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vendredi 25 décembre 2020

Combattre la Covid-19, l’objectif commun du Cab de Dominique Zinkpè et du Ministère de la Culture

Dans le cadre du Projet ’’Spécial Boulev’art Covid-19


’’Le Centre’’ de Godomey a abrité, le mercredi 23 décembre 2020, une conférence de presse, celle du lancement officiel de l’atelier de création d’œuvres d’arts plastiques lié au Projet ’’Spécial Boulev’art Covid-19''. Y participaient Dominique Zinkpè, créateur de l’initiative, en tant que Président du Collectif des Artistes du Bénin (Cab), la structure portant le Projet, Carole Borna, Conseiller technique aux Arts du Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola qu’elle représentait, et Gratien Zossou, porte-parole des artistes plasticiens retenus pour animer l’initiative indiquée. La séance d’échanges avec les journalistes a démontré la symbiose entre le Cab et le Ministère de la Culture dans le sens de la lutte contre la Covid-19.

De gauche à droite, Gratien Zossou, Carole Borna et Dominique Zinkpè, au cours de la conférence de presse 

La lutte contre la Covid-19 et ses conséquences néfastes sur l’univers des arts et de la culture. Le point commun qui s’est déclaré entre le Collectif des Artistes du Bénin et le Ministère de la Culture, au vu de la conférence de presse qui s’est tenue dans l’après-midi du mercredi 23 décembre 2020 à l’espace de spectacles du ’’Centre’’ de Godomey, sis quartier de Lobozounkpa à Atropocodji dans la commune d’Abomey-Calavi, et qui a réuni, face aux journalistes, Dominique Zinkpè, Président du Collectif des Artistes du Bénin (Cab), Carole Borna, Conseiller technique aux Arts du Ministère de la Culture, et Gratien Zossou, représentant d’artistes plasticiens massivement présents à la conférence de presse.

« Le coronavirus a affecté le monde et voilà plus de six mois que nous vivons la cessation des activités des artistes, notamment, au Bénin. Il fallait réagir et le Cab s’est résolu au travail, ce qui a conduit à la mise en place par cette structure du Projet, ’’Spécial Boulev’art de lutte contre la Covid-19’’ », a introduit le premier conférencier, expliquant que cette initiative a reçu l’écoute et un écho favorable de la part du Ministère de la Culture, qui a compris qu’ « à travers les arts visuels, on peut sensibiliser les populations sur les gestes barrière qu’elles doivent observer dans le sens de la lutte contre la propagation du coronavirus », a-t-il fait comprendre.


Aperçu sur les artistes plasticiens sélectionnés

A en croire Dominique Zinkpè, la première étape du Projet est un événement dont la conférence de presse constitue la cérémonie de lancement : l’animation, entre autres, au ’’Centre’’ de Godomey, d’un atelier de production d’œuvres d’art. Il s’agira alors pour plus d’une trentaine d’artistes contemporains sélectionnés suite à un appel à candidatures de créer toutes sortes d’œuvres d’arts plastiques avec, comme thème unique, la sensibilisation du large public à continuer le respect des gestes barrière dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19. « Les artistes sont conscients de ce qui se passe dans le monde et en sont très créatifs », a commenté l’intervenant.

En outre, une deuxième étape devrait amener à exposer, de manière itinérante, les œuvres produites au niveau de quatre places publiques ciblées à travers le pays. La première prévue pour accueillir la manifestation de présentation est l’Etoile rouge de Cotonou dès le 7 janvier 2020, deux jours avant que les artistes l’auraient investie pour continuer la création. « Nous espérons pouvoir donner une beauté visuelle à nos populations dans cette période si triste », a annoncé Dominique Zinkpè, avant de promettre : « Les meilleures œuvres seront dupliquées sur bâche et montrées à d’autres populations du Bénin ». Ainsi, par la suite, l’exposition se déplacera respectivement vers les places Bayol de Porto-Novo, Goho d’Abomey et Bio Guéra de Parakou.

« Le Ministère de la Culture est heureux et fier d’accompagner ce Projet et d’être en partenariat avec le Cab présidé par Dominique Zinkpè, et avec les artistes plasticiens », a, de son côté, affirmé Carole Borna, la deuxième conférencière.

Selon elle, le gouvernement béninois, dans sa politique de soutien et de valorisation des arts visuels à mettre en exergue, concrétise sa « volonté d’accompagner le Projet ’’Spécial Boulev’art de lutte contre la Covid-19’’», qui, à en croire ses propos, entre en parfaite cohésion avec ’’Bénin en création’’, mis en place par le Ministère de la Culture, dans le cadre des ’’Actions artistiques au Profit des acteurs culturels’’ (2Apac), pour remettre au travail les artistes de même qu’en fonctionnement les espaces culturels, dans le sens de la fragilisation à leur niveau des corollaires de la suspension des activités, fondée sur les mesures prises par le gouvernement pour freiner l’extension au Bénin du coronavirus.

« Cette année a été difficile pour les artistes ; ils n’ont pu travailler ni faire des expositions alors qu’ils ne peuvent s’épanouir sans partager le fruit de leur travail avec le public », a-t-elle constaté. « Il s’agit pour nous, à travers les 2Apac, de produire un impact positif sur toutes les disciplines des arts et de la culture », a poursuivi Carole Borna, avant de conclure : « C’est avec beaucoup de  joie que nous vous accompagnons tous aujourd’hui. Ceci nous amène à dire « Bravo ! » à Dominique Zinkpè pour toute son œuvre en faveur des artistes plasticiens visant à permettre qu’ils s’expriment par leur travail ».



Photo de famille des conférenciers avec les artistes

« Nous militons pour la survie de notre pays, ce qui nous amène à donner du beau travail pour démontrer ce que nous sommes réellement », a, quant à lui, affirmé, en dernier lieu, Gratien Zossou, représentant de tous les ordres d’artistes plasticiens retenus pour animer le Projet indiqué. « Il faut que la population vibre à nouveau et que les activités vivent à travers ces échanges », a-t-il souhaité, avant qu’une photo de famille des conférenciers avec les artistes plasticiens ne vienne clore la séance de partage avec les journalistes.

Marcel Kpogodo Gangbè  

mardi 15 décembre 2020

Les artistes renouent avec les prestations professionnelles

Dans le cadre de la mise en œuvre des 2Apac


’’Le Centre’’ de Godomey a donné l’occasion de revoir, dans des conditions exceptionnelles, plusieurs grands noms de l’humour sur scène, plus d’une année après les restrictions mises en place par le Gouvernement béninois pour empêcher la propagation du coronavirus. L’événement s’est déroulé le samedi 12 décembre 2020 après le lancement officiel de l’opération, ’’Actions artistiques au profit des acteurs culturels’’ (2Apac) – ’’Bénin en Création’’, par Blaise Tchétchao, Directeur des Arts et du livre, pour le compte du Ministère du Tourisme, de la culture et des arts (Mtca).


La Compagnie ''Pipi Wobaho'' en action au cours des 2Apac

13 humoristes en solo, 2 en trio et 2 en quartet. La structure de la succession d’humoristes béninois très connus dans l’après-midi débouchant sur la soirée du samedi 12 décembre 2020 au ’’Centre’’ de Godomey, un spectacle qui s’est déroulé sous le couvert de la mise en place par le Ministère de la Culture de l’initiative dénommée, ’’Actions artistiques au profit des acteurs culturels’’ (2Apac) – ’’Bénin en Création’’.


Elle a permis de revoir se produire sur scène, bien que ce soit en quelques minutes, Kromozom, Fridaousse Iffabi, Tonton Victor, Pachéco, Evangéliste Barboza, Rosalie Daguè Zogoué, Kenneth au chapeau de paille, Kakpo Anani, Jean-Louis Kédagni, Pape Isaac 17, Baba femelle et Dragomir, pour le compte du solo, en duo, Dah Soglo, Pasteur Zan, Oncle Bazar et Prince Yadjo. En trio, il fallait suivre Alèmèdjè et son groupe, de même que Koffi bonheur et son équipe. Enfin, les quartets se trouvaient constitués par Serge Yéou et les ’’Aziza Togbo du Bénin’’, d'une part, et avec les membres de la Compagnie ''Pipi Wobaho'', d'autre part. Toutes ces prestations se sont déroulées avec, comme seuls spectateurs, les humoristes, les responsables du ’’Centre’’ et les membres d’équipes techniques de captation.


A en croire Blaise Tchétchao, Directeur des Arts et du livre, qui lançait l’événement, il a pour but de remettre au travail les artistes et en fonctionnement les espaces culturels après qu’ont bloqué ces deux maillons les interdictions gouvernementales des activités artistiques liées aux mesures prises pour contrer la propagation du coronavirus. Toujours pour l’autorité, l’absence du public se justifie par la nécessité de continuer le respect des gestes barrière connues, promettant que les populations jouiraient des différentes prestations sur les réseaux sociaux et sur les chaînes de télévision, ce qu’explique la présence de captateurs sur les lieux.


Enfin, Blaise Tchétchao a précisé qu’après Abomey-Calavi, Missérété, Cotonou, Parakou et Natitingou sont les prochaines villes qui accueilleront des spectacles, ceux-ci devant se dérouler dans les disciplines musicale et théâtrale, sans oublier qu’il est aussi prévu une exposition d’ouvres d’arts plastiques.

Marcel Kpogodo Gangbè 

mercredi 23 septembre 2020

Le "25 décembre" au coeur de l'amertume des vérités crues

Dans le cadre d'une représentation au ’’Centre’’ de Godomey


L’espace de spectacles du ’’Centre’’ de Godomey a abrité, le vendredi 18 septembre 2020, la représentation de la pièce, "25 décembre", un canal psychologique de déversement de réalités choquantes vécues par la société contemporaine. Au commande des répliques tranchantes, Florisse Adjonohoun et Nathalie Hounvo-Yèkpè, deux comédiennes béninoises au talent imparable, dans une mise en scène de Didier Sèdoha Nassègandé.

Les comédiennes, dans le feu de leur jeu ...

L'incivisme, la mauvaise gouvernance, l'impudicité des moeurs professionnelles, entre autres. Le tableau de dénonciation des tares sociales et politiques qu'ont présenté Florisse Adjanohoun, dans le rôle d'Élisabeth, une Première dame, et Nathalie Hounvo-Yèkpè, dans celui de Mathilde, une prisonnière, pour le compte de "25 décembre", une pièce écrite et mise en scène par Didier Sèdoha Nassègandé, jouée dans la soirée du vendredi 18 septembre 2020, sur la scène du "Centre" de Godomey.


La précision de la diction des comédiennes, adaptée à une profération poétique acerbe, l'expressivité faciale réussie de la tension afférant aux idées défendues, la vigueur de la gestuelle, l'exercice d'un accoutrement à sensation, la délicatesse de l'évolution dans un décor pittoresque et à la luminosité s'adaptant aux circonstances internes de la pièce, sont les points de satisfaction ayant permis au public de vivre et, surtout, de lire implicitement une démarche de travail, menée de la main d'un jeune maître de la mise en scène, celui-ci qui n'est personne d'autre que Didier Sèdoha Nassègandé dont le mérite reste d'avoir réussi à faire traduire la sécheresse des conditions de vie déplorables des populations par deux de ses aînées dans la comédie dont l'une est un véritable monstre de la scène, Florisse Adjanohoun. 


Un aspect frappant d'originalité se fait remarquer à travers la réciprocité d'une accusation, ce qu'il n'est pas courant de lire dans les inspirations dramaturgiques béninoises ; le peuple du fonctionnement quotidien s'est trouvé aussi bien accusé que le corps des gouvernants. Et, le contexte qui fut choisi pour opérer une telle vision inédite s'est révélé par un décor dominé par des cadres en bois verticalement disposés sur la scène, laissant percevoir l'embrigadement des esprits, tous domaines d'appartenance sociale confondus, ce qui contribue à lancer la question de l'urgence d'une thérapie psychologique salvatrice aussi bien pour le haut peuple que pour celui que la nature soumet au premier.

De gauche à droite, Florisse Adjanohoun, Didier Sèdoha Nassègandé et Nathalie Hounvo-Yèkpè, à la fin de la représentation

Une telle subtilité du prisme de regard du metteur en scène fait appréhender les fondements du succès avéré de la pièce, "25 décembre", sur les scènes qu'elle a honorées de son jeu, notamment, celles de l'édition 2020 du Marché des Arts du spectacle d'Abidjan (Masa). Il se dessine donc des perspectives de développement, de démultiplication d'une demande plus abondante de la marque "Nassègandé" si l'inspiration du jeune metteur en scène reste pointue.

Marcel Kpogodo

dimanche 21 juin 2020

Joannès Mawuna : l'exploration de la féminité atypique

Dans le cadre de son exposition au "Centre" de Godomey

Depuis le 8 février 2020, l'exposition sur le thème, "Déambulations urbaines", a été lancée au "Centre" de Godomey. Eric Médéda, Joannès Mawuna et Richard Di Rosa sont les artistes ayant dévoilé leurs travaux, le résultat de trois semaines de résidence. Particulièrement, les oeuvres du deuxième artiste interpellent sur la femme exerçant de manière inédite en milieu professionnel. 

Joannès Mawuna et, derrière lui, une esquisse des photographies irrésistibles qui attendent le visiteur

La femme pratiquant un travail peu attendu pour elle, représentée en 10 photographies réparties en 5 diptyques. Ce qui constitue la force de l'implication du photographe d'art, Joannès Mawuna, dans l'exposition, "Déambulations urbaines" dont le vernissage s'est effectué le 8 février 2020 au "Centre" de Godomey, à Lobozounkpa, dans la commune d'Abomey-Calavi. Avec Éric Médéda et Richard Di Rosa, il a constitué le trio d'artistes ayant présenté l'aboutissement de trois semaines de résidence.


En particulier, Joannès Mawuna a soumis au regard des visiteurs, 10 photographies concernant 5 femmes. Ce sont donc 5 groupes de 2 photographies, plus précisément, 5 diptyques qui ont accroché l'attention sur le thème : "Ne suis-je pas une femme?". Des photographies de 120 cm x 80 cm et de 60 cm x 90 cm racontent une femme qui se passionne à vie pour un métier que le conformisme social croit réservé aux hommes ; elle est soudeuse plastique, soudeuse métallique, conductrice de taxi-moto, fondeuse ou mécanicienne. Impressionnant et, ce qui devrait déterminer tous ceux ayant entendu parler de cette exposition ou non à aller la voir pour s'enrichir la mentalité, se la renouveler sur la femme en relation avec le monde professionnel à l'époque contemporaine où elle ne sent plus un frein dans le choix d'un métier d'homme.


Pour Joannès Mawuna, l'objectif qui l'a guidé vers un tel sujet, s'il le poursuit depuis 2016, consiste à "faire la lumière sur les femmes qui exercent un métier d'homme". Chez lui, l'optique d'induire une prise de conscience est claire ; il est question de "sensibiliser les jeunes filles et les femmes qui pensent qu'elles ne peuvent pas aller dans ce genre de métier". La prise de position radicale de l'artiste se fait jour : "Les métiers sont faits pour tout le monde, quel qu'en soit le sexe". Et, il conclut violemment : "C'est la force mentale qui fait le métier et non la force physique".


Une réelle et forte conviction est donc le fondement de l'inspiration de Joannès Mawuna dans "Déambulations urbaines" et non une volonté de conformisme à une opportunité. Ceci rend impérieux d'aller voir la présentation intitulée, "Ne suis-je pas une femme ?", incluse globalement dans l'exposition mentionnée. L'enjeu en sera la découverte de l'originalité de la démonstration de son travail par un artiste photographe confiant priser par-dessus tout le naturel, le réel comme fond de décor de ses œuvres photographiques.



Joannès Mawuna, qui vient de si loin ...


Bien qu’étant productif, Joannès Mawuna, c'est l'effacement dans l'exercice d'un métier qui, loin d'être un pis-aller, reste la manifestation et la conséquence d'une vocation intrinsèque lointaine : fasciné par la photo depuis l’enfance, à 7-8 ans, ce titulaire d’une Maîtrise en Géographie et Aménagement du territoire, cet ancien Directeur du mandat 2015 de l’Ensemble artistique et culturel des Etudiants (Eace), se fabrique un appareil-photo rudimentaire en lui adaptant un système de flash, qu’il conçoit avec une ampoule qui s’allume par des piles, au moment fatidique de l’immortalisation de l’instant choisi.


En classe de quatrième, par sa mère, il acquiert son premier appareil à pellicule après avoir sacrifié une somme de dix mille francs, offerte par un oncle à l’un de ses passages à la maison. L’occasion pour vivre ce qu’il appelle ses « premières erreurs » dans la gestion de la machine et dans la pratique du métier. En Seconde et en Première, il s’impose comme un bon photographe, écumant les cérémonies de tous ordres, à Gadomé et ses environs, pour faire valoir ses fraîches compétences. « Il faut suivre les enfants depuis le bas âge dans leurs amusements afin de les orienter, de les canaliser, de les mettre dans leur métier », affirme-t-il, le regard revisitant, un laps de secondes, cette époque formatrice.


Dès qu’il intègre l’Eace en 2008, il fourbit davantage des armes déjà bien aiguisées jusqu’en 2012 dans la section ’’Ciné-Photo-Unesco'' et s’initie, entre temps, au graphisme. En 2009, sa culture des sujets purement sociaux s’affirme avec son intérêt pour les mères fabricatrices des nattes de jonc. La série de photos, qu’il en réalise vise à sensibiliser le grand public, d’une part, sur les grandes difficultés de ces femmes dans le processus de leur labeur  et, d’autre part, sur la rentabilité presque nulle de l’activité, de façon à amener les populations à ne plus débattre le prix déjà dérisoire de ces nattes.


Avec sa jouissance d'une demi-bourse de formation reçue à la section ''Ciné-photo-Unesco'' de l'Eace, l’appareil photo argentique n’a plus de secret pour lui. Quant à l'appareil photo numérique, il s'y forme en autodidacte. 


En 2016, son départ de l’Eace lui ouvre la porte au traitement successif d’autres sujets de société : les jumeaux au ’’Centre’’ de Godomey, sur le thème : « Les jumeaux : retour à l’immortalité », puis « Les enfants talibés dans leur milieu », au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, dans une exposition photographique collective. « Je m’intéresse à tout ce qui se passe autour de moi afin de sensibiliser sur ce qui n’est pas compris », éclaire-t-il sur le choix de ses thèmes de travail, qui, souvent, concernent son environnement immédiat et l’univers des réalités méconnues de la culture endogène. « Mon inspiration naît de mon quotidien », achève-t-il. Par ailleurs, il n’hésite pas à mentionner, d’un ton reconnaissant, l’intérêt pour sa démarche d’un titan béninois de la photographie d’art : Ishola Akpo.


Aujourd’hui, Joannès Mawuna, Joannès Doglo, à l’état-civil, Mawuna étant son prénom de maison non enregistré, mais préféré et utilisé par sa grand-mère, gravit lentement mais sûrement les marches d’un professionnalisme rompu, lui qui, dans un passé récent, par le biais d’ ’’Ancéfa Africa’’, au Sénégal, s’est classé 1er sur 39 postulants, dans la catégorie ’’Photo’’, par rapport à une compétition rude.


Aller alors voir son tout dernier travail, dans ’’Déambulations urbaines’’, s’impose, avant le 31 juillet 2020, date de la clôture de l’exposition, afin de toucher du doigt un génie créatif inculturé qui respecte l’Afrique, qui dévoile l’Afrique, qui existe pour une Afrique meilleure.

Marcel Kpogodo

jeudi 16 janvier 2020

Don de nouveaux objets précieux au "Petit musée de la Récade", de grands invités annoncés

Annonce faite par une conférence de presse donnée au "Centre" de Godomey

Une conférence de presse a été animée au "Centre" de Godomey le lundi 13 janvier 2020 par ses deux premiers responsables, Dominique Zinkpè et Marion Hamard. Ils ont saisi la circonstance pour annoncer aux journalistes la réception par "Le petit musée de la Récade" de près d'une trentaine de nouvelles pièces muséales.


28 pièces historiques parmi lesquelles des récades, des sabres et des "objets de culte fon", ce qui va officiellement enrichir la collection du "Petit musée de la Récade" dès le vendredi 17 janvier 2020, dans l'après-midi. L'information capitale qu'ont apportée aux journalistes, dans la matinée du lundi 13 janvier 2020, les responsables au sommet du "Centre" de Godomey, que sont Dominique Zinkpè et Marion Hamard, respectivement, Président d'honneur et Directrice générale du complexe culturel, au cours d'un partage avec les professionnels des médias.


A en croire la première personnalité, la remise de ces objets précieux de témoignage de l'histoire du Danhomè donnera lieu à une cérémonie officielle à laquelle prendront part plusieurs invités de poids avec, en prestigieuse place, Robert Vallois, le fondateur du "Centre", à la tête d'une douzaine de personnes dont des journalistes de médias français tels que "France 24". De même, Jean-Michel Abimbola, Ministre de la Culture, et Georges Bada, Maire de la Commune d'Abomey-Calavi, sont prévus pour prendre part à la manifestation. Ainsi, pour l'animation seront tenues une déambulation de l'artiste performeur très connu, Prince Toffa et l'exécution de danses traditionnelles.


Par ailleurs, pour Dominique Zinkpè, les oeuvres dont la réception sera faite proviennent de la collection privée de deux hommes : Alfred Testard de Marans, ayant en charge la Direction du Service administratif au cours de l'expédition ayant eu cours au Dahomey en 1890, et l'abbé Le Gardinier, qui était curé lors de cette mission. En outre, les pièces concernées ont été acquises par les membres du Collectif des Antiquaires de Saint-Germain-des-Prés lors d'une vente aux enchères le 23 mars 2019 à Nantes, et sont placées sous la responsabilité d'une association que cette structure a créée au Bénin : le Collectif des Artistes du "Centre" (Cac).


De plus, avec l'ajout de ces objets précieux à la collection existant depuis l'inauguration du "Petit musée de la Récade" le 1er décembre 2015, ce sont désormais 128 "récades contemporaines et anciennes, sculptures et objets de culte" qui constituent la collection dudit musée dédié aux récades, précise le communiqué rendu public à l'issue de la conférence de presse. 


Concernant la conservation des récades, Marion Hamard a rassuré qu'elle s'effectue dans de bonnes conditions, surtout que les matières dont elles sont faites que sont le bois et le métal, ne présentent pas des exigences particulières en matière d'entretien, que la température à laquelle elles sont soumises fait l'objet d'un contrôle pour éviter les "chocs climatiques", sans oublier que le conservateur du musée époussète régulièrement les pièces à l'aide d'un pinceau.
Marcel Kpogodo

jeudi 11 janvier 2018

Le ’’Guèlèdè’’, source d’inculturation de Sébastien Boko

Dans le cadre de la nouvelle démarche de l’artiste


Le jeune sculpteur béninois sur bois, Sébastien Boko, connaît une nouvelle orientation de son approche à son matériau favori. C’est une métamorphose dont il a fallu se rendre compte lors de sa dernière exposition au ’’Centre’’ de Godomey, dans le contexte de la deuxième édition des ’’Echos de Lobozounkpa’’, du début du mois de décembre 2017. Les quatre pièces qu’il y a présentées adoptent un profil familier aux connaisseurs des masques ’’Guèlèdè’’ auxquels il affirme être retourné, comme à ses sources.

Sébastien Boko, en compagnie de ses Amazones du ''Centre''
« Je veux avoir un pied dans ma culture ; ma base, c’est l’Afrique ». Les propos dévoilant la conviction intime et forte qui régule désormais l’inspiration créatrice de Sébastien Boko, lui dont l’essentiel de la gestion du temps professionnel consiste à modeler le bois, à lui donner forme humaine et vie, sous le prisme d’un thème, d’un message, d’une conception de la vie, une conviction et une réflexion qu’il a manifestées, quelques jours seulement après le vernissage, le 8 décembre 2017, de l’exposition dénommée ’’Amazones’’, au Centre de Godomey, elle qui a été organisée dans le cadre d’une manifestation culturelle de trois jours, propre à cet espace culturel : ’’Les Echos de Lobozounkpa’’. L’exposition indiquée s’achève le 27 janvier 2018.
Ainsi, les quatre pièces que présente l’artiste-sculpteur à l’appréciation du public sont des personnages debout, moulés dans un vêtement qui leur prend tout le corps. Un choix créatif que Sébastien Boko explique par la volonté qui l’anime de partager avec les visiteurs la réalité intrinsèque du masque ’’Guèlèdè’’ qui est désormais sa source d’inspiration : « Le ’’Guèlèdè’’, ce ne sont pas juste des masques en haut ni des danses qui existent en haut, c’est aussi et, surtout, un accoutrement entier, c’est un ensemble, c’est, du haut en bas, le pagne qui déforme la silhouette, de la tête aux pieds, avec des clochettes ». 
Les ''Amazones'' de Sébastien Boko
« Le ’’Guèlèdè’’ symbolise la danse de l’homme pour magnifier la femme ; il s’agit des femmes qui travaillent, qui ont un métier pour se nourrir, les cantinières, les cadres, les politiciennes, … », a-t-il poursuivi avant de conclure, en se rattachant au thème de l’exposition collective ayant vu rigoureusement sélectionner une dizaine d’artistes plasticiens béninois, de la nouvelle génération : « Pour moi, ce sont elles, les amazones ; il fallait que je rende hommage à ces femmes qui se battent à leur manière ». 
En réalité, le sommet de chacune des quatre sculptures représente des outils symboliques orientant vers le métier de ces amazones de l'époque contemporaine.
Puis, les lèvres de l’artiste arborent quelques salutaires conseils à l’endroit de la gent féminine laborieuse : « Même si les hommes font les femmes, ils ne peuvent jamais les réaliser, elles doivent être déterminées ; le travail seul peut les rendre indépendantes et, je ne veux pas d’une indépendance qui devienne un handicap à leur épanouissement ». 
Se rapportant à son adoption du culte ’’Guèlèdè’’ qui, désormais, fonde, renouvelle et enrichit sa démarche de travail, Sébastien Boko montre sa préoccupation de rendre remarquable toute la chaîne des métiers humains intervenant dans la réalisation de ce masque : « Il m’est important de montrer, d’attirer l’attention sur les tous types d’acteurs qui interviennent sur le Guèlèdè’’, à divers niveaux ». Ceci n’empêche qu’il exprime que la pratique du culte lié à ce masque relève d’un patrimoine domestique : « Le ’’Guèlèdè’’, c’est chez moi que ça se fait ; je suis issu d’une famille qui le pratique depuis des générations, par les joueurs et les danseurs qui l’animent, à Naogon, en région Agonlin ».

L'usine de Sébastien Boko
Du retour à ses sources ancestrales, Sébastien Boko aboutit à une totale et réelle vocation artistique débouchant sur la conception industrielle de la sculpture ’’Guèlèdè’’. A son atelier de travail, qu’il a bien voulu exceptionnellement dévoiler, une multitude de personnages viennent à la vie, façonnés dans un thème plus que précis : ’’Voiles féminins et masculins’’.


Marcel Kpogodo 

mercredi 12 juillet 2017

Le Cavej instruit artistiquement les enfants depuis ce 3 juillet 2017

Pour des vacances productives


’’Le Centre’’ de Godomey a abrité une conférence de presse au cours de laquelle le Centre aéré ’’Vacances enfants joyeux’’ (Cavej) a annoncé mettre les apprenants vacanciers en situation de formation artistique. La manifestation se tenait dans l’après-midi du jeudi 29 juin 2017.

De gauche à droite, Hippolyte Attakoun et Alyath Kouamé
Du lundi 3 juillet au 28 du même mois, le Centre aéré ’’Vacances enfants joyeux’’ (Cavej) initie les enfants vacanciers à plusieurs disciplines artistiques. La substance de la conférence de presse qu’a animée Alyath Moustapha Souley Kouamé, Directrice de la structure indiquée, le jeudi 29 juin 2017. Elle a mené son intervention en compagnie d’Hippolyte Attakoun, Coordonnateur du ’’Centre’’ de Godomey, situé au quartier Atrokpocodji de la Commune d’Abomey-Calavi.
En réalité, ces moments d’instruction des vacanciers à l’art prennent en compte la tranche d’âge de 3-4 à 17 ans, selon les propos de la Directrice. Et, les domaines concernés sont diversifiés : le dessin, la peinture, les mosaïques, les activités manuelles à partir d’objets de récupération, la création d’œuvres d’art, le théâtre, la danse traditionnelle, la danse urbaine et la comédie musicale. En outre, ces jeunes stagiaires seront encadrés par des artistes professionnels et des acteurs culturels reconnus : Alofan Alihossi, Jules Koukpodé, Emile Gbédé et, notamment, Arsène Tchéka. Si, de manière pratique, les apprenants seront répartis dans les catégories respectives de 4-6, 7-10 et 11-17 ans, ils seront pris en charge, toutes les journées prévues, dans la période concernée, de 9 à 16 heures, avec des pauses à 10 et à 12 heures, sans oublier qu’en dehors du ’’Centre’’ de Godomey, la Médiathèque des Diasporas, sise Place du Souvenir, constituera un cadre d’apprentissage.
Pour Alyath Kouamé, le Cavej en est à la troisième édition de cette initiative, mise en place depuis trois ans, avec des objectifs clairs : permettre le développement culturel des enfants, les aider à apprendre intelligemment, à passer des vacances utiles et saines, cultiver, à leur niveau, l’esprit créatif et l’initiative personnelle, faire d’eux des adultes avertis, les élever et les éduquer sur tous les plans. « Il faut prendre les enfants, leur donner une plateforme où ils viennent s’exprimer comme ils veulent », a-t-elle affirmé, en substance. Pour les parents que l’initiative du Cavej continuera à intéresser, ils pourront joindre Alyath Kouamé au 97086317.


Marcel Kpogodo     

samedi 4 mars 2017

Gaba et Pouyandeh : se guérir au ’’Centre’’ d'Atrokpocodji à Godomey

Dans le cadre d’une exposition que les artistes animent depuis février 2017


Depuis le 4 février 2017, deux artistes peintres sont en exposition au ’’Centre’’ de Godomey. Il s’agit de la Franco-iranienne Nazanin Pouyandeh et du Béninois Meschac Gaba. Une tendance très curative se dégage des œuvres que ces créateurs donnent à voir jusqu’en avril prochain.

Nazanin Pouyandeh
Se guérir du sentiment de détresse, d’angoisse, de perte de repères, cela est bel et bien possible, ce que montre un processus artistique simple mais percutant : installation d’un géant collier de phares de détresse de véhicules, allumés, d’une part, celle-ci mise en communication avec un tableau aux tendances de couleurs très apaisantes pour l’esprit, d’autre part, parmi un ensemble de six toiles, pendant que, d’un autre côté, une technique classique de peinture, modernisée est remarquable à travers des petits formats de tableau, et même par des objets typiques exposés. C’est ainsi que Meschac Gaba et Nazanin Pouyandeh, donnent à voir leurs œuvres, depuis le 4 février dernier, dans le bloc d’exposition du ’’Centre’’ d’Atrokpocodji, situé dans l’Arrondissement de Godomey, de la Commune d’Abomey-Calavi.

''Détresse''
Après environ une trentaine de jours de résidence de création, Meschac Gaba, monument des arts plastiques au Bénin, peintre, récupérateur, installateur, déambulateur, fait honneur à sa réputation d’artiste particulièrement inventif, en présentant six toiles ayant suivi un laborieux processus de création. Des feuilles de son jardin, recueillies, pressées selon un système d’étalement sur une feuille de journal, laquelle est mise en contact avec la plaque en bois qui doit entrer dans la composition physique de la toile. Un poids de surface est posé sur cet ensemble pendant plusieurs semaines. Résultat : les feuilles laissent de fortes et indélébiles empreintes sur la plaque de la future toile, celles-ci étant de plusieurs espèces : hysope simple, hysope blanche, hysope aquatique, hibiscus, notamment. Aussi bien des plantes médicinales que des plantes qui portent protection et bonheur.
Et, ces traces obtenues, Meschac Gaba appliquera différentes techniques artistiques pour affiner le travail : le pointillisme, la peinture sur toile à l’acrylique avec, comme support, des couleurs multiples : vert, violet, blanc, entre autres, avec leurs sensations apaisantes sur la psychologie du visiteur.
''Hysope blanc'' et ''Misère'' de Meschac Gaba
Ainsi, dans l’une des salles d’exposition du ’’Centre’’ de Godomey, l’installation ’’Détresse’’ laisse découvrir le collier géant, qui décline différentes couleurs clignotantes de feux de détresse de voitures de toutes marques, de quoi restituer ce sentiment qui atteint les êtres humains et qui les déstabilisent. Et, en diagonale, dans la salle ’’Mon jardin’’, le tableau ’’Misère’’, paradoxalement à sa dénomination, dans son ton violet, parsemé de pointillés blancs, détend profondément, faisant oublier cette détresse. De même, les autres toiles, ’’Cérémonie des couleurs’’, ’’Hysope aquatique’’, ’’Hysope blanc’’, ’’Feuilles de jazzmen sauvage’’, et ’’Kpatima’’, viennent renforcer cette atmosphère apaisante, caractéristique de l’espace ’’Mon jardin’’, dédié aux œuvres de Meschac Gaba, pour la durée de l’exposition.



Nazanin Pouyandeh, une thérapeute culturelle

La démarche de la Franco-iranienne s’enfonce dans une pratique purement classique faisant valoir la technologie contemporaine. Elle photographie ses modèles, affiche grandement à son ordinateur l’image choisie pour la peinture, regarde cette photo et la restitue, à l’aide de son pinceau. « Cette technique me permet d’améliorer la vision qu’on a de l’homme », explique-t-elle. « Il s’agit d’un jeu avec le spectateur ; je me mets très proche du réel mais je livre une scène improbable », appuie Nazanin Pouyandeh. Chez elle, la nudité est souvent de mise, ce qu'elle démythifie aisément: « La nudité présente l'aspect de l'homme dans son état le plus primitif, le plus vierge ».

Les toiles de Nazanin Pouyandeh
Ces modèles, par la peinture sur toile, elle reproduit ce que son inspiration de l’instant lui donne à voir d’eux, ce que son esprit lui dicte de ce qu’ils sont, de leur richesse intrinsèque, de ce que, eux lui donnent à exprimer d’eux, ce qu’elle livre aussi à partir de ce que son pinceau, de ce que sa main transmet du message de ses yeux qui captent la photo prise. Une manière aussi, pour l’artiste, de se mettre à la place de Dieu, pour procéder, à sa manière, à des retouches sur la personnalité physique originelle du modèle.

Des objets symboliques dont s'inspire Nazanin Pouyandeh
En outre, comme le décrit Nazanin Pouyandeh, trois niveaux sont perceptibles sur chacune de ses toiles de petit format. Le premier concerne le personnage, telle que son inspiration a choisi de le reproduire. Concernant le deuxième niveau, il livre ce qu’elle appelle des « objets symboliques » et, dans le cas d’espèce, il faut compter avec des masques, des objets traditionnels, représentatifs du culte vaudou. Quant au troisième niveau, il matérialise le pagne dit africain qui devient le fond de décor de la toile.  

Des oeuvres ayant établi la célébrité de Nazarin Pouyandeh
Voilà une technique qui, globalement, est productive. En effet, il est essentiel de se guérir de la perte de ses racines, dans un pays comme le Bénin, anciennement colonisé par la France et où l’on accorde plus de valeur et de crédit aux éléments culturels en provenance d’ailleurs, de l’Occident. Nazanin Pouyandeh nous met en contact, à travers ses toiles, avec notre vécu culturel authentique, à commencer par des personnages de notre environnement qui lui ont servi de modèle. En outre, les objets symboliques qu’elle choisit d’immortaliser constituent un sujet pour reconstituer et immortaliser la richesse de la civilisation africaine.
Jusqu’au 1er avril 2017, les œuvres présentées par Meschac Gaba et Nazarin Pouyandeh peuvent être visitées au ’’Centre’’ d’Atrokpocodji, à Godomey.


Marcel Kpogodo