mardi 15 novembre 2016

Les acteurs culturels appellent Patrice Talon au secours

Après 7 mois d’Ange N’Koué au Ministère du Tourisme et de la culture


Les relations ne sont pas des plus idéales entre Ange N’Koué, Ministre du Tourisme et de la culture, et les acteurs culturels. Le constat qui ressort du point de presse qu’a tenu, le 11 novembre dernier, la Plateforme des confédérations et fédérations d’artistes et d’acteurs culturels du Bénin, à Cotonou. Au menu, un vrai réquisitoire fait par les acteurs culturels de la gestion des affaires du Ministère de la Culture par Ange N’Koué, ce qui pousse ceux-ci, en dernier recours, à demander de l’aide au Président Patrice Talon.

Pascal Wanou

 Intégralité de la déclaration du Porte-parole, Pascal Wanou



PLATEFORME DES CONFEDERATIONS  ET FEDERATIONS D’ARTISTES ET D’ACTEURS CULTURELS DU BENIN
Tél. 97 98 34 74 / 97 64 62 01/97 78 03 48/
COTONOU
                                                                                             
                                                               Cotonou, le 11 novembre 2016


RENCONTRE AVEC LA PRESSE
-          Remerciements à l’adresse des hommes de la presse pour leur accompagnement depuis que la crise qui secoue le secteur a commencé.
-          Remerciements aussi aux artistes et aux acteurs culturels pour leur combativité.
Le présent point de presse sera axé sur trois points : les réformes dans le secteur, le projet de budget du Ministère exercice 2017, et la problématique du BUBEDRA.

1-      Les réformes en cours
-          Les acteurs culturels sont déçus ; ils ont le sentiment d’avoir été floués, abusés :
·         Voici 7 mois que la nécessité de mettre en place des réformes au MTC, en général, et au FAC, en particulier, a été exprimée ; une nécessité partagée par tous ;
·         7 mois que des réflexions ont été menées, de part et d’autre ;
·         7 mois que tout le secteur est paralysé ; la raison, c’est la gouvernance du Ministre Ange N’KOUE, basée sur les « 3 M », M signifiant mépris, à savoir :
→  mépris des hommes, en général, et des artistes et  des acteurs culturels, en particulier,
→  mépris des textes, des règles et des réalités du secteur,
→    mépris de la vérité et de l’intelligence de l’autre,
le tout sur fond de démarchage de certaines têtes d’affiches du secteur en les soudoyant et en répandant des sabotages sur les responsables de faîtières et du FAC, dans le but de les décrédibiliser et de démobiliser les acteurs.
·         Pour étayer ce qui précède, il convient de rappeler la rencontre du 09 août dernier avec le Ministre, et le scénario mis en œuvre. En effet, sous pressions diverses, le Ministre N’KOUE a dû décider de convoquer les artistes et les acteurs culturels, dans une sorte d’assemblée générale qui ne dit pas son nom. Il a choisi lui-même la cible. A la surprise générale, au lieu de nous soumettre à des échanges sur les propositions de réformes, le Ministre nous a plutôt soumis à une présentation magistrale du Fonds des Arts et de la Culture (nouvelle appellation du FAC). La vérité, c’est qu’il usait de ruse pour nous faire valider ses soi-disant réformes, afin de s’en prévaloir devant le Gouvernement comme étant la caution des artistes à ses réformes. Ayant compris le subterfuge, les artistes ont demandé 72 heures pour étudier minutieusement le document et pour en formuler les contre-propositions, au besoin. C’est ainsi qu’ils se sont éclatés en ateliers de travail sur la base des différents corps de métiers. Après étude du document, réunis en plénière, les artistes ont unanimement regretté le caractère vide dudit document, et dénoncé le piège qui leur était tendu. Toutefois, ils ont décidé de saisir cette opportunité pour mener une réflexion collective sur les réformes à opérer au FAC. Durant 02 semaines, ils ont dont travaillé d’arrache-pieds, mettant sur la table toutes les divergences de points de vue et, dans une autocritique sévère, ils sont parvenus à formuler, de façon consensuelle, des propositions de réformes acceptées de tous, en s’appuyant sur les règles universellement connues, en matière de financement culturel, notamment, sur les règles de l’Union Européenne, connues pour leur rigueur. Le document de propositions de réformes a été déposé au Ministre le 26 août 2016. Depuis lors et, contrairement à son engagement à nous rappeler, dans les 72 heures, pour une harmonisation, le Ministre s’est installé dans un mutisme total, teinté de mépris. Silence radio, le Ministre refuse de communiquer et de discuter avec les acteurs, mais, préfère agir en solo et en catimini, de sorte à mettre les acteurs devant le fait accompli. C’est dans cette  optique qu’il a préparé et soumis au Gouvernement, pour validation, une communication portant AOF du FAC, donc, faisant état de nouvelles mesures dites de réformes. Personne n’a été associé à ça ; pire, contrairement aux prescriptions légales, le Conseil d’Administration du FAC n’a pas été associé, il n’a jamais vu le document, il ne l’a donc pas validé avant sa transmission au Conseil des Ministres, ce qui ouvre, par conséquent, la voie  à une contestation devant les juridictions compétentes.
·         Est intervenu ensuite le dossier d’abattement du budget du FAC : même attitude du Ministre face aux propositions formulées par les acteurs : absence de communication, préférence pour les actions solitaires et pour le dilatoire ; aucune prise en compte des réalités et des règles. Au lieu d’un abattement de 25% annoncé par le Gouvernement, le Ministre N’KOUE a préféré opérer un abattement de 52,60 %, privant le FAC de ressources pour financer les projets déjà retenus et objet de contrats. La conséquence, c’est la mise au chômage forcé de centaines d’artistes, et les problèmes sociaux et de survie dans lesquels des milliers de familles sont plongées. Le Ministre Ange N’KOUE ne s’en préoccupe pas, il s’en fout.
·         Le choc a été très dur et révoltant d’apprendre que l’une des décisions de réforme, qui a été retenue, contraint désormais les artistes à ne contracter que des prêts  auprès du FAC ;
·         L’analyse de cette mesure nous a amenés à un autre constat de violation de la loi, ainsi que des conventions internationales signées par le Bénin ;
→ en effet, cette mesure nouvelle, qui fait office de réforme, suscite 02 problèmes d’ordre juridique, qui nous poussent désormais à prendre des dispositions pour la défense de nos acquis, au regard des textes en vigueur, vu que nous n’avons plus d’interlocuteur avec qui discuter : 1èrmt, au regard des prescriptions de la loi 91-006 du 25 février 1991, d’une part, des attributions du FAC, définies par le Décret portant création, attributions, organisation et fonctionnement du FAC, et du Décret 94-009 du 28 juillet 1994 portant création, organisation et fonctionnement des offices à caractères social, culturel et scientifique, d’autre part, le FAC est-il habilité à opérer comme une institution de microfinance  ou de micro-crédits ? Le FAC est-il un office à caractère commercial ?
2èmt, la mission du Fonds des Arts et de la Culture est-t-elle différente de celle du Fonds d’Aide à la Culture ?
 → Si la réponse à ces deux questionnements se trouve être NON, comme nous le pensons, alors il urge de renoncer à ces mesures dites de réformes, d’arrêter le processus d’adoption du nouveau décret portant AOF du FAC et de le faire valider par le CA/FAC,  sous peine d’une bataille juridique sans précédent devant les juridictions de la République. Nous pensons, pour notre part, que le Bénin du nouveau départ n’a pas besoin d’un tel bras-de-fer.

2-      Le projet de budget général de l’Etat exercice 2017
En tant qu’Organisations de la société civile, et en dépit d’une certaine volonté de nous tenir à l’écart de l’élaboration de sa section 38 relative au Ministère du Tourisme et de la Culture, nous nous sommes appropriés le contenu du projet de budget du Ministère.
            Du décryptage que nous en avons fait, il ressort une très grande déception, et un sentiment de révolte.
·         Comment comprendre en effet, que le budget du Ministère soit revu à la hausse, dans une très grande proportion, passant de 6. 576. 982. 000 F à 35. 755. 346 000 F, et que le budget du FAC  soit maintenu à son niveau remanié de 2016, soit 2.400.000.000 F ???
            Nous ne voyons aucune explication plausible à cette situation qui frise de la méchanceté. Rien ne peut justifier cela, vu la mission assignée au FAC, et le niveau de dotation déjà atteint par le passé (5 milliards).
·         Pire, poursuivant le décryptage du projet de budget, nous nous sommes aperçus, tout simplement, que le Ministère a procédé à des détournements d’attributions grâce à une gymnastique habile et rusée qui a consisté à s’accaparer certaines activités relevant des attributions du FAC, et à les ériger sous la forme de projets, massivement alimentés de crédits colossaux. Cela représente plus de 7 milliards de francs que le Ministre veut gérer directement. C’est ici le lieu de vous faire une révélation ; souvenez-vous de la position du Ministre face aux IDM, il a tout le temps proclamé son indignation et son refus de voir se poursuivre ce système de financement où c’est le Ministre qui distribue directement les financements à qui il veut. Cependant, il en a distribué lui-même, il y a trouvé du plaisir allant jusqu’à dépasser l’enveloppe prévue. Il y a tellement trouvé du plaisir que dans le projet de budget 2017, il a soigneusement créé des « IDM nouvelle génération » à travers ses projets, et pour 7 milliards de francs. Et, pour assouvir son dessein, il interdit le lancement de la saison artistique. Comment peut-on comprendre qu’un ministre en charge de la Culture, puisse déclarer fièrement qu’il n’y aura plus de saison artistique ? On ne saurait comprendre une telle attitude qui frise de l’aberration.
            En d’autres termes, le Ministère a choisi de mettre la main sur les trois quarts des ressources destinées au FAC, et pour justifier cela, il décrète des projets dont les activités relèvent, en réalité, du FAC. Nous ne pouvons l’accepter, et ne l’acceptons pas.
            Tout comme nous ne comprenons pas pourquoi le projet phare du Ministère jusqu’en 2016, celui de la construction du Grand théâtre du Bénin, n’est pas pris en compte. Dans le même ordre d’idées, des structures dont les activités assurent le rayonnement de la culture béninoise, comme le FITHEB et l’Ensemble Artistique National, sont dépourvues de ressources.
Il y a tellement d’injustices à corriger dans ce projet de budget, que nous avons décidé de ne pas rester les bras croisés pour subir, mais plutôt d’agir au plus vite.
Au risque d’envenimer la crise, il urge de faire tout de suite les corrections qui s’imposent. C’est dans cette perspective que nous avons saisi différentes commissions de l’Assemblée Nationale, et nous avons été auditionnés par la Commission des Finances en présence de députés d’autres commissions. C’est la seule façon de résoudre la crise actuelle. Tout est encore possible à l’heure actuelle ; nous avons formulé des propositions dans ce sens.
Se sentant donc sous pression, le Ministre a finalement reçu le monde culturel le jeudi 10 novembre. Mais, au lieu d’aborder le sujet qui nous préoccupe, il a préféré, comme à son habitude, faire dans le dilatoire, en nous soumettant à la présentation du Programme d’Action du Gouvernement, pensant ainsi détourner notre attention. La réaction des acteurs a été prompte et unanime ; nous l’avons ramené sur les sujets principaux, à savoir les Réformes et le budget. Mais il n’a trouvé d’autre réponse que de nous renvoyer à attendre le vote du budget par l’Assemblée, restant ainsi fidèle à son mode de gouvernance.
Dans ces conditions, nous n’avons d’autres choix que de nous adresser au Chef de l’Etat, car dans son projet de société, le Chef de l’Etat, parlant du FAC, a fait un diagnostic en 02 points, à savoir :
-          Insuffisance de ressources financières,
-          Mal gouvernance.
Ce qui est tout à fait juste.
Les solutions proposées tiennent donc en 02 points :
-          Renforcer et accroître les ressources du FAC,
-          Améliorer la gouvernance du FAC, grâce à des réformes.
C’est fort de cela que nous, artistes, l’avons suivi et avons travaillé à l’avènement du nouveau départ. Nous le supplions donc de prendre ses responsabilités, au regard de la gouvernance que fait le Ministre N’KOUE du secteur de la Culture, qui risque de susciter des troubles sociaux. Les artistes sont fatigués et en ont marre de cette gouvernance et de ces décisions à l’emporte-pièces qui ne font que mettre à mal le secteur. Nous implorons le Chef de l’Etat d’arrêter cela ; c’est du jamais vu dans ce secteur qui ne vit plus.

Pour la Plateforme des Conféderations  et fédérations d’artistes et d’acteurs culturels du Bénin,

Le Porte-parole,


Pascal Wanou

Sylvestre Amoussou plus que jamais avant-gardiste

Dans le cadre du sujet de son nouveau film, ’L’orage africain’’


La fin d’après-midi du jeudi 27 octobre 2016 a permis au réalisateur béninois, Sylvestre Amoussou, de donner à voir la toute première de son nouveau film, ’’L’orage africain’’. C’était au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’. Cette nouvelle production se démarque de la ligne que s’est toujours tracé le cinéaste, celle de l’anticipation sur le futur.

Sylvestre Amoussou, à la présentation de son film aux journalistes béninois
1h 26 mn. La durée du nouveau long métrage du cinéaste béninois vivant et travaillant en France, Sylvestre Amoussou. Intitulé ’’L’orage africain’’ et, sous-titré ’’Un continent sous influence’’, il relate la classique aventure d’un dirigeant africain, Ezo Essogbé, Président du Tangara, qui a conduit son pays à la nationalisation des entreprises occidentales d’exploitation des richesses du sous-sol avec, à la clé, la volonté de renoncer à la monnaie commune instaurée par l’ancienne puissance dominatrice. Ceci a conduit aux secousses sociales fondées sur la résistance de ces représentants étrangers voyant leurs intérêts stratégiques menacés, leur manière de marquer leur désaccord étant, notamment, d’acquérir à leur cause des responsables politiques proches du cercle d’Ezo Essogbé, de provoquer des troubles et des tueries en actionnant une main sous-régionale de mercenaires. Contrairement au dénouement tragique auquel on est habitué de l’assassinat du dirigeant insoumis aux anciennes puissances colonisatrices, l’homme fort de Tangara survit pour mettre aux arrêts les intrigants de son entourage et pour se voir aduler par son peuple.

Sandrine Bulteau
Première raison de satisfaction : ce film a été tourné au Bénin. Deuxièmement, il a connu la distribution d’un nombre important de comédiens originaires du pays de Béhanzin : Akambi Akala, Florisse Adjanohoun, Abiath Oumarou, Sandra Adjaho, Serge Yéou, Claude Balogoun, Alfred Fadonougbo, Nicolas Houénou de Dravo, Arsène Kocou Yémadjê. Parmi les acteurs étrangers, il a fallu compter avec Sandrine Bulteau, la ’’Madame Afrique’’ de l’histoire. En outre, la tenue locale dont sont tous vêtus les personnages ’’tangarais’’,a le mérite de lancer un message fort, la nécessité pour l’Africain de rompre avec le mimétisme et de s’approprier les atouts vestimentaires locaux. Enfin, la détermination d’Essogbé et le soutien international à sa cause, restent des éléments fondateurs de la capacité des pays d’Afrique à gérer par eux-mêmes leurs ressources du sous-sol. Reste à savoir si l’exemple asiatique n’est pas l’école la plus rassurante pour atteindre cet objectif de développement.

Marcel Kpogodo  

L’Association africaine de jonglerie bientôt constituée

Dans le cadre d'une vie associative initiée par Landry Ezinsè 


Dans quelques mois verra le jour l’Association africaine de jonglerie. L’aboutissement d’un processus qui aura connu plusieurs étapes qu’a réussi à accomplir Landry Ezinsè, une figure remarquable du domaine concerné, au Bénin.

Landry Ezinsè
Du 16 au 24 septembre 2017, il est prévu la tenue au Bénin de la Convention africaine de jonglerie, ce qui donnera lieu à l’élection d’un Bureau représentatif de l’instance regroupant les jongleurs des pays d’Afrique. Ceci ressort des explications de Landry Ezinsè, Directeur artistique du ’’Cirque Tokpa’’, qui s’est mis à l’origine d’un certain nombre d’initiatives permettant de resserrer les rangs au niveau des acteurs du secteur du cirque et de la jonglerie, au Bénin et en Afrique.
C’est ainsi que, du 19 au 29 septembre 2016, il a réussi à organiser, dans son pays natal, un atelier de formation d’une trentaine de jongleurs venus de plusieurs pays : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger, Sénégal, Togo et Bénin. Selon lui, il s’agit de la première rencontre des jongleurs d’Afrique, visant à « asseoir l’Association des jongleurs d’Afrique ». En attendant, cette séance de renforcement des capacités, qui s’est déroulée au Centre olympique ’’Paraïso’’, situé au quartier Akpakpa, a débouché sur le don aux stagiaires d’un matériel de jonglerie et de supports visuels qui devraient leur permettre d’apprendre à jongler et de transmettre à d’autres apprenants l’art de la jonglerie. Et, les trois formateurs européens qu’a mobilisés Landry Ezinsè, il les a rencontrés en participant à la 33ème édition de la Convention européenne de jonglerie. En outre, ceux-ci en ont profité pour créer, au Bénin, le spectacle ’’1, 2, 3 Soleil’’, qui a été donné à l’Institut français de Cotonou, le 24 septembre dernier. Par ailleurs, la présence de plusieurs jongleurs africains sur le territoire béninois a donné l’occasion de mettre en place un Conseil des jongleurs d’Afrique, constitué de douze membres, à raison d’un titulaire et d’un suppléant, représentant chacun des six pays ayant pris part au stage de Cotonou. La voie est donc tracée pour la naissance prochaine, dans de bonnes conditions, de l’Association des jongleurs d’Afrique.



Ramane Aïsso

Festival des arts vodoun, un succès sur un fond de scandale

Dans le cadre de la tenue de la manifestation à Bruxelles en Belgique
(Patrice Talon, Aurélien Agbénonci et Ange N’Koué interpellés)


Les samedi 22 et dimanche 23 octobre 2016 a eu lieu la 1ère édition du Festival des arts vodoun, à Bruxelles, en Belgique. C’était à l’initiative de la Section belge du Haut conseil des Béninois de l’extérieur (Hcbe), dirigée par Kinoss Dossou qui est, en même temps, le porteur du Projet. Pour un événement que beaucoup d’observateurs ont reconnu comme ayant été une réussite, il n’a pas manqué de fabriquer des malheureux et des laissés pour compte. Ceci ne devraient pas laisser indifférentes les autorités au plus haut niveau de notre pays.

Kinoss Dossou
Un milieu d’après-midi. Des artistes. A quelques petites heures de leur départ pour la Belgique. Un coup de téléphone. La nouvelle n’est pas seulement grave mais purement dramatique, tragique, comme si des gens, des proches venaient de perdre la vie, quelque part, dans le monde. D’un appel à l’autre,  elle fait le tour. Tout le groupe en est urgemment imprégné. La consternation la plus profonde, la cassure d’un rêve converti en de simples lubies, en cet après-midi du 18 octobre 2016. Le voyage pour Bruxelles, dans le cadre d’une certaine participation à la 1ère édition du Festival des arts du vodoun, a été annulé pour eux. Oui, annulé. Précision : ce n’est pas la manifestation qui a été annulée, mais le voyage, le leur, celui qui devait leur permettre d’aller représenter le Bénin et son art en Belgique.
Le sort inimaginable et infamant ayant été réservé à plusieurs artistes béninois sélectionnés, de par l’originalité d’une certaine pratique artistique liée au vodoun, pour participer à l’événement que constituait pour eux ce Festival concrétisé par la section belge du Haut conseil des Béninois de l’extérieur (Hcbe). Il devait leur permettre d’exporter un savoir-faire déjà reconnu au niveau national. Ils s’attendaient à s’honorer de la participation à une manifestation internationale validée par le Gouvernement du Président Talon et que des indiscrétions permettent d’informer qu’il a été financé par l’Exécutif béninois à hauteur d’une centaine de millions de Francs Cfa, en cette période déclarée de soudure et où la sobriété dans les dépenses publiques devait être de mise.
Nos artistes avaient pourtant accepté le principe de s’envoler. Ceci les a amenés à entrer inexorablement dans le cycle de certaines dépenses, pour ne pas faire piètre figure, là-bas : renouveler tout le matériel de présentation du spectacle, faire valoir des accoutrements dignes du spectacle international annoncé, s’acheter des vêtements appropriés au climat de la capitale belge, financer la tenue de répétitions où il fallait compter avec la restauration des comédiens au cours de la période du travail préparatoire, avec leurs déplacements, notamment. Une certaine somme d’argent a été mobilisée par le chef d’équipe, à l’effet de ces dépenses.
Et, puis, patatra ! Cet après-midi noir du mardi 18 octobre est passé par là … Pour anéantir un rêve dont beaucoup ont entendu parler, ce qui faisait de ces auditeurs des envieux, des saliveurs mis en situation de rêver aussi à un tour providentiel pour eux. Et, de ces artistes ’’voyageurs’’, des privilégiés. Des privilégiés devenus des jouisseurs de papier, par la faute d’un certain Kinoss Dossou, Délégué général du Festival des arts du vodoun ; il leur a fait miroiter un espoir, ce rêve qui a fondu comme neige au soleil.
Mais, le pire n’a pas été dit de ce drame qui arrive très souvent dans un joli pays comme le Bénin : les mêmes indiscrétions ayant aidé à révéler le coût du Festival pour le contribuable béninois, ont fait comprendre que ces artistes expulsés, juste avant d’entrevoir l’avion qui allait les transporter, ont été remplacés par des diplomates, des administratifs, des cadres, des fonctionnaires des institutions impliquées dans la tenue de l’événement, au nez à la barbe de Kinoss Dossou ! Une honte, semble-t-il, à la décharge de ce compatriote vivant en Belgique, recouvrant, par cette information, une petite dignité.
Cela voudrait dire, alors, qu’il n’y a pas encore rupture et nouveau départ dans ces pratiques récurrentes chez nous, et qui voudraient que les artistes soient spoliés de leur place d’avion et de festivals internationaux, au profit des bureaucrates, mauvais profiteurs. Ce comportement délétère qui rompt avec les belles pratiques d’un âge longtemps oublié, celui de nos grands-parents des années 1960. Ainsi, par exemple, en 1962, le Ballet national ayant participé à une compétition en France, au ’’Théâtre des nations’’, a arraché le titre de Champion, avec une délégation dahoméenne comportant 100 artistes contre seulement 5 fonctionnaires de l’administration ! Il faut que cela devienne une pratique d’école sous les cieux d’aujourd’hui. Par conséquent, du Président Patrice Talon au Ministre Ange N’Koué, du Tourisme et de la culture, en passant par Aurélien Agbénonci, chargé des Affaires étrangères et de la coopération, l’anticonformisme dans des lieux communs préjudiciables doit être privilégié.



Marcel Kpogodo

mercredi 19 octobre 2016

’’Tériba’’ 2016, l'explosion d'une force d'art musical et de représentativité béninoise

Dans le cadre du concert du 10ème anniversaire du Groupe


Au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, le samedi 14 octobre dernier, le Groupe vocal féminin, ’’Tériba’’, a animé un concert tenant lieu de célébration du 10ème anniversaire de son existence. La réussite de la manifestation a démontré au public, concernant ce trio, le double niveau d’un talent incontestable et une grande capacité à diffuser la joie de vivre.


’’Gan na ho’’, ’’Maturité’’, ’’Je survivrai’’, ’’Hontonsa’’, ’’Toi et moi’’, ’’Viens chez moi’’, ’’Kinimoché’’, ’’Awadé’’, ’’Nonvi’’, ’’Gaston’’, ’’Gbéagossi’’, d’une part, et ’’Tololo’’, ’’Idjoya’’ et ’’Titigoéti’’, d’autre part. Les 14 morceaux relevant des deux précédents albums et du tout prochain, jovialement administrés par les 3 ’’go’’ du Groupe ’’Tériba’’, dans la soirée du samedi 14 octobre 2016, dans un Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou débordant de spectateurs et qui en refusait de nombreux autres. C’était au cours du concert commémoratif des 10 ans d’existence du trio musical féminin. Un concert rayonnant de chaleur et d’une triple force vocale unifiée, autant d’éléments de satisfaction manifestant la réelle maturité artistique du Groupe.
Aussi, les trois voix de Tatiana et de Carine Ahissou puis de Zékiath Abogourin ont harmonisé et fusionné en plusieurs variétés de tons, pour exécuter des morceaux dont la plupart ont fait le tour du monde. L’air de rien, dans un exercice digne d’un jeu, tant elles en avaient la pratique, elles déambulaient d’un morceau à l’autre, sans laisser sentir la rupture. A part ’’Gaston’’, chanson auréolée d’une véritable ambiance créole de la Guadeloupe, les chansons distillaient leur message dans des langues aussi variées que le yoruba, le fon, le goun et le français, avec un accompagnement rythmique assuré par les filles qui frappaient, soit le petit gong en fer, ou des castagnettes, soit, entre autres, une calebasse renversée ou un tambour. De véritables duchesses de l’instrumental traditionnel, qui n’avaient pas hésité à s’entourer, à enrichir l’arsenal de la guitare basse de Lionel Boni, de la guitare acoustique de Gaby Henry et des percussions de Raphaël Oluwa Shéyi, autant d’hommes qui ne se sont pas aussi privés de faire valoir leur voix. Et, elles zoukaient, dansaient un semblant de hip-hop-rap-ragga, du ’’soyoyo’’ ou, purement et simplement, des rythmes traditionnels.
En cela, les ’’Tériba’’ ont démontré l’ancrage à chez nous, l’authenticité béninoise qu’on leur connaît ; elles ont, à ce concert, mis les petits plats dans les grands, même s’il leur reste à affiner la synchronisation des mouvements de danse du trio sur scène, surtout que le niveau de professionnalisme auquel leurs péripéties leur ont permis de se hisser ne tolèrerait le moindre laisser-aller à quelque niveau de l’exigente chaîne des attitudes techniques liées à une prestation sur scène. Etait-ce l’effet de l’autosatisfaction, de la fatigue ou de la certitude que le niveau appréciable qu’elles ont atteint leur permettrait de se passer de lubrifier des détails ? Le diable s’y trouve, pourtant !


Performance dans le concert

Quant à l’accoutrement des membres du trio, le bleu, uniformément, les couvrait, sobrement, de la tête aux pieds et, cela ne doit pas en être une coïncidence : même balayé par les lumières, le bleu s’est révélé la couleur déterminante du décor de la scène des ’’Tériba’’, réalisé par l’artiste peintre béninois, Elon-m, à l’état-civil, Elon-m Catilina Tossou. Un décor bien cubiste, dans ce mélange de couleurs, de figures géométriques et des lignes horizontales, verticales et obliques. 

La toile réalisée en performance, remise au Directeur de l'Agence ''M-média Afrique''
Un décor harmonieux dans lequel les chanteuses baignaient bien, surtout qu’en son fond, les 3 vedettes se trouvaient immortalisées, sans oublier que l’artiste a poussé plus loin son engagement en réalisant, sur place, ce samedi du concert, une toile du trio en pleine exposition de leur savoir-faire musical. Une performance picturale que le lauréat de la beauté d’œuvre, le Directeur de l’Agence ’’M-média Afrique’’, gardera en souvenir de l’événement.   


Tatiana, …

Tatiana en a donné beaucoup plus d’elle-même, animant carrément, chassant la torpeur qui sentait le besoin de s’installer, secouant le public, béninois, noyé dans la léthargie qu’on lui connaît, même si le spectacle le fait vibrer et le porte au 7ème ciel. Tatiana en a donné de sa voix, de ses mains, de son corps, de ses pas, de ses va-et-vient sur scène, comme un bête dont elle en est devenue, tant et si bien que Carine et Zékiath se sont vues obligées de lui emboîter les pas, ce qui a fait apercevoir un autre niveau de laisser-aller, l’effet du profond contentement, de l’effervescence de 10 bonnes années de carrière et, ce n’est que justice, mais, une fois de plus, gare à la négligence des détails !


Une cerise avant le gâteau 

Le trio ''Onemix'', en compagnie de ''Tériba''
’’Onemix’’, un groupe, un ’’groupelet’’, un trio, un ’’trioelet’’, un gentil assemblage de 3 adolescentes, dans le sillage de leurs grandes aînées : Suzy, Priscille et Hélène, respectivement, en 1ère D, 1ère C et Tle C, au Cours secondaire Notre-dame des apôtres (Csnda) de Cotonou. Extirpées de la saison 4 de l’émission télévisuelle de la chaîne de service public, ’’A capella’’. 

Suzy, Priscille et Hélène, de ''Onemix'', dans les coulisses de leurs stars préférées, après le concert
Elles ont assuré la 1ère partie de ce concert d’anniversaire des ’’Tériba’’, emportant des applaudissements nourris, elles qui ne sont ensemble que depuis 6 mois ! Un ’’Tériba’’ en puissance, si leur servent de repère les traces de détermination, d’endurance et de ténacité de Tatiana, Carine et de Zékiath …


Marcel Kpogodo     

jeudi 13 octobre 2016

Les artistes plasticiens à l’école du Fâ

Dans le cadre d'un projet de renforcement des capacités


Le 29 juillet 2016 a été lancée une formation à l’intention des artistes plasticiens béninois. Ayant comme thème central le Fâ et initiée par l’Association pour la promotion de la jeune création en arts plastiques (Apj-Cap), elle s’achemine progressivement vers son achèvement. 

A l'ouverture de la formation, le 29 juillet dernier
1 Association culturelle, 1 thème, 2 mois de formation, 3 rencontres hebdomadaires, 25 séances d’échanges, 50 heures de travail, un formateur de poids et, environ 30 stagiaires. Les statistiques de la formation initiée par l’Association pour la promotion de la jeune création en arts plastiques (Apj-Cap) et lancée le 29 juillet dernier, au siège de la Fédération des associations professionnelles des plasticiens et graphistes du Bénin (Faplag-Bénin), à Cotonou. Elle présente un thème bien précis : « Le Fâ, source intarissable d’inspiration pour les plasticiens béninois », et est menée, de main de maître, par un spiritualiste très connu sur la place, Sylvain Adoho, alias Maître Bobos.
Ainsi, les lundi, vendredi et samedi, de 13h à 15h, cette personnalité qui a mis en œuvre ses  aptitudes de formateur et de coach, d’expert en questions liées au Fâ n’a pas ménagé sa science et son sens pédagogique pour édifier la trentaine de stagiaires sur les tenants et les aboutissants de ce système incommensurable de connaissances fondamentales, dénommé ’’Fâ’’. 
Rappelons qu’à l’ouverture officielle de la formation, le vendredi 29 juillet, plusieurs personnalités avaient honoré de leur présence une cérémonie ayant été enrichie par la production d’une œuvre d’art plastique portant sur Fâ. Parmi celles-ci, il fallait remarquer Pascal Wanou, Premier Vice-président de la Confédération béninoise des acteurs des arts et de la culture (Cbaac). Dans sa courte allocution, il a martelé une formule qui a impressionné plus d’un, par sa capacité à valoriser un système réellement diabolisé : « Quand Fâ s’éveillera, le monde entier s’illuminera ».

Le peintre, Azé Baba, expliquant la toile produite sur place sur Fâ
Concernant l’œuvre produite dans une situation de pure performance, le peintre Azé Baba s’est fait le médiateur d’une inspiration circonstancielle et forte ayant rappelé la légende de la naissance de Fâ. 

Une séquence de formation, animée par Maître Bobos, au siège de l'Ong qu'il dirige, ''Chandelier de la paix''
Ainsi, les 30 artistes stagiaires de la formation devraient disposer, à l’issue de ces 60 jours d’édification, d’un fond d’inspiration pour produire des œuvres d’une thématique authentique, variée et perpétuellement renouvelée.

Marcel Kpogodo

dimanche 9 octobre 2016

L’artisanat et l’art en exposition sur le fil

Dans le cadre d’un projet Boucher-Adonon 


Du 16 au 21 septembre 2016 s’est tenue une exposition sur le résultat de plusieurs semaines d’un travail artisanal et artistique sur le fil. Le cadre en était le Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, à Godomey, dans la Commune d’Abomey-Calavi.

Martine Boucher, dans ses explications, au cours de l'exposition
12 tisserands engagés, un peu plus de 20 photographes, designers textile, stylistes. La statistique de la ressource humaine émanant des secteurs de l’artisanat et de l’art, celle qui a été mobilisée, pendant une trentaine de jours, pour le compte du projet intitulé, ’’Autour du fil’’ et dont l’exposition des œuvres, close le 21, a été réalisée le vendredi 16 septembre 2016, dans une ambiance musicale d’une certaine vivacité, entretenue par l’orchestre, ’’Wood sound’’.

Calixte Somaha, représentant de ''Wallonie-Bruxelles'', à la cérémonie de lancement de l'exposition
Constant Adonon
L’aboutissement que constitue l’exposition se fonde sur un projet co-piloté par Martine Boucher et Constant Adonon, avec un financement de ’’Wallonie-Bruxelles’’, dans le cadre de ce qu’il a été convenu d’appeler un « atelier africain de design ». Parmi les compétences artistiques y ayant enrichi leur expérience, il faut compter, parmi les photographes, Audace Aziakou, Louis Oké-Agbo, Brunick Bonou, Yanick Folly, Sophie Négrier, Warren Saré et Totché, puis dans celle du design textile, Prince Toffa, Vincent Baillou, Estelle Chatelain, notamment, sans compter que les tisserands s’étant investis dans l’initiative proviennent d’un historique site de travail, le palais d’un souverain compté comme un grand innovateur au Royaume du Dahomey : le Roi Agonglo.


Quelques objets utilitaires fabriqués au cours de l'atelier
Ainsi, avec le fil comme matériau d’inspiration, toutes sortes d’œuvres ont vu le jour, et même des objets utilitaires, comme des sièges, ce qui contribue à valider une logique chère à Martine Boucher : la modernisation d’un processus d’exploitation du fil, délétèrement ancré dans un conservatisme peu productif à notre époque, sans oublier l’ouverture d’un corps de métier au monde, tout simplement.


Marcel Kpogodo

La nouvelle ’’Feuilles de mon destin’’ de Jordy Hounhoui, lancée à Cotonou

Dans le cadre du ’’Grand prix littéraire Jean Pliya’’


La salle de conférence de l’Espace Blue zone de Cotonou a abrité le lancement de l’ouvrage, ’’Feuilles de mon destin’’, de Jordy Hounhoui, lauréat de la 1ère édition du ’’Grand prix littéraire Jean Pliya’’. C’était le vendredi 30 septembre 2016.

De gauche à droite, Jordy Hounhoui, Jérôme Carlos, notamment
77 pages, pour une écriture fluide et une histoire à découvrir qui, dès les premières lignes, emporte le lecteur, pour ne le délivrer qu’à la fin de l’expérience narrative. La substance de ’’Feuilles de mon destin’’, la nouvelle dont le lancement officiel s’est déroulé, le vendredi 30 septembre dernier, à l’Espace Blue Zone du quartier Zongo, à Cotonou. Jordy Hounhoui, le jeune auteur, est le lauréat du ’’Grand prix littéraire Jean Pliya’’, grâce à cet ouvrage qui, au moment où il le déposait pour compétir contre 6 autres candidats, n’était qu’un texte.

L'ouvrage, ''Feuilles de mon destin''
Elu par un Jury dirigé par le Professeur Jean Marc-Aurèle Affoutou, ’’Feuilles de mon destin’’ est désormais une nouvelle distribuée dans les librairies et que les amoureux du livre pourront se procurer. Publiée par les soins de la maison d’édition ’’Star éditions’’, elle est préfacée par la très multidimensionnelle et vraie plume béninoise, Jérôme Carlos. 

Joachim Adjovi, Directeur de la maison d'édition, ''Star éditions''
En réalité, tout un symbole fondait cette cérémonie de lancement, le jeune auteur et son préfacier célébrant tous deux leur anniversaire, ce 30 septembre. Un signe que deux générations d’écrivains échangeaient le flambeau de la transmission d’une relève de qualité, ceci que devra justifier le positionnement de nouvelles plumes, surtout que la 2ème édition du ’’Grand prix littéraire Jean Pliya’’ a été lancée, ce même jour, pour des manuscrits attendus pour au plus tard le 31 janvier 2017.


Marcel Kpogodo

jeudi 8 septembre 2016

’’Life school’’, l’album d’une vie combative de Segun Ola

Pour une présentation à l’Institut français de Cotonou


Le mercredi 31 août 2016 a permis à l’artiste nigérian, Segun Ola, d’annoncer, à l’Institut français de Cotonou, au cours d’une conférence de presse, le lancement prochain de son deuxième album intitulé ’’Life school’’, qui incarne la traversée difficile mais victorieuse de plusieurs péripéties dans sa vie par l’artiste.

Ci-contre, à gauche, Segun Olabisi
« Cet album est dédié à l’enfance que je n’ai pas eue, l’enfance où j’étais déjà adulte, où j’étais mes propres parents, où j’ai reçu une éducation dans la rue avec des hauts et des bas, avec des gens biens et, d’autres, méchants … ». Le fondement psychologique, thématique et spirituel de ’’Life school’’, nouvel album de Segun Olabisi, alias Segun Ola, artiste nigérian vivant depuis plus de 25 ans au Bénin, présenté aux journalistes culturels, le mercredi 31 août dernier, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou. Il en a annoncé la sortie pour le samedi 10 septembre 2016, à travers un concert à la Paillote du même espace culturel.
« ’’Life school’’ est l’histoire d’un enfant que sa mère a réveillé à 3 heures du matin pour lui parler de la vie », a lancé Segun Ola, dans ses explications aux professionnels des médias, avant de préciser : « Cet album raconte ce que j’ai encaissé de la vie ». En outre, l’artiste annonce le concept du ’’Going to the street school’’ comme l’ayant conduit à donner le titre ’’Life school’’ à ce deuxième album, lui qui a longtemps vécu dans la rue : « La vie est une école où l’on apprend tous les jours ; sur la route, on apprend mieux à utiliser nos diplômes », dit-il, avant de renchérir : « ’’Life school’’ est l’histoire d’un enfant appelé par sa mère à donner, à enseigner, à partager l’amour qui reste un processus perpétuel pour partager des connaissances ».    



’’Life school’’, plusieurs énergies artistiques  

Comportant 12 titres chantés en yoruba, en français et en anglais, puis en d’autres langues maternelles d’Afrique de l’Ouest comme le fongbé, l’éwé, l’ashanti, le dioula, le moré et le ouolof, sur le rythme de l’Afro-beat, ’’Life school’’, résultat de 10 années de travail, s’est défini par Segun Ola comme un « album multiculturel », du fait qu’il y a fait intervenir, sur 7 morceaux, plusieurs artistes et des groupes émanant de divers pays : le Bénin, le Togo, le Ghana, le Nigeria, le Burkina Faso, la France, la Belgique et l’Allemagne. Ainsi, des voix et différentes sensibilités musicales dont, certaines, d’une réelle notoriété, enrichissent ce nouveau disque, faisant de cet artiste un fusionneur de talents : Gangbé Brass band, King Mensah, Sandra Davies, Egypt 80 et, enfin, Baba Commandant et Joey le Soldat, tous émanant respectivement des 5 premiers pays liés à l’Afrique occidentale. Et, du côté de la France, les Frères Nivelais s’y manifestent pendant qu’en Belgique, ce sont Jupiter Diop, Freddy Massamba et Nicole Letuppe qui y apportent leur touche spécifique, et qu’en Allemagne, le Groupe ’’Talking Horns’’ a accepté de s’y produire. « C’est de la lumière, de la vie, quelque chose de très fort », a alors commenté Segun Ola, évoquant qu’à chaque entrée en studio, dans l’un ou l’autre de ces pays qu’il a individuellement parcouru, s’effectuaient « une leçon de vie, le partage d’une nouvelle expérience du travail en studio ».
Abordant des thèmes aussi divers que l’amour, l’enfance, la force de la mère, ’’Life school’’ succède à ’’Alawodudu’’, paru en 2006. Pour Segun Ola, ce nouvel album, orphelin de producteur et de mécène, reste le résultat du fait d’avoir surmonté plusieurs ordres d’obstacles, lui dont s’est révélé prémonitoire le prénom, ’’Segun’’, en yoruba, « la victoire sur la guerre du bonheur, de la richesse, de l’abondance ».



Marcel Kpogodo  

jeudi 4 août 2016

Tériba, 5 événements en hommage à 10 ans de parcours

Dans le cadre d’une commémoration en bonne et due forme


Le groupe béninois féminin, Tériba, a tenu une conférence de presse, le mercredi 27 juillet 2016, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou. Au menu, la commémoration des 10 années d’exercice professionnel du trio, ce qui laisse entendre un certain nombre de manifestations spécifiques.

Les chanteuses Tériba, au cours de la conférence de presse
Publication d’un documentaire sur la décennie de traversée professionnelle de Tériba, mise sur le marché d’un single en audio et en vidéo en attendant le 3ème album du Groupe, organisation d’une soirée de gala de gratitude envers ses partenaires et, enfin, tenue d’un « concert-événement » à l’Institut français de Cotonou. Les 5 manifestations, s’il faut intégrer la conférence de presse de communication, programmées par le Trio Tériba pour la commémoration de ses 10 ans de pratique de l’art musical, ce qui a été annoncé au cours des échanges que les membres du Groupe ont eus avec les hommes des médias, le mercredi 27 juillet dernier. 10 ans d'une pratique artistique datée à partir du 20 mai 2006, avec le premier concert du Groupe à l'Institut français de Cotonou, Centre culturel français, à l'époque.
Première phase de la présentation aux journalistes culturels, la diffusion du documentaire spécialement réalisé dans le cadre de la commémoration de cette décennie d’exercice professionnel du Groupe dans la musique ; il a exploré le parcours suivi par Tériba, laissant plusieurs voix autorisées dans le secteur des arts et de la culture au Bénin présenter leur compréhension d’une traversée qui n’aura pas été de repos ni de sinécure : les artistes Nel Oliver, Assikiwa, John Arcadius, Angélique Kidjo, sans oublier des promoteurs culturels tels que Gogoy Akouègnon Prosper, alias Gap, Dr Chakirou Latoundji, et des responsables d’espaces culturels comme Sylvain Treuil, Directeur de l’Institut français de Cotonou, et un programmateur culturel tel que Noël Vitin, exerçant dans cette même institution.
Globalement, les analyses de ces personnalités se sont montrées beaucoup plus satisfaisantes envers une grande endurance dans le secteur de la musique purement traditionnelle où, les sœurs Carine et Tatiana Ahissou, puis Zékiath Abogounrin, constituant le trio à succès, ont su se tracer une voie d’une triple authenticité qui se révèle d’abord vocale. Ensuite, celle-ci, dans son aspect instrumental, se matérialise par l’utilisation fondamentale de la calebasse renversée sur laquelle frapper rythme la cadence du chant, avec l’accompagnement de tam-tams et de gongs. Enfin, cette valeur artistique intrinsèque du trio est liée à la gestion de son image personnelle aussi bien sur scène qu’en privé ; Carine, Tatiana et Zékiath, en 10 années faites d’une découverte par le Journaliste culturel Serge Ologoudou, par des concerts, des participations à des festivals internationaux et locaux, puis d’un passage par Radio France internationale (Rfi), à travers l’attribution du 2ème Prix ’’Découverte Rfi’’ 2012,  sans oublier des prestations scéniques en compagnie de la Diva adulée au plan mondial, Angélique Kidjo, sont restées naturelles, constantes et humbles, cette dernière qualité donnant l’impression d’avoir été inspirée à ces 3 artistes par la dénomination propre du Groupe, ’’Tériba’’ qui signifie, en langue yoruba, ’’humilité’’.
L'étape de la diffusion du documentaire
Se rapportant au single audio et vidéo annonçant la sortie prochaine du 3ème album du Groupe devant naître en 2016, les deux premiers, ’’Gan nan ho’’ et ’’Akpé’’, étant parus, respectivement, en 2006 et en 2012, il est intitulé ’’Titigoéti’’, et aura été lancé le 1er août dernier.
Abordant les initiatives commémoratives à venir sous peu, Carine Ahissou, Porte-parole du Groupe, s’est évertuée à annoncer la tenue de 2 événements : une soirée de gala de gratitude vis-à-vis des partenaires du Groupe, prévue pour avoir lieu à Cotonou, le 8 octobre 2016 et, près d’une semaine plus tard, le 14 octobre, un concert-événement à l’Institut français de la même ville.
Tériba, désormais, plus qu’un groupe musical, un label béninois de musique traditionnelle, se voit imposer plusieurs défis. En premier lieu, celui d’une unité permanente d’un Groupe qui est passé, à travers les expériences individuelles, de 7 à 5, puis de 5 à 3 membres. Une lourde responsabilité que la Porte-parole place, toujours humblement, sous la tutelle divine : « Se maintenir à 3 est une grâce … Nous prions … Vos prières aussi nous accompagnent … Il y a une force qui est au-dessus de toute force et qui nous maintient ». Deuxièmement se dessine la nécessité d’une percée musicale qui puisse drainer d’autres artistes nationaux et faire identifier spécifiquement la musique béninoise à l’international, une double exigence qui ne peut se concrétiser sans certaines précautions : « Rassurez-vous, on ne fera pas de la musique tendance, nous ne voulons pas entrer dans une ligne commerciale ; nous n’avons pas envie de nous prostituer musicalement », fera entendre Carine Ahissou, appuyée par les hochements de tête approbateurs de ses consœurs. « Tout ce dont nous avons besoin pour exister se trouve ici », sans omettre de conclure poétiquement : « Il nous faut garder l’essence de notre existence ».


Marcel Kpogodo