Par la représentation de la pièce ’’Les pondeuses de
boucs’’ au Fitheb 2014
Le théâtre de verdure
de l’Institut français de Cotonou a accueilli le spectacle, ’’Les pondeuses de
boucs’’, une pièce de théâtre d’un type particulier, dans le cadre de la 12ème
édition du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). C’était le
samedi 13 décembre 2014. Didier Sèdoha Nasségandé, l’artiste qui a assuré la
mise en scène de cette représentation théâtrale, s’est ainsi ouvert une porte
dans l’univers sélect des metteurs en scène béninois.
Une séquence de la pièce ''Les pondeuses de boucs'' - Crédit photo : ''Bénincultures'' |
Le soixantenaire,
Ladji, incarné par le comédien Cyriaque Batcho, est à la recherche d’un garçon,
un ’’bouc’’, après que sa première femme lui a donné 14 filles, elle qu’il
décide de répudier afin d’épouser une fraîche adolescente non encore majeure.
Celle-ci n’est personne d’autre que Fousséna, jouée par Nelly Zinsou, qui est
aussi l’objet des avances de Chabi qu’incarne Victor Goudahouandji, dont elle
finit par tomber enceinte. L’objectif de Ladji est finalement atteint puisque
Fousséna accouche d’un garçon, mais celle-ci trépasse, vu qu’elle a eu cet
enfant d’un lit adultérin.
En réalité, Didier
Sèdoha Nasségandé qu’on a connu, entre autres, comme artiste conteur, poursuit,
par la réalisation des ’’pondeuses de boucs’’ sa lutte pour se positionner confortablement
dans l’arène très sélective des metteurs en scène béninois et, pour un coup
d’essai, il s’agit d’une réussite, d’abord, en ce qui concerne le fait que
cette pièce dont il a assuré la mise en scène ait été validée par Ousmane
Alédji pour être jouée dans la programmation officielle du Fitheb 2014, celle
dite ’’in’’ ; ceci dénote, tout au moins, que cette mise en scène était
d’une certaine qualité.
Se rapportant à la
représentation proprement dite, elle manifestait une grande simplicité du
décor ; ceci a frappé par un réalisme fortement suggestif de la vie
ordinaire dans les concessions béninoises : du linge abondant, mis au
séchage de part et d’autre sur des cordes longeant horizontalement les
habitations en matériaux précaires d’une certaine concession. Celles-ci se
touchent et s’interpénètrent, montrant les relations de profonde familiarité,
de grande proximité et d’une parfaite intimité, régnant entre les voisins qui,
donc, savent tout les uns des autres, s’influencent et s’orientent mutuellement
dans les comportements pragmatiques pour trouver solution aux situations d’une
crise qui, en l’occurrence, est la recherche obsessionnelle d’un garçon par
Ladji.
Ce décor très parlant
s’est vu entretenu par le comportement des personnages déambulant, notamment,
celui d’Oncle Chitou, incarné par Giovanni Houansou, qui s’est fait remarquer
par une démarche et une gestuelle amenant le spectateur au rire, ce qui a eu
pour fonction de rendre vivant le jeu des comédiens et de relativiser la force
de la crise et de la tension frappant la maison de Ladji et son environnement.
En outre, un autre
élément ayant permis au jeune metteur en scène de réussir à faire dominer sur
la scène une ambiance populaire reste les langues nationales béninoises qui
livraient rudement concurrence au français des répliques, comme pour montrer la
cohabitation sociale des cadres moyens et des analphabètes dans les concessions
propres aux quartiers populeux africains.
Par ailleurs, Didier
Nassègandé a initié et réussi le dédoublement de personnages à travers, d’une
part, Nelly Zinsou qui portait la charge des personnages Fousséna et Modji, une
jeune fille quelconque et, d’autre part, Victor Goudahouandji ayant incarné
Chabi, le rival de Ladji et Osséni, le mari d’Ablawa (Mariam Darra), femme de
la concession, très volubile.
En réalité, cette mise
en scène de la pièce d’Hurcyle Gnonhoué relève d’un théâtre de genre
vaudeville, qui se met à la portée de tout public. Ainsi, le stratège de la
représentation a réalisé l’atmosphère de la scène populaire liée au théâtre
forum, très en vogue dans un pays comme le Burkina Faso. Donc, le vent en
poupe, désormais, Didier Nasségandé gagnera à développer la dimension du
travail sur des pièces d’une portée plus classique, seul gage de la réelle
influence dans le monde de l’art théâtral, lui qui, dans le domaine associatif,
n’est pas né de la dernière pluie, ayant été élu, le 19 octobre 2013, pour
assumer, pendant une année, le poste de Secrétaire aux Relations publiques de
l’Ensemble artistique et culturel des étudiants (Eace). Plus près de nous, il
faudra, de pied ferme, l’évaluer, une fois de plus, dans une carrure,
notamment, de metteur en scène en construction, dans la pièce, ’’Kabila’’, qui
se jouera, en soirée, le samedi 31 janvier 2015, au Centre culturel ’’Artisttik
Africa’’ d’Ousmane Alédji.
Marcel Kpogodo