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dimanche 26 octobre 2025

Sébastien Boko, l’art du comptage en exploration

Dans le cadre de son exposition, ’’Nù xì xà’’


Sébastien Boko est un artiste sculpteur béninois. Il vient d’innover par sa nouvelle exposition. Celle-ci a connu son vernissage le mercredi 1er octobre 2025. L’événement s’est produit à l’Institut français de Cotonou. ’’Nù xì xà’’ est un processus de découverte du comptage. Il concerne l’ethnie des ‘’’fon’’, au Bénin.


Sébastien Boko, au cours du vernissage de ''Nù xì xà''

« Trois pieds », « Trois pieds, un œil » et « Une corde ». En français, la traduction, respectivement, de quinze, de seize et de quarante, de la langue de l’ethnie du ’’fon’’ du Bénin, tel que l’a indiqué l’artiste sculpteur béninois, Sébastien Boko, lors du vernissage de sa nouvelle exposition, ’’Nù xì xà’’, qui a eu lieu à la galerie, ’’Joseph Kpobly’’, de l’Institut français de Cotonou, au Bénin.

Sébastien Boko a exprimé la beauté et la richesse poétique du ’’fongbé’’. En fon, la langue plus parlée au Bénin, ’’Comptage’’ est ’’Nù xì xà’’. L’exposition mêle des œuvres de sculpture et de peinture. Elle montre une scénographie pensée comme un ensemble cohérent. Elle renferme un profond symbolisme.



Avant d’entrer ...


’’Nù xì xà’’ s’ouvre par un support flottant en tissu sculpté. Il accueille les visiteurs. Pour Jérôme Binet-Bos, Directeur délégué de l'Institut français, ce dispositif traduit une volonté d’innovation, qui donne satisfaction. « Nous souhaitons proposer de nouvelles formes d’exposition où le jeune public échange et participe à des ateliers avec l’artiste », expliqua-t-il.

Selon Sébastien Boko, cette entrée a été volontairement conçue à hauteur réduite. « Elle mesure un mètre quarante, obligeant le visiteur à s’incliner avant d’entrer », a-t-il confié. Sur le tissu noir, on distingue des symboles du comptage en ''fongbé''. Ce sont des traits et des circuits numériques. Ce choix rend hommage aux constructeurs de ce patrimoine. Ce sont ceux du Bénin et d’ailleurs. « Tous ceux qui ont pensé cet ordre mathématique méritent respect », affirme l’artiste. Cette œuvre instaure un temple à la poésie des ancêtres, le comptage. On n’y entre pas debout, comme chez soi. Il faut s’incliner et accorder un minimum de respect au passé avant d’avancer ».



Nous y sommes ...


À l’intérieur, un rideau noir sépare la salle en deux espaces. Dans la première partie, l’œuvre, ’’Collier’’, accueille le visiteur. Sa disposition invite à une approche lente et méditative. « L’histoire des cauris, qu’on ficelait par quarante, inspire cette œuvre », raconte Sébastien Boko. Il précise que cette représentation est hautement symbolique. « Comme les pieds et les yeux, les colliers sont des symboles forts du comptage, des trésors de mémoire », finit-il.

Les visiteurs découvrent, dans le second espace, une série de tableaux et de sculptures. S’imposent les nombres 20, 21 et 22. L’artiste illustre aussi le chiffre 1960, année symbolique. Il en fait de même pour une toile centrale peinte à l’acrylique. Elle est intitulée “Kàn dé afoton nunkun aton”. En français, cette expression signifie ’’Une corde, trois pieds, trois yeux’’. Il s’agit du chiffre, 63. L’œuvre restitue la logique poétique du comptage du fon.

Enfin, la série, ’’Les 40 compteurs’’, présente une série de trois sculptures en bois. Elles sont inspirées du masque du ’’guèlèdè’’, patrimoine culturel du Bénin. Chaque pièce porte, en son sommet, la représentation d'un nombre. Ce sont, respectivement, 20, 34 et 40. La combinaison des éléments exprime la manière dont les nombres se racontent à travers le corps, la corde et la terre. A en croire Sébastien Boko, l'exposition touche les cinq sens du visiteur. « Ma voix accompagne l’exposition. Elle sollicite les sens – la parole, la vue, l’écoute, l’ouïe », a précisé l’artiste.



Un objectif


Sébastien Boko invite à une prise de conscience. Il veut amener à prêter attention aux détails précieux du patrimoine linguistique. Sans cette attention, le peuple détenteur risque de tout perdre. « On croit souvent que parler un bon français est la clé du bonheur, mais ce n’est pas le cas », a-t-il analysé. Puis, il a exhorté : « Il faut revenir à nous-mêmes ».

Reconnu à l’international, Sébastien Boko estime que le Bénin vit une période féconde. « Nous traversons une effervescence, une véritable révolution culturelle. Chaque acteur doit jouer un rôle concret dans sa créativité ». Avec ’Nù xì xà’’, l’artiste contribue à cette dynamique. Ses œuvres sont à la fois esthétiques, symboliques et profondément enracinées dans la mémoire. L’exposition se clôt le 31 octobre 2025.

Léandre Houan / Marcel Kpogodo

dimanche 17 novembre 2024

Eliane Aïsso, le rapport du Béninois à l’invisible

Face à son exposition à l’Institut français de Cotonou


Eliane Aïsso est une artiste contemporaine béninoise. Elle est en exposition à l’Institut français de Cotonou. Le vernissage en a eu lieu le jeudi 7 novembre 2024. La créatrice présente au public, notamment, le processus d’échanges du Béninois avec ses ancêtres.




Aperçu de l'installation, ''Présence de l'absent''


’’Présence de l’absent’’. L’installation qui, parmi un bon nombre d’autres œuvres, a donné du poids à l’exposition, ’’La renaissance du monde’’, d’Eliane Aïsso, artiste contemporaine béninoise, à l’espace, ’’Joseph Kpobly’’, de l’Institut français de Cotonou, pour un vernissage qui s’en est tenu le jeudi 7 novembre 2024, en présence de l’artiste et de nombreux participants dont le directeur de l’institution, Jérôme Binet-Bos.

’’Présence de l’absent’’ appartient à une série de deux autres catégories d’œuvres. Ce sont 9 photographies et 7 tableaux de peinture, toutes dimensions confondues. Elles ont, toutes, contribué à instaurer une atmosphère particulière. Elle était propice à la contemplation et à la réflexion. De telles conditions ont permis de lire ’’Présence de l’absent’’ à travers un rendu captivant. L’œuvre se constitue d’un ensemble d’autels portatifs.


Ils sont propres à la manifestation du culte des morts dans la religion du vodoun. Les matériaux de construction de chaque pièce sont du bois, du tissu et des cauris. Cette association appartient à la réalité des ’’assin’’, ces autels portatifs, en langue béninoise du fon. La production des pièces montre, de l’artiste, plusieurs qualités : minutie, patience, méticulosité. L'artiste a réalisé ces "assin" selon l'adaptation contemporaine qu'il lui a plu de leur donner. 

L’installation indiquée renvoie le Béninois à se réapproprier son patrimoine immatériel. Il lui faut aussi le préserver. L'œuvre a circonscrit, au lieu de sa présentation au public, un espace sacré. Il est lié au dialogue des humains avec leurs disparus. Elle explore les rapports des vivants avec les morts.



Eliane Aïsso, dans ses explications, lors du vernissage


Les photographies et les tableaux d’Eliane Aïsso, dans ’’La renaissance du monde’’, sont d’autres différents thèmes. Ils sont, entre autres, les vivants dans leurs expériences dans l’existence, le genre et la quête de l’équilibre. ’’Les tourtereaux’’, ’’Entre deux mondes’’, ’’Départ’’, ’’Djogbé’’, ’’Wi do ta’’, ’’Olutoju’’, ’’Connaître et renaître’’ sont quelques titres de ces œuvres. Leur point de convergence : l’existence d’un pont entre le monde des vivants et celui des défunts.


Les œuvres photographiques trouvent la femme comme leur sujet essentiel. Eliane Aïsso l’habille d’un voile blanc. Elle lui fait aussi tenir une calebasse. Elle est, donc, source de vie et de fécondité.


Les tableaux, quant à eux, sont abstraits. Ils interrogent l'invisible prenant forme dans le visible. « L'ombre n'est-elle pas l'essence même de la forme ? ». L’artiste s’en est, ainsi, interrogée, au cours du vernissage.


Un orchestre en a garanti l’ambiance conviviale et chaleureuse. Il a, notamment, retracé le parcours élogieux de Tassi Hangbé. Elle est la soeur jumelle d’Akaba, un des rois de la dynastie de l’ex-Danhomè. Elle a pris sa succession, à son décès subit. Elle a initié la puissante armée féminine des Amazones. Elle a été effacée par l’histoire. Eliane Aïsso, à sa façon, la révèle, au cours de l’exposition. Elle s’achève le 19 décembre 2024.

Herman Sonon / Marcel Kpogodo