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dimanche 17 mars 2019

Exposition du rôle essentiel des femmes dans les sociétés de masques en Afrique

Dans le cadre de la tenue du volet intellectuel du Feridama

Le Festival des Rituels et des danses masquées (Feridama) s’est déroulé du 12 au 16 décembre 2018. Son volet intellectuel s’est matérialisé par un colloque qui a eu lieu le jeudi 7 mars 2019 à la Salle Vip de l’ex-Ministère de la Culture. La Journée internationale du Droit des femmes étant d’actualité, la femme s’est invitée dans les réflexions, pour des communications assurées par des intellectuels africains de haut rang.

Le podium du volet intellectuel du Feridama
« Place et rôle de la femme dans les sociétés de masques en Afrique ». Le thème qui a mobilisé les réflexions lors de la tenue d’un colloque, dans l’après-midi du jeudi 7 mars 2019, à la Salle Vip de l’ex-Ministère de la Culture, sis zone de la route de l’Aéroport. Ce coolloque appartient au volet intellectuel de la 9ème édition du Festival des Rituels et des danses masquées (Feridama) ayant été organisée  du 12 au 16 décembre 2018. Cette séance d’échanges s’est effectuée dans le cadre de la Journée internationale des Droits des femmes, que le monde entier célèbre le 8 mars de chaque année. 

Aperçu du public
Se sont succédé au pupitre pour faire connaître leurs réflexions respectives concernant le sujet indiqué l’Ivoirien Konin Aka, le Malien Lassana Cissé, le Burkinabè Léonce Ki et le Béninois Richard Sogan.


Des communications

Léonce Ki
De façon préliminaire, Léonce Ki a planté le décor de l’abord du sujet en traitant le thème : « Du culturel au cultuel, masques vs religions révélées ». Ainsi, il a fait ressortir que 247 sociétés de masques existent au Burkina Faso, avant de rappeler les grandes aires culturelles que comporte ce pays et de rejeter une idée reçue sur le masque : il ne se limite pas à la tête. Puis, il a évoqué les grandes catégories de masques dans son pays : les masques de feuilles, les masques d’écorces, les masques de fibres, les masques de pailles et les masques de tissus. Achevant son propos, il a montré que le système des masques est mis en danger par les religions étrangères importées.

De gauche à droite, Lassana Cissé et Konin Aka
De son côté, Lassana Cissé, Expert ’’Patrimoine et développement local’’, étant intervenu sur le thème, « Place et rôle de la femme dans la société des masques dogon », il a montré qu’au Mali, les aires culturelles Bobo, Dogon et Bamanan sont celles au niveau desquelles se manifestent les sociétés de masques. De manière particulière, il a choisi de s’appesantir sur celle des Dogon. Pour ce communicateur, elle s’appelle ’’Ava’’, reste l’affaire des hommes et intervient lors des funérailles et de toutes les circonstances sociales où il s’agit de « rétablir l’ordre social et de maintenir de bonnes relations entre le monde des vivants et celui des morts ». Il faut être circoncis pour appartenir à cette société. Aussi, après avoir fait ressortir les éléments de la mission sociale des masques, il a établi de quelle manière la femme a découvert la pratique relative aux masques, même si elle se trouve exclue de son aspect rituel mais recherchée dans celui relatif à l’initiation.
Quant au Docteur Konin Aka, Conservateur principal-muséologue, Expert en Culture et développement, et Directeur général de l’Office ivoirien du Patrimoine culturel, sa communication s’est structurée en trois parties, basée sur le thème : « Le rôle de la femme dans les sociétés de masques en Afrique ». Dans une première, il a énuméré les sept sociétés de masques de la Côte d’Ivoire et fait connaître leurs caractéristiques : les masques krou, dan, toura, baoulé, yohoué, gouro et sénoufo. A travers la deuxième, le conférencier a satisfait la curiosité du public en montrant le rôle qu’exerce la femme au niveau de chacun de ces masques. Pour finir, dans une troisième, Konin Aka a abordé la manière dont les masques contribuent à l’équilibre social et à la paix.

Richard Sogan
Dernier communicateur, Richard Sogan, Expert du Patrimoine culturel et Conseiller technique à la Culture du Ministre béninois de la Culture. Dans son propos sur le thème, « Le rôle de la femme dans les sociétés de masques en Afrique : le cas du genre oral Guèlèdè », il a daté l’origine du ’’guèlèdè’’ à la mise en place du royaume de Kétou et a indiqué : « C’est une pratique sociale qui permet de conjurer la famine, les maladies, les épidémies et la sécheresse. Elle prône, par ailleurs, la cohésion sociale, et permet l’éradication de la mésentente et des discordes qui ont cours dans les familles ». Puis, selon lui, la femme en est le centre puisqu’il se tient autour des mères, les « Iya » à qui les hommes demandent pardon pour leurs méfaits, à travers les danses exécutées. Ceux-ci se servent de ce culte pour honorer la femme qui, pour Richard Sogan, « dans le ’’guèlèdè’’, joue, à la fois, le rôle de gardienne de la tradition mais, aussi, d’agent de transmission et de conservation des valeurs de la culture ». Voilà qui casse radicalement une idée reçue laissant croire qu’en Afrique, la femme est considérée comme un être humain de seconde zone.


De l’organisation 


Magdaléna Tovornik
Magdaléna Tovornik, représentante à l’Unesco du Conseil international des Organisations de festivals de folklore et d’arts traditionnels (Cioff), a été chargée d’organiser la succession des quatre communications qui ont été présentées et d’assurer la modération des débats. 

De gauche à droite, Koffi Adolphe Alladé et Marcel Zounon
Et, plusieurs autres personnalités ont, par leur présence, développé la valeur de la manifestation intellectuelle : Olabiyi Yaï, Ambassadeur honoraire du Bénin à l’Unesco, Carole Borna, Directrice du Patrimoine culturel, Dagbo Hounon Hounan, Chef de la religion endogène à Ouidah, Marcel Zounon, Directeur de l’Ensemble artistique national (Dean), Point focal du Cioff au Bénin et Président-Fondateur du Feridama, Koffi Adolphe Alladé, Directeur du Groupe traditionnel, ’’Hwendo na bu a’’ et Président de la Confédération béninoise de danses (Cobed), et Monique Blérald, universitaire guyanaise.  

Au dîner de gala ...
Dans la soirée du jeudi 7 mars, Marcel Zounon a convié ses hôtes à un dîner de gala qui leur a permis de savourer des mets béninois et un tableau des danses patrimoniales des grands pôles départementaux du Bénin.

Marcel Kpogodo

jeudi 13 décembre 2018

De prestigieuses sociétés de masques sur le Feridama 2018

Dans le cadre de la 9ème édition de l’événement

Le mercredi 12 décembre 2018, par une conférence de presse tenue à Cotonou, le journaliste Happy Goudou, Chargé à la Communication du Festival des Rituels et des danses masquées (Feridama), a annoncé la tenue de la neuvième édition de l’événement avec, comme éléments d’attraction, des sociétés de masques d’un rang remarquable.

De gauche à droite, Justin Anani Kakpo, Happy Goudou et Claude Gougla, au cours de la conférence de presse
Les ’’Guèlèdè’’ du Bénin, les ’’Zaouili’’ de la Côte d’Ivoire et les’’Dogon’’ du Mali. Les trois sociétés de masques attendues à Cotonou pour animer la neuvième édition du Festival des Rituels et des danses masquées (Feridama), ce qu’a fait savoir Happy Goudou, membre du Comité d’Organisation de l’événement, en tant que Chargé à la Communication, dans le milieu de la matinée du mercredi 12 décembre 2018, à travers une conférence de presse, tenue au siège de l’Association ’’Towara’’, sis quartier d’Agla, à Cotonou.
Selon l’orateur, cet échange avec les professionnels des médias constituait la première activité du Feridama qui se poursuivra jusqu’au 16 décembre. A en croire ses propos, les trois sociétés de masques, précédemment évoquées, doivent leur sélection au fait qu’elles sont reconnues, agréées par l’Organisation des Nations unies pour la science et la culture (Unesco), qu’elles sont inscrites sur sa liste de sauvegarde du patrimoine immatériel de l’humanité. Deux autres structures culturelles du même genre sont invitées à prendre part à l’événement parce qu’elles sont en attente d’obtenir le même statut, vu qu’elles en ont entamé le processus : les masques de feuilles du Burkina Faso et les échasses du Togo.   
L'une des affiches officielles du Feridama
« Ces cinq sociétés de masques feront des exhibitions sur le site du Feridama, qui est l’esplanade intérieure du Stade de l’Amitié de Cotonou, tous les jours, du 14 au 16 décembre, dès 15 heures ! », a formalisé Happy Goudou, avant de préciser que le village qui est dédié à la manifestation annuelle, situé au siège de l’Association ’’Towara’’, à Agla, verra plusieurs groupes béninois de masques s’y produire le jeudi 13 décembre : les ’’Zangbéto’’ et les ’’Bourian’’, notamment. Et, l’après-midi du vendredi 14 est prévue pour se dérouler une succession d’activités : à 14 heures, un grand carnaval partira du Carrefour principal du quartier de Zogbo pour déambuler vers l’esplanade intérieure du Stade de l’Amitié, où, à 15 heures, aura lieu la cérémonie officielle d’ouverture du Festival, sous le parrainage du Ministre de la Culture, Oswald Homéky.


Le volet intellectuel du Feridama

Selon Happy Goudou, le Feridama comporte un volet intellectuel qui fait travailler ses organisateurs à voir se déplacer vers Cotonou des spécialistes de haut niveau de l’Unesco et du Conseil international des Organisations de festivals et d’arts traditionnels (Cioff) ; il ne se tiendra qu’en mars 2019, plus précisément, du 6 au 8, dans le sillage de la Journée internationale de la Femme (Jif), étant donné que celle-ci se trouve au centre des réflexions à travers le thème : « Le rôle de la femme dans les sociétés de masques en Afrique », sans oublier qu’un autre se verra développer : « La stratégie de sauvegarde des masques dans les pays détenteurs ». Au cours de son intervention, le Chargé à la Communication du Feridama était entouré, notamment, de Justin Annani Kakpo, Conseiller principal du Festival, et de Claude Gougla, le Vice-Président du Comité d’Organisation ; l'intervenant a tenu aussi à faire savoir que le Fonds des Arts et de la culture (Fac) a fait valoir un appui financier au déroulement de cette neuvième édition du Feridama, ce dont il remercié, respectivement, le Ministre de la Culture et Gilbert Déou Malé, Directeur général du Fac. 

Marcel Kpogodo

jeudi 11 janvier 2018

Le ’’Guèlèdè’’, source d’inculturation de Sébastien Boko

Dans le cadre de la nouvelle démarche de l’artiste


Le jeune sculpteur béninois sur bois, Sébastien Boko, connaît une nouvelle orientation de son approche à son matériau favori. C’est une métamorphose dont il a fallu se rendre compte lors de sa dernière exposition au ’’Centre’’ de Godomey, dans le contexte de la deuxième édition des ’’Echos de Lobozounkpa’’, du début du mois de décembre 2017. Les quatre pièces qu’il y a présentées adoptent un profil familier aux connaisseurs des masques ’’Guèlèdè’’ auxquels il affirme être retourné, comme à ses sources.

Sébastien Boko, en compagnie de ses Amazones du ''Centre''
« Je veux avoir un pied dans ma culture ; ma base, c’est l’Afrique ». Les propos dévoilant la conviction intime et forte qui régule désormais l’inspiration créatrice de Sébastien Boko, lui dont l’essentiel de la gestion du temps professionnel consiste à modeler le bois, à lui donner forme humaine et vie, sous le prisme d’un thème, d’un message, d’une conception de la vie, une conviction et une réflexion qu’il a manifestées, quelques jours seulement après le vernissage, le 8 décembre 2017, de l’exposition dénommée ’’Amazones’’, au Centre de Godomey, elle qui a été organisée dans le cadre d’une manifestation culturelle de trois jours, propre à cet espace culturel : ’’Les Echos de Lobozounkpa’’. L’exposition indiquée s’achève le 27 janvier 2018.
Ainsi, les quatre pièces que présente l’artiste-sculpteur à l’appréciation du public sont des personnages debout, moulés dans un vêtement qui leur prend tout le corps. Un choix créatif que Sébastien Boko explique par la volonté qui l’anime de partager avec les visiteurs la réalité intrinsèque du masque ’’Guèlèdè’’ qui est désormais sa source d’inspiration : « Le ’’Guèlèdè’’, ce ne sont pas juste des masques en haut ni des danses qui existent en haut, c’est aussi et, surtout, un accoutrement entier, c’est un ensemble, c’est, du haut en bas, le pagne qui déforme la silhouette, de la tête aux pieds, avec des clochettes ». 
Les ''Amazones'' de Sébastien Boko
« Le ’’Guèlèdè’’ symbolise la danse de l’homme pour magnifier la femme ; il s’agit des femmes qui travaillent, qui ont un métier pour se nourrir, les cantinières, les cadres, les politiciennes, … », a-t-il poursuivi avant de conclure, en se rattachant au thème de l’exposition collective ayant vu rigoureusement sélectionner une dizaine d’artistes plasticiens béninois, de la nouvelle génération : « Pour moi, ce sont elles, les amazones ; il fallait que je rende hommage à ces femmes qui se battent à leur manière ». 
En réalité, le sommet de chacune des quatre sculptures représente des outils symboliques orientant vers le métier de ces amazones de l'époque contemporaine.
Puis, les lèvres de l’artiste arborent quelques salutaires conseils à l’endroit de la gent féminine laborieuse : « Même si les hommes font les femmes, ils ne peuvent jamais les réaliser, elles doivent être déterminées ; le travail seul peut les rendre indépendantes et, je ne veux pas d’une indépendance qui devienne un handicap à leur épanouissement ». 
Se rapportant à son adoption du culte ’’Guèlèdè’’ qui, désormais, fonde, renouvelle et enrichit sa démarche de travail, Sébastien Boko montre sa préoccupation de rendre remarquable toute la chaîne des métiers humains intervenant dans la réalisation de ce masque : « Il m’est important de montrer, d’attirer l’attention sur les tous types d’acteurs qui interviennent sur le Guèlèdè’’, à divers niveaux ». Ceci n’empêche qu’il exprime que la pratique du culte lié à ce masque relève d’un patrimoine domestique : « Le ’’Guèlèdè’’, c’est chez moi que ça se fait ; je suis issu d’une famille qui le pratique depuis des générations, par les joueurs et les danseurs qui l’animent, à Naogon, en région Agonlin ».

L'usine de Sébastien Boko
Du retour à ses sources ancestrales, Sébastien Boko aboutit à une totale et réelle vocation artistique débouchant sur la conception industrielle de la sculpture ’’Guèlèdè’’. A son atelier de travail, qu’il a bien voulu exceptionnellement dévoiler, une multitude de personnages viennent à la vie, façonnés dans un thème plus que précis : ’’Voiles féminins et masculins’’.


Marcel Kpogodo