lundi 31 mars 2025

Visitez le Maca pour découvrir « [...] des objets originaux, de belles sculptures en bois, des masques uniques [...], des statues de bronze et [...] des tableaux épiques sur le Dahomey », appelle Régis Hounkpè

Dans le cadre d’une interview qu’il a accordée à notre rédaction


Le Béninois, Régis Hounkpè, est analyste senior et enseignant en communication stratégique, géopolitique et en relations internationales. Le 20 mars 2025, il a été reçu en audience à Cotonou, au Bénin. C'était de la part d'Ayibatin Jonas Hantan. Celui-ci est Ministre-conseiller à la Culture, aux arts, au tourisme et au sport, à la présidence de la République du Bénin. Le premier a échangé avec la personnalité en tant qu'Administrateur général du Musée Adankpo de la Culture et de l'art (Maca). Cette institution, de création familiale, se situe à Abomey-Calavi, au Bénin. L'audience indiquée a permis d'attirer l'attention sur elle. Régis Hounkpè a accepté de nous décrire, notamment, ce qu'est le Maca, dans les trésors à découvrir qu'il recèle. Il a effectué l'exercice à travers l'interview qu'il a bien voulu accorder à notre rédaction ...    


Aperçu des pièces à découvrir au Maca ...


Stars du Bénin : Bonjour, Régis Hounkpè. Vous êtes Administrateur général du Musée Adankpo de la Culture et de l'art (Maca), une institution familiale qui se situe au Bénin, en Afrique de l'Ouest. Pouvons-nous connaître les pièces qu'un visiteur peut espérer aller découvrir au Maca et le nombre total qu'elles font ?


Régis Hounkpè : Merci infiniment, pour votre coup de projecteur sur le Musée Adankpo de la Culture et de l'Art (Maca) qui est effectivement situé à Abomey-Calavi et, précisément, dans le village d'Agamadin.

Agamadin est mon village natal et celui de mes ascendants paternels ; il est un haut-lieu des cultes ancestraux et des cultures traditionnelles de la Cité de Fofo Djaka, fondateur de la Cité d'Abomey-Calavi.

C'est vous dire la concentration de l'histoire, à la fois ancestrale et contemporaine, des pièces rares que vous pouvez retrouver au Maca, des objets originaux, de belles sculptures en bois, des masques uniques dont le plus ancien a plus de 150 ans, des statues de bronze et, entre autres, des tableaux épiques sur le Dahomey.


Régis Hounkpè, Administrateur du Maca

Le Maca fait également la part belle à l'Afrique et au monde. Vous pouvez y admirer au moins une cinquantaine de pièces ayant, chacune, son histoire fascinante, et projetant des enseignements en faveur de la culture, de la fraternité, de la solidarité, de la justice, du panafricanisme et de la paix dans le monde. J'ai le privilège de gérer, avec ma famille, ce lieu d'inspirations, créé par mon père, le professeur émérite, Célestin Yédénou Hounkpè.


Justement, nous voulons mieux connaître la personnalité à l'initiative de la création du Maca et comprendre la manière dont elle a réussi à réunir toutes ces collections de pièces d’art ...


Je vous le disais, à l’instant ; cette personnalité, c'est mon père, le professeur de médecine, Hounkpè, qui a toujours été passionné de culture et d'histoire et qui a patiemment assemblé des pièces et des œuvres depuis 1973.

Pendant son internat de médecine, dans le sud de la France, ses voyages en Afrique et dans le monde et, grâce à des rencontres déterminantes, dans son parcours universitaire et professionnel, il a toujours eu à cœur de réunir, en un lieu consacré, toutes ses pièces, ses cadeaux, ses acquisitions et ses inspirations. C'est comme cela que l'idée du Maca a germé dans son esprit et est devenue effective, il y a presque six ans.


Quel intérêt irrésistible y a-t-il à aller visiter le Maca ?

Tous ceux et toutes celles qui viennent au Musée sont émerveillés par la quantité et par la qualité des pièces. Ils nous posent de multiples questions d'intérêt culturel et intellectuel.

Mon père a dédié une aile du musée à son grand-père maternel, le patriarche David Godonou-Dossou Akplogan qui était un notable porto-novien et un riche commerçant dahoméen. Aujourd'hui, on parlerait aisément d'entrepreneur en multiples réussites ou d'homme d'affaires. Cependant, David Godonou-Dossou Akplogan était surtout un self-made-man qui est parti de rien du tout et qui a obtenu tout ce qui était possible pour une personnalité de son temps et, parfois même, au-delà de ce qui était espéré.


Des visiteurs au Maca



Je veux également ajouter que les enfants et les jeunes trouveront, au Musée, des éléments de satisfaction puisque nous avons déjà accueilli des fratries et des étudiants béninois, nigérians, africains et internationaux.


Où se situe le Maca, au Bénin, et quels sont les jours et les horaires selon lesquels on peut le visiter ?


Nous sommes situés à Agamadin, au cœur même du village, à moins de cinq minutes du centre-ville d'Abomey-Calavi. Nous sommes ouverts tous les jours de la semaine de 9h30 à 18h30. Néanmoins, nous pouvons ouvrir au-delà car nous sommes très flexibles et ouverts à la découverte pour les autres. Tant qu'il s'agit de découvrir la culture et l'art, nous sommes disponibles.


Que signifie "Adankpo", le nom que votre père a donné au Musée qu’il a créé, et pour quel message ?


Adankpo est le nom de famille de mon arrière-grand-père et Hounkpè était le prénom d'initié au culte local de mon grand-père. C'est un concours de circonstances qui nous fait porter Hounkpè. Le fondateur a souhaité redonner sa place au nom originel en baptisant le Maca. Même si nous sommes un musée familial ou une résidence-musée, nous souhaitons, au-delà des Adankpo-Hounkpè et des Godonou-Dossou Akplogan, partager ce temple de la culture et des arts avec tout le monde. Les amoureux de la culture, de la littérature, de la bande dessinée, du cinéma, du théâtre y sont chez eux. Nous organiserons pour eux des résidences d'artistes et des événements pour valoriser leurs expressions.


Très récemment, Ayibatin Jonas Hantan, Ministre-conseiller à la Culture, aux arts, au tourisme et aux sports, à la présidence de la République du Bénin, vous a reçu en audience. Vous vous battez déjà bien pour une reconnaissance par le gouvernement béninois de l'importance du Maca ...


J'ai effectivement été reçu en audience au cabinet du Ministre-conseiller, Jonas Hantan. Il s'est montré disponible et à l'écoute de nos projets et des activités du Maca. Il m'a confirmé que le gouvernement béninois, sous l'impulsion du président Patrice Talon, a fait de la culture une priorité. Selon le Ministre-conseiller, le musée doit être encouragé, comme toutes les initiatives privées qui valorisent l'identité du Bénin et de l'Afrique.


De gauche à droite, Ayibatin Jonas Hantan, après l'audience qu'il a accordée à Régis Hounkpè


Il m'a également donné des conseils pertinents et a promis de poursuivre nos échanges. Je le remercie pour la qualité de nos entretiens. Je sais que je peux compter sur son dynamisme pour nous aider à faire du Maca une étape remarquable et incontournable de la culture, des arts et du tourisme au Bénin et en Afrique.


En guise de mot de fin à cette interview, veuillez nous dire si l'on peut lire, à travers cette audience que vous a accordée le Ministre-conseiller Hantan, une stratégie, de votre part, pour intégrer le Maca dans l'un des circuits touristiques porteurs dont le Bénin dispose à l'heure actuelle.


C'est tout l'objectif. En créant ce Musée, mon père nourrit l'ambition de partager et de transmettre la culture au plus grand nombre et, surtout, aux jeunes générations. En plus de faire figurer le Maca comme un site essentiel des circuits touristiques à l’aller et au retour de Ganvié, par exemple, nous entrevoyons de faire du Musée la maison des artistes pour y tenir des vernissages, des expositions, des master class, des spectacles et même des concerts.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

jeudi 6 mars 2025

Quand Charly d’Almeida innova avec “Les souvenirs de ma bouche”

Dans le cadre d'une certaine exposition


“Les souvenirs de ma bouche” est une exposition qui a duré trois mois. Elle s’est tenue à la galerie, ’’Gallery Charly’’, à Cotonou. Une conférence de presse avait permis de découvrir l'événement. Elle a eu lieu le 8 février 2025 au site indiqué. Cet échange avec les journalistes a montré une réalité fondamentale. Il s’agit de la portée faciale d’originalité de la démarche de travail de Charly d’Almeida. Il est un artiste contemporain béninois.


''Paroles profondes'', de Charly d'Almeida, qui avait été présentée à l'exposition, ''Les souvenirs de ma bouche''


Des tôles battues à des formes concaves pour aboutir à des bouches entrouvertes. Le parcours d’une démarche artistique de récupération dont le fonctionnement a été abordé à la conférence de presse de présentation de l’exposition, ’’Les souvenirs de ma bouche’’, qui s’est déroulée le samedi 8 février 2025, à la ’’Gallery Charly’’, au quartier de Zongo, à Cotonou, et qui a été co-animée par l’artiste contemporain béninois, Charly d’Almeida, et le curateur de l’exposition, Steven Coffi Adjaï.


Les formes circulaires représentent à la fois des yeux et des bouches. L’artiste intègre également d’autres métaux à résonance, tels que des gongs, des spirales ou des roulements de moto et de voiture. « Cette forme a été pour lui une révolution. Au-delà des assemblages de matériaux qu’il utilisait dans ses sculptures, il a voulu créer une forme qui lui est propre », précise le curateur.


Charly d’Almeida se souvient que cette forme ronde était déjà présente dans ses premières peintures des années 1990. « Nous avions organisé un atelier à Allada, dans le village du Roi Kpodégbé, avec des artistes plasticiens comme Edwige Aplogan, Dominique Zinkpè et Sokey Edorh du Togo. Mes premières peintures, réalisées dans ce village, étaient esquissées avec beaucoup de ronds. Au départ, ces formes représentaient l’œuf, symbole de la vie. Puis, leur sens s’est métamorphosé lorsque j’ai commencé la sculpture métallique. C’est une métaphore où je suis passé de l’œil à la bouche », raconte-t-il.


La bouche, au centre de l’exposition, ’’Les souvenirs de ma bouche’’, est, donc, l’aboutissement d’une démarche séculaire. Elle s’est affermie sur plus de trois décennies. Aujourd’hui, cette démarche se matérialise par quatre séries d’œuvres qu’a montrées l'exposition “Les souvenirs de ma bouche”. Elles variaient entre des procédés de peinture, de sculpture et d’assemblage de métaux.


La série, “Paroles profondes”, mettait en scène différentes bouches composées de manière très singulière. Certaines sont trouées, d’autres, consistantes, et d’autres, encore, sans ouverture. « Les bouches trouées reflètent les paroles flatteuses, qui ne sont pas destinées à produire un impact sur la communauté. Celles qui sont consistantes, comportant des matières, représentent les paroles qui perdurent dans le temps, influencent et nous construisent. Les bouches sans ouvertures symbolisent les paroles silencieuses, car il n’existe pas que le verbe pour exprimer une parole », explique Steven Coffi Adjaï.


Quant à la série, “Prestesses”, elle succédait à celle des “Paroles profondes”. Elle donne la parole aux femmes de pratique de la religion du vodoun de la société béninoise, évoquant les “Tangninnon” et les “Yalatchè”. « Une prêtresse n’est pas faite pour proférer des paroles négatives. Sa bouche bénit. C’est aussi une invitation à réfléchir au rôle de nos prêtresses », affirme Steven Adjaï. Ces œuvres se caractérisent par des traits féminins visibles : des tresses sur la tête, des gestes et des mouvements dans l’expression artistique.


Dans la série, “Les rêves de Dodji”, l’artiste présentait le personnage de Dodji, un prénom qui signifie “Espoir” ou “Espérance” en langue du mina ou de l’éwé. Elle explore les rêves du personnage, que l’artiste invitait le public à découvrir.


Concernant la série, “Cadences”, elle reflète l’expérience de danseur de Kaléta de Charly d’Almeida. Les peintures, empreintes d’humour et de gestuelles, célébraient ce masque à travers une explosion de couleurs. Pour Steven Coffi Adjaï, ce projet “était aussi une forme de mémoire culturelle, une lutte contre l’amnésie.


Genèse et concept

“Les souvenirs de ma bouche” est le fruit d’un ensemble d’histoires, de réflexions, de choix et de concepts. Son premier jet commence en 2023. « L’histoire de cette exposition remonte à la série “The Love of Word” (L’amour des mots), qui est l’un des premiers jets de ce projet. Une série dont une paire de pièces a participé à l’exposition diptyque, “Art du Bénin d’hier à aujourd’hui, de la restitution à la révélation” », selon Steven Coffi Adjaï. Après cette étape, une pièce intitulée “Mémoire de l’œil” a été conçue en 2023 et présentée lors de l’exposition, “Hommage à la sculpture contemporaine de Cotonou”, à la ’’Septième gallery’’, de Cotonou. En 2024, les réflexions ont évolué vers un concept qui s'inspire de la sagesse orale du Bénin.


Ce concept théorique et narratif de l’exposition repose sur deux proverbes de la langue du fon : « É non yi amlon min ha dlo kou to a ». Ceci signifie « Nul n’accompagne le rêveur dans son sommeil» et « Min dé toun amlon éé minwè dlo dé or éaa », pour « Nul ne sait dans quel sommeil se trouve le rêve ». « Le rêve est un élément très important dans la création. On a l’idée d’une pièce, on la pense. Mais, il faut parfois savoir regarder la matière que l’on veut utiliser et imaginer des formes qui n’ont jamais existé. Ces moments de rêve, dans l’acte de création, ne sont pas uniquement liés au sommeil. On peut faire un rêve éveillé, percevant les formes qui nous intéressent, qui nous habitent », a expliqué Steven Coffi Adjaï.


Les œuvres exposées sont également le reflet de l’amour de l’artiste pour sa mère. Charly d’Almeida confie qu’elle lui a toujours enseigné le poids des mots et la fragilité de la parole. « J’ai voulu parler de la bouche, montrer que la parole est très sacrée. Chez nous, on dit : “A djro nan do ho o, anan lilè dè azon tinwé”, [traduit de la langue du fon], ’’Avant de faire sortir une parole de sa bouche, il faut remuer sept fois la langue’’, parce que cette parole qui unit le monde et les cultures peut aussi engendrer une guerre si elle est mal placée », expliqua-t-il.


Léandre Houan 

mardi 3 décembre 2024

La femme magnifiée à L'espace culturel, ’’Le centre’’

Dans le cadre d’une exposition collective


L'espace culturel, ''Le centre’’, sis commune d’Abomey-Calavi, abrite une exposition collective. Elle a connu son vernissage le jeudi 21 novembre 2024. Ninon Aglingo, Agbégnigan Alihonou et Assion Téko sont les auteurs des œuvres présentées. Elles valorisent la femme.

Ci-contre, Berthold Hinkati, Directeur général du ''Centre'', entouré des artistes exposants, au cours du vernissage - Crédit photo : Page de ''Facebook'' de l'Espace culturel, ''Le centre''

’’La déesse’’. Le titre de l’exposition collective dont le vernissage s’est tenu le jeudi 21 novembre 2024, à l’espace culturel, ’’Le centre’’, au quartier de Lobozounkpa, dans la commune d’Abomey-Calavi, et dont les artistes plasticiens créateurs des œuvres étaient la Béninoise, Ninon Aglingo, et les Togolais, Agbégnigan Alihonou et Assion Téko. La femme était au cœur de leur inspiration, en guise d’hommage à celle-ci. L'événement s'est déroulé en présence de Berthold Hinkati, Directeur général de L'espace culturel, ''Le centre'', de plusieurs invités et du public.


Un aperçu des créations à découvrir

Ninon Aglingo a réalisé des tableaux à l’aide de grains de couleurs faites à l’acrylique. Elles les a agencés par la technique du pointillisme. Ses œuvres alternent entre figuratif et abstrait. Elles font ressortir les différents dons de la femme, les maux de la société qu'elle subit, sa bienveillance, sa résilience et son influence. ’’Révélation’’, ’’Fraternité’’, ’’Désignation’’, ’’Protectrice’’, ’’Gardienne’’ et ’’Maternité’’ sont quelques titres de la série de 8 œuvres que la Béninoise a présentées au public.

Agbégnigan Alihonou, peintre et sculpteur, retrace le quotidien de la femme. Il le fait à travers 7 tableaux et une sculpture en bois massif. ’’Femme africaine’’, ’’Beauté africaine’’, ’’Le cri de l'enfantement’’, ’’La veilleuse’’ et ’’Revendeuse de poisson’’ sont quelques-uns des titres de ses tableaux. Sa technique : les rehauts de feu, encore appelés ’’Zota’’, la gravure de feu sur du bois et le collage. Agbégnigan Alihonou fait explorer les qualités de la femme au sein du foyer. ’’Derrière un grand homme se cache une grande femme’’ est l'œuvre sculpturale faite en bois massif. L'homme y trouve sa place. Il s’agit de l’évocation de la complémentarité dans la vie.

Assion Téko, quant à lui, aborde la même démarche que son compatriote. ’’Femme africaine’’, ’’La combattante’’, ’’La ménagère’’, et ’’Maternité’’ sont quelques-unes de ses sculptures. Elles sont faites en bois massif, aussi. Elles révèlent la femme comme l’incarnation de la vie.

L'exposition, ’’La déesse’’, prend fin le 15 février 2025.

Herman Sonon

dimanche 17 novembre 2024

Eliane Aïsso, le rapport du Béninois à l’invisible

Face à son exposition à l’Institut français de Cotonou


Eliane Aïsso est une artiste contemporaine béninoise. Elle est en exposition à l’Institut français de Cotonou. Le vernissage en a eu lieu le jeudi 7 novembre 2024. La créatrice présente au public, notamment, le processus d’échanges du Béninois avec ses ancêtres.




Aperçu de l'installation, ''Présence de l'absent''


’’Présence de l’absent’’. L’installation qui, parmi un bon nombre d’autres œuvres, a donné du poids à l’exposition, ’’La renaissance du monde’’, d’Eliane Aïsso, artiste contemporaine béninoise, à l’espace, ’’Joseph Kpobly’’, de l’Institut français de Cotonou, pour un vernissage qui s’en est tenu le jeudi 7 novembre 2024, en présence de l’artiste et de nombreux participants dont le directeur de l’institution, Jérôme Binet-Bos.

’’Présence de l’absent’’ appartient à une série de deux autres catégories d’œuvres. Ce sont 9 photographies et 7 tableaux de peinture, toutes dimensions confondues. Elles ont, toutes, contribué à instaurer une atmosphère particulière. Elle était propice à la contemplation et à la réflexion. De telles conditions ont permis de lire ’’Présence de l’absent’’ à travers un rendu captivant. L’œuvre se constitue d’un ensemble d’autels portatifs.


Ils sont propres à la manifestation du culte des morts dans la religion du vodoun. Les matériaux de construction de chaque pièce sont du bois, du tissu et des cauris. Cette association appartient à la réalité des ’’assin’’, ces autels portatifs, en langue béninoise du fon. La production des pièces montre, de l’artiste, plusieurs qualités : minutie, patience, méticulosité. L'artiste a réalisé ces "assin" selon l'adaptation contemporaine qu'il lui a plu de leur donner. 

L’installation indiquée renvoie le Béninois à se réapproprier son patrimoine immatériel. Il lui faut aussi le préserver. L'œuvre a circonscrit, au lieu de sa présentation au public, un espace sacré. Il est lié au dialogue des humains avec leurs disparus. Elle explore les rapports des vivants avec les morts.



Eliane Aïsso, dans ses explications, lors du vernissage


Les photographies et les tableaux d’Eliane Aïsso, dans ’’La renaissance du monde’’, sont d’autres différents thèmes. Ils sont, entre autres, les vivants dans leurs expériences dans l’existence, le genre et la quête de l’équilibre. ’’Les tourtereaux’’, ’’Entre deux mondes’’, ’’Départ’’, ’’Djogbé’’, ’’Wi do ta’’, ’’Olutoju’’, ’’Connaître et renaître’’ sont quelques titres de ces œuvres. Leur point de convergence : l’existence d’un pont entre le monde des vivants et celui des défunts.


Les œuvres photographiques trouvent la femme comme leur sujet essentiel. Eliane Aïsso l’habille d’un voile blanc. Elle lui fait aussi tenir une calebasse. Elle est, donc, source de vie et de fécondité.


Les tableaux, quant à eux, sont abstraits. Ils interrogent l'invisible prenant forme dans le visible. « L'ombre n'est-elle pas l'essence même de la forme ? ». L’artiste s’en est, ainsi, interrogée, au cours du vernissage.


Un orchestre en a garanti l’ambiance conviviale et chaleureuse. Il a, notamment, retracé le parcours élogieux de Tassi Hangbé. Elle est la soeur jumelle d’Akaba, un des rois de la dynastie de l’ex-Danhomè. Elle a pris sa succession, à son décès subit. Elle a initié la puissante armée féminine des Amazones. Elle a été effacée par l’histoire. Eliane Aïsso, à sa façon, la révèle, au cours de l’exposition. Elle s’achève le 19 décembre 2024.

Herman Sonon / Marcel Kpogodo 

lundi 9 septembre 2024

Les Recico 4 s’annoncent avec des partenaires de poids

Dans le cadre d’une conférence de presse


La quatrième édition des Rencontres cinématographiques et Numériques de Cotonou (Recico) auront lieu très prochainement. L’information ressort de la conférence de presse, qui s’est tenue le jeudi 5 septembre 2024. Elle a été animée par Sètondji Dimitri Fadonougbo, Délégué général (Dg) des Recico. Le cadre des échanges avec les professionnels de la presse et des médias fut le siège de l’association, ’’La maison de la Culture’’, sis quartier de Togbin, à Cotonou. En substance, des partenaires importants accompagnent les Recico 2024.


Sètondji Dimitri Fadonougbo, dans ses explications, au cours de la conférence de presse


Du 5 au 12 octobre 2024 avec, en appui, le ministère béninois de la culture, la mairie de Cotonou, l'Organisation internationale des Migrations (Oim) et le royaume du Maroc. La date et quatre partenaires stratégiques des Rencontres cinématographiques et numériques de Cotonou (Recico), ce qu’a fait connaître Sètondji Dimitri Fadonougbo, le Délégué général (Dg) de l’événement panafricain, au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue au siège de l’association, ’’La maison de la culture’’, au quartier de Togbin, à l’ouest de Cotonou, le jeudi 5 septembre 2024.


Les fictions de long métrage en compétition


Pour le conférencier, le premier partenaire des Recico 2024 est le ministère du Tourisme, de la culture et des Arts (Mtca). Grâce à son Agence de Développement des arts et de la Culture (Adac), les 47 films de la sélection officielle du festival seront tous projetés à la Salle bleue du Palais des Congrès, à Cotonou. Ce sont des productions qui ont été retenues sur 117 films ayant participé à l’appel à candidatures, lancé en mars dernier. 21 pays d’Afrique et de la diaspora y avaient participé. Sur les 47 films finalement retenus, 17 émanent de réalisateurs béninois. « C’est une bonne moisson qui montre l’engouement croissant des Béninois pour les Recico », en a commenté Sètondji Dimitri Fadonougbo.


Les documentaires de long métrage en compétition


Selon lui, la Salle bleue du Palais des Congrès abritera aussi la cérémonie de distinction devant révéler le palmarès du festival. L’autre apport du ministère de la culture est l’affectation de sa Salle ''Vip'' à la tenue du colloque sur le thème : « Le cinéma, un outil de lutte contre l’extrémisme violent ». Cette opportunité d’échanges se déroulera avec le soutien technique et financier de l’Oim, a précisé le Dg des Recico.


Les documentaires de court métrage en compétition


Quant à la mairie de Cotonou, la personnalité a mentionné la partition que jouera l’institution décentralisée dans l’édition de 2024 de l’événement. Elle s’est engagée pour la projection, dans chacun des 13 arrondissements de la ville, sur une durée de trois mois, des films lauréats des Recico et des 17 films béninois initialement sélectionnés. Ce sera dans le cadre du projet, ’’Les Recico chez vous’’.


Les films de fiction de court métrage en compétition (1ère partie)


Enfn, le Maroc interviendra dans les Recico d’octobre 2024 en tant que pays, invité d’honneur. A en croire Sètondji Dimitri Fadonougbo, le royaume chérifien se fera représenter par un groupe de cinq réalisateurs. Ils manifesteront leur expertise au cours de l’un ou de l’autre des quatre ateliers de formation. Ils s’effectueront, respectivement, en scénario, en actorat, en direction de la photographie et en prise de son.


Les films de fiction de court métrage en compétition (2ème partie)


Y participeront les 294 postulants émanant de 13 pays africains, ayant répondu à l’appel initial qui avait été lancé à cet effet. Il n’y a aucun doute que les réalisateurs marocains auront aussi leur mot à dire dans la détection, d’une part, des meilleurs films parmi les 47 en compétition. D’autre part, il s’agira de choisir les deux meilleurs scénarios parmi les 21 ayant postulé à l’appel aussi mis en œuvre. Il a permis à 7 pays africains de concourir.


Les films de fiction de court métrage en compétition (3ème partie)

« J’invite les Béninois à participer massivement aux activités des Recico, de façon à amener les autorités à constater que le cinéma peut apporter de la rentabilité ». Tel est l’appel qu’a lancé Sètondji Dimitri Fadonougbo, closant la conférence de presse, après qu'il a répondu aux préoccupations des journalistes.

Marcel Kpogodo-Gangbè

mardi 30 juillet 2024

Des centaines d’acteurs culturels bientôt en travaux

Pour la Conférence nationale des Industries culturelles et créatives (Icc)


La Conférence nationale des Industries culturelles et créatives (Icc) débutera dans quelques jours. Elle servira à réfléchir aux solutions pour la structuration de ces Icc au Bénin. Ce sujet a fait l’objet d’une conférence de presse. C’était le vendredi 25 juillet 2024. Elle s’est tenue au siège de ’’Laha éditions’’, à Cotonou. Elle a été animée par Eric Gbèha, Président du Comité d’Organisation des assises indiquées. Elles réuniront un peu plus d’un demi-millier d’acteurs culturels béninois.


De gauche à droite, Eric Gbèha, et Jacques Lalèyè, modérateur de la conférence de presse


545 acteurs culturels, 20 jours de travaux, pour 36 panels de 3 heures, chacun. Les statistiques globales de la tenue de la Conférence nationale des Industries culturelles et créatives (Icc) du Bénin, ce qui a fait l’objet de la conférence de presse, qu’a tenue, au siège de ’’Laha éditions’’, situé au quartier de Kouhounou, à Cotonou, Eric Gbèha, Président du Comité d’Organisation de l’événement.

L’intervenant a annoncé qu’il se déroulera du 1er au 20 août 2024. Ce sera en ligne sur le site web de ’’Kultu Tv’’, https://kultutv.bj. La diffusion s’étendra à la plateforme et à l’application, ’’Kultu Tv’’. Les panels indiqués des échanges se tiendront quotidiennement. Chacun d’eux comprend quatre experts représentant une catégorie spécifique. Il s’agit d’un créateur, d’un investisseur, d’un marketeur et d’un diffuseur.

Eric Gbèha a précisé deux missions assignées à cette Conférence nationale. Il a parlé, d’abord, de « célébrer les industries culturelles et créatives ». Ensuite, il faut « amorcer une quête de solutions aux problèmes qui les minent ». Il s’est aussi prononcé sur les acteurs invités pour animer les assises. « Nous avons fédéré progressivement 545 acteurs de tous les secteurs », dit-il. Puis, il en a détaillé la répartition à travers des compartiments. Ce sont « l'audiovisuel, les arts de la scène, l'architecture, les festivals, le design et les arts plastiques ». Le conférencier en a fait un commentaire. « Ils forment, aujourd'hui, un véritable lobby déterminé à faire des Icc un levier de développement au Bénin ». Par ailleurs, selon Eric Gbèha, l’expert produira le diagnostic de son sous-secteur. Il proposera, alors, des approches de solutions pour son développement.


Affiche officielle de la Conférence nationale des Icc


Le Président du Comité d’Organisation annonce une démarche pragmatique et suivie. Il a insisté sur une finalité qui lui tient à cœur. Pour lui, « il faut des actions pour que les créateurs puissent vivre décemment de leurs œuvres ». Les avantages d’une telle approche doivent s’élargir aux structures dirigeantes. L’Etat devra, selon lui, « tirer des avantages économiques grâce à une industrie structurée ». Pour atteindre les résultats annoncés, il promet deux choses. Premièrement, son système s'impose de « suivre les recommandations avec rigueur ». Deuxièmement, il s’agit de « les appliquer, de manière concertée, entre l’Etat, le secteur privé et les institutions ». Ces actions se mèneront sur la base de deux documents fondamentaux. Le conférencier en a évoqué un Rapport général et un Rapport diagnostic appuyé des solutions afférentes. Une maison des Icc sera aussi mise en place.



’’Kultu Tv’’, une partition additive


De son côté, le média, ’’Kultu Tv’’, entend accompagner cette dynamique. Indépendamment des résultats de la Conférence, il créera la plateforme numérique, www.kultubook.com. Elle sera un espace d’identification et de promotion des acteurs sur le marché des arts et de la culture.


Léandre Houan / Marcel Kpogodo

jeudi 25 juillet 2024

’’Autopsie d’un misanthrope’’ pour mobiliser des fonds

Dans le cadre de la Biennale de Dakar 2024 


’’Autopsie d’un misanthrope’’ a connu son vernissage le vendredi 12 juillet 2024. C’était au restaurant-galerie, ’’La gallery’’, à Cotonou. Cette exposition collective a été initiée par ’’Sac o dos’’. Il s’agit d’un groupe d’artistes contemporains. Ils doivent prendre part à la Biennale de Dakar 2024. Il leur faut des ressources financières pour assurer leurs différentes charges ...

     

Ci-contre, à gauche, Achille  Adonon, au vernissage d' ''Autopsie d'un misanthrope''  


Organiser une résidence de création et participer à la Biennale de Dakar en ''Off''. Les deux objectifs pour lesquels les artistes du groupe, ’’Sac o dos’’, ont tenu ’’Autopsie d’un misanthrope’’, une exposition dont le vernissage a eu lieu le vendredi 12 juillet 2024 à ’’La gallery’’, un restaurant-galerie de la ville de Cotonou.

Eric Médéda est l’un des membres de ’’Sac o dos’’. Il voit plus loin que la volonté de ses collègues et de lui. Elle est celle de vendre des oeuvres pour financer leurs activités à Dakar. Il entrevoit, à travers la Biennale de Dakar 2024, la vie du contact. « L’objectif du projet est d'aller à la rencontre du monde ». Il lance et justifie sa position. « La Biennale de Dakar est un carrefour où le monde se réunit ». Il s’agit, pour lui, de « discuter de sujets et de pratiques artistiques ». Il faut aussi expérimenter les conditions d’un cadre original de création. D’abord, cela « permet une remise en question personnelle ». Ensuite, cela fait « participer à un atelier de formation artistique », finit-il.


’’Sac o dos’’, un trio d’artistes contemporains créatifs et prolifiques

Les trois artistes de ’’Sac o dos’’  font perveoir une introspection collective. Eric Médéda utilise une technique mixte. Elle associe acrylique et pigments naturels. Il explore les profondeurs de l'homme à travers ses œuvres épurées. Elles défient les conventions et interrogent les normes sociétales. Ses séries à découvrir : ’’Corps mouvement’’, ’’Résiliences’’ et ’’Mes héritiers’’.

Achille Adonon est meilleur sculpteur à la Biennale de Dakar, en 2022. Il enrichit l'exposition par des œuvres capturant l'immatérialité de l'humain. Il présente deux séries : ’’Amour’’ et ’’Empreintes’’. Il s’en confie. « Quand je parle d’amour », c’est « de l'amour qui vient du cœur ». Puis, il se justifie. « Si l'on ne s'aime pas, on ne peut aimer autrui ». Enfin, il établit le rapport entre sa vision et ses séries. « À travers la première série, je m'interroge : pourquoi l’homme n’aime-t-il pas les autres ? ». Avec la seconde, le thème en est tout autre. La série, ’’Empreintes’’, aborde l'héritage. Il est question de celui que laissent les ancêtres à leurs descendants. Il prend toutes les formes de contenu. 

Eliane Aïsso manifeste un éventail de réalités. Elles sont liées à la vie et à la mort. L’artiste aborde aussi la quête de l'équilibre de l'être. Elle cherche, en outre, à atteindre le point de rencontre des cultures. Elle présente les œuvres, ’’Imonlè’’, et la série, ’’Identité’’. Sa technique de travail est mixte.

’’Autopsie d’un misanthrope’’ s’achève le 30 juillet 2024. Les amateurs d’art contemporain, les collectionneurs et les mécènes y sont attendus. Leurs acquisitions d’œuvres sont leur manière de promouvoir l’art contemporain béninois. Les artistes de ’’Sac o dos’’ en participeront à la Biennale de Dakar 2024. Ce sera en novembre-décembre. 

Léandre Houan / Marcel Kpogodo

samedi 25 mai 2024

« De nos jours, la bonne musique [...] est mal vue », affirme Nana Yao

Dans le cadre d'une interview accordée à "Stars du Bénin"


Nana Yao est un artiste musicien et un technicien du secteur cinématographique. Il a suscité, le 7 mai 2024, une grande curiosité. Jah Baba, fondateur et directeur de l' "Africa sound city", en était à l'origine. Il avait publié de lui, sur les réseaux sociaux, un extrait de prestation scénique. Elle concernait le morceau, "Minmasi". Notre rédaction, frappée par la force suggestive de sa voix, l'a rencontré. Nana Yao nous en dit beaucoup, sur cette voix, sur son parcours ... L'essentiel, sur ses besoins, pour son épanouissement, dans le Bénin musical ...


Nana Yao, ''Africa sound city'' - Crédit photo : Jah Baba


Stars du Bénin : Bonjour, Nana Yao. Tu es un artiste musicien de nationalité béninoise. A l'état-civil, tu t'appelles Yaovi Gratien Tossou. 

A la faveur d'une courte vidéo d'une minute sept secondes, qu'a publiée, sur divers réseaux sociaux, le 7 mai 2024, Jah Baba, fondateur et directeur de l'espace culturel, "Africa sound city", du quartier de Kindonou, à Cotonou, au Bénin, les mélomanes te découvraient exécutant l'extrait de la chanson, "Minmasi", en langue béninoise du pédah, dans un rythme d' "afro-blues" captivant, langoureux, comme plaintif, et empreint d'un ressort de jazz digne d'une haute performance musicale. 

Peux-tu nous parler de cette chanson, "Minmasi", par rapport au message que tu y développes ?


Nana Yao : Cette chanson, ’’Minmasi’’, qui signifie ’’Manque de respect’’, je l'ai pensée et écrite, de façon émotive, dans un premier temps, pour honorer une langue béninoise, le ’’pédah’’, dans laquelle j’ai passé une bonne partie de ma vie. Elle n’est pas ma langue maternelle mais celle adoptive au milieu de laquelle j’ai grandi. Elle est celle que parlait et que m’a transmis mon père adoptif, la mari de ma mère. Il est de l’ethnie du même nom, le ’’pédah’’, et est originaire d'Akodéha, dans le département du Mono.

Dans un second temps, la chanson ’’Minmasi’’ me sert à me faire plaisir et à témoigner ma reconnaissance à mes parents-tuteurs, c’est-à-dire ma mère et mon père adoptif, son mari.

Concernant la chanson, elle parle, en fait, du manque de respect des enfants, de nos jours ; ils n'ont pas la culture de la crainte de leurs aîné(e)s, en recopiant l’Occident, ce qui est de la faute des parents que nous sommes, aujourd'hui.


D'où te vient cette voix fine, mélodieuse et expressive d'une certaine mélancolie ?


Ma voix est le résultat de toute une vie de travail musical, empreinte d'exercices dans ce sens. Il s'agit des exercices vocaux que je fais. Malgré cela, je ne manque pas les séances de coaching vocal quand j'en ai l’occasion. Il faut aussi noter que j'ai la grâce de Dieu, en matière de voix, mais cela ne m'empêche pas d'y travailler.


En tant que musicien originaire du Bénin, vivant et travaillant dans ce pays, quel genre d'artiste es-tu : joues-tu d'instruments de musique ou chantes-tu uniquement ? As-tu un rythme particulier que tu pratiques ? Combien d'albums as-tu à ton actif ? Pourquoi le pseudonyme, "Nana Yao" ? Quelle en est la signification ? 


Je suis un artiste du genre classique qui travaille beaucoup sur les mélodies et sur les textes afin de marquer positivement mes auditeurs. Je suis un touche-à-tout mais, de façon prioritaire, je m'accroche beaucoup plus à ma voix même si elle ne me convainc pas encore moi-même, d'où le travail continue.

Concernant un rythme particulier, j’en pratique un qui n'a véritablement pas de nom. A part la musique de recherches que je produis, je suis beaucoup plus dans les styles ’’afro’’ comme le jazz, le blues, le beats, entre autres. Je m'entretiens aussi par les rythmes du Bénin et à travers ceux du Nigéria, du Ghana et même des Etats-Unis. Nous avons, par exemple, l’ ’’agbadja’’, le ’’zinli’’, le ’’gbété’’, le ’’tèkè’’, le ’’juju’’ et l’ ’’élézo’’. 

En matière d’album, j’en ai sorti un seul, en 2013, grâce aux économies que j’ai réalisées en travaillant dans le cinéma . Il porte 10 titres et est intitulé ’’Déka’’, ce qui veut dire, tout simplement, ’’Un’’. Il n'y a pas eu un autre album parce qu’aujourd'hui, je ne suis plus en mesure d’en produire un, comme ce fut le cas du premier. Depuis quelques années, le cinéma est mort au Bénin ; le marché est gâté. En réalité, il n'y a plus de productions. 

Au niveau de ma carrière musicale, je manque d’un producteur, d’un promoteur, d’un manager et d’un communicateur. Je n’ai plus les moyens financiers pour assurer ces domaines. 

Dans mon nom d’artiste, ’’Nana’’ signifie le roi, le prince, dans la culture ghanéenne d'où est originaire ma chère mère. ’’Yao’’ est la réduction de mon prénom authentiquement béninois, ’’Yaovi’’, qui veut dire “Né le jeudi’’, dans la langue du ’’guin", c'est-à-dire le "mina’’. Donc, ’’Nana Yao’’ veut dire le ’’Prince Yao’’.


Es-tu uniquement artiste musicien ou pratiques-tu un autre métier, parallèlement, pour faire face à tes charges ?


J’interviens aussi dans le cinéma, en tant que réalisateur, cadreur, monteur vidéo et infographe. Je suis promoteur d'une entreprise.


Quel est ton parcours ? Comment es-tu devenu un artiste musicien ? Comment as-tu évolué, de tes débuts jusqu'à aujourd'hui ?


Plongé dans la musique, dès mon jeune âge, à la faveur des spectacles de masque, communément appelés ’’Kaléta’’, que  j'organisais, j'ai pris goût à la musique dont je tâtais déjà le pouls avant d'entrer au secondaire où j'ai intégré des groupes de chorégraphie et où j’ai participé à plusieurs concours inter-collèges. 

J'ai remporté plusieurs victoires et raflé des trophées, en danse et en interprétation, dans les rythmes, hip-hop, r’n’b et rumba. Du groupe de danse, "Well bred boys", j'ai fait le groupe de r’n’b, ’’Aïvo’’, et, ensuite, le groupe de rap, ’’Christ brothers’’, ce qui s'est sanctionné par la sortie d'un album, en septembre 2000. 

Tel un fouineur, mon désir d’apprendre, d’expérimenter des choses nouvelles et intéressantes m'a amené, dans la même année, à opter pour une formation en technique de son, en réalisation de cinéma, en montage et en infographie. 

J'ai commencé, de façon professionnelle, dans les années 1990 quand je faisais cet apprentissage en techniques de son, dans un studio. Six ans après cette formation,  je suis devenu un professionnel et ai signé plus de 45 films post-produits et, quelques-uns, réalisés. 

J’en ai acquis une certaine réputation dans la sous-région. Alors, pour l’amour du cinéma, j'ai parcouru plusieurs pays d'Afrique dont le Burkina Faso, le Ghana et le Togo. 

Ma rémunération, issue du cinéma, est la seule ressource des revenus qui m'ont permis de financer ma musique. Mon album de 10 titres, accepté par le public, a été enregistré, en live, par les meilleurs musiciens du Bénin, dans le prestigieux studio de John Arcadius. Avec 6 vidéo-clips et plusieurs spectacles, à mon actif, je ne compte pas baisser les bras. 

Je passe le clair de mon temps à faire des exercices de voix et à me produire régulièrement en live aux côtés de plusieurs artistes de renommée internationale et de professionnels de la musique.

Pour l'heure, je me consacre entièrement à la musique. Je pourrai revenir au 7ème art à tout moment, étant donné qu'entre la musique et le cinéma, il n'y a qu'un pas.


La musique béninoise et son état actuel ... Qu'en penses-tu ?


La musique béninoise, elle-même, dans son originalité, se porte à merveille mais elle souffre de sa promotion. De nos jours, la bonne musique, dans le style acoustique et professionnel, est mal vue par les promoteurs qui ne font que faire valoir les musiques urbaines et l'amateurisme. Si cela continue ainsi, le Bénin n'aura plus d'ambassadeurs culturels fiers du pays.


As-tu un album en vue ? Quels sont tes autres projets ?


Oui, j'ai un album, en préparation, qui portera, d'ailleurs, le titre, "Minmasi", et aura plusieurs autres chansons. Il paraîtra l’année prochaine si tout va bien.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

dimanche 21 avril 2024

‘’La bâtisse !?’’, une exposition à l'ordre du jour

Suite aux explications de la ’’Gallery Charly’’


’’La bâtisse !?’’ est une exposition qui a cours depuis décembre 2023. Elle a été initiée par l’artiste contemporain béninois, Charly d’Almeida. Elle a fait l’objet d’une présentation à la ’’Gallery Charly’’. L’événement s’est produit le vendredi 5 avril 2024. C’était à la galerie indiquée, du quartier de Zongo, à Cotonou. Steven Coffi Adjaï, le curateur de l’exposition, dirigeait l’explication aux journalistes. C’était en présence de l’artiste, pour une exposition fermée depuis le 8 avril. Cependant, elle se poursuit en privé.


De gauche à droite, Steven Coffi Adjaï et Charly d'Almeida, au cours des échanges avec l'auditoire ...


Une réelle combinaison d’oeuvres créées à des moments différents. La substance de ’’La bâtisse !?’’, telle qu’ont présenté l’exposition ainsi dénommée, Steven Coffi Adjaï, qui en est le curateur, et Charly d’Ameida, le créaleur des oeuvres concernées, à la séance d’échanges avec des journalistes et des artistes, qui s’est déroulée le vendredi 5 avril 2024, à la ’’Gallery Charly’’, la galerie d'art contemporain, sis quartier de Zongo, à Cotonou.


« L'exposition interroge le temps, un concept central dans l’œuvre de ce plasticien contemporain béninois », selon Steven Coffi Adjaï. Il a poursuivi : « Dans “La bâtisse !?” de Charly d’Almeida, nous avons pensé, théorisé le processus créatif comme une chose incomplète, un territoire en perpétuelle expansion, et une abîme qui épie le quotidien ».


Pour Charly d'Almeida, les œuvres exposées racontent son histoire. Elles décrivent son évolution, lui qui est passé de la peinture traditionnelle à des assemblages de métaux. « Je recherchais une sensation que la peinture n’arrivait pas à me donner, une sensation liée au toucher », a-t-il commencé. Il a achevé son propos : « Je voulais créer du volume en dehors des deux cadres d’un tableau ». Charly d'Almeida a atteint cette sensation tactile en manipulant les métaux, depuis lors. Il a continué à expliquer : « Quand je termine la création d'une œuvre et que je la revois plus tard, je me demande si cette pièce est achevée. Et là, j'arrive à avoir cette sensation que je recherchais ».



Concernant le narratif ...


De son côté, Steven Coffi Adjaï a fait comprendre le narratif. Il est spécifique à l'exposition, ’’La bâtisse !?”. Elle se compose de deux parties. Elles célèbrent le processus de création.


La série murale, "Les Piliers", ouvre la première. Les œuvres qui s’y trouvent ont été réalisées par l'assemblage de métaux. Elle exprime l'idée de fondation de toute construction, à en croire le curateur. A sa suite est visible la série intitulée “Les constructions”. « Elles sont issues de deux différentes pièces produites dans différentes temporalités » a informé Adjaï. « On ne commence pas une construction en pensant que ce que l'on fait sera inachevé ! », a-t-il fini.


La symphonie liant ces œuvres illustre bien le rôle que joue le temps dans la démarche de création. « Les écritures » est une série apparaissant en troisième position. Elle dévoile la plupart des matériaux qu'utilise Charly d'Almeida dans ses créations : freins d'engins, spirales, plaques métalliques, aux couleurs variées. Cette série symbolise le plan, le facteur essentiel de tout processus créatif. Elle invite le créateur à se remettre en cause, à auto-évaluer son travail afin d'avancer. La série, “Les constructions n°2”, aborde la regénération après la remise en cause. D'autres œuvres, regroupées sous ’’Les fragments’’, peuvent être découvertes à la “Gallery Charly”.



Pour une seconde partie ...


La seconde partie de ’’La bâtisse !?’’ s’annonce avec l'une des œuvres de la série, “Les piliers”. Elle rappelle les anciennes peintures de Charly d'Almeida, qu’il a revisitées et actualisées. « Vous retrouverez, dans ces tableaux, des thématiques comme la paix, les histoires, le voyage », affirme Steven Coffi Adjaï. Cette seconde scène de l'exposition s'achève avec la pièce maîtresse, “L'ancêtre”, réalisée, également, par l’assemblage de métaux. La parole s’y révèle par des ouvertures en métal, astucieusement agencées, des bouches, selon le curateur. Elles laissent des empreintes, au cours du temps. Elles traduisent le processus parolier par lequel on acquiert le statut de l'ancêtre. Charly d’Almeida inscrit ce cheminement dans le temps.


Concernant, en particulier, le temps de l'exercice de son métier par l’artiste, au bout de 36 ans de carrière, il ne prendra pas une retraite. Il promet, d’ailleurs, une nouvelle inspiration à travers une réflexion à venir. Elle interrogera les restes du temps. En attendant, les œuvres de l'exposition, "La bâtisse !?", restent ouvertes à la visite pour les collectionneurs et pour les amoureux des œuvres d'art, à la “Gallery Charly”.

Léandre Houan / Marcel Kpogodo