Depuis le 15 janvier
2019 se tient, à la Galerie ’’Kpobly’’, de l’Institut français de Cotonou,
l’exposition intitulée ’’Voiles’’, qui permet au sculpteur béninois, Sébastien
Boko, de porter à la découverte du public plus d’une trentaine de pièces qu’il
a organisées en installations, ce qu’Oswald Homéky n’a pas résisté à revenir
examiner …
Le Ministre Oswald Homéky, en privé, à l'exposition ''Voiles'' |
34 sculptures mises en
scène à travers pas moins de six installations. Ce dont a tenu à retourner se
délecter Oswald Homéky, Ministre béninois de la Culture, dans le sillage d’une
grande décontraction et d’une complète discrétion, au début de l’après-midi du
samedi 19 janvier 2019, à la Galerie ’’Kpobly’’ de l’Institut français de
Cotonou, lui qui avait appartenu au trio ministériel qu’il avait constitué avec
Dona Jean-Claude Houssou, de l’Energie, et Aurélien Agbénonci, des Affaires
étrangères et de la coopération, le mardi 15 janvier, au vernissage de
l’exposition, ’’Voiles’’, mise en place par le jeune sculpteur, Sébastien Boko.
« Je suis venu faire mon achat », nous a juste confié l’autorité ministérielle,
surprise dans son observation de proximité des œuvres et, comme tenant à ce
qu’on la laisse jouir de l’atmosphère de discrétion qu’elle s’était créée.
Ici, Oswald Homéky se
comportait comme un criminel atypique : le crime parfait qui a été commis est
positif ; il prolonge la vie et les biens, au lieu de détruire l’une et de
faire dérober les autres, même si l'exposition en question coupe le souffle, impose silence, tue ! ’’Voiles’’ montre la dureté, l’ardeur, le niveau
élevé du travail, à la fois physique, psychologique et intellectuel, d’un sculpteur
d’un crû bien béninois, puis la qualité irréprochable et exceptionnelle que ses
sculptures ont atteinte, ce qui met en jeu un défi terrible pour l’artiste :
réussir à dépasser ce stade déjà d’une hauteur difficilement égalable.
Le crime parfait commis
ne l’a pas été par Oswald Homéky mais, comme l’on le comprend, par Sébastien
Boko, avec la complicité de Dona Jean-Claude Houssou, le découvreur, le
promoteur et le révéleur de l’artiste ! Solidarité gouvernementale oblige,
Oswald Homéky a eu part à l’activité et en est un complice conscient ou
inconscient, s’il s’agissait d’un crime.
Quintessence d’une
inspiration
Comme « l’assassin [ou
son auxiliaire] revient toujours sur les lieux du crime », le Ministre de la
Culture a, vraisemblablement, pour affiner son choix d’achat, revisité les
différentes séries de l’exposition de Sébastien Boko : ’’Voile’’, ’’Lunettes’’,
’’Voyage’’, ’’Guèlèdè’’, ’’Dame voilée’’ et ’’Militaire’’.
La série ''Guèlèdè'' |
Aussi discret et
imprévisible qu’Oswald Homéky, Sébastien Boko avait précédé, sur les lieux,
l’autorité gouvernementale, quelques heures plus tôt, dans la matinée, une
présence dont il a fallu profiter pour lui arracher quelques explications.
Si l’artiste use d’une
force physique remarquablement épuisante pour transformer en personnages de
gros troncs de teck, d’ébène, d’iroko ou, entre autres, de bois de veine, de
son nom scientifique, Pterocarpius erinaceus, cela devrait exciter le visiteur
à aller découvrir de quelle manière il harmonise le matériau qu’est le bois, en
général, avec du fer, ceci qui, pour lui, a une résonance particulière, celui
qu’il récupère des barils de pétrole, un liquide très précieux, une ressource
du sous-sol à l’origine de terribles conflits entre les pays, à travers le
monde.
L'installation ''Militaire'' |
C’est ainsi qu’il
faudrait absolument se déplacer vers l’Institut français de Cotonou pour
chercher à comprendre comment, par ’’Militaire’’, Sébastien Boko détermine une
installation de pièces portant une réelle valeur de synecdoque, identifiant des
soldats par la partie de leur corps allant de la poitrine ou de la ceinture aux
membres inférieurs habillés en conséquence, afin de poser le problème des
guerres monstrueuses et meurtrières que provoque justement le pétrole et que
sont chargés d’animer les hommes en armes, chargés de la défense.
La série ''Lunettes'' ...
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En outre mérite d’être
appréhendée la traduction par Sébastien Boko d’un thème aussi urgent et actuel
que celui de l’immigration, qu’elle soit clandestine ou non, de l’évasion
physique, tout simplement, telle qu’elle transparaît dans ’’Voile’’ et,
directement dans ’’Voyage’’,
... de même que ''Voyage'' |
sans oublier qu’il reste tout au moins important
que chacun se rende à la Galerie ’’Kpobly’’ de l’Institut français de Cotonou,
pendant qu’il en est encore temps, afin de se faire sa lecture, sa
compréhension des différentes facettes de la réelle indispensable hypocrisie
humaine dans ’’Lunettes’’ et vis-à-vis de ’’Dame voilée’’.
Dame voilée |
Par ailleurs, de la
même manière que l’on se donne de saisir le contenu d’un roman, d’une pièce de
théâtre ou d’un recueil de poèmes, il faudrait aller décrypter ’’Guèlèdè’’, se
faire une idée de la façon libre, variée et diversifiée dont se déploient,
autour de ce masque que « les hommes portent pour rendre hommage aux femmes »,
l’imagination et, globalement, l’inspiration du sculpteur dont le talent est en
pleine explosion.
Une sculpture de l'installation ''Guèlèdè'' |
En réalité, cette exploration du ’’Guèlèdè’’, version
’’Sébastien Boko’’, commence par la devanture de l’Institut français de
Cotonou, avec une pièce d’un siamois intrigant, impressionnant. Finalement,
lesquelles des 34 sculptures de l’exposition ’’Voiles’’, qui s’achève le 4
février 2019, auraient arraché l’achat du Ministre Oswald Homéky ?
Marcel Kpogodo