vendredi 22 juin 2018

Christel Gbaguidi, la vision de loisirs infantiles authentiquement endogènes

Dans le cadre de l’expérimentation des « jeux d’enfance »

’’Les jeux d’enfance’’ sont un concept que développe, depuis plusieurs semaines, le promoteur culturel Christel Gbaguidi, ce dont il a donné à sentir la force, la consistance et l’abondance au ’’Centre’’ de Lobozounkpa, à Godomey, dans la Commune d’Abomey-Calavi, le samedi 7 avril 2018, en compagnie, notamment, de plusieurs dizaines d’enfants.

A gauche, ci-contre, Christel Gbaguidi, en superviseur du déroulement de l'un des jeux, de même que Serge Zossou, dans le cercle
La cour intérieure d’un espace culturel, prise d’assaut par des dizaines d’enfants exécutant divers jeux de leur âge mais que leur époque ne connaît plus trop. L’atmosphère qu’il fallait vivre dans l’après-midi du samedi 7 avril 2018 au niveau du ’’Centre’’, ce complexe culturel dirigé par l’artiste peintre Dominique Zinkpè et situé à Lobouzounkpa, dans l’Arrondissement de Godomey, inclus dans la Commune d’Abomey-Calavi.
Particulièrement, quatre jeux étaient simultanément en exécution par des enfants différemment répartis, apparemment conquis, passionnés et embarqués à ne plus pouvoir s’en défaire : l’arc-en-ciel, le chou, la course en sac de jute et le ’’ko ko ko ko ma do azin kpo dé’’. Serge Zossou, homme de théâtre, était l'un des co-superviseurs de la manifestation.

Le ’’ko ko ko ko ma do azin kpo dé’', en déroulement
Concernant le tout premier, il s’agissait d’évoluer linéairement d’un point de départ à un autre, d’arrivée, dans des cadres tracés à même le sol, en s’aidant d’un miroir. Pour le deuxième, il fallait sauter sur le sol d’un carré à l’autre, dans un système de trois carrés verticaux rompus par deux autres à l’horizontale, puis par un, à la verticale et, enfin, par deux autres de nouveau à l’horizontale avant de s’arrêter dans un demi-cercle terminal ; le joueur fait précéder son arrivée d’un carré à l’autre par le jet d’un morceau de caillou. Troisièmement, il était question de courir le plus vite possible, dans un sac de jute, pour être le premier à franchir la ligne d’arrivée. Enfin, le dernier jeu exécuté consistait pour celui qui le débutait à jouer avec un objet, fondement de poursuites au bout desquelles il ne devait se faire rattraper.

Des enfants se livrant à la course en sac de jute
En réalité, simple était le cheminement à suivre pour mener l’un ou l’autre de ces jeux. D’abord, devant les enfants adhérents, il fallait consulter le livret concernant les éléments d’amusement en question. Ensuite, il s’agissait de retrouver le règlement de celui qui allait s’exécuter et le partager avec ceux qui s’y étaient inscrits. Enfin, dernière étape : la phase opérationnelle où le jeu serait effectué.
Selon Christel Gbaguidi, Président de l’Association ’’Arts vagabonds rezo Afrik Bénin’’ et concepteur de ce processus de remise en selle, chez les enfants béninois, de ces jeux purement locaux en voie de disparition, c’est un total d’une douzaine d’entre eux, de ce genre, qu’il a répertoriés mais parmi lesquels il n’a choisi que les quatre précédemment évoqués pour être effectués, étant donné qu’il se trouvait à des étapes d’expérimentation et de rodage de l’exercice. Un exercice devant consister à ressusciter ces jeux et à en encourager, à en généraliser la pratique chez les enfants d’aujourd’hui, en remplacement de ceux liés aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, et qui ne développent pas autant les capacités physiques, mnémotechniques, psychologiques, entre autres. Toujours à en croire Christel Gbaguidi, la télévision, les jeux vidéos et les réseaux sociaux distraient, égaient les enfants d’aujourd’hui, mais il n’y trouve aucune plus-value morale, d’où la nécessité pour les Africains, en général, et les Béninois, en particulier, de revenir aux fondamentaux de distraction sociale de leur culture intrinsèque, ce qui a conduit à l’actualisation qu’il a réalisée des jeux d’enfance au Bénin. 
L'ouvrage ''Mes jeux d'enfance au Bénin''
Une initiative qui a débouché sur la publication par ses soins d’un ouvrage intitulé ’’Mes jeux d’enfance au Bénin’’. Un livret indicatif que les lecteurs intéressés pourront se procurer à 1500 F Cfa.   

Marcel Kpogodo

samedi 16 juin 2018

Daavo, l’inlassable travail face à la quête de l’insaisissable


Dans le cadre de sa nouvelle exposition

’’Come see’’ est l’exposition présentée par l’artiste contemporain Gaël Daavo, qui se tient jusqu’en juillet 2018, et dont le vernissage a eu lieu au Restaurant ’’Le lambi’s’’ de la Haie-vive, à Cadjèhoun, à Cotonou. Les pièces qu’il a présentées démontrent l’âme d’un jeune créateur qui ne se satisfera de son travail qu’après avoir conquis l’impossible : la démarche artistique qui le mettra face à la vérité profonde de soi.

Daavo, s'expliquant au cours du vernissage
’’Caméléons’’. Le nom de la série des toiles à visages, que le jeune artiste plasticien béninois Gaël Daavo, alias Daavo, a porté à la connaissance du public qui a fait le déplacement du Restaurant ’’Le lambi’s’’, sis quartier Cadjèhoun de Cotonou, au début de la soirée du vendredi 18 mai 2018, à l’initiative de la structure culturelle ’’Cotonou creative’’ ayant mis en œuvre l’exposition ’’Come see’’.
Aperçu des oeuvres ...
Pour l’artiste, cette présentation doit être comprise comme l’aboutissement du travail qu’il avait initié, qu’il avait commencé à travers une précédente exposition qu’il avait tenue à la Galerie ’’Guèlèdè’’, le 6 avril dernier. Et, avant cette date, Daavo avait exposé des sculptures assez magistrales au ’’Centre’’ de Lobozounkpa à Godomey. En réalité, à la Galerie ’’Guèlèdè’’, précisément, dans une dénonciation de l’hypocrisie humaine se manifestant par l’offre au dehors d’une figure qui reflète peu le ressenti intérieur, une stigmatisation qui s’affirmait féroce par l’épaisseur, la profusion et la variété des touches de couleurs des tableaux, Daavo avait effectivement planté le décor du rejet carrément violent d’un phénomène, l’hypocrisie, l’alternative pour des relations communautaires fondées sur l’engagement pour la satisfaction de l’intérêt individuel.

... exposées
Au ’’Lambi’s’’, le peintre, de ses yeux intenses de l’éclat d’une révolte à peine contenue sur les frasques morales de l’homme, de son verbe incisif, de ses yeux cerclés de lunettes dénuées de verres, ces lunettes atypiques, la preuve d’un anticonformisme producteur de l’interrogation dont la réponse révélerait son sentiment de saturation de l’usage par l’homme de l’hypocrisie, de sa voix rauque de jazziste américain, explique, apparemment, le fait que son inspiration a viré à un intérêt sur la duplicité, l’instabilité psychologique, d’où, sûrement, le commentaire d’Adrien Guillot, Commissaire de l’exposition ’’Come see’’, Directeur de ’’Cotonou creative’’, qui précise sur les ’’Caméléons’’, un processus dans lequel le créateur s’est lancé en 2007 : « [Daavo] interroge la question des représentations du masque, de l’hommes et de ses failles ». Oui, le mot a été projeté : le « masque » ! Et, c’est cela, semble-t-il, le nœud, le clou de la démarche actuelle du jeune artiste, le point culminant de son esprit qu’il fatigue à conditionner à saisir, dans ses tréfonds, l’essence de la métamorphose perpétuelle de sa psychologie par l’homme. C’est à se demander jusqu’à quels sacrifices d’ordre artistique est prêt Daavo dans cette quête.


Analyse de visiteuse

Prise, identifiée au pifomètre, interrogée par surprise sur ses impressions à chaud sur les œuvres exposées dans le cadre de la ’’Come see’’, elle laisse se succéder des mots émus : « J’ai beaucoup aimé, c’est très beau. J’ai aussi aimé les couleurs, l’harmonie des couleurs, le vert, le jaune : c’est très beau, quand même ! ». 
Béathys Affiavi Dadjo
Loin d’être critique d’art, Béathys Affiavi Dadjo rêve de devenir avocate pour rendre opérationnelle la défense des opprimés, le journalisme, la communication, le marketing étant d’autres champs professionnels qu’elle pourrait explorer.  

Marcel Kpogodo

vendredi 8 juin 2018

Alfred Fadonougbo et le théâtre organique au secours des pensionnaires du Centre psychiatrique de Jacquot


Dans le cadre d’un Projet de l'Association ''Igbala''

Le jeudi 5 avril 2018, un projet peu commun a été lancé au Centre national hospitalier universitaire psychiatrique (Cnhup) Jacquot, sis quartier Fidjrossè, à Cotonou, celui de la mise en place d’un atelier de réinsertion sociale et d’expression artistique dans le but de contribuer, notamment, au mieux-être des personnes internées dans cet espace sanitaire. A la manœuvre de cette initiative, accompagnée par des partenaires, l’Association ’’Igbala’’ dont le Président, Alfred Fadonougbo, s’est illustré dans l’exercice de gestes salvateurs sur un patient.

Alfred Fadonougbo, assis, en action 
Accroupi, touchant, de manière apparemment structurée, enchaînée, un pensionnaire, à différentes parties du corps, provoquant en lui de la sérénité, de la relaxation, l’amenant jusqu’à s’instruire sur comment se relever méthodiquement pour rester équilibré. Le spectacle inattendu qu’a présenté Alfred Fadonougbo des apports profonds de la décontraction par les procédés artistiques, dans le début de l’après-midi du jeudi 5 avril 2018, à la salle de conférence du Centre national hospitalier universitaire psychiatrique (Cnhup) Jacquot, du quartier Fidjrossè, à Cotonou. Cet artiste est le Président d’ ’’Igbala’’, l’Association culturelle à l’origine de l’idée, de la vision de la récupération des malades mentaux par leur soumission à ce qu’il a appelé des ateliers thérapeutiques. Pour lui, c’est de cette manière que l’art peut être mis au service des œuvres caritatives et être introduit en milieu hospitalier. Les membres de l'administration, au plus haut niveau de l'institution sanitaire, ont pris part à la cérémonie de lancement du Projet.

Alfred Fadonougbo, entouré par les membres de l'administration du Cnhup
Ainsi, en dehors des médicaments qu’ils prennent pour améliorer leur état de santé, les malades mentaux peuvent être initiés, exercés à des procédés inédits liés à la pratique artistique : entre autres, des paroles, le dessin, des contes, le corps pouvant être constitué en un instrument curatif pour, à en croire Alfred Fadonougbo, aboutir à un résultat probant : l’épanouissement de ces malades, leur reconnexion avec leur famille, avec la société, d’où le concept des « ateliers de réinsertion sociale », sans oublier que, lui, le pratiquant de la chose, serait appelé un « artiste comédien organique ». Et, selon cet expert, l’avantage qu’il y aurait à faire intervenir, de la manière technique précédemment décrite, des spécialistes de son genre, dans l’hôpital psychiatrique en question, reste que les malades se porteraient mieux en ne voyant pas le même personnel de soins intervenir auprès d’eux.

Carole Lokossou
Sont alors prévus pour l’accompagner dans les interventions périodiques de pratiques artistiquement thérapeutiques la comédienne bien connue, Carole Lokossou, spécialiste aussi du théâtre organique, 

Hermas Gbaguidi
et le metteur en scène Hermas Gbaguidi.


Partenaires actifs


Les représentants du Lions club ''Cotonou Phare doré'' à la cérémonie de lancement
Dans le Projet d’animation périodique d’ateliers de réinsertion sociale et d’expression artistique au Cnhup de Fidjrossè, accompagne l’Association ’’Igbala’’, le Lions club ’’Cotonou Phare doré’’ qui, ayant ses membres inclus dans le Groupe ’’Bolloré’’, se charge du financement des activités d’intervention cyclique des artistes spécialistes du théâtre organique. De son côté, ''Cari'arts'', une structure culturelle, dont le domaine d'action est l'art thérapeutique, fera valoir son expertise. 

Marcel Kpogodo

jeudi 7 juin 2018

Quand l’Occident va à l’école de l’Afrique

Dans le cadre des activités de l’Association ’’Grains de sel’’

Le mercredi 23 mai 2018 a donné l’opportunité de participer à une séance de diction de contes. La manifestation culturelle s’est déroulée à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou. Se déroulant périodiquement face à un public d’enfants, elle a pris un cachet particulier, étant donné le statut de la conteuse de l’après-midi indiqué : sous la conduite de l’Association béninoise ’’Grains de sel’’, l’Européenne Suzanne Gaede a exercé un art, pratiqué, à une certaine époque, en Afrique, qui lui a exigé une bonne période d’apprentissage.

Suzanne Gaede, en action
Un couple qui, progressivement, se constitue, s’unit et donne naissance à une fille, avant d’éprouver des situations de mésentente, de se détruire et de divorcer, à charge à chacun de ses membres d’accueillir l’enfant, selon un tour réparti et plus ou moins bien respecté. Le conte dont le défi de la narration s’est vue imposer à Suzanne Gaede, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou, dans l’après-midi du mercredi 23 mai 2018, devant un public constitué essentiellement d’enfants, dans le cadre de l’épuisement du processus de transmission de compétences, qui a été établi et qui devait lui permettre de s’approprier les techniques de diction, à l’africaine, du conte.
Suivant de très près cette apprenante de circonstance, la Franco-suisse de nationalité qui s’est retrouvée dans l’obligation de se battre pour réussir la narration expressive de l’histoire, Guy-Ernest Kaho. Président de l’Association culturelle ’’Grains de sel’’, conteur expérimenté et expert reconnu dans l’art de la diction de ce type d’histoire, professeur, donc, il développait un regard simple, impartiale, sur la prestation d’une élève, cantatrice de profession, maître de chœur et responsable d’une chorale, qui, après avoir assisté, en France, à une séance impressionnante de maîtrise de toute une salle par un griot africain, de son tam-tam, armé, à travers le récit de conte, avait été foudroyée par la passion, par la volonté de réussir le même jeu.
Il s’agissait pour Guy-Ernest Kaho de contrôler chez cette écrivaine, auteure d’un roman de jeunesse, qu’elle a adapté dans le conte dont elle a produit le récit, le mercredi 24 mai 2018, la réalisation d’un certain nombre de critères : entre autres, sa manière de dire le conte, sa façon d’utiliser sa voix, son procédé de se tenir, de se déplacer sur la scène, sa capacité à captiver le public qu’elle avait en face d’elle, la gestion qu’elle a fait du temps qui lui a été imparti : environ quarante-cinq minutes.. Cette évaluation, après trois semaines d’une formation qu’il a lui a inculquée en ces matières, et qui avait débuté le 30 avril 2018.
Au bout du compte, Suzanne Gaede, après s’être donnée à fond, pour produire un impact sur ses jeunes auditeurs, a donné l’impression de mener une bataille, dure, d’une telle rudesse, mettant au centre de la scène, sobrement décorée, deux chaises incarnant les membres du couple de son conte, les séparant, les mettant collées et attachées, les séparant de nouveau, au gré de l’évolution de l’histoire. Guy-Ernest Kaho aura réussi à lui donner de vaincre le trac face aux enfants, de façon à ce qu’elle a réussi à dérouler l’histoire d’un bout à l’autre, même si elle devra affiner ses méthodes pour maintenir le public sur son récit, pour le sortir de sa torpeur et le faire participer à la narration. Et, ’’Grains de sel’’ peut s’enorgueillir de transmettre la science de la diction du conte à une Occidentale qui n’a eu d’autre choix que de courir vers l’Afrique pour se ressourcer scientifiquement et techniquement, n’en déplaise aux prometteurs béninois du triste et pitoyable concept du « désert de compétences ».
Suzanne Gaede se trouve originaire d’un continent qui, à l’époque coloniale, ayant dénié à cette Afrique une culture, y avait décrété la table rase pour, despotiquement et exclusivement, imposer sa civilisation, ce qui se retourne contre l’Europe qui, aujourd’hui, se dresse vers ce continent humilié et décérébré, dépersonnalisé, pour retrouver ses sources premières, des racines. Guy-Ernest Kaho, immanquablement, s’est vu inviter au cœur d’un processus stratégique, prouvant ainsi que ces décennies de sa vie que cette personnalité a consacrées à l’art du théâtre, en général, et à celui du conte, en particulier, essaiment de son précieux sel, pour continuer à enrichir le Bénin, et à produire un impact davantage envahissant sur l’Afrique, l’Europe et le monde.

Marcel Kpogodo 

mardi 5 juin 2018

Barnabé Laye au Bénin, la fausse note d’Oswald Homéky


Découverte à la faveur d’une conférence tenue à Cotonou

L’amphithéâtre ’’Christophe Sadeler’’ de l’Institut des Sciences biomédicales appliquées (Isba) du Champ de foire, à Cotonou, a accueilli une grande conférence littéraire au centre de laquelle se trouvait un écrivain de forte stature : Barnabé Laye. L’événement s’est déroulé dans la matinée du jeudi 24 mai 2018 et a réuni une large brochette d’universitaires, d’écrivains, d’hommes et de femmes de lettres et de culture. Un couac, cependant : le Ministre de la Culture, Oswald Homéky, a été indexé dans un acte peu recommandable manifestant son profond mépris pour le secteur littéraire béninois.

Barnabé Laye
’’La parole et le feu’’, un livre que, depuis environ deux mois, Oswald Homéky, s’acharne à ne pas récupérer alors qu’il émane d’une personnalité dont l’influence dans la littérature béninoise est avérée : l’écrivain vivant en France, Barnabé Laye. Un tel comportement semble hautement méprisant et profondément révélateur du grand problème que pose un positionnement politique, ce qui a été vivement dénoncé dans la matinée du jeudi 24 mai 2018, à l’amphithéâtre ’’Christophe Sadeler’’ de l’Institut des Sciences biomédicales appliquées (Isba) du Champ de foire de Cotonou, au cours de la phase des débats, consécutive à la présentation des exposés liée à la conférence publique consacrée à rendre hommage à cet auteur béninois.

L'ouvrage ''La parole et le feu''
Selon Florent Couao-Zotti, en tant que représentant du Ministre de la Culture, mandaté comme tel par cette autorité, lui avait dirigé la délégation béninoise qui avait participé au Salon du livre de Paris, du 13 au 19 mars 2018. Et, ayant profité de ce séjour parisien pour rendre visite à Barnabé Laye, l’éminent poète avait demandé au chef de la délégation de transmettre au Ministre Homéky son ouvrage, ’’La parole et le feu’’, l’un des derniers qu’il a écrit et qui constitue l’anthologie de sa production littéraire, étant paru à Paris au début du mois de décembre 2017 à ’’Agora éditions’’, et ayant 416 pages.
A en croire toujours Florent Couao-Zotti, à son retour au Bénin, la fin du mois de mars l’a vu déposer le rapport des activités menées à Paris au cabinet d’Oswald Homéky, celle-ci, assortie d’une demande d’audience pour, entre autres, lui remettre l’ouvrage dont il était le porteur pour lui. Et, jusqu’au 24 mai, au moment de son intervention à la conférence sur Barnabé Laye, l’autorité ne l’avait encore reçu. Pire, contacté à ce sujet par notre Rédaction, le vendredi 1er juin 2018, l’audience n’avait pas encore été accordée à l’écrivain, en dépit de l’intervention, au niveau du Ministre, de personnalités de trempe du monde des arts et de la culture.  


Positionnement politique absurde

Pour un profane du secteur culturel, ne pas accorder plus d’importance à un écrivain de taille que lorsqu’il s’agit de l’envoyer en mission, cela ne pose aucun problème. Pour un non habitué du secteur culturel, banaliser la réception d’une commission envoyée par un écrivain de poids, cela n’est rien. Pour une personnalité qui ne connaît absolument rien aux codes de fonctionnement du monde culturel, ne pas contribuer à dresser le tapis rouge présidentiel à un cinéaste béninois qui, de haute lutte, a conquis l’Etalon d’Argent au Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco), dans son édition 2017, cela n’a rien de grave. Cependant, pour ceux qui fonctionnent nuit et jour dans le domaine des arts et de la culture, qui y souffrent pour créer, qui en tirent l’essentiel de leurs revenus substantiels, qui, par conséquent, se trouvent, consciemment ou inconsciemment, à l’affût du moindre signe visant à reconnaître la portée du fruit de leurs sacrifices, de leur labeur, de leurs peines, les cas d’actes de manquement, précédemment évoqués, sonnent comme un sacrilège, comme une faute forte qui devrait décourager de continuer à créer, si l’on devait tenir compte de sa profonde gravité.
Une grosse situation ! Le ver qui, malheureusement, détruit le fruit ! Si Oswald Homéky, chef d’entreprise, homme de confiance et d’écoute du Chef de l’Etat, le Président Patrice Talon, qui a été fait Ministre, entre autres, de la Culture, pour y rassembler une famille écartelée, désunie, et qui, après sa prise de service, dans ses premiers propos en direction des acteurs culturels, leur avait garanti de connaître et de maîtriser la maison et ses problèmes, puis de s’atteler à les résoudre, qui, le 21 février 2018, à l’Hôtel ’’Golden Tulip Le diplomate’’, avait présenté le Programme d’actions du Gouvernement (Pag), dans son orientation culturelle, rassurant de sa bonne foi, de sa bonne volonté, cette personnalité gouvernementale, dans ses actes, donne l’impression que c’est tout le contraire de cet état d’âme, qui fait battre son cœur, le mépris affiché vis-à-vis des écrivains Florent Couao-Zotti et Barnabé Laye n’étant que la face visible de l’iceberg, l’arbre cachant la forêt de toute une gestion déplorable du secteur culturel avec, à la clé, des promesses non tenues.
En effet, le 21 février 2018, Oswald Homéky avait notifié aux artistes le projet de recensement des festivals importants se déroulant à l’international et l’octroi d’un appui à ceux-ci pour une participation effective à ces rendez-vous. Dans la réalité, la treizième édition de la Biennale de Dakar, qui s’est déroulée du 3 mai au 2 juin 2018, n’a pas permis à son institution de financer le déplacement d’artistes contemporains béninois vers cet événement, malgré leurs démarches en direction de son cabinet. Pour un autre festival, en préparation de tenue dans un pays d’Amérique du Nord, le meilleur que le Ministère de la Culture a pu faire est d’octroyer une Attestation d’artiste comme un document pouvant faire obtenir un visa !
En réalité, les belles paroles, très rassembleuses mais politiquement réfléchies, ne suffisent plus : Oswald Homéky est difficilement à la hauteur de la tâche, ce qui devrait amener le Chef de l’Etat à prendre ses responsabilités en confinant cette personnalité aux Sports, vu qu’elle a réussi, par deux fois, en 2017 et en 2018, à octroyer des subventions aux fédérations sportives, et à donner du financement aux clubs de football des première, deuxième et troisième divisions. Et, ce ne sont pas les personnalités inculturées qui manquent pour voir confier à l’une d’elles un Département des Arts et de la culture, radicalement détaché des Sports.


Un carré pour un secteur culturel

En lieu et place d’Oswald Homéky à la Culture, il n’est pas besoin d’aller bien loin pour dénicher la perle rare, bonne connaisseuse du secteur et capable d’y apporter, enfin, le bonheur, surtout que plusieurs personnalités, quatre précisément, gravitent dans l’environnement plus ou moins proche du premier des Béninois.
Premièrement, Ousmane Alédji, comédien, metteur en scène, dramaturge, essayiste, administrateur d’espace culturel, collectionneur d’art, promoteur culturel et ancien Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), est si compétent pour être Ministre de la Culture que le Président de la République l’a d’abord retenu auprès de lui comme ses Conseiller culturel et Chargé de mission. N’est-il pas temps de le mettre au fourneau de la charge ministérielle pour la réalisation de prouesses dans la maison ’’Culture’’ ?
Deuxièmement, Gilbert Déou-Malè, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), historien de formation et, par-dessus tout, artiste chanteur et danseur du ’’Tchingoumè’’, l’une des musiques traditionnelles phare du Bénin, de son nom d’artiste, Ohangnon, il pilote une troupe multivalente, artistiquement parlant, et manifeste une imprégnation des réalités intrinsèques du secteur culturel béninois, portant un langage et des idées qui fascinent les artistes et les acteurs culturels.
Troisièmement, Marcel Zounon, Directeur de l’Ensemble artistique national, artiste, à la base, du secteur de la danse, Directeur de la troupe ’’Towara’’ et Président du Festival des Rituels et des danses masquées (Féridama), pétri d’humilité, moulé dans le fonctionnement administratif et financier propre au circuit de l’appui aux initiatives culturelles, toujours vêtu de costumes de chez nous.
Quatrièmement, Claude Balogoun, comédien, metteur en scène, dramaturge, romancier, promoteur culturel, Directeur général de la Société ’’Gangan Prod’’, mécène culturel et représentant des artistes au Conseil économique et social (Ces). Une véritable tête pensante qui, à son actif, trouve, notamment, l’idée fonds de démarrage visant à faire tourner les arts et la culture au Bénin.
Si le nombre n’est nullement exhaustif des personnalités pouvant être pressenties pour prendre les rênes du Ministère de la Culture, ces quatre, évoquées ci-dessus, constituent une crème de profils affinés par une pratique et une expérience de plusieurs décennies dans le secteur culturel béninois, le prochain remaniement ministériel étant une chance qu'aurait dû saisir le Président Talon pour positionner une personnalité inculturée au Ministère de la Culture, ce qui aurait contribué à montrer sa rupture avec le comportement habituel des chefs d’Etat béninois consistant à faire de Département ministériel le point de chute et de remerciement des hommes politiques qu’on n’aurait pas réussi à caser à des postes considérés comme plus sérieux, plus influents.

Marcel Kpogodo  

dimanche 3 juin 2018

Richard Flash bientôt en tournée dans les 77 Communes du Bénin


Annone faite au cours d’une conférence de presse animée par l’Artiste à Cotonou

L’Espace artistique et culturel ’’Africa sound city’’ a abrité une conférence de presse de poids. L’événement s’est produit le mardi 22 mardi 2018. Dans son partage avec les journalistes culturels, la star béninoise du zouk, Richard Flash, a annoncé son engagement prochain dans une tournée musicale qui lui fera parcourir les 77 communes de notre pays.

Richard Flash, au cours de ses explications, lors de la conférence de presse
Le dimanche 24 juin 2018 à Tori-Bossito dans le Département de l’Atlantique. La date et le lieu que devront retenir les mélomanes béninois, puisqu’ils sont ceux du démarrage d’une tournée musicale au plan national, qui, pendant six mois, amènera le zouker béninois, Richard Flash, et sa suite à donner des concerts dans les 77 communes du Bénin, ce que l’artiste a fait savoir au cours de la conférence de presse, qu’il a tenue le mardi 22 mai 2018 à ’’Africa sound city’’, l’Espace artistique et culturel dirigé par le musicien béninois Jah Baba et situé au quartier Kindonou, à Cotonou.
« La culture prend son envol, nous allons envahir le Bénin », s’est exclamé l’orateur selon qui ’’Flash live tour’’ est le nom de la giga manifestation musicale et culturelle dont il a décliné les deux objectifs cardinaux : la promotion de tous les artistes béninois et l’octroi de divertissements aux Béninois de l’intérieur du pays, un deuxième motif qui l’a amené à une grande conclusion : « L’artiste est le seul qui, le temps d’une chanson, a la magie de transformer le visage d’une personne ». Toujours par rapport à ce second point, Richard Flash prévoit des effets particuliers dignes des grands concerts modernes tels que les fumigènes et les feux d’artifice. Aussi, pour l’artiste, ces productions sur scène seront le moyen de faire passer des messages importants de sensibilisation pour améliorer les mœurs et les habitudes de vie, au niveau des populations. Ceux-ci seront relatifs aux violences faites aux femmes dans leur foyer, aux grossesses non désirées et à la dépigmentation, entre autres fléaux sociaux fragilisant le bonheur des Béninois.
Par ailleurs, Nikanor, Vano, Tyaf, Wilf Enigma, Kamal Radji, Sessimè, Miss Espoir, les Poly Rythmo, les Gangbé Brass Band, sont des artistes et des groupes sélectionnés pour animer le ’’Flash live tour’’, un nombre qui n’est pas exhaustif, vu que, selon Richard Flash, des créateurs locaux, connus dans leur milieu d’origine, se trouveront ponctuellement sélectionnés pour se produire devant le public de leur localité. De même, des artistes d’autres domaines culturels seront amenés à faire des prestations, ce qui a, d’ailleurs, justifié la présence d’humoristes à la conférence de presse. Par conséquent, si, pour l’initiateur de la « machine » qu’est la tournée communale, le ’’Flash live tour’’ sera un moyen de rencontrer ses fans à la base, de même, il permettra au public des tréfonds du Bénin de découvrir ses œuvres et celles des artistes qui l’accompagnent dans le Projet.  
« Les artistes travaillent pendant six mois et auront leur cachet exonéré de toute charge », a affirmé le zouker, abordant la question de la rémunération des membres du ’’Flash live tour’’. Et, la clarté des propos du conférencier s’est fait sentir lorsqu’il était question de se prononcer sur les conditions de participation des Béninois aux concerts : « Ils seront gratuits là où le Conseil communal paie à la place de la population », a-t-il affirmé, précisant que dans les cas d’une absence de sponsorisation de la Mairie, l’entrée aux lieux de spectacle sera subordonnée à l’achat d’un ticket d’une valeur de cinq cents francs, sans oublier qu’en matière d’infrastructures d’accueil, le Comité d’organisation du ’’Flash live tour’’ ne reculera devant aucun obstacle : « Si l’on ne peut pas faire le concert dans les conditions normales, nous le ferons dans les conditions anormales », l’artiste n’excluant pas l’utilisation d’un camion-podium ou même de tables.


Des sponsors de poids

Si Richard Flash a pu se montrer ferme concernant la prise en charge des artistes et le déroulement effectif d’une tournée qui s’annonce vaste et exigeante, c’est grâce à deux sponsors de poids, qui ont accepté de le soutenir pour le ’’Flash live tour’’ : la Société ’’Dongaco’’ et ’’L’Africaine des assurances’’, cette seconde entreprise ayant à son actif l’assurance de tous les concerts qui seront donnés pendant le semestre concerné.
Vivement, donc, le 24 juin 2018, pour le tout premier concert du ’’Flash live tour’’, à Tori-Bossito, de quoi se faire une idée de la qualité des premiers fruits espérés relevant des belles fleurs présentées.

Marcel Kpogodo