3 avril, au moment de notre visite, Sika da Silveira exprimait le contenu de ses idées, dans l’espace de travail réservé à la résidence de création. Reflétant le fruit de sa trituration du sujet en jeu, entourée de Lionel Ferréol Yamadjako, alias Yamferlino’s, à sa gauche, et de Constantine, de son nom complet, Constantine Gbètoho, suivie de Damas, de son nom à l’état-civil, Joseph Dama, à sa droite, ses explications, celles de Sika, sont d’une grande limpidité : elle tire beaucoup de la nature, ce que montre, sur le tableau en gestation, des reliefs en un arbre aux branchages effeuillés, alors qu’à quelques mètres derrière elle, un arbre respire cette même texture. Ces reliefs, elle les compose avec du tissu et des éléments naturels, les mettant en valeur sur un tableau par des instruments ordinaires : ses doigts et ses pinceaux …
Même si les fonds de bleu et de blanc du jour ont connu une totale métamorphose, quatre jours plus tard, pour virer au sombre indigo illuminé par un jaune, entre autres, non offensif, Sika, tout en passant des coups de pinceau, exposait, au moment où elle nous parlait, que sa nature, c’est aussi le bleu du ciel et de la mer, c’est le jaune, à travers la lumière, l’éclat du soleil, le rayonnement provenant de l’être humain quand il se trouve en contact avec ces éléments, c’est le blanc, par la pureté qui existe originellement dans le cœur des hommes, cette pureté par laquelle la nature communie avec eux, c’est l’indigo symbolisant, pour elle, la terre, l’énergie, la force, c’est cet indigo qu’elle obtient par les résidus de bois qu’elle va chercher, pas plus loin que dans l’espace de Sébastien Boko, en diagonale vis-à-vis d’elle, brouillant notre entretien par sa tronçonneuse.
Sika, active dans la peinture depuis trois ans, avant cela, designer et créatrice de bijoux, dans le serpentement qu’elle a orchestré sur sa toile, communique qu’il exprime le croisement, la diversité, mais, aussi, l’harmonie ; elle n’oublie pas de nous donner sa version du thème de la liberté : « Chacun a son chemin qui dépend de son regard sur la vie. Etre libre, c’est faire son chemin, [d'où le serpentement sur le tableau, les croisements] en fonction de ce que l’on est, de la personnalité de chacun, c’est aussi tolérer les autres, c’est vivre sa personnalité sans agir sur celle de l’autre … »         

Constantine …

La générosité de l’explication de son travail, en ce 3 avril, nous oriente directement vers sa lecture de la liberté ; sur sa toile, elle la veut pour les femmes, elles qu’elle considère comme riches en inspiration pour faire exploser leurs idées, pour faire réussir la société : « Il faut laisser de l’initiative aux femmes, pour voir ce que cela va donner ; si on la laisse sortir tout ce qu’elle a en elle, cela sera très intéressant », proclame-t-elle, pointant du doigt un filet peint en bleu, aplati, qui monopolise toute la toile, sur un fond bleu, de part et d’autre … Du vert foncé domine sur le bleu de fond, au niveau de la bordure du bas et de la droite, pendant que du blanc prend en charge la bordure du haut et de la gauche. Quatre jours plus tard, ce filet, complètement stylisé, vu de loin, donne l’aspect d’un personnage aux membres généreusement écartés ; il s’intègre facilement à la toile.
Ce filet, Constantine y lit la prison naturelle et dorée de la femme qu’est le mariage, le mariage, ce signe de réussite sociale suscitant la convoitise des femmes environnantes et, pour cette artiste, le vert foncé qui se profile, c’est la végétation, la vie, comme si la femme ne devrait trouver la vie et l’épanouissement que dans un mariage au sein duquel elle exprime toute sa personnalité.
En dehors du filet, un autre instrument de communication : du papier kleenex. Il lui sert à réaliser des personnages, ceux-ci, libres, après un certain sacrifice, cette étape que symbolise trois petites calebasses en haut du filet, sans oublier une autre, au bas, incarnant la sortie d’un labyrinthe douloureux, un épanouissement digne de celui d’une femme venant de perdre sa virginité, ce que Constantine veut bien concevoir, avec ces traces de peinture rouge … Elle aussi adore utiliser un certain instrument de travail, la main, elle pour qui le ’’Cénacle expérimental’’ constitue un espace d’épanouissement, vu qu’elle prise par-dessus tout le travail en groupe, en club : « Je suis meilleure et plus productive quand je travaille avec les autres », confie-t-elle.


Eliane …

Sa liberté, c’est un acquis qui n’épanouit pas, ce que génère les deux toiles dont elle a jeté les bases du contenu de fond, après seulement deux jours de travail : ici et là, des personnages centrés, sont regroupés autour d’un seul, ce qui la pousse à expliquer : « La liberté, certains en ont besoin mais n’arrivent pas à l’avoir. Dès qu’il l’acquiert, l’être humain a néanmoins besoin des autres pour s’épanouir ». Et, sous le coup d’une inspiration subite, un titre lui vient pour donner une identité à l’une des deux toiles : « Conquête de la liberté » ! Elle me regarde, fait le tour de son environnement et me confirme que son choix est le définitif … Les couleurs variées de ses toiles : la diversité des personnalités, des caractères et des inspirations, pour contribuer à l'épanouissement du genre humain. 



Marcel Kpogodo   

lundi 30 mars 2015

Charly d'Almeida met en résidence près d'une dizaine de jeunes artistes plasticiens

Ce sera au début du mois d'avril 2015


L'artiste-plasticien béninois, Charly d'Almeida organise, dès le 1er avril prochain, une résidence de création devant prendre en compte 9 autres artistes de la génération montante. Le cadre de cette manifestation est l'Espace culturel ''Café cauris coquillages'', au niveau de la Routes des pêches de Togbin.

Charly d'Almeida
''Cénacle expérimental'' est la dénomination d'une résidence de création qui se tiendra, des 1er au 9 avril prochains, au niveau de ''Café cauris coquillages'', un espace culturel et touristique de la localité de Togbin, à l'initiative de l'artiste-plasticien béninois, Charly d'Almeida. Placée sous le thème de la liberté, cette manifestation permettra de laisser se déchaîner l'inspiration de 9 jeunes artistes qui commencent à se faire un nom dans l'univers des arts plastiques au Bénin : Adjélé Sika Da Silveira, Constantine Gbètoho, Elon-m Catilina Tossou, Pierre Mahoussi Ahodoto, Achille Adonon, Joseph Dama, Lionel Ferréol Yamadjako, Eliane Aïsso et Sébastien Boko. "C'est une expérience que je veux faire avec eux pour savoir qui est qui ; s'ils arrivent à s'en sortir, ce sera notre fierté de les voir évoluer", explique Charly d'Almeida.
Donc, pour le concepteur de cet événement qui se déroulera sous la férule de l'Association dont il est le Président et qu'il a créée en 2011, ''Mibo'', ce qui signifie, en langue fon, "Mettez-vous ensemble", ''Cénacle expérimental'', qu'il comprend comme "une résidence de création, de formation et d'échanges" se justifie par le fait qu'ont tendance à disparaître ce genre d'événements de regroupement d'artistes, grâce auxquels, au fil des années, les arts plastiques béninois ont acquis un niveau appréciable, aujourd'hui. Selon lui, ces circonstances de rencontres ont démontré leur importance par la capacité qu'ils ont eu d'induire la découverte et l'éclosion des talents, notamment, avec des promoteurs comme Dominique Zinkpè et Ousmane Alédji. 
Ainsi, cette expérience qu'il lance servira aux artistes sélectionnés dans leur vie et dans leur carrière, surtout qu'il entend profiter de ''Cénacle expérimental'' pour répondre à leurs attentes, eux qui ont besoin de certains repères "pour se trouver mieux dans leur future vie artistique". "Il y a de nouveaux outils dont ils doivent maîtriser toutes les tournures, notamment, comment faire le marketing de leur travail, comment pérenniser une oeuvre, comment la réaliser de façon à ce qu'elle puisse rester longtemps, comment cultiver un certain nombre de valeurs pour pouvoir s'élever", continue-t-il, sans oublier de justifier le thème de la liberté qui fondera les différentes créations : "C'est l'actualité ; nous qui faisons de l'art visuel avons tendance à aller vers l'actualité ... La liberté, on en parle beaucoup dans le monde d'aujourd'hui, la liberté d'expression, en l'occurrence ; je veux voir leurs réactions par rapport à ce thème". 



Des dates de la manifestation

''Cénacle expérimental donnera lieu, le 9 avril, à une porte ouverte au public sur l'atelier de travail des artistes résidents, ce qui sera suivi d'une animation folklorique, de 18h à 22h. Ensuite, le 11 avril se déroulera le vernissage de l'exposition des oeuvres des artistes, à l'Institut français de Cotonou. 


Marcel Kpogodo