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mardi 9 janvier 2018

Quand Oswald Homéky flirte avec la mafia

Dans le cadre de la gestion des dossiers du Bubédra


Le 22 décembre 2017 s’est tenue, à la Salle de conférence du Ministère du Tourisme, de la culture et des sports, une séance d’information organisée par le Conseil d’administration (Ca) du Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (Bubédra), en direction des artistes du Département du Littoral. Du compte-rendu des activités du Bureau en fin de mandat de cette structure, présenté principalement par son Président, Eric Thossou, alias Eric Thom’son, il ressort que le tout nouveau Ministre de la Culture, Oswald Homéky, soutient, par un certain laxisme, la rébellion d’une douzaine de fonctionnaires de l’Etat face à une mutation opérée, plusieurs mois plus tôt, ce qui laisse croire à la compromission de l’autorité avec une mafia qui exerce dans la distraction des ressources dues aux artistes, et logées au Bubédra.


Oswald Homéky

Flora Fannou, Bruno Lokossa, Gauthier Sossou, Romain Djoffon, Jean-Baptiste Adjovi, Joseph Kiti, Elias Hounsou, Ferdinand Olouronto, Akitola Odoun-Iran, Félix Olougouna, Toussaint Kodégnonn et Laurent Sossaminou. Les douze agents de la structure sous tutelle du Ministère du Tourisme, de la culture et des sports (Mtcs), qu’est le Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (Bubédra), couverts par le Ministre Oswald Homéky, qui refusent de se soumettre à l’ordre de leur affectation dans d’autres services, un acte qui a été pris depuis le 27 octobre 2017, sous la référence n° 056/MTC/DC/SGM/DAF/SA, par Richard Sogan, Secrétaire général du Ministère de la Culture, ayant agi sous les ordres d’Ange N’Koué, ancien titulaire du département ministériel, à en croire les explications d’Eric Thossou, au cours des échanges avec les artistes.
Selon cette personnalité, le refus de ces agents de s’exécuter a pris une allure de « défi » à l’autorité de l’Etat, en général, et, en particulier, à celle du Directeur général (Dg) du Bubédra, Samuel Ahokpa qui, le 13 novembre 2017, a pris la Note de service n° 1029/MTCS/BUBEDRA/SG/DAF/SA, pour organiser la passation de services entre ces mutés et les agents réceptionnaires de leurs charges respectives. Rien n’y fit. « Ils défient la République avec la complicité du Syndicat du Ministère », s’est outré Eric Thossou, après avoir expliqué qu’il a personnellement rencontré les intéressés qui n’ont en aucun cas voulu se justifier sur leur refus de rejoindre leurs nouveaux postes de mutation, arguant que seul le Syndicat des travailleurs du Mtcs pouvait se livrer à cette justification. Grave de leur part, vu que le Conseil d’administration chapeaute la Direction générale du Bubédra !


De gauche à droite, Serge Yéou, Eric Thossou et Euloge Béo Aguiar, membres du Ca du Bubédra, au cours de la séance de reddition de comptes 

Comme s’il n’en était pas assez, ces rebelles « refusent de travailler et bloquent toute activité » au sein de cet Office du Ministère de la Culture. C’est ainsi que, pour Eric Thossou, certains parmi les agents concernés se sont compromis dans des actes de sabotage des activités : aspersion de mixtures occultes dans des bureaux, blocage du matériel de la Commission technique d’Identification des œuvres par le changement du cerveau de la serrure de la porte sans en aviser Samuel Ahokpa, blocage des clés du matériel roulant, sans oublier que, pour le Président du Conseil d’administration (Pca), d’autres « sont trempés dans des vols, dans le détournement de fonds relevant des redevances collectées sur le terrain, dans la fabrication d’artistes fictifs et de perception des droits » de ces pseudo-créateurs. Donc, il s’agit d’un club fermé de personnes ayant mis en place un système interne, secret de jouissance des fonds devant revenir aux artistes. Rien de bien loin d’une mafia. Et, comme l’a poursuivi le Président, ce sont autant d’actes qui mettent en péril le fonctionnement normal et efficace du Bubédra, surtout que Samuel Ahokpa, le Dg nommé récemment, a fait adopter par le Conseil d’administration son Plan d’actions stratégiques (Pas) qui peine à faire mettre en œuvre sa vision révolutionnaire du développement du Bubédra, surtout que, selon ce Pas, la question de cette mutation des agents devait avoir été réglée depuis juillet-août 2017.


La partition ministérielle

A son entrée en service, après sa nomination comme Ministre du Tourisme, de la culture et des sports, Oswald Homéky s’est vu dans l’obligation de prendre connaissance des tenants et des aboutissants de la crise au Bubédra et, il ne tarda pas à prendre position. Pour Eric Thossou, plusieurs fois, il a reçu en audience des membres du Bureau du Syndicat du département ministériel, alors que ce n’est que le vendredi 5 janvier 2018 qu’il s’est donné de rencontrer les membres du Ca, pour se mettre au courant de leur version des faits. Bien avant cela, selon des sources dignes de foi, le Ministre, au cours d’une rencontre avec les travailleurs du Bubédra, au siège de l’institution, sis quartier Vodjè, le 2 janvier 2018, a promis d’annuler la décision de mutation des douze rebelles.
Dans le cas du respect d’une telle logique par l’autorité, il y aurait le jet d’un camouflet sur l’Etat, dans son autorité, sur le Ca et même sur la structure exécutive qu’est la Direction générale, qui, devant ces agents rebelles, ne serait plus que l’ombre d’elle-même, vu qu’ils n’auraient d’autre choix que de se réjouir de lui avoir fait mordre la poussière. Alors, l’ambiance de travail serait-elle désormais productive pour le Bubédra ?
Par ailleurs, au cas où Oswald Homéky prendrait fait et cause pour les agents non respectueux de leur ordre de mutation, cela prouverait la nullité du principe de la continuité de l’Etat, vu qu’un Ministre détruit, sans un motif imparable, la décision de son prédécesseur. De plus, étant donné les accusations de divers ordres de malversations pesant sur certains de ces travailleurs, les rétablir à leurs postes respectifs ne viendrait que confirmer les craintes des observateurs avertis : la compromission d’Oswald Homéky avec la mafia.


Marcel Kpogodo

samedi 14 novembre 2015

La Charte culturelle du Bénin bientôt en application

Face à la tenue du Séminaire-plaidoyer organisé par la Faplag-Bénin


La deuxième édition de la Journée internationale des arts plastiques (Jiap 2015) a connu sa dernière activité. C'est ainsi qu'après trois conférences programmées les jours précédents, le vendredi 13 novembre 2015 a été consacré par la Fédération des associations professionnelles des plasticiens et graphistes du Bénin (Faplag-Bénin) au déroulement d’un Séminaire-plaidoyer consacré à la Loi n° 91-006 du 25 février 1991 portant Charte culturelle en République du Bénin. Il a réuni de nombreuses personnes ressources et a débouché sur des options fermes visant la concrétisation des dispositions de cette Loi, ce qui ne viendra qu’épanouir les artistes plasticiens, en particulier, et les artistes béninois, en général.

De gauche à droite, Philippe Abayi et Samuel Ahokpa présentant sa communication
« C’est notre manière à nous de forcer les choses, d’anticiper, pour qu’on aille vite ». Ainsi se prononçait Philippe Abayi, Président de la Fédération des associations professionnelles des plasticiens et graphistes du Bénin (Faplag-Bénin), à l’issue des travaux de la journée du vendredi 13 novembre 2015. Ils se sont tenus au siège de l’institution, sis Quartier Gbéto, à Cotonou, et furent consacrés à un Séminaire-plaidoyer ayant pour but d’amener l’Etat béninois à mettre en œuvre les dispositions contenues dans la Loi n°091-006 du 25 février 1991, celles-ci devant contribuer à l’affirmation de la valeur technique et de la prospérité des artistes plasticiens, notamment.
De manière concrète, un groupe restreint de travail, dirigé par Samuel Ahokpa, représentant du Conseil économique et social (Ces), et ancien Directeur du bureau béninois des droits d’auteur et des droits voisins (Bubédra), est chargé de procéder à la rédaction d’une proposition de projet de décret d’application de la Loi n° 91-006 portant Charte culturelle en République du Bénin. Celle-ci, promulguée depuis le 25 février 1991 par Mathieu Kérékou, le Chef de l’Etat de l’époque, n’a jamais été dotée de cet instrument juridique afin que ses dispositions soient appliquées pour le rayonnement des artistes plasticiens auxquels l’article 28 se consacre exclusivement, et dont le contenu est clair : « Le budget de tout édifice et espace publics doit comprendre une part réservée à la décoration artistique ».
En outre, dès que cette proposition sera prête, Samuel Ahokpa et son équipe la soumettront à l’étude et à la validation d’un Comité de 17 membres, mis en place par le Séminaire-plaidoyer pour réaliser un grand lobbying auprès des autorités du Ministère de la Culture et même de la Présidence de la République. Il se trouve composé d’artistes plasticiens et d’icônes du secteur des arts plastiques, de juristes, de représentants de différents ministères, de membres du Conseil économique et social (Ces), de la médiature de la République, de la Confédération béninoise des acteurs des arts et de la culture (Cbaac) et même de la presse culturelle.     

Aperçu des participants au Séminaire-plaidoyer
Par conséquent, la mouture finale du projet de décret d’application sera soumise au Ministère de la Culture qui devra la faire adopter par le Conseil des Ministres. Et, avec la prise du décret et celle des arrêtés d’application, le Comité mènera la dernière partie de la bataille, ce qui consistera à ce que les dispositions en jeu soient mises en application.
Selon les éclairages apportés par Philippe Abayi, dans le discours qu’il a prononcé, en tant que Président de la Faplag-Bénin, à l’ouverture du Séminaire-plaidoyer, en dehors des acteurs culturels, en général, et des artistes plasticiens, en particulier, qui bénéficieront directement de la mise en œuvre de l’article 28 de la Loi portant Charte culturelle en République du Bénin, cette application produira un grand nombre d’autres conséquences positives, notamment, « la constitution d’un environnement paysager public, l’embellissement des édifices et espaces publics, la constitution d’un patrimoine artistique contemporain, la valorisation du patrimoine architectural et artistique, la promotion des identités nationales béninoises et la contribution concrète des artistes plasticiens à l’économie nationale ».
Justement, à la cérémonie d’ouverture des assises, avaient pris la parole Philippe Abayi et Pascal Wanou, Premier Vice-président de la Cbaac, une étape ayant conduit au déroulement de deux communications, respectivement, de Samuel Ahokpa et de Joël Atayi-Guèdègbé ; elles avaient pour thème : « Importance de la mise en application des dispositions de l’article 28 de la Loi n° 91-006 du 25 février 1991 portant Charte culturelle en République du Bénin » et « Méthodologie de lobbying et de plaidoyer pour la mise en application de l’article 28 de la Loi n° 91-006 du 25 février 1991 portant Charte culturelle en République du Bénin ».
En réalité, cette manche de la promulgation du décret d’application de la Loi indiquée gagnée, il restera celle non moins délicate de la désignation par les structures étatiques, à chaque besoin, des artistes devant faire valoir leurs créations pour la décoration publique, ce qui devra s’opérer en toute transparence et sans favoritisme.

Marcel Kpogodo