lundi 16 août 2010

Littérature au Bénin

Daté Atavito Barnabé-Akayi, l'auteur du recueil









Parution à Cotonou d'un recueil de pièces de théâtre








L'auteur Daté Barnabé-Akayi, expliquant l'ouvrage : "[...] c'est vrai que l'Afrique est de la tradition orale, mais il faudrait parfois qu'on laisse de côté cette tradition orale pour rester dans la tradition de la pratique"





Chaque jour au Bénin, l’univers littéraire s’enrichit. C’est ainsi que sous le sceau des Plumes Soleil vient de paraître un recueil de deux pièces de théâtre, Amour en infraction et Les confessions du PR, écrites par Daté Atavito Barnabé-Akayi. Grâce à la générosité de ce jeune professeur de Lettres, nous entrons exclusivement dans l’intimité de ce livre, par l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder. Sans qu'il en laisse rien paraître, Barnabé-Akayi est un boulimique de l'écriture.




Journal Le Mutateur : M. Daté Atavito Barnabé-Akayi, bonjour. Professeur de Français, vous vous illustrez par la pratique de l’écriture et, c’est en ce sens que vous venez de faire paraître un recueil de deux pièces de théâtre, Amour en infraction et Les confessions du PR. De quoi s’agit-il, respectivement, dans chacune d'elles ?





Daté Atavito Barnabé-Akayi : Merci. Dans ces deux pièces de théâtre, il s’agit dans Amour en infraction, de l’histoire de Saïd, un élève qui ne travaille pas trop en mathématiques et qui, régulièrement, à la fin de chaque cours, est prié d’attendre mais, à la fin, le professeur de maths, qui lui faisait cette demande, ne lui disait rien de précis. Alors, c’est ce qui s’est passé dans le premier tableau. Dans le second, nous avons Saïd en compagnie d’une élève avec qui il a rompu mais, celle-ci n’est pas trop d’accord pour cette rupture et est venue le menacer de lui créer des soucis, si jamais ils ne reprenaient pas ensemble. En réalité, Saïd a rompu parce qu’il a découvert qu’elle était sa belle-tante, c’est-à-dire la femme de son oncle ; il a estimé que c’était de l’inceste et qu’il ne pouvait pas cautionner cela. Finalement, la jeune fille a mis sa menace à exécution. Donc, nous sommes dans un troisième tableau où on présente Saïd qui remerciait le professeur de mathématiques qui lui demandait souvent d’attendre à la fin du cours, pour l’avoir sauvé, parce que la jeune fille qui était sa belle-tante et en même temps l’élève de madame Wali a accusé Saïd devant la police d’être un ’’Gayman’’, qui veut dire, chez nous, au Bénin, ’’Arnaqueur’’, ’’Cybercriminel’’, ce qui fait qu’on l’a emprisonné. Mais, grâce aux relations de Mme Wali, il a été libéré. Donc, c’est chez cette femme finalement que Saïd a compris que celle-ci était amoureuse de lui. Entre temps, Raïna, qui est la jeune fille, est venue, a essayé de tuer ces deux personnages et s’est aussi suicidée. Enfin, nous avons un quatrième tableau dans lequel Saïd se réveille et réalise que tout ce qui vient de se passer est simplement un rêve.



Dans la deuxième pièce, Les confessions du PR, il s’agit d’un président qui est venu se confesser à un prêtre qui lui posait des questions, parce que le président lui a demandé qu’il l’aide à répondre à des questions. Dans ce processus, le prêtre a abordé sa gestion du pouvoir, ses relations avec ses collaborateurs, sa vie privée, sa vie avec sa femme. Finalement, le vrai motif de ces confessions, c’est que le président voulait informer le prêtre qu’il avait mis une petite fille de douze ans en état de grossesse. Et, il se fait que, justement, dans son plan, il devait tuer l’homme d’église après que celui-ci aura reçu ses confessions, ce qui constituait pour lui une garantie que personne ne sache rien de ce genre de bassesse. Or, il se fait que le prêtre, en réalité, n’en est pas un vrai mais, le père de la fille avec qui le président a eu des problèmes de caleçon. Lorsque le chef d’Etat s’est rendu compte de la vraie identité du prêtre et aussi de sa qualité de chef de l’opposition avec qui il a de sérieux problèmes politiques, il décide de le tuer. Mais, l’opposant lui démontre qu’ils sont en direct sur des chaînes de radio et de télévision. Et, le président a compris qu’il ne pouvait pas commettre un meurtre en direct sur les grandes chaînes.







Au niveau des Confessions du PR, on constate beaucoup de situations qui se rapprochent un peu de ce que nous vivons au Bénin en politique, la tension politique, la prise d’ordonnances, par exemple. Est-ce qu’on peut dire que le président de la pièce incarne l’actuel chef d’Etat du Bénin ?

Il n’y a pas d’écrivain qui écrive en l’air ; ce sont forcément des faits réels qui l’amènent à écrire, mais l’autre problème aussi, c’est que, moi, je fais partie de ceux qui pensent qu’il ne faut pas tout écrire quand on écrit et qu’il faut respecter le lecteur, lui laisser la possibilité de deviner des choses, de penser à des choses, de dire que tel acte s’attache à telle personne ou à telle autre, de telle sorte que si vous, après la lecture, vous considérez que le président qui est décrit ressemble à un président que vous auriez reconnu, je crois que je dois respecter cette position.





En ce qui concerne la structure des deux textes, elle est complètement dépouillée, il n’y a pas d’actes ni de scènes, pas de tableaux, pas de titre au niveau des fragmentations. On a donc l’impression d’avoir affaire à un jeune dramaturge de la nouvelle génération qui s’inscrit dans une logique de nouvelles écritures …

Oui, c’est une très belle remarque ; il s’agit d’une nouvelle écriture sur plusieurs plans, comme vous l’avez noté : absence de didascalies, de scènes. C’est une nouvelle manière de rédiger la pièce de théâtre, ce qui permet au metteur en scène d’être relativement libre dans la mise en scène, dans les costumes, le décor, le bruitage, dans tout ce qu’il aura à faire. Donc, je crois quand même qu’aujourd’hui, il faudra essayer d’évoluer avec son temps et, c’est justement dans cette logique que je me suis permis de violer quelques lois classiques du théâtre. Si vous faites un peu attention, vous verrez d’ailleurs que l’origine du théâtre, c’est « Drama », « L’action ». Mais, quand on prend la première pièce, c’est-à-dire Les confessions du PR, on constate qu’il y a beaucoup plus de dialogues, beaucoup plus de paroles que d’actions ; c’est vers la fin qu’on sent quelques traces d’actions. Donc, c’est un moyen pour l’auteur de montrer qu’en politique africaine, il y a beaucoup plus de paroles que d’actions et, donc, qu’il faudrait qu’on pense à faire un peu plus d’actions pour faire prospérer le continent africain.







Finalement, quel est le message qui se dégage de chacune des deux pièces ?

Le message qui se dégage de la pièce Les confessions du PR, je crois que c’est un message de respect de sa parole, de respect de l’autorité de soi, c’est-à-dire que c’est un président mais, quand on voit ce qu’il a commis dans la pièce, ce n’est pas relativement digne d’un président. Donc, il s'agit du respect de soi et le respect de l'autorité par elle-même d'abord. Ensuite, on pourrait penser à l'exhortation des chefs d'Etat, des hommes politiques à l'action. La pièce étant venue juste après 50 ans d'indépendance, visiblement, au niveau du bilan d'actions, on n'a pas beaucoup de choses à se mettre sous la dent. En revanche, au niveau du bilan de paroles, on en a et, je crois qu'il faut qu'on quitte l'état des paroles ; c'est vrai que l'Afrique est de la tradition orale mais, il faudrait parfois qu'on laisse de côté cette tradition orale pour rester dans la tradition de la pratique.

Par rapport à la deuxième pièce, Amour en infraction, je l'aime bien, parce qu'elle traite de la jeunesse. Etant enseignant, c'est une pièce qui traite de l'éducation ; je crois que lorsque l'individu a la chance d'être bien éduqué dès le bas-âge, il peut éviter un certain nombre de choses quand il grandira. Donc, c'est une exhortation à la bonne éducation, tout simplement.

La pièce, Amour en infraction, par le dénouement, me rappelle un peu une autre pièce, Certifié sincère de Florent Couao-Zotti. Peut-on dire que tu t'es inspiré de lui pour exécuter le même dénouement ?

Florent Couao-Zotti a lu Amour en infraction, mais il n'a pas cru y reconnaître sa pièce ; Florent Couao-Zotti est un écrivain béninois que je respecte, que j'aime, que je consomme à satiété et, peut-être que, puisque toute la pièce est un rêve, peut-être que dans mon inconscient, sans m'en rendre compte, j'ai fait un clin d'oeil à Florent Couao-Zotti mais, au plan de la conscience, c'est une pièce que j'ai inventée de toutes pièces et je n'ai pensé à aucun écrivain en l'écrivant. Si, en tant que critique, vous estimez que cette pièce est inspirée de Couao-Zotti, je n'en sais rien.

Avez-vous d'autres écrits à votre actif ou en projet ?

Oui, bien évidemment. Vous savez, ce recueil de pièces que j'ai fait paraître est un accident, parce que mon voeu le plus cher était de faire sortir mon recueil de nouvelles, qui est mon premier ouvrage personnel ; sachez que, il y a à l'actif de deux collègues enseignants et amis qui me sont très chers, Anicet Mègnigbèto et Armand Adjagbo, et moi, des ouvrages d'ordre pédagogique. Mon voeu, au plan personnel, est de faire paraître un recueil de nouvelles, qui est, je crois, auprès des Editions Ruisseaux d'Afrique depuis l'année passée ; j'attends impatiemment ce livre intitulé L'affaire Bissi, sous-titré Il y a mieux que la neige, qui a d'ailleurs reçu la bénédiction, l'introduction de Florent Couao-Zotti et les post-faces de Claudine Nicolas, d'Apollinaire Agbazahou et même d'un professeur à la retraite à Bordeaux. Donc, c'est un recueil qui promet beaucoup de choses, qui montre mon côté traditionnel de l'Afrique, parce que c'est un recueil qui parle essentiellement de la tradition africaine, qui montre que je suis, non seulement progressiste, mais un progressiste qui pense qu'on doit s'inspirer de notre tradition. Au niveau du théâtre, je crois que, d'ici un à deux mois, nous aurons une nouvelle pièce intitulée : Quand Dieu a faim.

Espérez-vous faire carrière dans le monde de l'écriture, parallèlement au métier d'enseignant ?

Je suis un peu comme Apollinaire Agbazahou qui n'aime pas trop qu'on l'appelle écrivain ; il écrit par pédagogie, il écrit parce qu'il pense que ses élèves pourront facilement lire, étant donné qu'il est connu. En réalité, les élèves n'aiment pas trop les écrivains parce qu'ils estiment que ce sont des hommes un peu extraordinaires, alors que, lorsque vous connaissez quelqu'un qui écrit, vous avez plutôt tendance à lire ce qu'il écrit ; là, cela peut réellement aider à lire les autres qu'on ne connaît pas.

Donc, mon but, en écrivant, est pédagogique ; mes pièces ont déjà été mises en scène dans les écoles, et j'en ai d'autres, écrites, mais qui ne sont pas encore publiées et qui seront mises en scène ; faire une carrière d'écrivain, ce n'est pas mon rêve, mais plutôt écrire. D'ailleurs, j'ai toujours écrit dans ma vie.

Cela veut dire l'écriture, pour toi, aujourd'hui, est le résultat d'un processus qui a commencé depuis le bas-âge ...

Je crois que c'est le résultat d'un processus qui a commencé depuis le bas-âge ; depuis quand j'étais gosse, il y avait mon père qui était un grand lecteur de tout, il lisait les Zembla, les Amina, les Lancio Color, les revues scientifiques et même les revues bibliques Réveillez-vous des Témoins de Jéhovah, et même la Bible. En tout cas, mon père lisait un peu de tout et, moi, je m'étonnais qu'à tout moment, mon père soit avec un livre : même en mangeant, en allant aux toilettes, il lisait. Et, quand il finissait et qu'il déposait l'ouvrage, je le prenais à son insu et je le lisais. C'est comme cela que j'ai découvert la lecture. A l'école, je n'étais pas trop nul en lecture non plus, et quand je suis devenu collégien, les petites lettres d'amour étaient obligatoires en notre temps, parce qu'il n'y avait pas les sms, il n'y avait pas de portable ; forcément, il y avait de petites notes qu'on s'échangeait. Ensuite, je me suis décidé à l'écriture, j'ai écrit, mais je n'ai jamais pensé à me faire publier ; mon rêve, en réalité, était de me faire publier après ma mort, j'ai toujours aimé les Pensées de Blaise Pascal, qui ont été publiées après sa mort. J'ai bien envie d'avoir des oeuvres posthumes. Mon voeu d'écrire était vieux, mais celui de publier est vraiment récent ; il est né après l'ouvrage que j'ai conçu avec mes amis Anicet Mégnigbèto et Armand Adjagbo. Quant j'étais étudiant, j'écrivais dans la presse, j'avais travaillé avec L'aurore et avec d'autres organes de presse, mais je n'avais vraiment pas envie de publier, j'écrivais juste comme cela.

Et si tu étais un homme politique célèbre, tu serais qui ?

(Rires). Sans vous mentir, je n'ai jamais rêvé d'être un homme politique, mais, comme nous sommes dans l'imaginaire, j'ai bien envie de ressembler à Mandela.

Et si tu étais un roman ?

J'ai des goûts bizarres ; il n'y a aucun roman qui me plaise à 100%, je n'ai pas un roman réel en tête, mais je dirai que c'est la somme de plusieurs romans.

Un parfum ?

(Rires). C'est bizarre ; il y a l'odeur de cola qui éveille beaucoup de choses en moi.

Une couleur ?

J'aime le blanc et le noir, ou bien, je cherche l'intermédiaire entre le blanc et le noir.

Un repas ?

J'aime beaucoup l'escargot fait avec "amala" (Ndlr : pâte de coussettes d'ignames). Ce n'est pas une nourriture de chez moi, mais j'aime ça.

Une pensée ?

J'aime l'extrait des Pensées de Blaise Pascal qui dit : "Pour fare la grandeur de l'homme, travaillez à bien penser".

Une idéologie ?

Je crois que l'idéologie à laquelle je pense est défendue par Voltaire, Aimé Césaire, par beaucoup de gens, et je vais résumer cela à la liberté, la tolérance.

Un idéal de vie ?

Peut-être l'amour, l'amour prôné par les hommes, l'amour réel, pas l'amour propre, mais l'amour sale, l'amour humain, c'est-à-dire l'amour qui aime et qui haît à la fois, mais qui ne fait pas du mal parce qu'il est préconçu, parce qu'il est prémédité ; c'est l'amour qui fait du mal sans s'en rendre compte.

Une femme ?

Bien sûr, ma femme ! (Grands rires).

Un homme inoubliable pour toi ?

Sans mentir, beaucoup d'hommes m'ont marqué, mais celui qui m'a le plus marqué, c'est quelqu'un que je ne connais pas : Dieu.

Une ville ?

Lagos.

Une carrière ?

Bien sûr, celle que j'ai, l'enseignement.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

dimanche 15 août 2010

Initiatives culturelles innovantes au Bénin

Rafiy Okéfolahan, Président de l'Association Elowa et initiateur de Waba





Waba, en sa première édition



Quatre figures, un parcours hors de l’anonymat




S'il y a un événement qui a marqué l'année 2010, c'est Waba. La première édition de ce Festival s’est tenue du 05 au 10 juin 2010, dans le contexte de la vaste initiative culturelle concrétisée par le Ministère béninois de la Culture, en collaboration avec Cultures France et l’Ambassade de France près le Bénin, pour commémorer le cinquantenaire des indépendances africaines. Il s’agit d’une grandiose manifestation multidimensionnelle dénommée Regard Bénin 1.0, qui a mobilisé, dans une synergie néanmoins spécifiante, plusieurs opérateurs culturels privés et publics, béninois et étrangers. En ce qui concerne Waba, il a permis aux artistes plasticiens de Cotonou et de Porto-Novo d’ouvrir leurs ateliers au public, afin que celui-ci s’imprègne de l’intimité de leur création, qu’il découvre leurs conditions de travail et qu’il se renseigne sur la manière dont l’inspiration se métamorphose progressivement, par leurs soins techniques, intellectuelles et esthétiques, en une œuvre devant laquelle le monde entier viendra s’extasier, si elle se révèle d’une qualité hors du commun. Waba est donc un événement ayant mobilisé un nombre impressionnant d’artistes peintres, sculpteurs, plasticiens, vidéastes, des plus connus à ceux qui le sont moins, ce qui a fait participer à une même philosophie d’ouverture et de partage d’expériences de réussite, d’inusable espérance et de faits de précarité, notamment, Dominique Zinkpè, Philippe Abayi, Charly d’Almeida, Ludovic, Fadaïro, Kajero, Grek, Tchif, Totché, Eric Ahouansou, Midy, Kaman Esso, du Côté de Cotonou, et Youchaou Kiffouly, Virgil Nassara, Simplice Ahouansou, Ange, entre autres, à Porto-Novo. Ce sont, en tout et pour tout, 46 artistes dont deux femmes qui ont libéré, dans l’intimité de leur atelier, ce qu’ils ont jugé bon que les visiteurs connaissent d’eux, par le biais des cinq parcours prévus par bus pour la capitale économique, et des deux, pour la ville aux trois noms. Cette démarche unique de développement d’une humilité et d’une générosité inattendues chez ces créateurs a débouché sur la mise en vue de ceux d’entre eux auquel le public des connaisseurs et des simples observateurs n’est pas habitué : Romi, Amouros, Kaman Esso, d’une part, frappent par leur détermination à se faire un nom dans un univers d’une exigence imparable, et Théodore Dakpogan, d’autre part, impressionne du fait de sa recherche d’une rigueur technique d’une qualité renouvelée et plus porteuse.





Romi, un cachet d’authenticité


Dimanche 06 juin, deuxième jour de Waba, à Togbin, sur la route des pêches, un terrain de pique-nique en effervescence : l’aboutissement du Parcours ’’Océan’’, le troisième parmi les cinq prévus à Cotonou par Waba. Les visiteurs descendent du bus et Rafiy Okéfolahan, principal organisateur du Festival, nous dirige vers un atelier circonstanciellement installé, celui de Romi, une des rares femmes participantes. Teint clair, alerte, elle ne tarde pas à nous présenter quelques tableaux de son œuvre. Au fil des discussions qu’elle anime, surprise : l’artiste plasticien béninois très connu, Simon Soha, qui n’a pas participé à Waba, y a laissé une représentante, elle que ce maître a formée en deux ans et qui estime que c’est plutôt la peinture qui est venue à elle. Par conséquent, son investissement dans le domaine des arts plastiques a consisté à s’imprégner de techniques, afin de se spécialiser. Comme résultat, les pièces qu’elle montre, l’une après l’autre, nous font découvrir un investissement particulier de cette jeune femme dans la technique des pointillés aborigènes et des silhouettes de femmes ; elle récupère aussi des pagnes et utilise la terre comme matériau. Cette artiste, qui comptabilise environ quatre années dans cet univers, qui, après n’avoir pas réussi à obtenir le Baccalauréat, s’est investie dans l’informatique avant de se tracer un chemin plus convaincu vers l’art, n’exerce désormais que lui et en vit. Romi, dans une voix claire, précise que les thèmes qui l’inspirent, c’est tout ce qui bouge, plus spécifiquement la femme dont la cause pour la libération sociale fait le fondement de ses toiles et, aussi, tout ce qui se trouve lié à elle, notamment, les enfants, les enfants délaissés, les enfants rejetés dont elle veut donner de son énergie artistique à améliorer le devenir. Romi n’a pas froid aux yeux ; sûre d’elle, Waba lui donne des raisons d’exulter, ayant été une véritable opportunité pour elle de sortir de l’anonymat.






Amouros, le porte-flambeau des personnes handicapées


Jumelé à l’atelier de Romi, celui d’Amouros, de son vrai nom, Amour Yémadjro. D’une complicité certaine avec elle, son parcours n’en est pas moins spécifique. S’il exerce dans les arts plastiques depuis six années, il a beaucoup exposé dans le Nord-Bénin et travaille à Cotonou, à Togbin, au bord de la mer. Handicapé moteur, il n’est pas allé chercher bien loin les thèmes de son œuvre dont les toiles se distinguent toutes par des dessins de personnes handicapées : les enfants placés, encore appelés ’’vidomègons’’, les enfants travailleurs en bas âge et, naturellement, les êtres humains handicapés dont il veut intéresser et sensibiliser le public au sort peu enviable. S’il avoue vivre un peu difficilement de ses toiles, ses yeux brillent instantanément lorsqu’un visiteur évoque avec lui le 1er août prochain. Selon lui, la commémoration du cinquantième anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté internationale, constitue une véritable opportunité pour les jeunes artistes béninois qui devront se pointer à Porto-Novo, centre névralgique des festivités, pour exposer des toiles, faire partager leurs idées et, face aux touristes, aux connaisseurs et aux curieux, sortir davantage de l’anonymat.


Théodore Dakpogan, le patron chercheur

Porto-Novo, jeudi 10 juin, le dernier jour du Festival Waba. Présent à la Maison du Patrimoine, pour suivre de près la clôture de l’événement, il avait au préalable accompli la formalité de nous parler un peu de lui au Centre culturel Ouadada, son point d’exposition. Né dans les mêmes années que l’accession du Bénin à l’indépendance, son regard n’est pas celui d’un naïf qui se cherche dans le domaine des arts plastiques. Au contraire, armé d’une assurance d’airain, il déroule son parcours d’artiste sculpteur, parti du métier de forgeron. Sa voix, quelque peu critique envers Waba dont il espère que les prochaines éditions travailleront mieux à drainer des visiteurs plus nombreux vers les exposants de la ville-capitale politique, nous révèle ses débuts en 1990 avec la Coopération française qui lui donna l’opportunité d’une grande exposition très réussie et fructueuse au Palais de Honmè. En dix ans d’exercice, ses yeux brillent d’une joie nostalgique lorsqu’il laisse lire en eux ses nombreux voyages d’exposition au Bénin, en Afrique, en Europe et à travers le monde. A l’heure actuelle, il expérimente un grand isolement pour découvrir de nouvelles voies d’un art sculpteur plus novateur. Théodore Dakpogan, marié, quatre fois père, vit exclusivement de l’art qu’il fait par le biais des tôles, des bouts de verre, des vis, des boulons, des chaînes et des dents d’engins qu’il récupère et reconvertit en pièces de modelage de ses personnages. Quelques fois, il se rapproche de la forge à laquelle certains travaux ponctuels le ramènent. Les personnages qu’il a matérialisés récemment portent la marque d’un regard profondément dénonciateur du comportement des jeunes filles béninoises d’aujourd’hui qui, habillées en pantalon, laissent déborder leurs perles. S’il se laisse aller à la sensibilisation, c’est pour les appeler à changer de comportement et, dans un autre registre, pensant à la commémoration des 50 ans de son indépendance par le Bénin, il exhorte les pouvoirs publics à penser au développement du pays et, surtout, à doter les artistes d’un vrai statut, comme cela est le cas dans bien de pays de la sous-région.




Kaman Esso, le Doyen aux messages percutants

« A tout seigneur, tout honneur ». La visite de son atelier sis quartier Aïbatin, au détour d’une ruelle, fait découvrir, à l’entrée, à gauche et à droite, un projecteur, ce qui rappelle son métier de photographe et qui lui permet de préciser au petit monde visiteur qu’il a aussi exercé en tant qu’imprimeur. Ce sexagénaire qui, apparemment, se prépare un destin de la Capverdienne Césaria Evora, ne cache pas, d’entrée de jeu, son enthousiasme pour Waba, lui qui a la chance de recevoir une grande visite, dès le premier jour de la manifestation. Confessant très tôt que son nom ’’Kaman Esso’’ signifie, en nago, ’’Connaissons nos limites’’, il se présente comme un homme qui n’aime nullement exagérer en ce qu’il fait. Dessinateur depuis son âge d’enfant, ayant exercé à l’étranger les deux métiers évoqués précédemment, il ne s’est remis aux arts plastiques que trois années auparavant ; ses tableaux, de format légèrement en dessous de la moyenne, côtoient très peu l’abstraction et font découvrir une peinture réaliste dont le message trouve sa compréhension dans une exploration philosophique du monde. Au bas de quelques-unes de ses toiles, la signature n’est pas ’’Kaman Esso’’, mais tient en une phrase : « Les mains prolongent la pensée », ce qu’il explique en rendant hommage au Créateur qui a pourvu l’homme des mains lui permettant de « marquer ses sentiments, de démontrer ce qu’il est et ce qu’il fait ». Evoquant sa démarche, il se déclare imprégné de tout système artistique et peint de préférence à l’huile pour parler au public de tout ce qui se passe autour de lui. Kaman Esso, originaire de Pobè, né à Abomey d’une mère originaire de cette ville et d’un père natif d’Agonli, impressionne par la force et la profondeur avec laquelle il convertit des phénomènes simples de la vie en des leçons que les hommes devraient se donner l’humilité de suivre, afin de mener une existence davantage heureuse et épanouissante. Néanmoins, il lui tient fortement à cœur de faire passer que les autorités de notre pays devraient travailler ardemment à amener les féticheurs, les marabouts et toutes les formes de pratiquants de l’occulte à tourner leurs activités vers le bien, à faire en sorte que le gris-gris travaille plutôt au bonheur des Béninois. Le contraire aujourd’hui, selon lui, est le résultat du refus de ses compatriotes de fréquenter leur village et de bon nombre de Béninois de la diaspora de rentrer au pays, pour contribuer à son développement. Cet artiste qui s’exprime ainsi, qui se rend intarissable quand il s’agit d’évoquer de précieuses leçons de vie et qui est décidé à rompre avec l’anonymat artistique porte comme vrai nom Lucien Houéssou.

Réalisation : Marcel Kpogodo

Projet "Théâtre à l'école"

Christel Gbaguidi, l'initiateur du Projet "Théâtre à l'école"






Dans le cadre du bilan du Projet '' Théâtre à l'école"








Analyse critique des spectacles des 25, 26, 27 et 28 mai 2010 au Ccf de Cotonou






Le Projet "Théâtre à l'école", piloté par son concepteur, Christel Gbaguidi, se trouve à la phase du bilan. A l'heure du dépôt du rapport de son déroulement sur quatre mois, de mars à juin 2010, il s'impose une analyse critique des prestations théâtrales respectives du Lycée Montaigne, du Collège catholique Père Aupiais et du Collège d'enseignement général de Godomey.







A tout seigneur, tout honneur. Le collège d'enseignement général de Godomey, qui est passé en dernière position dans les prestations sur scène au Centre culturel français de Cotonou, le vendredi 28 mai dernier, a tenu en haleine et époustouflé le public. Dans la création de L'avare de Molière, le metteur en scène, Patrice Toton, a pris soin de rendre facilement accessible au public une pièce du XVIIème siècle. Son procédé a été simple : mettre en place un choeur d'acteurs, qui répète en permanence des répliques dites par un personnage-conteur qui raconte les péripéties d'Harpagon aux prises avec des manigances l'amenant à rentabiliser financièrment le mariage de ses fille et fils, et avec la perte de sa cassette. Par ces acteurs qui ont manifesté une diction forte et audible, châtiée, celui qui n'a jamais lu la pièce en a compris l'intrigue et, le virevoltant Gédéon Ahéhéhinnou, Harpagon sur la scène, a su impressionner et faire rire intensément à toutes ses apparitions.





Gédéon Vivien Ahéhéhinnou, alias Harpagon, dans ses exploits (Photo de Jessica Vuillaume)





Totale apothéose


La mise en scène de L'avare était si réussie en matière d'innovation que les deux histoires parallèles de coeur, celles respectives du fils et de la fille d'Harpagon, contées à plusieurs endroits, dans le but, à coup sûr, de ne pas ennuyer les spectateurs et de gagner du temps, ont su être visibles et frappantes, sur un fond de pingrerie de ce vieillard perpétuellement tourné en ridicule. Ainsi, en 90 mn, Patrice Toton, en cette soirée du 28 mai 2010, au Centre culturel français de Cotonou, a réussi le pari de faire vivre une pièce, de distraire et de démontrer ses capacités pédagogiques incontestables, en même temps que sa dimension de metteur en scène profondément créatif et moulé dans les stratégies modernes de représentation théâtrale. Apparemment, sa mise en scène a été le plus applaudie.


Une séquence sentimentale de L'avare (Photo de Jessica Vuillaume)


Le choeur savamment mis en place par Patrice Toton, en action (Photo de Jessica Vuillaume)





La partition du Collège catholique Père Aupiais



Contrairement à la pièce précédemment évoquée, Certifié sincère de Florent Couao-Zotti, dans la mise en scène de Nathalie Hounvo-Yèkpè, a très tôt fait ressortir que les acteurs étaient, pour la plupart, novices. Optant pour une présentation linaire des séquences narratives, le metteur en scène s'est moulé dans une stratégie classique, ce qui a provoqué l'impression chez le public que le naturel devant fonder un réalisme inévitable des faits a été sacrifié ; les acteurs, qui ne sont pas à condamnés du fait qu'ils en étaient à leur première expérience de représentation théâtrale, semblaient réciter un texte bien mémorisé. En revanche, un certain nombre d'éléments sont venus rattraper ce handicap : les costumes assez représentatifs, la soif de bien faire des acteurs, leur courage scénique. Nathalie Hounvo-Yèkpè aura réusii à les motiver jusqu'au bout.



Une séquence de la pièce Certifié sincère (Photo de Jessica Vuillaume)


Les jumeaux acteurs en action : un véritable engagement (Photo de Jessica Vuillaume)



Une autre séquence stratégique de rivalité pour un fictif héritage (Photo de Jessica Vuillaume)



Une séquence du dénouement inattendu de la pièce (Photo de Jessica Vuillaume)


En ce qui concerne le Lycée Montaigne


Si Yvon Le Vagueresse, metteur en scène de La nuit de Valognes d'Eric-Emmanuel Schmitt, a innové, c'est, d'abord, en faisant jouer la même pièce par deux groupes différents, celui des acteurs titulaires, d'un côté, et celui des suppléants. Ceci a permis de voir deux sensibilités spécifiques rivaliser autour d'une même pièce. Cependant, cela n'a pas fait perdre un effet qui se répète lorsque jouent des acteurs issus d'un crû social différent de celui béninois : il faut tendre l'oreille d'une manière particulièrement insistante pour comprendre les répliques distillées avec beaucoup d'amour par les acteurs. A l'avenir, il faudrait peut-être qu'Yvon Le Vagueresse mélange à son équipe des acteurs béninois par l'accent ou qu'il se fasse assister par un metteur en scène béninois. Dans le cas contraire, on aura toujours l'impression que les représentations théâtrales effectuées par le Lycée Montaigne sont destinées uniquement à la population française de Cotonou. Cependant, Yvon Le Vagueresse aurau réussi le coup de diversifier son approche de mise en scène.

L'une des séquences finales du Groupe 2 du Lycée Montaigne (Photo de Jessica Vuillaume)



Toujours le Groupe 2 avec des actrices noires qui auront suscité l'intérêt de la frange béninoise du public (Photo de Jessica Vuillaume)


Le Groupe 2 à l'une des séquences du début de la représentation (Photo de Jessica Vuillaume)



Le Groupe 1, à présent (Photo de Jessica Vuillaume)




Une séquence phare exécutée par le Groupe 1 du Lycée Montaigne : Don Juan pris en tenaille par ses ex-victimes (Photo de Jessica Vuillaume)



Les actrices du Groupe 1 en plein jeu (Photo de Jessica Vuillaume)

Une séquence initiale du Groupe 1 (Photo de Jessica Vuillaume)






Réalisation : Marcel Kpogodo

dimanche 8 août 2010

Situation d'intolérance d'ordre culturel à Cotonou

Amine Laourou, Directeur du SIPoeF








Exil choisi d'Amine Laourou




La Déclaration du Directeur du SIPoeF



S'il y a une actualité qui défraie actuellement la chronique dans le monde culturel à Cotonou, c'est l'exil volontaire d'Amine Laourou, Directeur du Salon international des poètes francophones (Sipoef), au Canada. Dans une déclaration qu'il nous a envoyée et que nous publions in extenso, il justifie sa décision d'exil.





Pourquoi cette décision ?





Nous sommes dans un pays démocratique, mais c'est un semblant de démocratie. Je ne crois plus en mon pays...oui vraiment, si je dois me soumettre à des injustices.



L’on vous pose la question suivante : "Est-ce que vous voulez raisonnez ?"



Pourquoi nous devons nous soumettre à des individus forts de la République?



Je suis dans un pays où les gouvernants veulent faire de nos peuples des rats. Je suis enfin décidé à dire les choses. J’en avais déjà mare de vivre des menaces verbalement et par téléphone. C'est la raison du changement de ma puce téléphonique deux fois.



Je me consacre actuellement à ma vie et à mes études, je ne suis plus dans cette dimension de génération sans orientation, sans rêves.



J’en veux aussi aux marchands de rêves chimériques, ces acteurs politiques, culturels vides et qui préfèrent cacher les choses que de les dire.



Je ne veux pas plaire en donnant des pourboires après un service de subvention. Je ne suis pas habitué à négocier pour faire avancer la bêtise humaine.



Si le Gouvernement ne pense pas qu’il est temps de demander la démission du Conseil d’administration du Fonds d’Aide à la Culture et demander un rapport de la gestion des milliards culturels, je ne pense plus revenir car je sais une chose : que je peux apporter beaucoup pour la jeunesse.



C’est grâce à la France et au Québec-Canada que le SIPoeF est toujours debout…



Je n'ai plus d’amis car ils sont pauvres et ne peuvent que jouer à la courbette pour obtenir des subventions négociables pour des partages après… Je les connais, ils sont mes amis et c’est eux qui veulent me tuer vivant.



L’Afrique a une génération d`étudiants vides d’espoir qui rêvent de l’Occident et de l’Amérique.



Le problème est qu’il faut un Bénin libre sur un système politique qui repose sur la liberté, l'égalité et la participation ; la Charte des droits et des libertés de la personne condamne la discrimination sous toutes ses formes. Et, que notre pays soit une société égalitaire pour les femmes et les hommes qui auront les mêmes responsabilités et jouissent des mêmes droits aux yeux de la loi, tant dans le domaine des affaires publiques que dans le privé.





Il est temps pour nous de dire les choses car je me pose la question de savoir si notre jeunesse peut avoir encore de l’espoir et non des rêves chimériques…





Vive le vrai Changement !



Vive le Bénin !



Vive l’Afrique !




Amine Laourou

mardi 20 juillet 2010

Formation au Bénin

Promotion de l'expertise artistique et culturelle béninoise
Jolidon Lafia forme une dizaine de stagiaires en danses africaines
Du 8 au 10 juillet 2010, le très connu chanteur béninois, Jolidon Lafia, a procédé à la formation en danses africaines d'une dizaine de stagiaires provenant de la France. C'était dans la Commune de Pobè, selon une ambiance hautement propice à la circonstance.
Le tèkè, le sinsinnou, l'adjagbo, le houngan, le massè, le yaoïtcha, le tipinti, voilà notamment les danses ayant servi de fondement à l'apprentissage véhiculé par Jolidon Lafia, artiste-chanteur béninois et maître chorégraphe du Ballet national du Bénin. Les séances, qui se sont déroulées du 8 au 10 juillet dans la demeure privée du Sieur Zulkaneri Taïrou, située à Onigbolo, dans la Commune de Pobè, ont permis à une dizaine de grands apprenants en provenance de la France de s'approprier les mécanismes d'exécution des danses précédemment énumérées. Cette formation a été initiée par la Franco-béninoise Falila Taïrou, Directrice d'un centre français de danses africaines, ayant son siège dans la ville d'Angers. Ces trois jours d'échanges entre Jolidon Lafia et ses élèves ont débouché sur un spectacle riche en mouvements de restitutiton, tenu au soir du 10 juillet et qui a connu la participation de nombreux spectateurs parmi lesquels on trouvait des cadres et des notabilités d'Onigbolo. Un dîner offert par M. Quenum du CMB-Grill est venu clôturer la fête. Si une telle formation a pu avoir lieu à Pobè, il a fallu le partenariat entre l'Association ''Yédélé'' créée en France en 2006 par Falila Taïrou, elle aussi danseuse et chorégraphe, et ''Deema'', la structure de Jolidon Lafia, comportant des entités ''Orchestre'', ''Danse'' et ''Enseignement musical''. En effet, Falila Taïrou, après des recherches sur Internet, a identifié l'artiste béninois et recueilli des informations sur lui avec qui elle est entrée en contact par la suite, ce qui s'est conclu par la descente de ses stagiaires sur le Bénin. Concernant ceux-ci dont un seul homme, Jolidon Lafia développe de nombreux éloges : " Ils avaient une volonté très affichée, ils voulaient vraiment connaître et apprendre les danses africaines ; bien que fatigués, ils se surmontaient, donnaient le meilleur d'eux-mêmes et, ceci, sous le soleil. Ils avaient une grande capacité de réception et apprenaient, dans un sourire de victoire et de fierté ". Voilà un exemple de partenariat Nord-Sud réussi , qui devrait s'investir dans bon nombre d'autres initiatives de transmission de connaissances en matière artistique et culturelle.
Marcel Kpogodo

mercredi 7 juillet 2010

Arts plastiques au Bénin

Ouverture sur le monde


Le jeune artiste-peintre béninois Yamferlino's expose quelques-unes de ses oeuvres
Vingt-six ans, Ferréol Yamadjako alias Yamferlino's, artiste-peintre béninois, se fait le maître d'un talent incomparable lorsqu'il s'agit de décrire un certain nombre de réalités typiques liées à son pays d'origine, le Bénin. A travers cette exposition via notre blog, il montre un aperçu de la force qu'il porte en lui de traduire, par des coups de peinture philosophiques, le quotidien de l'homme, en réalité, toutes différences géographiques confondues.
Infidélité en amour

Sagesse en Afrique

Maman Africa

Critiques

Chargement de taxi au Bénin

A chacun ses larmes

mardi 22 juin 2010

Arts plastiques au Bénin

Thierry Oussou




Portrait



Des débuts couronnés par des Prix




Nous sommes à Houéyiho. L’éclaircie qu’offre le ciel durant cette matinée tranche nettement avec celui des jours précédents. Notre descente dans ce quartier de Cotonou, nous mène vers l’atelier d’un artiste-plasticien. Taille légèrement au-dessus de la moyenne, son look est le signe d’un savant mélange ; il porte une tenue traditionnelle sur un jeans. Notre discussion nous entraîne vers ses débuts dans l’art. Agé d’une vingtaine d’années et candidat au baccalauréat, il évoque les dessins qu’il faisait dans son enfance. "A cette époque", explique-t-il, "c’était le canal par lequel j’exprimais l’amour pour l’art qui sommeillait en moi." En 2004, par le hasard d’une exposition qu’il visitait, il rencontre Grek, un artiste en vue dans le domaine des arts plastiques au Bénin. "Je l’ai assailli de questions, car les œuvres exposées m’ont beaucoup impressionné ; j’ai surtout constaté que mes dessins étaient complètement différents. Il m’expliqua qu’il fallait que je suive des formations avant de pouvoir créer des toiles de ce type. " Mais, 2006 sonne le déclic pour lui. Il croise de nouveau Grek dans le cadre de la 2è édition de Miwononvi, organisé par Artisttik Bénin dont le promoteur était Ousmane Alédji. Il suivit à cette occasion une formation qui a réuni des artistes béninois, togolais et ghanéens. Et, c’est là qu’il a commencé à créer des toiles. Et, tel un coup de maître, il reçut le Prix spécial du Concours national d’arts scolaires (Conaasco), organisé cette même année. Ainsi, les récompenses s’enchaînent. En 2007, lors de la 2ème édition de Promo’ Art, il obtient le Prix de la Meilleure œuvre de sensibilisation et celui du Meilleur artiste de l’Atelier. En 2009, il est de nouveau primé lors du Concours national d’arts scolaires (Conaasco) qui en était à sa 4ème édition. Suite à toutes ces distinctions, l’opposition de ces parents à ses activités artistiques faiblit. Ceux-ci voulaient qu’il s’engage dans les forces armées béninoises, comme l’une de ses sœurs. Cette nouvelle donne lui offre ainsi l’opportunité de leur expliquer le message qu’il voulait transmettre à travers ses toiles : "Je veux surtout que, par le biais de mes toiles, l’Homme puisse trouver une porte de sortie, car j’ai l’impression qu’il est emprisonné dans une boîte. J’essaye de créer des lumières pour qu’il puisse trouver ces portes de sorties ", nous dit-il. Selon lui, "nous sommes d’une culture très riche ; je suis de la cour royale d’Allada. La culture de ma ville d’origine catalyse mon inspiration personnelle. Il y a des choses qui m’ont toujours impressionné. A titre indicatif, il y a l’aspect du sang séché sur les totems après l’immolation des animaux." Elève au Collège d’enseignement général (Ceg) de Vèdoko, il a mis en place un club qui regroupe ses camarades qui partagent avec lui cette passion. Ce club d’arts plastiques compte une trentaine d’élèves du 1er et du second cycle. C’est ainsi qu’il se distingua en remportant quatre prix sur les douze en jeu, lors du concours d’arts plastiques Ma fête du printemps chinois, organisé en 2010. Les tableaux qu’ils ont présentés avaient pour objectif de restituer la fête du printemps chinois. Il confie également : "Je travaille sur des petits formats, car je n’aime pas me séparer de mes toiles. C’est pourquoi j’emmène certaines au cours et, lorsque le professeur est absent, je continue à travailler". Et, comme perspectives, il compte, après avoir obtenu son Baccalauréat, se consacrer uniquement aux arts plastiques, se perfectionner dans une école des beaux-arts et exposer ses toiles. Il y a une dizaine de jours, ce jeune artiste-plasticien faisait partie de la quarantaine d’artistes qui ont ouvert leur atelier au public de Cotonou et de Porto-Novo. C’était du 05 au 10 juin dernier, dans le cadre du Festival Waba. Il a reçu, à cette occasion, la visite de beaucoup de personnes. Elles étaient, entre autres, en provenance de Porto-Novo et de son quartier à Cotonou, qui ne lui connaissaient pas une telle passion. L'artiste-plasticien qui a ce parcours remarquable est Thierry Oussou.




Bernado Houenoussi

Initiatives culturelles au Bénin

Boris Koukpaïzan, Président de l'Association Oladé Tourisculture du Bénin



Dans le cadre de ses activités




L'Association Oladé tourisculture du Bénin a lancé le Festival ''Itinér’ance''



Oladé tourisculture du Bénin (Otb) est une association créée en 2006. L’un de ses objectifs est de promouvoir, notamment, les sites touristiques du Bénin. Elle organise, depuis sa création et, ce, annuellement, un festival dénommé « Itinér’ance ». L’édition de cette année, qui aura lieu du 14 au 16 août prochain, a été lancée par le biais d’une conférence de presse au Centre culturel chinois (Ccc) de Cotonou, le 09 juin dernier.



Cette conférence de presse tenue le 09 juin dernier au Centre culturel chinois (Ccc) de Cotonou a réuni les membres de l’Association Oladé tourisculture du Bénin et les professionnels des médias. Pour Boris Koukpaïzan, président de l’Organisation, l’objectif principal de cette conférence est de présenter la 5ème édition du festival Itinér’ance. Ainsi, du 14 au 16 août prochain, il permettra à ses participants de découvrir les villes de Savalou, Dassa-Zoumè et de Glazoué. Il est organisé également un tournoi de football qui débute le 17 juillet 2010, connaîtra son terme le 14 août et qui regroupe la ville de Savé et celles qui seront visitées par les participants. Une compétition culturelle réunira aussi les élèves des écoles et de collèges des contrées qui seront sillonnées. Il est à noter que, pour la 2ème année consécutive, Otb renouvelle le concours portant le nom d' « Oladé Meilleure Presse », destiné à récompenser, par le biais de leurs journalistes, trois des organes impliqués dans la communication autour d’Itinér’ance et des activités de l’Association.


Bernado Houenoussi