vendredi 23 janvier 2015

Didier Nasségandé s’engage dans la cour des grands



Par la représentation de la pièce ’’Les pondeuses de boucs’’ au Fitheb 2014




Le théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou a accueilli le spectacle, ’’Les pondeuses de boucs’’, une pièce de théâtre d’un type particulier, dans le cadre de la 12ème édition du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). C’était le samedi 13 décembre 2014. Didier Sèdoha Nasségandé, l’artiste qui a assuré la mise en scène de cette représentation théâtrale, s’est ainsi ouvert une porte dans l’univers sélect des metteurs en scène béninois.

Une séquence de la pièce ''Les pondeuses de boucs'' - Crédit photo : ''Bénincultures''
Le soixantenaire, Ladji, incarné par le comédien Cyriaque Batcho, est à la recherche d’un garçon, un ’’bouc’’, après que sa première femme lui a donné 14 filles, elle qu’il décide de répudier afin d’épouser une fraîche adolescente non encore majeure. Celle-ci n’est personne d’autre que Fousséna, jouée par Nelly Zinsou, qui est aussi l’objet des avances de Chabi qu’incarne Victor Goudahouandji, dont elle finit par tomber enceinte. L’objectif de Ladji est finalement atteint puisque Fousséna accouche d’un garçon, mais celle-ci trépasse, vu qu’elle a eu cet enfant d’un lit adultérin. 
En réalité, Didier Sèdoha Nasségandé qu’on a connu, entre autres, comme artiste conteur, poursuit, par la réalisation des ’’pondeuses de boucs’’ sa lutte pour se positionner confortablement dans l’arène très sélective des metteurs en scène béninois et, pour un coup d’essai, il s’agit d’une réussite, d’abord, en ce qui concerne le fait que cette pièce dont il a assuré la mise en scène ait été validée par Ousmane Alédji pour être jouée dans la programmation officielle du Fitheb 2014, celle dite ’’in’’ ; ceci dénote, tout au moins, que cette mise en scène était d’une certaine qualité.
Se rapportant à la représentation proprement dite, elle manifestait une grande simplicité du décor ; ceci a frappé par un réalisme fortement suggestif de la vie ordinaire dans les concessions béninoises : du linge abondant, mis au séchage de part et d’autre sur des cordes longeant horizontalement les habitations en matériaux précaires d’une certaine concession. Celles-ci se touchent et s’interpénètrent, montrant les relations de profonde familiarité, de grande proximité et d’une parfaite intimité, régnant entre les voisins qui, donc, savent tout les uns des autres, s’influencent et s’orientent mutuellement dans les comportements pragmatiques pour trouver solution aux situations d’une crise qui, en l’occurrence, est la recherche obsessionnelle d’un garçon par Ladji.
Ce décor très parlant s’est vu entretenu par le comportement des personnages déambulant, notamment, celui d’Oncle Chitou, incarné par Giovanni Houansou, qui s’est fait remarquer par une démarche et une gestuelle amenant le spectateur au rire, ce qui a eu pour fonction de rendre vivant le jeu des comédiens et de relativiser la force de la crise et de la tension frappant la maison de Ladji et son environnement.
En outre, un autre élément ayant permis au jeune metteur en scène de réussir à faire dominer sur la scène une ambiance populaire reste les langues nationales béninoises qui livraient rudement concurrence au français des répliques, comme pour montrer la cohabitation sociale des cadres moyens et des analphabètes dans les concessions propres aux quartiers populeux africains.
Par ailleurs, Didier Nassègandé a initié et réussi le dédoublement de personnages à travers, d’une part, Nelly Zinsou qui portait la charge des personnages Fousséna et Modji, une jeune fille quelconque et, d’autre part, Victor Goudahouandji ayant incarné Chabi, le rival de Ladji et Osséni, le mari d’Ablawa (Mariam Darra), femme de la concession, très volubile.
En réalité, cette mise en scène de la pièce d’Hurcyle Gnonhoué relève d’un théâtre de genre vaudeville, qui se met à la portée de tout public. Ainsi, le stratège de la représentation a réalisé l’atmosphère de la scène populaire liée au théâtre forum, très en vogue dans un pays comme le Burkina Faso. Donc, le vent en poupe, désormais, Didier Nasségandé gagnera à développer la dimension du travail sur des pièces d’une portée plus classique, seul gage de la réelle influence dans le monde de l’art théâtral, lui qui, dans le domaine associatif, n’est pas né de la dernière pluie, ayant été élu, le 19 octobre 2013, pour assumer, pendant une année, le poste de Secrétaire aux Relations publiques de l’Ensemble artistique et culturel des étudiants (Eace). Plus près de nous, il faudra, de pied ferme, l’évaluer, une fois de plus, dans une carrure, notamment, de metteur en scène en construction, dans la pièce, ’’Kabila’’, qui se jouera, en soirée, le samedi 31 janvier 2015, au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’ d’Ousmane Alédji.  

Marcel Kpogodo

Arsène Kocou Yêmadjè fait une première journée très laborieuse à Lokossa



Dans le cadre de sa formation en jeu d’acteur

L’homme de théâtre, Arsène Kocou Yêmadjè, a outillé cinq jeunes stagiaires en jeu d’acteur, des 8 au 10 janvier 2015, à Lokossa. C’était dans le cadre d’une formation qui s’est déroulée à l’hôtel ’’Sous l’iroko’’, de la même ville. La première journée de cette manifestation de renforcement des capacités a été assez rude.

Arsène Kocou Yêmadjè, dans la phase de prise de notes, avec ses apprenants
Journée particulièrement exploitée à fond qu’a été celle du jeudi 8 janvier 2015 pour Arsène Kocou Yêmadjè et les cinq stagiaires dont il avait la charge de la formation sur le jeu d’acteur ; le comédien et metteur en scène béninois a procédé au renforcement des connaissances techniques de ceux-ci, selon un chronogramme chargé, sur le thème, « Du texte écrit à la réplique vivante ». Pour une journée qui a commencé à 7 heures du matin, ce jeudi 8 janvier, elle s’est terminée en début de soirée, dans les environs de 18 heures, avec des récepteurs progressivement enrichis de savoirs nouveaux.
D’abord, Sèdodé Radis Agbossaga, Mauriac Anagonou Baba, Guy Dossou, Amical Oscal Houessou et Pascaline Montin, les stagiaires concernés, après avoir reçu leur kit de formation, au tout début de la journée, se sont vus théoriquement édifier sur des modules tels que le jeu d’acteur proprement dit, ce qui a permis à l’intervenant de leur faire prendre note sur les généralités liées à cette notion, sans compter que cette partie studieuse a été précédée par des séances d’échauffement et des exercices de concentration.
Ensuite, le formateur a amené les stagiaires à donner leur perception sur le jeu d’acteur, et a réalisé avec eux l’étude comparative entre le texte écrit et le texte dit, avant de s’appesantir sur une étape clé : les circonstances proposées ; il leur en a fait ressortir les profonds tenants et aboutissants, en montrant que l’acteur doit faire valoir plusieurs qualités, la justesse, la sincérité, la précision, le sens de la concentration, la foi dans son rôle, notamment, sans oublier que trois questions déterminent l’entrée de l’acteur dans un jeu qu’il veut réussir : « Qui suis-je ? », « Où suis-je ? » et « Que suis-je en train de faire ? ».
Selon Arsène Kocou Yêmadjè, s’adressant aux apprenants du jour, « le comédien est un parfait menteur, il se ment à lui-même ; sans le faire, il n’arrive pas à réussir son jeu, l’acteur doit réussir à se convaincre qu’il est le personnage ». Ainsi, plusieurs petits exercices, réalisés dans une ambiance à la fois sérieuse, conviviale, décontractée, ont parsemé la journée de formation, ancrant, de manière apparemment solide, les connaissances concernant les différents modules abordés, celles-ci ayant permis de comprendre la manière de réussir le jeu sur scène, le processus d’appropriation d’un rôle à travers le sens de la confiance en l’autre acteur avec qui on évolue dans un jeu, l’extrapolation, la culture de la spontanéité sur scène, le travail sur la gestuelle, le visage, le ressenti intérieur. Enfin, closant l’atelier, la notion de pause logique et psychologique a édifié les stagiaires sur les stratégies pour réussir ces aspects importants du jeu d’acteur.   

Marcel Kpogodo

Ousmane Alédji reçoit les félicitations du Président Blaise Tchétchao



Après la dernière session du Comité provisoire de supervision du Fitheb

Le mercredi 14 janvier 2015 s’est tenue la dernière session du Comité provisoire de supervision (Cps) du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Elle a permis à Ousmane Alédji, Directeur de la Biennale de faire son rapport de l’organisation de l’événement, ce qui lui a valu les congratulations de Blaise Tchétchao officiant en tant que Président de la structure.

Blaise Tchétchao, à droite, félicitant Ousmane Alédji
Ousmane Alédji, Directeur intérimaire du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) a reçu les félicitations de Blaise Tchétchao, Président du Comité provisoire de supervision (Cps) du Fitheb, structure créée, à l’initiative du Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, par l’Arrêté n° 0074/MCAAT/DC/SGM/CTJ/CTC/DRFM/SA du 24 février 2014, portant création, attribution, organisation et fonctionnement du Cps, chargé d’appuyer Ousmane Alédji, dans l’organisation du Fitheb.
L’événement a eu lieu le mercredi 14 janvier dernier, au cours de la dernière session du Cps qui devait connaître du bilan de l’organisation de la 12ème édition du Fitheb, des 6 au 14 décembre 2014. Le premier motif de satisfaction de Blaise Tchétchao et des membres de son institution, à l’endroit d’Ousmane Alédji, est la tenue effective de la grande manifestation de théâtre d’envergure internationale, en dépit des incertitudes nées de la maladie Ebola.
Ensuite, il lui a été reconnu le respect du délai du dépôt du bilan de la Biennale devant le Cps ; selon l’article 8 de l’Arrêté 0074, il était prévu que cela soit fait un mois après la tenue du Fitheb, ce que le Directeur intérimaire a respecté scrupuleusement, le Fitheb s’étant clos le 14 décembre 2014.
Par ailleurs, Ousmane Alédji a fait valoir un rapport d’exécution équilibré en recettes et en dépenses, ce qui lui a permis d’éviter le gap financier tant redouté. En outre, il a réussi à tenir la manifestation avec le minimum des moyens financiers cumulés mis à sa disposition par le Conseil des Ministres et, aussi, par le Ministère de la Culture, ce qui équivaut à un peu plus de 209 millions de francs Cfa, sans oublier que les institutions internationales telles que l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) et l’Organisation internationale de la francophonie (Oif) n’avaient pas libéré leur part promise de financement avant la clôture de la Biennale.
Ceci n’a guère empêché Ousmane Alédji de concrétiser la 12ème édition du Fitheb sans que des prestataires ne viennent se plaindre de ne pas être entrés dans leurs fonds. Ce sont autant de prouesses qui ont suscité la grande satisfaction des 8 membres présents du Cps sur le total des 9, et qui ont poussé Blaise Tchétchao à présenter, au nom de ses homologues, ses félicitations au Directeur intérimaire. Ainsi, le Cps a pris acte du rapport d’activités de celui-ci, sous réserve que les amendements qu’ils ont apportés au document soient intégrés.
Cependant, à quand les félicitations du Ministre de la Culture,  Jean-Michel Abimbola, aux membres du Cps, pour avoir joué la partition fondamentale, pour avoir rempli la double mission qu’en tant qu’autorité de tutelle, il leur a confiée, un cahier de charges relatif à l’assistance et à l’appui d’Ousmane Alédji dans l’organisation du Fitheb ? Ne leur aurait-on pas jeté la grosse pierre si, en fin de compte, la Biennale n’avait pas eu lieu ?


Marcel Kpogodo

’’Tèriba’’ se prépare à faire exploser l’Institut français de Cotonou



Dans le cadre de son concert du samedi 24 janvier

Le trio ’’Tèriba’’ en concert au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou. La manifestation est prévue pour la soirée du samedi 24 janvier 2015. Interrogées, les trois membres du groupe, entendent mettre en jeu toute leur combativité artistique pour satisfaire le public béninois.

De gauche à droite, Zékiath, Tatiana et Carine, du Trio ''Tèriba''
Le trio ’’Tèriba’’, à nouveau, animera le Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, après sa prestation scénique très réussie, très applaudie, le 14 décembre 2013, en compagnie d’autres artistes comme Zeynab Abib, Jean Adagbénon et Jolidon Lafia, sur ce même espace. Ce sera pour le samedi 24 janvier prochain, à 20h30.
Très calmes, après plusieurs jours d’entraînement à l’Hôtel Eldorado, à Akpakpa, Tatiana, Carine et Zékiath sont en repérage au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, lorsque nous les rencontrons. Assises, dotées d’une détermination froide, dopées par une assurance acquise après plusieurs semaines de concert en France et en Norvège, elles promettent plus que le meilleur d’elles-mêmes : « Nous avons concocté aux Béninois un joli programme ; qu’ils viennent pour découvrir la richesse artistique de notre pays ! », rassure Tatiana, très enthousiaste. « Le public béninois renouera le contact avec le Trio ’’Tèriba’’, constitué de trois femmes qui chantent a capella avec de petites percussions tells que le gong, les castagnettes et les petits tambours ; nous mettrons les voix en avant tout en reproduisant les instruments par ces voix et en chantant en même temps … », enchaîne sa sœur Carine, avant de conclure : « Des artistes-invités surprise sont prévus mais nous ne pourrons dévoiler leur nom, le public en sera enchanté ».
Pour ce trio de chanteuses talentueuses s’inspirant du gisement musical traditionnel, qui développent, à travers leurs morceaux, des thèmes de la vie au quotidien, en l’occurrence, l’amour, l’amitié, l’éducation des enfants, le rôle de la femme dans la société, qui chantent en français et dans plusieurs de nos langues nationales, à savoir le yoruba, le fon, le goun, le mina, et qui, même dans leur habillement, s’approvisionnent en des tissus produits typiquement au Bénin, le déplacement massif du public vaut la peine ; il faudrait que les artistes de notre pays s’efforçant de produire une musique significative de qualité commencent à devenir prophètes chez eux.  

Marcel Kpogodo

mercredi 7 janvier 2015

Arsène Kocou Yêmadjè : « […] nous allons travailler sur ce qu’est dire un texte sur scène … »

Dans le cadre d'une formation qu'il donne à Lokossa

Première activité de l’artiste de théâtre, Arsène Kocou Yêmadjè, en cette année 2015 : la formation de cinq jeunes en jeu d’acteur, à Lokossa, dès la seconde moitié de cette première semaine de la nouvelle année. Voilà la substance de l’entretien que le comédien et metteur en scène béninois a bien voulu nous accorder. Il s’est ouvert à nous sur le contenu de cet atelier.

Arsène Kocou Yêmadjè, en action, sur scène, livrera les secrets de sa réussite à ses stagiaires
Le Mutateur : Arsène Kocou Yêmadjè, comédien et metteur en scène béninois, vous vous investissez aussi dans la formation. C’est ainsi que vous animerez, des 8 au 10 janvier 2015, un atelier de formation. Qu’en est-il réellement ?

Arsène Kocou Yêmadjè : Oui, en effet, il y a quelques années, j’étais à Lokossa, dans le cadre du festival dénommé ’’Rencontres internationales du théâtre monodrame’’ (Ritm), où j’ai joué mon monologue, ’’Confessions posthumes’’. Donc, quelques jeunes comédiens se sont rapprochés de moi pour me féliciter du travail, pour me dire l’intérêt qu’ils avaient pour lui et pour me dire, surtout, leur envie de travailler avec moi et d’apprendre. J’ai réfléchi à la chose ; j’ai été tellement touché que je me suis dit qu’il fallait initier un atelier de formation. Après discussion, ils m’ont dit leurs inquiétudes par rapport au métier et, j’ai initié, avec le soutien du Fonds d’aide à la culture (Fac), un atelier sur le jeu d’acteur. Précisément, cela s’intitule : « Du texte écrit à la réplique vivante ». Pourquoi ?
Tout simplement parce que je me suis rendu compte que la plus grosse des difficultés des acteurs, c’est de dire un texte, c’est de le sentir ; il y en a qui apprennent un texte et qui le débitent. Mais, là, j’ai envie de travailler avec ces jeunes acteurs, à Lokossa, sur comment dire un texte, sur comment on part d’un texte écrit pour lui donner vie, et nous verrons si un texte s’apprend seulement pour être débité et comment cela se vit.
Eh bien, nous allons décortiquer ça, nous allons travailler beaucoup sur cette chose fondamentale qu’est de dire un texte sur scène, sur ce que cela implique, sur ce que cela veut dire que de prendre un texte qui est écrit et de le dire, en tant que personnage. Donc, c’est tout un processus de travail que nous allons décortiquer, trois jours durant, à Lokossa.


Quel est le statut de ces stagiaires que tu vas former et qui sont au nombre de cinq ?

On peut dire que ce sont déjà des praticiens, quand même, d’une façon ou d’une autre. Ce sont des jeunes, il y en a qui continuent sûrement à étudier, il y en a qui ont cette volonté ferme de faire carrière dans le théâtre et, c’est cela qui m’intéresse beaucoup.


Comment sera structurée cette formation ?

On aura environ trois modules, trois étapes. Nous allons, en un premier temps, nous poser des questions sur ce que c’est qu’un texte écrit, de quoi il est constitué, de quoi est constituée une réplique vivante ; nous allons faire une étude comparative entre ces deux éléments, en dégager les composantes. Toujours dans cette étape, nous allons parler des notions de ’’circonstance proposée’’ ; on entend par ’’circonstance proposée’’, tous les éléments qui concourent à l’incarnation d’un personnage. Les circonstances proposées sont des renseignements donnés par l’auteur, ce sont des composantes liées aux personnages et aux situations, qu’il faut décoder, dans un texte, pour pouvoir restituer les situations.
En deuxième partie, nous allons faire une petite sortie dans la rue et nous allons observer des conversations normales, nous allons voir des gens parler dans une buvette, quelque part au marché ou dans la rue, nous allons observer le comportement des gens quand ils parlent, parce qu’un acteur ne convainc sur scène que lorsqu’il réussit à bluffer le spectateur, à lui montrer qu’il est parfaitement dans l’état dans lequel il prétend être ; quand vous débitez un texte et que votre corps ne se comporte pas comme cela se doit, on sent tout de suite que vous récitez, tout simplement. Mais, vous bluffez les gens, quand vous êtes dans une attitude tout à fait naturelle. Pour y être, c’est tout un processus. Donc, en fait, le métier de l’acteur se résume à observer, tous les jours, les comportements de la vie et à réapprendre à être soi-même ou à être les autres, c’est-à-dire le personnage, sur scène.
Dans le troisième module, nous allons aborder la notion de pause psychologique et de pause logique. Nous allons aussi parler des rôles des différentes ponctuations qui existent dans un texte écrit. Celles-ci renferment des informations, imposent des façons de dire un texte. Alors, nous travaillerons sur la manière dont on transforme les ponctuations que nous avons dans un texte écrit, dès que nous passons à une réplique qui doit être vivante : une virgule que nous retrouvons dans un texte, comment on la respecte, quand on dit le texte et qu’on ne le lit pas, de façon à ce que cette virgule ait tout son sens, nous allons étudier cela.
Quand on parle de pause psychologique et de pause logique, évidemment, lorsque nous parlons, il nous arrive de faire des pauses et, ensuite, de continuer ; il y a des choses qui nous font faire ces pauses-là, ou c’est parce qu’on réfléchit à ce qu’on veut dire, ou c’est parce que, pour donner une meilleure compréhension de ce qu’on veut dire, on fait une virgule, on fait point-virgule, on fait un deux-points, avant de continuer et, ces choses-là, il faut les étudier de près, pour mieux les adapter à la scène.
Donc, voilà, à peu près, les trois étapes, les trois modules qu’on aura, au cours de cette formation.


Avez-vous mis en place un système pour faire le suivi des acquis de cette formation, pour évaluer l’efficacité de cette formation sur l’évolution artistique de ces jeunes ?

Pour qu’il y ait suivi, c’est là que nous lançons encore un appel au Fonds d’aide à la culture pour qu’il nous aide à continuer ce travail que nous venons de commencer. Evidemment, nous allons donner à ces jeunes les outils dont nous avons parlé plus haut, une chose est de le faire, une autre est d’avoir un bon suivi ; pour que cela soit chose faite, chacun de ces acteurs, nous allons les suivre, chaque fois qu’ils seront dans une nouvelle création.
Ceci dit, il faut que, pratiquement, tous les ans, on trouve l’occasion de se faire des stages mais, des stages beaucoup plus élaborés, beaucoup plus longs, des stages de deux, de trois semaines, pourquoi pas ? Quand on parle de deux semaines, cela peut être des stages intensifs. Là, pour notre atelier de Lokossa, c’est trois jours, cela fait très court. A l’avenir, il faut qu’on tienne des stages qui s’étendent sur deux ou trois semaines, où l’on pourra même finir par des restitutions. Nous en aurons sûrement une petite, pour le cas de Lokossa, mais nous allons mettre l’accent beaucoup plus sur le travail lui-même, sur les méthodes de travail, de décodage d’un texte, sur comment on passe d’un texte écrit à la réplique vivante elle-même ; elle suppose qu’un texte qui est dit ne sort pas que de la bouche, ça vient du corps aussi.


En matière de formation au jeu d’acteur, quelles sont tes expériences ?

J’ai déjà fait ce genre de formation, un bon nombre de fois ; je l’ai fait un peu partout et, beaucoup plus, à l’Extérieur. D’ailleurs, après cette formation que je donne à Lokossa, j’en ferai une autre pour continuer le projet de Giovanni Houansou, ’’Les embuscades de la scène’’ ; il me sollicite, à la suite de Carole Lokossou, pour encadrer les metteurs en scène qui ont travaillé … J’ai vu leurs spectacles, j’ai pris des notes, j’étais d’ailleurs très content de ce que j’ai vu globalement ; je vais donc travailler avec eux sur ce qui a fait quelques faiblesses de leur travail. Donc, si c’est des formations, j’en fais depuis un bon bout de temps.


Un mot de fin ?

Je dirai tout simplement « Grand merci » au Fonds d’aide à la culture, qui a cru en ce projet, qui nous soutient.  


Propos recueillis par Marcel Kpogodo