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jeudi 25 juillet 2024

’’Autopsie d’un misanthrope’’ pour mobiliser des fonds

Dans le cadre de la Biennale de Dakar 2024 


’’Autopsie d’un misanthrope’’ a connu son vernissage le vendredi 12 juillet 2024. C’était au restaurant-galerie, ’’La gallery’’, à Cotonou. Cette exposition collective a été initiée par ’’Sac o dos’’. Il s’agit d’un groupe d’artistes contemporains. Ils doivent prendre part à la Biennale de Dakar 2024. Il leur faut des ressources financières pour assurer leurs différentes charges ...

     

Ci-contre, à gauche, Achille  Adonon, au vernissage d' ''Autopsie d'un misanthrope''  


Organiser une résidence de création et participer à la Biennale de Dakar en ''Off''. Les deux objectifs pour lesquels les artistes du groupe, ’’Sac o dos’’, ont tenu ’’Autopsie d’un misanthrope’’, une exposition dont le vernissage a eu lieu le vendredi 12 juillet 2024 à ’’La gallery’’, un restaurant-galerie de la ville de Cotonou.

Eric Médéda est l’un des membres de ’’Sac o dos’’. Il voit plus loin que la volonté de ses collègues et de lui. Elle est celle de vendre des oeuvres pour financer leurs activités à Dakar. Il entrevoit, à travers la Biennale de Dakar 2024, la vie du contact. « L’objectif du projet est d'aller à la rencontre du monde ». Il lance et justifie sa position. « La Biennale de Dakar est un carrefour où le monde se réunit ». Il s’agit, pour lui, de « discuter de sujets et de pratiques artistiques ». Il faut aussi expérimenter les conditions d’un cadre original de création. D’abord, cela « permet une remise en question personnelle ». Ensuite, cela fait « participer à un atelier de formation artistique », finit-il.


’’Sac o dos’’, un trio d’artistes contemporains créatifs et prolifiques

Les trois artistes de ’’Sac o dos’’  font perveoir une introspection collective. Eric Médéda utilise une technique mixte. Elle associe acrylique et pigments naturels. Il explore les profondeurs de l'homme à travers ses œuvres épurées. Elles défient les conventions et interrogent les normes sociétales. Ses séries à découvrir : ’’Corps mouvement’’, ’’Résiliences’’ et ’’Mes héritiers’’.

Achille Adonon est meilleur sculpteur à la Biennale de Dakar, en 2022. Il enrichit l'exposition par des œuvres capturant l'immatérialité de l'humain. Il présente deux séries : ’’Amour’’ et ’’Empreintes’’. Il s’en confie. « Quand je parle d’amour », c’est « de l'amour qui vient du cœur ». Puis, il se justifie. « Si l'on ne s'aime pas, on ne peut aimer autrui ». Enfin, il établit le rapport entre sa vision et ses séries. « À travers la première série, je m'interroge : pourquoi l’homme n’aime-t-il pas les autres ? ». Avec la seconde, le thème en est tout autre. La série, ’’Empreintes’’, aborde l'héritage. Il est question de celui que laissent les ancêtres à leurs descendants. Il prend toutes les formes de contenu. 

Eliane Aïsso manifeste un éventail de réalités. Elles sont liées à la vie et à la mort. L’artiste aborde aussi la quête de l'équilibre de l'être. Elle cherche, en outre, à atteindre le point de rencontre des cultures. Elle présente les œuvres, ’’Imonlè’’, et la série, ’’Identité’’. Sa technique de travail est mixte.

’’Autopsie d’un misanthrope’’ s’achève le 30 juillet 2024. Les amateurs d’art contemporain, les collectionneurs et les mécènes y sont attendus. Leurs acquisitions d’œuvres sont leur manière de promouvoir l’art contemporain béninois. Les artistes de ’’Sac o dos’’ en participeront à la Biennale de Dakar 2024. Ce sera en novembre-décembre. 

Léandre Houan / Marcel Kpogodo

dimanche 9 août 2020

Exposition "Le monde fond" : Achille Adonon, intraitable et profondément humain

Dans le cadre de son exposition au "Centre" de Godomey

La galerie du "Centre" de Godomey a accueilli le vernissage de l'exposition intitulée "Le monde fond" de l'artiste plasticien, Achille Adonon, le vendredi 7 août 2020. Cette présentation du fruit de plusieurs mois de production est ouverte depuis le 8 août et suscite l'intérêt, vu l'abondance et la profondeur des oeuvres que le jeune créateur fait découvrir, dans un état d'esprit de fidélité à lui et d'empathie.


"Le chaos"

Achille Adonon est une sérénité couvant tristesse séculaire et amour de l'humain. Ce qui explose à travers 47 pièces réparties en 4 catégories et par une magistrale installation, un ensemble varié qu'il est important d'aller découvrir dans les quatre compartiments de la galerie du "Centre", sis quartier de Lobozounkpa, à Atropocodji, dans la commune d'Abomey-Calavi, depuis la soirée du vendredi 7 août 2020 où a eu lieu le vernissage de l'exposition, "Le monde fond", réalisée par l'artiste plasticien de la nouvelle génération, Achille Adonon.


" "Le monde fond" est l'histoire d'un petit village appelé le temps", explique-t-il, dès qu'il lui est donné de dire un mot sur la séance de présentation d'un nombre impressionnant d'oeuvres relevant d'une inspiration dans laquelle il a commencé à puiser depuis novembre 2019. 


Le village concerné est traversé par un grande rivière calme mais au fond tumultueux, une rivière à travers laquelle l'on navigue pour s'ouvrir à une lecture peu flatteuse ni reluisante du fonctionnement du monde frappé par des bouleversements apocalyptiques trouvant leur source dans la perversion de la mentalité humaine qui a laissé le temps lézardé de calamités, d'épidémies, de bouleversements et, entte autres, d'actes de grande immoralité.


Ceci n'a pas de quoi réjouir ni épanouir Achille Adonon, d'où la matérialisation de son sentiment de compassion par des couleurs discrètes. 


Afin de riposter contre les abus de l'homme sur la nature, l'artiste se saisit d'une entité aussi fondamentale qu'irrépressible et intemporelle, l'enfant, qu'il travaille à sauver, surtout que, particulièrement, cet être fragile est délaissé, "abandonné" et qu'il mérite qu'on lui redonne "vie et espoir".


Ce genre d'être humain, Achille Adonon le symbolise par la chaussure entière ou en "rebut" qu'il récupère, qu'il retravaille ou qu'il assemble à d'autres, qu'il peint, selon ce qui lui dicte son inspiration. 


Sans doute, l'enfant manifeste une grande proximité avec l'énergie qui l'habite, qui le motive et qui le fait se mouvoir à des actes de vie, cette force que l'artiste récupérateur localise opportunément au niveau des membres inférieurs : "La force de l'homme vient des pieds", explique-t-il, précisant le fondement de l' "assemblage" de chaussures ou de leurs rebuts : la conjonction, la fusion des énergies.


Et, dans une logique de rappel aux humains de leur petitesse essentielle, Achille Adonon projette la pérennisation de l'esprit de l'enfant : "Quel que soit son âge, l'être humain reste un enfant pour ses parents". 


Et, avec l'omniprésence de la chaussure dans l'exposition, c'est un orphelinat spirituel que l'artiste bâtit pour l'enfant en appelant à de l'amour et à de la protection de l'enfant, c'est un appel discret et vibrant qu'il lance à l'homme et à la femme, comme à en revenir à la dimension salvatrice de l'enfant en gérant la planète et en exploitant ses potentialités, ses richesses, avec une innocence qui préserve la terre, qui lui donne les moyens de se regénérer. 

Achille Adonon, au cours du vernissage ...

Par conséquent, Achille Adonon, inspiré, produit un Achille Adonon protecteur de l'enfant, un Achille Adonon, récupérateur, un autre, peintre, un autre encore, sculpteur, et, enfin, un Achille Adonon, magistral installateur, à travers l'oeuvre, "Le chaos", qu'il faudrait tout sacrifier aux fins d'une découverte, d'un décryptage et d'une auto-instruction sur les observations d'un jeune artiste contemporain béninois, profondément imprégné des défis de son époque, ceux-ci se centrant autour du retour de l'homme à sa vraie nature, autour de la conservation de l'environnement. Il est souhaitable, en outre, pour le public, d'aller voir "Le chaos" afin de comprendre de quelle manière elle conquiert en elle toute l'exposition.


Voilà le résultat d'une laborieuse et, apparemment, éprouvante aventure spirituelle, intellectuelle, psychologique et physique d'un Achille Adonon qui, pourtant, au vernissage, était d'une telle fraîcheur, pour un accouchement digne d'intérêt, pour une création d'une abondance respectable, pour une exposition diversifiée, riche et irrésistible qui se tient jusqu'au 31 octobre 2020. 


Marcel Kpogodo

mardi 20 octobre 2015

Laudamus Sègbo ou la propulsion de Mahoussi, d'Adonon et de Tomédé

Par une exposition initiatique jusqu’au 25 octobre


Dans le cadre de la rentrée artistique de l’espace culturel, ’’Café des arts’’, l’artiste plasticien béninois, Laudamus Sègbo, tient, entre autres activités, une exposition de trois jeunes artistes, dont le vernissage a eu lieu le 10 octobre dernier. Ceci l’amène à appeler toute la communauté à soutenir l’évolution de cette nouvelle pépinière de créateurs d’œuvres de l’esprit, dans le domaine des arts plastiques.
Laudamus Sègbo, au milieu des tableaux de ses trois poulains
Gandhi Tomédé, Achille Adonon et Mahoussi sont trois artistes de la génération naissante des arts plastiques au Bénin. Laudamus Sègbo les tient désormais par la main. Il souhaite le soutien de tous ordres de tous pour leur évolution dans leur secteur de création. C’est ainsi qu’ils sont en vue, à travers leurs tableaux, à la Galerie ’’Chez Carine’’, pour l’exposition, ’’Couleurs croisées’’, depuis le 10 octobre 2015. Elle se poursuit jusqu’au 25 octobre prochain et  se déroule dans un contexte où le ’’Café des arts’’, un espace culturel sis Quartier Fidjrossè, dont dépend la galerie, a effectué sa rentrée artistique, par diverses activités, du 10 au 17 octobre dernier.
L'affiche de l'exposition, ''Couleurs croisées''
Laudamus Sègbo, l’artiste plasticien béninois à l’origine de cette initiative, explique que ces trois jeunes artistes ont été sélectionnés sur une dizaine qui avait participé à une formation organisée, quelques mois plus tôt, par l’Association ’’Ma culture’’, dont il a la direction. Ensuite, ayant remis à tous du matériel de travail, les trois premiers s’étant très tôt démarqués par leurs premiers jets de qualité ne sont personne d’autre que Gandhi Tomédé, Achille Adonon et Mahoussi. Pour l’intervenant, si les trois autres successeurs de ces premiers sont déjà connus et sont prévus pour exposer dès la fin du mois de novembre 2015, ces élus actuellement en exposition incarnent la jeune génération qui émerge et qui développe « un style de peinture prononcée » ; elle travaille selon des principes d’école, sans oublier de se frayer leur propre chemin, ce qui leur permet d’éviter de s’enfermer dans des schémas d’école.

Aperçu des œuvres exposées, de part ...
En outre, Laudamus Sègbo fonde l’action de son exposition ’’Couleurs croisées’’ sur la nécessité de fournir du soutien à ces jeunes afin de leur permettre de commencer à s’exprimer et de leur donner « la possibilité d’entrer vraiment dans l’éveil de l’art plastique africain ». Dans son acte, il semble marcher dans les pas du feu Joseph Kpobly qui, en son temps, avait énormément contribué, par sa générosité pédagogique, à guider un nombre important d’artistes de venus de grands noms de la peinture béninoise, aujourd’hui. Pour lui, il faut assurer la relève du secteur.

... et d'autre de la Galerie ''Chez Carine''
Dans cette logique, l’Association, ’’Ma culture’’, dont il est le premier responsable, entend aller plus loin que cette exposition, en permettant aux jeunes artistes qu’elle suit de montrer leurs œuvres dans des galeries plus connues, pour des critiques adéquates pouvant les amener à « grandir un peu plus ».
Par ailleurs, Laudamus Sègbo, très connu pour ses performances de sculptures vivantes, a sa propre idée des trois filleuls qu’il accueille jusqu’au 25 octobre, dans sa galerie. A en croire ses analyses, Mahoussi reste un artiste ayant échappé à la rue et qui, dans ses inspirations, exprime des relents de sa vie liée à ce milieu défavorisé, ses difficultés vitales, « ses cauchemars d’enfant » ; il le considère comme « un éternel enfant qui a envie de se libérer », lui qui est rongé par son passé et qui s’appuie, comme un dernier rempart sur une identité purement béninoise. « Il garde comme un parchemin sur ses tableaux », conclura-t-il, concernant Mahoussi.
Quant à Achille Adonon, le regard de l’aîné expérimenté le présente comme un artiste qui, dans un passé récent, « s’enfermait dans une certaine pénombre de créativité », exprimant au fond de lui « ses peurs, ses douleurs », ce qui n’est plus le cas, aujourd’hui où, lui qui était « sombre, mystérieux », est « dans les esprits, dans les rêves ». Conséquence : il manifeste un choix de couleurs variant entre le rouge, le bleu et le verdâtre, travaillant sur un principe, sa véritable certitude, selon quoi tout est lié dans la vie, tout se déroule selon un lien de cause à effet. « Achille Adonon est un peintre qui commence à avoir des approches spirituelles ; il y a assez de choses qui ont changé dans sa manière de peindre et de voir la vie », expose-t-il, tout en concluant, le regard subitement brillant d’un air réellement prophétique : « Il est en train de toucher un bon niveau ; les collectionneurs devraient l’acquérir, vu que ses peintures vont prendre du prix ».

Laudamus Sègbo, dans ses explications ...
Concernant la menue Gandhi Tomédé, Laudamus Sègbo note chez elle une phase difficile chez un peintre, celle de l’éclosion : « Elle est en train de réaliser la maîtrise des couleurs », confie-t-il. Selon lui, elle se trouve libre de choisir « dans quel sens elle veut aller », n’ayant pas de couleur précise. « Elle fait son choix et travaille selon ses émotions », finit-il.
Concluant notre entretien, il ne manque de porter sur ses trois poulains un regard synoptique : « Ils ont la fougue de réussir », d’où son grand engagement : « On ne va pas permettre aux jeunes de mourir dans le cocon, c’est-à-dire de mourir dans la peinture », et son instinct incrustateur : « Qui va garder chez nous, si nous sortons ? ». Sa conviction reste que les associations du même genre que la sienne se tiennent la main pour ouvrir une brèche d’éclosion à ces jeunes, se refusant à abandonner l’état actuel des arts plastiques au Bénin pour aller s’installer ailleurs.


Marcel Kpogodo

samedi 11 avril 2015

Deux "sorciers" dans le ''Cénacle expérimental'' de Charly d'Almeida

Entrée dans l’intimité de deux jeunes créateurs


Vue sur deux jeunes espoirs des arts plastiques au Bénin, le 8 avril dernier, à la veille du vernissage de l’exposition tenant lieu de restitution de la résidence de création, le ’’Cénacle expérimental’’, mise en place par l’artiste peintre béninois, Charly d’Almeida,  ; ils fusionnent par une force de caractère peu commune : des ’’sorciers’’, pour leur entourage qui s’habitue très peu à eux …


Ils sont considérés par leurs proches familiaux comme des ’’sorciers’’, étant donné leur résistance à se faire envahir par une atmosphère extérieure peu plaisante, peu épanouissante, une situation de deuil, en l’occurrence ; devant les larmes ambiantes, ils gardent les yeux secs, ruminant intimement leur douleur, s’extrayant de l’hypocrisie exigée par les règles de la comédie humaine, s’économisant tout comportement futile, inutile, incapable de contrer, de conjurer la fatalité. Devant un tel anticonformisme mal reçu, ils ne sont que des sorciers.
Achille Adonon, en pleine création, le 3 avril dernier ...
L’un est peintre, l’autre l’est aussi, mais il se fait découvrir sous une autre facette de sculpteur-récupérateur. La résidence de création, de formation et d’échanges, dénommée ’’Le cénacle expérimental’’, tenue du 1er au 9 avril derniers, à l’initiative de Charly d’Almeida, est le cadre ayant permis d’entrer dans l’intimité de leur psychologie.
L’un, d’une taille un peu légèrement au-dessus de la moyenne, malingre, la simplicité d’un regard pétillant de consistance, il reçoit de bons effluves d’inspiration sous l’effet d’une musique gospel distillée dans ses oreilles par les écouteurs de son téléphone portable. L’autre, de taille modeste, dreadlockeux, le sourire facile, mais le regard ferme. Un contraste entre ces deux personnalités, une opposition qui n’est qu’apparente, quand elles nous donnent l’occasion de les pénétrer. Donc, en plus de déployer un caractère commun de sorcier, ils sont de la vingt-huitaine et ont travaillé sur la guerre, au ’’Cénacle expérimental’’.
Le premier déploie ce thème à son niveau étroitement social, à travers une toile portant justement le titre, ’’Le choix’’, une peinture aussi sombre, aussi mélancolique, que l’état d’âme quotidien de ce jeune artiste : du gris-cendre, du jaune sombre, du noir … Et, ces couleurs, confie-t-il, c’est la relation de son enfance difficile, lui qui est né en Mauritanie, d’un père mécanicien d’avion, qui a choisi de se faire élever par son oncle maternel, qui a fait ses premiers bancs d’école à Savè, dans un environnement social où les ressortissants de l’ethnie fon sont l’objet d’une haine séculaire rappelant les durs moments des guerres de conquête des rois d’Abomey. Victime collatérale lointaine, il n’arrivait pas à s’exprimer ou, si cela était possible, cela se passait avec des ressortissants aboméens,  comme lui ; on le détestait sans qu’il ait fait quelque chose à quelqu’un. C’est ainsi qu’il présente le ton d’une guerre au Bénin entre les localités : « Les fon ne s’entendent pas avec les Idaatcha à cause du passé, cela constitue un frein au développement et est attisé par des parents qui ont mal éduqué leur progéniture ; ils lui inculquent cette mentalité de la mésentente, ce qui est un véritable fléau social », éclaircit-il.  « J’expose le monde en mouvement, les vibrations que je ressens au sein de mon environnement », explique-t-il, comme pour renforcer l’analyse de son premier tableau : selon lui, au Bénin, la guerre se tient aussi dans les familles, entre des frères qui, par tous les moyens, se disputent l’héritage paternel.
Toutes ces guerres, il use d’une démarche très précise pour les révéler : ses matériaux favoris sont des lacets et des résidus de charbon, ces seconds qui lui rappellent fortement l’ambiance culinaire de son environnement d’enfance, ce qui montre une profonde inspiration de cet artiste de son vécu personnel. Pour lui, Charly d’Almeida est un modèle depuis toujours, un repère à atteindre et à dépasser, sa manière de lui rendre hommage de l’inspirer constamment et de lui avoir donné une ouverture à travers le ’’Cénacle expérimental’’.
Dans ses deuxième et troisième toiles, la liberté, sujet de la résidence de création, trouve une place d’impératrice. La première, intitulée ’’Horizon’’, livre deux facettes de la liberté, comme sur une pièce d’argent : la première décline le jour comme la propre expression de cette liberté où l’être humain peut aller et venir, travailler, se livrer à ses différentes occupations, ce que permet le soleil, la lumière qu’il dégage. La seconde restitue tout le contraire à travers la nuit qui met tout le monde au repos.
Avec le tableau intitulé ’’Ordonnance’’, il y a l’expression des limites à la liberté.



L’autre …

Pierre Mahoussi Ahodoto
Quant à l’autre artiste, le second des deux, il est bâti à peu près dans la même matière intellectuelle que le premier qui a renoncé au baccalauréat, après deux tentatives infructueuses. Lui n’a pu même atteindre cette étape, ce qui ne constitue guère pour lui un handicap, armé qu’il est aussi de la rage de dénoncer la guerre ; il se livre à cette vision ponctuelle par le montage artistique d’armes de guerre, à qui il définit la mission de la destruction psychologique de la guerre : des Akm 5 et 10. Ses matériaux en sont les sachets, les toiles cirées, les récipients en plastiques qui ne sont plus utilisés. Il les récupère, les brûle, les modèle de façon à leur imprimer les formes qu’il veut : d’un côté, deux pistolets, d’un autre, des sculptures toutes en noir, qu’il décrit comme des corps humains déformés, éclopés par les guerres. Mais, reconnaît-il, dans cette violence qu’il dénonce s’exerce la sienne propre, celle qu’il commet par l’étape cruciale de la brûlure incontournable du plastique, ce qui dégage une fumée noire destructrice de la couche d’ozone. Très vite, il trouve un facteur de consolation : la récupération de tous les éléments en plastique, non biodégradables par-dessus tout, constitue une action salvatrice de l’environnement.

L’un est Achille Adonon, l’autre, Pierre Mahoussi Ahodoto.


Marcel Kpogodo 

lundi 30 mars 2015

Charly d'Almeida met en résidence près d'une dizaine de jeunes artistes plasticiens

Ce sera au début du mois d'avril 2015


L'artiste-plasticien béninois, Charly d'Almeida organise, dès le 1er avril prochain, une résidence de création devant prendre en compte 9 autres artistes de la génération montante. Le cadre de cette manifestation est l'Espace culturel ''Café cauris coquillages'', au niveau de la Routes des pêches de Togbin.

Charly d'Almeida
''Cénacle expérimental'' est la dénomination d'une résidence de création qui se tiendra, des 1er au 9 avril prochains, au niveau de ''Café cauris coquillages'', un espace culturel et touristique de la localité de Togbin, à l'initiative de l'artiste-plasticien béninois, Charly d'Almeida. Placée sous le thème de la liberté, cette manifestation permettra de laisser se déchaîner l'inspiration de 9 jeunes artistes qui commencent à se faire un nom dans l'univers des arts plastiques au Bénin : Adjélé Sika Da Silveira, Constantine Gbètoho, Elon-m Catilina Tossou, Pierre Mahoussi Ahodoto, Achille Adonon, Joseph Dama, Lionel Ferréol Yamadjako, Eliane Aïsso et Sébastien Boko. "C'est une expérience que je veux faire avec eux pour savoir qui est qui ; s'ils arrivent à s'en sortir, ce sera notre fierté de les voir évoluer", explique Charly d'Almeida.
Donc, pour le concepteur de cet événement qui se déroulera sous la férule de l'Association dont il est le Président et qu'il a créée en 2011, ''Mibo'', ce qui signifie, en langue fon, "Mettez-vous ensemble", ''Cénacle expérimental'', qu'il comprend comme "une résidence de création, de formation et d'échanges" se justifie par le fait qu'ont tendance à disparaître ce genre d'événements de regroupement d'artistes, grâce auxquels, au fil des années, les arts plastiques béninois ont acquis un niveau appréciable, aujourd'hui. Selon lui, ces circonstances de rencontres ont démontré leur importance par la capacité qu'ils ont eu d'induire la découverte et l'éclosion des talents, notamment, avec des promoteurs comme Dominique Zinkpè et Ousmane Alédji. 
Ainsi, cette expérience qu'il lance servira aux artistes sélectionnés dans leur vie et dans leur carrière, surtout qu'il entend profiter de ''Cénacle expérimental'' pour répondre à leurs attentes, eux qui ont besoin de certains repères "pour se trouver mieux dans leur future vie artistique". "Il y a de nouveaux outils dont ils doivent maîtriser toutes les tournures, notamment, comment faire le marketing de leur travail, comment pérenniser une oeuvre, comment la réaliser de façon à ce qu'elle puisse rester longtemps, comment cultiver un certain nombre de valeurs pour pouvoir s'élever", continue-t-il, sans oublier de justifier le thème de la liberté qui fondera les différentes créations : "C'est l'actualité ; nous qui faisons de l'art visuel avons tendance à aller vers l'actualité ... La liberté, on en parle beaucoup dans le monde d'aujourd'hui, la liberté d'expression, en l'occurrence ; je veux voir leurs réactions par rapport à ce thème". 



Des dates de la manifestation

''Cénacle expérimental donnera lieu, le 9 avril, à une porte ouverte au public sur l'atelier de travail des artistes résidents, ce qui sera suivi d'une animation folklorique, de 18h à 22h. Ensuite, le 11 avril se déroulera le vernissage de l'exposition des oeuvres des artistes, à l'Institut français de Cotonou. 


Marcel Kpogodo