mardi 28 novembre 2017

Le Festival ’’Akiza’’ organise plusieurs concerts à ne pas se faire conter !

Face à la recrudescence de l’insalubrité environnementale et morale


L’Espace artistique et culturel, ’’Yes papa’’’ de Cotonou a abrité une conférence de presse ce mardi 28 novembre 2017. Par la tenue du Festival ’’Akiza’’, dans les prochains jours, les organisateurs entendent contribuer à l’éradication de la saleté ambiante de nos espaces publics et à celle des travers des comportements humains. Un sujet sur lequel ont échangé avec les journalistes les artistes Eric Boko et Carlos Dosseh, respectivement, Directeur et Administrateur du Festival concerné.


De gauche à droite, Carlos Dosseh, Gilles Gnonnas et Dagbo Weiss, au cours de la conférence de presse
Pas moins d’une quinzaine de concerts tenus par des groupes, répartis dans trois espaces culturels, pour des tickets variant de deux mille à cinq mille francs. Le contenu de la conférence de presse qu’ont animée les artistes musiciens Eric Boko, alias Dagbo Weiss, et Carlos Dosseh, dans le milieu de la matinée de ce mardi 28 novembre 2017, au ’’Yes papa’', sis quartier Wologuèdè, à Cotonou, dans le cadre de la troisième édition du Festival des arts et cultures afro pour la sensibilisation, dénommé ’’Akiza’’. Ces deux personnalités sont respectivement le Directeur et l’Administrateur de l’événement.
’’Akiza’’, signifie, en langue fon, le balai et, à en croire cet artiste béninois, héritier spirituel et musical de Féla Kuti, qui s’est spécialisé dans l’ ’’Afrobeat’’ et qui est plus connu par son surnom, Dagbo Weiss, il s’agit d’un balai salvateur, nettoyeur des sachets en plastique, qui salissent les rues de nos villes, d’un balai chasseur des ordures qu’on trouve partout dans la cité et, enfin, d’un balai destructeur de la mentalité anti-développement, qui ne permet pas au Bénin d’aller de l’avant.
C’est ainsi que, selon Dagbo Weiss, le balai devient un concept d’assainissement du milieu de vie, de l’environnement et de la mentalité ; il se meut en un objet, en une œuvre d’art, que toute personne peut acquérir et placer chez soi, pour se voir rappeler, à chaque instant, les bons principes de la vie géographique et de celle communautaire, d’où une exigence liée au déroulement de la troisième édition du Festival ’’Akiza’’ et qui concerne le public : « Chacun doit porter son balai ».
En outre, l’équipe d’organisation du Festival met en jeu un trophée qui n’est rien d’autre que le balai, en œuvre d’art ; il sera remis, dans la soirée du samedi 2 décembre, à une personnalité ayant été identifiée comme le méritant.


Des concerts

Carlos Dosseh, dans son intervention, a levé un coin de voile sur les artistes et les orchestres, rigoureusement sélectionnés sur des critères de qualité et de capacité à se mouler dans l’ ’’afrobeat’’ et dans des rythmes typiquement béninois comme le fondement d’une certaine musique moderne d’inspiration traditionnelle. Les productions sur scène se dérouleront au ''Yes papa'', à l'Espace ''Tchif'' et au ''Jammin bar'', à Fidjrossè. Ainsi sont prévus pour être de la partie, entre autres, ’’Gangbé brass band’’, ’’Garuda fusion’’, ’’Les yes papa groove’’, ’’Dakunda’’, de Carlos Dosseh, ’’Dagbo and Iaj’’, de Dagbo Weiss,  ’’Isdeen et métalokan’’, ’’Viviola’’, puis des artistes comme Gilles Gnonnas, Segun Ola, Gbégnon, notamment. Pour le Directeur du Festival ’’Akiza’’, ce sont des artistes et des groupes ayant accepté de se produire bénévolement et d’aborder des chansons de sensibilisation à l’assainissement de l’environnement.


Programme des concerts



Logo V3-2 copie.jpgFESTIVAL AKIZA 2017
PROGRAMMATION DES CONCERTS

JEUDI
30 Nov. 2017
VENDREDI
01 Déc. 2017
SAMEDI
02 Déc. 2017



LE
YES PAPA
19H30 - 21H00
Pass : 2 000 FCFA
- TE DJIDJOHO
(MASSEGOHOUN)

- SEGUN OLA
(AFRO BEAT)
20H00 - 22H00
Pass : 3 000 FCFA
- GBEGNON
(TCHINK BEAT ZOMATCHI)

- LES YES PAPA GROOVE
(AFRO POP)

- DAKUNDA
(AFRO BEAT)
20H30 - 22H00
Pass : 3 000 FCFA
- IBUKU BRASS BAND
(TRADI MODERNE)

- ISDEEN ET METALOKAN
(AFRO BEAT)



ESPACE
TCHIF
21H00 - 23H00
Pass : 3 000 FCFA
- ALAFIA
(AGBADJA RENOVE)

- HWENDO
(ZANGBETO BRASS)

- GILLES GNONNAS
(AGBADJA WORLD BEAT)
22H00 - 23H00
Pass : 3 000 FCFA
- GARUDA FUSION
(PERCU CHANT ET DANSE)

- GANGBE BRASS BAND
(TRADI MODERNE)
22H00 - 23H30
Pass : 5 000 FCFA
- OGNON
(AFRO GROOVE)

- DAGBO & IAJ
(AFRO BEAT)


JAMMIN

BAR


23H30 - 01H00
Entrée Libre et gratuite
- VIVIOLA
EN PRELUDE BEAUCOUP D'AUTRES ARTISTES : RAP-REGGAE-RAGGA, ...



 Contact : +229 96 11 36 46 / 97 32 25 93



Marcel Kpogodo

vendredi 24 novembre 2017

Montrer aux Béninois la place incontournable des arts plastiques dans le développement, l’engagement de Mazoclet Toninfo, Président de la Raplam

Dans le cadre de ses activités professionnelles


Peu de Béninois comprennent l’intérêt que cela recèle d’exercer dans les arts plastiques. Cet état d’esprit est si répandu que les professionnels de ce secteur peinent à promouvoir et à rentabiliser leurs productions au Bénin. Mais, propulsé par le sens des défis, propre à la jeunesse, Mazoclet Toninfo n’entend pas laisser les choses dans un état aussi lamentable et catastrophique. Ne croyant qu’en l’action, il s’est très vite donné d’une véritable arme pour enfourcher le cheval de la sensibilisation du public, par des actions bien ciblées, au rôle cardinal que peuvent jouer les arts plastiques dans l’atteinte par le Bénin du développement ; il s’agit de la Raplam qui, bien née très récemment, porte à son actif des initiatives inouïes dont certaines restent en cours.

Mazoclet Toninfo, le regard visionnaire de la foi en l'explosion des arts plastiques au Bénin
« Envoyer le regard du dernier des Béninois sur la culture, sur les arts plastiques ». Le défi qui crée la détermination, enrichit la persévérance et développe le labeur de cette jeune âme de vingt-six ans, qui n’est personne d’autre qu’Olusegun Mazoclet Toninfo. Des qualités qui ont contribué à lui forger une énergie personnelle sur laquelle il s’est fondé pour mettre sur les fonts baptismaux, en 2014, la Rencontre des artistes plasticiens du monde (Raplam). Un instrument qu’il fait valoir aux fins de donner corps à sa vision, très précoce pour son âge, mais profondément visionnaire, vu que les analystes des conditions du développement futur du Bénin indexent comme le porte-flambeau de cette situation de réussite ; il veut faire rayonner les arts plastiques dans son pays, notamment.
Très tôt, ce titulaire d’une Licence en Transports et logistique s’est frayé un chemin dans les environs immédiats de tout ce qui pouvait le mettre en relations fructueuses avec son domaine de prédilection, de passion : les arts plastiques. Première figure importante, à cet effet, le plasticien français, Joël Pascal, que les hasards de quartier lui donnent de rencontrer, d’aider et de côtoyer plus fortement. A partir de lui, deux autres jeunes personnalités des arts plastiques béninois le remarquent : Marius Dansou et Benjamin Déguénon, initiateurs du ’’Parking bar’’, au quartier de Fidjrossè, à Cotonou, ces deux aînés avec qui il fait beaucoup de choses depuis et désormais. En outre, les circonstances favorables continuant à sourire au fortuné Mazoclet, le jeune photographe bien connu dans les médias culturels, Emmanuel Tométin, lui ouvrent les bras pour une intense et très fructueuse collaboration à travers sa galerie en ligne : « Il m’a donné le privilège de faire la promotion des artistes en me confiant la galerie ’’Déka Germaine’’ », révèle Mazoclet, les yeux pétillants des faits de ce bon souvenir. Et, ainsi, des artistes photographe, peintres, plasticiens, sculpteurs se succèdent, forcent sa mentalité à se fourbir de la science des expositions, …

Le logo de la Raplam
Ainsi, il se dote, d’une manière urgemment pratique du cahier de charges qu’il impulse à la Raplam : entre autres, identifier des espaces d’exposition d’œuvres d’art, sensibiliser, conscientiser la population béninoise sur la valeur de la culture, créer, au Bénin, un marché des œuvres d’art, organiser des expositions virtuelles et visuelles, tenir des ateliers de formation pour les artistes, des résidences de création, promouvoir les arts plastiques, faciliter les échanges entre les plasticiens du monde.


Une sérénité hors du commun

Pendant que nous discutons en toute quiétude, il est difficile de se douter que Mazoclet Toninfo est sur la braise. De temps à autre, des coups de téléphone, qu’il reçoit, interrompent notre conversation, pour des instructions qu’il donne, des orientations qu’il apporte. Cette maîtrise de soi, cette démonstration de sang-froid deviennent impressionnantes lorsqu’il se révèle que le jeune homme est, en fait, la cheville de mise en place de deux événements, dans la même semaine, à quelques petits jours d’écart : le Festival ’’Zâ’’, prévu pour se dérouler du 22 au 26 novembre, et l’exposition, par les soins de la Raplam, des œuvres du plasticien français Joël Pascal, à la Galerie ’’Guèlèdè’’, à Jéricho, dès la soirée du vendredi 24 novembre où en est prévu le vernissage.
Une prouesse, peut-on dire, pour un jeune de son âge, dans la gestion et la maîtrise de son temps. Se rendre à chacune de ses manifestations permettrait de se rendre compte s’il détient un savoir-faire en logistique, et s’il s’est approprié l’art d’organiser une exposition. Public, à toi de  juger …

Marcel Kpogodo

samedi 18 novembre 2017

Nock innove avec ’’Les éveillés’’

Dans le cadre de sa prochaine exposition

L’artiste peintre et sculpteur béninois, Nock, de son nom à l’état civil, Eunock Hounkpèvi, tient, dans les prochains jours, une exposition à ’’La maison rouge’’, un cadre de présentation au public d’œuvres artistiques, situé au niveau des villas Cen-sad, à Cotonou. L’opportunité pour l’artiste de nouvelles inspirations en sculpture.


Nock, avec quelques "éveillés"
Des sculptures, pour la plupart d’entre elles, de plus d’un mètre de long, produits sur le fondement de matériaux locaux du Bénin, complètement inattendus. La substance de l’exposition que prépare Eunock Hounkpèvi, alias Nock, pour surprendre et impressionner le public, au cours d’une exposition dont le vernissage est prévu pour le jeudi 23 novembre 2017, à ’’La maison rouge’’ de Cotonou. Intitulée ’’Les éveillés’’, cette exposition s’annonce comme un tournant remarquable dans l’inspiration sculpturale de Nock. Pour la première fois, il donnera à voir des sculptures hautes, conçues avec un agencements de matériaux novateurs tels que la calebasse, la corde mais, aussi, avec un autre dont on lui connaît l’habitude de l’utilisation : la latérite.
Ces sculptures doivent absolument être vues parce qu’elles incarnent des personnages qui se mettent en luttent contre les fléaux de notre temps : ’’les éveillés’’. Un autre élément d’originalité reste que des onjets-symbole tels que la palette de cuisine, le gong géminé, les talismans, des noix, trouvent une place de choix dans l’élaboration matérielle des sculptures. Vivement, donc, le jeudi 23 novembre prochain, pour que le public se rende compte de la portée de la nouvelle orientation de Nock vers des matériaux locaux qui, selon lui, facilitent un travail sur place, durable dans le temps.

Marcel Kpogodo

vendredi 17 novembre 2017

Patricorel, l’artiste-bouteille de la résurrection créatrice

Dans un univers de personnages qui amenuisent la pourriture sociale

Aureil Patrick Bessan utilise la nature pour contribuer à corriger les maux de tous ordres, qui y fragilisent la vie. Ce qu’il faudrait retenir d’une incursion qu’il a bien voulu permettre dans son monde, celui dans lequel s’épanouissent son travail et le fruit de ce qu’il en sort quotidiennement : des personnages peu conventionnels, eux qui s’incarnent par le souffle de vie, qu’il leur donne, lui, leur dieu, pour une mission simple qu’il leur assigne : témoigner du mauvais quotidien du monde, en faire prendre conscience aux hommes et, notamment, éterniser des pistes de résolution de ces problèmes.  

Patricorel devisant avec l'ex-guerrier
Aureil Patrick Bessan entoure affectueusement, de l’un de ses bras, Dana, cette femme laborieuse, un bébé au dos, le visage noir d’ébène, desséché par le soleil ardent de ses parcours, entouré d’un voile avec, sur la tête, un colis dont l’élément qui ressort le plus est une natte, les lèvres arrondis, dans le récit de ses malheurs ; le signe qu’elle est très éprouvée. Selon lui, elle a courageusement pris ses jambes à son cou, fuyant son pays en guerre et, la voilà réfugiée au Bénin, à Cotonou, dans une maison du quartier d’Agla; le bras très consolateur dont il la protège, porteur d’une bonne chaleur humaine, la réconforte.
Lui, dans un cadre qu’il a bâti à sa personnalité intrinsèque, celle de titulaire d’une Maîtrise en Histoire de l’Art et qui dédie sa vie à l’art contemporain, lui que sa métamorphose réussie en un artiste récupérateur a transformé en Patricorel, est très familier de ce monde dans lequel évolue l’infortunée Dana qu’il connaît profondément, pour l’avoir faite de ses mains !
En effet, l’élément de base du visage de Dana est une bouteille renversée, ses yeux, son nez et ses lèvres d’un arrondissement figé ont été conçus selon une technique dont seul le jeune créateur a le secret, sans compter que ses membres sont aussi de la bouteille, pendant que la consistance de son corps est tenue par du tissu.

Patricorel posant avec Dana
Dans un atelier de travail gardant l’allure d’une salle de concertation, d’autres compagnons de Dana exposent leur histoire, leurs expériences de la vie, celles-ci sont diverses, variées, touchantes, impressionnantes, intéressantes, révélatrices ; des portraits, accrochés au mur, exhibent fièrement leur visage en feuille d’arbre séchée, à l’allure d’un masque de ’’kaléta’’, et leur abondante chevelure en lamelles de tissu. Certains personnages ont un corps de bois, habillé d’un ample tissu hollandais tant prisé par les Africains, d’autres ont la tête coiffée du chapeau traditionnel dont ils ont la mission de rappeler et de promouvoir l’existence : le ’’gobi’’, son sommet peut être tourné du côté où l’on le souhaite. Comme Dana, d’autres ont le visage de bouteille, à l’instar de l’ancien guerrier qui, du dehors, accueille tout nouvel arrivant ; géant, d’une robustesse de bois, il fait la fierté de Patricorel, vu un signe plus que fort, très remarquable de sa renonciation à la guerre : le canon de son long fusil, de bois aussi, est baillonné d’un morceau de tissu ; son très ample survêtement délavé en dit long sur une certaine odyssée périlleuse, de même que son foulard de barbouze, sur les tueries que la tête qu’elle attache ont pensées et que ses mains, désormais inexistantes, ont exécutées.
Concernant cette assemblée qu’il veut instructive pour le public, le discours de Patricorel, matérialisé à plusieurs niveaux du mur de l’atelier, se révèle d’une grande simplicité : « Les œuvres d’art donnent les mêmes leçons que les grands livres classiques » ; à l’en croire, toutes ces sculptures portent l’histoire d’une  démarche de travail, à nulle autre pareille. Et, pour arriver à ce résultat, aucun objet n'est acheté, tout est récupéré en situation de jet, d'abandon ou d'attente d'une situation de destruction. 


Une diversité de matériaux

Serait-il exagéré de l’appeler ’’l’artiste-bouteille’’ ? Il n’y a aucun doute que non, puisque les bouteilles de vin et de tous les genres sont le premier matériau qu’il utilise, ce qui lui permet, surtout, de camper des visages. Pour lui, la facilité pour la bouteille de se casser témoigne de sa fragilité qui traduit celle de l’espèce humaine, frappée par la maladie, la vieillesse et la mort. Et, il arrive à Patricorel de concevoir une œuvre d’art de bouteille en gigogne, c’est-à-dire qui laisse voir une bouteille incluse dans une autre, d’où, pour lui, la fragilité de l’humain est contenue dans celle du monde, ce qui lui permet d’attirer l’attention, par cette œuvre, sur la double fragilité. 
D’un visage à un statut social plus que difficile, c’est celui de réfugié que servent à l’artiste à restituer les feuilles sèches, les feuilles mortes, même les feuilles incomplètes : « Je les maintiens telles qu’elles sont et j’y colle de petits papiers pour donner une forme complète au visage », explique-t-il, tout en continuant : « Les feuilles mortes sont le résultat de plusieurs faits de maltraitance : le piétinement des hommes, les bestioles qui les attaquées dans leur état vert et le pourrissement ; c’est le cycle de vie des réfugiés qui sont jetés sur les routes et livrés à la pauvreté par la guerre. Chaque feuille morte représente un réfugié », finit-il.

Patricorel en pleine conférence ... Pas de dérangement, s'il vous plaît ...
Parlant de la guerre, un autre fléau de notre époque, Patricorel lui consacre tout un discours de rejet par son exploitation artistique du bois récupéré de la nature ambiante. Ses explications permettent de comprendre, à ce propos, qu’il prend ce matériau dans la rue, n’importe où, le garde tel quel et l’abandonne, plus ou moins en vue, jusqu’au moment où une inspiration subite lui suggère un message adapté à la forme qu’il présente. Après cela, il peut y travailler en y perçant des trous, en y mettant des clous, ce qui symbolise  les coups de fusil, les coups de canon, qui tonnent au cours des guerres. Ainsi, les visages qui se profilent, spontanément, incarnent, reconstituent, selon l’analyse de l’artiste, « toutes les personnes ayant perdu la vie au cours d’une guerre » ; ces œuvres sont, pour lui, un tremplin, pour passer un message de paix ». C’est de cette manière que le personnage emblématique, structuré de bois, qui accueille les visiteurs arrivant à son atelier, tient un fusil bâillonné, purement et simplement
De la bouteille au bois en passant par le tissu et la feuille morte, des personnages se font jour, grâce au savoir-faire d’un artiste qui sait associer des matériaux accessoires, secondaires tels que la peinture, le feu, la colle, le stylo, qui contribuent à achever, à affiner les œuvres d’art, à en effectuer la finition.
De la bouteille au bois en passant par le tissu et la feuille morte, ce sont des objets délaissés, abandonnés, jetés en pleine nature, sur des dépotoirs sauvages d’ordures, dans des ateliers, que Patricorel prend à lui, récupère, traite, sur lesquels il travaille avec ardeur, ferveur et avec une incandescence, une chaleur spirituelle. C’est ainsi que cet artiste exerce l’art de la récupération, dans le but de faire passer un message fort, celui qui consiste pour lui à s’insurger contre la surconsommation, en vogue à l’époque contemporaine. Selon Patricorel, elle a un impact dangereux sur l’environnement, par le rejet massif de déchets de toutes sortes dans la nature.


Une résurrection par les mots

La nouvelle vie que crée et développe Patricorel par les objets-ordures dont il libère, dont il assainit l’environnement, se concrétise, d’une part, par des personnages dotés d’une histoire à but de militantisme et, d’autre part, à travers les mots qu’il agence, qu’il met en harmonie pour évoquer, restituer et immortaliser l’histoire de l’objet qu’il a sauvé. De la capacité du labeur manuel à la production du texte ’’récupératif’’, le poète d’artiste-bouteille exerce un art poétique prenant la dimension ’’chair’’ que le créateur suprême a donnée au verbe. Par le texte, la sculpture est pourvue, en bonne et due forme, de l’esprit, d’où une résurrection totale.


Bons faits d’arme

A peine arrivé dans le monde des artistes récupérateurs, remarqué par l'acteur culturel français Jean-Pierre Puyal, Patricorel, par un savoir-faire méticuleusement mené et par l’originalité de sa démarche de travail, s’est vu donner l’occasion de tenir des expositions hors du Bénin. D’abord, du 2 au 30 août 2017, il montrait son travail à la ’’Cave coopérative’’ de Condom, un centre de fabrication de vin, dans le Département du Gers, non loin de la ville de Toulouse, en France. Là, les bouteilles étaient à l’honneur puisqu’elles furent le fondement de l’exposition. Un mois plus tard, dans le même pays, il était au Château de Cassaigne. Enfin, le Centre culturel ’’Cavéa’’, à Valence-sur-Aise,  a aussi accueilli son travail, sur le thème des réfugiés, ce qui a offert à Patricorel l’opportunité de faire valoir bouteilles, bois et feuilles dans un processus de résurrection artistique.
Comme projet, dans l’immédiat, l’artiste entend réaliser, à but de sensibilisation, une exposition de rue, à Agla, son quartier d’habitation, « pour permettre à tout le monde d’avoir accès à mon art », précise-t-il.                
     


Marcel Kpogodo

lundi 13 novembre 2017

’’Le chroniqueur du Pr’’ ou les multiples morts du journaliste

Dans le cadre de la mise en scène d’Hermas Gbaguidi

La représentation théâtrale du ’’Chroniqueur du Pr’’ a été donnée dans la soirée du vendredi 10 novembre à l’Espace ’’Tchif’’ de Cotonou. Sous la houlette d’Hermas Gbaguidi qui en a assuré la mise en scène, il est plus apparu, de la pièce, un sujet plus pertinent que la simple peinture du régime Talon dans ses premiers mois ; il s’agit du journaliste béninois, africain et d’ailleurs, confronté à la mort qui a vocation à détruire en lui toutes ses dimensions productives, vitales.

Action finale de meurtre du ''Chroniqueur du Pr''

Sept. Le nombre de morts, infligé au journaliste, de par le monde, selon la lecture qui ressort de la mise en scène, par Hermas Gbaguidi, de la pièce, ’’Le chroniqueur du Pr’’, le vendredi 10 novembre 2017, à l’Espace ’’Tchif’’, à Cotonou. Ecrite par Daté Atavito Barnabé-Akayi, un an plus tôt, elle lui a valu le Prix du Président de la République, le mardi 7 novembre dernier, au Palais des congrès de Cotonou, lors de la délibération par le Jury, constitué à l’effet de ce Concours national littéraire, en commémoration de la Journée internationale de l’écrivain.
Sur la scène, lancement de l’action par le choc de la découverte par le personnage dénommé ’’Le chroniqueur’’, incarné par Carlos Zannou, de la vraie personnalité noire de son interlocuteur qui n’est personne d’autre que ’’Le confrère’’, Elisée Maforikan, dans le jeu, son ancien collègue qui, entre temps, est devenu Chef d’Etat. Il le remarque comme celui ayant œuvré à son arrestation et à sa détention dans un espace de torture dénommée, de manière euphémique, ’’Salle d’opération’’. Le spectateur se trouve alors au début du second grand compartiment de la pièce, celui qui met les deux personnages aux prises avec les éléments fondant leur opposition. Quelques minutes après, cette séquence se révèle une parenthèse qui est très vite refermée, pour donner force à la chronologie de la pièce. Cette parenthèse valide le fait selon lequel l’évocation des faits relatifs aux premiers mois décriés de la gouvernance d’un certain nouveau régime constitue l’arbre qui cache la forêt de la véritable préoccupation de la pièce : la vulnérabilité du journaliste face au pouvoir.

Fusion des identités

C’est ainsi que ces deux personnages ont imposé leur présence sur une scène sobrement décoré avec, en son centre, une sorte de poteau de torture ; une scène qui s’est voulue souple, changeante, étant donné qu’elle laissait une marge de manœuvre aux personnages pour, aisément, passer d’un statut à l’autre et, elle aussi, pour être changée d’un cadre à l’autre. Ainsi, plus tard, le poteau de torture laisse place à un banc qui valide la proximité entre les deux personnages, collègues, dans un certain passé, et devisant sur les questions d’actualité, autour de verres d’alcool, au domicile du chroniqueur ; à cet effet, chacun d’eux a le visage revêtu d’un masque blanc, ce qui contribue à les rendre identiques, fusionnels, avec leurs voix qui se moulent l’une dans l’autre, qui ne se distinguent plus l’une de l’autre, comme si elles étaient devenues mêmes, identiques : le signe du passage de l’amitié à la fraternité, du ’’deux’’ au ’’un’’, ils ne sont plus ’’distinguibles’’, si ce n’est par la posture personnelle, spécifique qu’impose le contenu de leur conversation. Ils récupèrent donc et focalisent toute la tension sur les difficultés du journaliste face à un pouvoir broyeur de la presse.
Ce passé commun au chroniqueur et au confrère a marqué son caractère définitivement révolu puisque le journaliste de président de la république devient le propre bourreau de son ex-collègue, de son ex-directeur de campagne, qui s’est opposé, la victoire acquise, à entrer dans l’appareil de gestion des affaires de l’Etat ; il le tue, de ses mains gantées de ’’chirurgien’’, l’asphyxiant et le laissant emporter avec lui le secret de l’assassinat de son épouse à qui lui, l’autorité suprême, s’était unie, par une relation adultérine d’où est sortie un enfant dont le président a découvert qu’il était le père, et qui est morte, par ses soins, avec deux autres enfants du couple.


Plusieurs morts

La mort du Chroniqueur est une mort journalistique, physique, qui en cache six autres. D’abord, cette première mort incarne, symbolise, est celle de tous les journalistes, dans le monde, tués parce que l’exercice de leur travail gêne, parce que l’impartialité qu’ils manifestent, compromet les intérêts d’un cercle de pouvoir, d’influence. C’est ainsi, actantiellement parlant, que se dessine le projet de la pièce : pour le confrère qui est, par conséquent, le destinateur, il s’agit de détruire son collègue le chroniqueur, vu que tout ce qu’il connaît de lui, tout ce qu’ils ont partagé, son refus de collaborer au pouvoir constituent un fondement, un facteur d’affaiblissement de son influence, de son autorité, un déni d’une supposée intégrité qui devrait le rendre crédible devant le peuple.

De gauche à droite, Elisée Maforikan, Hermas Gbaguidi et Carlos Zannou, à la fin de la pièce

Donc, le chroniqueur, le destinataire de cette vision calamiteuse, tragique est en aussi l’objet, puisqu’il en est la réalisation, par sa disparition, de même que par celle de son épouse et de ses enfants. Et, de multiples facteurs favorisent la concrétisation du défi macabre, c’est l’adjuvant : la naïveté du chroniqueur, le sommeil de son sens de prudence, sa confiance en l’autrui, en l’amitié, en la fraternité, en la confraternité, son intégrité, sa conscience professionnelle, sa complaisance face au confrère, son refus d’entrer dans l’appareil politique, après la victoire à l’élection présidentielle, la frustration de l’épouse, l’immoralité de celle-ci, la perversité du confrère, son abus de confiance, son hypocrisie profonde, sa duplicité, sa capacité à justifier ses écarts moraux à sa propre conscience par l’argument de sauver son ’’ami’’ de sa femme immorale. Enfin, il faut trouver la ’’salle d’opération’’. Voilà, alors, tout un boulevard généreusement ouvert, devant le président, pour la commission de son crime. Comme quoi, il est très facile, à l’époque actuelle, de tuer un journaliste : l’actant d’opposant au projet est inexistant.
Par ailleurs, le journaliste confraternel n’existe plus lorsque l’ex-collègue du chroniqueur devient président de la république, ce qui n’est pas le cas chez ce chroniqueur qui, malgré le changement de statut de son ami, le protège, se garde de publier de lui des informations compromettantes : troisième mort, alors, celle du journaliste professionnel, puisqu’est devenue problématique la gestion de la vérité des faits. En outre, quatrième niveau de mort, c’est le journaliste tout court qui n’existe plus dans la conscience du confrère, dès qu’il accède au pouvoir, ses charges publiques étant devenues colossales et ayant emprunté d’autres dimensions.
Cinquième mort du journaliste, celle de sa vie privée, de sa vie de famille, cette mort qui, en réalité, a ouvert la boîte de Pandorre, la sixième étant celle de son intégrité personnelle quand il est question pour lui de passer du statut de traiteur, de relayeur des faits de l’actualité à celui de l’homme de pouvoir ; sa posture reconnue d’éveilleur de conscience s’étiole, s’éteint. Et, plus il entre dans nouveau rôle, politique celui-là, plus il se dénature ; il passe de l’ange au diable, ce qui suppose la septième mort du journaliste, celle de sa conscience morale et le surgissement des instincts malfaisants, une situation qui ouvre la porte à tous les excès que l’exercice du pouvoir suprême permet.  
La mise en scène du ’’Chroniqueur du Pr’’ a donc un mérite certain : focaliser l’attention sur les vicissitudes du journaliste, celles-ci qui le dissolvent dans un acide aussi effaceur de la vie, de la dépouille et de la cause de Patrice Lumumba.

Marcel Kpogodo

vendredi 10 novembre 2017

Daté Atavito Barnabé-Akayi décroche un ’’Prix 2017 du Président de la République’’ aux trois niveaux d’impartialité

Dans le cadre de la délibération du Jury


Dans la soirée du mardi 7 novembre 2017, le verdict du Concours national ’’Prix du Président de la République est tombé : Daté Atavito Barnabé-Akayi a été sacré par le Jury de cette compétition littéraire. C’était dans la Salle polyvalente du Palais des congrès de Cotonou, en présence de deux ministres du Gouvernement et, notamment, du Directeur des Arts et du livre du Ministère de la Culture.

Abdoulaye Bio Tchané et Oswald Homéky, remettant à Daté Atavito Barnabé-Akayi son trophée et son chèque
Daté Atavito Barnabé-Akayi, 39 ans, déclaré lauréat du Prix du Président de la République, dans son édition 2017, avec la pièce de théâtre, ’’Le chroniqueur du Pr’’, ce qui lui a permis de recevoir un trophée et un chèque de trois millions de Francs Cfa. La substance de la délibération effectuée par les membres du Jury de ce Concours national, le mardi 7 novembre 2017, à la Salle polyvalente du Palais des congrès, à Cotonou. Présidé par le Professeur Albert Bienvenu Akoha avec, comme membres, Apollinaire Agbazahou, Inspecteur de l’Enseignement secondaire à la retraite, dramaturge et ancien Président du Conseil d’administration du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), et Ousmane Alédji, comédien, metteur en scène, dramaturge et promoteur d’espace culturel, ce Jury a prononcé le verdict final en présence d’Abdoulaye Bio Tchané, Ministre d’Etat chargé du Plan et du développement, représentant le Chef de l’Etat, d’Oswald Homéky, Ministre du Tourisme, de la culture et des sports, de Léon Zoha, Directeur des Arts et du livre, des membres du Comité de présélection des candidats au Prix et, notamment, de ces postulants.
Premier fondement d’impartialité dans le décernement du Prix à Daté Atavito Barnabé-Akayi : ’’Le chroniqueur du Pr’’, pièce politique de 77 pages, démonte le Chef de l’Etat, Patrice Talon, en tournant en dérision certains de ses actes de gouvernance, environ six mois après son arrivée au pouvoir ; à la manière d’un fabuliste, l’auteur de la pièce fait faire du Président de la République par le confrère et le chroniqueur, les deux personnages en échange dans cette œuvre aux relents d’un tragique social, l’éléphant qui a construit, de toutes pièces, l’affaire de découverte, au Port de Cotonou, de 18 kg de cocaïne pur, dans un conteneur du magnat béninois de la volaille, Sébastien Ajavon, pour se débarrasser de celui-ci qui ne lui laissait pas les coudées franches pour gérer les affaires de l’Etat : « […] Selon des sources concordantes, ce dernier coup est monté pour revoir le deal que certains ont conclu avant les élections. Ce coup permet de redéfinir la gestion du pouvoir », page 22, première réplique du Confrère.

De gauche à droite, Apollinaire Agbazahou, Bienvenu Albert Akoha, Daté Atavito Barnabé-Akayi et Ousmane Alédji
Dans le même registre, sous le couvert de la fiction, Talon-l’Eléphant est perçu comme un despote de nouvelle génération : « […] Et moi qui dis qu’il est un dictateur moderne et avancé ! », page 26, seconde réplique du Confrère. Et, il est présenté comme le sordide tireur de ficelles ayant manigancé le K.o. électif ayant permis à Boni Yayi de s’offrir un second mandat en 2011 : « Crois-tu que nous ayons connu le chaos, excuse-moi, je voulais dire le K.O., sans son expertise en manipulations ? », page 29, première réplique du Chroniqueur. Par ailleurs, la gouvernance de l’actuel Président béninois ne semble pas des plus catholiques : « […] depuis quand nouveau est synonyme de beau ? […] Je déteste les slogans. Ils n’amènent qu’à la débâcle », page 29, première réplique du Confrère. Sur la même page, le Chroniqueur ne prend aucun gant pour enfoncer le clou : « Or mon rêve profond est que l’éléphant gagne afin que les gens sachent que le lion ne sera pas le pire roi de la jungle », à la page 29, à la deuxième réplique du Chroniqueur, un lion que la compréhension de la pièce permet d’identifier comme Boni Yayi. En outre, on y dénonce le premier gouvernement de Patrice Talon, plus pléthorique que prévu, avec un nombre réduit de femmes : « […] vu qu’ils ont promis offrir une dizaine de ministres et nous en sommes à vingt et quelque ! C’est-à-dire le même chiffre que dans le passé, avec des dénominations à réveiller nos premiers présidents ! Avec une célébration de la misogynie : presqu’aucune place à la femme ! ». Plus loin, Patrice Talon apparaît comme un homme politique sans vision : « Le gars n’a aucune vue ! ». Le mot ’’gars’’ montre bien les tréfonds de la déconsidération dans lesquels on l’enfonce.
De plus, le clou, l’évocation du caractère gravement tyrannique du régime, dans une tonalité à la fois absurde et onirique : « Déjà, … christs », pages 34-35, troisième réplique du Confrère.
Et, entre les échanges politiquement engagés qui animent les réflexions du Confrère et du Chroniqueur, le système partisan béninois passe à la loupe, à la trappe, avec ses fléaux bien connus de transhumance, d’opportunisme des hommes politiques, d’absence de lignes, de repères, de vision, à part ceux de permettre à ces types d’animateurs de donner de la consistance à leurs intérêts, de la satiété à leur ventre, sans oublier que le Parti du renouveau démocratique (Prd) d’Adrien Houngbédji, à mots couverts, est mis en exergue comme la principale et la plus puante plaie de ce système en profonde décadence, violemment décrié.
Finalement, il y a lieu d’être surpris et de se réjouir qu’une telle pièce de théâtre de Barnabé-Akayi, d’une facture politique qui ne fait pas cadeau au Chef de l’Etat, Patrice Talon, ni au système politique dans lequel il s’accommode, auquel il se conforme, ait pu remporter un prix littéraire justement chapeauté par le premier des Béninois. Ceci reste la preuve que les membres du Jury ont su se mettre au-dessus des basses considérations, généralement bien quottées au Bénin, de flatteries et de génuflexions, de manifestation d’actes obséquieux, au détriment de la science, de la technicité, dans le but de plaire au très terrestre chef suprême, avec tout ce que cela peut rapporter comme avantages de divers ordres aux auteurs de ces actes aussi vils qui nivellent par le bas, qui valorisent la médiocrité, qui sacrifient la qualité, l’excellence.
Deuxième facteur d’impartialité face au sacre de Barnabé-Akayi par ’’Le chroniqueur du Pr’’, chacun des membres du Jury collabore en plein, directement ou non, avec le régime du Chef de l’Etat, Patrice Talon : le Président de ce Comité restreint, Bienvenu Albert Akoha, a son épouse qui est Directrice de Cabinet du Ministère du Cadre de vie et du développement durable ; il s’agit de Jeanne Akatcha Akoha. Ensuite, Apollinaire Agbazahou est un soutien de premier plan du Président de la République, dans le Zou. Enfin, Ousmane Alédji est membre de l’Unité présidentielle chargée de la Culture, qui opère à la Présidence de la République, sous le nez de Patrice Talon. Quoi de plus que ces différents niveaux d’accointances pour justifier un rejet du ’’Chroniqueur du Pr’’ pour le Prix concerné. Ne pas l’avoir fait, avoir primé le talent, par-dessus tout, rehausse le travail de ces personnalités, met en valeur leur force intellectuelle et, surtout, morale.
Troisièmement, le verdict du Jury jouit d’une impartialité à nulle autre pareille, vu que le Prix est organisé, soutenu et financé par l’Etat béninois, sous le couvert d’un Concours national littéraire qui se déroule tous les deux ans. Compte tenu de cette donnée fondamentale, des précautions auraient pu être prises, dans l’ombre, pour que soit écarté du sacre tout ouvrage critique envers le régime en place. Ne pas être tombé dans cette autre forme de bassesse montre la réussite du processus mis en place par Léon Zoha, Directeur des Arts et du livre du Ministère de la Culture, ceci qui a démarré le 7 septembre 2017 et qui s’est achevé, en un bon atterrissage, le 7 novembre dernier, jour de la commémoration de la Journée internationale de l’Ecrivain.


Pourquoi lire absolument ’’Le chroniqueur du Pr’’ ?


''Le chroniqueur du Pr''

Tous les Béninois sachant déchiffrer un texte doivent se précipiter pour s’approprier le contenu du ’’Chroniqueur du Pr’’, la pièce de théâtre, publié aux Editions ''Plumes soleil'', ayant remporté le ’’Prix du Président de la République’’, édition 2017, étant donné qu’elle s’asseoit confortablement dans un secteur passionnant à plus d’un titre pour les citoyens du Bénin : la politique, celle qui évolue vers un macabre mettant au-dessus de tout l’intérêt personnel, de façon à aboutir à la tragédie du genre de celle ayant définitivement séparé Blaise Compaoré et Thomas Sankara avec, en ajout, dans le livre de Barnabé Akayé, un fond très puant d’adultère et d’infanticide. Ensuite, cet ouvrage, au-delà de la dénonciation de quelques aspects peu honorables des six premiers mois de Patrice Talon au pouvoir, dépiaute le système politique partisan béninois, présenté comme très nauséeux. Il faudrait aller à la rencontre d’une audace réaliste, tragique, onirique et ironique.


Bref historique ...

Le Concours national littéraire ''Prix du Président de la République'' a été créé le 2 mai 2003, par l'Arrêté n° 065/MCAT/DC/SG/CTC/DBN/SA. Ainsi, après cinq éditions tenues, quatorze ans auparavant, Daté Atavito Barnabé-Akayi a eu, en matière de lauréats, les prédécesseurs ci-après : Wilson Dave, en 2003, avec ''Le menuisier de Calavi'', dans le genre ''Roman'', Reine Houssou, en 2007, avec ''Ah ! Jérôme la racine'', dans le genre ''Théâtre'', Philibert Cossi Dossou-Yovo, en 2010, avec ''L'échec de l'intelligentsia, synonyme des enfers'', dans le genre ''Essai'', Rigobert Kpanikpa Kouagou, en 2013, avec ''Clameurs champêtres'', dans le genre ''Poésie'', Habib Dakpogan, en 2015, avec ''Pv salle 6, dans le genre ''Roman''. Donc, depuis l'instauration de cette compétition littéraire, l'édition de l'année 2005 n'a pas été organisée et, il a fallu connaître un décalage d'année en 2010 et en 2013. 

Marcel Kpogodo