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mercredi 7 janvier 2015

Arsène Kocou Yêmadjè : « […] nous allons travailler sur ce qu’est dire un texte sur scène … »

Dans le cadre d'une formation qu'il donne à Lokossa

Première activité de l’artiste de théâtre, Arsène Kocou Yêmadjè, en cette année 2015 : la formation de cinq jeunes en jeu d’acteur, à Lokossa, dès la seconde moitié de cette première semaine de la nouvelle année. Voilà la substance de l’entretien que le comédien et metteur en scène béninois a bien voulu nous accorder. Il s’est ouvert à nous sur le contenu de cet atelier.

Arsène Kocou Yêmadjè, en action, sur scène, livrera les secrets de sa réussite à ses stagiaires
Le Mutateur : Arsène Kocou Yêmadjè, comédien et metteur en scène béninois, vous vous investissez aussi dans la formation. C’est ainsi que vous animerez, des 8 au 10 janvier 2015, un atelier de formation. Qu’en est-il réellement ?

Arsène Kocou Yêmadjè : Oui, en effet, il y a quelques années, j’étais à Lokossa, dans le cadre du festival dénommé ’’Rencontres internationales du théâtre monodrame’’ (Ritm), où j’ai joué mon monologue, ’’Confessions posthumes’’. Donc, quelques jeunes comédiens se sont rapprochés de moi pour me féliciter du travail, pour me dire l’intérêt qu’ils avaient pour lui et pour me dire, surtout, leur envie de travailler avec moi et d’apprendre. J’ai réfléchi à la chose ; j’ai été tellement touché que je me suis dit qu’il fallait initier un atelier de formation. Après discussion, ils m’ont dit leurs inquiétudes par rapport au métier et, j’ai initié, avec le soutien du Fonds d’aide à la culture (Fac), un atelier sur le jeu d’acteur. Précisément, cela s’intitule : « Du texte écrit à la réplique vivante ». Pourquoi ?
Tout simplement parce que je me suis rendu compte que la plus grosse des difficultés des acteurs, c’est de dire un texte, c’est de le sentir ; il y en a qui apprennent un texte et qui le débitent. Mais, là, j’ai envie de travailler avec ces jeunes acteurs, à Lokossa, sur comment dire un texte, sur comment on part d’un texte écrit pour lui donner vie, et nous verrons si un texte s’apprend seulement pour être débité et comment cela se vit.
Eh bien, nous allons décortiquer ça, nous allons travailler beaucoup sur cette chose fondamentale qu’est de dire un texte sur scène, sur ce que cela implique, sur ce que cela veut dire que de prendre un texte qui est écrit et de le dire, en tant que personnage. Donc, c’est tout un processus de travail que nous allons décortiquer, trois jours durant, à Lokossa.


Quel est le statut de ces stagiaires que tu vas former et qui sont au nombre de cinq ?

On peut dire que ce sont déjà des praticiens, quand même, d’une façon ou d’une autre. Ce sont des jeunes, il y en a qui continuent sûrement à étudier, il y en a qui ont cette volonté ferme de faire carrière dans le théâtre et, c’est cela qui m’intéresse beaucoup.


Comment sera structurée cette formation ?

On aura environ trois modules, trois étapes. Nous allons, en un premier temps, nous poser des questions sur ce que c’est qu’un texte écrit, de quoi il est constitué, de quoi est constituée une réplique vivante ; nous allons faire une étude comparative entre ces deux éléments, en dégager les composantes. Toujours dans cette étape, nous allons parler des notions de ’’circonstance proposée’’ ; on entend par ’’circonstance proposée’’, tous les éléments qui concourent à l’incarnation d’un personnage. Les circonstances proposées sont des renseignements donnés par l’auteur, ce sont des composantes liées aux personnages et aux situations, qu’il faut décoder, dans un texte, pour pouvoir restituer les situations.
En deuxième partie, nous allons faire une petite sortie dans la rue et nous allons observer des conversations normales, nous allons voir des gens parler dans une buvette, quelque part au marché ou dans la rue, nous allons observer le comportement des gens quand ils parlent, parce qu’un acteur ne convainc sur scène que lorsqu’il réussit à bluffer le spectateur, à lui montrer qu’il est parfaitement dans l’état dans lequel il prétend être ; quand vous débitez un texte et que votre corps ne se comporte pas comme cela se doit, on sent tout de suite que vous récitez, tout simplement. Mais, vous bluffez les gens, quand vous êtes dans une attitude tout à fait naturelle. Pour y être, c’est tout un processus. Donc, en fait, le métier de l’acteur se résume à observer, tous les jours, les comportements de la vie et à réapprendre à être soi-même ou à être les autres, c’est-à-dire le personnage, sur scène.
Dans le troisième module, nous allons aborder la notion de pause psychologique et de pause logique. Nous allons aussi parler des rôles des différentes ponctuations qui existent dans un texte écrit. Celles-ci renferment des informations, imposent des façons de dire un texte. Alors, nous travaillerons sur la manière dont on transforme les ponctuations que nous avons dans un texte écrit, dès que nous passons à une réplique qui doit être vivante : une virgule que nous retrouvons dans un texte, comment on la respecte, quand on dit le texte et qu’on ne le lit pas, de façon à ce que cette virgule ait tout son sens, nous allons étudier cela.
Quand on parle de pause psychologique et de pause logique, évidemment, lorsque nous parlons, il nous arrive de faire des pauses et, ensuite, de continuer ; il y a des choses qui nous font faire ces pauses-là, ou c’est parce qu’on réfléchit à ce qu’on veut dire, ou c’est parce que, pour donner une meilleure compréhension de ce qu’on veut dire, on fait une virgule, on fait point-virgule, on fait un deux-points, avant de continuer et, ces choses-là, il faut les étudier de près, pour mieux les adapter à la scène.
Donc, voilà, à peu près, les trois étapes, les trois modules qu’on aura, au cours de cette formation.


Avez-vous mis en place un système pour faire le suivi des acquis de cette formation, pour évaluer l’efficacité de cette formation sur l’évolution artistique de ces jeunes ?

Pour qu’il y ait suivi, c’est là que nous lançons encore un appel au Fonds d’aide à la culture pour qu’il nous aide à continuer ce travail que nous venons de commencer. Evidemment, nous allons donner à ces jeunes les outils dont nous avons parlé plus haut, une chose est de le faire, une autre est d’avoir un bon suivi ; pour que cela soit chose faite, chacun de ces acteurs, nous allons les suivre, chaque fois qu’ils seront dans une nouvelle création.
Ceci dit, il faut que, pratiquement, tous les ans, on trouve l’occasion de se faire des stages mais, des stages beaucoup plus élaborés, beaucoup plus longs, des stages de deux, de trois semaines, pourquoi pas ? Quand on parle de deux semaines, cela peut être des stages intensifs. Là, pour notre atelier de Lokossa, c’est trois jours, cela fait très court. A l’avenir, il faut qu’on tienne des stages qui s’étendent sur deux ou trois semaines, où l’on pourra même finir par des restitutions. Nous en aurons sûrement une petite, pour le cas de Lokossa, mais nous allons mettre l’accent beaucoup plus sur le travail lui-même, sur les méthodes de travail, de décodage d’un texte, sur comment on passe d’un texte écrit à la réplique vivante elle-même ; elle suppose qu’un texte qui est dit ne sort pas que de la bouche, ça vient du corps aussi.


En matière de formation au jeu d’acteur, quelles sont tes expériences ?

J’ai déjà fait ce genre de formation, un bon nombre de fois ; je l’ai fait un peu partout et, beaucoup plus, à l’Extérieur. D’ailleurs, après cette formation que je donne à Lokossa, j’en ferai une autre pour continuer le projet de Giovanni Houansou, ’’Les embuscades de la scène’’ ; il me sollicite, à la suite de Carole Lokossou, pour encadrer les metteurs en scène qui ont travaillé … J’ai vu leurs spectacles, j’ai pris des notes, j’étais d’ailleurs très content de ce que j’ai vu globalement ; je vais donc travailler avec eux sur ce qui a fait quelques faiblesses de leur travail. Donc, si c’est des formations, j’en fais depuis un bon bout de temps.


Un mot de fin ?

Je dirai tout simplement « Grand merci » au Fonds d’aide à la culture, qui a cru en ce projet, qui nous soutient.  


Propos recueillis par Marcel Kpogodo 

jeudi 25 octobre 2012

Arsène Cocou Yémadjè sur les planches à Cotonou

Les fruits conformes aux fleurs entrevues


Le personnage, en pleine lecture de tranches catastrophiques ... (Photo d'Abdoula Aziz Soumaïla)
Le samedi 6 octobre dernier, la paillote de l'Institut français du Bénin a permis de vivre la représentation par le Béninois, Arsène Cocou Yémadjè, de Confessions posthumes, une pièce qu'il mettait en scène, en même qu'il en était l'acteur unique. Le décor simple et pragmatique, défoncé d'une chaise, prenait en compte la voix éraillée du comédien, qui, avec son accoutrement, indique son appartenance à l'univers des ouvriers. C'est d'abord une bouteille d'alcool en main et une de ses bretelles détachée qui permettent de se rendre compte de la mélancolie qui le ravage. De même, la lumière, isolée, dans un premier temps, comme dans un hôpital, révèle l'angoisse de la solitude de ce veuf, ''père'' de deux enfants, qui doit gérer les suites du décès de son épouse mais, surtout, la découverte de son infidélité de longue durée. Le monologue qu'il habite aide l'acteur à se maintenir complètement libre pour assumer ses responsabilités scéniques, ceci qui lui donne l'occasion de plusieurs situations d'un salutaire comique de mots, ingrédient devenu indispensable pour maintenir le public en haleine. Le journal intime qui lui sert de compagnon de scène n'empêche nullement Arsène Cocou Yémadjè d'accéder à une dimension élevée d'une capacité appréciable de transmission d'une émotion durable au public. De cette manière, il a séduit, même s'il semblait plus jeune que son rôle.


Marcel Kpogodo   

mercredi 3 octobre 2012

Confessions posthumes à l'Institut français du Bénin

Retour d'Arsène Cocou Yémadjè sur les planches béninoises

On s'en souvient encore : La consultation, pièce jouée, en finale du Fitheb 2012, le 7 avril dernier, avec comme metteur en scène, Arsène Cocou Yémadjè, avait fait sensation, vu, surtout, l'état de complète nudité, dans lequel s'étaient retrouvés des personnages profondément embarqués dans leur rôle de fous. Le samedi 6 octobre prochain, Arsène Cocou Yémadjè encadrera justement encore, pour la première fois au Bénin, depuis ce dernier spectacle, la représentation d'une nouvelle pièce dans laquelle il sera lui-même acteur : Confessions posthumes. Écrite par le Tchadien Ouaga-Ballé Danaï, elle projette la problématique d'une tromperie conjugale de trois décennies, à laquelle est confronté un personnage désabusé mais, lui-même, porteur d'une certaine vengeance, au regard de ses faits d'armes, en matière d'infidélité matrimoniale. C'est le spectacle d'un dialogue entre le journal intime de sa feue épouse et lui pour démêler l'écheveau d'un labyrinthe psychologique, d'un processus opaque dans lequel ces deux mariés se sont mus, sur le fondement d'un rejet réciproque et non concerté des normes morales. Quel contexte plus vrai et plus réaliste que celui que va dépeindre Consultations posthumes, samedi prochain, mais déjà jouée au Niger et au Cameroun ? Il va falloir suivre cette nouvelle mise en scène de Yémadjè, de quoi analyser la qualité, le degré du sens d'innovation de ce metteur en scène, tête brûlée du théâtre béninois.

Marcel Kpogodo