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mercredi 22 juin 2016

« […] on n’a aucun intérêt à rater ce rendez-vous unique de la poésie », dixit Jérôme Tossavi

Dans le cadre de l’organisation de l'édition 2016 de la ’’Nuit poétique’’


La ’’Nuit poétique’’, un événement annuel dédié à la poésie, s’est véritablement imposé, dès sa première édition, en 2015. Jérôme Tossavi, le jeune dramaturge et poète béninois, qui en est le concepteur, aborde la tenue de la 2è, dès juillet prochain, à travers cette interview qu’il a accepté de nous accorder.  

Jérôme Tossavi
Journal ''Le Mutateur'' : Bonjour Jérôme Tossavi. Vous êtes le Directeur du Festival, ’’Nuit poétique’’, prévu pour avoir lieu le 9 juillet prochain, à l’Institut français de Cotonou. Qu’avons-nous au menu des artistes poètes ?

Jérôme Tossavi : La ’’Nuit Poétique’’ est une nuit de grande révélation poétique qui donnera la parole aux artistes poètes de tous les cabanons. Nuit de grande fièvre poétique à nulle autre pareille, cette soirée offrira au public qui fera le déplacement un panel de menus faits de musique, de paroles chantées et portées au dos de la poésie d’engagement, qui sera à l’honneur. Ainsi dit, une quinzaine de poètes confirmés sont attendus sur la grande scène de la ’’Nuit’’, pour porter leur parole silencieuse, dans le creux de la fontaine nuptiale. A cette foire de la poésie sont attendus aussi des musiciens de renom pour tailler la pierre dans la verve poétique des poètes qui arpenteront la scène de la ’’Nuit Poétique’’. Cette soirée de performance poétique redorera ses lettres de noblesse à l’événement, à travers le grand spectacle vivant autour des corps-poèmes concoctés, depuis la première génération de poètes jusqu’à la dernière, dans notre pays. Ce spectacle, d’une durée de 20 minutes, nous fera voyager dans la prairie de la poésie béninoise, engagée depuis Paulin Joachim (le père-ancêtre de la poésie d’ici) jusqu’à Daté Atavito Barnabé-Akayi, en passant par les grandes voix telles que Kakpo Mahougnon, Jean-Marc-Aurèle Afoutou, Fernando d’Almeida, Louis-Mesmin Glèlè, pour ne citer que celles-là. La scène sera ensuite ouverte aux poètes confirmés qui passeront, à tour de rôle, dans la fontaine de la ’’Nuit’’, pour déclamer leurs propres textes, sur des notes musicales assurées par le plus grand flûtiste au Bénin, Meschac Adjaho, en compagnie de sa bande. En somme, on n’a aucun intérêt à rater ce rendez-vous unique de la poésie, vu le plat de résistance qui y sera servi.



Quels éléments d’originalité voyez-vous par rapport à la 1ère édition de la manifestation qui a eu lieu en 2015 ?

Déjà, cette deuxième édition gagne en beauté et en originalité par rapport à la première édition qui n’était qu’une édition-test, pour jauger la sensibilité poétique du peuple béninois. Fort heureusement, le public a répondu très favorablement à cet appel et a même émis le vœu que ce rendez-vous soit trimestriel. La première marque d’originalité, pour cette deuxième édition, repose sur l’aspect théâtral de la soirée dont la direction artistique est confiée au metteur en scène professionnel, Patrice Toton, qui proposera des plans de scènes, aussi bien pour la troupe de comédiens qui jouera les morceaux choisis, que pour les poètes qui porteront eux-mêmes leurs poèmes. La deuxième marque d’originalité de la soirée repose sur la forte participation de poètes d’horizons. Une forte participation qui a découlé de l’appel à textes lancé par nos soins pour recueillir des poèmes et des poètes pour la ’’Nuit’’. Nous sommes étonnés de la forte masse de textes poétiques que les poètes du monde entier nous envoient et des demandes des poètes à participer à cette ’’Nuit’’ de tous les rêves. A ce jour, la France, le Sénégal, le Togo, le Cameroun et même la Chine frappent à notre porte pour ne pas rater ce rendez-vous, ce qui nous donne l’élan de ne jamais abandonner ce projet qui prend l’allure d’un grand festival international.  La troisième et dernière marque d’originalité de cette édition est l’aspect thématique imprimé à toute la soirée. En effet, cette édition est placée sous le signe de la Poésie et de l’engagement. Tous les textes qui seront lus, chantés, déclamés au cours de la soirée tourneront autour de ce thème unique. Les poètes invités y travaillent fortement, pour ne pas quitter cette gamme exigée par le Festival.



Comment vous battez-vous pour le financement de l’événement?

Un événement de cette envergure a besoin forcement d’un gros budget pour sa parfaite réussite. Mais, le pays étant ce qu’il est, nous n’avons pas pu totaliser de grands moyens pour porter ce rêve. Nous nous sommes battus pour attirer le regard de l’exécutif vers ce projet salvateur à travers le Fonds d’aide à la culture qui nous a alloué une cagnotte minimale pour la réalisation de ce projet qui nécessite néanmoins un budget conséquent. Nous remercions nos partenaires, l’Institut Français du Bénin, qui a accepté de mettre son cadre à notre disposition pour abriter la ‘’Nuit’’, l’Association Katoulati, pour l’accompagnement artistique, les poètes de tous les cabanons, pour l’acceptation d’exploitation de leurs œuvres, à des fins de promotion. 

L'affiche de l'événement
Selon vous, comment se porte la poésie béninoise, à l’heure actuelle ?

La poésie béninoise s’essouffle en dépit des talents fertiles qui pointent à l’horizon. Le pays compte beaucoup de jeunes poètes de forte fièvre poétique mais qui abandonnent le combat d’édition de recueils trop sportifs. Aucun éditeur n’est prêt à mettre de l’argent dans ce projet audacieux qui n’est aucunement rentable. Des recueils de poèmes de grande défaillance naissent rarement à compte d’auteurs pour enterrer la poésie. Une fois que ces recueils sont publiés, il n’y a pas de canaux de diffusion et de promotion, si bien que le poète se déguise en vendeur ambulant de sa poésie qui n’intéresse personne, car, il faut l’avouer, la poésie est d’ailleurs une affaire personnelle et est vite taxée d’hermétique par la masse laborieuse qui lit tout sauf ce genre littéraire. Cet essoufflement est dû, à notre avis, au manque criard d’événements et de canaux devant assurer sa vulgarisation. La fibre poétique déserte le forum au grand désarroi du slam, mal défriché par la plupart des jeunes qui s’y adonnent. Preuve palpable de l’échec de notre système scolaire qui ne donne plus le goût de la poésie aux apprenants, à travers ces séances de récitation poétique qui égayaient les cœurs et suscitaient des vocations, dans un passé récent.



En matière de poésie au Bénin, quels sont vos faits d’armes ?

Je travaille à redonner à la poésie béninoise toutes ses lettres de noblesse. Je sais que j’y parviendrai après de lourds moments de sacrifices et de critiques, vu que les voix ne sont jamais unanimes lorsqu’il s’agit de discuter de la littérature, dans notre pays. ’’La Nuit poétique’’ que j’organise, par le biais de l’Association dont j’assure la direction, ’’Mignon-Tourbillon’’, répond à ce vœu de redimensionner la poésie d’ici et d’ailleurs sur les rails de la grande émotion et de la grande passion. Mon  rêve, en initiant ce projet, c’est de faire du Bénin la capitale de la poésie mondiale. Et, à cette deuxième édition, je suis pleinement satisfait de mes objectifs, vu la forte pression des demandes de participation qui fusent de toutes parts. 



Un appel au public ?

Nous invitons toutes les bonnes volontés à soutenir l’événement ’’Nuit Poétique’’, qui est un patrimoine national, au même titre que le Fitheb (Festival international de théâtre du Bénin, Ndlr) et d’autres événements qui repositionnent le Bénin sur l’échiquier mondial. J’invite le public à ne pas manquer le rendez-vous du 09 juillet 2016 qui fera de la ’’Nuit’’, la soirée de tous les rêves.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

jeudi 3 mars 2016

Jérôme Tossavi tient la 3ème édition de ’’Challenge les amis du livre’’

L’événement étant prévu pour le samedi 26 mars 2016

La paillote de l’Institut français de Cotonou abritera, le samedi 26 mars 2016, la 3ème édition de la compétition littéraire scolaire, ’’Challenge les amis du livre’’ (Cal). Cette assurance ressort des échanges que Jérôme Tossavi, promoteur de cette manifestation culturelle, a eus avec notre Rédaction.
Jérôme Tossavi
6 établissements scolaires finalistes retenus avec, en jeu, des trophées, des enveloppes financières et des coffrets de livres pour les 2 premiers et, l’équipe lauréate étant attendue pour participer à une émission littéraire sur l’une des chaînes privées béninoises, de même qu’elle bénéficiera d’une séance d’échanges techniques avec l’écrivain dont l’ouvrage a servi de fondement à l’ultime évaluation. Le visage que présentera la finale de la compétition dénommée ’’Challenge les amis du livre’’ (Cal), dans la matinée du samedi 26 mars 2016, à la grande paillote de l’Institut français de Cotonou.  
A en croire Jérôme Tossavi, Président de l’Association organisatrice, ’’Mignon tourbillon’’, la 3ème édition de la compétition scolaire, ’’Challenge les amis du livre’’ se déroule en partenariat avec l’Association ’’Afrika’atis’’ et connaîtra la participation d’élèves en provenance de 4 structures scolaires des Départements de l’Atlantique et du Littoral. Ce sont : ’’La moisson de Pahou’’, ’’Siracide’’, le Collège catholique Saint Jean de Cotonou et le Collège d’enseignement général (Ceg) Gbégamey. Du côté de l’Ouémé et du Plateau, deux collèges publics sont attendus pour le concours : Bio Guerra et Djassin.
Par ailleurs, les compétiteurs, qui devront appartenir à un groupe d’au plus 5 personnes, présenteront, devant le public, une analyse de 10 minutes d’un extrait tiré au hasard, sur place, de la pièce de théâtre, ’’Les confessions du PR’’, du Béninois Daté Atavito Barnabé-Akayi. Et, 4 membres d’un jury sont chargés de les évaluer : les Professeurs Jean-Marc-Aurèle Afoutou et Roger Koudoadinou, l’écrivain Habib Dakpogan et le bibliothèque en chef de l’Institut français de Cotonou, David Longin.
En outre, toujours selon Jérôme Tossavi, le thème sous le signe duquel se place cette compétition est simple : « Paix, pouvoir et démocratie ». Il a été choisi dans le contexte de l’élection présidentielle s’effectuant au Bénin dans la période. « Il vise aussi à cultiver la fibre patriotique chez les jeunes citoyens », continue-t-il, fondant sur cette exigence le choix des ’’Tresseurs de corde’’, roman de Jean Pliya, pour la présélection des collèges concurrents, et la pièce de théâtre, ’’Les confessions du PR’’, pour la finale, ces deux livres s’intéressant respectivement à la question de la bonne gouvernance politique en Afrique.
De plus, se rapportant au long chemin parcouru par son équipe et lui avant d’arriver à la finale de la compétition, Jérôme Tossavi a précisé qu’il leur avait fallu lancer le concours, le 15 janvier 2016, en même temps que la présélection qui s’était achevée le 15 février, après avoir effectué une tournée d’explication dans une vingtaine d’établissements de l’Atlantique-Littoral et de l’Ouémé-Plateau. A la clôture de cette présélection, 10 candidatures avaient été reçues et, une session du jury plus tard, les 8 collèges en compétition ont reçu leur quitus pour l’affrontement final, le samedi 26 mars.
Si Jérôme Tossavi ne s’est pas empêché de remercier la Direction nationale de la promotion du livre et de la lecture (Dnpl) pour son appui matériel aux éditions précédentes du Cal, et le Fonds d’aide à la culture (Fac), pour son apport financier, il a annoncé que ces deux structures spécialisées émanant du Ministère de la Culture, de l’alphabétisation, de l’artisanat et du tourisme, seront à nouveau de la partie. Il en a profité pour lancer un appel aux libraires, aux bibliothécaires, aux auteurs, aux éditeurs et, notamment, à la Francophonie, afin qu’ils s’intéressent davantage à ce qu’il a appelé le « seul événement littéraire concernant les apprenants ».   


Marcel Kpogodo

dimanche 8 novembre 2015

Habib Dakpogan, lauréat 2015 du ’’Prix du Président de la République’’

Sous le couvert d’une grande amertume du Professeur Midiohouan


Le lauréat du Concours national littéraire, ’’Prix du Président de la République’’, dans sa 5ème édition, est connu depuis hier, samedi 7 novembre 2015, au Hall des Arts de Cotonou. Il s’agit d’Habib Dapkogan. L’annonce en a été faite par le Professeur Guy Ossito Midiohouan, Président du Jury de la compétition, qui n’a pas manqué de déplorer les conditions de la remise de ce Prix.

Habib Dakpogan, en possession de son trophée - Crédit photo : ''Bénincultures''
« Je n’ai plus de mots parce que je suis surpris et ému … C’est comme une exposition qui exige que le récipiendaire travaille davantage … ». Ainsi s’exprimait Habib Dakpogan, nouveau lauréat du Prix du Président de la République, le samedi 7 novembre 2015, au Hall des Arts de Cotonou, site où se déroule le Salon national du livre. Profitant de la parole lui ayant été accordée pour remercier les membres du Jury et ceux du Comité d’organisation du Salon indiqué, manifestation par l’intermédiaire de laquelle le Prix lui a été décerné, il a aussi félicité ses co-concurrents et n’a pas manqué de rendre hommage à Joachim Adjovi, Directeur de ’’Star éditions’’, la maison d’édition ayant produit ’’Pv salle 6’’, le roman lauréat. « Nous avons mené des combats qui n’étaient pas parfois évidents », a-t-il révélé.
En plus du trophée qui lui a été remis par le Professeur Guy Ossito Midiohouan, Président du Jury du Concours, composé du Professeur Jean Marc-Aurèle Affoutou et de l’écrivain Florent Couao-Zotti, Habib Dakpogan s’est vu remettre un chèque de 2 millions de Francs Cfa. En outre, ses 4 autres co-concurrents, présélectionnés, comme lui, dans une première phase, dans un groupe de 13 candidats, ont bénéficié, en même temps que lui, d’un diplôme de participation. Cette cérémonie fut également exploitée pour remettre à Rigobert Kpanikpa Kouagou, le lauréat de la 4ème édition du Concours, celle dont les résultats avaient été proclamés en 2013, son diplôme de participation et son chèque de 2 millions.



L’indignation de Guy Ossito Midiohouan

Rigobert Kpanikpa Kouagou n’est entré dans les attributions de son Prix que deux ans après sa consécration. De plus, la cérémonie du samedi 7 novembre 2015 n’a enregistré aucune présence ministérielle, en dépit de la qualité prestigieuse de cette récompense d’ordre littéraire, censée être décernée par le Chef de l’Etat. Ce sont autant d’éléments d’insuffisance qui ont provoqué la colère du Professeur Guy Ossito Midiohouan. « On n’a pas su trouver, dans ce Gouvernement pléthorique, un seul Ministre pour décerner le Prix du Président de la République », enrageait-il, remarquant qu’étaient loin d’être atteints les deux objectifs cardinaux que s’étaient fixés, en 2003, les créateurs de cette distinction spécialement réservée aux écrivains béninois. Plus précisément, selon l’intervenant, il s’agissait de « faire connaître une véritable fortune » à l’écrivain distingué et à l’œuvre reconnue, puis de promouvoir la littérature béninoise au plan national et à l’étranger.
A en croire les propos de l’universitaire, après le déroulement de quatre éditions du Prix du Président de la République, l’attribuer fait l’objet de nombreuses difficultés, sans oublier que les quatre auteurs qui ont bénéficié de cette distinction constituent de véritables inconnus au Bénin, en Afrique et dans le monde, cette second considération qu’il a illustrée par le fait que les acteurs du monde littéraire béninois se trouveraient incapables de citer, de mémoire, le nom des quatre lauréats précédents et du livre qui leur aura permis d’obtenir le Prix.
Au vu d’une telle situation, le Professeur Midiohouan n’a pas eu d’autre choix que de conclure au mépris par les autorités béninoises du secteur des arts et des lettres.



’’Star éditions’’, « la consécration … »

’’Pv salle 6’’ est le roman ayant permis à Habib Dakpogan de remporter le Prix du Président de la République. Il est paru en 2013 à ’’Star éditions’’, ayant son siège au Quartier Akpakpa, à Cotonou. Joachim Adjovi ayant la direction de cette structure, présent au Hall des Arts, ce samedi 7 novembre et, félicité au même titre que l’auteur distingué, s’est exclamé : « C’est le résultat de 22 ans de métier» ! Détaillant beaucoup plus son parcours, il explique, le visage rayonnant, que cette longue expérience du secteur de l’édition se partage entre 12 ans aux ’’Editions du Flamboyant’’ et, 10, dans sa propre maison, la lauréate actuelle, créée depuis 2005. Avoir mis sur le marché un roman qui, deux ans plus tard, gagne le prix littéraire le plus prestigieux du pays, relève d’une prouesse dont ’’Star éditions’’ gagnerait toujours à mériter l’atteinte, par des productions d’une qualité chaque fois renouvelée et plus recherchée.
En réalité, au cours de la cérémonie de décernement du Prix du Président de la République, Guy Ossito Midiohouan a dressé une fière chandelle à la maison d’édition ’’Plumes soleil’’, du fait qu’elle seule a réussi à aligner trois lauréats sur les cinq, à l’issue de la présélection ; il s’agit de Pascal Okri Tossou, avec ’’Femmes’’ (2013), de Carmen Toudonou, pour ’’Presqu’une vie’’ (2014) et, enfin, de Daté Atavito Barnabé-Akayi, pour ‘’Errance chenille de mon cœur’’ (2014), Rodrigue Atchaoué, lui, le cinquième présélectionné, ayant été édité par la maison d’édition dont il est le Directeur, ’’les Editions du tamarin’’, concernant le roman, ’’Cocogirl’’ (2015).
Pour une véritable renaissance et une profonde éclosion de l’univers béninois des arts et des lettres, l’Etat n’a que la simple partition à jouer que d’honorer, tous les deux ans, toutes les exigences, en fait, à portée de mains, de la tenue de la délibération du Concours national littéraire du Prix du Président de la République. Il ne faudrait pas non plus occulter l’organisation annuellement bien médiatisée du Salon national du livre.

Marcel Kpogodo 

vendredi 24 avril 2015

Importante foire aux livres dans le Concours ’’Je m’exprime’’

Dans le cadre de la 1ère édition de la compétition

Le samedi 25 avril 2015 verra la Grande paillote de l’Institut français de Cotonou abriter la 1ère édition du Concours ’’Je m’exprime’’ visant à valoriser la lecture expressive d’un texte. Cette manifestation est prévue pour s’enrichir d’une foire aux livres d’une particularité inédite.

L'Affiche du Concours ''Je m'exprime''
Une grande foire aux livres qui présente l’originalité de mettre en vente, exclusivement, des oeuvres d’auteurs béninois ayant publié des ouvrages ces cinq dernières années. Voilà la principale attraction de la 1ère édition du Concours de Lecture-performance, ’’Je m’exprime’’, qui est prévue pour se tenir ce samedi 25 avril 2015, à partir de 10h, sous la Grande paillote de l’Institut français de Cotonou. Selon Landry Ouoko, l'initiateur de la manifestation, cette compétition verra s’affronter des apprenants de 9 à 13 ans, en provenance de plusieurs établissements : Complexe catholique Saint Michel, Complexe scolaire Saint Augustin, Ecole primaire privée ’’Les petits poucets’’, Ecole primaire des Enfants Sos d’Abomey-Calavi, Complexe scolaire Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, dans la même localité, le Complexe scolaire Nice et, notamment, le Complexe scolaire Sainte Félicité de Godomey.

Landry Ouoko
En outre, l’affrontement entre les candidats des établissements, ce samedi 25 avril, tient lieu d’une éliminatoire d’où sortiront 5 finalistes qui entreront en compétition, une dernière fois, le 9 mai prochain. Ces deux séances se dérouleront  selon des critères fort simples : la présence sur scène, pour 3 points, la pertinence du texte choisi, valant 6, la compréhension du texte, pour 3, le travail en équipe, évalué à 6 points et, enfin, 2 points de bonus. Ces séances surviennent après une journée de formation des inscrits au concours, qui a eu lieu le 14 mars dernier. Par ailleurs, le jury chargé d’évaluer les candidats sont, entre autres, Daté Atavito Barnabé-Akayi, Marcel Kpogodo et Elfried Dossavi-Messy.   
Pour une atmosphère scolaire où l’Approche par compétences en Français est progressivement remise en cause, au vu de la faiblesse, relative aux apprenants, du niveau d’expression, d’écriture et de compréhension des textes, le Concours ’’Je m’exprime’’ vient comme pour amener les régulateurs du système éducatif à remettre les pendules pédagogiques à l’heure, de quoi travailler à préparer une relève intellectuelle de qualité.   

Marcel Kpogodo

vendredi 13 février 2015

Jérôme Tossavi : Une lecture d' ''Errance chenille de mon coeur'' de Daté Atavito Barnabé-Akayi

En prélude au lancement de l'ouvrage le samedi 14 février 2015

L’écrivain Béninois Daté Atavito Barnabé-Akayi vient de publier, aux éditions Plumes Soleil, à Cotonou, son tout premier roman étiqueté  Errance : chenille de mon cœur. Roman de facture sociale et sentimentale. L’œuvre de Daté se présente comme un miroir reflétant les mutations d’une société en ébullition. Plusieurs thématiques captent l’attention de tout lecteur averti. Après ma lecture passionnée de l’œuvre de mon contemporain Daté Atavito Barnabé-Akayi, j’ai eu quelques frissons pour le genre littéraire romanesque qui ne m’a jamais accroché jusque-là. D’aucuns parleront d’influences. C’est positif d’avoir ses ancêtres à côté de soi. Senghor l’avait chez les gens de son canton proche. Moi aussi. Daté m’influence par ce roman de type nouveau où les personnages sont connus de tous, même des Zémidjans de Cotonou. Et, parlant de personnages-personnes, on peut citer, pêle-mêle, Florent Couao-Zotti, Habib Dakpogan, Romain Hounzandji, Roger Koudioadinou, Jean-Paul Tooh-Tooh, Dieudonné Oténia, Kangni Alem, Guy Ossito Midiohouan, Pierre Médéhouègnon, Barthélémy Abidjo , Apollinaire Agbazaou, Anicet Mègnigbéto, Kam Sophie Heidi, Amour Gbovi, Français Mensah (Rip), et tout le Beuverie club de Cotonou ( Jérôme Tossavi, Samirath Alidou, Marcel Kpogodo, Tanguy Agoï, pour ne citer que ceux-là). Tous ont trouvé leur place dans ce roman où plusieurs voix se mêlent comme dans un concert de jazz. Parlant de Chenille : errance de mon cœur, c’est une symphonie de propos humoristiques, qui frise le dilatoire non-ennuyeux. En ce sens, il faut rejoindre Okri Pascal Tossou qui qualifie, en note préventive, l’œuvre de Daté de caméra-social projetée sur des faits sociaux esthétiquement en Saniath.

Jérôme Tossavi
Délimité sur 196 pages sans chapitres organisés, Errance : chenille de mon cœur  est d’abord un cahier intime, une sorte de journal autoportrait d’un personnage érotique à la  quête de sensations et de la sexualité la plus inouïe. Oui, je dis bien sexualité. Car le poète-romancier Daté ne va pas se démarquer de cette thématique qui apparaît en toile de fond de son œuvre abondante. La femme, encore la femme, toujours la femme. C’est de cela qu’il s’agit avec les nombreuses aventures amoureuses que l’héroïne Saniath a entretenues, tout le long de la prose narrative. Revenons à la diégèse qui touche tous les angles de notre société (Cybercriminalité, système éducatif béninois pourri, dérèglement énergétique incarné par la SBEE, Société Béninois d’Energie Electrique, le drame politique tel que vécu sous les tropiques où fleurissent les fausses promesses de nos dirigeants assoiffés de politique). Il s’agit de Saniath, jeune élève campée dans la peau d’une fille pubère vite émancipée qui se laisse emporter par tous ses désirs. Deux urgences poussent notre héroïne en errance. La première, sa passion démesurée de publier coûte-que-coûte le roman de sa vie, sous l’influence de son pseudo-psychologue, elle est sonnée de remplir au jour le jour un cahier (journal) qui fera l'objet de publication à la suite de toutes les aventures et mésaventures connues. 
La deuxième, convaincre son professeur de français de son amour envers sa personne. Sur les traces de son éducation, elle rejette certaines contraintes familiales trop rugueuses pour elle et pour ses autres frères et sœurs. En ce sens, elle se plaint constamment de sa mère qui constitue pour elle une calamité et pas forcément un bel exemple à copier. Grandie et élevée dans le cocon familial, Saniath bravera toutes les intempéries pour « écouter son cœur » contre celui de sa mère qui déteste les amitiés non évangéliques. D’abord, elle affiche sa haine voilée contre tous ses frères et sœurs sauf Joseph, son frère cadet, le seul qui la comprend mieux que les autres. Ensuite, sa grogne se dirige vers Moustapha, le mari de sa sœur aînée Léontine qui vocifère une méchanceté sans nom envers sa belle-sœur Saniath et son beau-frère Joseph. Enfin, Saniath, comme je l’avais dit plus haut, n’aime pas sa mère. Elle la trouve trop complexée et assez maladive. Ici se pose avec acuité le problème du voisinage et de l’affection parentale muée en infections comportementales.



L’errance comme clichées d’émotions

La trajectoire de Saniath se limite à ses amis- et Dieu même sait qu’elle en a à foison- et à son professeur de français qu’elle « adore » en passant par son psychologue. Au départ, c’était un amour confidentiel pour cet enseignant que Saniath adore. Mais, après, elle finira par déclarer ouvertement ses sentiments à son professeur de français. On peut lire ceci à la page 66 du roman : « Je crois sincèrement que je vous aime, pardon, j’aime votre cœur. Je veux vous appartenir, éternellement. C’est fou comme je suis comblé les dimanches soirs et surtout quand nous sommes lundi. Du simple fait que je vais vous voir, non, pardon je vais suivre votre cours ». On ne peut plus clair. Saniath aime son prof et trouve du plaisir à être en sa compagnie. Elle regrette même que son prof soit un homme marié. A maintes reprises, elle a pointé son doigt accusateur sur maman Erasmus qui est la femme du prof-amant. Dans le même viseur, Saniath partage son cœur avec une kyrielle de petits amis. La liste est un peu longue. D’abord, c’est avec Léopold que sa quête sentimentale a débuté. Mais, très vite, Boni, un don juan né, broutera dans le jardin intime de Saniath qui condamne la routine de Léopold qui n’adopte que les mêmes positions tout le temps. Eric, séducteur du quartier, fera jaser Saniath qui ne respire que par lui. Son voyage, au nord, dans le but de finir en beauté ses études sera aussi fructueux en amour : sur son chemin, elle rencontre Akim qui l’emportera dans son cœur jusqu’au quartier Jéricho, vons des Assemblées de Dieu.




Derrière le rideau de l’errance

Les maux sont ainsi égrenés par le prosateur de Chenille : errance de mon cœur. Saniath Zamba n’est qu’un prêt-mot pour dénoncer les caprices d’une société en ruine. Quelques micro-récits méritent qu’on s’y attarde. Le récit sur Feu François Mensah n’est qu’une autodérision  sur une jeunesse capable mais traumatisée par  la drogue et  l’alcool. Parle narrateur (ici François Mensah serait le précurseur du rythme ''Soyoyo''. Et, quand on parle de ''Soyoyo'', on se souvient très vite du groupe emblématique ''Panthère Noire'', incarné par Robinson Sipa emporté aussi par la drogue, en dépit de l’immensité de son talent non négociable), il faut célébrer François autour de l’alcool pour lui assurer le paradis, entendu que toute sa vie n’a été qu’alcool et cigarette. Le micro-récit sur les enseignants-vautours qui quémandent des heures de vacations dans tous les sens est aussi accrocheur. Ces enseignants capables de corriger les copies des élèves sous l’échangeur de Godomey, meurent si on leur arrache une classe. Derrière cette satire se dégage toute la problématique de notre système éducatif enrhumé. Et, Daté est bien placé pour le dire vu sa casquette d’enseignant. Plus loin, il faut noter le discours pamphlétaire qui parsème le roman : la verve du prosateur contre les romanciers n’est pas gratuite. Pour Daté, le roman est un genre humiliant capable d’être exécuté par tous. Par contre, la poésie est bien noble. Il s’en prend vertement à tous les écrivains qui pissent l’orgueil et la goinfrerie en se prenant pour Dieu. Et, le centre de la terre. En filigrane, il toise (je parle de Daté) son propre orgueil (l’un des personnages du roman, Bruno Ahossi, dira ouvertement que Daté serait infréquentable et contagieux) mais préfère la modestie réservée, selon Daté, aux tarés. L’autre charge pamphlétaire notée dans le roman est le discours religieux axé sur un Dieu nul et inutile qu’il faut gommer de toutes les prières (c’est Saniath qui parle. Mais paradoxe pour paradoxe, Saniath est une évangéliste issue des arcanes de l’Eglise des Amoureux du Christ). Les autres grognes se résument aux discours féministes qui campent la femme dans une position attentiste (et là, c’est Samirath Alidou qui fustigera cette thèse via la bouche de Saniath). Tout baigne pour celui qui sait attendre semble nous dire l’auteur de Chenille : errance de mon cœur, qui trace les nouveaux sillons d’une écriture romanesque engagée. En attendant de le lire et de le relire, je convie les lecteurs passionnés à la découverte de ce roman qui fera date dans la littérature béninoise.


Le mérite d’une plume

Le langage parfois débridé du prosateur n’est pas à oublier. Volontairement, l’auteur transfère des sms-Kifs dans son récit. Des interjections tirées du langage argotique fleuve pointillent le roman pour laisser choir dans nos tympans l’émotion vive du personnage évoluant dans un cadre spatio-temporel illimité. On a du mal à la saisir en plein vol dans ce récit où le chronotope converge vers des récits enchâssés. Le rire sournois et sarcastique de Daté est aussi bien perceptible derrière tout ce récit qui côtoie le style du one man's show, à la façon d'Elmaleh Gad. Pour un coup d’essai romanesque, ce fut un coup de maître pour ce roman qu’on peut qualifier de roman des réseaux sociaux, entendu que bon nombre d’extraits y sont déjà postés bien avant la parution de l'ouvrage attendu des paisibles lecteurs d’ici et d’ailleurs.


Jérôme Tossavi

vendredi 4 mars 2011

Littérature béninoise

La page de couverture de ''Quand Dieu a faim ...''





Paru aux Editions Plumes Soleil du Bénin


Quand Dieu a faim ... dans les librairies


Ces premières semaines de l’année 2011 voit paraître ''Quand Dieu a faim", la deuxième pièce de théâtre écrite par le jeune Béninois, Daté Atavito Barnabé-Akayi. Pour une histoire de sentiments d’amour non assouvis de l’élève Chigan, qui démarre sur des chapeaux de roue, un dénouement plus qu’inouï et violemment controversé achève de mettre sur la sellette l’inspiration hostile aux sentiers battus de Barnabé-Akayi, décidé à secouer et à braver la platitude littéraire béninoise.

Chigan, une apprenante en classe terminale, élevée par son oncle, rejetée affectivement par sa tante et, s’en consolant tant bien que mal, dans un optimisme désespéré, tombe amoureuse de son professeur de philosophie, dont elle orchestre opportunément le recrutement pour des cours de renforcement à domicile. Celui-ci rejette la profession, à son endroit, par la jeune fille, d’une passion d’amour et, délicatement, entre en liaison sentimentale avec la tante qui, entre temps, perd son mari dans un accident de la circulation. Profondément choquée et bouleversée à la découverte d'une telle situation, elle écappe à un coma et ne renoue avec l'équilibre psychologique que dans une option suicidaire pour les bien pensants : le développement d'une relation homosexuelle blanche avec son amie de longue date, Xonton.

Pour une pièce qui s'achève d'une manière assez inattendue, elle n'échappe aucunement au commun des tares frappant la plupart des livres publiés au Bénin ; des coquilles de divers ordres enlaidissent quelques pages et remettent en cause un aspect du savoir-faire de ''Plumes Soleil,'' une jeune maison d'édition à la recherche de réels repères professionnels. En outre, si la lutte de l'auteur pour une expression recherchée et fleurie dans la bouche du personnage met à l'honneur de Barnabé-Akayi une volonté affichée de sortir les répliques de la banalité, elle mesure mal le niveau intellectuel et social de ceux qui les portent, mettant à mal l'authenticité de leurs propos et, par extension, de leurs pensées.

Cependant, le jeune Béninois, Professeur de Lettres, innove, de manière tirée par les cheveux, à travers un comportement littéraire le classant d'emblée dans la catégorie des écrivains africains des ''Nouvelles écritures''. Sevrant son livre des disdascalies et des appellations ''Actes'', ''Scènes'', ''Tableaux'', notamment, c'est un titre phrastique à chaque nouvelle étape de la pièce qui en tient lieu, ceci qu'il extrait d'une réplique déterminée apparemment par lui comme sensible, puis il poétise la parole des acteurs. Par ailleurs, Barnabé-Akayi réussit à enlever au lecteur la sécurité délétère de l'immobilisme, de la froideur de l'intrigue et le transporte de drame en drame, de quoi lui donner des sensations fortes et l'épanouir. Si, en plus de cela, l'ouvrage se voit respectivement préfacer et postfacer par des poignes du monde éducationnel béninois, Apollinaire Agbazahou, Inspecteur et actuel Directeur des Départements de l'Atlantique et du Littoral du Ministère de l'Enseignement secondaire, et Flora Aballot, Conseiller pédagogique, l'auteur y réussit ce qui semble difficile, depuis bien longtemps, dans la littérature béninoise et qui, réalisé par des Paul Hazoumè, Jean Pliya, Olympe Bhêly-Quenum, Florent Couao-Zotti, entre autres, a fait leur succès : le réalisme, les relations de cause à effet dans les actions de l'intrigue, le grain de sel de vraisemblance qui rapproche l'histoire fictionnelle de la réalité, mettant ainsi le lecteur en situation de croire que l'aventure découverte à travers le livre aurait pu arriver à un voisin, à un proche, et de se laisser influencer par les leçons, par le message qui découlent du livre. Une preuve palpable de ce facteur reste la spectaculaire reconversion sexuelle de Chigan, qui s'opère à la suite du double rejet, affectif, de sa maman d'adoption et, sentimental, de son prof de philo. Même la relation amoureuse entre Nouvè, la tante de Chigan, et l'enseignant s'intègre au processus de ces imprévus qui se produisent et qui huilent, vivifient la vie réelle. Qui a lu Les confessions du Pr peut concevoir qu'à travers cette deuxième pièce de théâtre, Barnabé-Akayi ne régresse pas, surtout qu'il semble avoir opté pour ce qui affine et mature l'écriture : des productions régulières.

Marcel Kpogodo

lundi 16 août 2010

Littérature au Bénin

Daté Atavito Barnabé-Akayi, l'auteur du recueil









Parution à Cotonou d'un recueil de pièces de théâtre








L'auteur Daté Barnabé-Akayi, expliquant l'ouvrage : "[...] c'est vrai que l'Afrique est de la tradition orale, mais il faudrait parfois qu'on laisse de côté cette tradition orale pour rester dans la tradition de la pratique"





Chaque jour au Bénin, l’univers littéraire s’enrichit. C’est ainsi que sous le sceau des Plumes Soleil vient de paraître un recueil de deux pièces de théâtre, Amour en infraction et Les confessions du PR, écrites par Daté Atavito Barnabé-Akayi. Grâce à la générosité de ce jeune professeur de Lettres, nous entrons exclusivement dans l’intimité de ce livre, par l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder. Sans qu'il en laisse rien paraître, Barnabé-Akayi est un boulimique de l'écriture.




Journal Le Mutateur : M. Daté Atavito Barnabé-Akayi, bonjour. Professeur de Français, vous vous illustrez par la pratique de l’écriture et, c’est en ce sens que vous venez de faire paraître un recueil de deux pièces de théâtre, Amour en infraction et Les confessions du PR. De quoi s’agit-il, respectivement, dans chacune d'elles ?





Daté Atavito Barnabé-Akayi : Merci. Dans ces deux pièces de théâtre, il s’agit dans Amour en infraction, de l’histoire de Saïd, un élève qui ne travaille pas trop en mathématiques et qui, régulièrement, à la fin de chaque cours, est prié d’attendre mais, à la fin, le professeur de maths, qui lui faisait cette demande, ne lui disait rien de précis. Alors, c’est ce qui s’est passé dans le premier tableau. Dans le second, nous avons Saïd en compagnie d’une élève avec qui il a rompu mais, celle-ci n’est pas trop d’accord pour cette rupture et est venue le menacer de lui créer des soucis, si jamais ils ne reprenaient pas ensemble. En réalité, Saïd a rompu parce qu’il a découvert qu’elle était sa belle-tante, c’est-à-dire la femme de son oncle ; il a estimé que c’était de l’inceste et qu’il ne pouvait pas cautionner cela. Finalement, la jeune fille a mis sa menace à exécution. Donc, nous sommes dans un troisième tableau où on présente Saïd qui remerciait le professeur de mathématiques qui lui demandait souvent d’attendre à la fin du cours, pour l’avoir sauvé, parce que la jeune fille qui était sa belle-tante et en même temps l’élève de madame Wali a accusé Saïd devant la police d’être un ’’Gayman’’, qui veut dire, chez nous, au Bénin, ’’Arnaqueur’’, ’’Cybercriminel’’, ce qui fait qu’on l’a emprisonné. Mais, grâce aux relations de Mme Wali, il a été libéré. Donc, c’est chez cette femme finalement que Saïd a compris que celle-ci était amoureuse de lui. Entre temps, Raïna, qui est la jeune fille, est venue, a essayé de tuer ces deux personnages et s’est aussi suicidée. Enfin, nous avons un quatrième tableau dans lequel Saïd se réveille et réalise que tout ce qui vient de se passer est simplement un rêve.



Dans la deuxième pièce, Les confessions du PR, il s’agit d’un président qui est venu se confesser à un prêtre qui lui posait des questions, parce que le président lui a demandé qu’il l’aide à répondre à des questions. Dans ce processus, le prêtre a abordé sa gestion du pouvoir, ses relations avec ses collaborateurs, sa vie privée, sa vie avec sa femme. Finalement, le vrai motif de ces confessions, c’est que le président voulait informer le prêtre qu’il avait mis une petite fille de douze ans en état de grossesse. Et, il se fait que, justement, dans son plan, il devait tuer l’homme d’église après que celui-ci aura reçu ses confessions, ce qui constituait pour lui une garantie que personne ne sache rien de ce genre de bassesse. Or, il se fait que le prêtre, en réalité, n’en est pas un vrai mais, le père de la fille avec qui le président a eu des problèmes de caleçon. Lorsque le chef d’Etat s’est rendu compte de la vraie identité du prêtre et aussi de sa qualité de chef de l’opposition avec qui il a de sérieux problèmes politiques, il décide de le tuer. Mais, l’opposant lui démontre qu’ils sont en direct sur des chaînes de radio et de télévision. Et, le président a compris qu’il ne pouvait pas commettre un meurtre en direct sur les grandes chaînes.







Au niveau des Confessions du PR, on constate beaucoup de situations qui se rapprochent un peu de ce que nous vivons au Bénin en politique, la tension politique, la prise d’ordonnances, par exemple. Est-ce qu’on peut dire que le président de la pièce incarne l’actuel chef d’Etat du Bénin ?

Il n’y a pas d’écrivain qui écrive en l’air ; ce sont forcément des faits réels qui l’amènent à écrire, mais l’autre problème aussi, c’est que, moi, je fais partie de ceux qui pensent qu’il ne faut pas tout écrire quand on écrit et qu’il faut respecter le lecteur, lui laisser la possibilité de deviner des choses, de penser à des choses, de dire que tel acte s’attache à telle personne ou à telle autre, de telle sorte que si vous, après la lecture, vous considérez que le président qui est décrit ressemble à un président que vous auriez reconnu, je crois que je dois respecter cette position.





En ce qui concerne la structure des deux textes, elle est complètement dépouillée, il n’y a pas d’actes ni de scènes, pas de tableaux, pas de titre au niveau des fragmentations. On a donc l’impression d’avoir affaire à un jeune dramaturge de la nouvelle génération qui s’inscrit dans une logique de nouvelles écritures …

Oui, c’est une très belle remarque ; il s’agit d’une nouvelle écriture sur plusieurs plans, comme vous l’avez noté : absence de didascalies, de scènes. C’est une nouvelle manière de rédiger la pièce de théâtre, ce qui permet au metteur en scène d’être relativement libre dans la mise en scène, dans les costumes, le décor, le bruitage, dans tout ce qu’il aura à faire. Donc, je crois quand même qu’aujourd’hui, il faudra essayer d’évoluer avec son temps et, c’est justement dans cette logique que je me suis permis de violer quelques lois classiques du théâtre. Si vous faites un peu attention, vous verrez d’ailleurs que l’origine du théâtre, c’est « Drama », « L’action ». Mais, quand on prend la première pièce, c’est-à-dire Les confessions du PR, on constate qu’il y a beaucoup plus de dialogues, beaucoup plus de paroles que d’actions ; c’est vers la fin qu’on sent quelques traces d’actions. Donc, c’est un moyen pour l’auteur de montrer qu’en politique africaine, il y a beaucoup plus de paroles que d’actions et, donc, qu’il faudrait qu’on pense à faire un peu plus d’actions pour faire prospérer le continent africain.







Finalement, quel est le message qui se dégage de chacune des deux pièces ?

Le message qui se dégage de la pièce Les confessions du PR, je crois que c’est un message de respect de sa parole, de respect de l’autorité de soi, c’est-à-dire que c’est un président mais, quand on voit ce qu’il a commis dans la pièce, ce n’est pas relativement digne d’un président. Donc, il s'agit du respect de soi et le respect de l'autorité par elle-même d'abord. Ensuite, on pourrait penser à l'exhortation des chefs d'Etat, des hommes politiques à l'action. La pièce étant venue juste après 50 ans d'indépendance, visiblement, au niveau du bilan d'actions, on n'a pas beaucoup de choses à se mettre sous la dent. En revanche, au niveau du bilan de paroles, on en a et, je crois qu'il faut qu'on quitte l'état des paroles ; c'est vrai que l'Afrique est de la tradition orale mais, il faudrait parfois qu'on laisse de côté cette tradition orale pour rester dans la tradition de la pratique.

Par rapport à la deuxième pièce, Amour en infraction, je l'aime bien, parce qu'elle traite de la jeunesse. Etant enseignant, c'est une pièce qui traite de l'éducation ; je crois que lorsque l'individu a la chance d'être bien éduqué dès le bas-âge, il peut éviter un certain nombre de choses quand il grandira. Donc, c'est une exhortation à la bonne éducation, tout simplement.

La pièce, Amour en infraction, par le dénouement, me rappelle un peu une autre pièce, Certifié sincère de Florent Couao-Zotti. Peut-on dire que tu t'es inspiré de lui pour exécuter le même dénouement ?

Florent Couao-Zotti a lu Amour en infraction, mais il n'a pas cru y reconnaître sa pièce ; Florent Couao-Zotti est un écrivain béninois que je respecte, que j'aime, que je consomme à satiété et, peut-être que, puisque toute la pièce est un rêve, peut-être que dans mon inconscient, sans m'en rendre compte, j'ai fait un clin d'oeil à Florent Couao-Zotti mais, au plan de la conscience, c'est une pièce que j'ai inventée de toutes pièces et je n'ai pensé à aucun écrivain en l'écrivant. Si, en tant que critique, vous estimez que cette pièce est inspirée de Couao-Zotti, je n'en sais rien.

Avez-vous d'autres écrits à votre actif ou en projet ?

Oui, bien évidemment. Vous savez, ce recueil de pièces que j'ai fait paraître est un accident, parce que mon voeu le plus cher était de faire sortir mon recueil de nouvelles, qui est mon premier ouvrage personnel ; sachez que, il y a à l'actif de deux collègues enseignants et amis qui me sont très chers, Anicet Mègnigbèto et Armand Adjagbo, et moi, des ouvrages d'ordre pédagogique. Mon voeu, au plan personnel, est de faire paraître un recueil de nouvelles, qui est, je crois, auprès des Editions Ruisseaux d'Afrique depuis l'année passée ; j'attends impatiemment ce livre intitulé L'affaire Bissi, sous-titré Il y a mieux que la neige, qui a d'ailleurs reçu la bénédiction, l'introduction de Florent Couao-Zotti et les post-faces de Claudine Nicolas, d'Apollinaire Agbazahou et même d'un professeur à la retraite à Bordeaux. Donc, c'est un recueil qui promet beaucoup de choses, qui montre mon côté traditionnel de l'Afrique, parce que c'est un recueil qui parle essentiellement de la tradition africaine, qui montre que je suis, non seulement progressiste, mais un progressiste qui pense qu'on doit s'inspirer de notre tradition. Au niveau du théâtre, je crois que, d'ici un à deux mois, nous aurons une nouvelle pièce intitulée : Quand Dieu a faim.

Espérez-vous faire carrière dans le monde de l'écriture, parallèlement au métier d'enseignant ?

Je suis un peu comme Apollinaire Agbazahou qui n'aime pas trop qu'on l'appelle écrivain ; il écrit par pédagogie, il écrit parce qu'il pense que ses élèves pourront facilement lire, étant donné qu'il est connu. En réalité, les élèves n'aiment pas trop les écrivains parce qu'ils estiment que ce sont des hommes un peu extraordinaires, alors que, lorsque vous connaissez quelqu'un qui écrit, vous avez plutôt tendance à lire ce qu'il écrit ; là, cela peut réellement aider à lire les autres qu'on ne connaît pas.

Donc, mon but, en écrivant, est pédagogique ; mes pièces ont déjà été mises en scène dans les écoles, et j'en ai d'autres, écrites, mais qui ne sont pas encore publiées et qui seront mises en scène ; faire une carrière d'écrivain, ce n'est pas mon rêve, mais plutôt écrire. D'ailleurs, j'ai toujours écrit dans ma vie.

Cela veut dire l'écriture, pour toi, aujourd'hui, est le résultat d'un processus qui a commencé depuis le bas-âge ...

Je crois que c'est le résultat d'un processus qui a commencé depuis le bas-âge ; depuis quand j'étais gosse, il y avait mon père qui était un grand lecteur de tout, il lisait les Zembla, les Amina, les Lancio Color, les revues scientifiques et même les revues bibliques Réveillez-vous des Témoins de Jéhovah, et même la Bible. En tout cas, mon père lisait un peu de tout et, moi, je m'étonnais qu'à tout moment, mon père soit avec un livre : même en mangeant, en allant aux toilettes, il lisait. Et, quand il finissait et qu'il déposait l'ouvrage, je le prenais à son insu et je le lisais. C'est comme cela que j'ai découvert la lecture. A l'école, je n'étais pas trop nul en lecture non plus, et quand je suis devenu collégien, les petites lettres d'amour étaient obligatoires en notre temps, parce qu'il n'y avait pas les sms, il n'y avait pas de portable ; forcément, il y avait de petites notes qu'on s'échangeait. Ensuite, je me suis décidé à l'écriture, j'ai écrit, mais je n'ai jamais pensé à me faire publier ; mon rêve, en réalité, était de me faire publier après ma mort, j'ai toujours aimé les Pensées de Blaise Pascal, qui ont été publiées après sa mort. J'ai bien envie d'avoir des oeuvres posthumes. Mon voeu d'écrire était vieux, mais celui de publier est vraiment récent ; il est né après l'ouvrage que j'ai conçu avec mes amis Anicet Mégnigbèto et Armand Adjagbo. Quant j'étais étudiant, j'écrivais dans la presse, j'avais travaillé avec L'aurore et avec d'autres organes de presse, mais je n'avais vraiment pas envie de publier, j'écrivais juste comme cela.

Et si tu étais un homme politique célèbre, tu serais qui ?

(Rires). Sans vous mentir, je n'ai jamais rêvé d'être un homme politique, mais, comme nous sommes dans l'imaginaire, j'ai bien envie de ressembler à Mandela.

Et si tu étais un roman ?

J'ai des goûts bizarres ; il n'y a aucun roman qui me plaise à 100%, je n'ai pas un roman réel en tête, mais je dirai que c'est la somme de plusieurs romans.

Un parfum ?

(Rires). C'est bizarre ; il y a l'odeur de cola qui éveille beaucoup de choses en moi.

Une couleur ?

J'aime le blanc et le noir, ou bien, je cherche l'intermédiaire entre le blanc et le noir.

Un repas ?

J'aime beaucoup l'escargot fait avec "amala" (Ndlr : pâte de coussettes d'ignames). Ce n'est pas une nourriture de chez moi, mais j'aime ça.

Une pensée ?

J'aime l'extrait des Pensées de Blaise Pascal qui dit : "Pour fare la grandeur de l'homme, travaillez à bien penser".

Une idéologie ?

Je crois que l'idéologie à laquelle je pense est défendue par Voltaire, Aimé Césaire, par beaucoup de gens, et je vais résumer cela à la liberté, la tolérance.

Un idéal de vie ?

Peut-être l'amour, l'amour prôné par les hommes, l'amour réel, pas l'amour propre, mais l'amour sale, l'amour humain, c'est-à-dire l'amour qui aime et qui haît à la fois, mais qui ne fait pas du mal parce qu'il est préconçu, parce qu'il est prémédité ; c'est l'amour qui fait du mal sans s'en rendre compte.

Une femme ?

Bien sûr, ma femme ! (Grands rires).

Un homme inoubliable pour toi ?

Sans mentir, beaucoup d'hommes m'ont marqué, mais celui qui m'a le plus marqué, c'est quelqu'un que je ne connais pas : Dieu.

Une ville ?

Lagos.

Une carrière ?

Bien sûr, celle que j'ai, l'enseignement.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo