mercredi 14 février 2018

Pour Claude Balogoun, « [Le ’’Séminaire Pag-Odd Culture’’], pour permettre aux acteurs culturels de mieux se défendre, de mieux se positionner et de mieux se vendre »

Dans le cadre du déroulement de l’initiative ce jeudi 15 février


Les acteurs et les journalistes culturels sont appelés à découvrir le contenu du Programme d’actions du Gouvernement (Pag) et des Objectifs du développement durable (Odd), adapté à la culture, dans un contexte bien précis qu’est la mise en œuvre du Projet dénommé ’’Séminaire Pag-Odd Culture’’, prévu pour se dérouler dans la journée du jeudi 15 février 2018, à Cotonou. Pour en détailler les fondements, Claude Balogoun, représentant des artistes et des acteurs culturels au Conseil économique et social (Ces), a bien voulu répondre à nos questions.

Claude Balogoun
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Claude Balogoun. Vous êtes une personnalité qu’on ne présente plus ... Unique représentant des artistes et des acteurs culturels au Conseil économique et social (Ces), vous êtes à l’initiative d’un événement dénommé ’’Séminaire Pag-Odd Culture’’, qui se tient le jeudi 15 février 2018, à la Grande salle de spectacles du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), à l’ex-Ciné Vog, à Cotonou. Pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit ?


Claude Balogoun : L’initiative de demain, jeudi 15 février, a été prise par deux structures : ’’Réussir’’ qui est une Organisation non gouvernementale (Ong) de recherche et de formation, dans le domaine culturel, et ’’Sudcréa’’ qui est aussi une association culturelle.
C’est ensemble qu’en réfléchissant, nous nous sommes rendus compte que les acteurs culturels, d’une manière générale, sont largués ; ils sont délaissés, ils ne sont pas pris en compte. La raison en est qu’ils ne produisent pas véritablement de données quantifiables, qualitatives et quantitatives qui devaient pouvoir aider les autorités à connaître ce qu’ils apportent dans le budget de l’Etat, comme flux économiques. Voilà un secteur où près de 75 à 80% des acteurs travaillent dans l’informel. Cela ne facilite pas le regard que l’Etat et les Partenaires techniques et financiers doivent pouvoir jeter à leur endroit, comme c’est le cas des artisans qui se trouvent bien organisés.
Les acteurs culturels ne sont pas organisés. Donc, on ne peut pas dire, aujourd’hui, qu’en mettant 10 milliards dans le secteur culturel, on peut sortir de là un flux économique de 15 milliards. Si cela en est là, c’est parce que les acteurs culturels manquent d’information, ils manquent d’éducation et de formation, ce qui les empêche de se mettre à jour vis-à-vis de ce qui se fait.
Or, nous savons également que, dans la macro-économie, chaque Gouvernement qui s’installe le fait avec un projet de société, ceci qui contient des programmes en direction de chaque catégorie socio-professionnelle. Nous, acteurs culturels, nous ne lisons pas vraiment les documents qui fondent ces projets de société ; on n’a pas connaissance de cela.
Au cours du séminaire indiqué, nous parlerons du Programme d’actions du Gouvernement (Pag), du Président Patrice Talon, dans lequel il est prévu des réalisations pour la culture. Mais, est-ce que les acteurs culturels le savent ? Est-ce que les journalistes culturels sont bien au parfum de ce qui est prévu pour la culture ? Ce n’est pas évident. Donc, lorsque le Pag va s’exercer pendant cinq ans, est-ce qu’il faut en rester en marge ? Ne peut-on pas chercher à comprendre ce que ce projet de société a prévu, pour s’y arrimer aussitôt et évoluer avec lui ? C’est important ...
Sur le plan international, il y a les Objectifs du développement durable (Odd) qui sont des dispositions de développement, prévues au niveau mondial. Et, le Bénin, dans cet ensemble d’Objectifs, a choisi certains qui lui sont spécifiques, puisque chaque pays a le droit de le faire, c’est-à-dire de sélectionner les Objectifs qui lui sont prioritaires. Alors, quels sont ceux que l’Etat a retenus pour le secteur culturel ? Combien d’acteurs et de journalistes culturels les connaissent ? Ce n’est pas évident.
C’est ainsi que les deux structures que j’ai évoquées précédemment se sont rapprochées du Système des Nations unies, à travers le Programme des nations unies pour le développement (Pnud), pour proposer que certains de ses experts viennent faire une communication aux acteurs et aux journalistes culturels sur le contenu des Odd. De la même manière, une démarche a été effectuée vers le Bureau d’analyses et d’investigations (Bai), de la Présidence de la République, et vers le Ministère du Plan, pour demander que des spécialistes viennent parler de ce qui est prévu dans le Pag pour les acteurs culturels. Donc, le Séminaire permettrait à ces deux catégories d’institutions de se former sur ce qu’ils doivent pouvoir comprendre dans les deux documents, par rapport à la culture.
Il s’agit donc d’une initiative privée, financée par les deux associations, sans aucun autre partenaire financier. Nous avons aussi la caution morale du Ministère de la Culture dans le domaine duquel l’activité a lieu, et aussi de l’Etat béninois qui a mis en place le Pag. N’oublions pas d’évoquer le parrainage du Ces, vu que l’idée du séminaire est venue d’une manifestation qui s’est déroulée en son sein, par rapport au Pag et aux Odd.



Nous comprenons que ce sont les artistes, les acteurs et les journalistes culturels qui sont concernés par ce Séminaire d’une journée. Quelles en sont les conditions de participation ?

Elles sont simples ; on a établi des cartes d’invitation, qu’on a distribuées partout. Ceux qui disposent de la leur sont attendus au Séminaire, de même que ceux qui n’en ont pas, dans la limite des places disponibles, pour les acteurs culturels.



Combien de participants sont attendus pour le jeudi 15 février?

Nous sommes en train d’envisager six cents personnes qui vont venir.



La Grande salle du Fitheb pourra-t-elle contenir tout ce monde ?

Si la Salle est pleine et que des participants sont debout, l’autorité comprendra qu’il faut faire le Théâtre national qui est un autre combat que je mène.



Du point de vue de la logistique, qu’est-ce qui est prévu pour prendre en charge les participants ?

Je pense qu’il faudrait que nous apprenions aussi à nous sacrifier un peu pour véritablement travailler pour notre pays. Et, ce sacrifice vient déjà de ce que nous mettons du matériel confortable de sonorisation, du matériel de production audiovisuelle, donc, deux grands écrans, pour projeter les communications. Les participants auront sûrement droit à de petits carnets pour noter et, puis, il y aura des pauses-café …



Quel est le temps de déroulement du Séminaire ?

Cela commence à 8h30, pour se terminer à 14h.



Avez-vous un appel à lancer à cette cible que vous avez identifiée pour recevoir la formation ?

Je voudrais dire aux journalistes culturels de venir apprendre et s’informer, afin de bien relayer cet événement. Ensuite, je dis aux acteurs culturels que c’est leur frère qui a initié cette activité, sans aucun soutien financier. Il serait bien qu’ils viennent s’informer parce que, demain, dans un an, dans deux ans, lorsqu’ils vont commencer à gagner des financements internationaux, du fait de ce qu’ils seront arrivés à intégrer dans leurs projets les données du développement durable, je pense qu’ils vont me remercier.
Je voudrais aussi dire à ceux qui sont sceptiques que ce sont réellement des experts avérés qui viendront tenir les communications. Ceci n’a rien de politique. 
Savez-vous, ce sont seulement les acteurs culturels qui savent ce qu’ils souffrent dans ce pays et, il n’y a que des acteurs culturels qui défendront leurs intérêts, qui parleront en leur nom. Par ailleurs, la bonne connaissance du contenu du Pag et des Odd peut nous permettre, désormais, de mieux nous défendre, de mieux nous positionner et de mieux nous vendre. Le contraire reviendrait à marcher comme un aveugle. Nous sommes en train de lutter pour le Fonds d’aide, pour des financements, notamment, or, nous ne savons pas si, dans ce qui est prévu, il y a de nouvelles lignes qui nous concernent. Lorsque nous allons les découvrir, nous allons moins nous plaindre, nous allons moins nous énerver contre l’autorité. C’est lorsqu’en dépouillant les documents, on se rendra compte qu’il n’y a vraiment rien pour nous, qu’on aura toutes les raisons de parler. 
  

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mardi 6 février 2018

« […] pour le Fitheb, nous ne voyons rien », s’inquiète le Journaliste Esckil Agbo

 Dans le cadre d’une interview accordée à notre Rédaction

« Je suis Fitheb 2018 » est une campagne qui a pris d’assaut, depuis quelques jours, les réseaux sociaux. A l’origine de cette opération qui prend de l’ampleur, à mesure que nous approchons du mois de mars, celui mythiquement reconnu comme étant celui de la Biennale, se trouve un jeune journaliste culturel reconnu pour son engagement pour les causes culturelles nobles : Esckil Agbo. Les mots qu’il nous confie sont ceux du constat d’un Fitheb 2018 dénué de signes d’une organisation imminente de l’événement, à travers l’interview ci-dessous, qu’il a bien voulu nous accorder. Réponse immédiate à cet état de choses : l’amorce d’une nouvelle lutte …

Esckil Agbo
Journal ’’Le Mutateur’’ : Esckil Agbo, journaliste culturel, vous êtes l’initiateur de la campagne « Je suis Fitheb 2018 »  qui tourne actuellement dans les médias. De quoi s’agit-il concrètement ?

Esckil Agbo : « Je suis Fitheb 2018 » est une campagne  pour réclamer, revendiquer   l’organisation de la 14ème édition  du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb).  Conformément à l’appel à création que la Direction générale du festival avait lancé, courant le 2ème semestre de l’année 2017,  la 14ème édition de la Biennale est annoncée pour  se tenir en mars 2018. Le mois de janvier a fini d’égrener  ses jours,  celui de février a ouvert ses portes. Mais, jusque- là, nous n’avons aucune information officielle sur la tenue de l’événement. Je n’arrive pas à comprendre qu’à moins de trente jours du  mois de mars,  rien n’annonce l’organisation du Fitheb 2018. Nous n’avons aucune information sur la délibération de l’appel à créations,  les artistes devant prendre part à la biennale ne sont  donc pas connus.
L’appel à accréditations, pour la presse, notamment, n’est pas lancé. En un mot, il n’y a aucun signe de communication qui promet l’événement. Rien du tout.
Face à cette situation qui  défigure davantage le visage culturel du Bénin, je pense qu’aucun acteur culturel béninois ne saurait rester insensible.  En tout cas,  le comédien, le metteur en scène, le dramaturge, le scénographe, le conteur, le slameur, le poète, le chanteur, le danseur  qui aime le Bénin et qui aime ce Festival ne peut rester indifférent à ce sort  qu’on lui inflige, d’où la campagne « Je suis Fitheb 2018 ». Pour emprunter  les mots  du poète- dramaturge  béninois, Daté Barnabé Atavito-Akayi,  « le Fitheb ne mourra pas car il n’y a pas de morgue pour l’accueillir ».



Avez–vous cherché à connaître ce qui justifie ce silence autour de la tenue de l’événement ?

Oui ; je ne suis pas resté dans mon lit pour initier cette campagne. En ma qualité de journaliste culturel, j’ai cherché et recherché les raisons qui sont à la source de ce qu’on nous constatons tous.  
D’abord, l’appel à créations  de la Direction générale du Fitheb prouve son engagement à organiser l’événement et, ce, à bonne date, car le mois du Fitheb est le mois de mars.   
Mes investigations m’ont  montré que le problème est au niveau de la hiérarchie du monde culturel, c’est-à-dire toutes les institutions étatiques qui sont impliquées dans la tenue du Fitheb. Il s’agit, singulièrement, de la Présidence de la République, du Ministère du Tourisme, de la culture et des sports et du Ministère de l’Economie et des finances. Ces trois institutions ont chacune le pouvoir d’opposition à l’organisation  du Fitheb. Curieusement, c’est ce qui se dessine vaille que vaille.
Vous savez que le Bénin a récemment vu renouveler son Gouvernement : nous avons un nouveau Ministre à la tête de la Culture. Ce qui est devenu, depuis quelques années, la règle   à la tête de nos institutions, quand un nouveau patron arrive : il lance l’opération « Je veux voir clair  dans tout ce qui s’est produit avant mon arrivée », ce qui est normal. Une fois cette intention lancée, bienvenue à l’éternel recommencement. On stoppe toutes les activités, même les plus urgentes. Le secteur de la culture est la proie facile de ce « Je veux voir clair ». Avant l’actuel Ministre, Oswald Homéky, son prédécesseur, Ange N’Koué, est resté sur place, à tourner pendant plus de dix-huit mois, sans qu’on ait su véritablement ce qui se faisait. Son successeur est venu ; nous l’avons applaudi parce que nous avons vu l’homme agir au niveau des Sports. Mais, jusque-là, nous écarquillons les yeux et nous ne voyons rien. En tout cas, pour le Fitheb, nous ne voyons rien. Comprenez donc d’où proviendrait le malaise de la biennale.

La bannière officielle de la campagne

Comment la campagne « Je suis Fitheb 2018 » se déroulera-t-elle ?  

Notre objectif est d’aboutir à la tenue effective de l’événement, cette année. C’est une  évidence qu’il ne peut plus se tenir en mars, en tout cas, si on ne veut pas le clochardiser.  Alors, nous utiliserons tous les moyens nécessaires pour amener les décideurs à faire organiser notre événement ; c’est notre Festival, on ne le laissera pas mourir. Actuellement, nous ne sommes qu’à la première étape  de notre campagne. Au fur et à mesure que nous évoluerons, vous en remarquerez les  autres phases.



Avez-vous un appel à lancer aux acteurs culturels ?

Le  Fitheb est  l’unique événement culturel  du Bénin, dont l’Etat est le principal financeur.  Du haut de ses 27 ans de vie, il  est à un carrefour décisif. Il est temps qu’on légalise son financement. Je pense qu’il faut asseoir une politique qui légifère sur la mise à disposition de la Direction de la Biennale des ressources nécessaires, notamment, financières pour son organisation, parce que le  problème du Fitheb  se trouve à ce niveau. Si l’Etat n’est pas prêt pour prendre une telle initiative, nous, acteurs culturels, pouvons la provoquer, c’est-à-dire conduire l’Etat à la prendre.

Propos recueillis par  Marcel Kpogodo 

jeudi 25 janvier 2018

« […] l’enjeu que je visais était de taille […] », explique Rabbi Slo

En prélude à son retour sur le marché musical béninois

14 ans après son départ du Bénin, son pays d’origine, le chanteur Rabbi Slo, de son vrai nom, Wilfrid Houwanou, refait surface dans l’arène musicale. Immigré aux Etats-Unis depuis 2004, et résidant à New York, le chanteur béninois, compositeur, interprète et producteur, très prisé dans son pays, au début des années 2000, annonce son retour sur scène, avec une nouvelle vidéo et un nouvel album, prévus pour être lancés à la fin du mois de février 2018.
Nouveau style, nouvelle philosophie, nouvel engagement … et, encore plus d’endurance et de réalisme dans sa perception du monde et, surtout, de son travail. Rabbi Slo, devient aujourd’hui ’’Robbi’’. Dans cet entretien exclusif, il nous parle de sa renaissance. Robbi explique les raisons de son long silence musical et parle de son nouvel album et de sa vision actuelle de la musique et de sa carrière.
Robbi, anciennement, Rabbi Slo
Raoul Franck Pédro : Que devient Rabbi Slo après un si long retrait des projecteurs, après avoir fait le buzz, bien longtemps, dans son pays ?

Robbi : Oui, c’est vrai que je suis parti du Bénin à un moment où j’avais le vent en poupe. Je crois que personne ne me pardonne cela. Les gens quittent souvent leur pays pour l’aventure, quand tout va mal. Mais, j’ai été l’exception qui confirme la règle. Mon tout premier album, ’’Enangnon’’, est sorti au Bénin en 2000, et a connu un grand succès. Le public m’a très vite adopté, et j’ai réellement démarré ma carrière avec cet album, qui m’a permis d’appréhender de nombreuses réalités du showbiz africain. Avant mon départ pour l’Amérique, j’ai réalisé au total quatre albums à succès : ’’Enangnon’’, ’’Djogbé’’, ’’Mahu-Mahu’’ et ’’Sèwoué’’, en 2004, peu avant mon départ.
J’ai effectué de nombreuses tournées nationales, africaines et, même européennes. Je crois que ma musique suscitait beaucoup d’engouement, à l’époque, et j’en étais fier.
Mais, malgré cela, j’ai décidé de partir parce que l’enjeu que je visais était de taille et, le sacrifice de tout laisser dernière moi était indispensable pour atteindre mes objectifs.


Quel était cet objectif si grand que malgré le succès que vous aviez, déjà, à l’époque, dans votre pays, vous avez décidé, ainsi, de tout quitter et d’immigrer aux USA, alors que les portes du succès vous étaient grandement ouvertes, chez vous ?

Quelques fois, la vie nous impose de nombreuses surprises, et il arrive de se retrouver face à des situations qui nous amènent à aller à l’encontre de l’idéal commun. Quand votre rêve ne vous permet plus de dormir la nuit, et que vous êtes constamment hanté par une voix intérieure de plus en plus dominante, tous les jours, vous arrivez à comprendre que les grandes décisions de votre vie, vous devez les prendre seul et les assumer en toute responsabilité, avec grandeur d’esprit. Dans de pareilles circonstances, les gens doivent être obligés de vous comprendre et de vous accompagner dans la réalisation de votre vie. Je crois que mon public est assez mature et mieux aguerri pour faire la part des choses et pour accepter ma décision. C’est la fin qui justifie les moyens.
Je suis parti du Bénin, parce que j’étais convaincu que j’avais une mission à accomplir dans ma vie et, pour y arriver, il me fallait sacrifier ce que j’avais déjà l’intention d’avoir réussi. Il faut oser perdre pour gagner. Je n’ai pas encore pu atteindre mes objectifs, mais j’ai beaucoup appris de la vie et, sur la musique. Je suis de retour, aujourd’hui, dans l’arène musicale, avec une vidéo annonciatrice d’un nouvel album et, je crois que nous allons reprendre notre aventure musicale, de plus belle.


Une rumeur a fait état de votre arrestation en Amérique, peu après votre départ du Bénin. Et, après, plus personne n’a eu véritablement des nouvelles de vous, jusqu’à ce jour. Dites-nous un peu ce qu’il en est vraiment de votre immigration aux USA …

Retenez déjà que je n’ai jamais eu de soucis avec la police, encore moins avec la justice américaine, depuis mon arrivée aux Etats-Unis. Ce n’est pas facile de quitter chez soi et de tout recommencer dans un pays où la langue est différente, les mentalités, très évoluées, et où la conception du monde va à une vitesse de croisière. Arrivé à New York, j’ai pris beaucoup de temps pour m’accommoder. J'ai été accueilli par quelques amis mais, très vite, je me suis pris en charge et j’ai entrepris une formation musicale à Hochstein School of music & dance. Cette formation a duré trois ans. J’ai fait d’excellentes connaissances de gens qui m’ont aussi initié à la composition et à l’écriture de la musique de film et de programmes de télévision.
J’ai très vite installé l’un des meilleurs studios Recording où je produis de la musique pour films et TV, sous le label ’’Replay 4 life music’’. C’est d’ailleurs ce même nom de mon label qui est attribué à mon nouvel album. Depuis quelques années déjà, mon studio réalise de nombreuses chansons pour des émissions de télévision aux Etats-Unis, avec les plus grands Publisher de TV show comme ’’Kardashians’’, ’’Mtv real word’’ et bien d’autres. C’est dans ce studio que j’ai réalisé l’essentiel des travaux de mon album.



Quel défi entendez-vous relever, à travers ce nouvel album ?

Mon album, ’’Replay 4 life music’’, sera un véritable instrument de repositionnement de ma carrière. Je nourris de très grandes ambitions pour ma carrière aujourd’hui, et je me dis que je n’ais pas le droit à l’erreur. Ma nouvelle vidéo du morceau ’’So fine’’, en dit long sur la qualité de l’album, ’’Replay 4 life music’’. Je laisse les mélomanes apprécier.
Ce morceau qui tournera en boucle sur toutes les plateformes de musiques africaines et sur les grandes télévisions de promotion mondiale de la musique africaine, aura pour mission d’annoncer mon grand retour sur la scène musicale. Aujourd’hui, je suis mieux aguerri pour prétendre à une carrière internationale. J’ambitionne de me positionner au sommet de tous les hits de la musique africaine. Je n’ai pas la prétention d’être le meilleur, mais je travaille à être le meilleur, et je veux donner l’occasion au public international d’apprécier mon niveau de travail et de détermination pour la cause du travail bien fait. A New York, j’ai été soumis à d’autres réalités de travail, très rudes et axées sur la production de résultats. Je veux pouvoir partager avec mon public ma nouvelle conception de la vie, à travers ma musique.



L’album ’’Replay 4 life music’’ sort précisément quand ?

Ma vidéo sort dans quelques jours et l’album lui-même sera disponible d’ici la fin du mois de février. Il comporte plusieurs titres, ‘’Don’t’’, “Yawa”, “So fine”, “Body fire”, “Replay4life”, “Bougez gogo”, “Body shape to die 4” et bien d’autres. Cet album, je vous le promets, bénéficiera d’une très bonne promotion dans le monde et, surtout, en Afrique, où je m’investirai beaucoup à travers de nombreux concerts de promotion à partir de cette année 2018.


A quand votre retour au Bénin ?

Je reviendrai au Bénin après la sortie de mon album ; je promets aux mélomanes béninois un géant concert au Stade de l’Amitié de Cotonou, à mon retour. Je n’en dirai pas plus, je préfère garder le suspens.


Quelles innovations apportez-vous à votre musique ?

J’ai mieux travaillé mon timbre vocal en l’adaptant à mon style de musique. Aujourd’hui, j’apporte à ma musique la perfection, l’amour du travail bien fait, et mieux, j’arrange et je produis ma musique. Donc, l’amateurisme n’a plus sa place dans ma carrière. Ma musique est l’essence même de ma vie, ma seule garantie et le fondement de mon existence. Je lui dois tout, et je lui consacre tout.


Ce qui vous particularisait était votre grande proximité avec les mélomanes grâce aux thématiques de tes morceaux. Restez-vous toujours fidèle à cette philosophie, dans vos compositions?

Il n’y a rien au monde qui me donne de joie au cœur que d’être au service des autres et de les voir heureux. Elever l’homme à sa dimension spirituelle, le célébrer, l’exhorter et le doter d’un moral fort, susceptible de l’aider à se surpasser. C’est ce qui donne un sens à ma vie et à ma vocation de chanteur. Je continue à chanter, non seulement le quotidien des peuples du Bénin mais, aussi, celui des peuples d’Afrique qui soufrent de maux identiques. Je m’évertue à dénoncer, sensibiliser, exhorter les gens au bon sens et à la recherche permanente de l’amour. Sur mon nouvel album, l’amour est omniprésent. Je prône la tolérance, la justice sociale, l’espoir en un avenir meilleur, la foi en Dieu, la croyance en soi et, enfin, l’amour et la tolérance ; cela est mon leitmotiv pour l’assurance d’une carrière radieuse.


Depuis votre départ, beaucoup de choses ont changé dans votre pays, d’autres artistes ont pris le relais et votre public semble vous avoir un peu jeté aux oubliettes. Pensez-vous pouvoir le reconquérir aussi facilement avec votre nouvel album ?

Dans la vie, rien n’est facile mais, au bout de l’effort, on parvient toujours à triompher. Je me refuse de pronostiquer. A ce que je sache, mon public m’est resté fidèle. Il n’y a jamais eu des événements fâcheux entre lui et moi. Je suis juste aller faire des recherches pour parfaire mon art, afin de le combler davantage et, je sais qu’il saura me comprendre et m’accepter avec mon nouveau produit.
En quittant le Bénin, j’ai laissé quatre albums à mes fans. Et, je crois qu’ils ont eu suffisamment de temps pour les écouter. Alors, j’estime que le moment est opportun afin de les gratifier d’un nouvel opus qui s’adapte mieux aux exigences du marché international de disque et aux principes de l’industrie musicale. Aujourd’hui, j’ai travaillé à me professionnaliser et, je crois que mon public a plus intérêt à me soutenir dans cette démarche qui m’a valu bien des sacrifices pour lui.


Rabbi Slo devient ’’Robbi’’. Pourquoi ce changement de nom ?

Non, je n’ai pas changé de nom. Mon nom se prononce toujours de la même façon, mais c’est juste l’écriture qui change. C’est désormais ’’Robbi’’ et cela se prononce ’’Robbi’’, en français et en anglais. Je l’ai fait juste pour me conformer à certaines exigences du marché du showbiz international.


Vos fans veulent aussi savoir comment vous vivez à New-York

J’ai, actuellement, une double nationalité ; je suis Bénino-américain. Je suis marié à une Béninoise et suis père de trois enfants. J’ai entièrement reconstruit ma vie, ici, et je travaille à parfaire mon travail et mes relations humaines. Je profite de l’occasion pour présenter mes excuses à toutes les personnes que j’aurais offensées d’une quelconque façon, et je les exhorte à l’amour. Je ne compte pas de sitôt revenir m’installer au Bénin, car je crois que, d’ici, je pourrai réussir beaucoup de choses dans mon pays. Je suis l’actualité et je demande beaucoup de courage à mes compatriotes. J’implore l’indulgence des mânes de nos ancêtres sur le Bénin et sur ses dirigeants ; je demande à Dieu le suprême d’éclairer et d’inspirer positivement tout un chacun afin que le Bénin reste et demeure ce modèle de pays de paix, très convoité par les autres nations. J’admire l’évolution de la musique béninoise, et je souhaite que les artistes de mon pays et de l’Afrique puissent vraiment avoir l’occasion de travailler dans de meilleures conditions et, surtout, de pouvoir vivre de leur art. Enfin, je rassure mon public et les mélomanes de l’Afrique et du monde que l’artiste Robbi s’engage à révolutionner le showbiz musical, en Afrique et dans le monde. Je veux pouvoir me hisser très loin, au firmament des hits de la musique d’origine africaine et, pour ce, je compte sur le travail et le sur professionnalisme. J’exhorte les mélomanes à se procurer mon nouvel album qu’ils adopteront très vite, après l’avoir découvert.

Propos recueillis par Franck Raoul Pédro

vendredi 12 janvier 2018

« Que l’énergie spirituelle et l’énergie des mânes de nos ancêtres comblent Oswald Homéky … », souhaite Anicet Adanzounon

Dans le cadre de ses vœux au Ministre de la Culture

Une nouvelle année constitue une opportunité pour traduire ses attentes, ses préoccupations profondes par la formulation de vœux. Parmi les acteurs culturels ayant choisi de donner une valeur particulière à l’exercice se trouve l’homme de théâtre, Anicet Adanzounon, qui envoie des vœux 2018 à une personnalité peu commune : Oswald Homéky, Ministre de la Culture.

Anicet Adanzounon
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Anicet Adanzounon. Vous êtes comédien, metteur en scène, promoteur culturel et Président de la Fédération des associations des metteurs en scène et des arts assimilés du Bénin (Fames-Bénin). Vous avez des vœux à formuler à l’endroit du Ministre de la Culture, Oswald Homéky …

Anicet Adanzounon : Merci de m’avoir accordé votre tribune. Au nom de la Fédération des associations des metteurs en scène et des arts assimilés du Bénin (Fames-Bénin), je tiens à dire nos vœux les meilleurs à notre Ministre du Tourisme, de la culture et des sports, M. Oswald Homéky. Que Dieu le comble de l’esprit de la clairvoyance pour mieux orienter les réformes du Programme d’actions du Gouvernement (Pag) ! Que Dieu le comble de l’esprit de clairvoyance pour permettre à nous, les acteurs, qui n’avons pas de soutien, de commencer aussi à en bénéficier ! En effet, il fait beaucoup pour la musique ; j’ai compris que, jusqu’à sa prise de fonction, ce sont les musiciens qui bénéficiaient beaucoup de soutien. Nous, hommes de théâtre, nous ne nous retrouvons pas encore dans ses actions.
Mais, pour l’année 2018, nous souhaitons au Ministre Oswald Homéky de penser à faire restituer aux ayant-droit le solde de la subvention par le Fonds d’aide à la culture (Fac) des activités culturelles de l’année 2016. La récupération de ces fonds fait partie des priorités que nous nous sommes donné, pour 2018. Notre question est de savoir si le budget de la nouvelle année nous donne la chance de récupérer ce solde, parce que nous, nous n’avons pas de soutien, nous n’avons rien.
Donc, si, jamais, nous n’avons pas nos soldes, en 2018, la morosité financière qui sévit depuis l’année passée va continuer. On ne le dit pas parce qu’on ne vit que du Fac mais, du moment que cette institution a fait un appel à projets et qu’elle nous a accordé une subvention que nous lui avons demandée, nous nous sommes endettés véritablement pour réaliser notre projet et pour en déposer le rapport. Entre temps, je suis entièrement d’accord pour que le Pag soit réalisé et que les réformes s’installent ; nous sommes prêts à accompagner le Ministre s’il nous fait appel, en tant qu’homme de théâtre, en tant que promoteur de ’’L’évangile du rire’’, de ’’72h de théâtre’’ et du Festival de la danse sur bambou à travers les associations. Nous souhaiterions que Monsieur le Ministre comprenne qu’il est très important pour nous qu’il pense à ces nombreux artistes qui sont dans l’attente de leurs reliquats.
Pour finir, je demanderais au Ministre de ne pas écouter seulement certaines personnes, parce que nous sommes dans un pays où il y a trop de clans. Que le Ministre commence à nous accorder un peu son écoute, pour connaître les préoccupations de nous qui ne sommes pas à Cotonou ; il y a beaucoup d’acteurs culturels qui sont à Houèdo, à Tori-Bossito, à Zinviè, à Allada, et qui travaillent. J’aimerais que le Ministre commence aussi à s’intéresser à ceux-là, parce qu’ils ont aussi beaucoup à apporter à la nation. Que l’énergie spirituelle et l’énergie des mânes de nos ancêtres comblent Oswald Homéky pour qu’il ait la force et l’énergie de régler le problème culturel, comme il l’a fait pour le sport !

Propos recueillis par Marcel Kpogodo 

jeudi 11 janvier 2018

Guy-Ernest Kaho s’investit dans le théâtre domestique

Face à la définition d’une nouvelle démarche artistique


Comédien et acteur béninois reconnu, conteur, déclamateur, poète, Guy-Ernest Kaho a pratiqué plusieurs scènes, de celles ouvertes à d’autres, fermées, et ne manque pas d’explorer de nouveaux univers de jeu de rôles, parmi les moins imaginables. Depuis peu, il exerce dans une forme inhabituelle de théâtre, celle qui s’effectue à domicile, ce qu’il a fallu découvrir, en décembre 2017, dans un foyer de Cotonou, à travers une pièce écrite par Emmanuel Darley.

Le personnage, dans son jeu d'attrape-souvenirs et ...
Un homme frappe à une porte, entre et agit spontanément dans une maison dont l’intérieur remarquable est une salle de séjour, où sont réunis, quelque peu serrés, les membres de la famille et des amis qu’ils reçoivent, comme à dîner. Le contexte bien planté du théâtre à domicile, qu’a pratiqué, dans la soirée du 15 décembre 2017, à Cotonou, le comédien béninois, Guy-Ernest Kaho, à travers la pièce, ’’Qui va là ?’’ d’Emmanuel Darley, dans une mise en scène de Jean-Michel Coulon.
Sans gêne aucune, cet homme, qui semble un inconnu, arrive dans la demeure, y dépose son sac de vagabond de même que ses chaussures, y déambule librement, en brise complètement les normes d’intimité, y prend ses aises, une douche, un repas, bien attablé qu’il est, se fraie un espace dans une banquette occupée, cause, raconte comment la demeure qu’il a intégrée était sienne. 


... dans son lit de l'époque, se souvenant de sa mère (Photo de Guy-Ernest Kaho) ...
Dans ses différents mouvements, dans ses va-et-vient, interminables, de l’intérieur vers le salon, dans ses actes de liberté, tels que la musique qu’il met à fond en se douchant et qu’il fredonne, les soupirs décontractés quand il est aux besoins, il évoque la proximité avec sa mère, dans cette maison, une vingtaine d’années auparavant. A la grande surprise du public circonstanciel, il va jusqu’à s’affaler douillettement dans le confortable lit de l’une des chambres à coucher, à l’étage, la sienne, dans un certain passé, y identifie, à une place précise, un trou qui a été comblé, avec le temps. 


... et une situation réussie d'incursion domestique (Photo de Guy-Ernest Kaho)
C’est une véritable odyssée, dans une maison d’autrui, qui se termine dans des conditions assez embrouillées puisqu’en quittant les lieux, le personnage ne se souvient plus y avoir habité.

A table, manifestant un grand appétit, comme chez lui
Le monologue, mené de bouche et d’esprit d’expert, par Guy-Ernest Kaho, a rendu perceptible la capacité d’adaptation du comédien à un système complètement nouveau pour lui et, sa force réside dans sa capacité à incarner un personnage multi-actant, supportant simultanément les charges de destinateur, de destinataire, d’adjuvant et d’opposant de l’action de reconnexion avec un passé particulièrement évocateur. En effet, le personnage lui-même est à l’origine de l’action de recherche de réminiscence, et il est celui qui l’exécute, d’où sa posture se renforce de l’actant du sujet.
En outre, destinataire, le même personnage est celui qui profite de l’action du sujet, vu le bien-être et l’épanouissement qui se lisent dans sa voix égayée, dans ses rires, dans son agilité débordante à se mouvoir aisément dans une maison qui, entre temps, lui était devenue étrangère ; il s’est défoulé de ses rancœurs, de ses frustrations.  Par ailleurs, ce personnage est son propre adjuvant, étant que c’est lui-même qui a mis en œuvre le processus de prise en contact avec les souvenirs épanouissants de la vie avec sa mère ; il a concrètement agi pour donner corps à sa volonté. De même, il est son propre opposant, sinon, comprendre qu’au dénouement, il se comporte comme s’il n’était plus sûr d’avoir vécu dans la maison concernée ?

Le personnage, en fin d'odyssée domestique (Photo de Guy-Ernest Kaho)
Dans ce contexte de charge et de surcharge d’actants, Guy-Ernest Kaho n’avait pas d’autre choix que de se sentir débordé, d’où, physiquement, la transpiration qui ne pouvait qu’aller de soi. Et, le naturel de ses pas, de ses gestes, de ses intonations, de ses ricanements font de lui un professionnel confirmé, indétrônable du jeu sur scène. En effet, comme « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », il a réussi son jeu après s’y être donné à fond et, « le coup d’essai a été un coup de maître ».


Marcel Kpogodo  

Le ’’Guèlèdè’’, source d’inculturation de Sébastien Boko

Dans le cadre de la nouvelle démarche de l’artiste


Le jeune sculpteur béninois sur bois, Sébastien Boko, connaît une nouvelle orientation de son approche à son matériau favori. C’est une métamorphose dont il a fallu se rendre compte lors de sa dernière exposition au ’’Centre’’ de Godomey, dans le contexte de la deuxième édition des ’’Echos de Lobozounkpa’’, du début du mois de décembre 2017. Les quatre pièces qu’il y a présentées adoptent un profil familier aux connaisseurs des masques ’’Guèlèdè’’ auxquels il affirme être retourné, comme à ses sources.

Sébastien Boko, en compagnie de ses Amazones du ''Centre''
« Je veux avoir un pied dans ma culture ; ma base, c’est l’Afrique ». Les propos dévoilant la conviction intime et forte qui régule désormais l’inspiration créatrice de Sébastien Boko, lui dont l’essentiel de la gestion du temps professionnel consiste à modeler le bois, à lui donner forme humaine et vie, sous le prisme d’un thème, d’un message, d’une conception de la vie, une conviction et une réflexion qu’il a manifestées, quelques jours seulement après le vernissage, le 8 décembre 2017, de l’exposition dénommée ’’Amazones’’, au Centre de Godomey, elle qui a été organisée dans le cadre d’une manifestation culturelle de trois jours, propre à cet espace culturel : ’’Les Echos de Lobozounkpa’’. L’exposition indiquée s’achève le 27 janvier 2018.
Ainsi, les quatre pièces que présente l’artiste-sculpteur à l’appréciation du public sont des personnages debout, moulés dans un vêtement qui leur prend tout le corps. Un choix créatif que Sébastien Boko explique par la volonté qui l’anime de partager avec les visiteurs la réalité intrinsèque du masque ’’Guèlèdè’’ qui est désormais sa source d’inspiration : « Le ’’Guèlèdè’’, ce ne sont pas juste des masques en haut ni des danses qui existent en haut, c’est aussi et, surtout, un accoutrement entier, c’est un ensemble, c’est, du haut en bas, le pagne qui déforme la silhouette, de la tête aux pieds, avec des clochettes ». 
Les ''Amazones'' de Sébastien Boko
« Le ’’Guèlèdè’’ symbolise la danse de l’homme pour magnifier la femme ; il s’agit des femmes qui travaillent, qui ont un métier pour se nourrir, les cantinières, les cadres, les politiciennes, … », a-t-il poursuivi avant de conclure, en se rattachant au thème de l’exposition collective ayant vu rigoureusement sélectionner une dizaine d’artistes plasticiens béninois, de la nouvelle génération : « Pour moi, ce sont elles, les amazones ; il fallait que je rende hommage à ces femmes qui se battent à leur manière ». 
En réalité, le sommet de chacune des quatre sculptures représente des outils symboliques orientant vers le métier de ces amazones de l'époque contemporaine.
Puis, les lèvres de l’artiste arborent quelques salutaires conseils à l’endroit de la gent féminine laborieuse : « Même si les hommes font les femmes, ils ne peuvent jamais les réaliser, elles doivent être déterminées ; le travail seul peut les rendre indépendantes et, je ne veux pas d’une indépendance qui devienne un handicap à leur épanouissement ». 
Se rapportant à son adoption du culte ’’Guèlèdè’’ qui, désormais, fonde, renouvelle et enrichit sa démarche de travail, Sébastien Boko montre sa préoccupation de rendre remarquable toute la chaîne des métiers humains intervenant dans la réalisation de ce masque : « Il m’est important de montrer, d’attirer l’attention sur les tous types d’acteurs qui interviennent sur le Guèlèdè’’, à divers niveaux ». Ceci n’empêche qu’il exprime que la pratique du culte lié à ce masque relève d’un patrimoine domestique : « Le ’’Guèlèdè’’, c’est chez moi que ça se fait ; je suis issu d’une famille qui le pratique depuis des générations, par les joueurs et les danseurs qui l’animent, à Naogon, en région Agonlin ».

L'usine de Sébastien Boko
Du retour à ses sources ancestrales, Sébastien Boko aboutit à une totale et réelle vocation artistique débouchant sur la conception industrielle de la sculpture ’’Guèlèdè’’. A son atelier de travail, qu’il a bien voulu exceptionnellement dévoiler, une multitude de personnages viennent à la vie, façonnés dans un thème plus que précis : ’’Voiles féminins et masculins’’.


Marcel Kpogodo 

mardi 9 janvier 2018

Quand Oswald Homéky flirte avec la mafia

Dans le cadre de la gestion des dossiers du Bubédra


Le 22 décembre 2017 s’est tenue, à la Salle de conférence du Ministère du Tourisme, de la culture et des sports, une séance d’information organisée par le Conseil d’administration (Ca) du Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (Bubédra), en direction des artistes du Département du Littoral. Du compte-rendu des activités du Bureau en fin de mandat de cette structure, présenté principalement par son Président, Eric Thossou, alias Eric Thom’son, il ressort que le tout nouveau Ministre de la Culture, Oswald Homéky, soutient, par un certain laxisme, la rébellion d’une douzaine de fonctionnaires de l’Etat face à une mutation opérée, plusieurs mois plus tôt, ce qui laisse croire à la compromission de l’autorité avec une mafia qui exerce dans la distraction des ressources dues aux artistes, et logées au Bubédra.


Oswald Homéky

Flora Fannou, Bruno Lokossa, Gauthier Sossou, Romain Djoffon, Jean-Baptiste Adjovi, Joseph Kiti, Elias Hounsou, Ferdinand Olouronto, Akitola Odoun-Iran, Félix Olougouna, Toussaint Kodégnonn et Laurent Sossaminou. Les douze agents de la structure sous tutelle du Ministère du Tourisme, de la culture et des sports (Mtcs), qu’est le Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (Bubédra), couverts par le Ministre Oswald Homéky, qui refusent de se soumettre à l’ordre de leur affectation dans d’autres services, un acte qui a été pris depuis le 27 octobre 2017, sous la référence n° 056/MTC/DC/SGM/DAF/SA, par Richard Sogan, Secrétaire général du Ministère de la Culture, ayant agi sous les ordres d’Ange N’Koué, ancien titulaire du département ministériel, à en croire les explications d’Eric Thossou, au cours des échanges avec les artistes.
Selon cette personnalité, le refus de ces agents de s’exécuter a pris une allure de « défi » à l’autorité de l’Etat, en général, et, en particulier, à celle du Directeur général (Dg) du Bubédra, Samuel Ahokpa qui, le 13 novembre 2017, a pris la Note de service n° 1029/MTCS/BUBEDRA/SG/DAF/SA, pour organiser la passation de services entre ces mutés et les agents réceptionnaires de leurs charges respectives. Rien n’y fit. « Ils défient la République avec la complicité du Syndicat du Ministère », s’est outré Eric Thossou, après avoir expliqué qu’il a personnellement rencontré les intéressés qui n’ont en aucun cas voulu se justifier sur leur refus de rejoindre leurs nouveaux postes de mutation, arguant que seul le Syndicat des travailleurs du Mtcs pouvait se livrer à cette justification. Grave de leur part, vu que le Conseil d’administration chapeaute la Direction générale du Bubédra !


De gauche à droite, Serge Yéou, Eric Thossou et Euloge Béo Aguiar, membres du Ca du Bubédra, au cours de la séance de reddition de comptes 

Comme s’il n’en était pas assez, ces rebelles « refusent de travailler et bloquent toute activité » au sein de cet Office du Ministère de la Culture. C’est ainsi que, pour Eric Thossou, certains parmi les agents concernés se sont compromis dans des actes de sabotage des activités : aspersion de mixtures occultes dans des bureaux, blocage du matériel de la Commission technique d’Identification des œuvres par le changement du cerveau de la serrure de la porte sans en aviser Samuel Ahokpa, blocage des clés du matériel roulant, sans oublier que, pour le Président du Conseil d’administration (Pca), d’autres « sont trempés dans des vols, dans le détournement de fonds relevant des redevances collectées sur le terrain, dans la fabrication d’artistes fictifs et de perception des droits » de ces pseudo-créateurs. Donc, il s’agit d’un club fermé de personnes ayant mis en place un système interne, secret de jouissance des fonds devant revenir aux artistes. Rien de bien loin d’une mafia. Et, comme l’a poursuivi le Président, ce sont autant d’actes qui mettent en péril le fonctionnement normal et efficace du Bubédra, surtout que Samuel Ahokpa, le Dg nommé récemment, a fait adopter par le Conseil d’administration son Plan d’actions stratégiques (Pas) qui peine à faire mettre en œuvre sa vision révolutionnaire du développement du Bubédra, surtout que, selon ce Pas, la question de cette mutation des agents devait avoir été réglée depuis juillet-août 2017.


La partition ministérielle

A son entrée en service, après sa nomination comme Ministre du Tourisme, de la culture et des sports, Oswald Homéky s’est vu dans l’obligation de prendre connaissance des tenants et des aboutissants de la crise au Bubédra et, il ne tarda pas à prendre position. Pour Eric Thossou, plusieurs fois, il a reçu en audience des membres du Bureau du Syndicat du département ministériel, alors que ce n’est que le vendredi 5 janvier 2018 qu’il s’est donné de rencontrer les membres du Ca, pour se mettre au courant de leur version des faits. Bien avant cela, selon des sources dignes de foi, le Ministre, au cours d’une rencontre avec les travailleurs du Bubédra, au siège de l’institution, sis quartier Vodjè, le 2 janvier 2018, a promis d’annuler la décision de mutation des douze rebelles.
Dans le cas du respect d’une telle logique par l’autorité, il y aurait le jet d’un camouflet sur l’Etat, dans son autorité, sur le Ca et même sur la structure exécutive qu’est la Direction générale, qui, devant ces agents rebelles, ne serait plus que l’ombre d’elle-même, vu qu’ils n’auraient d’autre choix que de se réjouir de lui avoir fait mordre la poussière. Alors, l’ambiance de travail serait-elle désormais productive pour le Bubédra ?
Par ailleurs, au cas où Oswald Homéky prendrait fait et cause pour les agents non respectueux de leur ordre de mutation, cela prouverait la nullité du principe de la continuité de l’Etat, vu qu’un Ministre détruit, sans un motif imparable, la décision de son prédécesseur. De plus, étant donné les accusations de divers ordres de malversations pesant sur certains de ces travailleurs, les rétablir à leurs postes respectifs ne viendrait que confirmer les craintes des observateurs avertis : la compromission d’Oswald Homéky avec la mafia.


Marcel Kpogodo

lundi 18 décembre 2017

Haro sur les contre-vérités concernant Djimon Hounsou

Pour la restauration de la personnalité de l'icône fierté de l’Afrique

Deux jours d’activités au Togo de l’acteur américain de cinéma, d’origine béninoise, Djimon Hounsou et, quelques heures plus tard, la toile se déchaîne, au Bénin, massacrant la star hollywoodienne, sur la base d’intentions non fondamentalement établies d’initiatives de promotion du septième art, dans le pays de Faure Gnassingbé. Comme si Djimon Hounsou leur était redevable de quoi que ce soit, ces plumes des réseaux sociaux ont tout dit sur la visite de la star planétaire au Togo, sauf l’essentiel de sa vision pour le cinéma en Afrique.

Djimon Hounsou, reçu en audience par Faure Gnassingbé
« A la fin de la présentation de mon film, j’ai voulu échanger avec le Chef de l’Etat togolais sur mon intention de créer des écoles de cinéma dans les pays, à travers le continent, où on peut former les étudiants cinéastes, tout comme en Europe et aux Etats-Unis. Du fait que, moi, je suis à Hollywood, on peut facilement les envoyer là-bas, pour se perfectionner ». Le propos tenu par Djimon Hounsou, le très célèbre acteur américain d’origine béninoise, à l’issue de l’audience que lui a accordée le Président de la République togolaise, Faure Gnassingbé, le lundi 11 décembre 2017, à Lomé, au Togo. Cet entretien de haut niveau s’est réalisé après la projection, le dimanche 10 décembre, en avant-première, à l’Hôtel loméen du 2 février, de son film documentaire sur le vodoun, intitulé, ’’In search of Voodoo : roots to heaven’’, ’’A la recherche du vaudou, des racines au ciel’’, en français.
Cette déclaration de Djimon Hounsou suffit-elle pour le diaboliser, pour, à la limite, le traiter d’ingrat, d’escroc et, notamment, d’anti-patriote ?
Dans le cas de la première accusation, en quoi est-ce manquer de reconnaissance à ses parents, à ses proches, que d’aller présenter son film sur le territoire togolais ? L’artiste n’est-il donc plus libre de ses initiatives liées à l’exercice de l’art cinématographique ? S’il en est ainsi, ces détracteurs doivent reprocher également à Djimon Hounsou d’être allé tourner, en 2016, ’’La légende de Tarzan’’ au Gabon, sans savoir que la particularité de la végétation de ce pays a déterminer le choix d’y réaliser cette production !
Certaines langues veulent voir en la star hollywoodienne, fierté du Bénin et de l’Afrique, un escroc du fait d’avoir bénéficié d’une subvention de l’Etat béninois pour réaliser le documentaire indiqué sur le vaudou, à concurrence de 150 millions de Francs, sous l’administration Yayi, ce qui, selon eux, aurait dû l’emmener à montrer le film, pour la première fois, dans son pays d’origine. Ces détracteurs ne sont pas des journalistes culturels ni des journalistes tout court, pour savoir qu’il faut laisser l’animal revenir au repaire pour le questionner sur les raisons de cette liberté à laquelle il a droit et qu’il s’est donné. 150 millions ! C’est énorme pour les Béninois dont un bon nombre, sous le régime de la Rupture, se plaignent de ne faire que très difficilement un repas par jour. Mais, pour un documentaire hollywoodien dont plusieurs séquences ont été tournées aussi bien au Bénin qu’au Togo, et qui s’évalue à plus d’un milliard de nos francs, 150 millions, ce n’est malheureusement qu’une goutte d’eau dans la mer ; n’y pourra absolument rien la bassesse de la mentalité de pauvres d’esprit, propre à ces détracteurs ! En dehors de cette considération, il ne faudra que Djimon Hounsou pour clarifier en quoi le Bénin aura largement moins pesé, au point qu’il ait choisi le voisin de l’est pour faire connaître au monde, pour la première fois, le documentaire sur le vaudou. Il n’y a rien que cela pour situer le public, une attente qui fait de tout jugement hâtif, péjoratif, une pure délation.
Troisièmement, qu’y a-t-il d’anti-patriotique que Djimon Hounsou fasse connaître son film au Togo, choisisse ce pays pour dévoiler le projet de mise en place d’écoles de cinéma en Afrique ? Continue d’être alors à l’œuvre la mentalité étriquée propre aux habitants d’un pays comme le nôtre et auquel appartiennent ces détracteurs. Ils ne peuvent savoir ni comprendre que, pour avoir vécu et travaillé pendant 27 ans aux Etats-Unis, les ’’petiteries’’ nationalitaires se sont purgées de l’esprit de Djimon Hounsou, au profit du sens plus valorisant du grand, de l’ensemble, du continental, du planétaire, de l’universel. L’acteur américain et ses détracteurs appartiennent, de chacun des cotés, à deux niveaux disproportionnés de réflexion, ce qui reste pitoyable pour ces mauvaises langues, mais compréhensible, quand même, vu que le Bénin est un pays passé maître dans l’art de la promotion et de la gestion des ’’petiteries’’, des bassesses, des réalités qui n’élèvent pas l’esprit, qui le maintiennent au ventre et au bas-ventre. Ces détracteurs comprendront difficilement qu’en se situant au niveau continentalement africain, Djimon Hounsou travaille à propulser le Bénin plus loin qu’il l’est, aujourd’hui, sur les plans culturel et cultuel, en général, et cinématographique, en particulier.
Ces détracteurs peuvent dépenser leur temps, de manière plus utile, en mettant leur plume acerbe au service de la dénonciation des mœurs administratives délétères et anti-développement, pour assainir les pratiques bureaucratiques, de quoi contribuer à permettre que les talents et les valeurs dictent leur loi de progrès avec, comme élément de satisfaction des fonctionnaires, non un pécule de dessous de table, mais une action d’un traitement impartial et diligent des dossiers, pour, enfin, le décollage de ce pauvre Bénin !
Ultime élément de pratique amateuriste : s’agit-il de Djimon ’’Houssou’’ ou de Djimon Hounsou ? Le premier cas d’orthographie du patronyme du cinéaste américain montre, de la part de ces détracteurs, qu’ils gagneront plus à laisser le traitement des informations culturelles aux journalistes culturels ; eux, tout au moins, ne se laissent jamais à travestir un nom, élément culturel intrinsèque, fondamental !


Marcel Kpogodo