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lundi 27 août 2018

Le Manager Fidèle Arnaud Dossou évoque 4 formations cardinales dans le domaine musical dès le mardi 28 août 2018


Dans le cadre de la deuxième édition du Festival ’’Arts en couleurs’’

L’Association culturelle ’’Premiers pas’’, sous la conduite de son Président, le manager d’artistes, Fidèle Arnaud Dossou, tient, dans sa phase pratique, à partir du mardi 28 août 2018, entre autres activités, pas moins de quatre formations liées particulièrement au secteur de la musique, sous le couvert de la deuxième édition du Festival international, ’’Arts en couleurs’’. Deux espaces culturels sont prévus pour abriter ces séances de renforcement des capacités.

Fidèle Arnaud Dossou
Régie générale, photographie, techniques vocales et management. Les quatre domaines qui sont pris en compte pour voir se dérouler, respectivement, une formation d’une durée de quatre jours au maximum, pour le premier et, de trois, pour les autres, à partir du mardi 28 août 2018, au niveau du ’’Centre’’ de Lobozounkpa du quartier d’Atropocodji, dans l’Arrondissement de Godomey de la Commune d’Abomey-Calavi, et au ’’Parking’’, un espace culturel des environs de la ruelle se trouvant derrière la place du ’’Calvaire’’ du quartier de Fidjrossè, à Cotonou, dans un contexte simple : la deuxième édition du Festival ’’Arts en couleurs’’, qui s’effectue, à travers ses activités, jusqu’au 9 septembre.


L'affiche officielle du Festival
Dix mille francs Cfa. La somme d’argent dont les personnes intéressées devaient se munir pour réaliser leur inscription à l’un ou l’autre de ces ateliers, pour une date limite arrêtée au lundi 27 août. A en croire, Fidèle Arnaud Dossou, Président de l’Association culturelle, ’’Premiers pas’’, manageur d’artiste et initiateur du Festival, la formation en régie générale, de loin, la plus intense, sera animée par un expert togolais, Osdok, se déroulera du mardi 28 au vendredi 31 août au ’’Centre’’ et prendra cinq heures pour chacun de ces jours, réparties en trois, de 10h à 13h, dans la matinée, et de 14h à 16h, dans l’après-midi. Et, si le Gabonais Dorval Rizogo instruira ses auditeurs dans les techniques vocales du 30 août au 1er septembre, selon l’horaire unique de 10h à 13h, au ’’Parking’’, ce même cadre verra l’artiste Sophie Négrier animer l’atelier de photographie du 5 au 7 septembre, toujours de 10h à 13h, pendant que lui-même se chargera de la formation en management dans le même espace culturel du 3 au 5 septembre, de 10h à 13h, aussi.


Des manifestations artistiques

’’Arts en couleurs’’ donnera aussi lieu, d’abord, à des ateliers respectifs de création en Arts plastiques, en danse et en mode. Ensuite, il sera organisé un défilé de mode enrichi de  chorégraphie, de même qu’une exposition, deux concerts et « un géant spectacle thématique de clôture, qui fera intervenir les acteurs de chaque forme d’expression artistique » a ajouté Fidèle avant de préciser : « Ce sera un spectacle unique conçu sous la forme d’un atelier de création avec, en première partie, des prestations des jeunes talents ».


Appel à souscriptions

L'affiche de l'appel au soutien financier
Même si, grâce aux équipes bénévoles constituées, fonctionne normalement l’organisation conçue pour la réussite des différents compartiments mis en place, Fidèle Arnaud Dossou en appelle aux bonnes volontés qui voudraient bien accompagner financièrement le Festival.

Marcel Kpogodo

vendredi 22 juin 2018

Christel Gbaguidi, la vision de loisirs infantiles authentiquement endogènes

Dans le cadre de l’expérimentation des « jeux d’enfance »

’’Les jeux d’enfance’’ sont un concept que développe, depuis plusieurs semaines, le promoteur culturel Christel Gbaguidi, ce dont il a donné à sentir la force, la consistance et l’abondance au ’’Centre’’ de Lobozounkpa, à Godomey, dans la Commune d’Abomey-Calavi, le samedi 7 avril 2018, en compagnie, notamment, de plusieurs dizaines d’enfants.

A gauche, ci-contre, Christel Gbaguidi, en superviseur du déroulement de l'un des jeux, de même que Serge Zossou, dans le cercle
La cour intérieure d’un espace culturel, prise d’assaut par des dizaines d’enfants exécutant divers jeux de leur âge mais que leur époque ne connaît plus trop. L’atmosphère qu’il fallait vivre dans l’après-midi du samedi 7 avril 2018 au niveau du ’’Centre’’, ce complexe culturel dirigé par l’artiste peintre Dominique Zinkpè et situé à Lobouzounkpa, dans l’Arrondissement de Godomey, inclus dans la Commune d’Abomey-Calavi.
Particulièrement, quatre jeux étaient simultanément en exécution par des enfants différemment répartis, apparemment conquis, passionnés et embarqués à ne plus pouvoir s’en défaire : l’arc-en-ciel, le chou, la course en sac de jute et le ’’ko ko ko ko ma do azin kpo dé’’. Serge Zossou, homme de théâtre, était l'un des co-superviseurs de la manifestation.

Le ’’ko ko ko ko ma do azin kpo dé’', en déroulement
Concernant le tout premier, il s’agissait d’évoluer linéairement d’un point de départ à un autre, d’arrivée, dans des cadres tracés à même le sol, en s’aidant d’un miroir. Pour le deuxième, il fallait sauter sur le sol d’un carré à l’autre, dans un système de trois carrés verticaux rompus par deux autres à l’horizontale, puis par un, à la verticale et, enfin, par deux autres de nouveau à l’horizontale avant de s’arrêter dans un demi-cercle terminal ; le joueur fait précéder son arrivée d’un carré à l’autre par le jet d’un morceau de caillou. Troisièmement, il était question de courir le plus vite possible, dans un sac de jute, pour être le premier à franchir la ligne d’arrivée. Enfin, le dernier jeu exécuté consistait pour celui qui le débutait à jouer avec un objet, fondement de poursuites au bout desquelles il ne devait se faire rattraper.

Des enfants se livrant à la course en sac de jute
En réalité, simple était le cheminement à suivre pour mener l’un ou l’autre de ces jeux. D’abord, devant les enfants adhérents, il fallait consulter le livret concernant les éléments d’amusement en question. Ensuite, il s’agissait de retrouver le règlement de celui qui allait s’exécuter et le partager avec ceux qui s’y étaient inscrits. Enfin, dernière étape : la phase opérationnelle où le jeu serait effectué.
Selon Christel Gbaguidi, Président de l’Association ’’Arts vagabonds rezo Afrik Bénin’’ et concepteur de ce processus de remise en selle, chez les enfants béninois, de ces jeux purement locaux en voie de disparition, c’est un total d’une douzaine d’entre eux, de ce genre, qu’il a répertoriés mais parmi lesquels il n’a choisi que les quatre précédemment évoqués pour être effectués, étant donné qu’il se trouvait à des étapes d’expérimentation et de rodage de l’exercice. Un exercice devant consister à ressusciter ces jeux et à en encourager, à en généraliser la pratique chez les enfants d’aujourd’hui, en remplacement de ceux liés aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, et qui ne développent pas autant les capacités physiques, mnémotechniques, psychologiques, entre autres. Toujours à en croire Christel Gbaguidi, la télévision, les jeux vidéos et les réseaux sociaux distraient, égaient les enfants d’aujourd’hui, mais il n’y trouve aucune plus-value morale, d’où la nécessité pour les Africains, en général, et les Béninois, en particulier, de revenir aux fondamentaux de distraction sociale de leur culture intrinsèque, ce qui a conduit à l’actualisation qu’il a réalisée des jeux d’enfance au Bénin. 
L'ouvrage ''Mes jeux d'enfance au Bénin''
Une initiative qui a débouché sur la publication par ses soins d’un ouvrage intitulé ’’Mes jeux d’enfance au Bénin’’. Un livret indicatif que les lecteurs intéressés pourront se procurer à 1500 F Cfa.   

Marcel Kpogodo

mardi 29 mai 2018

« Stop ! » : le sculpteur Marius Dansou s’insurge et surprend


Dans le cadre de sa nouvelle exposition

L’espace culturel ’’Le Centre’’ accueille depuis le vendredi 25 mai 2018, une exposition collective dont le vernissage a été effectué. Intitulé ’’Our ephemeral struggles’’, il est le résultat d’une trentaine de jours de résidence, ce qui a abouti à la présentation au public de leur travail par Ahmed Hamidi, Ardhy Massamba et Marius Dansou, ce troisième ayant particulièrement frappé par le caractère atypique de son installation.

L'installation ''Stop''
Un cimetière, 17 pierres tombales noires surmontées, chacune, d’un drapeau et, sur certains tombeaux, soit un gros point d’interrogation blanc, soit un crâne en bronze, en aluminium ou en bois, le gris du sol de support de cet arsenal renforçant l’atmosphère lugubre qui prend possession des esprits. « Stop ! », l’installation signée ’’Marius Dansou’’, qui aura surpris, impressionné et suscité mille questions, dans le début de la soirée du vendredi 25 mai 2018, au cours du vernissage de l’exposition collective dénommée ’’Our ephemeral struggles’’, présentée par ses collègues Ahmed Hamidi, Ardhy Massamba et lui, ce qui s’est tenu au ’’Centre’’ de Lobozounkpa, à Godomey, dans la Commune d’Abomey-Calavi.
« A tout seigneur, tout honneur » ! Au premier rang, à gauche, deux tombeaux sont surmontés du drapeau togolais, le premier sur lequel est posé un crâne en bois, et qui s’achève, à la base, par une durée de vie, le second, affublé d’un point d’interrogation et finissant, en bas, par une année, 1966 avec un « à » laissant espérer comme une seconde année, de clôture. Selon Marius Dansou, ces deux tombeaux sont ceux respectifs des dictateurs qui se sont succédé au pouvoir, de père en fils, plus précisément, Eyadéma Gnassingbé, déjà décédé, d’où la période achevée de vie et, le crâne, en bois, pour montrer le caractère féroce d’un régime autocratique de près d’une quarantaine d’années. Quant au fils, Faure Gnassingbé, né en 1966, il a pris la relève de son père, à sa mort, dès 2005, et il continue d’exercer le pouvoir, ce qui justifie le point magistral d’interrogation matérialisé sur le tombeau : non seulement il est vivant, mais son régime perdure, à la grande indignation des Togolais épris de liberté et de démocratie.
Dans le même schéma de légation dynastique du pouvoir se succèdent la République démocratique du Congo (Rdc) et le Gabon avec, respectivement, Laurent Désiré Kabila, décédé en 2001 et, son fils, Joseph Kabila, toujours aux commandes du pouvoir et s’y arc-boutant désespérément alors que son mandat est achevé depuis décembre 2017, puis d’Omar Bongo Ondimba, mort en 2008, et de son fils, Ali Bongo, toujours aux affaires. Dans les deux cas de pays indiqués, un crâne de matière différente trône sur la tombe des pères présidents défunts : de l’aluminium pour le Congolais et du bronze pour le Gabonais, de quoi montrer, selon l’artiste installateur, les degrés divers de possession de ressources du sous-sol et du pillage politique de la grosse manne financière émanant de la vente de ces matières premières aux pays industrialisés.

Marius Dansou, dans ses explications sur l'installation ''Stop !''
La colère de Marius Dansou par rapport à ce système de fonctionnement des dictatures en Afrique est dure et incommensurable, tenace. Ainsi, plusieurs autres pays aux dictateurs célèbres entrent dans son viseur de dénonciation, même s’ils ne sont plus au pouvoir : Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire, décédé depuis 1993, et Blaise Compaoré, chassé de la présidence en 2014, sans perdre de vue, notamment, l’Angolais Jose Eduardo dos Santos qui a passé la main, en 2017, après une élection présidentielle. Pour le créateur, c’est après le décès de certains ex-dictateurs toujours vivants que leur tombeau pourrait se voir libérer du point d’interrogation inquisiteur, ayant été doté d’une puissance plus forte que l’œil de Caïn de la Bible. En effet, ces despotes, restés en vie, devraient être amenés à rendre compte de leur gestion calamiteuse lorsqu’ils étaient aux affaires. Par conséquent, ’’Stop !’’ est continuelle tant que des dictateurs resteraient au pouvoir et vivants, à charge, alors, à Marius Dansou, comme il l’a promis, d’élargir le cimetière de l’installation à chaque nouveau despote, déchu ou décédé.


Le Bénin : cas problématique

Dans l’installation ’’Stop !’’, dix-sept pays, en tout et pour tout, aux dictateurs respectifs morts, s’accrochant au pouvoir ou déchus, ont été épinglés par Marius Dansou. Mais, surprise, le Bénin, hors de la nasse ! Pourtant, ce pays est reconnu comme avoir traversé dix-sept années d’un régime dictatorial, de 1972 à 1989. Dans son analyse de cette exclusion, Marius Dansou trouve l’autocratisme de type marxiste-léniniste, vécu par les Béninois, trop mou, peu remarquable pour retenir l’attention, de même que cette dictature s’est exercée dans un pays aux ressources limitées du sous-sol, ce qui donne, pour l’artiste, une ampleur moindre à la prévarication financière qui, dans d’autres Etats africains, a atteint une hauteur digne de frapper les esprits. Cependant, un oubli de la part de Marius Dansou : une dictature, quelle que soit sa taille, quel que soit le degré de sa force de nuisance, draine, dans son sillage, un cortège de morts, de torturés, de victimes de camps de concentration, d’exilés à l’équilibre familial et social dévasté, le moyen de toucher du doigt des séquelles indélébiles qui font qu’une dictature ne peut jamais être autre chose qu’une dictature ; elle mérite donc d’être prise en compte partout où ele a pu faire ses tristes preuves, la vie humaine étant irréductible et indivisible.


Virage à 360°

Marius Dansou, dans ses résultats de travail, sans la trace du moindre fer à béton, le matériau de prédilection, qu’il a toujours assujetti à sa guise ? Inimaginable jusqu’à la soirée du 25 mai 2018 où il a donné à voir l’installation ’’Stop !’’. Apparemment, un tournant décisif dans sa démarche de travail, où le bois était beaucoup plus au rendez-vous, un bois finement travaillé et coloré avec, à la clé, un regard sur la politique africaine, un intérêt pour ce système, une décharge violente sur l’exercice de la dictature dans la plupart des pays de ce continent. Volonté de jouer, désormais, un rôle d’engagement pour le bonheur des populations ou caprice ponctuel généré par une volonté d’anticonformisme, de manifestation de la différence, vu une certaine lassitude de toujours faire la même chose ? Par ’’Stop !’’, Marius Dansou vient de donner d’une nouvelle voix, enclenchant inévitablement la continuation avec une habitude de sa part d’une absence d’adaptation à l’ambiance ordinaire du fonctionnement des arts et de la culture au Bénin. Un signal, donc, pour orienter vers une réponse, même si la résistance du ’’Stop !’’ dans la durée nous édifierait de manière plus fiable. Toute l'exposition ''Our ephemeral struggles'' peut être visitée jusqu'au 28 juillet 2018.

Marcel Kpogodo

jeudi 17 mai 2018

Le self-made young à la voix armée


Parcours d'une valeur désormais incontournable

En concert, au ''Centre'' de Lobozounkpa, en août 2017
Un grand pragmatisme. Un pragmatisme, apparemment, trop grand, réellement incroyable pour son âge, au vu de la mentalité en vogue dans le Bénin d’aujourd’hui, chez les personnes âgées, au niveau des adultes, dans la gent féminine, dans l’univers des jeunes de sa génération : si l'on n'est pas né avec une cuillère en or dans la bouche, il n'y a pas de ''fouettage'' psychologique pour se dresser dans le champ des bénédictions octroyées à chaque vivant par Dieu, si l'on ne dispose pas d’opportunités, il n'y a pas d’initiative pour s’en donner, si l'on n'a pas de chance, il n'y a pas de combat pour se l’arracher, si l'on n'a pas d’ouvertures de la vie, il n'y a pas de réflexions pour les conquérir, si l'on n'a pas de recrutement dans la fonction publique, on ne cherche pas une inspiration pour l’espoir d’un mieux-être, si l'on ne trouve pas un emploi salarié plus ou moins bien rémunéré, on n'analyse pas ses potentialités professionnelles pour s’auto-employer, si l'on ne dispose pas de crédit pour lancer une petite entreprise, on ne lève pas les bras pour commencer un business à rien de frais. 

Toutes ces postures, toutes ces pesanteurs psychologiquement arriérantes, aliénantes et handicapantes, développeuses du chômage, provoqueuses de l’anti-développement, il les a toutes défiées, vaincues. S’il a pu, sans état d’âme, le faire, réaliser ce qu’il faut qualifier d’un exploit, c’est, semble-t-il, parce qu’il a vu le jour dans l’année de l’éclosion du renouveau démocratique en ex-Union des Républiques socialistes soviétiques (Urss), au Bénin et, entre autres, en Europe de l’Est : 1990. Plus précisément, le 24ème jour du mois de janvier. Une constance : un génie naît souvent sous un signe historique particulier.

A vingt-huit ans seulement, rigoureusement sonnés, il a compris qu’il fallait sortir des sentiers battus de l’attente du bonheur qui se réalise de l’extérieur. Et, il l’a exercé. Une véritable trempe, donc ! Le voilà, alors, désormais, un pratiquant de la parole, qui s’en est fait un as, un esprit qui, dans sa langue maternelle d’une nature profondément humoristique, fait rire en traitant les situations ordinaires relatives au quotidien des Béninois.

A l’origine, il s’est fait Technicien supérieur en Audiovisuel, depuis 2014, résultat de ses études à ’’Vidéo Leader’’, à Cotonou, après avoir, successivement obtenu, quelques années auparavant, un Baccalauréat, en 2010, un Probatoire, en 2009, au Togo et, notamment, un Brevet d’Etudes du premier cycle (Bepc), en 2006.

« Ose devenir qui tu es ! », a intimé André Gide, ce qui l’aura sûrement amené à tourner casaque par rapport à la profession à laquelle le destinait sa formation. D’ailleurs, sa mère étant femme de scène, le sang, les gènes auront dicté une loi d’airain. Par conséquent, il suit le même sillage professionnel que sa génitrice mais, à sa manière !

Il parle plus qu’il ne chante, il profère surtout, il déclame, il soumet l’agencement circonstanciel qu’il réalise des mots et des phrases, à une inspiration soucieuse de déstabiliser les tares de la société, les malaises des liens interpersonnels, les méandres noirs des relations politiques entre l’Occident et l’Afrique, la force des travers multiples qui rendent délétère la vie humaine. Il le pratique depuis un temps si important qu’à l'heure actuelle, il s’est fait le maître d’une voix armée ! Le résultat de tant de mois et d’années de luttes, de souffrances, de sacrifices, d’endurance, de persévérance.

Aujourd’hui, cette voix ardente, ardue, hardie, tonne, se déploie, subjugue le public, à travers les espaces de spectacles, à Cotonou, à Lomé et, en mai 2018, a émerveillé à Abidjan, au Marché des arts du spectacle d’Abidjan (Masa) ; elle se met au service de causes sociales telles que la lutte contre le mariage forcé, le combat contre les violences faites aux femmes. Dans son pays, l’Espace ’’Mayton’’, ’’Le Centre’’ d’Atropocodji, le ’’Parking bar’’, l’Institut français de Cotonou, notamment, ont savouré la finesse de ses jeux de mots, le créatif de ses parodies, l’adresse de ses mises en musique, la justesse de son observation du fonctionnement de la société moderne. ’’Aquarelle de couleurs’’, ’’Femme de sable’’, ’’1960’’, ’’Enagba’’,’’ Vrai leader de demain’’, ’’Sursaut patriotique’’, ’’Bénintovi’’ (Featuing avec Mamba noir), ’’Enongnin vévé’’ (Featuring avec Chokki) : quelques morceaux phare de son répertoire.

Au fil de l’expérience de la scène par cet artiste de la parole, tant de réalités ont changé, ont connu de l’amélioration : se fait seul face à Dieu, dans les coulisses, et non plus devant le public, son incontournable prière d’avant entrée en scène, se réduit comme une peau de chagrin le nombre de ses accompagnateurs instrumentistes, son art exigeant qu’on mette plus en vue l’individuel de la voix que le collectif de la musique. Son effervescence intellectuelle, ses tournures comiques, ses vues décalées l’imposent comme le pape de son genre artistique et, cette voix qui déchire, qui emballe n’est personne d’autre qu’Indra-Das Baktha Nounagnon, alias Gopal Das, slameur en langue goun, de son état, qui s’est construit par lui-même : un vrai self-made young à qui des morceaux désormais mythiques concourent à affecter respect et prestige, place de choix dans le slam au Bénin : ’’Hagbè’’, ’’Hounvi’’, ’’Sassigbé’’.

Marcel Kpogodo

mercredi 11 avril 2018

Mounia Youssef, militante du cheveu crépu

Dans le cadre de trois expositions tenues au Bénin

Mounia Youssef est une photographe d’art, qui, à cheval entre le dernier trimestre de l’année 2017 et le tout premier de 2018, a tenu pas moins de trois expositions avec, comme point commun, la matérialisation de la vision chère à cette jeune femme à l’allure de libellule : combattre pour rétablir chez le Noir la conscience de la liaison de son authenticité à une réalité aussi banale que le cheveu crépu.

Mounia Youssef
Le cheveu crépu à l’honneur par seize œuvres photographiques et une dizaine de posters. Le fruit d’au moins six mois de shooting, ces séances-photo ayant, entre autres, permis à Mounia Youssef, artiste photographe libano-togolaise, de mettre au jour l’exposition intitulée, ’’l’Hair du Temps’’, qui s’est déroulée à l’Espace ’’Tchif’’ de Cotonou, du 24 novembre au 12 décembre 2017 et, de ce second mois à février 2018, au Restaurant, ’’Le Lambi’s’’ de la Haie-vive, sis quartier Cadjèhoun, toujours à Cotonou.
Au-delà de la présentation au public, à l’époque, du résultat d’un travail de longue haleine, cette corpulence délicate de femme a exposé une conviction, celle selon laquelle le Noir, qu’elle préfère appeler Afro-descendant, doit, aujourd’hui, se réapproprier les éléments physiques qui font son identité intrinsèque, et qu’à travers l’histoire, ses ’’maltraiteurs’’ ont dégradés, dévalorisés en lui, lui ont enlevés, à force de dénigrements, de préjugés, de rejet, notamment. Parmi ceux-ci, il y a le cheveu crépu qui est lui, l’Afro-descendant. « Le cheveu naturel a une place dans la société », affirme-t-elle. Et, ce n’est pas au Bénin qu’elle a cultivé cette certitude, un pays dans lequel les citoyens s’épanouissent en rejetant les normes de leur être culturel profond, pour adopter celles venant de l’étranger, mais au Ghana où elle a eu l’occasion de séjourner pendant une paire d’années.

Quelques oeuvres photographiques de ''l'Hair du Temps'', à l'Espace ''Tchif'', en novembre 2017
Dans ce pays, elle a touché du doigt la fierté avec laquelle les femmes manifestent la beauté de leurs cheveux crépus, en les arborant, bien peignés sur leur tête, ce qui, selon Mounia Youssef, a provoqué en elle le « déclic sur les cheveux naturels » et qui l’a décidée à en faire un sujet de travail. Et, les dix posters qu’elle a livrés à la délectation du public ont fait ressortir deux qualités essentielles chez l’artiste : d’abord, celle d’une graphiste accomplie qui sait disposer, positionner des conceptions originales, des couleurs fortes, des objets d’un symbolisme expressif, des propos incitatifs, des slogans motivants, un historique édifiant sur le mouvement ’’Nappy’’ de l’engagement des Afro-descendants, par les actes, à retourner aux sources de leur richesse physique spécifique, le cheveu crépu, principalement.

''l'Hair du Temps'', au Restaurant ''Le Lambi's'' de Cotonou
Ensuite, l’exposition a permis de faire ressortir le caractère fortement et profondément militant de Mounia Youssef, cela, de deux façons : premièrement, l’évocation de slogans marquants, poignants d’incitation à la prise de conscience sur la nécessité pour l’Afro-descendant, où qu’il se trouve, à travers le monde, de renouer avec le cheveu crépu, l’élément de son être originel. Morceaux choisis : « Emancipate yourself from beauty slavery », « My hair is my pride », « Your comb, your weapon ».
Deuxièmement, l’artiste réalise la focalisation du public sur certains mots forts en relation avec le fait pour l’Afro-descendant de renouer avec l’attribut de son être physique réel qu’est le cheveu crépu, dévalorisé, à travers les siècles, les époques et les années. A l’effet de la restauration de cet élément, des posters ont été spécifiquement composés et renseignaient de manière synthétique sur le sens du mot concerné : ’’Afro-descendant’’, ’’Unity’’, ’’Patrimoine’’, ’’Anticonformisme’’, ’’Réappropriation’’. De manière particulière, un poster a été investi de l’intense mission de restituer deux réalités : l’historique de la cause du cheveu ’’nappy’’ et le déroulement du laborieux processus ayant permis à Mounia Youssef de lancer, sur les réseaux sociaux, un appel à candidatures pour recruter des modèles devant poser pour les photos, d’en retenir pas moins de 35 sur plus de 300 appelés.
Aperçu du poster sur, notamment, le mouvement ''Nappy''
Et, elle a aussi, au finish, livré au regard du public, un riche éventail de traitements du cheveu crépu, de sa tresse à sa pousse libre, en passant par d’autres états inattendus de sa valorisation, tels que la simple joie de vivre d’un visage à la tête surmontée d’une tresse conséquente. En outre, une gestion commune pour toutes les seize photos exposées, concernant la démarche de travail de l’artiste : elles ont fait l’objet d’une « impression numérique sur papier photo ». Cerise sur le gâteau : certaines notoriétés béninoises n’ont pas résisté à l’appel à donner aux visiteurs de contempler leur chevelure extraordinaire, dans leur caractère intrinsèque, mais s’adaptant au projet conçu par Mounia Youssef : le slameur Kamal Radji.

Mounia Youssef, en exposition au ''Centre'' de Lobozounkpa
Par ailleurs, en décembre 2017, des icônes moins palpables ont fait l’objet de l’intérêt de la photographe-graphiste, dans le contexte de la deuxième édition des ’’Echos de Lobozounkpa’’, un événement qu’a organisé ’’Le Centre’’, complexe culturel situé à Atropocodji, dans l’Arrondissement de Godomey, de la Commune d’Abomey-Calavi ; avec neuf autres artistes contemporains, elle y a traité le sujet des Amazones, ces femmes guerrières ayant fait fureur dans le royaume du Dahomey.
Avec cette exposition collective, Mounia Youssef, à travers la longue plaque rectangulaire aux seize photos en noir et blanc, qu’elle a fait valoir, l’amazone appartient à tous les temps, même à l’époque contemporaine, face à un cheveu crépu qui apparaît quatre fois, abondant sur une tête vue de dos et, de profil, tressé puis, enfin, s’étalant court sur le côté d’une tête dont la moitié est perçue de face. Une stratégie d’agencement de quoi rendre remarquable le cheveu crépu comme l’élément pour matérialiser l’identité physique que rend véritablement spécifique l’appartenance culturelle, ce cheveu qui ne peut évoluer en une hirondelle unique : «  Avec sa peau, ses rondeurs, une amazone qui s’affirme affirme aussi son corps », appuie l’artiste, concluant sans ambages : « Etre amazone, aujourd’hui, c’est s’affirmer corporellement ».  


Mounia Youssef, une poigne de conviction 

Incandescente par sa vision pan-afro-descendantiste, rude par sa combativité et profonde dans son endurance, Mounia Youssef entretient le contraste sur sa personne, de par ces traits de caractère, avec une fine corpulence et un grand calme, une puissante sérénité. Des atouts qui semblent l’avoir conduite à mener à bien le travail impressionnant qu’ont demandé la conception, la préparation et la concrétisation de l’exposition, ’’l’Hair du Temps’’ : entre autres, toutes les sortes de va-et-vient, la communication pour recruter, par Facebook, des candidats loméens et cotonois pour les photos, des postulants voulus afro-descendants, métis avec des cheveux naturels, le travail sur les 35 retenus, leur maquillage, la location de studios-photo pour les séances de shooting, l’étalement de sa disponibilité pour l’adapter à celles de ses élus.
En frais début de la trentaine, Mounia Youssef fera retenir par l’histoire qu’en 2008, elle entre au devenu célèbre, prestigieux et crédible Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel (Isma) de Cotonou, au Bénin, pour une formation en Journalisme audiovisuel. Trois ans après, sa Licence professionnelle conquise, elle se fait autodidacte en Photographie avec, comme source d’acquisition des précieuses connaissances, Internet et, elle s’enferme dans une activité intense dans le domaine : « Plus on pratique, on devient meilleur », a-t-elle compris. Puis, de 2013 à 2015, elle fait l’option du Ghana pour une nouvelle formation en ’’Multimedia design’’. Depuis, son savoir-faire, en Photographie alliée au Graphisme, se demande abondamment, de toutes parts.
Voilà une réelle efficacité technique fondée sur une pugnacité à toute épreuve, et ce ne serait pas l’élancée Mounia Youssef, si cela devait s’en arrêter là : « Le militantisme, cela fait partie de ma vie », confie-t-elle. Ceci aide à comprendre qu’elle ne se contente pas d’exécrer, mais elle passe à l’action pour bouter dehors ce qui, pour elle, semble pouvoir nuire au fonctionnement harmonieux de la société, de l’africaine, en particulier. Conséquence : s’indignant des dégâts de plusieurs ordres que causent les produits chimiques sur le cheveu afro-descendant qui est rendu artificiellement lisse par le défrisage, s’horrifiant de la richesse dépouilleuse de l’Afrique, que cela génère pour les occidentaux concepteurs de ces produits, s’offusquant de la dépersonnalisation de l’Africain désormais condamné à s’approprier les standards européens de la beauté au détriment des siens, elle se révolte par l’exposition ’’l’Hair du Temps’’ dont elle a décliné le but, simple : « contribuer à ce que cela change, à ce que tombe ce complexe d’infériorité que montrent les Afro-descendants, sensibiliser » sur comment ces produits « gâtent le corps » et sur comment le système commercial mis en place « enrichit ceux qu’il ne faut pas ». Une amazone des temps modernes.
Et, ce n’est pas fini ! Ce qui l’épanouirait : « appartenir à une équipe technique pour tenir des conférences sur tout ça … ». Prête à aller plus loin, elle précise pouvoir faire de la « sensibilisation porte-à-porte ». Une telle détermination a une bonne justification : Mounia Youssef, de couleur métis de peau, ne laisse rien voir de son esprit, de son âme intrinsèquement africains, authentiquement afro-descendants : « Je me considère africaine, c’est général, c’est global ; je suis née en Afrique, j’ai grandi en Afrique, mon histoire, ma vie sont ici, de même que mon cursus scolaire et le décollage de ma carrière ! », laisse-t-elle émerger d’elle, non sans une pointe de chaleur dans la voix. « Ma mission continue » pour « valoriser la beauté black, avoir l’inspiration pour la révélation de la beauté africaine », clôt-elle.

Marcel Kpogodo

vendredi 13 octobre 2017

Gbessi Zolawadji enflamme ’’Le Centre’’ de Godomey

Dans le cadre d’un concert qui s’annonce époustouflant

’’Le Centre’’ connaîtra une soirée des plus animées, le samedi 14 octobre 2017. L’artiste béninois de la musique traditionnelle, Gbessi Zolawadji, s’y produira, sous le couvert d’un grand concert. Un sujet ayant fondé la conférence de presse, animée dans la matinée du jeudi 12 octobre 2017, par les responsables du Complexe culturel.

Ci-contre, à l'extrême-droite, Gbessi Zolawadji
« J’invite tout le public à venir, naturellement, chacun, avec sa serviette au cou, pour danser du bon ’’agbadja’’ ; qui que vous soyez, vous danserez ». La toute simple exhortation de Gbessi Zolawadji, maître du rythme traditionnel ’’agbadja’’, au Bénin, au cours de la conférence de presse qu’ont tenue les autorités du ’’Centre’’ de Godomey, dans le milieu de la matinée du jeudi 12 octobre 2017, et qui avait pour but d’annoncer la production de l’artiste, Koras 2001, en concert, le samedi 14 octobre, dès 20h30. Une cerise sur le gâteau, offerte par l’artiste : les mélomanes qui feront le déplacement pourront demander qu’il leur chante spécifiquement un morceau préféré particulier. Et, Gbessi pense exploiter aussi bien un répertoire de morceaux connus du grand public, qu’un autre de chansons inédites.
Pour Salinas Hinkati, Président du Comité d’organisation du spectacle, tout est mis en place pour que le concert commence effectivement à l’heure précise, surtout qu’un système a été déployé pour expérimenter quelque chose de nouveau : la pré-vente des tickets d’entrée, ceux-ci valant mille francs pour toute personne, cinq cent francs pour les adhérents à la bibliothèque du ’’Centre’’. Et, a-t-il ajouté, le bar sera délocalisé dans les environs de l’espace du concert, de quoi permettre à ceux qui le souhaitent de se désoiffer et de manger.
« C’est une grande chance pour nous d’accueillir, après Poly-Rythmo et Tohon Stan, une de nos grandes vedettes, Gbessi Zolawadji, qui porte haut le flambeau de la musique béninoise, en général, et de la musique traditionnelle, en particulier,», a commenté Dominique Zinkpè, Directeur exécutif du ’’Centre’’. Selon lui, tout, concernant l’organisation du concert, justifie que le public y fasse le grand déplacement.

Marcel Kpogodo

jeudi 17 août 2017

’’Mémoires d’Afrique’’ réussit ’’La Nuit des contes’’

Dans le cadre de la tenue de la 12ème édition de la manifestation

La douzième édition de ’’La Nuit des contes’’ s’est tenue dans la soirée du lundi 14 août 2017, sur toute l’étendue du territoire national, avec un grand succès, ce en prélude de quoi une conférence de presse a été animée, quelques jours plus tôt, par, entre autres, Israël Mensah. C’était à l’Espace culturel, ’’Le Centre’’, de Godomey.

Le Père Israël Mensah, au cours de la conférence de presse
25 espaces de diction de contes, méthodiquement sélectionnés et programmés, à l’effet de la tenue de ’’La Nuit des contes’’. Ce qu’il convient de retenir de la conférence de presse, qui s’est tenue le mercredi 9 août 2017, au ’’Centre’’ de Godomey, en présence, notamment, du Père Israël Mensah, Fondateur et Président de l’Association ’’Mémoires d’Afrique’’, initiateur de cet échange avec les hommes de médias, et de Dominique Zinkpè, l’hôte de la manifestation.
Faisant la genèse de cet événement de partages de contes avec le public, dont la première édition s’est tenue le 15 avril 2006, Israël Mensah a fait l’état des trois ouvrages ayant été publiés, dans le sillage de la manifestation culturelle : ’’Contes et légendes du Bénin’’, ’’La femme panthère et autres contes du Bénin’’ et ’’Contes croisés quand l’Afrique et l’Europe se répondent’’. Selon toujours cette personnalité, Monseigneur Isidore de Souza et l’ex-Chef d’Etat, Mathieu Kérékou, en ont été pour beaucoup dans le démarrage et l’enracinement progressif de ’’La Nuit des contes’’.
Au Stade de l’Amitié, à Cotonou, et au ’’Centre’’ de Godomey, dans la Commune d’Abomey-Calavi, entre autres, il était aisé de se rendre compte de la diversité et de la richesse des contes racontés, dans une animation spécifique, réussie par des conteurs émanant de plusieurs horizons.


Marcel Kpogodo

jeudi 8 juin 2017

Ishola Akpo, une leçon d’inculturation

Dans le cadre d'un vernissage au ’’Centre’’ de Godomey


L'espace d’exposition du ’’Centre’’ de Godomey, situé à Lobozounkpa, dans le quartier d’Atrokpocodji, a servi de cadre au vernissage d’une exposition ayant permis la découverte de trois inspirations spécifiques sur le caractère chaotique du monde actuel. Particulièrement, celle de l’artiste photographe béninois, Ishola Akpo, a attiré l’attention par un certain appel des Africains au retour à leurs sources culturelles.

L'oeuvre ''Autoportrait'' d'Ishola Akpo, dans ''Chaos-monde !''
Ishola Akpo, dans deux bonnes postures d’insistance sur les valeurs culturelles africaines.  Ce qu’il faudrait, entre autres, retenir de la présentation artistique qui s’est déroulée au ’’Centre’’ de Godomey, dans la Commune d’Abomey-Calavi. C’était le samedi 27 mai 2017 et, le thème de l’exposition concernée, dont le public a assisté au vernissage se déclinait en un simple mot composé : ’’Chaos-monde !’’.  Aux cotés du Togolais Tété Azankpo et du Béninois vivant et travaillant en France, Julien Vignikin, Ishola Akpo, photographe d’art, après une trentaine de jours de résidence de création, a, notamment, fait découvrir une œuvre photographique en quatre tableaux dénommée ’’Autoportrait’’. Par elle, il a fait ressortir la nécessité d’inculturation des peuples africains en initiant une incursion personnelle dans l’univers matériel sacré de la divinité ’’Gou’’, du fer.
Ainsi, par cette immersion, il faudrait inévitablement retenir la nécessité pour les Béninois, en particulier, et les Béninois, en général, de contribuer, par le retour à leurs valeurs culturelles authentiques, à la remise en cause d’un véritable chaos culturel. L’exposition s’achève le 22 juillet 2017.


Marcel Kpogodo  

mardi 7 mars 2017

Koudy, une irrévocable force artistique mais …

Face au concert de l’artiste au ’’Centre’’ de Godomey


La jeune artiste béninoise de la musique, Koudy, s’est produite le samedi  4 mars 2017, au ’’Centre’’ de Godomey, situé à Atrokpocodji, dans la Commune d’Abomey-Calavi. Au-delà de la grosse énergie qu’elle a déployée pour se rendre à la hauteur du défi de tenir en haleine les spectateurs, il semble lui rester un petit bout de chemin à parcourir pour entrer dans le cercle prestigieux des stars.

Koudy, en pleine expression de son talent multidimensionnel de scène
’’Iwadjou’’, ’’Owxhé’’, ’’Iya mi’’, ’’Vivou’’, ’’N’djolo’’, ’’Wangnigni towé’’, ’’Hélou gbèto’’, ’’Zéyilo’’, ’’Winner’’. Les neuf morceaux que Koudy a exécutés lors du concert qu’elle a donné, le samedi 4 mars 2017, au ’’Centre’’ de Godomey, précédés qu’ils ont été par un instrumental tout en blues, qui a sonné l’entrée en scène d’une Koudy porteuse d’une grande détermination, après la première partie des six morceaux du jeune Sénam Malo. Pendant environ 80 minutes, elle a démontré, de par sa voix, sa capacité à assumer ses chansons, sa danse, la flamme personnelle qu’elle mettait en branle, qu’elle n’était pas venue pour faire dormir le public ni pour simplement figurer. Donner donc le meilleur de soi semble avoir été son crédo. L’ont accompagnée instrumentalement Samouraï, à la guitare basse, Daly N’dandou, à la guitare solo et, Bobo, à la batterie et à la percussion.
Et, elle s’y est mise à fond si bien que chaque spectateur, selon sa sensibilité, serait sorti de ce spectacle avec une note personnelle de Koudy lui trottant dans la tête, jusqu’à très longtemps. Ainsi, très engageante, grâce à ’’Winner’’, elle a terminé le concert en beauté, laissant chaque membre du public se satisfaire d’une phrase choc qui revenait en un savoureux refrain : « I am a winner ! ». C’était tout un programme de développement personnel que le public s’était approprié, de sorte qu’ayant quitté la scène depuis, elle s’est vue obligée d’y revenir pour servir, de sa voix, d’un excellent strident de l’instant, le même refrain plus que jamais galvanisateur : « I am a winner ! ».
Cette chanson portait une charge lyrique si forte, si intense qu’elle semblait capitaliser la somme de l’espérance et de la foi, de la conviction de l’artiste d’avoir surmonté un flot de difficultés pour se retrouver, enfin, en la confortable position de totale gagnante. Cette sensation que Koudy donnait d’avoir vaincu une certaine fatalité a fait la réussite particulière de ce morceau devant le public du ’’Centre’’. Ceci semble manquer perpétuellement à cette artiste : sortir du plus profond d’elle-même, du tréfonds de son esprit, de ses entrailles, son vécu avec attaché à lui, les émotions, les sentiments authentiquement éprouvés ; il ne manque que cela pour élever Koudy à la dimension de star, surtout qu’elle sait chanter en live, qu’elle sait faire balancer sa voix au gré des instruments qui l’accompagnent, qu’elle sait parfaitement danser.
Seulement, on sentait une Koudy manquant de souffle pour aller plus loin dans les élans vers lesquels l’entraînait sa voix qui chantait et son corps qui se secouait ; il lui faut donc plus de sport, pour procurer plus de souplesse à ses membres, fragilisés par de l’embonpoint.
N’abordons pas la tenue de scène de l’artiste, un ensemble mixant un pantalon noir collant pour, apparemment, faciliter ses mouvements, au-dessus duquel trônait une robe à manche unique d’un certain modèle. Tenue débrayée ? Peu importe !
Pour son concert au ’’Centre’’, Koudy Fagbémi a pu faire espace comble, surtout qu’elle a occasionné le déplacement de plusieurs dizaines de spectateurs. Le bout de la route pour devenir une star est désormais plus visible.


Marcel Kpogodo 

vendredi 3 février 2017

Meschac Gaba, une exposition thérapeutique de la détresse au ’’Centre’’ de Godomey

Dans le cadre d’un vernissage prévu pour ce vendredi 3 février

’’Le Centre’’ de Godomey abritera une double exposition. Ce sera dans la fin d’après-midi du vendredi 3 février 2017. L’un des artistes invités à présenter ses œuvres n’est personne d’autre que le Béninois Meschac Gaba, très connu de par le monde pour ses très atypiques inspirations. Le visiteur qui fera le déplacement peut être alors certain de se faire embarquer dans une atmosphère résolument curative de la détresse.

Meschac Gaba, dans ses explications, entre autres, de l'exposition
Des phares de voitures assemblés, montés en deux séries verticales jointes, allumés, clignotant de la détresse, en blanc, en rouge ou en jaune, d’une part, et un peu moins d’une dizaine de toiles d’un genre assez singulier, d’autre part. Le menu du fruit de la toute nouvelle inspiration de l’artiste peintre, récupérateur, installateur et déambulateur béninois, Meschac Gaba, ce qui sera présenté ce vendredi 3 février 2017, dès 18 heures, au ’’Centre’’, le complexe culturel situé à Atrokpocodji, dans l’Arrondissement de Godomey, à Abomey-Calavi.
Dans la première salle d’exposition, relativement spacieuse, se l’accapare une sorte de géant collier composé de plusieurs tailles et de différentes formes de phares, ceux-ci qui dictent leur émotion des situations d’urgence, celles incarnant la détresse. Avec les deux plus petits phares qui, reliés à l’ensemble par un fil conducteur de courant, terminent chacun des bouts de la série, et qui demeurent détachés, l’ensemble donne l’impression d’un serpent aux mille couleurs au repos, repu. 

Le serpent aux mille couleurs de détresse de Meshac Gaba
Et, ce géant collier aux multiples scintillances clignotantes symbolise la détresse, dans tous ses états, telle qu’elle se manifeste partout, « au niveau de la santé individuelle, de la famille, de la société en général, du monde économique, de celui politique », confie Meschac Gaba, se risquant à décrypter une inspiration inédite. « La variété des couleurs de la détresse montre que ce sentiment touche toutes les races d’hommes de la terre, tout le monde entier, tous les hommes, tous domaines de différences confondus étant concernés par la détresse », conclue l’artiste, sans oublier que, selon lui, les différentes tailles de phare portent aussi une signification précise : l’homme dans toutes ses dimensions physiques.
Et, Meschac Gaba développe davantage en évoquant l’absence de gratuité du choix du thème de la détresse, étant donné qu’inspiré d’un instant éprouvant de maladie, qu’il a traversé, il s’en est sorti et décide d’en produire un impact positif sur la société, d’où l’effet purement catharsistique de cette installation, ce que le public est appelé à venir vivre, à expérimenter.
En outre, l’état de détresse trouve une solution inédite dans le deuxième pan de la présentation artistique du créateur, ce qu’il faut trouver par l’exposition dénommée ’’Mon jardin’’.  A travers des tableaux généreusement imprégnés de la fibre de plantes curatives qui poussent dans son jardin, à domicile,  Meschac Gaba renforce l’état de catharsis et de purgation de la détresse chez le visiteur. Ainsi, des plantes bien connues comme l’isope simple, l’isope aquatique, l’isope blanche, l’hibiscus, entre autres, ont généré une ingénieuse représentation sur des tableaux de couleurs plutôt apaisantes comme différentes teintes de vert, le blanc, le violet, ce qui guérit de la détresse ressentie dans la salle précédente ; l’artiste réussit la stratégie de communication entre l’installation et l’exposition de toiles, opportunément logée dans un espace plus étroit, plus rectangulaire, plus intime, aux fins d’une communication de la sérénité, d’un sentiment de profond apaisement. Cette démarche de conception de toiles  détermine plus que jamais en Meschac Gaba le génie d’imagination et de création que le monde entier s’arrache pour des productions artistiques au caractère inédit perpétuellement renouvelé, pour des enseignements universitaires en Occident, qui s’activent à lire un cerveau d’une productivité aux contours toujours imprévisibles. « C’est un nouveau départ », commente-t-il concernant cette technique de transposition curative des plantes sur des toiles. « Mais, j’ai besoin de le développer », finit-il. Une troisième surprise de Meschac Gaba pour le visiteur de l’exposition de cette fin d’après-midi du vendredi 3 février 2017, au ’’Centre’’ de Lobozounkpa : la déambulation, dont lui seul a le secret de la réussite, de ses perruques ayant fait le tour du monde ; elle est prévue pour ouvrir la manifestation de vernissage. Mille regrets aux absents !




Marcel Kpogodo

vendredi 23 janvier 2015

Sébastien Boko, Rémy Samuz et Nathanaël Vodouhê en résidence de création

Dans le cadre de l'inauguration officielle du ''Centre'' en février prochain

(Plusieurs œuvres de qualité déjà disponibles)

’’Le Centre’’, Complexe culturel situé à Lobozounkpa, dans l’Arrondissement de Godomey, connaîtra son inauguration officielle en février prochain. En prélude à cet événement, trois jeunes plasticiens béninois tiendront une grande exposition, ce qui justifie une résidence de création dans laquelle ils sont engagés depuis plusieurs jours.


Sébastien Boko
Sébastien Boko, Rémy Samuz et Nathanaël Vodouhè. Les trois jeunes plasticiens béninois qui sont en résidence de création, depuis le début du mois de janvier 2015, au ’’Centre’’ de Lobozounkpa, dans l’Arrondissement de Godomey, de la Commune d’Abomey-Calavi. Les résultats de leur inspiration seront livrés à la contemplation, à la délectation du public qui sera invité à faire le déplacement pour visiter l’exposition que donneront ces artistes, à l’inauguration du ’’Centre’’, le 6 février prochain.
Ce public découvrira alors le talent artistique de ces créateurs, ceci qui ne se révèle progressivement que par les productions qu’ils mettent patiemment au jour, au fil de leur travail dans l’atelier réservé à chacun d’eux, dans le compartiment des résidences du ’’Centre’’.
C’est ainsi qu’une visite de routine chez Sébastien Boko permet de voir le jeune homme, le regard imprégné d’une inspiration appartenant à un univers intelligible dont lui seul a le secret du fonctionnement. Une hachette dans la main droite, assis, il racle ardemment une pièce de bois qui prend progressivement une forme humaine. Ne pas se rendre à l’exposition qui présentera les travaux de ce génie de la sculpture sur bois, la poitrine morale bardée de plusieurs prix, c’est rater l’opportunité de découvrir les résultats d’un esprit inventif dont la démarche artistique connaît une évolution, chaque année qu’il est donné à Sébastien Boko de vivre. En l’occurrence, lui qui, selon une inspiration prédéterminée ou libre, taille son bois, le module, désormais, lissé, ce bois ira au-delà de sa couleur naturelle, il sera teinté de noir, par la technique du brûlage, sans compter que les personnages érigés ont, à présent, plus des formes féminines, arrondies, le monde, selon l’artiste, manifestant un fonctionnement trop catastrophique, à son goût, à cause de la dureté, de la masculinité.
Par ailleurs, en dehors de ses instruments habituels de travail, tels que la hache, les ciseaux, la tronçonneuse, la perceuse, la meuleuse, il s’ajoute le camping gaz … Inévitablement, les effets esthétiques de cette nouvelle donne matérielle s’imposent par les sculptures que Sébastien Boko fait déjà valoir, à mi-parcours de la résidence de création.          
Rémy Samuz
Se rapportant à Rémy Samuz, sa sphère de travail est jonchée du matériel d’exercice du soudeur, de barres de fer et de rouleaux de fil de fer. A l’entrée de celle-ci, un personnage, d’une bonne taille, tout en fer, en train d’être monté. Une première dans sa carrière ! Rémy Samuz, avec ses doigts de près de 24 ans d’expérience dans la manipulation artistique du fil de fer, enroulés d’une bande adhésive de protection, s’active autour lui ; il semble qu’il sera la pièce maîtresse de l’exposition qu’il présentera, dès le 6 février prochain.
Sinon, on lui connaît déjà bien ces personnages tout de fil de fer faits, selon la technique de tissage de l’oiseau qui, à l’aide de son bec, fabrique son nid. Pour l’artiste, distrait, un instant de son travail, pour nous parler, si l’oiseau réussit ce niveau de performance artistique avec son bec, ce ne serait pas l’homme qui ne le pourrait, d’où le défi qu’il s’est lancé, depuis son enfance, d’aller au-delà du procédé technique de la gent ailée et de tisser de ses mains, avec du fil de fer. Ainsi est née sa passion, sa vocation pour la sculpture à l’aide de ce matériau.  
Enfin, Nathanaël Vodouhê, très placide et, peu loquace, laisse ses tableaux de grande dimension parler pour lui. Ce jeune talent, qui se construit progressivement ses repères, se meut entre le mi-figuratif et le mi-abstrait, et baigne volontiers dans les couleurs frappantes telles que le rouge, le noir, le jaune et le blanc, faisant du visage humain le socle de l’expression d’un message d’abord d’amour : « J’ai beaucoup d’amour à donner et j’en reçois beaucoup », déclare-t-il. Déjà à une quinzaine de toiles, depuis qu’il se trouve en résidence, il montre une inspiration des plus imprévues : « Je peins selon celui que je rencontre sur la toile, selon celui qui décide de s’y imposer », dit-il encore, avent de renforcer : « Je suis libre en créativité, je ne me suis pas fixé des objectifs ».
Nathanaël Vodouhê
Donc, armé de l’acrylique, des pigments sur toile ou du pastel à huile, il vogue à la rencontre de la lumière qui jaillit instantanément en lui et qu’il métamorphose en messages, sur ses tableaux ; ce passionné de l’intelligible entend dicter cette loi de l’inconnu et, le 6 février, le public devra se déplacer massivement vers ’’Le Centre’’ pour lire le contenu de ses découvertes, lui qui ne parle que de lui, de nous.

 Marcel Kpogodo