Face à l'augmentation de la
cagnotte du Fonds d’aide à la Culture
(Quelques acteurs
culturels se prononcent)
Le Conseil des
Ministres, du 2 octobre dernier, dans son communiqué rendu public, a fait
connaître une mesure très importante intéressant le monde des artistes, des
acteurs et des promoteurs culturels : l’augmentation très sensible du
Fonds d’Aide à la culture (Fac), ce qui révèle un fait de succès pour
Jean-Michel Abimbola, Ministre de la Culture, de l’alphabétisation, de
l’artisanat et du tourisme (Mcaat). A cet effet, en marge du méga concert de
clôture des vacances, tenu à Parakou, le samedi 11 octobre 2014, certains
artistes participants et des acteurs culturels ont accepté de nous confier
leurs impressions.
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Le Ministre Abimbola, entouré, à gauche, de M. Nahouan, son Directeur de Cabinet et, à droite, d'Eric Totah, le Secrétaire général du Ministère |
3 milliards de Francs
Cfa. C’est désormais le montant du Fonds d’aide à la Culture (Fac), structure
d’octroi de subventions aux artistes, aux acteurs et aux promoteurs culturels,
chapeautée par le Ministère de la Culture, de l’Alphabétisation, de l’artisanat
et du tourisme (Mcaat). A en croire le communiqué du Conseil des Ministres du 2
octobre dernier, concernant « le portefeuille des investissements publics
et les mesures prioritaires du Gouvernement, pour la gestion 2015 », le 15ème
point de la rubrique « Infrastructures productives autres que
l’Energie », se libelle comme suit : « l’augmentation des
capacités opérationnelles du Fonds d’aide à la culture : 3 milliards en
2015 contre 1,5 milliard en 2014 ».
Ainsi, il n’y a plus
aucun doute que le Fonds d’aide à la culture détient une cagnotte qui est
passée du simple au double. D’une part, ceci montre l’efficacité du lobbying
actif du Directeur de ce Fonds, Blaise Tchétchao, mais, surtout, du sens du
résultat de son autorité de tutelle, le Ministre de la Culture, Jean-Michel
Abimbola. La discrétion essentielle que manifeste ce membre du Gouvernement
donne l’impression d’une stagnation dans son action. Cependant, au vu de ses
résultats, on se rend compte qu’il s’agissait d’une fourmi qui travaillait
ardemment dans l’ombre. Voilà du pragmatisme chez un homme dont beaucoup ne
donnaient pas cher de l’efficacité, dès son arrivée à ce Ministère chargé de gérer
une corporation parmi l’une des plus exigentes de la nation, celle des
artistes, des acteurs et des promoteurs culturels.
D’autre part, une
conséquente immédiate de ce doublement de la capacité financièrement
opérationnelle du Fonds d’aide à la culture semble être la possibilité pour
cette structure de soutenir plus de projets et, peut-être, d’accorder un
montant plus conséquent à ceux qui seront retenus dans le cadre de l’appel à
projets, clos le 8 octobre dernier, surtout lorsqu’on sait que les artistes
financés se plaignent souvent de ne pas bénéficier de la totalité du
financement demandé.
Par conséquent, dans le
contexte d’une gestion satisfaisante, il deviendrait exceptionnel d’enregistrer
des contestations, comme par le passé, de la part des bénéficiaires d’un Fonds
hautement convoité.
Marcel Kpogodo
Impressions de quelques
artistes et de certains acteurs culturels
Anice Pépé :
« Trois milliards,
pour le Fonds d’aide, honnêtement, c’est bon ; moi, j’ai apprécié la
chose. Vous savez, je suis un artiste de couleur très rare. Donc, quand c’est
juste, je le dis, quand cela ne l’est pas, je le dis aussi. On n’était même pas
à 1 milliard, avant l’arrivée du Président Yayi Boni qui a ramené la chose à ce
montant, puis, de doléances en doléances, il a accordé que cela aille
maintenant au tri-milliard. Donc, sincèrement, moi, je tire chapeau au
Président de la République, j’en fais de même au Ministre de la Culture,
Jean-Michel Abimbola, qui est mon ami, qui est mon frère. Je lui tire chapeau
aussi d’avoir bossé. Je remercie aussi tous les artistes, toutes les
fédérations qui ont bossé, qui ont œuvré à ce que le Gouvernement béninois nous
accorde 3 milliards pour soutenir la chose culturelle.
Mais, une chose est de
donner 3 milliards et, une autre est de suivre, pour que l’argent ne soit pas
dilapidé, pour qu’il aille vraiment vers les cibles retenues pour la
subvention. Vous savez, si vous avez besoin de 500 mille, pour faire le
commerce de motos, et que celui à qui vous demandez l’argent en a bien la
possibilité mais ne vous donne que 100 mille, je crois que vous pouvez acheter
des bouteilles et commencer à faire le commerce de l’essence au bord de la
voie. Donc, quand on ne donne pas ce qui doit normalement aller à un artiste
qui travaille bien, qui bosse pour le développement, pour l’épanouissement,
pour le progrès de la musique, de la culture de son pays, il ne pourra pas bien
faire le travail.
Moi, j’en suis un
exemple : depuis que je chante, je n’ai jamais adressé une demande au
Fonds d’aide à la culture pour sortir mes albums mais, je les sors de moi-même,
avec l’aide de ceux qui me soutiennent de jour en jour. Je profite de votre
canal pour leur dire merci.
Quand je vais constater
que les 3 milliards se gèrent comme cela se doit, que l’on attribue les
subventions à qui de droit, réellement, je pourrai adresser, moi,
personnellement, ma première demande de subvention ou de financement de mon
album, au Fonds d’aide à la culture, donc, au Ministère de la Culture. Sinon,
moi, je n’en ai jamais demandé ; si je le fais, ils vont me le donner.
En réalité, moi, Anice
Pépé, je suis un Disque d’or, au Bénin. Et, quand on le dit, c’est l’artiste le
plus vendu de toutes les catégories de la musique, que cela soit moderne ou
traditionnel. Vous voyez donc que j’ai reçu le Disque d’or ; il se décerne
par le Bureau béninois de droit d’auteur et des droits voisins (Bubédra). Le
Bubédra étant sous la tutelle du Ministère de la Culture, cela veut dire que
c’est l’Etat qui me donne ce Disque.
Comme je l’ai reçu, on
ne doit plus attendre que je fasse un dossier pour que l’on me donne une
subvention, avant que je ne produise ; on doit dire :
« Désormais, on met tel montant à la disposition de tel artiste, chaque
année, désormais, pour qu’il continue de faire ce qu’il a fait, pour mériter ce
Disque d’or ». Le Disque d’or, c’est un trophée de mérite, ce n’est pas un
trophée d’affaires ; il consiste à évaluer ce que tu as fait comme nombre
de ventes de disques avant de le décerner.
Donc, il faut que l’on
prenne soin de bien répartir ces 3 milliards, parce que, et le Président de la
République, et le Ministre de la Culture, ils ont, tous les deux, eu le cœur de
donner ; je leur demande, en tant qu’artiste, professionnel de mon
domaine, de bien suivre la gestion de ce Fonds pour que cela puisse bien
prospérer. Il faut que le Président de la République ait le courage, la vigueur
de pouvoir suivre la gestion de ce gros montant qu’il a mis à la disposition de
la culture béninoise, parce que, quand on dit 3 milliards, ce n’est pas
seulement la musique, ce n’est pas seulement le cinéma ni le théâtre, c’est
aussi la culture, la tradition, nos couvents, nos royaumes, la danse, le
ballet, c’est ça ! Il faut que l’argent soit réparti comme cela se
doit. »
Koffi Alladé
Adolphe :
« Le milliard
culturel a été multiplié par trois ; nous en sommes très contents, pour le
Gouvernement de notre pays. Et, en deuxième position, je suis très content
parce que le Ministre Jean-Michel Abimbola est dynamique ; voilà un
ministre sur qui on peut compter, voilà un ministre qui connaît la culture de
son pays, qui se mouille pour la culture de son pays. Avant, c’était avec M.
Toléba qu’on est allé à 1 milliard. Aujourd’hui, c’est avec M. Jean-Michel
Abimbola qu’on a atteint le tri-milliard. Donc, je dis un grand merci à notre
Gouvernement et, un grand merci à notre Ministère de la Culture. Bravo !
On espère : si cela peut aller jusqu’à 6 milliards, ce serait bien.
Mais, en ce qui concerne
la gestion correcte de ces 3 milliards, elle est claire : nous avons le
Fonds d’aide à la culture ; comme cette structure a pu gérer le milliard,
je suis sûr qu’elle va bien gérer le tri-milliard. Donc, je lui laisse le soin
de le faire. »
Jolidon Lafia :
« Mes impressions
sont très bonnes. Mais, avant, je voudrais rendre hommage à quelqu’un,
quelqu’un qui mérite qu’on lui dise merci, c’est le Ministre de la Culture,
Jean-Michel Abimbola. Moi, je n’y croyais pas ; il faut reconnaître que
cette personnalité a sa façon à elle de gérer son Département, donc, notre
Département et, il a mis toute son énergie, tout son savoir-faire et, surtout,
son calme, qui est un calme très très productif. Avant, on avait 1 milliard,
avec le Ministre Toléba ; aujourd’hui, on en a 3 avec le Ministre
Jean-Michel Abimbola. Je crois que, c’est à lui le grand merci. Mais, avant
lui, il y a quelqu’un qui a compris que la culture est une force, que la
culture est notre identité, quelqu’un qui a compris que les artistes doivent
être encouragés, doivent promus, soutenus, pour que, à leur tour, ils fassent
la promotion de la culture béninoise : c’est le Chef de l’Etat, le Docteur
Boni Yayi, que je salue, avec tout le respect dû, vraiment, à son charisme, à
son fair-play. Honnêtement, un grand merci au Docteur Yayi Boni qui a compris
que les artistes ne sont pas que des amuseurs publics, mais, qu’ils participent
à l’éclosion de l’image et de la diplomatie béninoises. Vraiment, merci à
lui ! Nous le soutiendrons toujours, nous, artistes. Vive la culture
béninoise au service des peuples et, au service, d’abord, de notre Etat, parce
que c’est lui qui nous a donné ces 3 milliards. J’espère que, nous, artistes,
désormais, allons mieux nous organiser pour que ces 3 milliards nous profitent
et que nous cessions nos différentes querelles ; il n’y a pas une
corporation où les gens s’entendent comme dans une famille. Donc, il nous
appartient de taire nos petites différences intestines, pour que nous
profitions de ces 3 milliards pour faire grandir notre culture. Et, je sais
que, désormais, les Béninois ont compris, les artistes, également, que nous
devons aller plus loin, refuser, cesser d’être colonisés ; aujourd’hui,
c’est le Nigeria et le Ghana qui font un tandem très fort et qui dictent leur loi.
Je crois que, en disant merci au Chef de l’Etat, il nous revient, maintenant,
de tout faire pour que notre musique puisse, à un moment donné,
s’imposer ; c’est vrai que quelque chose a commencé et, il ne faut pas
l’arrêter, il faut continuer. Aujourd’hui, les gens peuvent danser, en boîte,
sur la musique béninoise, du début jusqu’à la fin ; c’est un acquis qu’il
faut renforcer par ce que nous sommes en train de faire, ici, à Parakou :
le jeu live. Il faut encourager les artistes à jouer et à chanter de leur voix,
encourager la pratique instrumentale et, que les trois milliards qui vont venir
ne soient pas seulement comme un somme qu’on va utiliser pour donner à manger
au bétail, mais, que ça soit les journalistes culturels, les promoteurs
culturels, que nous nous organisions, et que cela profite réellement à la
corporation, que la culture béninoise soit hissée à son plus haut paroxysme.
En ce qui concerne la
gestion de ces trois milliards, je propose que les fédérations se retrouvent,
parce que, voici ce qu’on a remarqué avec le seul milliard : il y a des
fédérations qui étaient seules à en profiter et, cela, chaque année ; je
ne voudrais pas les citer, tout le monde les connaît. Et, le milliard est
devenu comme s’il était localisé seulement à Cotonou ; celui qui est à
Tcoumi-Tchoumi, à Ouidah, au fin fond, celui qui est à Bassila, doivent
forcément venir à Cotonou, avec les risques que cela comporte et, quand il
vient, il est tourné en bourrique, alors que les Directions départementales
existent …
Je pense qu’en ce qui
concerne ces 3 milliards, quand on va dégager la part qui revient au
fonctionnement du Ministère, que l’on distribue le reste afin qu’il profite à
tout le Bénin, et que les Directions départementales soient renforcées, pour la
gloire de la culture béninoise. »
Ignace Don Métok :
« Mes impressions
sont bonnes, parce que, cela fait des années que nous attendons cette nouvelle
et, nous sommes très heureux d’apprendre, d’ailleurs, que le Gouvernement a
fait cet effort-là ; nous ne pouvons que saluer cela. Je vais simplement
demander que les projets porteurs qui seront proposés, qui seront à l’attention
de ceux qui décident, au niveau du Fonds d’aide, soient soutenus, véritablement
comme il faut, parce que, jusque-là, nous ne sommes pas toujours satisfaits ;
quand vous demandez le soutien du Fonds, vous n’êtes jamais appuyés à la
hauteur de vos projets. Donc, nous allons demander simplement que, désormais,
les projets soient beaucoup plus considérés et que les fonds qu’on met à la
disposition des artistes soient beaucoup plus considérables pour, vraiment,
amener les projets à bon port. »
Simba Franco
Junior :
« L’Etat, le
Gouvernement a déjà fait ce qu’il peut. Si mes souvenirs sont bons, on était
partis de 800 millions, pour en venir à 1 milliard, à 1,300 milliard pour 1,500
milliard, avant d’aboutir à 3 milliards. Mes impressions en sont très
bonnes ; j’en remercie le Gouvernement, mais, il ne faut pas que l’Etat
mette de l’argent et que les gens écrivent des projets et que, nous, on serait
toujours là. Moi, des fois, cela m’étonne. Il faut nécessairement que, d’ici un
an à deux ans, on puisse avoir des musiciens internationaux, par des
formations, de vraies formations et non par des formations fictives où les gens
prennent l’argent pour ne rien faire.
Aujourd’hui, au Sénégal,
au Cameroun, au Congo, notamment, ils n’ont pas ce Fonds, ce qui est notre cas,
au Bénin. En temps normal, on doit faire plus que ça … Et, je demande à tous
mes collègues artistes-chanteurs, promoteurs culturels, de ne pas recevoir de
l’argent sans accomplir ce que nous avons annoncé dans notre projet ; si
on est conscients, après deux ans d’exécution, on aura un bon résultat.
N’étant pas politicien,
je peux quand même dire merci au Gouvernement du Docteur Yayi Boni, parce qu’il
a au moins pensé qu’il faut ça.
Maintenant, le travail nous revient à nous, acteurs culturels, artistes, de
dire merci au Gouvernement, pour qu’un jour, ce Fonds vienne à 10
milliards ; cela dépendra de ce que nous allons faire. Chers amis, chers
artistes, chers acteurs culturels, si les projets marchent, réalisons au moins
ce que nous y avons écrit et, si on le fait, dans deux ans, nous serons des
artistes internationaux.
Quant à la gestion de
ces 3 milliards, il ne faut qu’on prenne l’argent pour réaliser la photocopie
de la culture des autres ; il faut plutôt financer ceux qui font la
promotion de notre culture. Après cela, on a des espaces, on a des terrains, ce
qui nous permettra d’avoir des lieux de spectacles dignes de ce nom, de même
que de vrais formateurs qui vont former de vrais artistes ; il ne faudrait
pas qu’on prenne l’argent pour aller s’acheter des motos, pour commencer,
après, à critiquer le Gouvernement. Je demande au Directeur du Fonds d’aide,
comme il a mis sur le terrain une équipe de suivi, il faut que celle-ci fasse
son travail. »
Gogoy Akouègnon Prosper:
« Depuis fort
longtemps, j’ai toujours dit que le Gouvernement joue une partition qui est
totalement pleine, parce que, vous savez, on est partis de 300 millions, pour
arriver à 1,5 milliard et à 3 milliards ; je crois que ce sont des efforts
considérables que le Gouvernement est en train de consentir pour le rayonnement
de la culture béninoise, en générale. Donc, il revient seulement à nous,
acteurs culturels, de pouvoir exploiter ces fonds qui sont mis à notre
disposition pour créer la richesse, afin de susciter une augmentation
perpétuelle. Donc, on ne peut que remercier le Gouvernement, dans cet effort
et, dans cet engagement.
Pour la gestion, c’est
autre chose : cela dépendra de nous tous, que ce soit ceux qui chez le
Fonds est domicilié et ceux qui en sont bénéficiaires, cela dépend de nous
tous ; il faut que, dans chaque secteur, dans chaque corps de métier, que
nous soyons beaucoup plus professionnels et que nous proposions des projets
vraiment porteurs. Et, ce serait pour le bien de tous. Donc, pour la gestion,
c’est nous tous qui devons contribuer à une bonne gestion de la chose. »
Alpha Mim :
« Je suis très
content ; si le milliard passe à 3 milliard, cela montre que le monde culturel
est un secteur qui entre dans le développement de l’économie de notre pays. Et,
c’est à l’actif de notre Chef de l’Etat qui a su, très tôt, comprendre que la
culture est un des maillons d’une grande chaîne qui entre dans le développement
harmonieux de notre pays. Donc, de 1,5 milliard à 3 milliards, c’est très
important. Seulement, là où il y a un hic, c’est qu’il faut essayer de revoir
la répartition de ces trois milliards ; j’ai compris que la plupart de nos
artistes, on leur donne de l’argent sans essayer de voir un certain suivi dans
sa gestion. Donc, j’aurais souhaité, comme proposition, qu’on prenne nos
artistes, qu’on essaie de les écouter dans ce qu’ils font, et qu’on aille
jusqu’à la réalisation du clip, voire à la promotion de l’album. Sinon, la
plupart de ces artistes prennent l’argent et en font autre chose, parce qu’il
faut d’abord gérer le quotidien ; vous voyez un artiste, qui se cherche
d’abord, et qu’on lui donne 1 ou 2 millions, il faut qu’il gère son quotidien,
il doit paraître, il doit faire ceci il doit faire cela, avant de penser à
l’album et, le suivi en est un peu raté.
Donc, 3 milliards, c’est
beaucoup, ce qui va permettre d’augmenter la part octroyée aux artistes. Mais,
dans ce cas, il va falloir qu’on puisse les suivre, de la production de l’audio
à la promotion de l’album. »
Propos recueillis par Marcel
Kpogodo