Le personnage, en pleine lecture de tranches catastrophiques ... (Photo d'Abdoula Aziz Soumaïla) |
musique, littérature, théâtre, danse, cinéma, patrimoine, arts plastiques, mode, et toute la culture au Bénin, c'est désormais ICI et nulle part ailleurs !!!!
Le personnage, en pleine lecture de tranches catastrophiques ... (Photo d'Abdoula Aziz Soumaïla) |
Jérôme-Michel Tossavi |
Farouk Abdoulaye |
Richard Korblah |
Club de lecture à l'Institut français du Bénin
Robert Asdé parle de sa passion pour l'activité
Depuis un petit bout d'années, l'Institut français du Bénin, ex-Centre culturel français de Cotonou, vibre périodiquement au rythme d'une activité très culturelle qui, l'air de rien, fait son petit bonhomme de chemin, en édifiant intellectuellement les collégiens et les lycéens béninois : le Club de lecture. Robert Asdé, premier responsable de cette manifestation, répond ici à quelques questions qui précisent les tenants et les aboutissants de cette activité.
Journal Le Mutateur : M. Robert Asdé, vous êtes le Président de l’Association ’’Aiyé Culture’’. Nous l’avons découverte dans le cadre de l’organisation des activités du Club de lecture à l’Institut français du Bénin. Pouvez-vous nous la présenter ?
Robert Asdé : L’association ’’Aiyé Culture’’ a vu le jour en 2003 à Parakou ; elle avait pour mission fondamentale de répandre la culture dans le Septentrion et dans tout le Bénin, à travers le théâtre, la littérature et l’éducation.
Elle fonctionnait en tenant des rencontres littéraires dans des collèges et lycées, elle donnait des spectacles de théâtre. Mieux, en 2008, s’est fait sentir la nécessité de créer un festival pouvant permettre à tous les collèges du Septentrion de se retrouver afin de se mesurer par rapport à la chose culturelle. C’est là que l’Association a organisé ce Festival qui a réuni presque tous les collèges du Septentrion, qui ont compéti dans les rubriques ’’Poésie’’, ’’Théâtre’’ et ’’Lecture’’.
Cette activité a duré près d’une semaine ; nous avons tenu les compétitions dans les collèges et, la finale a eu lieu au Centre culturel français de Parakou, où nous avons pu primer les meilleurs dans chacun de ces trois domaines.
A part le théâtre, l’Association ’’Aiyé Culture’’ intervient dans la rubrique ’’Littérature’’ ; nous avons des exposés sur des livres, nous tenons des rencontres littéraires autour de thématiques de livres ou autour d’écrivains.
Cela veut dire que nous descendons dans les collèges, soit avec les œuvres d’un écrivain, soit avec celui-ci et ses œuvres et nous les faisons découvrir par les élèves. Ce faisant, nous éduquons forcément ; le fait de rapprocher le livre et l’écrivain de l’élève, c’est une façon de l’éduquer parce que, forcément, l’écrivain, pour stimuler le goût de la lecture, de la culture chez l’élève, lui donne des conseils. C’est au vu de cela que nous affirmons que nous intervenons aussi dans l’éducation. Notre leitmotiv est donc : « La culture au service de l’éducation ».
Qu’en est-il de l’intervention de l’Association dans le Club de lecture à l’Institut français du Bénin ?
Qu’il me soit permis de faire une certaine genèse. En 2006, le Lycée Mathieu Bouké de Parakou a reçu une invitation de la part de Madame Irène Dèhoumon Koukoui, ancien Proviseur du Lycée Béhanzin et femme très active dans la culture, pour la participation des élèves à un concours intitulé ’’Défi- Lecture’’.
A cet effet, elle nous a envoyé une vingtaine de livres pour le premier cycle et une autre vingtaine pour le second. Il fallait donc organiser les élèves à lire ces ouvrages pour qu’ils concourent avec une dizaine d’autres collèges. C’est ainsi que le Proviseur du Lycée Mathieu Bouké de l’époque, Monsieur Noël Koussey, en tant que Professeur de Français, m’a choisi pour encadrer les apprenants des deux cycles ; nous sommes arrivés et nous avons remporté le premier Prix. Cela a surpris le Responsable d’antan de la Médiathèque du Centre culturel Français de Cotonou, M. olivier Carré, qui m’avait aussi identifié lors du Concours ’’Lu pour vous’’ de Madame Djamila Idrissou Souler, où j’avais été lauréat. Lorsque je suis arrivé à Cotonou, il m’a demandé de diriger le Club de lecture de l’Institut français du Bénin, l’ex-Centre culturel français de Cotonou, ce que j’ai accepté.
En 2009, nous avons donc commencé les activités du Club de lecture et, cela a pris. Elles consistaient à présenter aux participants un livre auparavant lu et, après, ensemble, on en débat. Avec le temps, ce Club de lecture est devenu ce qu’on peut même appeler un Club d’animation littéraire, c’est-à-dire qu’on a revu un peu le menu : il ne s’agissait plus simplement de venir parler d’un livre et des thèmes mais, aussi, d’aller plus loin, à travers l’étude de thèmes ayant un rapport avec des ouvrages mais, des thèmes qui ne sont pas forcément débattus par l’écrivain.
Donc, on a agrandi un peu le champ et, désormais, on a un exposé suivi de débat, on a la lecture de séquences de textes et, pour détendre l’atmosphère, on a un récital poétique, des déclamations de texte, du slam et une rubrique où l’équipe dirigeante du Club ou bien l’auteur invité donne des conseils pratiques aux apprenants en faveur de la lecture.
Dans une dernière rubrique, nous avons le compte-rendu d’un roman lu par l’un d’entre nous ou des participants. Cette rubrique est dénommée : « A la découverte d’un roman ».
Le Club de lecture se tient chaque dernier samedi de chaque mois à l’Institut français et, ponctuellement, les séances ’’Hors les murs’’ qui consistent à descendre dans les collèges pour le bonheur des apprenants et des directeurs d’école.
A combien peut-on chiffrer le nombre de séances de Clubs de lecture tenues depuis 2009 ?
On peut les chiffrer à une trentaine, à l’Institut français du Bénin et dans les collèges de la place.
Quels sont les auteurs que vous avez à votre actif ?
Nous avons reçu Florent Couao-Zotti qui ne ménage aucun effort toutes les fois où nous avons besoin de lui ; il se met toujours à la disposition du Club de lecture, même si c’est à Ouidah que nous l’invitons ! Nous avons reçu le Professeur Jean Pliya, Hilaire Dovonon, le Professeur Mahougnon Kakpo, Edgard Okiki Zinsou, Reine Oussou, Madame Adélaïde Fassinou Allagbada, Fernand Nouwligbèto, récemment.
Le Club de lecture, c’est la chose de tout le monde … Je ne peux pas évoquer ces auteurs sans parler des professeurs de Français qui aident les apprenants à la veille des examens.
Est-ce que la tenue des séances culturelles du Club de lecture nécessite beaucoup de moyens ?
Ces rencontres nécessitent beaucoup de moyens, notamment des moyens humains, avec les animateurs du Club, moi, Léon Aoudji et, notamment, Jean-Florentin Agbona, avec les écrivains et les professeurs de Français.
Il faut aussi des moyens financiers. A cet effet, nous avons monté un projet qui, bientôt, permettra de désintéresser toutes les personnalités qui animent nos rencontres littéraires. Evidemment, l’Institut français du Bénin ne reste pas les bras croisés ; lui-même n’ayant pas trop les moyens, il met quand même à notre disposition le strict nécessaire pour les affiches, l’eau minérale pour désoiffer les orateurs, la communication téléphonique pour joindre les personnalités que nous démarchons.
Personnellement, vous exercez au Ministère du Travail et de la fonction publique, en tant qu’archiviste. Comment faites-vous pour concilier votre profession et les exigences du Club de lecture ?
De par ma profession, je suis titulaire d’un diplôme de Technicien supérieur en Action culturelle. Le poste d’archiviste que j’occupe au Ministère de la Fonction publique et qui m’amène à gérer le dossier de tous les fonctionnaires de l’Etat me permet de me livrer corps et âme à la littérature, puisque, qui dit ’’Archives’’ parle de culture.
Donc, je me sens à l’aise dans les archives et dans ces activités assez culturelles que je mène, par la passion que j’ai pour la chose culturelle ; moi-même je ne peux pas l’expliquer mais, c’est avec plaisir que, lorsque je vais au bureau et que je trouve qu’en toute conscience, j’ai déjà énormément travaillé pour l’Etat et que je peux faire rapidement un saut à l’Institut français, je le fais, pour le bonheur des autres … C’est un peu comme cela ; cette conciliation est très facile à mon niveau.
Sentez-vous que le Club de lecture, tel que vous l’exercez à l’Institut français et dans les collèges, a un impact sur les apprenants ? Pensez-vous que cela leur apporte quelque chose ?
Si, aujourd’hui, les ’’Hors les murs’’ se multiplient et sont très demandés dans plusieurs collèges à travers le pays, c’est justement parce que cela apporte un plus important aux apprenants. Par exemple, le 25 février passé, au Collège Sainte Félicité de Godomey, après la rencontre que nous avions organisée et qui avait été animée par l’écrivain Florent Couao-Zotti, les autorités de l’établissement ont demandé que nous fassions venir le Professeur Jean Pliya, avant la fin de l’année. C’est dire que notre passage stimule forcément le goût de la lecture chez l’apprenant.
Nous sommes certains que cet effet que cela a sur eux va apporter un plus dans l’amélioration des résultats dans les matières littéraires. Nous avons cette conviction. Voilà pourquoi nous disons que le Club de lecture a un impact positif sur l’apprenant et, cela, les autorités en charge des activités scolaires en sont très conscientes.
Avez-vous un mot de fin ?
Je voudrais d’abord dire merci sincèrement à tous les écrivains et à tous les enseignants qui ne cessent d’apporter leur aide aux apprenants. L’appel que je peux lancer aux autorités et à tous les amoureux de la culture, c’est de nous aider à aller de l’avant avec ce projet, parce que la culture est au début et à la fin de tout processus de développement. Par conséquent, il faut très tôt inculquer ce goût de la culture aux apprenants, à travers ces rencontres littéraires que nous tenons dans les collèges et lycées, et à l’Institut français du Bénin. Moi, je crois qu’avec ça, on pourra corriger quelque chose et on pourra donner ce réel goût de la lecture et, par ricochets, celui de la culture, à nos jeunes sœurs et frères qui sont les futurs cadres de ce pays.
Propos recueillis par Marcel Kpogodo
A mi-chemin vers le spectacle des vendredi 14 et samedi 15 octobre prochains
Patrice Toton parle de Gnonnou glégbénou
Gnonnou glégbénou est une pièce de théâtre adaptée d’Antigone de Sophocle et de JeanAnouilh, qui se joue, vendredi 14 et samedi 15 octobre, à l’Institut français du Bénin (Ifb), anciennement dénommé Centre culturel français (Ccf). Au détour d’une répétition effectuée sur les lieux, mardi 11 octobre au soir, Patrice Toton a accepté de se confier à nous.
Journal Le Mutateur : Patrice Toton, tu es en train de boucler les répétitions pour le grand spectacle Gnonnou glégbénou des vendredi 14 et samedi 15 octobre prochains. Quelles sont tes impressions ?
Patrice Toton : Merci. Je rappelle que l’un des objectifs du Théâtre Katoulati, c’est de mettre l’art au cœur du développement humain, de mettre l’homme au centre de nos actions. Et, cette action-ci vient célébrer la femme ; ce n’est pas une simple célébration, ce n’est pas une célébration festive mais, c’est une célébration qui reconsidère la place de la femme dans les sociétés modernes.
Patrice Toton, Président du Théâtre Katoulati
Il est inconcevable qu’aujourd’hui, sous d’autres cieux, on interdise aux femmes d’être au volant et que, même sous nos cieux ici, on continue de forcer une femme à épouser un homme qu’elle n’aime pas. Donc, c’est notre devoir d’acteur culturel, notre devoir d’auteur, notre devoir de comédien ou de metteur en scène, de nous pencher un peu sur ce sujet concernant la place de la femme dans notre société, d’apporter notre contribution et, c’est ce que nous essayons de faire avec cette tragédie emblématique qui a été reprise par Jean Anouilh, cette tragédie grecque qui est connue presque de tous, Antigone, Antigone qui est l’une des toutes premières femmes à commencer les luttes des femmes, c’est-à-dire les luttes pour les droits de la femme, les luttes pour l’émancipation de la femme, pour l’instruction, l’épanouissement de la femme. Aujourd’hui, moi, je dépasse tout ça et, plus que n’importe qui, je parle de l’ascension de la femme, ce qui signifie le partage du pouvoir par les femmes et les hommes. Ce spectacle ne vise pas à inscrire dans l’âme des femmes la révolte, il ne vise pas à armer les femmes contre les hommes ; il s’agit juste que les femmes se lèvent et lèvent le ton pour réclamer leurs droits, pour demander ce qui, de droit, leur revient : le partage du pouvoir, la parité, comme on le dit, l’instruction, l’épanouissement, l’arrêt des interdits inutiles liés à la tradition, la lutte contre les violences faites aux femmes, contre l’excision, notamment. Ce spectacle, c’est le spectacle des femmes ; toutes les femmes doivent venir soutenir, comme une seule femme, ce spectacle. Et, je souhaiterais qu’à la fin du spectacle, toutes les femmes qui y seront venues lèvent un seul bras pour dire : « Non aux violences faites aux femmes ! » C’est cet appel que je lance à toutes les femmes béninoises, à toutes les femmes d’ailleurs, pour que l’égalité entre l’homme et la femme soit une réalité à tous les niveaux : politique, social, institutionnel, … A tous les niveaux ! Il est important que les gens comprennent, que les politiques comprennent, que les autorités à tous les niveaux comprennent que le Changement ou la Refondation, ou que toute action qui vise à toucher l’âme du peuple passe d’abord par la sensibilisation au moyen de l’art. C’est pourquoi, nous pensons que nous sommes une arme utile à tout le monde et, entre autres, aux femmes.
Propos recueillis par Marcel Kpogodo
En pleins préparatifs pour le grand concert de rentrée qu’elle donnera ce samedi 24 septembre, à partir de 20 h 30, à l’Institut français du Bénin (Ifb), ex-Ccf, Zeynab, son troisième album en mains, lancé le 16 septembre dernier au Palais des Congrès de Cotonou, a accepté de s’ouvrir à nous, pour vous, sur quelques réalités importantes liées à ce nouvel opus.
Le Mutateur : Bonjour Zeynab. ’’Olukèmi’’, ton troisième album, oscille entre fidélité à ton ’’bolojo’’ natal et une exploration davantage marquée de la musique moderne. Quelle est son originalité par rapport aux autres ?
Zeynab : Quoi de neuf? L'album tout simplement. Et, par rapport aux autres, sa maturité, ses textes et les sonorités élaborées. Ecoutez-le, vous en aurez une idée précise.
Quels sont les thèmes que tu privilégies, cette fois-ci ?
Je n'en ai pas de particulier de préférence. Je parle des thèmes naturellement liés à nos sociétés, la vie, nos vies …. Pourvu qu’ils m’inspirent.
Ce nouvel album coûte 10 mille francs. N’est-il pas cher pour le Béninois moyen ?
C’est peut-être cher à vos yeux, comparativement à ce qui se fait d’habitude. Mais, je pense qu’on ne peut pas évaluer l’inspiration d’un artiste, en général. Pour un CD de 16 titres, masterisés et dupliqué en Europe, contenant un livret en couleurs avec des photos, et des copies de tous les lyrics, des frais ont été forcément engagés en vue d’offrir un produit de qualité en son et en présentation. C’est un choix de la Production. Vu ces paramètres, c’est un prix raisonnable et, je crois que les Béninois méritent ce qu’il y a de meilleur en tout. Une version à moindre coût du même produit existe également en 8 titres et sans livret.
Le lancement de ton album au Palais des Congrès, le vendredi 16 dernier, t’a permis d’être entourée par de nombreux artistes béninois …
Entre nous les artistes, il est tout à fait normal plutôt que ce genre de solidarité existe. Vous savez, nous partageons les mêmes difficultés de terrain. Alors, le seul moyen de pouvoir se soutenir mutuellement, c’est, entre autres, ce genre de témoignage d’affection et de fraternité observé à ma soirée de lancement, ce vendredi 16 dernier, au Palais des Congrès, et je les en remercie très sincèrement, y compris ceux qui étaient avec moi de cœur ; j’en ai été très touchée. J’ai pour habitude de me rendre au lancement d’album de chacun d’eux également, quand ils me font appel, sans hésitation, selon ma disponibilité, éventuellement. Bref, on doit être et demeurer solidaires l’un envers l’autre.
Quel est ton message pour le public mélomane béninois ?
Mon message pour mon concert de ce soir à 20h 30 à l’Institut français du Bénin, ex-Ccf, est un appel à tous mes fans et à la population tout entière. Venez nombreux porter et soutenir notre culture, car c’est de cela qu’il s’agit concernant chaque artiste béninois. Je vous attends nombreux pour vivre et partager, avec moi, sur scène, une ambiance unique, et pour bien démarrer la rentrée ! Venez chanter et danser mais, venez à l’heure, surtout (Rires). D’avance, merci. Dieu vous bénisse …
Propos recueillis par Marcel Kpogodo