vendredi 21 décembre 2012

Résidence d'écriture du Projet Ho-Lomi-Lomi

Une ressource humaine inculturée au rendez-vous

Raphaël Hounto, Coordonnateur du Projet Ho-Lomi-Lomi, entouré de son équipe de travail, a tenu une conférence de presse, le dimanche 16 décembre 2012, à l'Hôtel ''Péroxide'' de Savalou. Son objectif était d'informer les professionnels des médias concernant le bilan à mi-parcours de la résidence d'écriture, initiée dans le cadre du Projet concerné. Il ressort de son intervention que des hommes imprégnés dans la culture de travail s'activent à faire réussir la première activité du concept ''Ho-Lomi-Lomi'', consistant en l'édition d'un recueil de 30 contes mahi.

Hermas Gbaguidi et Patrice Toton sont, entre autres, les personnalités présentes aux côtés de Raphaël Hounto, Coordonnateur du Projet Ho-Lomi-Lomi, au cours de son intervention, lors de la conférence de presse qu'il a tenue, ce dimanche 16 décembre 2012, à l'Hôtel Péroxide de Savalou. Selon l'orateur, dans le cadre de la première activité du Projet qu'il dirige, activité intitulée, ''Edition d'un recueil de 30 contes mahi'', une résidence d'écriture se tient depuis le 8 décembre 2012 dans le même hôtel et est prévue pour s'achever le 23. Cette manifestation intellectuelle justifie la présence des écrivains, Hermas Gbaguidi et Patrice Toton, de même que celle de deux transcripteurs-traducteurs de la langue mahi, Manondon Kpozé et Epiphane Dossou, et d'un illustrateur, Michel Aïssè.
Raphaël Hounto, devant les professionnels des médias ...
A en croire toujours Raphaël Hounto, depuis le début de ce travail en commun, sur 106 contes mis à la disposition des transcripteurs-traducteurs à partir d'un DVD de veillées de contes, enregistrées dans plusieurs localités de la ville Savalou par le Paslo (Projet arts de la scène, des langues et de l'oralité, Ndlr), un Projet déjà achevé, ceux-ci ont réussi à sélectionner 34 contes qu'ils ont transcrits et traduits en langue française. Ensuite, ils les ont livrés aux écrivains qui les corrigent dans leur structure, garantissent leur cohérence interne, les mettent aux normes internationales.
Au jour de la conférence de presse, cette équipe avait déjà travaillé sur une vingtaine de textes. En fin de compte, explique le conférencier, 30 seront définitivement retenus, soumis à une professeur du Département de Lettres modernes de l'Université d'Abomey-Calavi puis, après, à un inspecteur de l'enseignement primaire, pour l'intégration d’ultimes corrections techniques et, ce sera l'étape de l'illustration de ces contes par le spécialiste prévu à cet effet. Après cela, ils seront édités en 200 exemplaires. Puis, les livres se verront distribués selon une clé bien définie : 150, pour les 15 écoles ayant envoyé des enfants à la formation en art du conte, 10 pour la Bibliothèque nationale de Porto-Novo, 30 pour les associations partenaires du Projet Ho-Lomi-Lomi, 5 au Programme Société civile et culture (Pscc) ayant financé ledit Projet à 95% et, enfin, 5 pour les structures porteuses.
Devant l'Hôtel ''Péroxide'' de Savalou, Raphaël Hounto, au centre, encadrés, derrière, par Hermas Gbaguidi, à gauche, et Patrice Toton, à droite, et, devant, par, à gauche, Géovanni Houansou, assistant d'Hermas Gbaguidi et, à droite, par Manondon Kpozé.
La cérémonie de distribution de ce recueil de 30 contes mahi mettra donc fin à cette première activité, prévue pour s'étendre sur deux mois. A sa suite, les quatre autres annoncées pour le Projet Ho-Lomi-Lomi se mettront en route : la formation de 30 enfants conteurs à Cotonou et à Parakou, l'organisation d'un atelier de formation et de renforcement des capacités de 12 conteurs professionnels venus du Togo, du Burkina et du Bénin, à l'utilisation de trois instruments traditionnels de musique, la création et la diffusion d'un spectacle de contes de rue dans cinq grandes villes du Bénin et, enfin, l'organisation des rencontres itinérantes des arts de l'oralité (Riao) devant se dérouler sur 12 jours et sillonner aussi cinq villes du Bénin.

Un facteur rassurant d'nculturation

La première activité de Ho-Lomi-Lomi permet de constater l'implication d'une ressource humaine qui présente deux avantages fondamentaux. D'abord, elle est rompue à un domaine qu'elle connaît bien, celui de la littérature. Ensuite, elle est originaire de la région de travail et d'exploitation des contes. Dans le cas d'espèce, Hermas Gbaguidi et Patrice Toton sont deux acteurs qu'on ne présente plus, dans l'univers béninois du théâtre et, notamment, du conte. De plus, étant tous deux  originaires de Savalou et, donc, moulés dans la culture mahi, ils se montreront en phase avec le défi du travail international sur les contes sans que ceux-ci se trouvent dépouillés de leur substance culturelle originelle. Bien avant cela, du côté de la transcription et de la traduction des textes, Manondon Kpozé, notamment, est aussi mahi, donc bien qualifié pour réussir l'érection de contes portant réellement l'empreinte indélébile de leur culture d'extraction.
Ce sont des éléments d'observation qui valorisent le recrutement technique effectué par le Théâtre Aboki, association maître d'oeuvre du Projet Ho-Lomi-Lomi. Rendez-vous, par conséquent, à cette cérémonie qui permettra aux Béninois d'avoir entre les mains ce recueil révélant un aspect de la culture mahi.

Marcel Kpogodo  

mardi 11 décembre 2012

Relais de l'information culturelle ouest-africaine

Cultures en ligne pour combler un déficit dangereux  


Le Complexe culturel artistique et polyvalent (Ccap13) de Cotonou, sis quartier Akpapa, était très animé, le samedi 8 décembre 2012, en début de soirée. A l'actif de Koffi Attédé, Directeur des ''Editions Plurielles'', s'est déroulé le lancement officiel du Projet ''Cultures en ligne'', destiné à diffuser l'information culturelle ouest-africaine. Plusieurs personnalités du monde de la culture et des journalistes spécialisés dans le traitement de l'information dans ce domaine, étaient présents à la cérémonie qui a permis d'assister à des manifestations artistiques.

Un aperçu de page de www.benincultures.com
Le concept Cultures en lignes, financé par l'Organisation internationale de la francophonie et, porté sur les fonts baptismaux, le samedi 8 décembre 2012, au Complexe culturel artistique et polyvalent (Ccap13) d'Akpakpa, symbolise une vision de mise en ligne progressive des manifestations culturelles en provenance de huit pays francophones de l'Afrique de l'Ouest. Il se comprend donc comme une "plateforme virtuelle francophone ouest-africaine de diffusion de l'information culturelle". Mais, pour un début, le Togo, le Niger et le Bénin sont ceux qui auront l'opportunité de voir partager sur Internet les réalités culturelles profondes qui émanent d'eux. Ainsi, trois sites web représentent respectivement ceux-ci : www.arts-togo.com, www.fofomag.com et www.benincultures.com. A partir d'eux, l'internaute pourra découvrir les activités intrinsèques de la culture africaine, en réalité, mal relayée et victime de préjugés visant à limiter la portée et la force de sa richesse.

Koffi Attédé, lors de la cérémonie de lancement ...

Ceci reste le constat de Koffi Attédé, Directeur des Editions plurielles, structure portant le Projet. A en croire cette personnalité, il a démarré depuis mai 2011 et est prévu pour s'achever courant mars 2013. Dans son sillage, vu qu'il n'exploitera que le numérique, il a permis plusieurs acquis, entre autres, la formation d'à peu près 90 jeunes, acteurs et journalistes culturels, de 18 à 35 ans, sur les contours d'Internet, les méthodes journalistiques et sur la pratique de la critique d'art, la conception, la réalisation et la distribution à ceux-ci d'un DVD Rom multimédia interactif d'initiation aux logiciels libres et à Internet, l'édition et la distribution, toujours à ces jeunes, d'un ouvrage didactique d'initiation à plusieurs logiciels libres, le processus de la mise en réseau des trois sites Internet partenaires, la dotation des associations partenaires du Projet d'équipements informatiques et numériques. Par ailleurs, de manière précise, les objectifs que s'imposent d'atteindre le promoteur Attédé et son équipe restent l'achèvement du processus de mise en réseau des sites Internet partenaires, la réalisation d'actions de leur visibilité et le renforcement de leur animation. 

Pour des retombées insoupçonnées

Concernant une cérémonie de lancement de Cultures en ligne, riche en prestations artistiques et pour laquelle, notamment, Honoré Mègbémado et Nicolas Ago, représentant respectivement l'Organisation internationale de la Francophonie et le Ministère de la Culture, ont pris la parole, il s'est posé la préoccupation de la pérennisation de cette initiative salutaire, au-delà de la période de déroulement du Projet. Il faudrait donc réussir le pari de la durée dans le temps du processus mis en route, surtout que, sans en donner l'air, il emploie un nombre non négligeable de jeunes.

Marcel Kpogodo 

samedi 24 novembre 2012

Unik de Dominique Zinkpè à Abomey


Unik, l’unique !


Entrevoir un qualificatif différent pour caractériser Unik-Lieu de création contemporaine relèverait d’un certain utopisme : à peine né et mis en activité, ce complexe culturel a mis Abomey sous les feux de la rampe, depuis le vendredi 9 novembre 2012.

L'entrée d'Unik à Abomey

Dans le cadre de la Biennale Regard Bénin 2012, Résistances itinérantes a commencé à faire parler une programmation d’une densité qui puisse permettre à plusieurs générations, continents, tendances et visions d’artistes de se confronter, de se spécifier, de s’enrichir et de se compléter mutuellement, de façon à faire rayonner l’art contemporain, par le sens de profonde et haute tolérance animant les créateurs d’œuvres de l’esprit, invités à cette messe de l’interpénétration des savoirs et des pratiques artistiques qui subsistent et se renouvellent de la culture aboméenne authentique et de l’expression culturelle occidentale qui, au-delà du métissage auquel il devient difficile d’échapper, regarde l’autre et lui emprunte les normes d’une nouvelle existence.

Ainsi, Lionel Ducos, sculpteur français, fait déjà voir un chef-d’œuvre d’Amazone, long de 2,20 mètres, réalisé au cœur de la science ’’potièrement’’ historique du milieu autochtone auquel il a accepté de se familiariser, plusieurs semaines durant.

Autour de lui gravitent treize plasticiens béninois de la nouvelle verve créative, déterminés à conduire une carrière à l’image d’un certain  malingre de maître, qui ne s’en laisse pas conter dans l’illimité des défis à relever.     

Jusqu’au 15 janvier 2012, Unik-Lieu de création contemporaine se donne la chance d’entretenir la contemplation d’un génie créateur multidimensionnel et ce ne serait pas pour déplaire à Dominique Zinkpè ni à Abomey ; au-delà de la conventionnelle visite historique des musées, ce monument béninois très discret de l’art contemporain africain et cette ville auront éclairé le Bénin, l’Afrique et le monde, à partir d’une unique sphère-phare : Unik-Lieu de création contemporaine.


Marcel Kpogodo

mercredi 14 novembre 2012

Meschac Gaba sur la Biennale Bénin 2012


Pour Meschac Gaba


« Toutes les biennales en Afrique ont des problèmes … »


Meschac Gaba
Quelques jours avant le lancement de son Projet spécial, Meschac Gaba a bien voulu nous faire l’honneur d’une interview. Sont au rendez-vous des éclairages sur son exposition internationale, sur son Projet spécial et concernant les problèmes de la Biennale Bénin 2012.


Dans le cadre de la Biennale Bénin 2012, vous faites partie des artistes qui présenteront des œuvres par rapport à l’exposition internationale. Qu’en est-il ?


Meschac Gaba : L’exposition internationale est intitulée Citoyens du monde et j’y présente un travail qui s’appelle Voyages, parce que je me considère aussi comme un citoyen du monde.
Quand on parle de citoyenneté, je pense qu’on ne va pas l’enfermer dans le nationalisme, surtout qu’aujourd’hui, si on regarde même le Projet Biennale Bénin, c’est soutenu déjà par la France. Donc, il y a déjà un aspect de citoyenneté internationale.
Alors, mon projet qui s’appelle Voyages, je le fais aussi en accompagnement avec Hermann Pitz qui veut présenter The world Hermann Pitz’s world, un bilan de tous les endroits du monde qu’il a parcourus et où il a fait des projets, ceci qui rejoint l’idée de citoyenneté du monde.
Voyages est un travail sur les drapeaux ; vous avez un grand drapeau dans lequel on retrouve tous les drapeaux du monde mais, sous des formes triangulaires, on les reconnaîtra à peine. Mais, autour de ce grand drapeau, on aura des colis de drapeaux, comme des sacs de voyage, comme les colis que les gens font pour voyager.
Nous avons donc le colis de l’Unité africaine qui représente toute l’Afrique, le colis de la Ligue arabe, pour les pays arabes, celui de l’Union européenne qui représente les pays d’Europe, le drapeau des Usa pour les pays américains, sauf que, pour l’Asie, je n’ai pas pu trouver quelque chose de représentatif, ce qui m’a poussé à prendre la Chine comme grand format en Asie.


Alors, que proposez-vous par rapport à votre Projet spécial lié à la Biennale ?
Je propose le Projet Mava que j’avais fait en 2010-2011, où j’annonçais la création d’une résidence de bibliothèque ; c’est ce que je développe. En tant qu’artiste, je veux, par rapport à mon Projet, drainer aussi la communauté de Cotonou, qui n’est pas que du milieu de l’art. Alors, je veux faire un projet avec les taxis-moto à Cotonou et, il s’appelle Bibliothèque roulante. Là où je l’aime, c’est qu’il fait intervenir les gens du monde entier, pas seulement les taxis-moto de Cotonou ; depuis qu’on est en train de travailler, on reçoit des messages de l’Amérique, du Japon, de partout. Ces messages seront placés comme des plaques minéralogiques mais, avec des textes, sur les motos ; mon souhait, c’est que cela reste durant toute la Biennale à circuler dans la ville de Cotonou. Déjà, quand tu lis ce genre de textes sur une moto, même quelqu’un qui ne va pas voir l’expo ou bien qui n’en est pas au courant se demandera ce que c’est ; cela peut créer déjà de la communication. C’est pour ça que j’appelle cela Bibliothèque roulante mais, ça met aussi de la visibilité sur la Biennale, comme sur mon Projet.


On vous a aussi programmé pour animer un atelier, des rencontres professionnelles sur le thème : « Espaces urbains, géographie, histoire et invention ». Cela va se dérouler au Centre commercial Kora. Qu’est-ce que vous avez à partager avec le public ?
Tel que vous le dites, si je regarde mon travail, je le fais sur la ville de Cotonou qui est une ville urbaine ; je travaille beaucoup sur le développement urbain, moderne alors, je pense que je vais partager juste mon expérience, je vais parler de ce que j’ai fait au Bénin, de ce que j’ai fait ailleurs aussi ; ce sont les échanges que je pense avoir.


Il semblait y avoir deux tendances pour cette Biennale. Qu’est-ce que vous en pensez ?
(Rires). Si les deux camps m’avaient invité, j’allais participer. Je pense qu’au Bénin, c’est pour cela qu’il n’y a pas de guerre, on se querelle beaucoup et nos guerres finissent par les paroles. C’est pour ça que le Bénin fait partie des pays de l’Afrique de l’ouest qui n’a jamais vu, comme au Nigeria ou au Togo, des gens se tirent dessus avec des armes. C’était un conflit idéologique, ce qui fait que tout le monde veut faire une biennale au Bénin. Cela aurait été bien qu’il y ait deux biennales au Bénin mais, pour l’international, ce n’est pas bon. Il faut le dire honnêtement : à l’international, on regarde le Bénin comme un pays à part ; quelqu’un m’a dit : « Le Bénin est le pays le plus compliqué que j’aie jamais visité dans ma vie. » Je lui ai dit, en réponse : « Le Bénin est le seul pays en Afrique de l’ouest qui n’a jamais eu de guerre », pour lui montrer qu’on n’est pas si mauvais que cela. Mais, pour l’international et, même pour le financement, ce n’est pas bon de diviser un projet. Cependant, je trouve que c’est une richesse pour le Bénin qu’il y ait deux biennales et, on va tout faire pour que cela n’arrive plus, si cette Biennale doit continuer dans le futur.
Certains pensent que ce conflit est dû à une question d’intérêts et d’argent mais, moi, je pense que c’est plutôt une question d’égo. Mais, on va essayer progressivement, philosophiquement, par des conférences, des rencontres, de développer l’unité ; cela va s’apprendre. Le problème qui se pose dans les arts plastiques se pose aussi beaucoup dans le théâtre. Je pense qu’il va falloir mûrir et bien gérer cela. Pour l’instant, on ne dira pas que cela est si négatif ; s’il devait y avoir deux biennales, il y aurait pas mal de groupes à Cotonou.
Moi, je suis là pour apporter ma pierre à l’édifice, je vais faire ce que je peux, mettre ensemble les gens qui se chatouillent et, je pense qu’après la Biennale, ils vont se retrouver, se calmer ; la prochaine Biennale s’appellera Unité et il y aura une seule Biennale.


Pour vous qui vivez à l’extérieur du Bénin, comment cette division d’antan a été perçue ?
Je vis en Hollande et, cela a été très mal vu. La première fois qu’on a entendu parler de la Biennale Bénin, c’est une femme qui m’a appelé à Londres et qui m’a dit : « Qu’est-ce qui se passe dans votre pays ? Pourquoi les gens ne s’entendent pas ? » Je lui ai répondu : « Comme le Bénin est petit, pour tout grand projet, beaucoup de gens pensent qu’ils sont patrons et, à Cotonou, il n’y a pas de musée, il y a pas de préoccupation alors quand il y a une petite chose, tout le monde veut s’en occuper, c’est pour cela qu’il y a divergence. »
Vous voyez, il y aura plus de visiteurs à Cotonou et, on va regarder celui qui peut faire le meilleur, il se fera respecter la prochaine fois. Sinon, c’est dommage pour le Bénin qui regorge d’autant de très bons artistes mais, ce n’est pas qu’ici qu’il y a ce problème ; toutes les biennales en Afrique, cela, je peux vous le dire, ont des problèmes. C’est pire et c’est grave !
Par exemple, il y a eu le Festival des arts nègres à Dakar ; je peux vous dire que, jusqu’à aujourd’hui, les œuvres des artistes sont saisies quelque part, souhaitons que cela n’arrive pas ici. Moi, mes œuvres, on a dû payer 6000 euros pour les récupérer, parce qu’une galerie française voulait les montrer, alors que ces œuvres avaient été prêtées.
A part le Sénégal, nous avons la biennale sud-africaine qui n’existe même plus. La Biennale Bénin est à ses débuts. Regardez celle de Dakar qui a déjà plus de 20 ans ! Elle bafouille après tant d’années, elle semble encore à un stade primaire ! Ici, ils viennent de commencer et, toute chose qui est à ses débuts comporte un peu de bavures ; je pense qu’ils auront le temps de se rattraper.
Si nous, nous avions pensé que c’était un projet négatif, nous n’allions pas y participer ; j’ai des amis qui m’ont demandé si cela valait le coup d’y être et je leur ai répondu oui. Donc, on ne va pas regarder ce qui se passe d’un œil négatif ; en fait, c’est le début de quelque chose.
Je pense que cela va être une bonne Biennale, parce que les gens ne savent pas ce qui va se passer, mais ils savent qu’il y a de très bons artistes ici, c’est pour cela qu’ils s’y engagent. Je pense que même si l’administration bafouille, les artistes vont y mettre le poids et cela va marcher.


D’où vous vient ce grand sens d’optimisme ?
Vous savez, j’aime le Bénin. Mon art, je l’ai commencé ici ; des Béninois ont acheté mon art sans aucun expatrié, sur dix ans et, j’ai du respect pour ça, je ne peux pas dire que le succès de mon travail a commencé quelque part d’autre, il a commencé vraiment ici ; si vous voulez compter mes œuvres à Cotonou, vous pouvez en avoir plus de soixante-dix qui sont au Bénin. Donc, c’est un pays auquel je crois, je ne peux parler un seul instant négativement de lui, ça ne peut pas tourner une minute dans ma tête. Tout ce qui se passe ici, surtout pour l’art, pour moi, c’est positif.


Un mot de fin ?
Souhaitons que les deux Biennales deviennent une, parce que c’est bon pour le Bénin, c’est mon mot de fin.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo 

dimanche 11 novembre 2012

Biennale Bénin 2012

Meschac Gaba fait rouler sa Bibliothèque

Une procession culturelle, avec, en tête de peloton, des conducteurs de taxi-moto. Elle déambule, partant de la partie ouest de Cotonou, plus précisément du quartier Fidjrossè, pour aboutir au Centre Commercial Kora, siège de la Biennale Bénin 2012. Parmi les joyeux manifestants, l'artiste béninois vivant en Hollande, Meschac Gaba, qui s'est investi d'un cahier de charges assez impressionnant : faire déambuler une Bibliothèque roulante comportant des ouvrages d'art contemporain africain, recueillis  chez divers donateurs parmi lesquels des bibliothèques et des musées occidentaux. La structure chapeautant une telle initiative est le Musée de l'art de la vie active (Mava) qui suscitera une résidence du même nom. Y travailleront cinq à six artistes internationaux, y compris des Béninois. 
La Bibliothèque roulante doit être comprise comme une performance qui tient depuis le 08 novembre, dont les marques sont l'écriture de phrases ou de citations bien référencées de curateurs, d'artistes écrivains, de journalistes d'art et de critiques d'art, au niveau de plaques des taxi-motos déambulants, à la place du numéro. C'est une manière pour l'artiste béninois, Gaba, de faire participer à l'événement déambulatoire, en particulier, et à la Biennale, en générale, les fameux ''Zémidjans'', devenus des vecteurs incontournables de communication. Par cette action, Mava a contribué à répandre en plein Cotonou des citoyens moyens et démunis la nouvelle de la tenue de cette Biennale Bénin 2012.

Marcel Kpogodo
  

jeudi 25 octobre 2012

Arsène Cocou Yémadjè sur les planches à Cotonou

Les fruits conformes aux fleurs entrevues


Le personnage, en pleine lecture de tranches catastrophiques ... (Photo d'Abdoula Aziz Soumaïla)
Le samedi 6 octobre dernier, la paillote de l'Institut français du Bénin a permis de vivre la représentation par le Béninois, Arsène Cocou Yémadjè, de Confessions posthumes, une pièce qu'il mettait en scène, en même qu'il en était l'acteur unique. Le décor simple et pragmatique, défoncé d'une chaise, prenait en compte la voix éraillée du comédien, qui, avec son accoutrement, indique son appartenance à l'univers des ouvriers. C'est d'abord une bouteille d'alcool en main et une de ses bretelles détachée qui permettent de se rendre compte de la mélancolie qui le ravage. De même, la lumière, isolée, dans un premier temps, comme dans un hôpital, révèle l'angoisse de la solitude de ce veuf, ''père'' de deux enfants, qui doit gérer les suites du décès de son épouse mais, surtout, la découverte de son infidélité de longue durée. Le monologue qu'il habite aide l'acteur à se maintenir complètement libre pour assumer ses responsabilités scéniques, ceci qui lui donne l'occasion de plusieurs situations d'un salutaire comique de mots, ingrédient devenu indispensable pour maintenir le public en haleine. Le journal intime qui lui sert de compagnon de scène n'empêche nullement Arsène Cocou Yémadjè d'accéder à une dimension élevée d'une capacité appréciable de transmission d'une émotion durable au public. De cette manière, il a séduit, même s'il semblait plus jeune que son rôle.


Marcel Kpogodo   

mercredi 3 octobre 2012

Confessions posthumes à l'Institut français du Bénin

Retour d'Arsène Cocou Yémadjè sur les planches béninoises

On s'en souvient encore : La consultation, pièce jouée, en finale du Fitheb 2012, le 7 avril dernier, avec comme metteur en scène, Arsène Cocou Yémadjè, avait fait sensation, vu, surtout, l'état de complète nudité, dans lequel s'étaient retrouvés des personnages profondément embarqués dans leur rôle de fous. Le samedi 6 octobre prochain, Arsène Cocou Yémadjè encadrera justement encore, pour la première fois au Bénin, depuis ce dernier spectacle, la représentation d'une nouvelle pièce dans laquelle il sera lui-même acteur : Confessions posthumes. Écrite par le Tchadien Ouaga-Ballé Danaï, elle projette la problématique d'une tromperie conjugale de trois décennies, à laquelle est confronté un personnage désabusé mais, lui-même, porteur d'une certaine vengeance, au regard de ses faits d'armes, en matière d'infidélité matrimoniale. C'est le spectacle d'un dialogue entre le journal intime de sa feue épouse et lui pour démêler l'écheveau d'un labyrinthe psychologique, d'un processus opaque dans lequel ces deux mariés se sont mus, sur le fondement d'un rejet réciproque et non concerté des normes morales. Quel contexte plus vrai et plus réaliste que celui que va dépeindre Consultations posthumes, samedi prochain, mais déjà jouée au Niger et au Cameroun ? Il va falloir suivre cette nouvelle mise en scène de Yémadjè, de quoi analyser la qualité, le degré du sens d'innovation de ce metteur en scène, tête brûlée du théâtre béninois.

Marcel Kpogodo

mercredi 26 septembre 2012

Poésie béninoise



Signatures et Balivernes, bientôt dans les kiosques

Jérôme-Michel Tossavi publie, aux Editions Christons, à Cotonou, son premier recueil de poèmes, intitulé « Signatures et Balivernes ». Une œuvre d’engagement qu’il signe prestement avec la plume acoustique qui dénote d’un hymne citoyen. Pour l’auteur du recueil dont le lancement est prévu pour le 20 octobre prochain, à l’auditorium du l’Institut français du Bénin (Ex-Ccf de Cotonou), c’est un devoir pour la génération montante de hisser au plus haut sommet la littérature contemporaine béninoise qui a encore de beaux jours devant elle. Il nous livre ici ses impressions. 


Dans quelques jours, le marché du livre de notre pays connaîtra votre premier recueil de poèmes, intitulé « Signatures et Balivernes ». Pouvez-vous nous parler des raisons qui sous-tendent une telle initiative ?

L’intérêt de cette publication, c’est, d’abord, de partager des émotions - les miennes, bien sûr - après tant de contenance sociale, tant de refoulements objectifs et, parfois subjectifs, qui proviennent de tout mon être. Dire à mes contemporains que je suis à terme d’une longue et profonde érosion qui m’a longtemps démangé et, qu’à présent, je suis en travail comme une femme en gésine pour accoucher l’humanité. Captiver le temps, l’espace autour de moi, dans ma cervelle étourdie. Montrer à tout venant mes nombreuses cicatrices récalcitrantes que le temps n’a pas réussi à effacer. Panser enfin les plaies béantes d’une société - la mienne - qui gambade, chavire au gré du vent. Voilà les quelques raisons qui sous-tendent la sortie de  Signatures et Balivernes dont le lancement est prévu pour le 20 octobre prochain.

Jérôme-Michel Tossavi
A vous entendre parler, on sent les marques d’une poésie d’engagement, d’audace. Que réserve concrètement « Signatures et Balivernes » aux férus des Belles lettres ?

L’expression ’’Poésie d’engagement, d’audace’’ est toute trouvée et répond vraiment à l’allure imprimée à ces quelques mots, jetés pêle-mêle, sur du papier blanc. Le titre évocateur et invocateur se donne même le méta-sens de confirmer votre expression que je trouve assez judicieuse. Signatures et Balivernes dit, à travers trente-cinq petits poèmes, les charmes et les larmes d’une société. Titre éponyme, Signatures et Balivernes se présente ainsi comme l’annuaire de mes propres ennuis ; une sorte de bloc-notes du damné qui espère avec arrogance le bout du tunnel. Ce faisant, j’étais loin de penser que je donnais libre coup à l’engagement. En fait, en transcrivant ces mots, je ne pensais pas, au départ, que j’écrivais de la poésie. Je prenais plutôt plaisir, comme le sculpteur, à imprimer mes ennuis, mes déboires sur les êtres et les choses, d’où Signatures et Balivernes, qui se présente comme une calebasse de mon vécu quotidien. Au fur et à mesure que les mots tels que « Necripture », « Gyrophare », « Lettre anonyme », « Poème de mes sens », « Termitières », « Poème à ma mère », « Salam Alekoum »… découlaient du bout de ma plume, j’attendais la voix incessante qui me demandait de congédier la peur pour laisser la place à ’’l’engagement’’, à ’’l’audace’’, pour vous paraphraser.

A présent que le fœtus est prêt à quitter sa coque, pouvez-vous nous dire les difficultés rencontrées avant la publication de cette poésie de facture sociale ?

Les difficultés sont celles liées à la promotion et à la diffusion malsaines du livre dans notre pays. Vous savez, la littérature stricto sensu ne constitue pas encore, malheureusement, une priorité pour nos dirigeants dont il faut se méfier des discours flatteurs qui constipent le peuple. Ce recueil de poèmes a été réalisé à mes propres frais avec l’engagement de certaines personnes dont mon éditeur, Christophe Tonon, ainsi que mon Doyen, Jean-Marc-Aurèle Afoutou, dont le sens de sacrifice n’a point de mesure. C’est, d’abord, grâce à ces deux cœurs généreux que le recueil a pu paraître. Je pense que c’est la meilleure tribune pour les remercier franchement pour leur dévouement. Au Doyen Jean-Marc-Aurèle Afoutou, qui a accepté de postfacer ce recueil, je dis toute ma gratitude et mes sincères remerciements. Je ne peux donc oublier mes parents et quelques amis qui, jusque-là, continuent de me prodiguer de sages conseils pour la réussite totale de cet évènement qui réunira les grandes sommités de la littérature contemporaine béninoise, le 20 octobre prochain à l’Institut français du Bénin.

Propos recueillis par Ibrahim O. Falola


Jérôme-Michel Tossavi, en quelques mots ... 
Jeune Béninois natif du Département des Collines (Ouèssè Wogoudo) en République du Bénin, diplômé en Lettres Modernes, à la Faculté des Lettres de l’Université d’Abomey-Calavi, il prépare, actuellement, une Licence en Sciences Juridiques. Journaliste-Communicateur, Jérôme-Michel Tossavi exerce, depuis quelques années, à la Médiathèque de l’Institut français du Bénin (ex-Ccf), en tant que bibliothécaire. Passionné de Lettres, l’homme est aussi dramaturge et metteur en scène. Auteur de la pièce de théâtre Les complaintes de la sirène, en cours d’adaptation, il focalise l’avenir sur l’engagement d’une jeunesse capable de se faire une place au soleil. 

I. O. F.
  

vendredi 21 septembre 2012

Musique au Bénin

Nouveau single de l'Artiste Maasta 


"Le Kamer, c'est le Kamer" : la dénomination du nouveau single de Maasta du Cameroun. 




Il est conçu dans le style du ''Mangoko'' qu'il considère comme "un mélange de rap, de slam, de conte et de chant, dans une tonalité humoristique, en camfranglais, un argot de rue propre à l'Afrique Centrale.''
Sa biographie, ci-dessous, est assez indicative de son parcours ...


L'Artiste Maasta est managé par le Label ''1er Pas''.

Marcel Kpogodo

mardi 18 septembre 2012

Biennale Bénin Bénin 2012

Le Collectif "Nudowa Yôyô" lance un cri de protestation : "Biennale Bénin Bénin 2012"

"Je ne conçois pas que l'artiste puisse rester un spectateur indifférent, refusant de prendre une option ... Etre engagé, cela signifie pour l'artiste, être inséré dans son contexte social, être la chair du peuple, vivre des problèmes de son pays avec intensité et en rendre témoignage." Se retrouvant profondément en phase avec cette réflexion d'Aimé Césaire qui, selon eux, rend amplement compte des fondements de l'initiative du Collectif "Nudowa Yôyô" qu'ils ont mis en place, les cinq artistes plasticiens béninois que sont Rafiy Okéfolahan, Marius Dansou, Benjamin Déguénon, Kajero et Totché, créent leur propre Biennale d'Arts, dénommée "Biennale Bénin Bénin 2012" ; elle est prévue pour se tenir du 7 novembre 2012 au 14 janvier 2013. Leur programme, à cet effet, est bien clair : réaliser une performance, organiser des rencontres, des discussions et tenir des expositions, durant toute la période évoquée. Ils annoncent avoir un site Internet en construction et disent détenir une liste ouverte à tous les artistes qui aiment l'art ; il n'y aurait pas de conditions financières préalables à remplir pour cette inscription. Ainsi, la Biennale "Bénin Bénin 2012" constitue leur cri de vigoureuse protestation contre ce qui se profile à l'horizon : la tenue de deux Biennales, à partir du 08 novembre 2012, celle dénommée "Consortium Regard Bénin" dont Dominique Zinkpè est le Président, et "Regard Bénin", dirigé par le non moins connu, Ousmane Alédji, de l'Association ''Regard Bénin". 

La bannière de la Biennale "Bénin Bénin 2012" du Collectif "Nudowa Yôyo"
Selon Rafiy Okéfolahan, la question qu'il faudrait se poser, face à cette division qui menace la bonne tenue et l'existence future de la Biennale tout court, est de savoir si on fait de l'art pour le ''Dan-mi'' ou pour la passion, le ''Dan-mi'' dont le sens est, à en croire l'intervenant, le trésor de l'arc-en-ciel, en plus clair, les financements importants qui sont annoncés pour pleuvoir sur les organisateurs. 
S'exprimant au nom du Collectif "Nudowa Yôyô", il explique que cette initiative vise à dénoncer cette double Biennale qui n'aura d'autres conséquences que de ridiculiser le Bénin au plan international, si ce n'est déjà fait, de le décrédibiliser et de faire fuir les partenaires qui sont annoncés pour financer cette événement qui se trouve à sa deuxième édition. 
Marius Dansou, très révolté aussi, appelle à ce que les deux camps se comprennent au plus tôt afin de sauver la Biennale, de réussir sa tenue et de garantir sa pérennisation, ce qui le pousse à crier : "Nous voulons notre Biennale pour 2012 et pour toutes les autres éditions !" Dans le cas contraire, "Bénin Bénin 2012" aura lieu, ce qui créera davantage d'imbroglio, un fait qui ne déplaît guère à Benjamin Déguénon, pour qui, le Collectif n'a pas trouvé nécessaire de rencontrer le Ministre de la Culture, vu les tracasseries administratives que cela suggère, ni de chercher à réconcilier le chef de file de chacun des deux groupes proposant un programme différent pour la Biennale, surtout que chaque camp reste accroché à sa position, la préoccupation du groupe étant que la Biennale se tienne pour que les artistes pour qui elle a été conçue puissent montrer leurs œuvres et faire apprécier leur talent. 
Vivement une force au-dessus de la mêlée qui réussisse à rétablir l'ordre dans l'organisation de la Biennale, une situation contraire qui compromettrait une manifestation culturelle de grande envergure prévue pour promouvoir la culture contemporaine béninoise. 

Marcel Kpogodo

samedi 14 juillet 2012

Zinkpè le Phénomène

''Unik-Lieu de création contemporaine" à Abomey

Depuis le samedi 23 juin dernier, Dominique Zinkpè s'est mis en situation de concrétiser son rêve : faire de la ville d'Abomey une cité autre que celle d'une histoire retentissante et saisissante, celle de la culture de notre époque. 
Unik, à Abomey ...
Honorant sa réputation de gigantisme, il a laissé son génie imaginatif accoucher d'un Projet d'une grande envergure pour accueillir des artistes plasticiens en quête de maîtrise et de perfectionnement de leur art, mais, aussi, d'expérience et de notoriété. Choisir Dominique Zinkpè pour donner une chance à ce processus de se concrétiser n'aura pas été peine perdue pour eux ! Ces Aston, Bamouss, Sébastien Boko, Marius Dansou, Benjamin Déguénon, Thierry Oussou, Toffa, Damien Tokoudagba, le vidéaste Totché et Nathanaël Vodouhè, pour avoir accepté de répondre à un appel à candidatures lancé quelques semaines plus tôt par l'Association Ayïzo, vont bénéficier de l'opportunité extraordinaire d'être les premiers à bénéficier d'un espace de création propre à eux et dédié aussi à ce qu'ils y exposent leurs oeuvres. Les nombreux visiteurs venus soutenir Zinkpè dans son initiative d'inauguration, ce samedi 23 juin en ont eu plein la vue d'un véritable complexe culturel, situé dans le quartier Dokpa-Toyizanli, dans l'Arrondissement de Sèhoun, s'appropriant 10 mille mètres carrés, ce que le promoteur appelle un ''lieu d'innovation'', vu qu'il accueille, depuis son inauguration, neuf ateliers de création, un accueil en résidence, un espace ''Ressources'', un autre, scénique, un bloc adminstratif et le ''Café Unik'' qu'il perçoit comme un ''lieu convivial''.
Alain Bruneteau, l'un de ces invités, Coordonnateur du Programme Société Civile et Culture (PSCC) de l'Union Européenne, a montré que le grand Centre relevait de l'un des 20 Projets financé lors du premier appel à propositions du Programme : 65.595.700 F CFA ont servi à le sortir de terre. 

Vaste cahier de charges ...
Par ailleurs, ce ne sont pas des fonctions qui manquent pour faire grouiller autour et dans cet espace une inspiration et une création artistiques d'une abondance qui finira, dans les plus brefs délais, par faire d' ''Unik-Lieu de création contemporaine'', un nouveau temple de la méditation de producteurs et de la maturation d'oeuvres de l'esprit, qui établiront davantage le respect de connaisseurs à travers le monde : "accompagner le travail des artistes vers un professionnalisme toujours plus accru ...", "favoriser la découverte des ressources existantes et inhérentes à la production des oeuvres plastiques et visuelles au Bénin et ailleurs ...", "permettre à des artistes internationaux de réaliser des oeuvres significatives ...", "familiariser les enfants et les adolescents à la pratique d'une discipline artistique ...", et c'est à ce dernier niveau qu'il faut percevoir, semble-t-il, la volonté de l'homme de passer le flambeau, de mettre les tout jeunes devant leur responsabilité d'une excellence à cultiver dès le berceau. Pour l'instant, les aînés de ceux-ci sont embarqués dans un processus d'un labeur reflétant que les arts plastiques ne consistent nullement à étaler et mélanger des couleurs. 

Des perspectives de magnification de l'excellence
Dominique Zinkpè, le freluquet aux idées de mammouth !
Du 11 au 24 juin dernier, ils se sont impliqués dans un "travail de recherche artistique" qui devait les mettre face à leur art, sans compter qu'ils avaient suivi une courte formation en arts visuels. Mais, d'autres défis de renforcement des connaissances les attendent, du 30 juillet au 12 août et, du 27 août au 9 septembre prochain. De sinécure, il n'était donc pas question pour eux et, des noms, non des moindres, sauront faire jaillir d'eux ce qu'ils n'ont pu encore déceler pour se proclamer déjà de la dimension de leur maître : le Professeur Joseph Adandé, Gabin Djimassè qui se distraira momentanément des palais royaux d'Abomey et, lui-même, maître en chef, le freluquet aux inspirations de mammouth., lui qui, espérons-le, saura se montrer à la hauteur du chantier plus que "mammouthique" du Consortium, dont il est le ''chef de file'', Regard 1.0, cette biennale béninoise des arts contemporains dont il est le Président.

Marcel Kpogodo 

vendredi 22 juin 2012

Richard Korblah à l'Institut français du Bénin

Mise en valeur de la culture peuhl

Depuis le jeudi 14 juin, Richard Korblah présente une très osée exposition à l'Espace Kpobly de l'Institut français du Bénin. Huit sculptures bien hiérarchisées se partagent le cadre réservé à leur présentation au public. 
Farouk Abdoulaye
Sous l'inspiration du scénographe, Farouk Abdoulaye, le visiteur découvre l'histoire de la flagellation de la population peuhl vivant dans le Département béninois des Collines, à travers plusieurs contrées : Dassa, Glazoué, Pira, Tchetti, Savè, notamment. 
Par ordre d'importance, Alkaadi, le Père suprème, juché sur son piédestal, chef de la diaspora peuhl dans l'une ou l'autre des localités évoquées, autorise le déroulement de la cérémonie de flagellation ; elle permettra à des adolescents d'à partir de 15 ans d'obtenir leur ticket d'entrée dans la classe sociale des adultes. Et, c'est après avoir supporté héroïquement la séance d'une douloureuse bastonnade à l'aide d'un fouet de type particulier. Le petit Bamiire, lui, non loin du Père, assiste au spectacle, se préparant à le subir, peut-être, l'année suivante. Piiray, eux, constituent deux couples de jeunes qui sont à l'épreuve de la flagellation, qui la subissent. Ici, l'installation est majestueuse, subtile : chacun des couples semble représenter les deux jeunes hommes qui s'affrontent à l'épreuve de la bravoure amis, il n'en est rien ; celui qui tient l'autre le protège contre son adversaire. Donc, les deux couples comportent des flagellateurs qui se protègent l'un l'autre. Kellire 1, lui, dirige la flagellation, l'arbitre et donne le verdict. Baba Piiray, autre père de la flagellation, est chargé de valider ou non la sentence proposée. Inna Piiray est la mère de la flagellation ; elle ne prend partie pour personne, elle reste neutre.  Kellire 2 dirige aussi la séance ; il est chargé de vérifier la conformité occulte des fouets utilisés.
Richard Korblah

Selon les explications de Richard Korblah, un tel spectacle, en milieu peuhl, se déroule les mois de décembre et janvier de chaque année, c'est-à-dire en saison sèche. Par ailleurs, il justifie son intérêt pour l'univers très fermé de la flagellation chez les peuhls par sa volonté de montrer qu'il s'agit d'une ethnie nomade incomprise qui ne mérite pas d'être crainte, rejetée, détestée, comme elle l'est ; il a décidé de susciter la curiosité sur elle et de pousser le public à chercher à mieux la connaître. De son regard qui cherche dans le lointain les repères d'une présence au monde qui puisse se révéler utile sur le plan artistique et culturel, Richard Korblah, par cette exposition,  relance le débat de la tolérance envers ces peuples marginalisés qui, involontairement, suscitent méfiance, rejet, mépris, préjugés de tous gens, de façon à échouer dans tout processus d'intégration. Richard Korblah, en creusant dans la diaspora peuhl dans le Département des Collines, a vaincu le mythe de l'inconnu et de la méfiance injustifiée. Cette exposition à l'Institut français du Bénin, qui prend fin en septembre 2012, mérite d'être vue.

Marcel Kpogodo    

Fidèle Anato dans son nouvel album

Où est l'os, sur le marché cinématographique béninois

Depuis le 14 juin dernier, le comédien béninois, Le Baobab, de son vrai nom, Fidèle Anato, a publié Où est l'os, un album cinématographique du registre humoristique, qui dure 1 heure 10 minutes. Deux mille francs suffisent pour se procurer cette vidéo, inspirée du conte, L'os de Mor Lam de Birago Diop. 
En substance, l'histoire se déroule à Towéta, situé à Lalo dans le Département du Couffo, village d'origine de la mère de l'auteur qui, symbole possible de nostalgie, y a passé son enfance. Cette histoire est celle de Gbodja, avare, égoïste, qui refuse de partager son os et qui en a des conséquences tragiques.

Selon l'auteur, cette œuvre, éditée chez Gangan Prod, relève d'un processus laborieux comportant un casting, une formation des sélectionnés au jeu d'acteur, le tournage, la post-production et la promotion. Par ailleurs, la distribution laisse apercevoir un certain nombre de comédiens, entre autres : Fidèle Anato, lui-même, incarne un fou, Judicaël Avagbé, l'avare qui a pour épouse,Vovo, Edith Béhanzin, de son nom réel, Fiacre Anato, qui interprète Kpakpa, l'ami de Gbodja. 
Dans l'harmonie de leur jeu, ils permettent de faire ressortir une leçon forte, surtout en cette période que certaines langues veulent croire morose : il faut partager ce que l'on a avec les autres, surtout si l'on en a en surplus. Cet appel constitue le résultat d'un constat désolant effectué par Le Baobab : "Il existe un fossé entre les riches et les pauvres", ce qui l'amène à exhorter : "Décentralisez vos os, c'est-à-dire vos poches car, à force de ne pas donner, on court à sa perte." Poursuivant selon cette logique, son regard devient soudain grave : "Quand il y en a trop et que les gens meurent de faim, ils peuvent vous tuer pour s'en approprier." 
Cette œuvre relève d'une auto-production que des partenaires ont accompagnée : la télévision béninoise Canal 3, le Jus de fruits Xana, le Port autonome de Cotonou, la Société béninoise de manutention portuaire (Sobemap), la Société Afrique destination, notamment.
Après Ici, maître, sa première œuvre cinématographique humoristique, Fidèle Anato, Où est l'os sous les bras,  se lance à la conquête du public béninois et aussi de celui de la sous-région ouest-africaine.

Marcel Kpogodo

mardi 12 juin 2012

Séjour d'Alain Mabanckou à Cotonou

Alain Mabanckou rejette une certaine Afrique

Alain Mabanckou, écrivain africain originaire du Congo-Brazzaville, a tenu une conférence de presse, ce mardi 12 juin, à Cotonou. C'était à l'auditorium de l'Institut français du Bénin, ex-Centre culturel français. Bon nombre de questions ont fait l'objet de ses échanges avec les journalistes. Il ressort qu'il assume difficilement certaines idées reçues adoptées en Afrique.

Alain Mabanckou, dans ses échanges avec les journalistes béninois présents à l'auditorium de l'Institut français du Bénin, ce mardi 12 juin 2012, s'est montré opposé aux idées faisant la promotion d'une Afrique des jérémiades, qui se remet mal de l'esclavage et de la colonisation et qui, rendant responsable l'Occident de son sous-développement actuel, refuse de se battre pour en sortir. Quand on pense que, dans un Bénin ravagé et fragilisé par la cybercriminalité où les jeunes qui s'y investissent justifient leurs escroqueries par l'idée d'un vengeance contre les Occidentaux pour, justement, l'esclavage et la colonisation, on comprend que l'écrivain a touché à un point sensible de la mentalité de la jeunesse de notre pays. Il s'est insurgé, en outre, dans un humour finalement instinctif, contre une Afrique qui se veut pure et exempte de toute tare, contre une Afrique qui n'a rien à se reprocher et qui trouve que ce sont les autres qui portent tous les grands défauts.


Dans son évolution, l'écrivain congolais est allé jusqu'à démontrer que ce continent, à travers certains de ses pays, a laissé se manifester un ''racisme intra-africain'' ayant fait de certains autochtones des chiens méchants et des xénophobes vis-à-vis d'Africains, étrangers, venus de pays voisins. Ce langage complètement rectificateur intervient dans un contexte où il vient de faire paraître son nouveau roman aux Editions Fayard, ouvrage intitulé Le sanglot de l'homme noir. Il faudra attendre le vendredi 15 juin prochain, à 18 heures 45, à la Paillote de l'Institut français du Bénin, pour voir l'écrivain congolais s'étendre plus amplement sur cet ouvrage. Rappelons qu'à son actif se trouvent un peu moins d'une dizaine de productions romanesques : Bleu-Blanc-Rouge (1998), Et Dieu seul sait comment je dors (2001), Les petits-fils nègres de Vercingétorix (2002), African psycho (2003), Verre cassé (2005), Mémoires de porc-épic (2006), Black Bazar (2009), Ma Soeur Etoile (2010) et Demain j'aurai vingt ans (2010). Parmi celles-ci, Verre cassé a reçu, en 2005, successivement le Prix des Cinq continents de la Francophonie, le Prix Ouest-France/Etonnants voyageurs et le Prix RFO 2005, pendant que Mémoires de porc-épic a été auréolé du Prix Renaudot 2006. Se rapportant au Sanglot de l'homme noir, les explications et les éclairages d'Alain Mabanckou, nourris dans un humour subtil, restent très attendus.


Marcel Kpogodo