Le Festival des Rituels
et des danses masquées (Feridama) s’est déroulé du 12 au 16 décembre 2018. Son
volet intellectuel s’est matérialisé par un colloque qui a eu lieu le jeudi
7 mars 2019 à la Salle Vip de l’ex-Ministère de la Culture. La Journée internationale
du Droit des femmes étant d’actualité, la femme s’est invitée dans les
réflexions, pour des communications assurées par des intellectuels africains de
haut rang.
Le podium du volet intellectuel du Feridama |
« Place et rôle de la
femme dans les sociétés de masques en Afrique ». Le thème qui a mobilisé les
réflexions lors de la tenue d’un colloque, dans l’après-midi du jeudi 7 mars
2019, à la Salle Vip de l’ex-Ministère de la Culture, sis zone de la route de l’Aéroport.
Ce coolloque appartient au volet intellectuel de la 9ème édition
du Festival des Rituels et des danses masquées (Feridama) ayant été
organisée du 12 au 16 décembre 2018.
Cette séance d’échanges s’est effectuée dans le cadre de la Journée
internationale des Droits des femmes, que le monde entier célèbre le 8 mars de
chaque année.
Aperçu du public |
Se sont succédé au
pupitre pour faire connaître leurs réflexions respectives concernant le sujet
indiqué l’Ivoirien Konin Aka, le Malien Lassana Cissé, le Burkinabè Léonce Ki
et le Béninois Richard Sogan.
Des communications
Léonce Ki |
De façon préliminaire,
Léonce Ki a planté le décor de l’abord du sujet en traitant le thème : « Du
culturel au cultuel, masques vs religions révélées ». Ainsi, il a fait
ressortir que 247 sociétés de masques existent au Burkina Faso, avant de
rappeler les grandes aires culturelles que comporte ce pays et de rejeter une
idée reçue sur le masque : il ne se limite pas à la tête. Puis, il a évoqué les
grandes catégories de masques dans son pays : les masques de feuilles, les
masques d’écorces, les masques de fibres, les masques de pailles et les masques
de tissus. Achevant son propos, il a montré que le système des masques est mis
en danger par les religions étrangères importées.
De gauche à droite, Lassana Cissé et Konin Aka |
De son côté, Lassana
Cissé, Expert ’’Patrimoine et développement local’’, étant intervenu sur le
thème, « Place et rôle de la femme dans la société des masques dogon », il a
montré qu’au Mali, les aires culturelles Bobo, Dogon et Bamanan sont celles au
niveau desquelles se manifestent les sociétés de masques. De manière
particulière, il a choisi de s’appesantir sur celle des Dogon. Pour ce communicateur,
elle s’appelle ’’Ava’’, reste l’affaire des hommes et intervient lors des
funérailles et de toutes les circonstances sociales où il s’agit de « rétablir
l’ordre social et de maintenir de bonnes relations entre le monde des vivants
et celui des morts ». Il faut être circoncis pour appartenir à cette société. Aussi,
après avoir fait ressortir les éléments de la mission sociale des masques, il a
établi de quelle manière la femme a découvert la pratique relative aux masques,
même si elle se trouve exclue de son aspect rituel mais recherchée dans celui
relatif à l’initiation.
Quant au Docteur Konin
Aka, Conservateur principal-muséologue, Expert en Culture et développement, et
Directeur général de l’Office ivoirien du Patrimoine culturel, sa communication
s’est structurée en trois parties, basée sur le thème : « Le rôle de la femme
dans les sociétés de masques en Afrique ». Dans une première, il a énuméré les
sept sociétés de masques de la Côte d’Ivoire et fait connaître leurs
caractéristiques : les masques krou, dan, toura, baoulé, yohoué, gouro et
sénoufo. A travers la deuxième, le conférencier a satisfait la curiosité du
public en montrant le rôle qu’exerce la femme au niveau de chacun de ces
masques. Pour finir, dans une troisième, Konin Aka a abordé la manière dont les
masques contribuent à l’équilibre social et à la paix.
Richard Sogan |
Dernier communicateur,
Richard Sogan, Expert du Patrimoine culturel et Conseiller technique à la
Culture du Ministre béninois de la Culture. Dans son propos sur le thème, « Le
rôle de la femme dans les sociétés de masques en Afrique : le cas du genre oral
Guèlèdè », il a daté l’origine du ’’guèlèdè’’ à la mise en place du royaume de
Kétou et a indiqué : « C’est une pratique sociale qui permet de conjurer la
famine, les maladies, les épidémies et la sécheresse. Elle prône, par ailleurs,
la cohésion sociale, et permet l’éradication de la mésentente et des discordes
qui ont cours dans les familles ». Puis, selon lui, la femme en est le centre
puisqu’il se tient autour des mères, les « Iya » à qui les hommes demandent
pardon pour leurs méfaits, à travers les danses exécutées. Ceux-ci se servent
de ce culte pour honorer la femme qui, pour Richard Sogan, « dans le
’’guèlèdè’’, joue, à la fois, le rôle de gardienne de la tradition mais, aussi,
d’agent de transmission et de conservation des valeurs de la culture ». Voilà
qui casse radicalement une idée reçue laissant croire qu’en Afrique, la femme
est considérée comme un être humain de seconde zone.
De l’organisation
Magdaléna Tovornik |
Magdaléna Tovornik,
représentante à l’Unesco du Conseil international des Organisations de
festivals de folklore et d’arts traditionnels (Cioff), a été chargée
d’organiser la succession des quatre communications qui ont été présentées et
d’assurer la modération des débats.
De gauche à droite, Koffi Adolphe Alladé et Marcel Zounon |
Et, plusieurs autres
personnalités ont, par leur présence, développé la valeur de la manifestation
intellectuelle : Olabiyi Yaï, Ambassadeur honoraire du Bénin à l’Unesco, Carole
Borna, Directrice du Patrimoine culturel, Dagbo Hounon Hounan, Chef de la
religion endogène à Ouidah, Marcel Zounon, Directeur de l’Ensemble artistique
national (Dean), Point focal du Cioff au Bénin et Président-Fondateur du
Feridama, Koffi Adolphe Alladé, Directeur du Groupe traditionnel, ’’Hwendo na
bu a’’ et Président de la Confédération béninoise de danses (Cobed), et Monique
Blérald, universitaire guyanaise.
Au dîner de gala ... |
Dans la soirée du jeudi
7 mars, Marcel Zounon a convié ses hôtes à un dîner de gala qui leur a permis
de savourer des mets béninois et un tableau des danses patrimoniales des grands
pôles départementaux du Bénin.
Marcel Kpogodo