Sous le couvert d’une
grande amertume du Professeur Midiohouan
Le lauréat du Concours
national littéraire, ’’Prix du Président de la République’’, dans sa 5ème
édition, est connu depuis hier, samedi 7 novembre 2015, au Hall des Arts de
Cotonou. Il s’agit d’Habib Dapkogan. L’annonce en a été faite par le Professeur
Guy Ossito Midiohouan, Président du Jury de la compétition, qui n’a pas manqué
de déplorer les conditions de la remise de ce Prix.
Habib Dakpogan, en possession de son trophée - Crédit photo : ''Bénincultures'' |
« Je n’ai plus de mots
parce que je suis surpris et ému … C’est comme une exposition qui exige
que le récipiendaire travaille davantage … ». Ainsi s’exprimait Habib
Dakpogan, nouveau lauréat du Prix du Président de la République, le samedi 7
novembre 2015, au Hall des Arts de Cotonou, site où se déroule le Salon
national du livre. Profitant de la parole lui ayant été accordée pour remercier
les membres du Jury et ceux du Comité d’organisation du Salon indiqué,
manifestation par l’intermédiaire de laquelle le Prix lui a été décerné, il a
aussi félicité ses co-concurrents et n’a pas manqué de rendre hommage à Joachim
Adjovi, Directeur de ’’Star éditions’’, la maison d’édition ayant produit ’’Pv
salle 6’’, le roman lauréat. « Nous avons mené des combats qui n’étaient
pas parfois évidents », a-t-il révélé.
En plus du trophée qui
lui a été remis par le Professeur Guy Ossito Midiohouan, Président du Jury du
Concours, composé du Professeur Jean Marc-Aurèle Affoutou et de l’écrivain
Florent Couao-Zotti, Habib Dakpogan s’est vu remettre un chèque de 2 millions
de Francs Cfa. En outre, ses 4 autres co-concurrents, présélectionnés, comme lui,
dans une première phase, dans un groupe de 13 candidats, ont bénéficié, en même
temps que lui, d’un diplôme de participation. Cette cérémonie fut également
exploitée pour remettre à Rigobert Kpanikpa Kouagou, le lauréat de la 4ème
édition du Concours, celle dont les résultats avaient été proclamés en 2013,
son diplôme de participation et son chèque de 2 millions.
L’indignation de Guy
Ossito Midiohouan
Rigobert Kpanikpa Kouagou
n’est entré dans les attributions de son Prix que deux ans après sa
consécration. De plus, la cérémonie du samedi 7 novembre 2015 n’a enregistré
aucune présence ministérielle, en dépit de la qualité prestigieuse de cette
récompense d’ordre littéraire, censée être décernée par le Chef de l’Etat. Ce
sont autant d’éléments d’insuffisance qui ont provoqué la colère du Professeur
Guy Ossito Midiohouan. « On n’a pas su trouver, dans ce Gouvernement
pléthorique, un seul Ministre pour décerner le Prix du Président de la
République », enrageait-il, remarquant qu’étaient loin d’être atteints les
deux objectifs cardinaux que s’étaient fixés, en 2003, les créateurs de cette
distinction spécialement réservée aux écrivains béninois. Plus précisément,
selon l’intervenant, il s’agissait de « faire connaître une véritable
fortune » à l’écrivain distingué et à l’œuvre reconnue, puis de promouvoir
la littérature béninoise au plan national et à l’étranger.
A en croire les propos
de l’universitaire, après le déroulement de quatre éditions du Prix du
Président de la République, l’attribuer fait l’objet de nombreuses difficultés,
sans oublier que les quatre auteurs qui ont bénéficié de cette distinction
constituent de véritables inconnus au Bénin, en Afrique et dans le monde, cette
second considération qu’il a illustrée par le fait que les acteurs du monde
littéraire béninois se trouveraient incapables de citer, de mémoire, le nom
des quatre lauréats précédents et du livre qui leur aura permis d’obtenir le
Prix.
Au vu d’une telle
situation, le Professeur Midiohouan n’a pas eu d’autre choix que de conclure au
mépris par les autorités béninoises du secteur des arts et des lettres.
’’Star éditions’’, « la
consécration … »
’’Pv salle 6’’ est le
roman ayant permis à Habib Dakpogan de remporter le Prix du Président de la République.
Il est paru en 2013 à ’’Star éditions’’, ayant son siège au Quartier Akpakpa, à
Cotonou. Joachim Adjovi ayant la direction de cette structure, présent au Hall
des Arts, ce samedi 7 novembre et, félicité au même titre que l’auteur
distingué, s’est exclamé : « C’est le résultat de 22 ans de métier» !
Détaillant beaucoup plus son parcours, il explique, le visage rayonnant, que
cette longue expérience du secteur de l’édition se partage entre 12 ans aux ’’Editions
du Flamboyant’’ et, 10, dans sa propre maison, la lauréate actuelle, créée
depuis 2005. Avoir mis sur le marché un roman qui, deux ans plus tard, gagne le
prix littéraire le plus prestigieux du pays, relève d’une prouesse dont ’’Star
éditions’’ gagnerait toujours à mériter l’atteinte, par des productions d’une
qualité chaque fois renouvelée et plus recherchée.
En réalité, au cours de
la cérémonie de décernement du Prix du Président de la République, Guy Ossito
Midiohouan a dressé une fière chandelle à la maison d’édition ’’Plumes soleil’’,
du fait qu’elle seule a réussi à aligner trois lauréats sur les cinq, à l’issue
de la présélection ; il s’agit de Pascal Okri Tossou, avec ’’Femmes’’
(2013), de Carmen Toudonou, pour ’’Presqu’une vie’’ (2014) et, enfin, de Daté
Atavito Barnabé-Akayi, pour ‘’Errance chenille de mon cœur’’ (2014), Rodrigue
Atchaoué, lui, le cinquième présélectionné, ayant été édité par la maison d’édition
dont il est le Directeur, ’’les Editions du tamarin’’, concernant le roman, ’’Cocogirl’’
(2015).
Pour une véritable
renaissance et une profonde éclosion de l’univers béninois des arts et des
lettres, l’Etat n’a que la simple partition à jouer que d’honorer, tous les
deux ans, toutes les exigences, en fait, à portée de mains, de la tenue de la
délibération du Concours national littéraire du Prix du Président de la
République. Il ne faudrait pas non plus occulter l’organisation annuellement
bien médiatisée du Salon national du livre.
Marcel Kpogodo