jeudi 5 novembre 2015

Du ’’Kouvito’’ avec Clarke, Yaovi et Pencréac’h, au Centre ’’Arts et cultures’’

Depuis le vernissage du vendredi 30 octobre 2015


En fin d’après-midi, le vendredi 30 octobre 2015, le Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa a tenu le vernissage d’une exposition d’un genre particulier, liée aux revenants. Bruce Clarke, Christelle Yaovi et Stéphane Pencréac’h, les trois artistes concernés, ont ainsi mis à l’actif de leur inspiration, un peu plus d’une quarantaine de fruits d’une réelle curiosité, après un mois de résidence.
Bruce Clarke, Kouvito et Stéphane Pencréac'h
Accueil par un personnage tout en fer, tout en noir pur. L’air d’un robot. Du Rémy Samuz tout craché et, c’est l’arrivée au Centre ’’Arts et culture’’, trois peintures murales circonscrivant stratégiquement tout l’espace, en un rectangle qui encadre le regard et le parcours du visiteur. Jusqu’au 30 janvier 2016, ces 3 peintures murales, 2 installations, 10 œuvres en impression numérique de personnages debout et 18 œuvres en toiles, peuvent être vues par le public, à ce Complexe culturel de Lobozounkpa, sis Quartier Atropocodji, dans l’Arrondissement de Godomey, de la Commune d’Abomey-Calavi, dans la ruelle du Complexe scolaire, ’’La Plénitude’’. Le vernissage de cette exposition dénommée ’’Kouvito’’, ’’Revenants’’, en langue fon, s’est effectué, le vendredi 30 octobre dernier, devant un grand nombre d’invités parmi lesquels des responsables d’espaces culturels, des artistes de tous genres, notamment, et des hommes de médias. Dominique Zinkpè, Directeur exécutif du Complexe culturel, a patronné le lancement de la visite.

Les trois artistes, au cours de leurs échanges ...

Bruce Clarke, Christelle Yaovi et Stéphane Pencréac’h ont montré un premier niveau de manifestation de leur particularité artistique, à travers la peinture murale que chacun d’eux a réalisée, sans oublier la déambulation, au cours de la soirée du vernissage, d’un personnage vivant, peint en ’’Kouvito’’ par le marquage sur son corps, à l’acrylique, grâce à l’art de Bruce et de Stéphane, des traits du squelette, lui donnant l’allure d’un vrai mort vivant, d’un fantôme : Marius Bâjidé Dakpogan n’a pas voulu ne pas être de la fête.   

... avec le public
Premièrement, Stéphane Pencréac’h se fait signaler, à l’entrée dans le Centre ’’Arts et cultures’’. Dès que le visiteur franchit le 2ème portail, il remarque, à sa droite, une prise en charge artistique de la façade haute et droite du mur, représentant désormais comme un espace de plage, dans une technique de mise en perspective. Selon l’auteur de cette réalisation, il s’agit de la matérialisation d’une plage symbolique du départ massif des bras valides des pays côtiers de l’Afrique, vers l’Europe et les Amériques. Tout un réveil des trois siècles du commerce triangulaire.

Visite de l'exposition ...
Tout au fond, la deuxième peinture murale capture le regard. Du Bruce Clarke. Elle attire et soustrait vers elle. Le personnage, les deux mains en arrière, le corps tendu en avant, danse peut-être. C’est selon la lecture du visiteur. C’est l’antichambre vers l’atelier de travail de ce créateur, la salle d’exposition de la dizaine des ’’personnages debout’’ du même Bruce Clarke.  Et, la réelle logique du ’’Kouvito’’. Maintenus dans cette position grâce au vertical panneau en toile relevant d’une impression numérique suspendue par du fil au plafond, ces personnages, hommes, femmes, enfants, tous sexes confondus, célèbrent leur résurrection des entrailles d’un génocide de 1994 puissamment meurtrier, mais dont Bruce Clarke maintient la mémoire, eux qui constituent un million de condamnés dont la vérité sur les conditions de la disparition reste réservée à un cercle restreint de privilégiés, ce qui horrifie l’artiste anglo-sud-africain.

.... par le public
En revenant sur ses pas comme si l’on voulait sortir du Centre, la troisième peinture murale, celle-ci, de la Franco-béninoise, Christelle Yaovi. Elle a exploité le mur latéral de la bibliothèque pour livrer ses mots intimes, par un texte entièrement écrit à l’encre de Chine, intitulé, ’’Body trip’’, ’’Revenante vivante’’, en français (Texte à lire en annexe). Une véritable confession de la ’’résilience’’, d’un cheminement qui lui est interne, du parcours ordinairement humain de naissance, de rencontre des réalités aussi bien dures qu’absurdes de la vie, pour finir par renaître dans une espérance absolument rayonnante. « […] j’ai choisi de vivre, debout en habit de lumière », conclura-t-elle, en ’’kouvito’’ positive, ne ménageant aucun répit au visiteur et le lançant instantanément dans l’une de ses deux installations, à quelques petits mètres du mur : le ’’Body trip’’ 2, dans un espace bien délimité. L’essentiel de l’œuvre est un dispositif sur bois que de nombreuses lames parcourent, que nous soyons au sol ou au sommet du support. Et, tout près, un avertissement sentencieux, un appel, semble-t-il à l’humilité : « Poussière tu es, poussière tu retourneras ».

Les peintures murales de Stéphane Pencréac'h ...
Empreint de la force d’une telle suggestion, le visiteur aborde, en toute sérénité, la caverne d’Ali Baba, la galerie d’exposition d’une alternance de surprenantes toiles des trois anciens résidents. Du côté de Christelle Yaovi, la technique de l’acrylique et du collage fait son chemin à travers les œuvres, même lorsque certains dessins sont réalisés à l’encre de Chine. 

... et de Bruce Clarke
Cette démarche honore pas moins de 17 œuvres réparties entre les trois salles de cette galerie et son atelier de travail. Stéphane Pencréac’h, lui, occupe, de ses 6 toiles, l’essentiel de la salle 1 d’exposition, développant un procédé artistique unique, celui de l’acrylique sur pagne. Innovant. Avec Bruce, la première salle d’exposition resplendit de deux revenants, deux ’’hommes debout’’, par les œuvres ’’Muted response’’ et ’’A place in history’’. Dans la salle 3, deux catégories de toiles : deux peintures de ces personnages-revenants, le ''Fantôme de la mer'' 1 puis le ''Fantôme de la mer'' 2, un hommage, selon l'auteur, aux personnes perdues dans les immigrations vers l'Europe, et deux photos brouillées d’une longueur verticale de la même facture que celles de l’impression numérique, ’’Fantôme de la terre’’ 1 et ’’Fantôme de la terre’’2 ;  A voir absolument !

Marcel Kpogodo  




Texte de Christelle Yaovi : Body trip - Body trip revenant - Revenante vivante

Présentation murale du texte de Christelle Yaovi
Body trip, le voyage vivant du corps.
De mon corps, du corps du nouveau-né, de la petite fille, du petit garçon
Du corps féminin, du corps masculin, du yin, du yang.
La lumière fut et le cri jaillit. Voici le voyage … L’obscurité de notre humanité nous emporte. Cache-cache nous tient, nous broie. Voici le bal des faux-semblants, des âmes perdues, des mots assassins, d’une mort lente, d’une agonie sans fin. Voici la brûlure qui vide l’âme, rend l’esprit fou. Ce corps assassiné, les entrailles en feu, le cœur à l’arrêt … Voici la solitude abyssale rendue au néant, au gouffre d’avant-création.
Le voyage demeure avec le corps meurtri mutilé assassiné. Survivre jour après jour, des instants douloureux se laissant traverser vivants. Il faut se rendre à l’évidence, la vie reste la plus forte tapie de lumière. Demeurer au milieu du ko, au cœur du corps sanguinolent, les entrailles en bataille, les genoux flottants, s’agrippant à son propre pardon … Miracle chante, danse … Ecroulement des paravents, des représentations, déchirement du voile des apparences. Cette capacité d’aimer nous cheville au corps, aucune renonciation à l’horizon, une dévotion se meut, le corps devient plus fort à l’endroit de la cassure, le corps se bat, cicatrise, guérit, pardonne, s’apaise puis danse à nouveau, une danse de corps jumeaux en transe qui se noie dans la lumière de jouissance puissante d’énergie. Corps violon pour boire l’éternité, les yeux dans les yeux … Voici la présence, qu’as-tu fait à ta vie ? Qu’a-t-on fait à ta vie ? Assassinée ? Mutilée ? Sacrifiée ? Niée ? Soldée ? Naître à ce qui est, choisir de vivre, choisir d’aimer, choisir la résilience … J’ai été assassinée et j’ai choisi de vivre, debout en habit de lumière.
Going home.



Christelle Yaovi, 2015. 

vendredi 30 octobre 2015

Avis de concours à l'attention des artistes plasticiens

Dans le cadre de la construction et de l'équipement d'un bibliothèque au Centre ''Unik-Lieu de création contemporaine'' d'Abomey

''Unik-Lieu de création contemporaine'' d'Abomey


1- Philosophie du concours





AFRICAN ARTISTS FOR DEVELOPMENT
Créé en 2009, le fonds de dotation « African Artists for Development » (AAD) initie, développe et soutient l’action d’artistes africains s’engageant dans des micro-projets de développement ancrés dans leur communauté. Démarche à la fois artistique et sociétale, AAD lie intrinsèquement art contemporain et initiative de développement local, en ne promouvant pas l’un et l’autre mais l’un dans l’autre.

LES BELLES BIBLIOTHÈQUES DU BÉNIN (BBB)
Avec 130 millions d’enfants âgés de moins de six ans, l’Afrique subsaharienne dispose de la population la plus jeune du monde. Selon l’UNESCO, 56 millions d’enfants n’auront toujours pas accès à l’éducation en 2015.

Parmi les enfants scolarisés, des millions quittent l’école sans avoir acquis les compétences de base nécessaires pour éviter de retomber dans l’analphabétisme. Ce constat s’explique en partie par le manque cruel de livres et l’absence de bibliothèques accompagnant les établissements scolaires. En moyenne, un enfant lit un livre par an en Afrique.

Alors que depuis deux décennies le taux de scolarisation progresse de manière significative au Bénin, cette amélioration est freinée par l’accès restreint voire inexistant au livre, celui-ci restant un objet rare et coûteux du fait de l'absence d'éditions locales permettant l'impression, à grande échelle, d'ouvrages. Entravant l’alphabétisation et l’éducation, l'accès difficile au livre prive également les habitants du pays d’une source d’évasion et de développement de la créativité indispensable à l’épanouissement personnel.
Dans la ville d’Abomey au Bénin, il n’existe aucun point d’accès aux livres scolaires pour les élèves et leurs parents.

Face à ce constat et dans la droite ligne du deuxième Objectif du Millénaire pour le Développement (assurer à tous l’éducation primaire), African Artists for Development s'est engagé, à financer l'installation de trois bibliothèques au Bénin.

Ce faisant, AAD contribue, à son échelle, à la démocratisation du livre et de la lecture dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Chacune des bibliothèques mettra à disposition des béninois un fonds documentaire de plus d'un millier d'ouvrages. La première bibliothèque "Melchior Leridon" a été inaugurée le 8 novembre 2012 dans le quartier d’Agla à Cotonou.

LA BBB GARANCE L’UNIK



Le lieu Unik est un centre culturel créé par le plasticien Zinkpè à Abomey. Sa mission est double : accueillir et soutenir la jeune création contemporaine du pays, tout en facilitant l’accès des jeunes aux arts, à la culture, et à de nombreuses ressources pédagogiques.

La deuxième phase de cet engagement d’AAD au Bénin verra la création de la deuxième BBB : « Garance l’Unik ». Un concours de design se tiendra à cette occasion ; il aura pour but de désigner un lauréat qui proposera un concept de mobiliers pour cette bibliothèque. L’objectif est donc ambitieux et original, car il consiste à meubler une bibliothèque pour tout public.
Le mobilier à réaliser est le suivant :

-       Des tables de consultation.
-       Des chaises pour adultes et enfants, les assises devront être légères pour être déplacées ou placées en extérieur si nécessaire.
-       Des meubles-étagères pour contenir les livres

Précisions :

-       La bibliothèque doit pouvoir accueillir 20 lecteurs assis et munis de tables et 50 lecteurs en tout, accueillir 1 classe de primaires et secondaires, en incluant un « coin » conte et lecture collective possiblement constitué de coussins.
-       La bibliothèque accueillera 8000 livres de tailles différentes ; le mobilier recevant ces livres se doit donc d’être flexible, modulable et reproductible.
-       Ce mobilier à destination du public se doit d’être très résistant, solide et facile d’entretien.




2- Règlement du concours


1.     Les candidats 

Le concours est ouvert aux étudiants en dernière année d’écoles d’arts, aux plasticiens ainsi qu’aux designers, créateurs et artisans pouvant justifier d’une expérience dans le domaine du design mobilier.
Les candidats doivent être âgés de 23 à 35 ans avant la date de remise des inscriptions et doivent résider au Bénin.
Les candidats doivent participer au concours à titre individuel, ils peuvent également s’associer (groupe 2/3) avec des artisans locaux.
Pour toute candidature impliquant plusieurs participants, un chef de projet sera désigné, un numéro unique sera attribué à l’ensemble de l’équipe.


2.     Le calendrier 

15/10/15 au 19/11/15 : Parution de l’avis de concours/appel à candidature

19/11/2015 : Date limite de dépôt à Abomey, siège de l’Unik-Lieu de création contemporaine

19/11/15 au 10/12/15 : Sélection des candidats

10/12/2015 : Attribution des numéros de candidature

10/12/15 au 04/02/16 : PHASE 1 Rendu 2D

04/01/15 au 25/02/16 : Examen des dossiers 2D et désignation de 3 nominés

25/02/16 au 21/04/16 : PHASE 2 Rendu 3D

21/04/16 au 19/05/16 : Sélection finale Examen des dossiers 3D et présentation à l’oral devant le jury officiel, et désignation du lauréat, prix à Abomey Unik-Lieu

19/05/2016 : Désignation du lauréat à Abomey/Remise du Prix






3.     Modalités d’organisation 

Le concours se déroulera en 2 phases successives.
Pour la phase 1 : Les candidats devront présenter leur projet sous forme papier, en veillant bien à y inclure des croquis, la philosophie du projet.
Le jury de la phase 1 sélectionnera 3 nominés pour la phase 2
Pour la phase 2 : les 3 candidats retenus devront présenter des maquettes 3D au jury. Ils seront défrayés du coût de fabrication de maquette à hauteur de 300€ (Environ 200.000 Francs. Cfa) sur justificatifs.

Le jury de la phase 2 désignera le lauréat dont le projet sera réalisé.


4.     Contexte de la production 

Le travail des artistes doit inclure une approche sur le recyclage ou matériaux locaux tout en respectant une allure contemporaine 
Le mobilier doit être fabriqué au Bénin.
Le lauréat doit tenir compte dans sa conception du coût de fabrication dans la limite économique d’un budget (montant à définir)


5.     Dotation

Le lauréat verra son mobilier réalisé et les coûts liés à sa production entièrement pris en charge par AAD.

Le prix « BBB » d’une valeur de 1000€ (Environ 655.000 Francs. Cfa) est octroyé au lauréat.


6.     Responsabilités 

AAD ne saurait être responsable de report, modification ou annulation du prix « BBB » qui interviendraient pour des raisons indépendantes de sa volonté.


7.     Garanties / Propriétés intellectuelles 

Tout participant, qui adresse son projet dans le cadre du présent concours certifie et garantit qu’il en est l’auteur exclusif.


8.     Autorisation de diffusion 

En vue de la publication dans des revues professionnelles, spécialisées, sur le site AAD et assurer une bonne diffusion du résultat de ce concours, tout candidat accepte de par sa participation, que son projet puisse faire l’objet d’une communication.


9.     Contact

Dominique Zinkpè
       01BP 4758 Cotonou Bénin / Tél : 97 62 30 30 / Mail : zinkpe@yahoo.fr 
      African Artists for Development : concours@aad-fund.org



03- Déroulement du concours


Etape 1 : Appel à candidature - Avis de publication

Diffusion : Unik Lieu, Réseaux Sociaux, presse spécialisée, annonces radio.
Inscriptions : via concours@aad-fund.org ou Unik-lieu de Création contemporaine.


Etape 2 : Sélection des candidats à concourir

Par Dominique Zinkpè et un représentant d’AAD.
Validation de l'inscription avec attribution d'un n° de candidat.


Etape 3 : Sélection des projets 2D par un comité d’experts

Réception des projets 2D, à Abomey Unik Lieu et Cotonou.
Une première sélection des dossiers 2D sera effectuée à Abomey (nombre limité à 100)
Les projets de cette phase seront envoyés à Paris pour une sélection par un comité d’experts.
Le jury n’aura connaissance que de propositions anonymes.

Objectif : Désignation des 3 nominés qui se fera par le jury à bulletin secret selon des critères précisés au règlement.

Les 3 candidats nominés seront dotés d’une bourse. Ils devront développer leur projet et présenter une maquette 3D pour chacun des 3 éléments de mobiliers spécifiés.


Etape 4 : Présentation devant un jury / Désignation du lauréat

Réception des maquettes des projets des 3 nominés.
Les projets comprendront également une fiche technique précise ainsi qu’un devis détaillé.
Le candidat doit savoir expliquer avec précision la pertinence du choix du processus de fabrication.
Argumentaire 45. mn par candidat: les 3 nominés seront appelés à défendre oralement leur projet devant un comité d’experts constitués de professionnels du design.


Etape 5 : Remise du Prix BBB

jeudi 29 octobre 2015

Clarke, Yaovi et Pencréac'h exposent dès ce vendredi 30 octobre à Lobozounkpa

Dans le cadre des activités du Centre ’’Arts et cultures’’  



Une conférence de presse s’est déroulée dans l’après-midi du mardi 20 octobre dernier, au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa. Il s’agissait pour Dominique Zinkpè, le Directeur de l’Espace, d’annoncer la tenue de l'exposition à laquelle participeront trois gros baobabs du secteur des arts plastiques, suite à une résidence assez laborieuse : Bruce Clarke, Christelle Yaovi et Stéphane Pencréac'h.


De gauche à droite, Bruce Clarke, Christelle Yaovi et Stéphane Pencréac'h, au cours de la conférence de presse
Après bientôt un mois de résidence, l’anglo-sud-africain, Bruce Clarke, le Français, Stéphane Pencréac’h et la Franco-béninoise, Christelle Yaovi, livreront le résultat de leurs inspirations, à travers une exposition dont le vernissage aura lieu dans l’après-midi du vendredi 30 octobre 2015. Au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa. Cette information a été partagée par le Directeur de cet Espace, Dominique Zinkpè, au cours d’une conférence de presse dont il a pris l’initiative. En réalité, selon cette personnalité, c’est la troisième fois que le cadre indiqué abrite ce genre de processus, après les expériences de novembre 2014 et de février 2015. Il a, en outre, précisé que le Centre ’’Arts et cultures’’ étant multidisciplinaire, il héberge des résidences d’artistes pour que ceux-ci développent un travail particulier et qu’ils fassent des échanges, des rencontres et des partages. Et, dans leur manière de procéder en travaillant, ils évoluent dans leur studio, d’abord, et prennent en otage l’espace, ensuite.

Un aperçu du travail de Stéphane Pencréac'h ...
Concernant les artistes en action, il est revenu à chacun d’eux de décrire leur démarche. Ainsi, dans ses explications, Stéphane Pencréac’h a fait savoir que le fondement de son travail serait de réaliser des tableaux et des sculptures. Dans le premier cas, notamment, l’artiste a déclaré exercer son art à l’aide de toiles qui auront un fond de tissu imprimé, ce qui lui permettrait de peindre à partir des motifs des pagnes choisis. Et, selon lui, l’être humain fonde son inspiration : « Le sujet de la peinture, c’est l’homme », affirme-t-il, en approfondissant : « Je m’empare d’un objet qui, à mes yeux, est important, avec un regard sans morale, sans leçon de morale, sans aucun mauvais esprit ». Aussi, étant donné qu’il entend exploiter les murs du Centre pour son expression artistique, il confie vouloir mettre en perspective l’esclavage, en tant qu’ « occidental, Blanc et Français », surtout que cette notion n’est enseignée que depuis peu dans les écoles occidentales.

... de Bruce Clarke et de ...
Quant à Bruce Clarke, il donne la vision, dans sa démarche, de pratiquer un procédé lui étant familier, les personnages « qui partent debout », ce qui symbolise pour lui « la peinture de la dignité humaine ». A en croire ses propos, au cours de cette résidence, il compte exécuter un travail en deux parties, l’une murale et, l’autre, picturale. Donc, d’une part, il réalisera des peintures au mur et, d’autre part, des peintures sur tableaux, ce qui matérialise, chez lui, le début d’un nouveau projet qui lui tient à cœur : « les disparus de la méditerranée, parmi ceux qui essaient de la traverser ». Selon lui, le public devra s’attendre à une série de tableaux montrant «  des personnages debout, dignes sur l’eau ».

... Christelle Yaovi
Se rapportant à la Franco-béninoise, Christelle Yaovi, elle a annoncé travailler sur un fond de la « thérapie » de son « histoire » et de celle de tous ses « héritages », entre autres, l’esclavage ; elle relatera donc des aspects de sa généalogie, avec une profonde positivité. Elle pense, en outre, se manifester, à travers ses œuvres, par un genre particulier dont elle raffole : écrire sur les murs. Et, le projet qui portera cette attitude devenue, pour elle, artistique est tout trouvé : ’’Body trip’’. Selon les analyses de cette première femme à avoir réalisé une résidence de création au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, avec ses deux co-résidents, ils forment trois ’’mousquetaires’’ dont une communion intime entre leurs esprits respectifs a contribué à créer une rapide alchimie. Vivement donc le vernissage du 30 octobre pour toucher du doigt les marques de cette symbiose artistique à tri-dimension humaine.   


Marcel Kpogodo

Jean-Pierre Hounti-Kiki exhibe les preuves des détournements de fonds

Face au mouvement de protestation des artistes de la musique traditionnelle au Bubédra


Les artistes de la musique traditionnelle ont déversé leur bile, le vendredi 16 octobre 2015, au siège du Bureau béninois des droits d’auteurs et des droits voisins (Bubédra). Ils ont dénoncé, par la voix du Président de leur Fédération, Jean-Pierre Hountin Kiki, les détournements de leurs droits au profit d’artistes fictifs tapis dans l’ombre, de connivence avec le Directeur du Bubédra.


Innocent Assogba, Directeur du Bubédra, au moment des faits
Le siège du Bureau béninois des droits d’auteur et des droits voisins (Bubédra) a été envahi, le vendredi 16 octobre 2015, par un grand nombre d’artistes de la musique traditionnelle du Bénin. Ceux-ci fustigent le « réseau de mafia » installé dans cette institution, qui observe des détournements de fonds destinés aux artistes réels, en l’occurrence, ceux de la musique traditionnelle. Selon leur porte-parole, Jean-Pierre Hountin-Kiki, Président de la Fédération des artistes musiciens traditionnels du Bénin (Famtab), le Bubédra délivre des cartes d’adhésion à des non artistes, lesquelles cartes leur permettant de percevoir des sommes colossales (400.000 F et, au-delà), que ces individus viennent chercher régulièrement.
Les investigations ont révélé cette réalité et le réseau a été démantelé. Les photocopies des chèques et des cartes d’identité des individus ont été retrouvées. Le Président de la Famtab, dans sa verve, a laissé entendre qu’il a, après détention de ses preuves, adressé une note au Ministre de la Culture, dont la réaction ne s’est pas fait attendre. Celui-ci a donné des instructions fermes et l’Inspection générale du ministère (Igm) est venue apprécier la gestion financière du Bubédra. Le rapport des audits a fait état de ce qu’il y a vol et, effectivement, de tels fonds arbitrairement décaissés, pour mettre à l’abri du besoin, des non ayant-droits.  Le Ministre, à en croire le porte-parole des artistes traditionnels, est revenu sur cette lugubre affaire dans le but de voir ces spectres qui circulent avec les acquis d’autrui, arrêtés et contraints à une immédiate restitution. Mais, le Directeur du Bubédra, dans les préparatifs du vote du budget de son institution, exercice 2016, s’y est opposé sans raison majeure.
Sur les lieux de la manifestation, Jean-Pierre Hounti-Kiki, vexé par la résignation d’Innocent Assogba, Directeur du Bubédra, qui a fait l’option de s’enfermer dans son bureau, à l’étage, pour écouter la motion des protestataires vociférant au-rez de chaussée, n’a pas pu retenir sa langue : «Nous disons non ! Nous sommes sociétaires. C’est notre argent qui est ici. Ce n’est pas l’argent du Bubédra. C’est les timbres que nous achetons, c’est ce que les buvettes payent qui est ici, c’est ce que les télévisions payent qui est ici ! C’est ce que ceux qui font le théâtre paient qui est ici ! Et que des individus viennent chercher et qu’on ait les preuves et qu’on ne les prenne pas, c’est injuste ! Tu fais tout, ils passent dans la nuit pour étouffer. Le Directeur général ne restera pas. La Directrice de la Répartition ne restera pas. Le réseau est à leur niveau. Il y a un individu qui est artiste, par exemple, je ne cite pas de nom, mais j’ai les preuves. Il est artiste, dit artiste, qui est, en même temps, maintenancier, dans cette maison, et on lui délivre des factures et des sommes mirobolantes, dans cette maison, au moment où les artistes réels viennent chercher 20.000 F et 4000 F … ».
A la question de savoir ce que voulait le collectif des artistes traditionnels, majoritairement présents dans les revenus du Bubédra, Jean-Pierre Hountin-Kiki a répondu : « Nous demandons de nous retrouver ceux qui sont venus chercher notre argent ici. Ils ont les noms à leur niveau. IIs ont la photocopie de leur carte d’identité. Le Bubédra est dans l’obligation de nous retrouver les artistes fictifs. Deuxième chose, les gens qui ont coopéré avec le réseau, les gens qui font ces répartitions, on doit les remplacer. On dit que la Directrice a accepté rembourser. Elle n’a pas volé et elle va rembourser. Ça ne se passera jamais ! ».
Les hommes des médias, qui ont vainement attendu le Directeur du Bubédra, au seuil de son bureau, n’ont pas pu recueillir sa version. Tout porte donc à croire que l’abatteur des agneaux serait le berger lui-même.

Thierry Glimman

jeudi 22 octobre 2015

Le Fac réhabilite la Maison de la Culture de Ouidah

La physionomie de la Commune embellie


Le Ministre béninois de la Culture, Paul Hounkpè, a visité le chantier de réfection de la Maison de la Culture de Ouidah, très tôt, dans la matinée du jeudi 21 octobre 2015. Il ressort de cette activité qu’avant la fin de l’année en cours, cet édifice pourra devenir à nouveau opérationnel, grâce au Fonds d'aide à la culture (Fac).

La nouvelle Maison de la Culture de Ouidah
Les chantiers de la réhabilitation de la Maison de la Culture de Ouidah, achevés, respectivement à 90% et à près de 60%. Voilà la situation dont s’est rendu compte le Ministre de la Culture, Paul Hounkpè, lors de sa visite, dans la petite matinée du jeudi 21 octobre 2015, du site de réfection de l’édifice. A en croire les responsables des entreprises adjudicataires, au plus tard le 15 novembre prochain, la réfection de la Maison de la Culture de Ouidah sera un constat concret. Et, si, selon eux, la finition des travaux a connu un retard d’un mois, cela se justifie par l’absence de règlement par le Trésor public des décomptes payés par le Fonds d’aide à la culture, à travers des chèques de Trésor.

Ainsi, c’est sur fonds propres que les deux entreprises ont dû démarrer et conduire les travaux de réhabilitation, jusqu’au niveau où le Ministre Paul Hounkpè les a découverts, au cours de sa visite de site. 

La Maison de la Culture de Ouidah, dans son ancien état délabré
Dans un pays où des chefs d’entreprise gagnent des marchés publics de construction et disparaissent dans la nature avec des avances de démarrage effectivement perçues, transformant leur chantier en éléphant blanc, ces sociétés ont réalisé une véritable prouesse.




Un parcours laborieux

Ces travaux de réhabilitation de la Maison de la Culture de Ouidah, du loin que l’on s’en souvienne, avaient été initiés, suite à une visite du Chef de l’Etat, le Docteur Boni Yayi, dans la Commune dirigée par Séverin Adjovi, ce qui avait amené le Président à constater et à déplorer l’état piteux et délabré dans lequel se trouvait l’édifice, à l’époque. Il avait alors projeté la dite réhabilitation. Et, le lancement des travaux, effectué en pleine campagne électorale, avait suscité le scepticisme des détracteurs et des mauvaises langues qui avaient taxé ce projet d’une œuvre de propagande politique. Mais, parallèlement, le budget du Fonds d’aide à la culture étant passé de 1,3 à 1,5 milliards et, en se fondant sur des études réalisées par le Ministère de la Culture, à travers le Fonds d’aide à la culture (Fac), pour la réfection de cette infrastructure culturelle, le Conseil d’administration du Fac avait autorisé la Direction générale à réhabiliter la Maison de la Culture de Ouidah, ce qui a permis de remettre le site aux entrepreneurs en 2015.    

De gauche à droite, Blaise Tchétchao, Paul Hounkpè et Séverin Adjovi, au cours de la visite de chantier
Aujourd’hui, grâce à cette réhabilitation, la ville de Ouidah acquiert une toilette des plus belles, ce qui provoque l’engouement des autorités de la municipalité à demander à s’occuper désormais de la gestion de la Maison de la Culture de Ouidah, jadis administrée par la Direction de la Promotion artistique et culturelle (Dpac). Cette réussite se trouve évidemment à l’actif du leadership de Boni Yayi qui s’est donné comme objectif de ne pas laisser d’éléphants blancs à la fin de son mandat et, il est plus que sûr désormais que la Maison de la Culture de Ouidah n’en sera pas un. Par ailleurs, ce mérite est aussi partagé par le Ministre Paul Hounkpè qui, traduisant cette vision du Chef de l’Etat dans les actes, s’est donné de conduire cette visite de site, effectuée le jeudi 21 octobre. Enfin, le Directeur du Fonds d’aide à la culture, Blaise Tchétchao, n’en demeure pas moins un des acteurs pragmatiques en profondeur de cette réhabilitation qui met la ville de Ouidah dans une élégance propre à promouvoir les initiatives des acteurs culturels béninois.


Marcel Kpogodo 

mardi 20 octobre 2015

Laudamus Sègbo ou la propulsion de Mahoussi, d'Adonon et de Tomédé

Par une exposition initiatique jusqu’au 25 octobre


Dans le cadre de la rentrée artistique de l’espace culturel, ’’Café des arts’’, l’artiste plasticien béninois, Laudamus Sègbo, tient, entre autres activités, une exposition de trois jeunes artistes, dont le vernissage a eu lieu le 10 octobre dernier. Ceci l’amène à appeler toute la communauté à soutenir l’évolution de cette nouvelle pépinière de créateurs d’œuvres de l’esprit, dans le domaine des arts plastiques.
Laudamus Sègbo, au milieu des tableaux de ses trois poulains
Gandhi Tomédé, Achille Adonon et Mahoussi sont trois artistes de la génération naissante des arts plastiques au Bénin. Laudamus Sègbo les tient désormais par la main. Il souhaite le soutien de tous ordres de tous pour leur évolution dans leur secteur de création. C’est ainsi qu’ils sont en vue, à travers leurs tableaux, à la Galerie ’’Chez Carine’’, pour l’exposition, ’’Couleurs croisées’’, depuis le 10 octobre 2015. Elle se poursuit jusqu’au 25 octobre prochain et  se déroule dans un contexte où le ’’Café des arts’’, un espace culturel sis Quartier Fidjrossè, dont dépend la galerie, a effectué sa rentrée artistique, par diverses activités, du 10 au 17 octobre dernier.
L'affiche de l'exposition, ''Couleurs croisées''
Laudamus Sègbo, l’artiste plasticien béninois à l’origine de cette initiative, explique que ces trois jeunes artistes ont été sélectionnés sur une dizaine qui avait participé à une formation organisée, quelques mois plus tôt, par l’Association ’’Ma culture’’, dont il a la direction. Ensuite, ayant remis à tous du matériel de travail, les trois premiers s’étant très tôt démarqués par leurs premiers jets de qualité ne sont personne d’autre que Gandhi Tomédé, Achille Adonon et Mahoussi. Pour l’intervenant, si les trois autres successeurs de ces premiers sont déjà connus et sont prévus pour exposer dès la fin du mois de novembre 2015, ces élus actuellement en exposition incarnent la jeune génération qui émerge et qui développe « un style de peinture prononcée » ; elle travaille selon des principes d’école, sans oublier de se frayer leur propre chemin, ce qui leur permet d’éviter de s’enfermer dans des schémas d’école.

Aperçu des œuvres exposées, de part ...
En outre, Laudamus Sègbo fonde l’action de son exposition ’’Couleurs croisées’’ sur la nécessité de fournir du soutien à ces jeunes afin de leur permettre de commencer à s’exprimer et de leur donner « la possibilité d’entrer vraiment dans l’éveil de l’art plastique africain ». Dans son acte, il semble marcher dans les pas du feu Joseph Kpobly qui, en son temps, avait énormément contribué, par sa générosité pédagogique, à guider un nombre important d’artistes de venus de grands noms de la peinture béninoise, aujourd’hui. Pour lui, il faut assurer la relève du secteur.

... et d'autre de la Galerie ''Chez Carine''
Dans cette logique, l’Association, ’’Ma culture’’, dont il est le premier responsable, entend aller plus loin que cette exposition, en permettant aux jeunes artistes qu’elle suit de montrer leurs œuvres dans des galeries plus connues, pour des critiques adéquates pouvant les amener à « grandir un peu plus ».
Par ailleurs, Laudamus Sègbo, très connu pour ses performances de sculptures vivantes, a sa propre idée des trois filleuls qu’il accueille jusqu’au 25 octobre, dans sa galerie. A en croire ses analyses, Mahoussi reste un artiste ayant échappé à la rue et qui, dans ses inspirations, exprime des relents de sa vie liée à ce milieu défavorisé, ses difficultés vitales, « ses cauchemars d’enfant » ; il le considère comme « un éternel enfant qui a envie de se libérer », lui qui est rongé par son passé et qui s’appuie, comme un dernier rempart sur une identité purement béninoise. « Il garde comme un parchemin sur ses tableaux », conclura-t-il, concernant Mahoussi.
Quant à Achille Adonon, le regard de l’aîné expérimenté le présente comme un artiste qui, dans un passé récent, « s’enfermait dans une certaine pénombre de créativité », exprimant au fond de lui « ses peurs, ses douleurs », ce qui n’est plus le cas, aujourd’hui où, lui qui était « sombre, mystérieux », est « dans les esprits, dans les rêves ». Conséquence : il manifeste un choix de couleurs variant entre le rouge, le bleu et le verdâtre, travaillant sur un principe, sa véritable certitude, selon quoi tout est lié dans la vie, tout se déroule selon un lien de cause à effet. « Achille Adonon est un peintre qui commence à avoir des approches spirituelles ; il y a assez de choses qui ont changé dans sa manière de peindre et de voir la vie », expose-t-il, tout en concluant, le regard subitement brillant d’un air réellement prophétique : « Il est en train de toucher un bon niveau ; les collectionneurs devraient l’acquérir, vu que ses peintures vont prendre du prix ».

Laudamus Sègbo, dans ses explications ...
Concernant la menue Gandhi Tomédé, Laudamus Sègbo note chez elle une phase difficile chez un peintre, celle de l’éclosion : « Elle est en train de réaliser la maîtrise des couleurs », confie-t-il. Selon lui, elle se trouve libre de choisir « dans quel sens elle veut aller », n’ayant pas de couleur précise. « Elle fait son choix et travaille selon ses émotions », finit-il.
Concluant notre entretien, il ne manque de porter sur ses trois poulains un regard synoptique : « Ils ont la fougue de réussir », d’où son grand engagement : « On ne va pas permettre aux jeunes de mourir dans le cocon, c’est-à-dire de mourir dans la peinture », et son instinct incrustateur : « Qui va garder chez nous, si nous sortons ? ». Sa conviction reste que les associations du même genre que la sienne se tiennent la main pour ouvrir une brèche d’éclosion à ces jeunes, se refusant à abandonner l’état actuel des arts plastiques au Bénin pour aller s’installer ailleurs.


Marcel Kpogodo

dimanche 18 octobre 2015

Magali Brieussel aborde son animation de l'atelier d'écriture de l'Association ''Katoulati''

Après le bouclage de 4 jours de travail


Zinvié, à une bonne distance de Cotonou, dans la Commune d'Abomey-Calavi, loin de la salle de conférence de ''Bénincultures'' où se déroule un atelier d'écriture depuis le mardi 13 octobre 2015. Quelques minutes avant d'aborder sa participation à une séance de diction de contes, Magali Brieussel, animatrice de cet atelier, a livré à notre Rédaction ses impressions concernant ses échanges avec la douzaine de stagiaires. 

Magali Brieussel
« Animer un atelier d’écriture n’est pas chose aisée. Il faut trouver le juste milieu entre les consignes qui guident les participants et celles qui les laissent libres de s’exprimer. Après avoir entendu chaque texte produit, il faut tenter de formuler, à chaud, des remarques qui les aideront mais aussi des compliments qui leur donneront confiance. A l’instar d’un chef d’orchestre jazz, on donne le ’’la’’ pour ensuite se mettre en retrait et se laisser surprendre par les improvisations de chaque interprète. Mais, bien souvent, l’animateur ou l’animatrice est perçu (e) comme l’unique détenteur (trice) d’un savoir prescripteur, difficile à porter. Or, qui peut prétendre détenir une vérité unique, en matière d’écriture ?
Ainsi, l’atelier que j’anime depuis le 13 octobre à Cotonou constitue une expérience exceptionnelle pour moi. Non seulement les participants – le jargon les appellerait ’’écrivants’’, mais il s’agit bien ici, sans exception, d’écrivains à part entière, avec leur voix, leur style, leur univers – se montrent réceptifs aux consignes et aux remarques, mais ils savent en outre réagir, avec une pertinence bienveillante et généreuse qui ne cesse de m’émerveiller, aux textes que chacun présente. La parole circule, les propositions émergent, les rires fusent. Nous sommes treize autour de la table, mais il n’y a aucun trouble-fête. Je n’aurais jamais vécu une telle osmose avec un groupe.
Un groupe d’extraordinaire qualité, composé d’étudiants, de comédiens, de journalistes, de dramaturges, de conteurs, d’artistes. En cinq séances, trois consignes par séance et douze textes par consigne, ils auront produit pas moins de 180 textes, écrits dans le vif ! Et je ne me suis jamais ennuyée. Les participants seront immanquablement parvenus à me surprendre, m’amuser, m’émouvoir, m’instruire. Alors, je voudrais adresser mes sincères remerciements, d’une part, aux organisateurs de cet atelier – Patrice Toton, de l’Association ’’Katoulati’’, qui a lancé l’appel à participations, et Koffi Attédé, de ’’Bénincultures’’, qui a accepté d’accueillir l’atelier dans ses locaux - , mais aussi, d’autre part, à ces douze personnes formidables ; merci, Gandhi, Yves, Claude, Jérôme, Marcel, Dine, Jordy, Gérard, Paterne, Souléman, Francisca et Natacha (dans l’ordre d’un tour de table devenu habituel), merci pour votre énergie, vos idées, votre enthousiasme, votre talent. Jamais je n’aurais été autant et aussi bien nourrie ! »

Propos recueillis par Marcel Kpogodo