Face au mouvement de protestation des artistes de la musique
traditionnelle au Bubédra
Les artistes de la
musique traditionnelle ont déversé leur bile, le vendredi 16 octobre 2015, au siège
du Bureau béninois des droits d’auteurs et des droits voisins (Bubédra). Ils ont
dénoncé, par la voix du Président de leur Fédération, Jean-Pierre Hountin Kiki,
les détournements de leurs droits au profit d’artistes fictifs tapis dans l’ombre,
de connivence avec le Directeur du Bubédra.
Innocent Assogba, Directeur du Bubédra, au moment des faits |
Le siège du Bureau
béninois des droits d’auteur et des droits voisins (Bubédra) a été envahi, le
vendredi 16 octobre 2015, par un grand nombre d’artistes de la musique
traditionnelle du Bénin. Ceux-ci fustigent le « réseau de mafia »
installé dans cette institution, qui observe des détournements de fonds
destinés aux artistes réels, en l’occurrence, ceux de la musique
traditionnelle. Selon leur porte-parole, Jean-Pierre Hountin-Kiki, Président de
la Fédération des artistes musiciens traditionnels du Bénin (Famtab), le Bubédra
délivre des cartes d’adhésion à des non artistes, lesquelles cartes leur
permettant de percevoir des sommes colossales (400.000 F et, au-delà), que ces
individus viennent chercher régulièrement.
Les investigations ont
révélé cette réalité et le réseau a été démantelé. Les photocopies des chèques
et des cartes d’identité des individus ont été retrouvées. Le Président de la
Famtab, dans sa verve, a laissé entendre qu’il a, après détention de ses
preuves, adressé une note au Ministre de la Culture, dont la réaction ne s’est
pas fait attendre. Celui-ci a donné des instructions fermes et l’Inspection
générale du ministère (Igm) est venue apprécier la gestion financière du Bubédra.
Le rapport des audits a fait état de ce qu’il y a vol et, effectivement, de
tels fonds arbitrairement décaissés, pour mettre à l’abri du besoin, des non
ayant-droits. Le Ministre, à en croire
le porte-parole des artistes traditionnels, est revenu sur cette lugubre
affaire dans le but de voir ces spectres qui circulent avec les acquis
d’autrui, arrêtés et contraints à une immédiate restitution. Mais, le Directeur
du Bubédra, dans les préparatifs du vote du budget de son institution, exercice
2016, s’y est opposé sans raison majeure.
Sur les lieux de la
manifestation, Jean-Pierre Hounti-Kiki, vexé par la résignation d’Innocent
Assogba, Directeur du Bubédra, qui a fait l’option de s’enfermer dans son bureau,
à l’étage, pour écouter la motion des protestataires vociférant au-rez de
chaussée, n’a pas pu retenir sa langue : «Nous disons non ! Nous sommes
sociétaires. C’est notre argent qui est ici. Ce n’est pas l’argent du Bubédra.
C’est les timbres que nous achetons, c’est ce que les buvettes payent qui est
ici, c’est ce que les télévisions payent qui est ici ! C’est ce que ceux
qui font le théâtre paient qui est ici ! Et que des individus viennent
chercher et qu’on ait les preuves et qu’on ne les prenne pas, c’est
injuste ! Tu fais tout, ils passent dans la nuit pour étouffer. Le Directeur
général ne restera pas. La Directrice de la Répartition ne restera pas. Le
réseau est à leur niveau. Il y a un individu qui est artiste, par exemple, je
ne cite pas de nom, mais j’ai les preuves. Il est artiste, dit artiste, qui est,
en même temps, maintenancier, dans cette maison, et on lui délivre des factures
et des sommes mirobolantes, dans cette maison, au moment où les artistes réels
viennent chercher 20.000 F et 4000 F … ».
A la question de savoir
ce que voulait le collectif des artistes traditionnels, majoritairement présents
dans les revenus du Bubédra, Jean-Pierre Hountin-Kiki a répondu : « Nous
demandons de nous retrouver ceux qui sont venus chercher notre argent ici. Ils
ont les noms à leur niveau. IIs ont la photocopie de leur carte d’identité. Le
Bubédra est dans l’obligation de nous retrouver les artistes fictifs. Deuxième
chose, les gens qui ont coopéré avec le réseau, les gens qui font ces
répartitions, on doit les remplacer. On dit que la Directrice a accepté
rembourser. Elle n’a pas volé et elle va rembourser. Ça ne se passera
jamais ! ».
Les hommes des médias,
qui ont vainement attendu le Directeur du Bubédra, au seuil de son bureau,
n’ont pas pu recueillir sa version. Tout porte donc à croire que l’abatteur des
agneaux serait le berger lui-même.
Thierry Glimman
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